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 [LDF | Númendil & Gandr] Premier sang

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Sam 16 Juil 2016, 23:30


Premier sang


Les Númendil ne s’étaient réellement jamais heurtés à un problème pouvant leur faire de l’ombre. Ils ne désiraient pas réellement s’étendre, ni écarter des groupuscules de leur trajectoire afin de s’établir plus convenablement. Le secret, pilier de leur organisation, était l’origine même d’un désir plus silencieux. Cependant, Hlavora se confrontait aujourd’hui à un problème de taille, à ceux dont elle ne connaissait ni les membres ni l’ambition, mais qui pourtant semblaient suivre un objectif qui à terme pourrait leur mettre des bâtons dans les roues. Son regard perçait ceux du jeune homme, dont le sang sec avait coagulé dans ses cheveux en bataille. Déjà bien amoché, les Númendil avaient un but précis quant à sa venue dans cette bâtisse. Une rencontre qui ne finirait pas bien pour lui, mais qui pourrait aider Hlavora à y voir plus clair. La rencontre avec les membres du Haut Parti n’était pas censée se produire, c’était un enlèvement d’enfants simple, sans difficulté. Malheureusement, ils s’étaient soudainement retrouvés à combattre un homme à la magie peu commune, dont Hlavora avait eu des échos. Le Gène de Protection des Gandr. Il était dorénavant important de savoir qui était leur ennemi, apprendre à les connaitre et savoir quelles étaient leurs limites. « Il est temps pour elle de grandir et de s’instruire. » Les paroles de Hlavora firent réagir Beden, qui partit chercher Elena afin de la ramener au sein de la salle de torture. Entre temps, les Vedelea étaient envoyés afin de ramener les enfants Sùlfr qui s’étaient échappés lors de l’altercation, en espérant qu’il n’y ait, pour cette nuit, aucune rencontre fortuite.

♦♦♦

Mon statut dans la bâtisse avait radicalement changé depuis que les chaînes n’entravaient plus chacun de mes mouvements. Mes mots n’étaient plus bâillonnés et mes ambitions n’étaient plus rendues à néant. J’avais également acquis le pouvoir de posséder un Vedelea, de l’éduquer à ma manière, de lui apprendre à vivre avec les grands si cela me chantait. Ainsi, je ne cessais de fureter dans les donjons, arpentant les cages, m’arrêtant sans cesse devant un jeune garçon à la tignasse blanche. Sans réellement avoir le désir de le choisir, comme si ce choix s’était fait de lui-même, je jetais mon dévolu sur lui. Chaque jour, lorsque je me trouvais dans l’Edifice, je venais m’enquérir de son état, non pas par complaisance, mais pour espérer y voir un signe de rébellion, de bête à l’affut, mais il n’en fut finalement rien. Je croisais Beden dans les couloirs, je savais très bien ce que cela voulait dire pour Elena, sachant qu’un homme avait été trainé dans la salle de torture. Cependant, deux hommes s’étaient retrouvés prisonnier ici, dû à l’altercation il y a quelques jours déjà. Il était essentiel pour Hlavora d’avoir des informations sur eux, pour cela, j’avais eu le second afin d’en tirer les secrets de sa communauté. Ouvrant la cage de Säno, poussant l’homme contre les barreaux, je les enfermais une nouvelle fois. « Si l’Edifice d’Eluvies t’apprend à ne plus rien ressentir, les sentiments et les émotions des autres te permettront de manipuler même le plus grand. Nous ne te demandons pas de les comprendre, mais de savoir les modeler à ta guise, dans la souffrance, dans la peine et plus tard sans qu’ils ne relèvent la supercherie. » Les mains de l’homme étaient attachées dans son dos et je l’accrochais aux barreaux afin qu’il ne puisse bouger que si l’enfant le désire. Il était déjà faible, amoché par les jours qu’il avait passé à être trainé jusqu’ici. Je fis glisser quelques instruments sur le sol, restant accroupi afin de pouvoir voir les avancées du Vedelea. Les tests étaient courants au sein de la secte, que nous les pensions prêts ou pas.

-----

Le vin coula lentement dans le verre, il déchirait le voile de silence qui s'était installé depuis la convocation suivant le dîner familial. D'aucuns diront que c'était une réunion de famille on ne peut plus banale, mais c'était mal connaître les Gandr. Leur rassemblement était le plus souvent synonyme de conseil de guerre. Pour éradiquer les parasites, purger leur famille jusqu'à la dernière goutte de sang. D'où l'ironie de Nepherites Gandr, vampiresse de son état, qui avait choisi un cru de vin rouge pour accueillir ses pairs ; au moins ne se sentiront-ils pas lésés tandis qu'elle sirotait sa coupe de sang. La Chasseuse avait choisi les meilleurs, et les autres, ceux qui devaient encore faire leur preuve. Elles ne doutaient pas de leur loyauté à la famille, mais il n'y avait aucun mal à faire quelques vérifications. La rousse tenait son rôle à cœur et elle souhaitait le faire savoir à tous. Elle sourit lorsque le dernier Gandr entra dans la pièce et s'assied en leur compagnie.

" Mes agneaux ! Le sobriquet typique qu'elle accordait à chacun de ses frangins, cousins, oncles, neveux… De quoi leur rappeler qu'ils étaient, en quelque sorte, un simple troupeau lorsqu'elle revêtait le manteau du loup. Cela fait quelques lunes que nous n'avons pas organisé un événement des plus festifs ; on se souvient tous de ce splendide dîner chez les Algoros, mais il est aujourd'hui question de quelque chose de plus… intime. Ce simple mot servait à leur faire comprendre qu'elle allait jeter le sujet du Gène et des Sùlfr sur la table. Nos louveteaux ont été efficaces récemment, ils ont déniché une liste de noms très intéressante. Il faut croire que les Terres d'Émeraude renferment certaines âmes égarées. Je pense que, étant donné la situation, il serait plus approprié de les renommer "les Terres de Rubis"… Certains rires nerveux accompagnèrent le sourire vampirique, d'autres martelèrent la table de leurs poings, les plus aguerris, ceux dont la Chasse étant autant une passion qu'un devoir. Mes agneaux, il est temps de relancer la Chasse. Pour le bien de notre famille, chacun devra donner du sien. Elle exposa une petite pile de parchemins, chacun désignait un enfant Sùlfr, son emplacement actuel, et toutes les informations nécessaires à son égard ; il y avait également quelques adultes Sùlfr supposés s'y trouver, histoire de faire le ménage en parallèle. Servez-vous, et faites ce que vous avez à faire. Discrètement, à l'abri des regards, aucun témoin vivant. Elle souleva sa coupe pleine de sang. Gloire aux Gandr. Ils firent de même.
- Gloire aux Gandr ! "

Elle qui traquait les Inactifs parmi les leurs, c'était l'opportunité de soupçonner quelques proies. Tout Gandr au cours de son existence sera obligé, de gré ou de force, d'éliminer l'un des siens ; c'était un destin inévitable. Peu de chance qu'il y ait des défilements, ce serait trop risqué. Mais, peut-être que quelques courageux tenteront malgré tout de la défier. Ses pupilles argentées dardèrent la moindre des réactions, la moindre attitude à chaque sortie. Elle avait bien hâte d'en venir au jugement.

" Très chère… Souffla un adepte de la Chasse, son regard trahissait son souhait de discuter en privé. D'un geste de la main, elle l'enjoignit à se rapprocher et à lui chuchoter ses confessions. Deux des nôtres ne sont pas revenus des Terres d'Émeraude. La rousse sembla rester de marbre, cela pouvait autant trahir des Inactifs que de réels problèmes extérieurs. Finalement, elle soupira et se décida :
- Je vais enquêter de mon côté. Concentrez-vous sur les Sùlfr. "

~~~

Un frisson vous parcoure l'échine tandis qu'une brise laisse quelques vestiges de son passage sur votre peau. Votre cœur s'accélère soudainement, un malaise vous angoisse, des pensées troubles et néfastes envahissent votre tête. Vous avez du mal à percevoir, à comprendre cette impression de danger. Une lame luit à la lueur céleste, une aura meurtrière semble s'emparer petit à petit des ténèbres qui vous entourent. Vous commencez à le comprendre : votre nom est Sùlfr et il signera la perte de vos proches, et votre fin si vous renoncez.


Explications


Holà à tous ! Ce LDF commun entre les Númendil et les Gandr est le premier d'une (longue) série ♫ Tous les membres de chaque famille peuvent y participer, on a fait en sorte de pouvoir inclure tout le monde.

Pour les Númendil

Les scénarios que vous pouvez faire en tant que Vedelea en dehors de la secte [Nymsshia & Mylin], en sachant que ce ne sont que des idées et que vous faites ce que vous voulez :
- Trahir les Númendil en vendant des informations aux Gandr sur la secte
- Attraper un Sùlfr et peut être réintégrer la secte en le rapportant. Vous rencontrerez sans doute un Gandr dans ce cas présent.

Alors, je le dis tout de suite, si j’ai faits deux scénarios distincts pour Säno et Elena, c’est parce que sinon elles ne pouvaient pas faire le LDF vu qu’elle ne pouvait pas sortir de la secte. Säno, ton but est de soutirer des informations à l’homme dans la cage, en sachant que tu peux faire ce que tu veux : réussir ou non le test, le torturer, lui parler, le dévorer 8D (j’aurais fait ça /MUR/), bref ce que tu veux XD Aëran est là, à la fin, si tu le souhaite, tu peux juste le faire partir. Il ne dira de toute façon rien, pour le moment il teste Säno pour voir ses limites etc… Elena, aussi en plein test XD un peu le même sauf que là, l’échec sera mal vu par la famille ! Ouais je traumatise ton enfant 8D Pratiquement toute la famille est là, libre à toi d’y inclure ses parents, bref, vraiment tu fais comme tu le sens, comme tu veux, de toute façon, je ferai des conséquences à toutes vos actions comme le dernier LDF =)

Pour les deux scénarios, si l'une de vous n'a pas le temps ou autre, il n'y a pas de souci, l'événement n'aura juste jamais eu lieu =) Egalement, en dehors de la fiche de famille des Gandr et Sùlfr sur laquelle vous pouvez vous appuyer, vous pouvez mp Léto au cas où vous douteriez des informations que vous pouvez acquérir via vos prisonniers. C’est valable pour tout le monde bien sûr ^w^

Amusez-vous bien !

Pour les Gandr & Sùlfr

Pour les Gandr, vous êtes tous convoqués à la petite réunion de Nepherites au domaine familial. Chasseur ou non, vous êtes obligés d'y assister, mais la suite dépend de vous :
- pour Evan, vu que tu es non-chasseur mais toutefois Inactif, tu peux faire mine de prendre un dossier et t'absenter quelques temps pour faire croire que tu es bien Actif (une participation à la Chasse, aux yeux des Gandr, ça donne des points de ce côté-là). Tu peux inventer n'importe quoi pour maintenir ta couverture, ton succès dépendra de ton RP ♫ Sinon, tu peux bien évidemment participer normalement à la Chasse et obéir aux consignes, c'est toi qui vois !
- pour Sylbille, vu que t'es chasseuse occasionnelle, tu ne verras aucun problème à prouver ta bonne foi à la famille ^^
Pour le déroulement de la chasse en elle-même, vous pouvez y aller seul ou accompagné d'un ou plusieurs PNJs Gandr (pas Nepherites, ni Berholt, ni Neven), ou des alliés familiaux, comme Nostradamus pour toi Sylbille, il est de la famille après tout ! Le but c'est de ramener vivant un enfant Sùlfr et d'éliminer ses parents Sùlfr, ou n'importe quel péquenaud qui les protègent. Sauf que durant votre Chasse, vous rencontrerez de la résistance : des Númendil, qui peuvent être des Vedelea, des membres du Haut Parti, ou les deux. Nepherites vous a dit d'éliminer tout témoin, mais vu que ces mêmes Númendil tentent de capturer les enfants Sùlfr, cela vous mettra la puce à l'oreille ^^ Du coup vous avez le choix de les tuer ou de les capturer, de dépouiller leur cadavre pour recueillir des indices pour les Gandr, etc.

Pour les Sùlfr, vous êtes les victimes de ce LDF 8D Vous vous trouvez aux Terres d'Émeraude durant ces événements ; vous allez vous faire prendre en étau par des Númendil et des Gandr, il va falloir résister ou réussir à fuir.
Donc, Nimüe et Zebba, ils vont attaquer vos proches et tenter de vous capturer.
Sybella, toi par contre, vu que t'es une adulte, les Gandr vont vouloir t'assassiner, mais t'auras pas les Númendil aux trousses.
Hakiel, je n'ai pas encore parlé de toi dans la partie Gandr, mais vu que t'es un cas un peu particulier (un Gandr pas encore reconnu par la famille), tu ne vas pas être victime de la Chasse, mais les Númendil, eux, vont essayer de te capturer. Tu peux te servir de ton papounet PNJ bien entendu o/

Voilà ~ Donc idem, si vous avez des doutes quant à la fiche des Númendil, n'hésitez pas à MP Aëran, elle vous guidera =)

Enjoy ♪

Vous avez jusqu'au 17 Août pour poster.


Gains


Pour 900 mots : 1 point de spécialité au choix
Pour 450 mots de plus : 1 point de spécialité supplémentaire


Récapitulatifs


Gains déclarés ♫




By Jil ♪
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Mar 02 Aoû 2016, 18:12



« Écoute-moi Zebba ! » Mon regard se détourna de la fenêtre pour le poser sur ce grand frère, celui qui nous avait tout pris. Mes frères et moi étions assis atours de lui, tandis qu’il gesticulait dans tous les sens, nous expliquant qu’il fallait à tout prix trouver des clients à même de venir nous voir à Avalon. Il y tenait un endroit connu que des voyageurs aux désirs perfides, un endroit qui ne serait jamais accepté des autres Déchus. Les lieux de prostitution y étaient autorisés, certes, mais à un âge beaucoup plus tardif et, surtout, avec le consentement de ceux qui se prostituaient. Mes frères et moi n’étions là que pour enrichir le plus grand, celui qui nous nourrissait lorsque nous avions fait de bons rendements, celui qui nous frappait lorsque nous reculions devant un client. Nos corps ne nous appartenaient plus, tout comme le reste. Nous étions les possessions d’un homme avare, du meurtrier de notre mère, Déchu de luxure et de toutes nos petites sœurs, dont le risque de tomber enceinte et donc de perdre un peu plus d’argent dans les bouches à nourrir, étaient trop élevées. Seuls les garçons avaient survécu au massacre, écoutant par peur l’homme qui avait détruit notre monde. « Zebba ! » Je relevais le regard. « Que dois-tu faire cette nuit ? » Je soufflais, me redressant un peu plus. « Amener des hommes, ou des femmes, à s’attacher à moi afin qu’ils viennent à Avalon quand ils en auront envie. » « Avec un peu plus de conviction, Zebba. » Il se rapprocha de moi, s’accroupissant, les yeux emplis de férocité. « Regarde-moi dans les yeux quand je te parle. Que dois-tu faire ? » Un silence s’installa, les autres petits garçons regardant la scène, priant pour ne pas que ce soit leurs tours. « Je dois charmer de potentiels clients. » « C’est exact… et ce n’est pas avec ce visage sans aucun charisme que tu vas y arriver. Cependant, je suis persuadé que l’expérience que tu as acquise durant ces années de labeur saura les faire changer d’avis. »  Sa main se posa sur ma tignasse avec un semblant d’amour fraternel avant de se relever. « Bien, allez y maintenant et n’oubliez pas de sourire. »

La nuit tomba sur le petit village des terres d’Émeraude. Il savait que le dur labeur des travailleurs rendait leur résistance plus fébrile, qu’ils seraient plus amènes de céder à quelques plaisirs qui ne leur était pas permis en temps normal. Tandis que j’étais assis dans l’une des ruelles du village, je laissais mes frères obéir, jetant des pierres sur l’un des murs d’une maisonnette. « On va se faire gronder si on n’a rien nous… » « Quelle importance ? Ce ne sera jamais assez. » La petite moue de Galyn prit forme sur son visage et il se laissa lourdement tomber à terre. « Qu’est-ce qu’on fait alors ? » « On attend. » Le temps fila sans que rien ne l’en empêche, jusqu’à ce qu’un bruit se fasse entendre. Galyn se retourna vivement, essayant tant bien que mal de percer l’obscurité. « Ce n’est rien, surement un chat errant… » La petite tête de l’enfant se tourna vers moi, avant de se paralyser sur place et de tomber à la renverse. Je restai un instant inerte, le regard posé sur le cadavre de mon petit frère. Dans la ruelle, une ombre se mouvait jusqu’à moi, dévoilant un homme d’une trentaine d’années, la corde de l’arc encore vibrante. Je balbutiai quelques mots inaudibles, reculant maladroitement en me trainant presque. Avant même qu’il ne décide de poser ses mains sur moi, je me relevais, courant de toute mes forces droit devant. Mon cœur battait mes veines à laisser jaillir mon sang, tandis que l’adrénaline montait dans mes tempes, m’ordonnant de courir plus vite encore. Je battais le pavé de mes pas, soudainement freiné par quelque chose qui m’enlaça la cheville. Tombant la tête la première contre la pierre, je sentis mon nez saigner sous l’impact, coulant sur mes lèvres et continuant sa course vers mon cou. « Lâchez… » D’un claquement de doigt, les hommes me firent taire, m’enlevant ma voix. Ma bouche s’ouvrait tel un poisson hors de l’eau, essayant de crier en ne retenant aucunement les larmes qui brouillaient ma vue. Trainé dans la poussière, se fut un enfant qui vain à mon secours, poignardant à plusieurs reprises l’homme qui me ramenait à lui. Les mains tremblantes, je me libérais, me rapprochant d’un des enfants du groupe. L’obscurité était telle que les actes étouffés de chacun ne pouvaient en aucun cas être décelés de loin. Aucun habitant ne pouvait donc se douter de ce qui se tramait dans leur propre rue. Je saisis l’enfant par les épaules, terrifié, avant de croiser un regard sombre et dénué de toute émotion. Rapidement, mon souffle fut coupé par un coup et mon nez brisé par un autre. Ma tête se mise à tourner, ma bouche emplie de la poussière dans laquelle j’étais dorénavant abattu. La pénombre semblait encore plus sombre qu’auparavant, mon regard brouillé par ses larmes qui ne voulaient plus s’arrêter. Mes doigts glissèrent sur la pierre, tentant de me lever, mais un pied se posa sur mon dos afin que je reste à terre. Mes ongles grattèrent le sol, impuissant face à la situation dans laquelle je n’étais qu’un morceau de viande. Je ne savais pas ce que l’on me voulait, je ne savais pas pourquoi je subissais tout ce mal depuis tout ce temps. Les traies de mon frère réapparurent brièvement, m’accusant de tous les tords. Peut-être avais-je mal fais, peut être aurai-je pu faire quelque chose pour éviter tout ça. La pression sur mon dos disparu dans un bruit sourd, l’enfant tombant agonisant près de mon visage. Sa main attrapa férocement mes vêtements et je reculais à terre afin qu’il ne puisse me toucher. Son abdomen était empli de coup de couteau, son sang imbibant maintenant le tissu de mon haut. On me releva en m’attrapant par les bras, ne sachant dorénavant pas à quel groupe j’avais affaire. Cependant, la dernière attaque de l’enfant mourant me permit de me débarrasser des deux autres. Le tendon de mon agresseur sectionné par un énième coup de couteau, je sentis ses mains se détacher, fuyant ainsi, engouffré par l’obscurité.

Je n’attendis pas de ne plus entendre de bruits derrière moi pour m’arrêter de fuir. La peur m’ayant saisi, je ne pus tout simplement pas m’immobiliser. Mon souffle me manquait, mais l’adrénaline qui parcourait mon corps m’interdisait de ne pas continuer. Mon nez me lançait à en perdre la vue, brouillé par la douleur. Plusieurs fois je manquais de tomber ou de heurter les troncs d’arbres, regardant frénétiquement derrière moi. Lorsque mes jambes n’en purent plus, elles décidèrent de lâcher et je tombais dans la poussière d’une forêt. Le hurlement des oiseaux me fit regarder la cime des sombres arbres, tout en me collant contre l’écorce d’un arbre, recroquevillé sur moi-même. Mes bras entouraient mes jambes, qui elles étaient collées contre ma poitrine. Le regard hagard, le moindre bruit me faisaient sursauter. Je sentis ma voix revenir peu à peu, mes sanglots n’étant plus cachés par ce silence forcé. Le sang collant ma peau me fit tressaillir et j’enlevais le haut poisseux afin de le jeter à terre. Rapidement, je posais mes deux mains sur ma bouche, essayant de faire taire, les pleures, qui secouait mon corps. Je ne savais pas combien de temps j’avais courus, mais le risque de me faire repérait n’était pas inexistant. Ainsi, je tentais de faire le moins de sons, bouchant même ce nez cassé qui ne cessait de saigner. La douleur était à moitié tue par l’adrénaline, la peur, la survie. Cependant, si je ne pensais pas encore à ce qui se passerait par la suite pour moi, je me demandais si tous mes frères avaient eu le même traitement que Galyn, si c’était une punition de mon grand frère de ne pas l’avoir écouté ou encore du à la petite affaire que celui-ci s’était faite sur notre dos. Grelottant, seul parmi les grands arbres, je ne pouvais qu’attendre mon sort jusqu’à ce que l’aube se lève.
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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Dim 07 Aoû 2016, 13:24

La jeune fille trempa de nouveau le tissu dans l'eau rougeâtre avant de l'essorer et de l'appliquer sur les plaies de l'homme allongé sur le lit. Celui-ci gémit au contact de l'alcool qui imbibait l'éponge. "Arrêtez de gigoter !" ordonna Sybella d'une voix froide. Elle n'avait pas l'habitude de donner des ordres à son père, mais celui-ci était trop faible pour résister et lui désobéir. Aussi serra-t-il les dents et la laissa presser le tissus contre ses blessures encore saignantes. L'assaut de la montagne n'avait pas épargné les deux sorciers, particulièrement Nostradamus qui en était ressorti gravement blessé. Ils s'étaient retirés des combats et avaient patienté, jusqu'à ce qu'ils puissent s'enfuir de la montagne. Sybella s'était alors débrouillée pour les amener tous les deux à un petit village des terres d'émeraude. Là-bas, elle loua une chambre pour plusieurs semaines et y installa son père, qui n'en était plus sorti depuis.

La chambre était de médiocre qualité. Deux lits simples avec des matelas de paille, un pot de chambre et une bassine pour la toilette. Une table bancale dans coin faisait office de bureau. Mais c'était out ce qu'avait pu s'offrir Sybella pour l'instant. Le mage noir aurait besoin de temps pour se remettre. Et elle, sa fille, devait désormais jouer les infirmières. Avec un soupir, elle commenta : "Si vous arrêtiez de bouger et de protester à chaque fois que j'essaye de vous soigner, peut être que vos blessures arrêterait de se rouvrir tout le temps." Elle savait qu'il était simple de critiquer. Mais elle ne pouvait s'en empêcher, c'était une sorte de revanche pour les heures d'entraînement qu'il lui avait fait subir chaque jour depuis plusieurs mois. Et c'était également le seul moyen qu'elle trouvait pour exprimer son inquiétude. Elle se redressa et jeta l'éponge dans la bassine colorée par le sang du blessé. "Je vais essayer de trouver des herbes médicinales. Je reviens."

L'apprentie sorcière se baissa pour récupérer la bassine et sorti de la chambre. Elle quitta l'auberge sans un mot aux propriétaires, qui la regardaient d'un air étranges. Sans doute se demantaient-ils quels étranges clients ils avaient accepté, en entendant les gémissement de douleur de Nostradamus. Sybella s'approcha d'un puis, vida l'eau sale sur l'herbe et tira un sceau d'eau neuve qu'elle remplaça dans la bassine. Elle la reporta à son père qui somnolait à moitié avant de repartir.

Les terres d'émeraude n'étaient pas une destination choisie au hasard. Elles regorgeaint d'un tas d'herbes médicinales. De quoi accélérer la guérison de son géniteur. Sa priorité était de se procurer du lait de pavot, pour atténuer la douleur. Peut être pourrait-il alors passer une nuit complète. Il lui faudrait ensuite trouver d'autres herbes à mélanger à son eau ou à ses repas. Sybella soupira. Elle n'avait aucune idée d'où elle pourrait se procurer tout ce dont elle aurait besoin sans y laisser sa bourse.

Alors qu'elle marchait à travers les ruelles du village, une silhouette attira son attention. Un homme semblait la suivre. Le coeur battant, elle pressa le pas. S'agissait-il d'anges venus se venger pour avoir combattus aux cotés des démons ? Sybella courrait presque, à présent, et l'inconnu semblait toujours la suivre. Elle s'engouffra dans une ruelle sombre, où rien ne semblait pouvoir attirer qui que ce soit. S'il la suivait ici, elle serait fixée : il en aurait après elle. Mais à son plus grand soulagement, l'homme continua sa route. La brune s'adossa au mur pour reprendre son souffle. Ayant relâchée son attention, elle ne remarqua pas les bruits de pas qui se rapprochaient d'elle. Trop tard, l'intrus lui bouchait maintenant le passage pour s'enfuir : elle était coincée dans une impasse.

"Tiens tiens, bonjour cousine !" Sybella reconnu la voix avant de pouvoir discerner les traits du traqueur, à contre jour. Sybella se crispa de tout son corps, chaque musclé contracté, prête à bondir pour défendre sa peau s'il fallait en arriver là. Elle savait exactement pourquoi il se trouvait ici, elle ne pouvait croire à une coïncidence. Desserrant la mâchoire, Sybella força un rictus en crachant d'un ton acide : "Nurrek !" Elle avait essayé de laisser transparaître toute la haine qu'elle avait à son égard, ce qui n'était pas compliqué, mais un tremblement laissa comprendre qu'elle le craignait en fait plus qu'elle ne l'admettait. Elle pesta intérieurement contre sa propre faiblesse. Elle n'avait jamais apprécié ce cousin capricieux, depuis l'enfance ils n'avaient fait que se chamailler. L'élémental avait toujours eut tendance à lui piquer ses jouets et ses livres, avant de les briser et de s'en désintéresser. La rancune est quelque chose de tenace.

"Je me demande bien ce que tu fais ici, petite sorcière... C'est bien loin de ta zone de confort..." Il faisait l'innocent mais Sybella savait qu'il avait fait des recherches avant de venir la trouver. Il savait sans doute que son père l'accompagnait, et elle ne serait pas étonnée qu'un second Gandr soit dans les parages, à la recherche de Nostradamus. Affaiblit comme il l'était, il ne serait pas en mesure de se défendre seul... elle devait se dépêcher de se débarrasser de cet homme pour porter secours au Dementiæ. Bien que la peur fasse bouillir son sang dans ses veines, Sybella se força à rester calme. Si elle parlait et gagnait un peu de temps, cela lui permettrait d'élaborer un plan. "Alors comme ça, la Grande Chasse aux Sùlfr à repris ? Je pensais pourtant avoir disparu de vos fichiers... Sylbille n'avait elle pas du nous éliminer ?" Il est vrai que le recroiser ici la prenait un peu de cours. Après avoir affronté les larbins de sa jumelle, Sybella avait pensé être en sûreté pendant quelques temps... en tout cas, plus longtemps que ça. Un sourire mauvais étendit les lèvres du Gandr. "Bien que je doive admettre que cette cousine là soit un peu plus compétante que toi, elle en reste tout de même médiocre. Elle a été forcée d'admettre sa défaite, en voyant l'étant dans lequel tu avais mis ses larbins... Nous n'avons donc jamais cru un instant à ta disparition. Tu as simplement été graciée d'un sursis." Sybella grinça des dents. Elle détestait qu'il osé parler ainsi de sa jumelle. Même si elle s'en était faite une ennemie, elle restait sa soeur. Et n'oublions pas qu'il l'avait, au passage, quelque peu réduite.

"Je vois... Je suppose que je devrais me sentir ravie. Il est rare de pouvoir échapper aussi longtemps à la traque de notre famille." Avec un claquement de langue, Nurrek fronça les sourcils. "Ne te méprends pas. Tu n'as plus le droit de porter le nom des Gandr. Tu n'es qu'une moins que rien, une dépravée, une déchue... Tu es impropre de porter la marque de notre grande Famille. Sale Sùlfr !" siffla-t-il entre ses dents, avec tout le mépris du monde. Sybella parti dans un grand rire, elle avait peur mais préférait jouer la comédie. "Si tu crois que l'envie de faire partie de votre petite secte m'intéresse encore, tu te mets le doigts dans l'oeil, cousin" elle appuya sur le dernier mot, marquant l'ironie dont elle faisait preuve. "Je suis partie de mon propre chef, car une puissance bien supérieur à la votre m'attends, jouer la comédie ne m'intéresse plus, quand bien meme j'aurais pu jouer à ce jeu encore longtemps sans reveiller vos doutes. Mais je suis prédestinée à quelque chose de plus grand." Elle se tut, ne voulant pas trop en dévoiler sur ses plans. Sylbille avait déjà sans doute compris, mais Sybella n'était pas certaine qu'elle ait livré cette information aux Gandr. Elle savait que sa moitié voulait la tuer de ses mains, et elle était étonnée de ne pas la trouver à la place de cet idiot. "Et soit certain, Nurrek, que tu seras le premier de la famille à goûter à ma puissance."

Le concerné sourit, visiblement amusé. "C'est amusant, de t'entendre parler ainsi... on dirait que tu penses avoir une chance de t'en sortir d'ici vivante... Mais je ne suis pas Sylbille. Je ne suis pas faible comme ta jumelle, et je n'hésiterais pas à vous sacrifier toutes les deux. Tu ne repartiras pas d'ici. Enfin, pas de toi-même." Avec ce sourire carnassier, il esquissa un pas, dégainant une lame de sous son haut. "Je me demande ce que je vais bien pouvoir te faire avant de te trancher la ' gorge et de te laisser te vider de ton sang... J'ai toujours rêvé t'entendre me supplier... Peut-être que si tu te mettais à mes genoux, je pourrais t'épargner..." Jamais elle ne lui ferais ce plaisir, elle était bien trop fière pour cela. Elle savait également qu'il ne l'a laisserai pas vivante. Il avait dit lui même qu'il n'hésiterait pas à l'exécuter. Pourtant, elle avait peur. Ses membres tremblaient tandis qu'elle reculait, se rapprochant inéluctablement vers le mur qui lui empêchait toute retraite. Elle regrettait amèrement de ne pas avoir pris son sac pour sortir.

Puis une pierre s'abattit sur la tête du barbare. Celui-ci s'écroula, inconscient. Une femme se tenait derrière lui, une lourde pierre entre les mains qu'elle lâcha pour s'approcher de Sybella. La sorcière eut d'abord un mouvement de recul mais se calma en voyant qu'elle ne lui voulait pas de mal. "Vous allez bien, mademoiselle ? Il ne vous a pas fait de mal ?" La victime secoua la tête dans une réponse négative, avant d'éclater en sanglot. Elle avait vraiment cru que son heure était arrivée. "Mon... mon père..." essaya-t-elle d'articuler, visiblement chamboulée. La femme posa une main apaisante sur son épaule. "C'est lui qui m'envoie... il a été attaqué à l'auberge mais ' je l'ai protégé. Il m'a prévenu que quelqu'un vous voudrait peut être du mal..." Sybella, rassurée, s'effondra dans les bras de sa sauveuse.

1748 mots
4points de magie
Merci pour ce LDF trop cool !
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 08 Aoû 2016, 18:58

Premier sang
« Les Loups aux crocs écarlates »

Petite précision pour moins de confusion ♫ Pour Hakiel, les mots « Maman » et « mère » se distinguent de la sorte: une « mère » est une femme ayant donné la vie à son enfant; une « Maman » est une femme qui a éduqué, élevé, nourri, etc. un enfant, qu’elle soit la mère biologique de cet enfant ou non.



« Tu sais Mam… Kiri – je m’étais rattrapé à temps – que tu n’es pas obligée de me raccompagner jusqu’à Ciel-Ouvert… »

Je savais que je n’avais que neuf ans, que les terres, peu importe leur alignement, battaient leur plein dans cette frénésie de la guerre, mais sa présence me rendait mal à l’aise. Incroyablement mal à l’aise. C’est vrai qu’être accompagné d’un adulte me détendait. Extrêmement. Je me sentais en sécurité. Qui savait le nombre de dangers qui se terraient autour de nous, derrière ces arbres, couchés dans ces buissons, cachés dans ce feuillage? Mais en même temps, j’aurai voulu que quelqu’un d’autre m’accompagne. Quelqu’un d’autre, n’importe qui, mais pas elle.

« Ce n’est pas par obligation que je fais ça: c’est par devoir », me répondit-elle en m’adressant un chaleureux sourire qui me fit aussitôt rougir.

Rapidement, je détournais le regard, cherchant à poser mes yeux sur autre chose que son visage.

« Ne traînons pas. La route sera longue jusqu’au pied des montagnes.

- O-Oui… » Bégayais-je en accélérant mon pas pour me retrouver à quelques centimètres seulement de sa hauteur, malgré le désagrément que me conférait cette proximité.

Je ne me sentais pas à ma place à ses côtés. Même si elle était ma mère et que nous nous trouvions aussi proches en ce moment, à marcher à travers le territoire des Cascades cristallines que nous quittions, il persistait une distance que nous pouvions tous les deux ressentirent et qui, d’une manière ou d’une autre, nous empêchait d’avancer l’un vers l’autre. Je gardais les yeux obstinément baissé, ne sachant quoi dire ou quoi faire en sa compagnie. En tant que mère et fils, nous aurions dû nous entendre, n’est-ce pas? Ou avoir un minimum de choses à nous dire pour converser, car après tout, nous avions été séparé plus de neuf ans. Alors après neuf ans, nous devrions bien avoir quelque chose à nous dire – non? – à l’exception du silence? Mais j’avais beau essayer d’ouvrir la bouche, de tenter une approche pour discuter, mais ma tête était comme le Désert des Humains, un peu plus au nord: vide. Vide de toutes pensées et de toutes idées. C’était niet, nada, tout ce que j’avais à l’esprit semblait s’être fait balayer par des tempêtes de sable. C’est dans ce genre de moment que j’aimerais avoir Coccie à mes côtés… Songeais-je en ayant une pensée pour la fillette qui avait choisis de rejoindre le groupe de Fæ que nous avions rencontré aux Cascades cristallines. Cette petite communauté færique n’avait pas tourné le dos à la Déesse de la Lune et immédiatement, Coccie s’était senti chez elle, avec les siens, au milieu de toutes ces plantes et de toute cette richesse végétale verdoyante. C’est vrai qu’au cœur des montagnes, où la végétation ne comprend que quelques pousses en plus des grands sapins et des thuyas qui se perdent de vue sur les flancs des montagnes, elle avait dû s’ennuyer, se sentir bien triste dans ce milieu hivernal où la diversité de la flore prospérait difficilement.

« C’est agréable de passer un peu de temps avec toi… S’exclama brusquement ma mère en me jetant une discrète œillade en coin.

- O-Oui, oui… C’est… »

La nervosité hachait le moindre de mes mots et après un moment à essayer d’aligner une phrase ayant une queue et une tête, je décidais d’abandonner en retournant à la contemplation de la pointe de mes souliers.

« Tu peux douter de moi comme cela te chante, Hakiel, mais s’il-te-plaît, ne doute pas de l’amour que je porte pour toi. »

Un frisson courut le long de mon échine alors que je sentais ses yeux se braquer dans ma direction. Je ne savais pas quoi répondre, comment réagir encore moins si je devais m’arrêter ou continuer d’avancer. Elle avait beau dire qu’elle était ma mère, cela n’avait pas beaucoup d’importance à mes yeux, car ce qu’elle voulait, ce n’était pas être une mère pour moi, mais une Maman. Mais c’était déjà trop tard et ça l’était depuis qu’elle m’avait mis dans les bras d’une autre. Cette autre, Märi, était ma Maman à moi. Cette Maman, c’était elle qui m’avait élevé pour grandir; nourri quand j’avais faim; soigné lorsque je me blessais dans les bois; rassuré quand je ne parvenais pas à fermer l’œil, la nuit, à cause d’Elzédor. Cette femme, au contraire, n’avait rien fait. Peu importe les liens de sang qui nous unissaient, elle n’était pas ma Maman: Kiri n’était que ma mère, celle qui m’avait mis au monde, doublée d’une inconnue que j’essayais de comprendre et d’apprécier, en vain. Kiri n’était pas femme à devenir Maman. Enfin, peut-être pour une nouvelle marmaille, mais pas pour moi. Le temps s’était écoulé et avec lui, la distance ne s’en était que plus agrandit: c’était la vie. Car malgré tous ses efforts, jamais les sentiments que je nourrirais pour Kiri, dans le futur, viendraient à égaler, voire à surpasser, ceux que je ressentais toujours pour Märi, malgré son voyage vers l’Au-delà. Je ne pouvais pas tourner la page aussi rapidement sur neuf ans de ma vie rien que pour lui pardonner ses fautes du passé. C’était vrai, je doutais d’elle. Je me méfiais de sa présence comme l’on se méfierait de n’importe quel étranger rencontré sur le croisement d’un chemin, mais l’amour qu’elle essayait de me communiquer, par contre, je n’étais pas certain de sa véritable nature. Comment interpréter ce besoin presque obsessionnel qu’elle avait à vouloir devenir ma Maman? Le voulait-elle pour renouer les liens brisés? Ou pour prendre la place vacante qu’avait laissée Märi à mes côtés?

Mon regard se voilà de quelques ombres et sans même en prendre conscience, je perçus, après un moment, que je venais de serrer les poings.

« T-Tu es peut-être ma mère, celle qui m’a donné la vie, mais je ne te connais pas! Je ne sais rien de toi! Même ces quelques mois passés chez toi, avant que Dhitys tombe, ne m’ont rien appris de ta personne! »

L’émotion vibrait dans ma voix, alors que je sentais quelques perles se former sur le bord de mes cils.

« Tu es une étrangère pour moi, Kiri… Je ne suis pas capable de te cerner, encore moins capable de te comprendre en vérité… A-Alors je suis désolé… Je ne veux pas te faire de la peine, mais je suis incapable de te faire une place dans ma vie… C’est plus fort que moi… Je ne comprends pas… Tu es ma mère, mais je ne comprends vraiment pas… » Pleurais-je en m’arrêtant de marcher sur le sol plat des Terres d’Émeraude, que nous foulions depuis un certain temps déjà.

L’Hyène freina tout de suite son pas et après une légère hésitation, elle finit par me prendre dans ses bras, m’attirant à elle de la manière la plus douce qu’il soit. Étrangement, ce contact m’apaisa et je me laissais étreindre sans faire d’histoire, laissant simplement les larmes couler de mes yeux, glisser sur mes joues…

« Je comprends Hakiel, ne t’en fais pas… Je comprends », chuchota-t-elle au creux de mon oreille tout en passant sa main dans ma tignasse de plumes d’ébène.

J’étais bien là, dans ses bras, et je profitais de cet instant sans véritablement m’en rendre compte. J’étais simplement apaisé, rassuré…

Jusqu’à ce que son étreinte commence à me serrer. De plus en plus fort.

« Ki-Kiri?! » Soufflais-je soudainement pris de panique, levant les yeux vers la Bélua.

Mais je ne pouvais pas voir ses yeux: ils étaient tournés droit devant elle, dans mon dos. Je voulais voir ce qu’il se passait, mais l’Hyène me maintenait fermement contre sa poitrine.

« Qui êtes-vous? » L’entendis-je siffler d’une voix empreinte de menace et de danger.

Je me remis à frissonner. Jamais, je ne lui avais entendu pareille voix.

« Vous nous suivez depuis combien de temps? Poursuivait-elle, mais encore une fois, elle n’eut droit à aucune réponse de la part de ces étranges interlocuteurs et, bien rapidement, la Bélua s’énerva. Que voulez-vous, par la grâce de Phoebe?! »

C’est alors que j’entendis le son d’une lame que l’on dégaine et instantanément, mon sang se glaça dans mes veines.

« Rien qui puisse te concerner. Donnez-nous l’enfant et nous vous laisserons tranquille. »

Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, alors que les mots prononcés par l’inconnu se répétait au fond de ma tête. L’en-L’enfant? Moi? Pou-Pourquoi moi? Qu’est-ce qu’ils me veulent?! Je commençais à respirer fort, tandis que l’étreinte de ma mère se relâcha soudainement. Je ne voulais pas qu’elle s’en aille, qu’elle s’éloigne, mais elle m’adressa un léger sourire tout en me caressant la joue. Vivement, je lui attrapais la main, l’observant avec des yeux terrorisés. N’y va pas… Ne t’en vas pas… Ne me laisse pas…

« Ce n’est pas une obligation, Hakiel. C’est parce que je t’aime. »

Doucement, elle retira sa main de la mienne, se plaçant comme une muraille entre les deux individus et moi.

« Ne compte pas sur moi pour vous laisser tranquille! » Rugit-elle avant de foncer droit sur les inconnus, que je regardais avec de grands yeux remplis d’incompréhension.

Co-Comment compte-t-elle les battre? Ils sont armés et ils sont deux! Paniquais-je en glissant un pied vers l’arrière, incapable de détacher les yeux de cette scène. Kiri semblait enragée et avant d’atteindre les deux hommes, elle se transforma brusquement en Hyène, ses crocs cherchant avidement à happer le bras de l’un de ces combattants. D’un pas agile, ils évitèrent tous les deux l’assaut de la Bélua, qui se retourna vers eux les yeux fous, avides et dangereux. Qu’est-ce que je fais? Qu’est-ce que je fais?! Pouvais-je l’aider? Non, non… Je ne ferais que la gêner. J’étais faible et impuissant; face à ce duo, je ne ferais que me jeter dans la gueule du Loup. Je reculais. Encore. Pas après pas. Pourtant, mon esprit semblait paralysé, incapable de fonctionner. Qu’est-ce que je fais?! Je fuis?! Mais j’étais fatigué de fuir. Quand pourrais-je me battre? Quand pourrais-je être suffisamment fort pour protéger, moi aussi, ceux que j’aimais?! Je reculais. Encore. Pas après pas. Quand je sentis quelque chose dans mon dos. Une odeur. Vivement, je me retournais, mais une main vint violemment s’abattre sur mon épaule et d’un geste sec, ferme, on m’attrapa le cou. Nos agresseurs n'étaient pas que deux: ils étaient trois.

Aussitôt, un cri de peur déchira ma gorge alors que je me débattais de toutes mes forces contre la poigne de fer. J’étais terrorisé, effrayé et mon cœur semblait vouloir prendre ses jambes à son cou – comme moi d’ailleurs.

« KIRI! Me mis-je à hurler, des larmes brûlantes coulant de mes paupières. KIRI! À L’AIDE! KIRI!!! »

J’entendis un cri provenant de l’Hyène, mais je ne pouvais rien voir. Est-ce que Kiri allait bien?! J’envoyais des coups de pied vers l’inconnu qui me maintenait, mais je ne rencontrais que de l’air, du vide et la frayeur s’ancra de plus en plus profondément en moi. À l’aide… À l’aide… Pitié, par Phoebe… S’il-vous-plaît… Maman… Papa… Aidez-moi… Je pleurais, j’enrageais, j’étais faible, j’étais minable, par Phoebe, s’il-vous-plait, non, je ne voulais pas, je ne voulais pas…

« Vous êtes de vraies plaies… »

Je levais brusquement la tête en direction de la voix. C’était un autre homme… Un autre qui voulait me faire du mal… Je le fixais épouvanté, songeant aussitôt à Kiri qui devait déjà se battre contre deux adversaires dans mon dos. Quatre?! Mais elle n’aura aucune chance! Oh non! Elle devait partir, elle devait me laisser. J’étais trop faible pour me défendre et à cause de ça, une autre personne allait mourir par ma faute. Je ne voulais pas… Je ne voulais pas… Tout mais pas ça… Pars Kiri! Va-t’en! Ne te préoccupe pas de moi! S’il-te-plaît! S’il-te-plaît! Hurlais-je en mon for intérieur, incapable de parler avec des mots tant la peur me tétanisait, comme si la seule force de mes pensées lui permettrait de pouvoir s’échapper. J’observais le quatrième homme s’avancer dans notre direction et cette fois-ci, j’abandonnais tout espoir de m'échapper. Je laissais mes bras tomber le long de mon corps alors que je baissais la tête, vaincu.

« Redonnez-nous l’enfant… Intimida le nouvel arrivant en jetant un regard non pas dans ma direction, mais en direction d’un sac qui traînait aux pieds de l’individu qui me tenait la gorge. De quel droit vous permettez-vous de prendre en chasse nos proies? »

L’homme à la poigne de fer sourit avant de me lâcher. Violemment, je tombais au sol, mangeant un peu de terre et d’herbe, que je recrachais douloureusement tout en reprenant ma respiration.

« Et vous, vous êtes particulièrement collants… Les Gandr sont-ils tous – »

Et sans crier gare, le nouvel arrivant sortit une épée de son fourreau, tranchant sans hésitation et avec une précision meurtrière la tête de mon agresseur.

« Ne prononce pas ce nom avec ta langue… »

Le sang éclaboussa tout autour de nous, et avant même que je ne me rende compte de ce qu’il se passait, je vis une tête rouler près de moi… Je poussais un nouveau hurlement de terreur, me reculant vivement. Mais je venais à peine de faire un pas de recul que je m’aperçus que le corps de mon agresseur chutait… droit sur moi. Le plus rapidement que je pus, je m’éloignais du corps décapité, observant avec peur l’horreur qui se profilait devant mes yeux.

« Qu’avez-vous… fait…? »

L’homme rengaina son arme, comme si de rien n’était, se penchant vers le sac. Il en déchira les coutures avec un petit couteau et je découvris à l’intérieur qu’il y avait un enfant. Une petite fille. Elle… Elle s’était évanouie?

« Hablek! C’est la Sùlfr! Sors de ta cachette et prends-la! »

Je ne comprenais plus rien à rien. Un autre homme sortit alors des fourrés, un sourire malicieux aux lèvres.

« Et tu vas faire quoi, toi? »

Le premier homme releva son visage dans ma direction et pour la première fois depuis qu’il était apparu, je pus enfin apercevoir ses yeux, d’un noir abyssal, qui détaillaient les lignes de mon visage. Lorsqu’il se redressa, ne me lâchant pas des yeux, je n'osais faire de mouvement. Lui également. Nous nous dévisageâmes en silence, jusqu’à ce que j’eusse suffisamment de courage pour délier ma langue.

« Ma… mère… Commençais-je à balbutier en le fixant, toujours aussi apeuré par le sang qui le recouvrait, par cette froideur glaciale qui caractérisait ses traits. Aidez… ma mère… »

L’homme en face de moi tourna son visage en direction du combat qui faisait rage. Un des deux attaquants était au sol, parcourus de spasmes alors que son corps libérait du sang et du sang et du sang… Kiri l’avait-il mordu? De son côté, l’Hyène se débattait comme un beau diable. Je me tournais doucement dans cette direction, apercevant Kiri sous le poids d’un corps, sous la pression d’une lame. Mon cœur rata un battement et vivement, je me retournais vers l’individu avant de lui foncer dessus. J’oubliais brièvement ma frayeur. Je devais être fort, surpassé mes peurs! Kiri l’avait fait, non?! Pourquoi n’en serais-je pas capable moi aussi?! Alors, m’agrippant à ses vêtements, les yeux emplis de larmes, je me mis à crier:

« SAUVEZ-LA! PITIÉ! SAUVEZ-LA, BON SANG! BOUGEZ-VOUS!! SAUVEZ MA MÈRE! »

Je ne savais plus si je hurlais, si je l’insultais, si je pleurais ou si je faisais les trois à la fois. J’étais en panique, écœuré par mon état de faiblesse. Quand soudainement, l’homme devant moi s’évapora. Et dans mon dos, j’entendis un cri. Vivement, je me retournais et aperçus l’homme aux yeux d’ébène, retirant son épée des flancs de l’agresseur de ma mère. Puis, lentement, son regard se perdit dans les yeux de l’Hyène, qu’il contemplait d’un air de plus en plus médusé.

« Ki –  »

Brusquement, Kiri reprit forme humaine et cachant du mieux qu’elle le pouvait sa nudité, elle siffla au visage de l’homme:

« Allez-vous-en! Prenez le gamin avec vous et partez d’ici!

- Mais…!

- Tu dois le protéger! Tu dois protéger Hakiel!

- Kiri, qu’est-ce que ça veut dire? »

La Bélua esquissa un sourire mauvais, mais au fond de ses yeux, l’on pouvait voir éclater quelques perles de douceur, comme en mémoire d’un bonheur qui semblait loin, si loin à présent…

« Ne t’occupe pas de moi! Prends le garçon et amène-le jusqu’à Ciel-Ouvert! Dans mon état, je dois récupérer…

- Il dit être ton fils, Kiri… Explique-moi… »

Instantanément, les yeux de la Bélua se changèrent, devinrent bestiaux et sans ménagement, elle voulut mordre l’homme aux yeux noirs, qui évita l’attaque habilement.

« Tu comprendras, grogna-t-elle, visiblement irritée et impatiente. Maintenant, partez d’ici avant qu’il n’y en ait d’autres qui débarquent! »

L’homme resta silencieux quelques secondes, observant la Bélua d’un air étrange.

« J’ai confiance en toi, Nakian… »

Je n’étais pas en mesure d’entendre quoi que ce soit de leur échange, mais après quelques minutes, les yeux abyssaux de l’homme vinrent se planter sur mon visage, intensément. Brusquement, il disparut de mon champ de vision et un millième de seconde plus tard, il se retrouvait à ma hauteur, m’attrapant rapidement dans ses bras.

« Nous partons.

- NON! NON! ON NE PEUT PAS LA LAISSER! Protestais-je en hurlant.

- C’est ce qu’elle veut…

- TU VEUX ENCORE M’ABANDONNER, KIRI?! TU VEUX ENCORE ME LAISSER TOMBER?! » Criais-je en pleurant, me débattant dans les bras de l’homme, mais ce dernier me maintenait tout aussi fermement que le décapité.

Alors qu’il m’amenait, qu’il m’éloignait de Kiri, de ma mère, j’aperçus le visage celle-ci se tourner vers moi. Elle me souriait.
Et c’était la première fois que je la voyais verser autant de larmes.


2 969 mots
Gains:
2 points de Charisme pour Hakiel
Et c'est que la version abrégée Merci pour ce LDF trop géant!



[LDF | Númendil & Gandr] Premier sang Signat16
Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Mar 09 Aoû 2016, 01:45

" Le lit n'est pas fait. Constata la petite Orisha, son regard inquisiteur fixait de haut le fameux meuble, comme s'il était un serviteur exécrable pour une damoiselle de haut rang.
- Je vais te le faire. " Répondit Léto, sans une pointe d'exaspération, pas même une pincée de résistance.

Cela faisait quelques temps déjà que Prune ressentait une certaine amertume vis-à-vis de sa mère. Elle lui semblait amorphe, parfois complètement déconnectée – et les Ætheri savaient ô combien Prune détestait être ignorée – et le pire ce que ce n'était pas toujours à cause de ses soi-disant méditations pour communiquer avec les morts. L'Orisha avait bien grandit, du haut de ses six ans, mais Léto ne semblait n'en avoir cure. Elle était toujours à filer de droite à gauche, pour accomplir elle ne savait fichtrement quoi, puis revenait parfois pour remplir son rôle de mère, mais sans jamais combler parfaitement la distance qu'elle creusait indirectement. L'Orisha ne voyait guère plus sa sœur aînée, encore moins son père qui, lui aussi, gambadait elle ne savait où, à moins qu'il se terrait sous les ronces de Drosera… Quoi qu'il en soit, la jeune fille ne se sentait plus être une Sùlfr ou un Númendil en l'état.

Avec une délicatesse dont elle semblait avoir le secret, étonnamment, Léto réarrangea la couverture sur le lit attribué à Prune, pour cette nuit, dans cette auberge d'un village aux charmes pittoresques. Le mystique peuple des Orines possédait de belles terres, à n'en pas douter, mais l'Orisha peinait à comprendre les motivations de sa mère. Elles n'étaient que deux, l'annonce de ces vacances était arrivé à l'improviste, et plus encore la Chamane était riche, influente : pourquoi se contenter d'une si petite chambre ? Pourquoi infliger cela à sa chère progéniture ? Prune était agacée, elle ne comprenait pas comment sa maman pouvait rester aussi proche de ses racines paysannes. A chaque fois que Léto regardait par la fenêtre, avec ce petit sourire quelque peu amer mais ces yeux brillants de petites étoiles, l'Orisha se posait sérieusement cette question.

" Pourquoi est-on là ? Finalement, sa langue fourcha, irritée par tant de mystères. La Chamane tourna la tête en sa direction mais ne quitta pas ce qui s'apparentait à son poste de garde, près de cette fenêtre à l'autre bout de la pièce.
- Je te l'ai déjà dit, ma puce : j'ai envie de passer un séjour tranquille avec toi. Prune monta sur le lit, le regard demeurant inquisiteur à l'égard de sa mère.
- Je sais cela, je veux savoir pourquoi ici. Ça aussi, c'était un défaut récurrent chez sa mère : il fallait préciser ses propos pour ne pas avoir à tourner autour du pot. J'aurais voulu aller à Hebeny. Elle se souvenait de cette journée amusant qu'elle avait passé là-bas en compagnie de la Mord'th. Ou à la Cité Engloutie. Elle avait adoré sa première venue là-bas, cette découverte de ses liens avec la royauté Ondine elle-même et…
- Hebeny, hmm… Léto l'avait dit si fort que Prune avait l'impression qu'elle avait délibérément coupé ses pensées. Peut-être la prochaine fois. La Chamane s'avança vers son lit et s'accroupit en face d'elle, l'Orisha constatait alors la tristesse qui voilait le visage de sa mère, ce même regard abattu qui l'éreintait à longueur de journée. Mais les Terres d'Émeraude sont fantastiques aussi, tu ne trouves pas ? Demain sera une journée magnifique. Ce faux sourire qui revenait encore et encore. Viens, on va manger en bas.
- Non, je ne veux pas aller en bas. Le maigre sourire de Léto s'évapora, Prune eut alors le réflexe de détourner le regard.
- Prune…
- Je veux manger ici. Son ton était volontairement sec, elle refusait qu'on ne cède pas à ses envies ; et ce n'était pas le charisme terni de sa mère qui la rendra obéissante, pas tant que Léto restera ainsi. Cette dernière baissa des yeux, déçue, un chouïa songeuse sûrement.
- D'accord. Prune la regarda de nouveau : encore ce sourire pitoyable… Je monterai ton repas quand il sera prêt. " Sur ces mots, elle sortit et ferma la porte.

L'Orisha se leva et alla contempler le panorama offert par la fenêtre. Le crépuscule s'abattait sur les Terres d'Émeraude, le temps passait si vite, les journées lui semblaient de moins en moins longues. Peut-être à cause de la présence restreinte de sa famille qui l'empêchait de prendre le temps de profiter ? Prune était indécise, elle ne parvenait pas à comprendre tous ces liens qui rappelaient Léto au monde extérieur à sa petite bulle. Elle voulait venir aussi, elle voulait voir de ses propres yeux ce que sa génitrice vivait au quotidien. Elle était jalouse.

Mais en même temps, ce n'était pas une bonne chose d'être aussi désagréable avec elle ; de cracher, en quelque sorte, son venir au visage. L'empathie magique de l'Orisha lui avait fait comprendre depuis que quelque chose s'était brisé en sa mère, quelque chose qui lui tenait à cœur. Il y avait comme un vide qui amenuisait les forces de Léto, qui la tiraillait tous les jours. En retour, Prune le captait, mais ne comprenait pas, elle demeurait alors indifférente. Lorsque la porte de la chambre se rouvrit et que l'agréable odeur d'un repas bien chaud lui titilla les narines, l'Orisha sut qu'elle devait se faire pardonner, ou du moins pardonner. Elle ne voulait pas blesser sa mère, son héroïne, elle ne voulait pas être l'un de ses tortionnaires. La blondinette le sut bien et se retourna vivement pour élever la voix, afin de tout faire rentrer dans l'ordre ! Mais la porte se referma sous son nez, sans qu'elle n'ait la voir dans l'interstice. Ses grands yeux vairons se braquèrent sur l'assiette déposée sur son lit. Ce n'est pas juste.

Prune passa la soirée à dévorer son repas, le plus lentement possible, dans l'espoir de revoir sa mère rentrer. Mais la lune était apparue depuis bien longtemps et Léto n'était pas montée à l'étage. Si l'Orisha avait été quelque peu empathique à son égard plus tôt, cette absence prolongée – et clairement injustifiée, puisque sa mère finissait d'habitude rapidement son assiette – fit remonter ses pensées négatives à son égard. Qu'est-ce que les prolétaires du coin, voire même les soiffards, ont de plus d'attirant qu'elle ? L'enfant grogna, la notoriété de sa mère avait beaucoup de mauvais côtés… Comble du comble, son repas finit par se refroidir avant qu'elle n'ait terminé, immangeable. Elle fit glisser l'assiette sur un meuble et s'allongea sur le lit. Dormir était l'unique solution, s'endormir et oublier tout ça jusqu'au matin. Elle ferma donc les yeux et songea quelques secondes plus tard qu'il faisait froid tout d'un coup. Puis il y avait un drôle de boucan en bas. Une brise lui caressa les joues, alors que la fenêtre était fermée. Un grincement la fit sursauter.

" Qu… " Quelqu'un venait de rentrer par la fenêtre !

Le gamin, puisque c'en était visiblement un, la fixa avec des yeux bestiaux, presque aussi sauvages que ceux des dragonnets de sa mère. Il s'avançait à pas de loup vers elle, alors que cette dernière avait très clairement montrée qu'elle l'avait vue ! Elle recula contre le mur auquel était collé le lit, mais aucun cri ne lui échappa. Le regard du garçon la captivait. On dirait ceux de Papa… Soudain, la porte de la chambre fut défoncée, Léto était rentrée en trombe. Son regard cherchait Prune mais elle semblait épouvantée par la présence de l'intrus.

" Juste à temps. Souffla Latone en sortant de nulle part, elle craqua ses phalanges.
- SÙLFR ! Un jeune homme masqué se présenta devant leur porte, une rapière en main. Ne te défil— Il se tut, on pouvait voir ses yeux s'écarquiller sous son loup. Qu'est-ce que… "

Prune se sentit soudainement tomber à la renverse, elle se faisait tirer par le garçon au comportement animal. Elle cria et se débattit, tandis qu'il la ramenait vers la fenêtre. La petite fille n'eut même pas le temps de s'imaginer où il l'emmenait qu'un éclair bleu frappa le ravisseur. Léto était apparu pour la sauver, l'enfant n'avait aucune chance et s'était vu percuter le mur, l'inconscience le gagnant. Et alors que la Chamane avait cueillie sa protégée, Latone mit un terme à la fusion pour foncer sur le masqué pour lui coller une droite, un coup si puissant qu'il se retrouva sonné au sol. Prune se fit relever par Léto, cette dernière caressa son visage pour s'assurer de son état.

" Hé, ça a marché ! S'extasia Latone en regardant ses mains ; Prune ne comprenait pas, elle était censée être intangible apparemment, comment avait-elle pu frapper l'épéiste ?
- Tu vas bien ? Demanda la titanide à sa fille, Prune répondit par un vif hochement de tête, les larmes aux yeux ; elle n'avait rien compris à la scène mais ça n'en restait pas moins horrible. Léto serra sa bouille contre son épaule, elle la berça doucement en lui chuchotant : C'est fini, ne t'inquiète pas, je suis là… L'Orisha acquiesça doucement, ses petits poings serrèrent le haut de sa mère. Blottie ainsi, elle ferma les yeux et écouta Latone s'activer à côté. Il lui sembla entendre l'homme gémir tout bas et se faire traîner sur le plancher, avant que la bleue ne lui adresse ces mots :
- Tu vas faire quelque chose pour moi. "

~~~

Neven rentra enfin chez lui, à Ciel-Ouvert. Le sac qu'il supportait n'était guère lourd, les autres le confondront facilement avec un sac à patate. Dire qu'ils se trompaient lourdement, qu'il y avait un corps là-dedans, un petit corps. Cette chasse aux Sùlfr fut fructueuse de son côté, à n'en pas douter, depuis le temps qu'il attendait d'écraser à nouveau la Souriante, il avait fait fort ! Ses aïeux seront on ne peut plus ravi de sa collecte, il se demandait ce que les autres avaient pu dénicher de leur côté… Il sera vite fixé, il était trop excité. Il se présenta rapidement à la demeure et demanda l'audience privée, signe qu'il allait présenter les résultats de sa propre traque. Nepherites semblait absente, c'étaient ses seconds, proches cousins, qui se chargèrent de lui.

" Tu nous as ramené un petit Sùlfr ? S'amusa l'un d'eux en refermant derrière lui la porte.
- Une petite Sùlfr ! Et la tête que vous ferez lorsque vous devinerez qui sont ses parents… Il déposa le sac sur la table et sortit l'enfant inconscient. L'un des Gandr se fendit la poire.
- Tes yeux voient bien à travers ton masque au moins ? Ce n'est pas une fille !
- Depuis quand t'as les yeux aussi bleus d'ailleurs ? Les pupilles de Neven semblaient même brillées sous son masque.
- Non… Il fixa le visage du bambin. Ce garçon… Je l'ai vu ce soir-là… " Le bleu disparut de ses yeux, il lui sembla entendre un ricanement s'estomper au loin.


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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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Stanislav Dementiæ
Dim 14 Aoû 2016, 12:18


D'ordinaire, la jeune femme n'aimait pas les réunions de familles. Ces discussions intrminables au sujet des actions que suivraient les Gandr, décider qui ils devraient déchoir ou quelles familles frequenter... La jeune femme avait fini par se lasser de toutes ces directives qui gouvernant sa vie, bien qu'il fut un temps où participer à ces conseils de guerre représentait le plus ardent de ses désirs. Mais désormais, ces rassemblements, où oncles et cousins se retrouvaient, ne faisait que souligner l'absence de sa mère, qui l'accompagnait autrefois à chacun de leurs regroupement. Pourtant' aujourd'hui, c'était différent. C'était l'ouverture d'une nouvelle Chasse. Alors que Nepherites discourait pour enflammer les âmes, Sylbille trépignait d'impatience. C'était enfin sa chance de se racheter. L'échec de sa traque pour éliminer sa jumelle n'avait échappé à personne et l'orisha détestait sentir sur elle les regards du clan. Avec cette nouvelle opportunité, elle pourrait terminer ce qu'elle avait commencé à Sceptelinôst.

La brune leva sa coupe et répéta en choeur : "Gloire aux Gandr !" Elle but une gorgée de vin. Ça non plus, elle n'aimait pas. Un goût amer, que son palais n'avait jamais appris à apprécier. Mais aujourd'hui était un jour particulier, alors se forcer un peu ne lui ferais pas de mal. Elle se leva et se dirigea vers le tas d'affiches, n'attendant pas la fin des états familiaux. Elle savait exactement quelle cible elle voulait prendre en charge. Tous le monde le savait. Sybella lui était réservée, c'était à elle de s'occuper de cette tare familiale. A elle et elle seule. Pourtant, ce principe qui lui semblait pourtant évident échappait totalement à son cousin. Nerrek s'approcha de la brune, secouant sous son nez un dossier de feuilles, la narguant avec un sourire moqueur. "C'est sans doute ça que tu cherches." En effet, le premier document portait le nom de sa jumelle. Alors qu'elle tendait le bras pour arracher son dû aux mains du jeune homme, celui-ci le leva hors de sa portée. "Ne t'en fais pas, cousine, je vais m'assurer de faire le travail correctement. Moi au moins, je n'ai pas besoin de refiler la sale besogne aux autres. Je m'occuperai bien de ta sorcière de soeur..." La gorge serrée, Sylbille jeta un regard haineux au membre de sa famille. L'élémental n'avait jamais apprécié les jumelles, mais tuer Sybella revenait à la tuer elle. Serait-il assez cruel pour tuer une Gandr ? Bien évidement, Sylbille avait toujours eut conscience de ce fait : elle ne pourrait jamais vivre sans que sa soeur n'en fasse de même. Elle avait donc accepter de se sacrifier pour purifier la lignée. Mais c'était à elle, de s'en occuper, elle n'avait jamais envisagé que quelqu'un d'autre puisse s'intéresser à sa moitié.

Folle de rage mais pourtant impuissante, l'orisha attrapa un nouveau dossier au hasard et quitta la salle comme une tornade, bousculant au passage quelques cousins. Elle devait se calmer, elle savait qu'elle ne pourrait pas mener sa chasse dans un tel état d'anxiété, mais Nerrek n'avait jamais été réputé pour sa douceur et sa clémence. S'il mettait la main sur sa soeur, elle pouvait être certaine qu'il n'hésiterait pas à mettre fin à leurs jours. La seule chose qu'il lui restait à faire, c'était à être plus rapide. Si au moins elle pouvait faire une dernière action pour les siens, elle partirait avec un semblant d'honneur, et non pas sur la tâche sombre de son échec.

Sylbille posa son regard sur le parchemin qu'elle tenait, le poing crispé. Il s'agissait d'une enfant, une jeune fille de sept ans. Elle n'avait, à la connaissance du clan, pas encore développé de gène erroné. En revanche, ses parents, deux Sùlfr, avaient réussi à l'utiliser pour échapper à leurs mains. Mais ils les avaient finalement retrouvé sur les terres d'émeraude. Un petit village de tisseurs, sans grande histoire... Cette chasse bouleverserait la vie tranquille de ces habitants qui n'avaient rien demander. Avec un soupire, la Gandr alla se préparer. En chemin, elle croisa la route de l'une des siennes. Une cousine éloignée avec qui elle n'avait jamais vraiment discuté mais dont elle avait entendu parler des piètres performances. Elle avait été longtemps suspectée d'être une bâtarde et de ne pas maîtriser son gène, mais les doutes avaient fini par disparaître car si elle ne faisait pas une bonne chasseuse, elle était une excellente voleuse. "Sylbille !" L'interpellée, surprise, se retourna vers la jeune femme. "Oui ? Que puis-je faire pour toi ?" Visiblement mal à l'aise, la demoiselle commença à jouer avec ses mains tout en parlant. "Eh bien... c'est que... je ne suis pas... enfin tu sais, je n'ai jamais réussi à chasser... et comme tu es un Corbeau... enfin je me disais que peut être toi et moi... enfin ce n'est qu'une idée mais..." Souriant, Sylbille délivra la malheureuse de son embarras. "Tu veux faire équipe avec moi pour la chasse ?" La femme acquiesça. Il est vrai que l'orisha avait développé une bonne réputation grâce à son travail de chasseuse au sein des Corvus Aeris. "Très bien, j'ai déjà sélectionné nos cibles. Vas te préparer."


~~~~~


Sylbille, dissimulée sous ses vêtements de voyage, observait les deux serveurs. Les Sùlfr tenaient la petite auberge du village, qui faisait aussi office de taverne et de salle de réunion. Il y avait donc peu de chance que leur présence attire l'attention outre mesure. En revanche, il serait difficile de les éliminer dans un lieu aussi fréquenté... il faudrait parvenir à les attirer ailleurs. "Arrêtes d'être aussi nerveuse, il n'y a aucune chance qu'ils nous reconnaissent. Nous ne les avons jamais vu et eux non plus." "Je le sais bien mais... J'ai peur de vous ralentir..." La brune soupira. Si dans un élan de compassion elle avait accepter de se faire accompagner, sa camarade s'était vite révélée agaçante : son manque de confiance en elle était un grave handicap pour cette mission.

Sylbille s'en alla sans répondre et alla s'assoir à une table, ou une jeune fille était occupée à dessiner. "C'est très joli, dis donc. C'est ta famille ?" "Oui, maman, papa, moi, et le bébé." L'orisha eut un mouvement de recul. Le bébé ? Elle n'avait pas été prévenue qu'un nourrisson faisait partie du contrat. Non pas que cela affecte sa détermination mais il est vrai que tuer une femme enceinte était toujours quelque chose de... délicat. "Le bébé ?"questionna la femme. Peut être n'était ce que des divagations d'enfant, peut être n'était ce en fait qu'un poupon qu'elle considérait comme son propre enfant ? "Oui, maman va me donner un petit frère ou une petite soeur..." Sylbille posa son regard hétérochrome sur la femme derrière le comptoir. Elle portait des vêtements amples qui cachaient ses formes, mais maintenant qu'elle avait cette information, elle discernait un petit ventre arrondi. L'orisha ferma un instant les yeux. Elle détestait devoir faire ça, mais elle n'avait pas le choix. "Et tu as hâte ?" Continuer la conversation était la meilleure chose à faire pour l'instant. "Oh oui, je serais une bonne grande soeur ! Je m'occuperai bien du bébé !" Sylbille ne trouva rien à répondre à ce petit être innocent, qu'elle devrait arracher à sa famille dans peu de temps.

La nuit tomba et finalement, l'établissement se vida peu à peu. Aussi étonnant que cela paraisse, les gens du coins ne restaient pas longtemps pour boire et les seuls clients restant furent les voyageurs et les deux Gandr, qui avaient réservé une chambre pour la nuit. Elle repartiraient le lendemain, lorsque la mission aurait été effectuée. Sylbille était en train d'aiguiser son arme tandis que sa partenaire était occupée à observer le paysage par la fenêtre. Elles n'avait plus échangé de mots depuis que Sylbille lui avait expliqué le plan. La chasseuse était plongée dans ses idées. Cette nouvelle l'avait quelque peu chamboulé, bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Lorsqu'elle fermait les yeux pour essayer de dormir avant le grand jour, le mot "assassin" résonnait dans son crâne. Elle était condamné à une nuit blanche...

"Sylbille ! Vite !" Le ton alarmé et pressé  de la Gandr poussa la concernée à venir à la fenêtre. Et ce qu'elle vit ne lui plus pas du tout. Dehors, la petite Sùlfr courrait, et derrière elle, deux autres enfants. Elle n'allait pas secourir une déchue mais l'équipement des deux poursuivants ne la rassura pas... C'était à elle de voler cette gamine, elle ne comptait pas se faire voler son gibier une seconde fois. Alors qu'elle allait descendre, l'un des parents entra dans son champ de vision. "VIOLETTE !" Son cri transperça la nuit. Une flèche atterri dans la tête du père, qui tomba au sol. Sylbille, figée, regardait avec effroi ce qu'il se passait en bas. C'était un élèvement. Cette gamine allait être kidnappé. Et il était hors de question que quelqu'un s'empare d'une Sùlfr. Cette espèce devrait disparaître, si ces inconnus s'en emparaient, les Gandr ne pourraient peut être plus mettre la main dessus, et ces insectes pourraient procréer sans que les Originaux n'aient de contrôle sur eux.

Sylbille attrapa son épée et descendit en trombe l'escalier pour rejoindre le rez-de-chaussé. Là, une scène d'horreur l'attendait. Le corps de la mère était étalée au sol. Il y avait trace de lutte, des tables étaient renversées, des débris des verre jonchaient le sol... Sylbille resta sans voix. Comment pouvaient - elles ne pas avoir entendu le combat ? Toute cette violence avait forcément dû causer un vacarme assourdissant. Leur chambre était juste au dessus de la salle commune, il était impossible qu'elles n'aient pas entendu les bruits de combats... et pourtant, rien ne les avait alarmé. Chamboulée, elle se mit néanmoins à courir, se mettant à la poursuite de la petite fille. Si elle se dépêchait, elle pourrait peut être arrêter ses poursuivants.

Dehors, elle dépassa le cadavre du Sùlfr, puis finit par apercevoir au loin les quatre enfant. La petite se trouvait au milieu du cercle que ses trois agresseurs formaient. Sylbille accéléra jusqu'à se trouver devant la scène.  Là, sans laisser le temps aux agresseurs de s'en prendre à elle, elle asséna un coup d'épée au plus jeune des trois, puis entra en combat avec le plus proche d'elle. Elle para l'attaque de son edversaire, esquiva d'un pas la seconde puis contre attaqua, plongeant sa lame dans la gorge de l'ennemi. Le temps qu'elle en finisse, le dernier des kidnappeur avait agrippé la fillette et la tirait à présent derrière lui. Sylbille couru jusqu'à eux. L'enfant lui fit face, dégainant sa propre épée. Puis sa tête vola, le sang giclant de partout. Ce n'est que quand elle vu sa hache dans les mains de sa cousine qu'elle compris que la Gandr l'avait suivi jusqu'ici, et qu'elle venait de finir le travail. Sylbille s'approcha de la Sùlfr qui pleurait à grosse larmes. Lentement, elle l'attrapa dans ses bras et la serrant fort contre elle. Adressant un regard à sa partenaire, elle vit celle-ci agripper le seul intrus encore vivant : il serait un otage pour les Gandr

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Mar 16 Aoû 2016, 00:02



Certes, Nym les avait un jour détesté. Certes, ils avaient assassiné son maître, et ne lui feraient pas de cadeau s’ils recroisaient la petite Alfar qui avait incendié une partie de leur bâtisse. Mais les Númendil étaient sa famille, ses seuls véritables maîtres, ses créateurs. Ils avaient élevé Nym, fait d’elle ce qu’elle était devenue – une assassin froide et aveuglémente obéissante. Elle avait grandi du côté des esclaves, néanmoins elle se sentait partie intégrante de la secte… Non, famille, pas secte. C’était sa famille. Ainsi, bien qu’elle eût un autre maître, elle n’avait jamais vraiment reconnu que l’autorité du Haut Parti.

Aussi, elle les craignait plus que nul autre. Et l’idée d’être recherchée par sa famille ne lui plaisait guère. Nymssiah le savait : ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne la rattrapent. Jamais elle ne pourrait leur échapper éternellement. Et quand ils l’emmèneraient… Elle frisonna. Le souvenir des supplices endurés là-bas était encore trop réel, malgré les années écoulées. Traversant le temps, cette souffrance remémorée lui donna envie de vomir. Si jamais elle y remettait les pieds, la salle des tortures la tuerait. Elle n’y était plus habituée. Et puis elle devrait abandonner son arc, à coup sûr. Il était donc hors de question de se livrer aux Númendil.

Toutefois, elle ne voulait évidemment pas mourir en refusant de les suivre. C’était ainsi qu’elle comptait profiter du conflit opposant sa famille aux Gandr. Nombreuses informations quant aux raisons et aboutissements de ce litige avaient courru jusqu’à ses petites oreilles pointues. Or, cela ne l’intéressait guère. Tout ce qu’elle avait retenu était que les Númendil voulaient enlever de jeunes Sùlfr afin d’en faire des enfants soldats. Leur en rapporter un suffirait certainement à démontrer la soumission de Nym à sa famille, sans pour autant se rendre à eux. De plus, cela leur ferait peut-être oublier l’incident de la dernière fois… Nymssiah n’avait pas désiré s’attaquer aux Hauts Membres, mais son ancien maître l’avait obligée à les menacer. Elle avait fini par mettre le feu aux cages des Vedelea insoumis. De son temps, on courbait l’échine face aux maîtres, on ne se soulevait pas ! Au pire, on osait supplier que s’arrêtèrent les tortures. Nym avait donc brûlé vifs quelques réfractaires, il y avait quelques lunes de cela. Mais rapporter un Sùlfr, suffirait certainement à remplacer ces morts. Un enfant, effrayé et frais, voilà qui ferait un bon Vedelea ! Comme on calcine la mauvaise herbe gangraineuse jusqu’à la racine, pour replanter de jeunes pousses, maléables et saines. Ce n’était qu’un peu de jardinage ! Il est grand temps que la famille s’agrandisse, ironisait Nym. Sa famille ne pourrait qu’apprécier. Du moins, croyait-elle.

Nym apprit également que les Gandr mèneraient une rafle à l’encontre de leurs cousins passifs, sur les Terres d’Emeraude. Ne disposant d’aucune information lui permettant de déceler les Sùlfr, elle avait décidé de ce rendre en ce lieu de verdure, et ainsi profiter de la traque pour repérer une proie, à l’affut du moindre mouvement de chasse, du moindre renseignement. La furtivité était cependant de mise chez les Gandr comme chez les Númendil, et la petite Alfar restait bredouille après plusieurs jours à errer en ces terres.


* * *


Aux abords d’un village, ce soir-là, Nym désespérait. Le crépuscule s’épaississait, et elle s’était hissée dans un sapin à quelques mètres au-dessus du sol tapissé d’herbe verdoyante. Le façonnage d’une petite figurine de bois à l’effigie d’un archer, pas plus grande que son avant-bras, l’occupait quand passèrent sous elle cinq silhouettes en fuite, poursuivies par une horde de chasseurs. Aussitôt elle se redressa, accroupie sur la branche, dos au tronc de l’arbre. Elle posa sa petite sculpture près d’elle, dégaina son arc, et l’arma d’une flèche. Elle observa. Un enfant d’une quinzaine d’année en tête, suivi d’un adulte et d’un autre enfant plus jeune. Enfin, le second adulte fermait la course, portant dans ses bras le plus petit des trois gamins. L’occasion rêvée.

Nym réfléchissait vite : il fallait blesser un enfant Sùlfr, le clouer au sol, pas le tuer, puis gagner du temps pour cacher le gosse dans les broussailles environnantes, attendre la fin de l’assaut. Et enfin le livrer aux Númendil. Parfait ! Elle visa le pied du premier, l’adolescent, pour l’immobiliser.

La flèche alla se ficher dans sa cuisse. Saletés, arrêtez de bouger ! pesta Nym. Sa victime s’effondra au sol, cherchant à ramper. Elle se vidait trop vite de son sang, et serait morte bien avant que Nym n’aurait pu la rapporter. Les autres courraient toujours, les Gandr enragés à leur suite. Une deuxième flèche, vite. Le pied du deuxième gamin pour cible, et… Le projectile se ficha dans la poitrine du père, qui tomba au sol. Nym grinça des dents. Ces échecs à répétitions l’agaçaient plus que tout.

Par chance, le deuxième enfant s’agenouilla à côté de son père agonisant. Nym descendit à toute vitesse de son perchoir en se laissant glisser, abandonnant sa sculpture sur la branche. Elle courra vers le gosse en pleurs, serra la main autour de sa gorge. La veine de l’enfant battait fort contre sa paume. Quelque chose en elle retirait une immense jouissance de ce pouvoir de vie et de mort sur l’enfant. C’était plus fort qu’elle, elle se mit à comprimer la veine, encore plus fortement, pour mieux la sentir cogner. Elle savait très bien qu’il le fallait vivant, mais c’était si plaisant qu’elle avait cédé le contrôle à la bête en elle. L’enfant se débattait, la griffait, la mordait, hurlant toujours plus fort, pleurant son père. Mais ce triste spectacle ne provoquait aucune émotion chez Nym, insensible à la souffrance d’autrui.

L’Alfar jetta un coup d’œil derrière elle. La mère s’était arrêtée, avait déposé à terre son plus jeune à présent cramponné à sa robe, et faisait face à ses agresseurs, prête à combattre. Voilà qui ferait gagner à Nym le précieux temps nécessaire à l’enlèvement de sa proie. Nymssiah refit surface dans son propre corps, et relâcha la pression sur la tendre gorge juste avant que l’enfant ne s’évanouisse.

Elle agrippa le gamin, qui résistait toujours, par sa longue tignasse blonde, le tira à elle et se retourna. Elle commença à le traîner à sa suite, par les cheveux, quand elle vit arriver droit devant elle… Des Vedelea ! Que faisaient-ils ici ? C’était sa proie, son offrande ! Hors de question qu’on lui la retirât ! Elle plante ses yeux dans ceux terrifiés de l’enfant. « Dépêches ! » lui cracha-t-elle plus fort qu’elle ne l’aurait voulu. C’en était presque ridicule de voir Nym en une telle position de force, elle qui échouait si facilement à ce genre de mission de part sa maladresse. Quoiqu’il en était, l’enfant lui obéit.

Elle se hâta entre les arbres à sa droite, pour échapper à l’éteau formé par les troupes Gandr et Vedelea. Tirant toujours le garçon par les cheveux, elle le fit passer devant elle pour s’enfoncer dans les broussailles avant de s’enrouler au mieux dans sa cape. Le gamin se démenait, mais Nym le poussa entre les ronces d’un coup dans le dos. Derrière, la bataille faisait rage. Les plantes de la forêt tremblèrent sous l’effet d’une secousse dans le sol. La petite Alfar allait pénétrer à son tour dans la cachette de ronces, quand une main énorme la saisit par le col, et la fit tournoyer dans les airs avec un grognement. Elle eut juste le temps de penser ‘Evidemment, tout se passait trop bien…’ avant d’aller s’écraser  contre un arbre.


* * *



Un affreux bourdonnement dans les oreilles. Elle ouvrit les yeux, face contre terre. Une douleur sourde la lançait depuis l’épaule jusqu’aux cervicales. Sa langue, gonflée dans la bouche, lui réclamait des litres d’eau. Elle tourna la tête sur le côté, difficilement. Il faisait encore nuit. Son arc reposait dans l’herbe un peu plus loin. Heureusement, elle l’avait perdu en volant dans les airs, ce qui avait sauvé l’arme d’une brisure certaine. Elle se redressa, passant une main sur son visage. Du sang séché s’était collé autour de son arcade gauche, douloureuse, et sous son nez gonflé.

Nym s’adossa au tronc de l’arbre, et s’empressa de boire à son outre. L’eau lui arracha le gosier, et elle dut immédiatement la recracher, portant sa main à sa gorge. Sous ses doigts, elle sentit sa peau boursoufflée par la brûlure de son col qui l’avait éranglée. Elle fut contrainte à n’humidifier que le bout de sa langue pour estomper la sensation de soif. Doucement, elle examina son corps endorlori. S’ajoutèrent alors à ses blessures un large hématome noir sur la cuisse droite, et quelques côtes cassées.

Quelqu’un toussa à s’en étouffer, à quelques pas derrière elle. Nym tourna la tête vivement, ce qui lui donna le tournis. Dans son champ de vision qui dansait, elle vit l’enfant Sùlfr, le plus jeune, allongé contre le corps de sa mère, pleurant en silence. Par endroits, la végétation avait roussi sous l’effet calcinant de flammes, ou avait rougi sous l’effet sanglant d’une lame. Des cadavres d’enfants soldats mêlés à ceux de quelques Gandr jonchaient l’herbe carbonisée. Par-ci par-là des membres sans corps, ou des corps auxquels il manquait des membres, des visages…

Nym se mit sur ses pieds, appuyée contre le tronc de l’arbre. Son épaule était paralysée par la douleur. Elle ramassa son arc, le rendossa. Courbée en deux, elle se traînait, boitillante, traversant le charnier fumant dont l’enfant et elle étaient les seuls rescapés encore présents sur le lieu du massacre. Ils avaient été laissés pour morts. Les bottes de l’Alfar s’enduisaient du sang, pas encore sec mais gluant, coulé en flaques pourpres, et le bruit de succion poisseuse des semelles se décollant du sol était le seul à retentir dans les environs.

L’aube grise pointait déjà. Le gamin s’était blotti contre la dépouille de sa mère. Son visage à moitié brûlé, cloqué, était maculé d’un mélange de terre, de larme et d’hémoglobine. Il tremblait, sanglotait. En silence. Nym aurait encore pu sauver l’enfant. Le prendre dans ses bras, le consoler, le recueillir, l’amener dans un orphelinat. Ou simplement le déposer devant une porte. Même abréger ses souffrances d’une flèche dans la tête aurait pu être considéré comme un grâce, au vu de l’état pitoyable dans lequel se trouvait l’enfant.

Mais il était son offrande à sa famille, et elle était indifférente à ce genre de sombre tableau. Alors elle l’attrapa fermement pas le poignet. Il ne présenta qu’une faible résistance, s’accrochant aux vêtements en lambeau du mort. Nym le tira un peu plus fort. Il lâcha sa maman. «Debout.» Il s’exécuta. Et l’Alfar se mit en marche, clopinant. Direction l’Edifice d’Eluvies.




1 768 mots
Gains : 2 points de force & 2 points de charisme pour Nymssiah.

Réponse tardive mais réponse quand même :) Merci pour ce LDF multi-familial, c'est top ! (mais plutôt peur d'en apprendre les conséquences pour Nym...)

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Jeu 18 Aoû 2016, 17:00

Retirant les épaisses fourrures qui recouvraient ses épaules, Nimüe s’immobilisa sous l’ombre du feuillage d’un grand saule, seul parmi le décor plat, caractéristique des Terres d’Émeraude. Dominant sur une petite colline, l’arbre offrait le couvert idéal contre les rayons du soleil, au soulagement de la Bélua qui ne supportait plus cette lourde chaleur. Son front, enduit de sueur, était rouge à force d’avoir déployé tant d’efforts pour se rendre jusqu’ici et ses vêtements, plus légers en-dessous de son manteau, collaient à sa peau. La rouquine déposa son sac en bandoulière, qui semblait peser plus lourd qu’avant, sur le sol, puis l’ouvrit pour y ranger ses fourrures, ses mitaines et son foulard, tout en jetant un regard nerveux vers l’horizon. Rapidement, ses yeux se posèrent sur la silhouette qui s’y découpait : lentement, celle-ci s’éloignait, mais demeurait encore visible au regard de la jeune fille, qui exhala un soupir de soulagement. S’emparant d’une poignée de noix à l’intérieur d’un grand contenant – qu’elle avait " emprunté "à Dærion – et d’une gourde d’eau, Nimüe dévora à toute vitesse son maigre repas, avant d’avaler goulûment quelques gorgées d’eau, impatiente de reprendre la route. Une fois la nourriture engloutie, la jeune Bélua se releva brusquement, ramassant le sac qu’elle replaça sur son épaule. Et sans plus attendre  davantage, la petite s’incrusta à nouveau sur le sillage de la silhouette, tout en faisant bien attention de rester en dehors de sa vue.

Au bout d’une vingtaine minutes de marche, la respiration de la rousse devint sifflante et une douleur vive jaillit de la plante de ses pieds meurtris. Les lèvres pincées, la Bélua s’efforçait de garder un rythme constant, malgré cette souffrance qui commençait à grandir, partout dans son corps : les muscles de ses jambes semblaient avoir pris feu, et une cascade de larmes venait désormais s’écraser contre ses joues rouges tant la douleur lui était, de plus en plus, devenue insupportable. Pourtant, elle refusait de s’arrêter. Malgré que son corps chancèle à chacun de ses pas, malgré qu’elle trébuche à la moindre imperfection du sol qu’elle foulait, Nimüe s’entêtait à continuer. Elle était tombée tant de fois, qu’elle avait cessé de compter, si tant elle avait déjà commencé à compter. Ses genoux saignaient légèrement, ses articulations  craquaient douloureusement au fil de son avancée, mais sa volonté – farouche, inébranlable – donnait à son corps la force insoupçonnée de se relever, dans un équilibre de plus en plus incertain et traître. Sa peau, à l’habitude si pâle, était à présent recouverte de terre noire et de brins d’herbe, et ses boucles couleur flamme livraient bataille sur le dessus de sa tête. Des cernes creuses pendaient sous ses yeux rougis de fatigue, contrastant avec le teint presque fantomatique de son visage tiré. Son corps tremblait, sans cesse, telle une brindille prête à se rompre à tout instant. Bien plus qu’une détermination sans faille, c’était la peur, l’angoisse de se retrouver toute seule ici, au beau milieu de nulle part, qui la poussait à poursuivre sa route, juste derrière la silhouette qui s’éloignait petit à petit. La rousse pouvait bien endurer les pires souffrances de son existence, elle ne voulait pas le perdre de vue, elle ne devait pas le perdre de vue. Ses yeux carmins étaient incapable de se détacher du dos du jeune homme qui, ignorant sa présence en arrière de lui, continuait à creuser la distance qui les séparait. C’était l’adrénaline qui maintenait la petite Bélua en mouvement, c’était la terreur qui prenait sa main et qui la contraignait à se remettre debout lors de ses incessantes chutes. La peur lui giflait le visage quand elle semblait perdre connaissance, qui lui permettait d’endurer l’horrible mal de tête que le soleil lui donnait en tappant si fort sur le dessus de son crâne. La jeune fille ne marchait plus : elle traînait péniblement son corps tout en tentant, avec la force d’un désespoir grandissant, d’accélérer son pas, de rattraper l’Elémental qui paraissait si loin, trop loin devant ses yeux qui se noyaient de larmes salées. Ces gouttes d’eau l’aveuglaient. Du revers de la main, Nimüe les essuya  de ses doigts enduits de terre, salissant son visage de porcelaine de taches noirâtres et poussiéreuses. Son cœur battait à tout rompre contre sa poitrine, jusqu’à lui faire mal, trop mal.

Alors que sa montée d’adrénaline s’écroulait, la jeune rouquine tentait de reprendre son souffle. Elle se débattait pour garder les paupières ouvertes, lorgnant d’un regard morne et fatigué ces points noirs qui dansaient follement devant elle. La jeune Bélua ne parvenait plus à marcher droit ou à cerner distinctement la silhouette de l’adolescent. Le sol semblait tanger sous ses pieds, devenant peu à peu flou, indistinct. Et puis, brusquement, ses jambes tremblotantes cédèrent. Un cri s’échappa de sa gorge douloureuse, franchissant ses lèvres sèches dans un bruit rauque. Elle déboula la petite pente, la respiration coupée, bloquée au fond de sa bouche, réalisant d’innombrables tonneaux avant de s’arrêter au pied d’un minuscule promontoire. Trop épuisée pour lâcher un second hurlement – de douleur cette fois-ci – la rouquine tenta pourtant de se lever, le visage grimaçant, mais son corps refusait de répondre aux ordres de son esprit, de sa volonté, entêté à rester clouer sur l’herbe fraîche des Terres d’Émeraude, aussi immobile et lourd qu’une statue de pierre. Nimüe sentait ses muscles hurler : au fond, elle devinait sans peine que ses jambes n’avaient plus la force de soutenir son poids, et ses pieds semblaient en combustion. Et pourtant, ça ne l’arrêta pas de vouloir retenter le coup. Péniblement, la jeune fille parvint à se dresser sur ses genoux écorchés, haletante, jusqu’à ce qu’une sensation de vertige, un malaise, la contraigne à s’étendre  de nouveau au sol pour éviter de vomir. Petit à petit, la panique se mêlait à son sang, pénétrant à l’intérieur de ses veines tel un poison mortel, alors que son cœur tambourinait de plus en plus vite sous les effluves de cette peur qui lui tordait l’estomac. Elle ne pouvait pas rester ici. Elle devait parvenir à le suivre, le rattraper avant qu’il ne disparaisse à l’horizon. Plus qu’une nécessité, c’était une obligation qu’elle réussisse à se relever, et poursuivre sa marche derrière lui. Sauf que son corps n’en était juste plus capable. Il avait largement dépassé ses limites, dépassé ce qu’il avait la force d’endurer. Elle n’y arriverait jamais. Elle n’avait plus les moyens de le contraindre à se déplacer à nouveau. Les larmes commencèrent à se déverser en abondance sur son visage, nettoyant légèrement les saletés qui lui recouvraient la peau, tandis que ses pleurs retentissaient, apeurés, effrayés par le sentiment de solitude qui l’envahissait : après tout, elle ne souhaitait pas être seule. Elle avait peur d’être seule. C’était l’unique raison qui l’avait poussé à suivre Scott – à son insu – quand il était vraiment parti de Ciel-Ouvert. La crainte l’avait rongée, l’avait obsédée depuis son départ, jusqu’à ce qu’elle se résigne courageusement à pénétrer dans les montagnes hostiles, talonnant l’Elémental, peu importe où il se dirigeait. Avec l’Ange, c’était la seule personne qui lui restait, qu’elle chérissait, et pourtant, elle ne parvenait même pas à se donner la force de suivre ses pas, malgré tout son désespoir.

Elle était faible.

Elle n’était qu’une bonne à rien qui peinait à poursuivre ses buts, à réaliser ses objectifs. Elle était fatiguée de se battre sans cesse contre la réalité. Contre elle-même. Son unique souhait était de se reposer, de dormir comme elle ne l’avait plus fait depuis un temps qui lui paraissait si long, trop long. « Nimüe? » La voix, familière, tira soudain la Bélua de ses sanglots. La jeune rousse entrouvrit lentement un œil, et son regard se planta aussitôt dans les mires rouges de Scott, qui était penché au-dessus d’elle. Attiré par l’écho des pleurs de la petite fille, il avait rebroussé chemin par simple curiosité et voilà qu’il tombait sur la dernière personne qu’il aurait pensé croiser ici. L’éclat de ses yeux se fit sévère. « Qu’est-ce que tu fais là, bon sang! Pourquoi t’es pas restée à Ciel-Ouvert!? » Honteuse, Nimüe se contenta de baisser la tête. Elle avait toujours su que l’Elémental réagirait ainsi si, un jour, il la remarquait. Elle le savait parfaitement, et pourtant, elle avait à peine hésité lorsqu’elle avait  fait le choix de le suivre. Elle n’avait aucune excuse à lui donner, aucune explication à lui offrir, car sa présence à elle seule lui servait de justification – même si ce n’en était pas tout à fait une. Le regard du jeune homme s’attarda longuement sur elle, comme s’il guettait une réponse qu’il connaissait déjà d’avance, avant de lâcher un soupir, l’air soudain blasé. « Tu me suis depuis combien de temps? » Il le savait, et pourtant, il posait tout de même la question, incapable de croire un seul instant que la Bélua était parvenue à suivre, bien qu’elle se tenait là, juste devant lui. « Je suis désolée. » Murmura-t-elle d’une voix rauque, les yeux larmoyants. « Tu as été stupide. » - « Je suis désolée… » Elle n’avait rien d’autre à lui offrir, rien d’autre à lui dire, à part des " désolée " et des larmes incessants tant, désormais, elle s’en voulait de s’être mise en danger.

« J-je ne voulais pas… » Un éclair argenté fendit l’air devant les yeux écarquillés de la Bélua, qui relâcha un cri, l’interrompant brutalement. Elle tourna la tête, confuse, apercevant un duo d’ombres courir dans leur direction. L’une d’entre elles poussait une pluie de jurons à son compagnon, et quand même bien ses propos se perdaient légèrement dans le souffle du vent, la jeune fille parvint à distinguer  un bout de phrase : « Fais attention, par tous les Dieux! Il nous la faut en vie! » L’Elémental se redressa brusquement. D’un geste sec, il prit la main de la Bélua qu’il força à se lever, serrant déjà un couteau dans sa main libre sous le regard hébété de la rousse. « On s’en va. » Chuchota-t-il. Les yeux de la petite se firent plus insistants, tentant de percer la source de la crispation du jeune homme. Le voir nerveux la rendait aussi nerveuse, et un sentiment d’effroi commença doucement à poindre, formant une boule dans son ventre. Les deux hommes finirent par s’arrêter, leur regard glacé se déposant au milieu du sien. Elle frissonna, ils arquèrent un sourire carnassier. « Nimüe Sùlfr, c’est ça? » - « La Chasse est si généreuse aujourd’hui. » L’archer encocha une flèche, puis tira sur Scott. Ce dernier parvint rapidement à créer un mur de flammes qui brûla le projectile, alors que Nimüe – paralysée – regardait le second Chasseur bondir vers elle. Le jeune homme aux cheveux noirs lança le couteau qu’il tenait entre les doigts in extremis dans la cuisse de l’assaillant, qui hurla de douleur. Profitant du fait que le deuxième homme préparait un autre projectile, l’Elémental resserra sa poigne sur le bras de la rouquine, la contraignant à le regarder dans les yeux. « Transformes-toi, maintenant. » - « N-non, je ne peux pas… ils vont… ils vont… » La peur lui faisait perdre ses moyens. C’était des Grandr, des Chasseurs aguerris, comme ceux qui l’avait tuée sans pitié. Elle refusait de laisser Scott seul – pas contre ces monstres avides de sang. Mais que pouvait-elle bien faire? Que pouvait-elle faire à part le gêner? « C’est pas le moment! Fais-le, c’est tout. Dépêches-toi! » Il avait raison, parfaitement raison : l’homme au sol commençait déjà à se relever, et son compagnon était prêt à tirer.

Les larmes aux yeux, la jeune fille se décida enfin à obéir, prenant sa forme animale, au même moment où le projectile fusait sur l’Elémental de Feu. Effrayée, Nimüe avait à peine commencé à battre furieusement des ailes qu’une dague, à la lame de bronze, se figea soudainement dans l’une de ses pattes. La douleur manqua de la faire chuter au sol, mais l’adrénaline lui permit de trouver la force de se redresser légèrement, alors que sous ses yeux horrifiés, elle observait deux autres silhouettes se découper du décor. Les Chasseurs ainsi que Scott toisèrent d’un air dérouté les nouveaux venus, dont les yeux froids ne quittaient plus l’ombre de l’oiseau qui décrivait de grands cercles. « Elle est blessée. Annonça une femme en regardant les tâches de sang que laissait la jeune Bélua sur son passage. Elle sourit, sinistre. Ça nous facilitera la tâche. » - « Et vous êtes?» Cracha l’archer, pointant son arc vers les deux individus. Aucun ne prit la peine de lui répondre. « Sales enfoirés… vous pensez pouvoir débarquer comme ça, en nous volant notre proie? » Et ni plus, ni moins, le second Grandr dégaina sa lame, bondissant comme un fauve enragé sur les nouveaux venus. En panique, les yeux de Nimüe cherchèrent instinctivement ceux de l’Elémental, qui lui fit un signe discret du menton, avant de se téléporter un peu plus loin, hors de la mêlée. Sans hésiter, le Faucon s’empressa de le rejoindre, volant avec la force du désespoir en dépit de sa blessure, déterminée à mettre le plus de distance possible entre elle et ces individus.

2 177 mots

→ Pas de gain (hors délai)
Désolée si c'est un peu brouillon. >.< S'il y a quelque chose qui ne va pas, n'hésitez pas à le me dire =)
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