Cela ne devait être qu'une simple présentation. Yulenka avait trouvé utile et intelligent de présenter son père aux forgerons Brujah. Il pourrait comparer leurs arts et échanger, ce qui permettrait de travailler la réputation de son père au sein de son peuple, et atténuer toujours plus les ressentis de Raeden vis à vis de sa nation. Le voyage s'était passé jusqu'ici sans encombre, mais il commençait à devenir longuet pour la demoiselle. C'est alors que l'option de passer par la forêt du cœur bleu s'était présentée à eux. Une véritable aubaine, car en traversant cette forêt, ils s'épargneraient plusieurs jours de voyage. Ni une ni deux, le père et la fille s'étaient introduits dans ces bois épais et dense, sans s'inquiéter du moins du monde. Pourtant, leur arrivée fut immédiatement remarquée par des observateurs assidus qui n'attendaient qu'une chose... Que de nouvelle victimes pénètrent en ces lieux.... Cela dit, il n'y avait absolument rien d'étrange de prime abords. De la végétation, de petits animaux, des oiseaux, des bruits un peu partout.... Une forêt tout ce qu'elle avait de plus normale. Les deux Liddell discutaient de tout et de rien, profitant de la quiétude ambiante. Mais cette dernière n'avait jamais été qu'apparente.... Plongé dans une discussion où Yulenka expliquait le cas d'Akechi devenu Dante à son père, la demoiselle ne se rendit pas compte qu'on les scrutait.

-Et depuis il s'est souvenu qu'il s'appelait Dante, qu'il était le fil de Vlad et Mitsuko, donc de deux anciens souverains vampires. Mais ce qui me trouble, c'est que son comportement a changé en même temps qu'il a retrouvé sa mémoire. Il ne s'est absolument pas montré menaçant, bien au contraire. Il n'a même pas paniqué en rencontrant Rubis, ce qui est déjà un exploit en soi. Mais.... J'ai l'impression que.... Je sais pas, comme s'il était plus sombre qu'avant quoi. Bon pour un vampire dans un sens c'est normal, et même nécessaire pour lui survivre. Mais je me demande ce que ça va donner maintenant.

Au fur et à mesure qu'elle parlait, Yulenka s'était progressivement transformée, se mettant à marché à quatre pattes, ayant quitté ses cheveux bleus pour une fourrure, et sa nature vampire pour une nature féline. Et vu qu'elle avait continué de parler comme si de rien n'était, il n'avait point à douter qu'elle n'était définitivement pas à l'origine de ce changement de forme ! De quoi donner quelques vives inquiétudes à son pauvre papa ours pas en peluche.... Mais le "pire" était à venir..... Car voila qu'une multitude d'animaux relativement exotiques, surgir de nul par et se mirent à pousser la chansonnette, entrainant avec eux sa fille, qui au vue de son son expression catastrophé et du regard paniqué qu'elle adressait à son père, ne contrôlait définitivement plus rien ! Préoccupant comme situation... Et en plus cela faisait désordre. Des singes, des zèbres, des oiseaux de toutes sortes, des lionceaux, des girafes, des hippopotames et autres gazelles..... Mais qu'est-ce que c'était que tout ce cirque ?! On changeait sa fille en fauve, elle chantait et dansait avec d'autre animaux.... Normal....

-Regardez bien à l'Est ! Regardez bien à l'Ouest ! Mon pouvoir sans conteste ! Et sans frontièèèèèèèèèèèèèèère !!!

Et c'était reparti pour un tour. Les animaux semblaient s'y donner à cœur joie, et Yulenka commençait à en avoir marre. Surtout qu'en plus, elle était déjà reine, la musique avait quelque train de retard ! Au détail près qu'elle n'était pas une reine qui faisait ce qu'elle voulait quand elle voulait, selon ses moindres caprices.... Choses qu'elle regrettait un peu d'ailleurs, cela aurait été tellement plus amusant d'être sur le trône vu sous cet angle. Mais elle avait des responsabilité, et ses choix et ses actes décidaient de la survie des siens et également de leur qualité de vie. Elle ne pouvait pas se permettre de faire ce qu'elle voulait égoïstement, très loin de là même. Et pourtant, des fois ce n'était pas l'envie qui lui manquait, envoyer paître toutes ces obligations et ses devoirs pour ne plus profiter que du bon côté des choses.... Mais pour elle, il n'y aurait bien qu'en cet instant, dans les paroles de cette musique qu'elle pourrait scander autant de légèreté dans la manière de régner. Son pauvre père devait se demander s'il n'avait pas la berlue en cet instant. Mais le regard insistant de sa fille qui cherchait de l'aide dans celui de son père ne manquerait pas de le faire réagir.... A moins qu'il ne sombre à son tour ?

Rencontrer de nouveaux forgerons. C'était tout bonnement impossible à Raeden de dire non à une telle proposition. Surtout quand elle venait de sa fille et qu'elle lui permettait ainsi de passer plusieurs jours d'affilé seul avec elle, sur les routes. Ca faisait toujours du bien de pouvoir profiter des instants en famille, sans conseiller, sans festivité, sans cérémonie, faux semblant ou autres compagnons. Juste une fille et son père qui voyageaient ensemble. Surtout après la nouvelle qui leur était tombé sur le bout du nez, il y avait peu de cela. Apprendre qu'il y avait un nouveau membre dans la famille, ce n'était pas évident à gérer. Surtout quand on savait les événements qui avaient touché les Liddell, il y avait des siècles de cela et comment ils se comportaient les uns envers les autres, à présent. Pire que des lions et lionnes protégeant leurs progénitures. Ce qui souvent, d'ailleurs, leur causait plus de soucis qu'autre chose en fait, quand on y réfléchissait bien. Mais après tout, cela faisait partie d'eux.

Ils avaient donc parlé un peu de cela pendant le voyage, mais pas que. Ils avaient plein de choses à se dire, de la simple anecdote au fait plus important. Simplement échanger, se tenir au courant des avancées et de la vie de l'autre. Même s'ils étaient très fusionnels, le père et la fille ne pouvaient pas non plus être tout le temps ensemble. Chacun avait sa vie, ses activités, ses obligations. Actuellement, c'était au tour d'Alice d'expliquer les derniers événements de sa vie. Et notamment de l'un de ses sujets vampiriques. La conclusion de la jeune femme fit légèrement froncer les sourcils de Raeden. Elle ne semblait pas craindre Dante mais elle avait quand même remarqué un changement dans son comportement. Le Bélua ne le connaissait pas, mais il ne pouvait pas décemment laisser un vampire instable s'en prendre à sa fille …. En même temps, quand il y réfléchissait bien, elle était entouré presque toute la journée par des vampires qui, selon la vision qu'on avait des choses, étaient froids et inquiétants. Cela voulait-il dire qu'il n'avait pas besoin de se faire de bile pour elle ? Cela restait encore à prouver.

Ce qu'il y avait de bien dans les raccourcis, c'était qu'une fois sur deux, ils étaient erronés ou qu'ils vous menaient dans des situations étranges et inattendues. Comme actuellement. Car tandis que Yulenka était en train de parler, s'avançant dans la forêt du cœur bleue, une transformation s'opérait sur elle. Son paternel n'avait pas fait attention tout de suite mais la même chose était en train de se produire sur lui. Tandis que la vampire devenait un lionceau, lui-même était en train de se transformer en calao à bec rouge. Aucun des deux ne semblaient comprendre ce qui était en train de leur arriver. Mais le plus surprenant restait à venir. Car voilà que l'Impératrice de la Nuit se mettait soudain à danser et à chanter des paroles d'une chanson qu'il ne connaissait pas. Il savait que le chant était l'une de ses passions, mais même là, elle paraissait clairement désemparée. Il suffisait de voir la façon dont elle regardait son père pour le comprendre. Et celui, qui pourtant était loin d'être le premier à pousser la chansonnette, ne pouvait faire autrement que de lui donner la réplique.

Ah pitié, au secours ! …. Non ! Non ! … Pas encore !

Les dernières notes étaient en train de toucher à leur fin. Le Bélua sentait une nouvelle fois une transformation s'opérer sur lui. Il se disait que c'était fini et qu'il était en train de retrouver sa vrai forme … mais c'était sans compter la magie des lieux. Car au lieu de redevenir homme, voilà qu'il était ours. Mais pas ours polaire comme l'était son totem. Non, il était à présent un ours lippu, au pelage gris noir … Qui à son tour recommença à chanter ! A croire qu'ils étaient soudain tous les deux devenus fous. Et ils avaient beau résister, l'enchantement qui les touchait était bien plus fort qu'eux.

Ecoute … Ecoute ce que je vais te dire mon petit bonhomme … Tout ce que tu as à savoir, c'est que … Il en faut peu pour être heureux  … Vraiment très peu pour être heureux ! Il faut se satisfaire du nécessaire ! Un peu d'eau fraîche et de verdure que nous prodigue la nature. Quelques rayons de miel et de soleil!

Et l'ours qui se dandiner sur ses pattes arrières, bougeant comme si de rien sa grosse bedaine !

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Si dans les yeux de Yulenka Raeden avait pu lire un poignant et sincère "SAUVE-MOIIIIIIIIII", le spectacle qu'il offrit par la suite à sa fille fit conclure à cette dernière qu'il ne fallait pas compter sur lui pour cette mission. Et pour cause, le pauvre ursidé changea quelque peu sa nature et sa couleur de pelage, pour venir à son tour pousser la chansonnette, sous les yeux incrédule de sa fille..... Devenu son fils ! Vêtu en tout et pour tout d'une sorte de pagne rouge-orangé, affublé d'une tignasse sombre plus ou moins ébouriffée, Yulenka devenu un "il" pour la seconde fois de son éternité était parfaitement impuissante à ce qu'il se passait. On leur faisait une blague de très mauvais goût, ce n'était pas possible autrement ! Mais alors qu'elle avait ouvert la bouche pour essayer de communiquer avec son père sur comment faire pour se sortir de ce pétrin singulier, tout ce qu'elle parvint à faire, c'était de le suivre dans sa chanson.

-Pour être heureux ?

Elle sentait que ça allait très vite l'énerver, mais le pire était à venir. Finalement, un changement d'angle de vue lui indiqua qu'elle avait visiblement de nouveau changé de forme. De longs cheveux noirs jais, raide et lisse, des yeux en amande, et une peau dorée. Elle avait eu pire en transformation. Par contre elle se demandait d'où sortait ce curieux vêtement qui lui faisait penser à une robe de chambre. Très confortable cela dit. Cela aurait presque pu être un mieux au vu de la situation mais.... C'était sans compter sur ces infernales musiques ! Car voila que cela lui reprit, et impuissante, la jeune femme s'entendit chanter.

-Non jamais.... Je ne serais faite pour le mariage.... ni une fille bien sage.... Je le sais, cette vie n'est pas pour moiiiiiiii..... J'ai compris, que si je voulais rester ce que je suis.... Mes parents seront meurtriiiiiiiiis.....

Alors là c'était un comble. Déjà que la vie sentimentale de Yulenka résonnait comme un néant absolu, lui faire chanter cela était limite cruel. Encore plus lorsqu'on savait les comportements particuliers qu'on avait dans cette famille quant au sujet de se mettre en couple ou pas. La c'était le bouquet. Yulenka sentait le rouge lui monter aux joues. Elle était furieuse, et elle avait clairement envie de faire passer ses nerfs sur les responsables de tout ce cirques. Elle ferma les yeux, se focalisant sur les auras des êtres vivants aux alentours. Mais rien... Il n'y avait pas le moindre humanoïde dans le périmètre. C'était à ne plus rien y comprendre. Serait-ce les lieux qui étaient maudits ou sous l'emprise d'un sort stupide ? Difficile de se concentrer tout ce remue-ménage. Elle essayait de comprendre, tout en espérant que ce chambard finisse pas cesser rapidement. Mais quelque chose lui disait qu'ils n'allaient pas s’en tirer aussi facilement.... Elle espérait que son père ne lui ferait aucune remarque sur ce qu'elle était entrain de chanter. Pourvu qu'il n'en vienne pas à s'interroger sur son absence de vie amoureuse....

Qui rimait également avec une certaine absence de vie sociale en général. Bien sûr qu'elle avait des amis. Mais la plupart étaient morts, disparus, ou s'étaient éloignés avec le temps. Pris par des obligations importantes, dont elle ne savait que trop bien le coût. Finalement son entourage était composé de Raeden, Chess, Baal', Yclipt, et Lyzzie. Depuis que Eden avait vu Nastae, il avait complètement perdu contact avec la réalité. Et le reste des résidents faisaient leur vie. En somme, elle avait les survivants de sa famille et ses plus fidèles serviteurs. Cocoon était heureusement là pour égayé un peu le tableau, même si elle devait sa rencontre à un conseil de chef.... Au final il avait été la seule chose positive que ces conseils lui aient jamais apportés. Malgré son attachement pour sa liberté, le trône l'avait bel et bien coupé du reste du monde d'une certaine façon. C'était là un prix à payer, et avec lequel elle devait faire. Après tout, elle n'était pas malheureuse non plus. Ceux qu'elle côtoyait suffisaient à son bonheur. En fait c'était d'un point de vue extérieur que cela pouvait sembler triste. Mais au final, tant que Cocoon était là, elle avait la preuve imposante qu'elle n'avait pas eu tord de confier sa confiance et sa dévotion chez quelqu'un d'extérieur à son entourage proche ou ses serviteurs.

Il y avait assurément quelque chose qui ne collait pas. Ni le père ni la fille ne semblaient pouvoir être capable de s'arrêter de chanter. Il s'agissait pourtant de musique qu'ils n'avaient jamais entendu et pourtant, les mots sortaient tous seuls de leurs lèvres, comme s'ils les murmuraient tous les jours. C'était vraiment incompréhensible. Et puis surtout cela ne s'arrêtait pas. Ils avaient à peine finit une chanson qu'une autre arrivait soudain, reprise par le Bélua ou la Vampire en fonction de qui avait commencé la dernière. A aucun moment, ils n'avaient la garantis que cela terminerait tout seul. S'ils ne trouvaient pas une solution, peut être qu'ils seraient pris au piège dans ses lieux jusqu'à ce qu'ils périssent de faim et de soif ou qu'ils se fassent attaquer par une bestiole. En même temps, même s'ils ne pouvaient pas explorer à leur guise, les lieux paraissaient quand même plus ou moins désert. La musique ainsi que les choeurs, les voix qui les accompagnaient, devaient bien venir de quelque part et surtout de quelqu'un, mais pour le moment, il était impossible pour eux de deternimer qui en était le responsable.

Raeden se serait finalement bien laissé aller à tout ceci, se détendre et se faire emporter par les chansons et tout ce qui allait avec, les danses, les décors. Après tout, c'était quand même assez festif et agréable quand on y repensait bien. Enfin, ça, c'était jusqu'au moment où la musique changea de nouveau, laissant place à un décors d'habitation plutôt que de jungle. Alice s'était transformée en jeune femme à la peau basannée et aux yeux bridés tandis que lui même était devenu … un criquet ! Qui bataillait sur ses petites jambes pour pouvoir rester à la hauteur de sa fille. Et les paroles qu'elle chantait. L'Immortel sentait que cela touchait l'Impératrice de la Nuit bien plus qu'elle ne l'aurait voulu. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, lui dire d'arrêter de se faire du mal ainsi, mais ce n'était tout bonnement pas possible. Il ne pouvait rien faire pour mettre fin à cela. Il ne pouvait, qu'impuissant, l'écouter chanter tandis qu'il voyait le rouge monter à son visage. Cela le faisait réfléchir lui aussi. Car après tout, on ne pouvait pas dire qu'il n'était pas quelque peu responsable de cet état de fait. Vu la façon dont il se comportait avec chaque homme qui approchait de trop près de son enfant, il était indéniable qu'il ne pouvait nier son implication dans cet état de fait.

Finalement, la fin arriva. Tous les deux avaient reprit leur forme normale, pendant au moins quelques secondes. Il eut juste le temps de la serrer brièvement dans ses bras avant qu'une nouvelle fois, la magie n'opère. Et voilà que l'homme portait des vêtements de femme ! Il était devenue une femme ! Et cette fois-ci, ce n'était pas du fait d'un tour que lui faisait Alice. Non non. C'était le lieu. Les cheveux noirs assez courts avec un nœud papillon rouge dessus, une peau très blanche et des lèvres couleurs cerise. Tel était à présent le physique du Forgeron. On pouvait dire que cela avait de quoi surprendre. Mais quand son regard se posa sur Alice, il éclata de rire. Enfin, c'était ce qu'il aurait fait s'il avait pu. Sa fille était un nain ! Un nain ! C'était à peine imaginable.

Il était une fois une princesse … Qui devint amoureuse.

Ses premiers mots n'étaient pas chanté et pourtant, l'homme sentait que cela allait venir. Il n'aurait su dire les mots qui allaient suivre, mais quelque chose lui disait que, d'une certaine façon, ça allait être une réponse à ce qu'elle-même avait chanté plus tôt. Pour le moment, elle ne pouvait que lui répondre tandis que lui même continué.

Ce fut très facile, je t'assure. On ne voyait que trop que le prince était charmant, que je ne pouvais aimer que lui. 
Il n'a pas son égal, dans le monde entier...

Les choses se lançèrent enfin et les premières paroles vinrent au lèvres du Gardien de Phoebe, naturellement, logiquement. Par contre, heureusement qu'il avait été transformé en femme, parce qu'il était pas certain qu'il aurai pu chanter avec une voix aussi aigüe en temps normal.


Il est si merveilleux. Comment résister ? 

Un jour mon prince viendra 
Un jour on s'aimera 
Dans son château heureux s'en allant 
Goûter le bonheur qui nous attend 

Quand le printemps, un jour 
Ranimera l'amour 
Les oiseaux chanteront 
Les cloches sonneront 
L'union de nos coeurs, un jour

La façon dont il regardait la jeune femme était faite pour essayer de lui faire comprendre que les mots qu'il prononçait étaient en fait pour elle. Que c'était elle qui trouverait un jour son prince charmant.

853 mots
Défi réalisé : → Se vêtir avec des vêtements du sexe opposé.

Plus le temps passait plus la situation devenait délirante. Alors qu'elle avait enfin finit de chanter, ce fut son père qui prit le relais. Elle avait cru pouvoir souffler, mais voila qu'elle changeait de nouveau de taille. Un nain.... Elle était à présent.... Un nain. Joufflu, ventru, barbu. Mais qu'avait-elle donc fait pour mériter cela ? Elle fut rapidement rejoint par six autres compères. Elle eut la bêtise de se demandait si on pouvait rendre la situation encore plus ridicule.... Et ce fut son père qui lui donna la réponse ! Car voilà qu'il se changea en femme, une jolie petite brunette à la peau de neige et à l'air candide. Elle aurait presque pu être vampire avec de pareils attributs. Mais une fois n'était pas coutume, son père devenue "elle" se mit à pousser à la chansonnette. Et lorsque Yulenka entendit la teneur des propos de la chanson, elle aurait pu elle en aurait hurler de rire. Imaginer son père, son papa ours, chanter l'amour d'un prince charmant, on lui aurait dit qu'elle ne l'aurait jamais cru ! Et Ches qui n'était pas là pour voir ça, il avait loupé quelque chose. Mais outre la plaisanterie, essayait-on de lui dire quelque chose ?

Son père aurait-il souhaité qu'elle trouve "son" Prince Charmant ? Hélas, s'il savait. En un demi millénaire d'existence, une femme avait le temps de se faire une raison. L'amour était devenu comme un crime qu'elle n'avait pas le droit de commettre. Tomber amoureuse c'était prendre tant de risques. Celui d'être rejetée, celui de n'être aimée que pour sa position royale, celui d'être trahie, celui d'être abandonnée.... Et parmi les plus douloureux, celui de voir disparaître l'être aimé. L'amour qu'elle avait connu avait beau être familiale, il l'avait déjà tant fait souffrir.... Elle avait décidé de ne pas chercher à être amoureuse. De ne pas prendre ce risque. Et comme depuis tout ce temps nul n'avait tenté de l'approcher, elle en avait conclu que c'était le meilleur choix qu'elle avait pu faire. Que les choses devaient-être ainsi tout simplement. Le fait d'être reine avait grandement aidé à faire passer la chose. Déjà parce que ça occupait entièrement tout son temps. Ensuite parce qu'en se dévouant corps et âme à sa nation, elle comblait en un sens l'amour qu'elle n'avait jamais pu donner à quelqu'un d'autre. Relation bien cruelle que cette dernière, car cet amour là était à sens unique. Donner sans jamais recevoir....

-La vie d'un princesse est remplie de sacrifices.... Humblement elle sert son pays, sans une plainte et sans caprice.... Elle parle au nom de son peuple, qu'il soit riche ou miséreux. Que peut-on rêver de mieux ? Que peut-on rêver de mieux ? Que peut-on rêver de mieux....

Elle avait de nouveau changé de forme, revêtant une fois encore un teint doré et des yeux en amande, des cheveux d'ébènes..... Encore une autre chanson.... Encore d'autres sous-entendus à sa conditions qui l'énervaient passablement. Elle n'avait pas l'impression d'être aussi soumise et muselée comme pouvait le dire le premier couplet. Mais avait-elle raison ou se voilait-elle seulement la face ? Possédait-elle réellement la liberté qu'elle croyait avoir ? Les escapades et les fugues qu'elles faisaient n'étaient-elles pas des indicateurs de quelque chose de plus profonds ? La suite de la musique lui semblait assez révélatrice de ce que bon nombre de princesses et parfois même de fille de la noblesse et de l'aristocratie pouvaient ressentir. Les apparences et le devoir qui pesaient sur leurs épaules étaient souvent un bien lourd fardeau. Yulenka se demandait si elle aurait elle aussi voulu retrouver la vie d'une fille "normale". Elle savait qu'une partie d'elle aurait bien voulu, pouvoir de nouveau agir comme elle l'entendait et même faire n'importe quoi sans que cela ne puisse nuire à personne. Mais une autre partie d'elle se refusait catégoriquement à laisser les siens à la merci du reste du monde.

Les vampires étaient certes une race extrêmement puissante. Mais leur caractère jouait également contre eux. Elle avait vu les dégâts qu'un trône vide pouvaient engendrer. Elle avait relevé la barre in extremis, avant qu'une coalition ne se forme pour les éradiquer. Elle avait remis un peu d'ordre dans son peuple. elle l'avait fortifié, développé. Un travail de longue haleine. Mais elle savait ô combien tout cela pouvait être éphémère. Il suffisait qu'elle laisse le trône vacant, ou que ce dernier soit entre les mains d'un incapable ou d'un fou, et tout son travail serait réduit à néant. La consécration d'un demi millénaire de son éternité, qui pouvait partir en fumée du jour au lendemain si elle n'était pas là pour veiller.  Alors oui. Au fond d'elle, une partie souhaité une vie plus simple, sans responsabilité, avec plus de sincérité. Mais c'était là presque un fantasme, un souhait qu'elle ne réaliserait jamais alors qu'il ne tenait qu'à elle de l'accomplir. De manière insidieuse, l'amour pour son peuple la lésait lui aussi. Finalement, ses passions lui étaient peut-être réellement néfastes.

Heureusement que le ridicule ne tuait pas. Parce que sinon, on aurait pu compter une Impératrice de la Nuit et un Bélua en moins sur les Terres du Yin et du Yang. Cela aurait vraiment été dommage, surtout que ce n'était pas le but recherché ici. Mais il fallait reconnaître que les deux êtres devaient être soulagé de savoir que personne n'était là pour les observer et qu'ainsi, toute cette histoire ne pourrait pas être ébruitée. En tout cas, ça l'était pour l'homme-ours. Pas que sa réputation lui soit réellement égale, mais il y avait quand même des fois des situations embarrassantes dans lesquelles on ne préférait pas que l'on nous voit. Et lui, transformé en femme à la fois quand même assez aiguë, cela faisait indéniablement parti de ses situations là. Surtout quand vous étiez plus ou moins en train de vous trémousser dans tous les sens et de chanter à tue-tête alors qu'habituellement, vous étiez loin d'avoir l'habitude de donner de la voix ou d'échanger des pas de danse.

Alors que le Gardien de Phoebe entonnait les derniers accords de la mélodie, il vit sa fille reprendre peu à peu sa forme et sa taille normale, juste avant que le processus ne s'inverse une nouvelle fois et qu'elle retrouve un autre visage. Celui-ci était assez rapprochant d'un qu'elle avait déjà eu auparavant, quand elle chantait qu'elle n'était pas faite pour le mariage. Une nouvelle fois, les mots qu'elle prononçait faisait plus ou moins référence à cet état de fait, sauf que cette fois-ci, ils prenaient en compte son règne ou en tout cas, la lourde charge d'avoir des responsabilités. L'Immortel ne savait pas qui avait écrit et inventé ses chants, mais il trouvait qu'ils étaient étrangement choisi, comme si tout ceci était fait pour qu'ils dialoguent plus ou moins .. Peut être aussi pour qu'ainsi, ils s'avouent certaines choses l'un l'autre, des sentiments qu'ils n'auraient pas partagé autrement. Même s'ils ne contrôlaient absolument rien de ce qui leur arrivait, il fallait peut être profiter de la situation pour tenter de mieux se comprendre, même s'ils étaient déjà assez proche en temps normal.

Les changements de sexe et de personnalité étaient quand même un peu déroutant. Surtout quand vous étiez un homme et que vous retrouviez affublé d'une robe. Heureusement, après l'étape de la femme bridée, son corps changea une nouvelle fois ainsi que son environnement. Il faisait toujours partie de la gente féminine mais le vêtement qu'il portait était un peu mieux à son goût. Une sorte de longue robe en lin qui s'arrêtait au dessus des genoux, lui permettant une grande démarche de mouvement. Une longue chevelure noire descendait dans son dos et un collier au tissus bleu ornait son cou. Avant même qu'il ne prononce les premiers mots, l'homme avait compris que ça  serait à son tour de mener la danse, d'avoir le premier rôle, le rôle principal dans toute cette mascarade. Depuis le départ, cela semblait fonctionner ainsi. Ni l'un ni l'autre n'avait pour le moment la moindre idée de comment arrêter tout cela. Ils devaient donc continuer à se plier à cette règle qu'ils ne connaissaient pas.

Ce que je préfère dans les rivières,
C'est que printemps, été ou hiver,
Elles changent toujours d'humeur et de couleur.
Mais combien de cœurs dans la nature,
Ont rêvé d'aventure,
En laissant fuir les années, sans se demander :

Au détour de la rivière,
Sera-t-il au détour de la rivière ?
Bravant les flots !
Ce voyageur de la mer,
Sur son bateau.
Et toujours je crois,
Toujours j'espère,
Que cet inconnu viendra.
Au détour de la rivière...
Pour moi, rien que pour moi...

Encore une chanson d'amour, en quelque sorte. Elles étaient jolies et entraînantes mais quand même, au bout d'un moment, ça devenait pesant. Surtout quand on savait les états-d'âmes que cela provoquaient aussi bien chez la fille que chez le père. Quitte à chanter, ce dernier aurait préféré, assurément, un autre registre. Malheureusement, il n'avait pas le choix de ce que ses lèvres laissées échapper. Pour le moment, il devait se contenter de cela, et courir, sauter partout, pagayer sur la fameuse étendue d'eau, accompagné d'un raton laveur et d'un colibri, avec des animaux qui l'observait, des oiseaux qui s'envolaient, des loutres qui sautaient autour d'elle et faisait la course avec sa barque.

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Encore et encore des chansons. Yulenka en avait déjà marre. Mais voila qu'on vint une fois de plus travestir son père. Cela commençait même à l'inquiéter. Devait-elle y voir là un message subliminale ? Elle préféra chasser ces absurdités de son esprit, étant de toute manière entrainer de gré et surtout de force dans la musique. Plutôt bucolique qui plus est, même si la thématique était encore et toujours la même.... l'amour ! L'auteur de tout ce cirque serait-il un romantique transi refoulé ? Impossible à savoir mais ça commençait grandement à agacer la vampiresse. Il y en avait marre de toutes ces sottises et ses pamphlets sur l'amour ! Déjà parce que pour elle, c'était pas demain la veille qu'elle allait y avoir droit. Et quand il était question des amours de son père, alors là rien n'allait plus ! Il fallait dire qu'à chaque fois, les femmes qui lui tournaient autour étaient souvent de très mauvais goût, et le rapport qu'en faisait ses espions, aussi objectifs étaient-ils, étaient suffisant pour qu'elle les trouve particulièrement vulgaire et repoussante. Peut-être était-ce simplement parce qu'elle tournait autour de son père....

La dernière en date, une ondine que la jeune femme avait qualifié de "thon", "morue", et autre "face de flétan", l'avait particulièrement irritée. Toucher son père était un crime qui lui donnait des pulsions meurtrières. Et cela n'échappa aux investigateurs musicaux des lieux, qui s'emparèrent sans tarder de l'affaire. Ce fut au tour de Yulenka d'être transformé dans le genre opposé. Elle pris la forme d'un curieux bonhomme, à la moustache fine et sculptée, vêtu comme un.... Un chef cuisinier ? Les voila en plein dans un décors de cuisine, et sa fille devenu fils qui commençait inlassablement à pousser la chansonnette.... Avec un très fort et curieux accent.

-Gnaaaa, gnaaaaa ma belle cuisine, gambas flambées, maquereaux grilléééééééééés !

Les poi...ssons ! Les poissons ! Moi j'adooooorrrre les poissons !
Les couper, les tronçonner à vif !
J'aime leur trancher la tête !
Et dépiauter la bête !
Oh mais oui, c'est toujours un délice !

Les poissons, les poissons ! Hihihi ! Ohohoh !
Je leur crève les yeux, et je les ouvre en deuuuuux !
Je leur arrache les entrailles !
Et j'les jette dans la poêle !
Ils frétillent, ils se tortillent, et tant mieuuuuux !

Pour qu'un plat vous chatouille le palaiiiiis, je vais vous donner la techniiiiique....
Vous l'aplatissez à coup de maillet,
Vous tranchez dans la chair, pour faire une boutonnière,
De sel vous le barbouillez, pour le faire dégorgeeeer....

La chanson aurait presque pu passer, si le Chef Yulenka n'avait pas eu un sujet pour illustrer ses démonstrations culinaires ! Et pas n'importe quel poisson fut choisi... Car il s'agissait ni plus ni moins que d'Aylivae ! Les investigateurs de ces tourments musicaux s'étaient basés sur la mémoire de la jeune impératrice pour reproduire le clone de l'ondine. Yulenka avait en effet pu voir d'elle une représentation graphique que ses espions avait pu faire d'elle. Une sorte de portrait robot très réaliste et fidèle à son modèle. Raeden assista donc impuissante à la représentation du massacre d'Aylivae, par sa fille.... Qui y prenait clairement beaucoup trop de plaisir ! En effet, la différence entre les autres chansons et celle-ci était flagrante. Il ne fallait pas lui demander deux fois d'agir, et elle mettait tant de cœur à l'ouvrage, qu'il n'y avait pas à douter qu'elle n'aurait pas refuser de refaire la musique encore une fois. Au moins les intentions et les envies de Yulenka par rapport à l'ondine étaient très claires. Il était même surprenant que cette dernière n'ait pas disparue des terres du Yin et du Yang.... Conclusion, Yclipt faisait vraiment un travail formidable en terme de désamorçage des situations de crises. Mais pour combien de temps encore y parviendrait-il ?

Toujours était-il qu'à la longue les choses allaient devenir très compliquées pour Raeden. Déjà que reconstruire sa vie sentimentale était une entreprise très compliquée, si on rajoutait à cela une fille possessive et cannibale, l'équation devenait très vite bien plus délicate que possible. Outre trouver une femme qui pourrait devenir son âme sœur, il devrait également veiller à ce qu'elle ne finisse pas en brochette pour vampiresse ! Le temps d'une chanson, Yulenka en avait oublié sa mission première, à savoir trouver un moyen d'arrêter toute cette mascarade musicales ! Mais le temps qu'elle revienne à elle et qu'elle celle de jubiler des traitements qu'elle avait pu infliger à la représentation d'Aylivae, Raeden avait enchainé à son tour avec une autre musique.

Aapparemment, l'instigateur de tout ce qui était en train de leur arriver en avait marre de traiter de sujet amoureux. Ou alors, il se contentait purement et simplement de s'inspirer des émotions et des pensées que ressentaient ses hôtes des bois. Quoiqu'il en soit, le décors, ainsi que les personnages et de nouveau, Yulenka et Raeden, tout cela changea. En tout cas, une évolution significative se fit sentir vis à vis de la jeune femme. Quelque chose semblait beaucoup la réjouir dans cette chanson qu'elle était en train d'interpréter ainsi que dans les gestes et les actions qu'elle faisait. A u départ, Le Bélua devenu crabe, ne comprit pas réellement pourquoi il y avait tant de réjouissance et de bonne humeur chez sa fille. Puis en observant un peu mieux la scène, dissimulé derrière un pot, toute la lumière se fit dans son esprit. Ce n'était pas un simple et anodin poisson que la Vampire transformée était en train de cuisiner. C'était une Sirène. Et pas non plus n'importe laquelle. Une Ondine que l'homme avait rencontré et avec qui il avait plongé dans une épave pour partir à la chasse au trésor. Aylivae … C'était ni plus ni moins qu'elle, l'Immortel la reconnaissait à présent.

Il ne pouvait s'empêcher de sursauter, de frémir et de se mordre les pinces à chaque fois que le tranchant du hâchoir percutait la table ou que sa fille qui n'en était plus une exprimait avec une joie intense les diverses manières dont elle aimait cuisiner les êtres à écailles. Comment la Dentue avait eu vent de cette rencontre ? Un mystère. Certainement qu'encore une fois, les espions de l'Impératrice de la Nuit avaient observé les faits et gestes du Paternel, actions qu'ils s'étaient ensuite empressés d'aller raconter à leur souveraine. Pourtant, il ne s'était absolument rien passé avec l'Ondine. Il avait même failli la manger ! Ce n'était pas comme la fois où il avait embrassé Niva dans une taverne alors qu'il avait un peu trop bu. Et encore, la fille Liddell n'était pas au courant que son père ressentait actuellement une attirance pour une femme particulière, dame que la Reine à crocs connaissait d'ailleurs. Qu'est ce que cela serait quand elle l'apprendrait ?

Le massacre prit enfin fin. Raeden aurait bien aimé avoir le temps de dire quelques mots, notamment concernant cette manie que sa fille avait de le faire surveiller, consciemment ou inconsciemment. Après tout, au bout de sept cent ans d'existence, il était quand même assez grand pour gérer sa vie sentimentale tout seul, non ? Mais le crabe était devenu un chandelier animé, une bougie allumée sur le crâne. Dressé sur une table, il invitait sa fille, devenue une femme à la chevelure brune et à la robe jaune, à s'asseoir au bout d'une table. C'était visiblement l'heure de dîner. Car après tout, après avoir préparé le poisson, il fallait bien le déguster!

C'est la fête, c'est la fête,
Service garanti impec'.
Mettez votre petite bavette chérie, et nous,
On veille au reste.
Plat du jour et hors-d'oeuvre,
Ici, on sert à toute heure.
Cuisine au beurre, c'est la meilleure,
Et croyez-moi, je suis connaisseur !

Et voilà qu'il dansait, qu'il mettait les tables, qu'il commandait des troupes d'ustensiles de cuisine et de dégustations. Tout ce beau monde d'assiette, de verre et de couverts défilaient comme si c'était tout à fait normal ou alors qu'il était temps pour eux de faire la grande parade. Tout le monde était content. La nourriture, la joie et la bonne humeur semblaient sacrés pour eux. Et surtout, ce qu'ils voulaient par dessus tout, c'était rendre heureuse la jeune femme. Comme le père voulait rendre heureuse sa fille. Il n'était pas certain d'y arriver tous les jours et pourtant, il faisait tout ce qu'il pouvait. Mais il fallait reconnaître que lui aussi réagissait au quart de tour quand il voyait une personne du sexe masculin tourner de trop prêt autour de son enfant. C'était tout simplement plus fort que lui. Il fallait le comprendre. Et pourtant, c'était exactement le même comportement qu'il reprochait à la jeune femme vis-à-vis de lui. Il faudrait réellement que tous les deux parlent de tout ceci quand cette histoire serait terminée .. Car pour le moment, ils étaient incapables de s'arrêter.

766 mots

Raeden avait pu vivre quelques instant l'horreur d'un crabe face au bourreau sous la toge d'un cuisinier.... Mais qu'à cela ne tienne ! Il avait décidé de combattre les idées noires de sa fille d'une manière bien à lui... Enfin si tenté était qu'on lui ait laissé le choix dans toute cette histoire ! Toujours est-il que Yulenka retrouva une apparence féminine, sous les traits d'une jolie brunette. Le décors s'anima pour changer de nouveau, et la voila qui était à présent face à une grande table, dans ce qui semblait être une salle à manger..... Où était-ce une salle de réception ? Pas le temps de se poser davantage la question que son père, sous l'apparence d'un chandelier avec un léger accent, commençait à s'animait à son tour. Son père en Chandelier qui parle, elle aurait vraiment tout vu dans sa non-vie ! Sous ses yeux qui n'en revenaient pas, le voilà qui commençait à se dandiner dans tout les sens, entrainant avec lui toute une batterie de cuisine et de vaisselier dans un dîner spectacle des plus fous. Musique et danse au rendez-vous sur fond gastronomique.... Et un pari gagné pour le papounet chandelier animateur de soirée !

Lui qui voulait distraire sa fille et lui faire retrouver le sourire, la voila qui riait et semblait beaucoup s'amuser. Elle avait même pu goûter quelques plats en bénéficiant en plus du goût ! Peut-être la fête la plus étrange qu'elle n'ait jamais faite, et pour cause... Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait des couverts faire des pas de danse. Et surtout, comparé à toutes les soirées et autres réceptions qu'elle avait pu faire, ici pas d'hypocrisie et de faux-semblant, c'était détente et amusement ! Elle avait complètement oublié la sirène de tout à l'heure, au moins pour un moment. Elle s'était même surprise à applaudir son père une fois sa représentation terminé. Il fallait dire que c'était là une véritable performance. Bon il ne connaissait certainement pas la moindre phrase de cette chanson, mais vu le plaisir qu'il avait prix à faire son numéro, il n'y avait pas à douter que cela n'était pas une certaine volonté de sa part. A tout bien réfléchir, il y avait une personne absolument ravie de la situation. C'était Saphir, qui s'amusait comme une folle depuis le début de cette histoire, tandis que Rubis était persuadée d'être sous l'emprise d'une drogue dure, très dure.

Le petit bout de chou espérait sincèrement que cela continue, à l'inverse de ses deux autres. Mais comme pour la satisfaire, il était dit que le père et la fille n'en n'avait pas fini de chanter. Changements de décors, une fois de plus, et changement de personnages ! Voilà une vision qui allait surement faire rire Raeden, au moins intérieurement. Car Yulenka était devenue un vieux bonhomme, affublé d'un accoutrement digne d'un magicien, et une barbe..... Mais quelle barbe ! Toute blanche et qui tombait presque au sol ! Elle qui le taquinait sur son âge, le retour de bâton avait été méchant ici ! Équipée d'une sorte de baguette en bois, la voila qui décréta qu'il était tant de partir. Le désir de sortir de cette situation avait fait son retour, où est-ce que tout simplement, après la fête, il fallait bien tout remballer ? Dur à dire à présent.... Et visiblement, sa fille redevenu un "il", avait une méthode bien à elle pour résoudre le problème. Elle monta sur un tabouret, et interpella.... Le mobilier ?

-Higitus figitus zomba kazom ! On vous demande toute votre attention ! Nous faisons les bagages et nous partons.

Ce qui était un sucrier s'avança alors en direction du sac prévu pour les bagages, mais Yulenka l'interpella.

-Mais non, mais non, mais non, pas toi, les livres d'abord, voyons !

Hockety pockety wockety wock !
Abracabra Dabranak !
Et voilà ainsi plus petits,
Vous tiendrez tous dans mon sac !

Higitus Figitus Migitus mum !
Prestidigitori-um !!

Alicafez, balacarez,
Malacamez, meripadez,

Hockety pockety wockety wock !!

Sous l'impulsion de ce qui semblait être une formule magique, les objets s'étaient une fois de plus animés, en rythme, et se dirigeaient tous vers le sac en question. Ils se rapetissaient alors, comme l'avait signifié Yulenka, pour pouvoir tous tenir dans un seul sac. Une révolution dans l'univers du déménagement.... Mais voila que dans toute cette orchestration, le sucrier fit de nouveau entendre parler de lui, en maltraitant une théière devant qui il s'était vilement incrusté. Aucune éducation ! Yulenka l'interpella de sa voix de vieillard agacé !

-Arrêtez ! Arrêtez ! Arrêtez ! Sucrier, vous êtes bien trop brutal ! Ma théière est déjà assez fêlée... Très bien, nous recommençons ! Euh.... Nous recommençons... Où en étais-je, petit ?

Après avoir interpellé son père pour savoir où elle en était dans sa formule, et que ce dernier, alors en jeune garçon, lui ai rappelé où elle s'était interrompue, la voilà qui reprit dans un rythme encore plus endiablé, sa manière si particulière de faire les bagages... Néanmoins le résultat était là, la salle avait été entièrement vidée, jusqu'au tabouret, et le tout dans un seul sac ! De quoi faire rêver bien des gens.... Ou en halluciné d'autre !

Après avoir mangé, et finit le repas, il fallait ranger. C'était tout naturel. C'était ce que faisait normalement les gens dans la vie de tous les jours. Mais par contre, le faire en chanson, en faisant appel à la musique, c'était beaucoup moins habituel. Surtout en faisant appel à des formules qui au premier abord, ne voulaient absolument rien dire. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, ici, dans cette forêt, cela marchait. En même temps, depuis qu'il avait pénétré au milieu de ses bois, toutes les lois de l'univers qui s'appliquaient habituellement paraissaient être mise de côté. Avec toutes les transformations qu'ils avaient subis en si peu de temps, Yulenka et Raeden ne devaient à présent plus s'étonner de rien. Le pire était évidemment qu'ils ne savaient toujours pas pourquoi ils subissaient tout ceci, qui en était l'instigateur et donc comment y mettre fin. Entre les changements de races, d'espèces, de décors, de musique et même de sexe, il était difficile de prendre quelques secondes pour tenter de résoudre tout ce mystère.

Et même si tout cette situation était plus qu'étrange, il fallait lui reconnaître le bon point suivant : au moins, elle permettait de rire. Car voir Alice en vieux magicien à la longue barbe blanche, de bleu vêtu, ce n'était pas donné tous les jours. Même s'il ne pouvait pas clairement éclaté de rire, se retrouvant en ce moment dans la peau d'un jeune garçon observant toute la scène avec de grands yeux ébahis, il n s'en privait pas intérieurement. Elle qui se moquait régulièrement de son âge, et bah pour une fois, la situation était inversée. Et puis, la barbe lui allait si bien ! Et il fallait voir comme elle maniait sa baguette. Un vrai chef d'orchestre, ou bien d'armée à voir comment elle remettait à sa place le sucrier qui ne semblait vouloir en faire qu'à sa tête. Tandis que le reste du mobilier suivait docilement les consignes du magicien et se dirigeaient tous en rang vers le sac en réduisant de taille au fur et à mesure qu'ils avançaient, il y avait toujours un irréductible qui ne voulait en faire qu'à sa tête, le sucrier. Il créait désordre et chamboulement dans toute cette organisation bien huilée, comme un enfant turbulent. A tel point que Yulenka en perdait de fil de sa formule.

Ah, euh, hockety, pockety ?

Lâcha Raeden enfant blond, quand on lui posa la question. Il n'était même pas certain de ce qu'il venait de dire en fait. Tout ceci paraissait tellement surnaturel. D'accord, ils étaient sur les Terres du Yin et du Yang, il y avait de la magie presque partout, mais quand même. Toute la pièce remplie presque à ras bord étaient à présent totalement vide Il ne restait plus qu'un hibou, Yulenka-vieux-magicien et Raeden-jeune-blondinet ainsi qu'un sac, le fameux sac contenant tout le reste. Peut être que c'était le signe que tout était fini et qu'ils allaient enfin pouvoir retrouver une « vie normale », comme avant qu'ils ne pénétrent ici. Malheureusement, ce n'était pas gagné. Car une nouvelle fois, le décors se mit à changer et nullement pour revenir comme il était au tout départ. Oh non. Il était à présent un mélange d'éléments réels et de dessins. Et une nouvelle fois, l'Immortel était devenu une femme avec une robe rose pale et un jolie chapeau assortit. Il prit une inspiration et ...

C'est …
Supercalifragilisticexpialidocious 
C'est vrai que ce mot trop long est parfaitement atroce 
Mais faut le dire et vous serez à la page et plus précoce 
Supercalifragilisticexpialidocious 
Um diddle diddle diddle um diddle ay 
Um diddle diddle diddle um diddle ay 

La nounou dansait en même temps qu'elle chantait, deux enfants l'observant, ainsi qu'une ribambelles d'autres personnages qui ne paraissaient pas vraiment réels. A des moments, d'autres personnes chantaient, prenaient la parole, mais invariablement, on reprenait tous en cœurs :

Oh ! Supercalifragilisticexpialidocious ! 
C'est vrai que ce mot trop long est parfaitement atroce 
Mais faut le dire et vous serez à la page et plus précoce 
Supercalifragilisticexpialidocious 
Um diddle diddle diddle um diddle ay 
Um diddle diddle diddle um diddle ay 

Et le pire, c'était que, comme le disait les paroles même de la chanson, le mot était réellement atroce à prononcer, surtout quand c'était la première fois qu'on l'entendait et que l'on avait aucun contrôle sur les mots qui sortaient de notre bouche.

778 mots

Quelque chose disait à Raeden que sa fille n'avait pas vraiment aimer la chanson qu'il avait interprété quelques instants plus tôt. Ou plutôt, c'était le mot central des paroles qui paraissait lui donner une indigestion. En même temps, il pouvait la comprendre. Et encore, ce n'était pas elle qui avait eu le plus souvent à le répéter. Heureusement que toutes les formules magiques n'avaient pas besoin de mot dans cet acabit pour être opérationnelle. Sinon, il y aurait certainement beaucoup plus de ratés dans les sorts. De toute façon, ça ne dura évidemment pas. Les éléments autour d'eux changèrent une nouvelle fois, tout comme Alice qui devint encore une fois un homme. Un jeune homme pour être plus exact. Cette forme là lui convenait d'ailleurs assez bien. Sa nouvelle apparence à lui par contre, on pourrait repasser. Bon, depuis qu'ils étaient rentrés dans cette forêt, il avait eu pire, mais quand même, il aurait bien aimé enlever cette bedaine qu'on lui avait soudain mis. Et c'était quoi ce bras ? Il avait un peu de mal avec, à s'y habituer.

Comme depuis le départ, la chanson lui était inconnue et pourtant, elle résonnait étrangement entre eux, comme si elle leur parlait vraiment, qu'elle leur était adressé. D'une certaine façon, quand on y repensait, toutes les paroles qu'ils avaient prononcés jusqu'à présent, bien malgré eux, avaient toujours, d'une certaine façon, eu un lien avec eux, avec la situation du moment ou bien avec la tirade d'avant. L'instigateur de tout ceci essayait-il de leur faire comprendre quelque chose ? Si c'était le cas, on ne pouvait pas dire qu'il s'y prenait vraiment bien. D'accord, ils se posaient invariablement des questions – en tout cas, Raeden le faisait – mais ils n'avaient pas le temps de s'y attarder, d'y réfléchir que déjà, ils passaient à autre chose, à une autre chanson, à un autre registre. C'était assez déstabilisant et c'était surtout le meilleur moyen de les perdre et de faire qu'ils passent à côté de quelque chose d'important. D'autant plus qu'ils n'avaient que très peu de répit entre chaque enchaînement.

Et comme pour en donner une nouvelle fois le parfait exemple, le décors autour d'eux s'effilocha, mua, pour laisser place à un nouveau monde, à une nouvelle atmosphère, tout comme l'apparence physique des protagonistes. Ils étaient de nouveau de retour dans le monde animal. Le Plantigrade était un présent un fauve, un lion. Eux qui étaient généralement nommé les Rois des animaux, on ne pouvait pas dire qu'il en était le parfait représentant, loin de là, même. Grand carnivore maigre à la fourrure brune poussiéreuse, à la crinière noire, il avait cependant un regard qui ne passait pas inaperçu. Des yeux verts en amande dont l'un d'eux, le gauche, était barré d'une cicatrice. Perché sur un rocher, dans un endroit quelque peu désertique et rocailleux, il observait en contre bas trois hyènes, en train de se disputer et de se moquer des lions justement. C'est à cet instant qu'il intervint.

Oh … Tous les lions ne sont pas comme ça!

Les hyènes semblaient à peine surprises, comme si elles le connaissaient. En plus, elles continuaient de rire ce qui l'agaçait prodigieusement. Puis les choses se mirent en branle. Après leur avoir balancé un cuissot de zèbre, il sauta au milieu d'elles, de la vapeur commençant à s'échapper à chacun de ses pas

D'accord vos pouvoirs de réflexion
Volent plus bas qu'un derrière de cochon 
Mais bêtes comme vous êtes, faites attention 
Rebelle et lion font rébellion 

Je vois à vos yeux sans expression 
Qu'il faut que j'éclaire vos lanternes 
Nous parlons de roi, de succession 
Vous êtes toutes impliquées dans l'affaire 

Soyez prêtes pour la chance de votre vie 
Car enfin va venir le grand jour 
Nos ennuis sont finis 
Nous sortons de la nuit 

En fait, à cet instant, lui-même se faisait limite peur. Alors que quelques instants plus tôt, il ne se serait pas donné un seul iota de charisme, il avait l'impression maintenant d'être totalement une autre personne. Il était motivé par une seule chose apparemment : prendre le trône. Devenir réellement le Roi des animaux. Et pour parvenir à ses fins, il comptait employer les hyènes, les mettre à son service. Après tout, son plan n'était-il pas génial ? Utiliser des êtres rejetés, comme lui même se considérait, pour se grimper au sommet du pouvoir. Et le pire dans tout ceci, c'était qu'évidemment, du coup, Raeden se posait des questions sur la souveraineté des Béluas. Avait-il au fond de lui de telles pensées? Ou était-ce simplement un hasard des choses qui faisait que cette chanson était tombée sur lui?

831 mots

Yulenka en avait absolument ras le bol de tout ce cirque. Ça n'en finissait plus et ça commençait à la fatiguer. De toute évidence, il n'y avait rien dans cette forêt outre eux deux, et les différents personnages qui apparaissaient et disparaissaient au fils des chansons. Ils n'allaient pas passer la nuit là en proie à elle ne savait quel sortilège ? Ce fut alors qu'elle remarqua que l'absence de faune n'était pas totale juste..... A cause de la présence d'oiseaux. Ces oiseaux étaient là depuis le début et il n'avait pas bougé malgré tout le tapage que ces deux là pouvaient faire. Et surtout, il était très bien cachés.... La seule chose qui avait permis à la vampiresse de les remarquer, c'était sa vision des auras. Petit à petit, la lumière se faisait dans l'esprit de la jeune Impératrice. Mais en même temps, c'était tellement improbable.... Sérieusement des piafs qui s'amuseraient à leur jouer ce genre de tour ? Pourquoi ?!!! Et comment ?! Cela n'avait définitivement aucun sens et pourtant, il n'y avait aucune autre explication à trouver. Il fallait juste.... prendre ce fait comme postulat et à partir de là se débrouiller avec. C'était définitivement pas gagné.....

Alors qu'on commencer à la transformer en hyène -on ne lui aura vraiment rien épargné-, elle s'approcha à pas feutré d'un des buissons dans lequel se trouvait un des oiseaux. Elle comptait bien lui mettre la patte dessus mais alors qu'elle allait bondir, il disparut subitement, s'évanouissant purement et simplement dans la nature. Frappée de stupeur, la vampiresse en vint à se demander si elle ne devenait pas réellement complètement dingue cette fois, et très sérieusement même. Les oiseaux ça ne disparaissaient pas ! Mais en même temps.... En ces lieux elle était devenu un homme, un lion, un cuisinier, et maintenant une hyène ! Ce qui brisait facilement les barrières des possibilités ! Ayant échoué dans sa mission, elle revint contre son gré vers deux autres hyènes, qui étaient entrain de se battre, et qu'elle interpella comme si elle le connaissait. Après leur avoir fait cesser leur dispute, elle vit son père, sous les traits d'un lion, se mêler lui aussi à la partie, et pousser de nouveau sa chansonnette. Mais... Quelles paroles était-il entrain d'entamer ici.... Yulenka l'observa avec de grands yeux ronds, ne croyant pas à la scène. Était-ce réellement son père qui chantait ses envie de rébellion et de mort de souverain ?!

Encore que elle puisse établir les plans machiavéliques et obscures, cela lui paraissait normal au vu de son statut et de sa nature. Mais son papounet à elle, elle ne l'aurait jamais cru ! Avait-il réellement ce genre d'intention envers son souverain ? Il lui aurait caché de pareils dessins ? Elle avait du mal à me croire. Surtout le connaissant. Car pour pouvoir mener à bien ce genre d'entreprise, il fallait s'endurcir. Il fallait être capable de tuer, et pas forcément des assassins ou des monstres, mais parfois juste des personnes qui pensent différemment de nous. En était-il vraiment capable ? Parviendrait-il à ce genre de chose ? A se battre.....

-Comme un hooooomme !

.... Et c'était reparti, la voilà de nouveau en homme, visiblement un guerrier, qui scandait son entrain à qui voulait l'entendre. Cela résonnait comme des conseils qu'on portait à son père pour le faire réussir dans son entreprise...

-Sois plus violent que le cours du torrent !
Comme un homme !
Sois plus puissant que les ouragans !
Comme un homme !
Sois plus ardent que le feu des volcans !

Eh bien ça promettait tiens ! Yulenka ne put s'empêcher de tiquer sur le fait que cette chanson était affreusement machiste ! Comme si la puissance et la fureur était réservé aux hommes ! Elle en connaissait plus d'un qui aurait trembler de terreur sous la colère de certaines femmes qu'elle connaissait. Il suffisait de connaître Erza pour rappeler à n'importe quel homme qu'ils étaient loin d'être les mieux placés dans ce domaine. Mais c'était pas le tout de faire le singe pour amuser des volatiles, elle devait trouver un moyen de faire comprendre à son père d'où venait le problème pour qu'il puisse enfin y remédier. Elle ne pouvait même pas tenter de lui montrer un des oiseaux ils s'enfuyaient dès qu'ils étaient aperçus ! Et vu le rythme soutenu qu'ils avaient dès le début, cela allait être assez compliqué de pouvoir en caser une.

Jamais de sa vie le Bélua n'avait autant dansé ni chanté. Déjà qu'en temps normal, il n'était pas forcément très porté sur ses activités. Là, c'était certain que quand ils arriveraient à comprendre ce qui leur arrivait à tous les deux et qu'ils pourraient faire cesser la chose, il aurait son compte pour les années à venir. Mais d'un autre côté, il fallait reconnaître que certaines situations étaient assez marrantes, assez comiques. Ca faisait un divertissement, un souvenir de plus que la jeune femme et son père partageraient Et ils pourraient en reparler et rire ensemble en ce remémorant ces instants là, le soir au coin du feu pendant les prochaines années à venir. Enfin, Raeden sentait bien que ça commençait à agacer Yulenka. Etait-ce à cause du fait qu'ils n'étaient plus maître d'eux-même et donc que quelqu'un ou quelque chose les contrôlait ? Ou bien à cause des paroles des diverses chansons qu'ils interprétaient à tour de rôle, qu'elle cherchait trop à comprendre, assimiler, décortiquer, à qui elle voulait donner une signification ?

La Vampire tentait d'ailleurs visiblement de lui faire comprendre quelque chose, mais ce n'était pas aisé. Elle ne pouvait pas clairement lui parler et il n'était pas télépathe. A chaque fois qu'il captait son regard et tournait la tête vers l'endroit qu'elle semblait vouloir qu'il regarde, il ne voyait rien que des arbres ou bien le décors du thème de la chanson qu'ils étaient en train de subir. Et puis, d'une certaine façon, il s'amusait beaucoup. Bien évidemment, il était conscient que tout ceci n'était pas naturel et que la magie qui battait dans ses lieux devait vraiment être puissante pour contraindre aussi l'Impératrice de la Nuit. Mais pour le moment, à part les forcer à bouger et à donner de la voix, rien de mal ne leur était arrivé. Ils n'étaient plus maître de leur corps, mais ils étaient encore vivant et sain et sauf. Bon, s'ils ne pouvaient plus se sustenter, ce ne serait peut être plus le cas d'ici quelques jours mais pour le moment, ça allait. Après tout, comme elle le disait si bien, ils étaient des hommes …

Je suis le roi de la danse
Oh, la jungle est à mes pieds
De la puissance, je suis au plus haut
Et pourtant je dois vous envier 
Je voudrais devenir un homme 
Ce serait merveilleux 
Vivre pareil aux autres hommes 
Loin des singes ennuyeux 

Le Bélua ours était à présent un orang-outan qui se trémoussait dans tous les sens devant un jeune garçon. D'ailleurs, à bien y regarder, Raeden l'avait déjà vu, cet humain. C'était dans l'une des premières chansons qu'ils avaient faite. Et c'était même sa fille qui avait pris ses traits, il s'en souvenait à présent, tandis que lui était sous forme d'ours noir et qu'il lui chantait qu'il en fallait peu dans la vie pour être heureux. Apparemment, certaines chansons venaient donc du même endroit. Peut être un même conte, une même comédie, une même pièce de théâtre ou un même opéra, même s'il voyait mal de tels chants dans un opéra. Quoiqu'il en soit, ils étaient revenus dans un de ses mêmes univers. Et en y réfléchissant bien, ce n'était pas la première fois. Tout ceci soulevait de nombreuses questions mais n'aidait absolument en rien pour comprendre pourquoi ça leur arrivait et comment y mettre fin.

Oh, oobee doo 
Je voudrais marcher comme vous 
Et parler comme vous 
Faire comme vous, tout 
Un singe comme moi 
Pourrait, je crois 
Être parfois bien plus humain qu'vous 

L'Immortel se demandait bien pourquoi l'animal souhaitait être humain à ce point. Il y avait anguille sous roche, assurément. Puis du coin de l'oeil, il crut apercevoir quelque chose qui disparut dès l'instant où il y regarda plus attentivement. Etait-ce de ça que sa fille cherchait à lui faire signe depuis tout à l'heure ? Il n'avait pu voir ce que c'était exactement. Juste que c'était réellement rapide et qu'en fait, il y en avait partout autour d'eux. Mais qu'à chaque fois qu'on posait franchement le regard dessus, ça disparaissait. Il essaya de lui faire comprendre qu'il avait vu et qu'il avait enfin comprit, mais avec ses bras désarticulés et son corps qui bougeait dans tous les sens, ce n'était réellement pas évident.

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