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 [LDR Bélua] Ashara, le murmure du Rêve-Argent

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Mar 10 Mai 2016, 19:25



Ashara, le murmure du Rêve-Argent

« Ashara. »
Chez les béluas, ce mot signifie trouvaille, découverte. Dans les coutumes de certains clans, c’est un vœu de bonne fortune que l’on adresse à quelqu’un s’en allant dans la forêt, lui souhaitant un voyage riche en enseignements concernant son Totem. C’est un mot que l’on apprend très tôt à tous les enfants, pour les éveiller aux splendeurs qu’offre la nature qui berce leur croissance. Mais à partir de cette nuit, il allait avoir une connotation toute autre, celui de La découverte. Alors que la Lune s’était levée depuis déjà longtemps sur les factions éparses qui composaient le peuple bélua, chaque homme, femme et enfant entendit ce murmure comme prononcé par une voix angélique, à la fois rassurante, onirique et profonde. La plupart des béluas ne s’en rendit même pas compte, la pensant toute droite sortie d’un songe. Mais, le lendemain, lorsque certains d’entre eux évoquèrent cette voix si particulière qu’ils avaient entendus durant la nuit, leurs doutes s’envolèrent bien vite et la vérité s’imposa. Ils avaient tous fait ce rêve aux images teintées d’argent. Ils avaient tous entendus sa voix, tous vu scintiller la rivière qui descendait de la montagne. Ils s’étaient tous représenté son chemin à travers la forêt, avaient suivis ses méandres comme portés par ses flots agités. Et ils avaient tous ressentis la même sérénité lorsque son lit était venu baigner des racines aux proportions démesurées. Ce fut à ce moment qu’ils l’avaient entendu : Ashara, la voix de Phoebe promettant bonne fortune à ceux qui s’en iraient dans la forêt.

Le peuple bélua s’agita le matin qui suivit. Après la guerre contre les alfars et la destruction de la cité de Dhitys, il n’y avait que peu de réveils où le peuple bélua ne s’entre-déchirait pas, mais cette fois-ci, les choses étaient différentes. Ils avaient reçu un commandement de leur déesse dans ce que certains appelaient déjà le Rêve-Argent. Ou du moins c’était ce qu’affirmaient les plus pieux. Après l’incendie de Dhitys, il était des béluas qui s’étaient sentis abandonnés par la Lune, et lorsque l’on savait la place qu’elle occupait dans leur vie, c’était une pensée bien sombre que beaucoup partageaient. Certains eurent grand peine à se laisser convaincre. D’autres refusèrent de croire à une apparition de la déesse, prétextant un hasard grotesque ou une nouvelle ruse de leurs ennemis. Mais à travers tout le rocher au clair de Lune, il en fut qui obéirent et qui se mirent en route, à la recherche de cette fameuse rivière. De petits groupes convergèrent lentement vers les hauteurs du Nord, cherchant un indice qui leur rappellerait cette folle chevauchée qu’ils avaient faites et qui les avaient menés aux abords de ce que la déesse voulait qu’ils découvrent.

A des lieues au-delà des plus intrépides, les cimes ultimes de l’Edelweiss défiaient l’océan azur de leurs pointes hardies. Leurs flancs acérés se dressaient haut au-dessus de la canopée, baignant dans un manteau de neige immaculée. Ce fut ici, à l’abri des regards, que naquit dans un craquement grave la source qui donnerait la rivière qui leur montrerait le chemin. Cédant enfin après une lutte éternelle, un bloc de glace immense se fissura et vint glisser sous son propre poids le long d’une falaise, libérant dans sa chute des torrents de pierres et de neige. Le glacier dévala la pente sur une distance impressionnante, entraînant dans le grondement de sa chute des blocs mineurs qui vinrent renforcer l’avalanche galopante qui fonçait vers la forêt. Ce ne fut qu’un gré d’une barrière de roche plus imposante encore que le glacier s’arrêta net, dans un tremblement qui ébranla jusqu’aux premiers arbres qui annonçait le début du territoire du peuple animal. Dans le sillon créé, la neige commença à fondre et à creuser son chemin, ruisselant, tentant sa chance à gauche, puis à droite, stagnant lorsqu’elle fut bloquée jusqu’à former une flaque qui pourrait déborder ses obstacles naturels, ou s’enterrer à la faveur d’une terre friable pour ressortir un peu plus loin en contrebas. Il faudrait plusieurs jours au petit ruisseau pour devenir la Rivière Sauvage que les béluas avaient vue en rêve, mais à présent qu’elle était lancée, plus rien ne pourrait empêcher ses eaux sacrées d’accomplir la volonté de la déesse qui l’avait créée, en devenant la rivière qui mènerait tout un peuple.

Explications


Bonjour bonjour !

Ceci est le premier volet d'une trilogie de LDG qui conduiront à l'établissement de notre nouvelle capitale ! Vous avez la chance et l'extrême honneur d'être partie de l'Ashara, les événements qui entourent la découverte de New-Dhitys (je vais proposer ce nom à Vanille, on verra si elle aime !)

Au programme : un rêve énigmatique teinté d'argent, une voix divine vous lançant vers l'aventure, la naissance d'une rivière sacrée et la promesse de lendemains qui chantent. Que demande le peuple ?

Et vous, où étiez vous lorsque les braves de votre village sont partis à la recherche de notre destinée à tous ? A vos claviers !

Vous avez jusqu'au 25 juillet !

Gain(s)


Pour 900 mots : Un point de spécialité

Pour 1300 mots :
Rêve-Argent : En connectant votre esprit avec le Rêve-Argent, vous pourrez ressentir à nouveau la même sérénité que vous aviez ressentis cette nuit là. Cette forme de méditation apaisera votre esprit, vous ressourcera et pourra vous isoler des atteintes mentales.

Pour 450 mots de plus, soit 1450 ou 1750 : un point de spécialité en plus
Récapitulatif des Gains


Mirra Rüfl / Fiche /Rêve-Argent; +1 Force
Eärhyë Lothiel / Fiche / Rêve-Argent +1 Agilité
Andrzej Baran / Fiche / Rêve-Argent et +1 point d'intelligence sur Andrzej
Savidlin Elder / Fiche / Rêve-Argent + 1 point de magie
Itak Akai / Fiche / 1 point d'agilité
Vylker / Fiche / +1 Charisme / +1 Force
Miles Köerta / Fiche / 2 points de Magie pour Hakiel
Etincelle / Fiche / +1 en Magie & +3 en Intelligence pour Flamiche
Raeden Liddell / Fiche / 2 point d'intelligence
Scott D. Adams / Fiche / 2 points de charisme pour Nimüe
Araya / Fiche / 3 points d'agilité et 1 point de force pour Isaac
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Lun 16 Mai 2016, 19:11





LDR


J'étais assis là, près de ce que je pensais être une falaise, courant auprès des papillons. Oh, tiens, j'étais un enfant. S'ensuivit un tumulte de pensées qui me firent tomber de ce gouffre. J'étais adolescent… La descente fut longue, très longue, comme si le gouffre était un trou noir infini. J'étais aspiré, j'étais détruit… Soudain, je toucha le sol, incapable de penser, incapable de me mouvoir. Quelque chose me collait au sol, me piégeait comme si j'étais un rat. C'était la première fois que je faisais ce genre de rêve. Pourtant, après avoir vu des milliers de merveilles, je pensais que mon esprit avait enfin fait la paix avec moi-même. Ce ne fut absolument pas le cas.

Plus je m'étais engouffré dans le vide, plus j'avais senti une part de moi rompre les bons sentiments qui me restaient. J'étais empli de haine, j'étais terrorisé. Les mauvais souvenirs ne cessaient pas d'affluer en moi, comme pour rejeter la faute à quelque chose ou à quelqu'un.  Marbré sur le sol, incapable de faire le moindre mouvement, je voyais mon enfance découler comme un fleuve recherchant sa sortie. C'était invraisemblable et pourtant si réel.  Les pleurs, la tristesse, la honte, la colère et la haine, tout ceux-ci fusionnaient lorsque apparut Eärhyë, mon amie… Ce n'était pas ces souvenirs de joies, d'amitiés qui étaient apparus, mais la jalousie et la faiblesse. Ce souvenir tragique, de la transformation de celle-ci qui me blessa mon aile. J'avais honte de ma propre faiblesse, j'en avais encore honte. Mais ce n'était pas elle la fautive, cela n'avait jamais eu rapport avec elle si j'étais faible à ce point. Je n'avais pas su contrôler mes pulsions, ma force, mes défauts. Tout ce qui avait un rapport avec ce que j'étais, c'était moi qui avait suivi ce chemin.

Soudainement, je me fis entourer de béluas, ces confrères. Ces satanés… Mes parents apparurent, c'était la première fois que je les voyais aussi détaillés. Je reçus une baffe, puis deux, puis trois… Je ne faisais que recevoir cette douloureuse éducation, cette indifférence. J'étais leur honte, je suis encore ma honte…

Des vents violents approchèrent des horizons, de ce que je pensais un destin facile à prendre en main. Je fus rejeté par des millions d'averses, plus violents les uns que les autres. Quelle était donc ce rêve ? Pourquoi autant de violence que je n'avais jamais connu de ma réalité ? Tout était trop douloureux, ces sensations hivernales me glaçaient. Il faisait froid, très froid… Un froid de mort à congeler un homme sur place. Je dépérissais sur les marches de ma vie, admis dans une conscience folle qui me ferait perdre l'esprit. Je n'avais jamais connu quelque chose de ce genre, je n'avais jamais rêvé autant de haine. C'était comme vivre ou mourir.

D'autres béluas apparurent, des visages floutés pour marquer la distinction des autres. C'était simple, ils représentaient tout les Bélua. Je les détestais, je les haïssais au plus profond de mon âme. Alors, pourquoi devais-je subir la souffrance de leur moquerie ? Chacun riait de moi, me martyrisait, me poussait contre des murs invisibles. Et je souffrais tant. J'étais incompris des autres et de mes parents. Je vis au loin Eärhyë qui me tournait le dos… REGARDE-MOI ! AIDE-MOI ! Elle ne m'entendais pas, elle n'en avait rien à faire de moi.

Je sanglotais, avachi contre vents et marées. Ce n'était pas la réalité, et pourtant je souffrais tant. Il était inconcevable que tout cela puisse refléter ma conscience, cette hargne, cette haine. Ma conscience me rendait ce que je faisais subir aux autres, dans un océan de pitié qui ne me laissait entrevoir que la douce lumière d'une Lune naissante. Mon ange gardien était là, pour moi… Je me sentais si bien… Si apaisé de ce que je venais de subir. Je la voyais pour cette toute première fois, elle était si belle, j'avais totalement confiance en ce qu'elle pouvait dire.

Elle me montra la voie, elle me montrait le chemin vers une cité qui m'accueillerait. J'en étais ravi, elle était là pour moi… Elle me disait de rejoindre la forêt, d'avancer plus profondément jusqu'à y trouver une rivière où était née une douce cité qui naîtrait de sa force. Mais seul, je ne pouvais pas y arriver seul… Dans tous les cas, il fallait que je suive la route, c'est-à-dire cette rivière qui me liait à ma prochaine destination.

- Je te remercie déesse Phoebe, merci pour cette aide que tu m'apportes, merci de ton soutien au travers de ces épreuves si difficiles à endurer… Merci d'être apparu pour dire, me conseiller du voyage à entreprendre afin de dégager une nouvelle voie dans ma vie. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour trouver ce lieu si merveilleux, je ferai toujours ainsi quand vous vous adresserez à moi de la sorte. C'est une promesse…

Elle disparut, me laissant avec ces instructions si particulières et si parfaites à entendre… Je ne voulais pas qu'elle parte, je me sentais tellement bien. Tellement bien que mon cœur sifflait à l'unisson de ce doux rêve… Ce doux rêve ?

Je me réveilla sur mon lit, les yeux cernés de chaque côté. Je n'avais pas bien dormi et mon rêve m'avait épuisé. Quelque chose avait eu lieu dans celui-ci… Qu'était-ce ? Je me souvins des misères, de moqueries, puis… De Phoebe ! J'avais rêvé de Phoebe, un merveilleux songe m'indiquant de suivre une rivière afin de retrouver l'endroit qui apporterait des réponses à mes questions. Elle avait été là, pour moi, après tout ce temps. On m'avait déjà dit que ça pouvait valoir la peine d'attendre une réponse si bénéfique. Ou que Phoebe apparaîtrait d'un jour à l'autre à celui ou celle qui lui demandait de l'aide. Mais, ce n'était malheureusement qu'une vision de mon imagination, cela ne pouvait pas être vrai, si ?

Je sentais quelque chose d'apaisant dans ma chambre à coucher, quelque chose qui me rappelait les mots que j'avais entendu lors de la nuit, quelque chose de si plaisant qui ne me fit plus douter. C'était vraiment un appel, il fallait vite voir le chemin qu'elle m'avait indiqué, il ne fallait pas perdre une seconde de plus, mon avenir était en jeu.

C'était l'aube, le soleil commençait à sourire sur notre pauvre ville. Nous pouvions voir l'ancienne Dytis de là où nous étions, j'avais pu entendre, lors du retour de mon voyage que celle-ci avait été détruite par la guerre. Je n'en avais que faire à ce moment-là, je me fichais éperdument de la ville de mon clan, tout ce qui m'importait était de m'enfuir loin d'ici. J'étais revenu simplement pour avoir une discussion avec les marchands du coin, et je pensais tirer de bonnes affaires dû à notre race commune. Seulement, ils m'avaient tous reconnu et avaient tous refusé de marchander avec moi. J'étais une nuisance et que les nuisances doivent partir loin, très très loin.

Le vent soufflait amicalement contre mon cou, je n'avais pas croisé mes parents, ils étaient sûrement de nouveau en voyage. Mais ce n'était pas ça qui m'avait étonné, voire choqué. J'entendis des bribes de paroles aux alentours, chaque Bélua était levé.
C'était impossible…
Quelqu'un parlait d'Arasha, de notre déesse Phoebe leur insufflant ces mots pour trouver bonne fortune.
C'était impossible que cela soit ainsi.
Ils discutaient aussi de la route à suivre : il fallait traverser la forêt et suivre la rivière jusqu'à atteindre l'endroit qui serait leur nouveau salue.
Impossible.
Inconcevable...
Inadmissible...

Je me détourna violemment et rentra dans la maison où tout était vide. Je remarqua alors une lettre sur la table, une réponse que j'attendais tant de mes parents. Etait-il ici cette nuit ? Je les avais manqué de peu.

"Chez Mirra,
Nous partons à la recherche de cette bonne fortune dont la déesse Phoebe nous a parlé. L'Ashara si tu préfères.
Nous te conseillons vivement de ne pas venir, tu sais bien à quel point tu n'es pas aimé par le village. C'est comme cela que tu attires les mauvaises ondes autour de toi. C'était sûrement pour ça que nous t'avions maltraité. Nous espérons vivement que tu nous écouteras et que tu ne te mettras pas en danger. Ta mère est de plus en plus hystérique et je crois bien que te voir à nouveau, dans l'état que tu es, puisse l'énerver davantage et je ne veux pas réitérer les erreurs du passé.
Nous espérons que tu te porteras bien parmi les nombreux voyages que tu entreprendras.
Peut-être qu'un jour nous nous reverrons, mais d'ici là, fais attention.
Ton père."


Je renversais la chaise. Comment avait osé cette déesse de pacotille ?! Je pensais être le seul à avoir entendu son appel, je pensais qu'elle était venu m'aider. Et au lieu de ça ?! Au lieu de ça, tout le monde, tous les autres Béluas avaient fait ce même stupide rêve ! Ce rêve qui leur permettrait de vivre d'une bonne fortune, leur voie à tous.

- Jamais ils ne pourront comprendre à quel point je les déteste tous. Je les hais du plus profond de mon âme, eux et leur satané clan, leur vie. Je ne les suivrai plus jamais, jamais, ô grand jamais ! Et cette déesse, cette traîtresse ! J'ai toujours eu besoin de son soutien et tu ne m'as jamais aidé. J'espérais qu'un jour tu me guérirais de ces maux qui me rongent, et je pensais que ce jour était enfin arrivé ! Mais tu… cet appel était pour tous les Béluas, toute ma race. Je t'ai fait une promesse. Mais c'est tout comme ta présence, elle est inexistante ! Je ne resterai jamais plus dans ces conditions misérables où je suis né. Cette origine est entièrement de ta faute et des "miens".

La colère était si forte. J'haïssais tout ce qui m'entourait. La fureur ne faisait que m'aveugler dans ce tourbillon de mauvaises pensées. Je souhaitais la mort à n'importe qui. Je me refusais de vouloir suivre une voie qui n'était pas la mienne. Je pensais que cette rivière constituait ma vie, la voie que je devais arpenter pour guérir les douleurs de mon passé… Mais j'avais totalement faux, je me bandais les yeux à travers de mots trop facilement prononcés. J'avais toujours été aussi égoïste, je ne faisais pas confiance facilement. Eärhyë, tu ne pouvais pas guérir une haine aussi forte, surtout lorsqu'un cœur de pierre réussit à s'effriter, à être réduit en miette.
Impardonnable.
Souffrance… !
J'avais tenté tant bien que mal à me faire souffrir encore plus davantage, mais ce qui me vint à l'esprit était pire que de l'auto-torture. Je tentais d'arracher mon aile atrophié, j'en étais arrivé au point où tout ce qui était synonyme au Bélua soit une injure, une malédiction que je voulais absolument me purger par tous les moyens. Je pris alors mon katana, mais mon corps convulsa lorsque j'approchais la lame de cette malheureusement aile. Mon corps se déchirait, se contractait sans cesse. Je luttais avec mes origines, mais c'était dès lors impossible que je puisse contrôler quoi que ce soit. Seconde en seconde, mon corps rapetissait et des plumes poussèrent tout autour de mon corps. Mon nez et mes lèvres se transformèrent en bec, presque tordu. Des énormes yeux dorés remplacèrent ce qui avaient été jadis mes yeux d'homme. Il n'y avait plus de Mirra en cette instant, la Chouette qui était mon animal Totem m'empêchait de me détruire. Il essayait de m'insuffler le calme et l'apaisement, ce que j'avais toujours considéré comme inaccessible.

C'était ainsi que le jour s'était levé, un jour particulier où une Chouette volait par un temps ensoleillé. Celui-ci partait vers la forêt, à la recherche de la promesse faite à Phoebe. Celui-ci empêchait son hôte de réagir tant qu'il ne se serait pas reposé, calmé. Cet homme n'était pas mort, il sombrait simplement dans sa folie et dans sa haine. Celui-ci refuserait désormais de croire en ce qu'il avait cru jadis, que la déesse Phoebe l'aiderait dans ses cauchemars. Il n'y aurait à présent que lui et ses intérêts.

- 2140 Mots
Gains : 1 point en Force et en Magie
- Rêve-Argent
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Lun 16 Mai 2016, 19:28

「 Ashara, le Rêve-Argent 」
Bonne nuit, Mirra...

Une dernière bise légère sur la joue puis un sourire, comme une fleur libère ses pétales une fois la saison chaude venue, vint éclore sur les lèvres d'Eärhyë en guise d'ultime salut, tandis que son ami de toujours s'éloignait déjà afin de poursuivre sa propre vie dans une solitude que tous deux expérimentaient à présent intimement.
La jeune Bélua avait été heureuse de le retrouver, après cette longue période de séparation. Ils se connaissaient depuis leur plus tendre enfance, avait affronté toutes les difficultés de leur prime jeunesse à deux. Ne dit-on pas que l'union fait la force ? Ce n'est que lors d'une rafale dépressive au sein de Mirra dûe à sa condition de Réceptacle que l'idée d'un voyage était née, seul remède venu à l'esprit de son amie pour panser des plaies à vif depuis bien trop longtemps...
Et, comme par magie, cette proposition avait apporté, outre du baume au coeur, un parfum de Liberté au goût sucré-salé qui était à même de convenir à leur différente nature.

Ils s'étaient néanmoins revus en ce jour ensoleillé, partageant leurs péripéties et les contrées visitées en des éclats de rire où transparaissait le bonheur des retrouvailles hasardeuses. Sûrs de ne point être dérangés alors qu'ils se tenaient assis dans une clairière difficile d'accès, leur repère, ils avaient partagé de la bonne chère en s'enivrant d'un alcool doux, conseillé par Mirra, fin connaisseur, et ce bien que la jeune femme répugnait à se laisser influencer par des effets indésirables... Puis ils s'étaient dépensés en de petits jeux pittoresques, rapidement devenus défis pour tester leurs nouvelles capacités et les présenter à l'autre, avec dans le regard de la blonde une once de fierté.
La journée avait été mémorable, la moiteur se dissipant dans la douce chaleur indolente que procurait la nuit. L'heure d'une nouvelle séparation était arrivée, et aucun regret n'était intervenu cette échéance-ci. Les deux Béluas, pour amis qu'ils soient, s'étaient accoutumés à leur éloignement et Eärhyë n'était pas prête d'abandonner aux mains de qui que ce soit cette liberté nouvellement acquise, en parfaite osmose avec sa personnalité des plus sauvages.

Malgré ses jambes frétillantes à l'idée d'un prochain voyage, Eärhyë accueillit le confort de son lit avec délice, savourant son moelleux enrobant et la douceur de son oreiller de plumes. Les couvertures étaient d'autant plus rafraîchissantes qu'elles étaient fraîchement lavées, de quoi combler de bonheur n'importe qui. Si la jeune Bélua avait pris goût aux longs voyages, elle ne rechignait jamais à dormir dans un tel luxe.

Le sommeil fut toutefois long à venir. Sa chaleur corporelle se propagea à sa couche, la jeune Bélua se tourna et se retourna à plusieurs reprises, incapable de s'endormir avant que ses couvertures ne se réchauffent. Le lynx prostré en elle gémissait discrètement, appréciant mal ces désagréments, et Eärhyë ne parvenait pas à apaiser sa souffrance par le seul biais de mots doux ou de caresses éphémères... Elle aurait pu accepter de libérer le pauvre hère mais préférait attendre de repartir sur les routes le lendemain afin d'être sûre que personne ne se tiendrait non loin d'elle. Question de sécurité...

Ce soir-là, la Lune brillait d'un éclat vespéral, intense, pourtant caché par un afflux de nuages désordonnés. Lorsque ces derniers s'envolèrent vers d'autres contrées, dispersés aux quatre vents, les premiers rayons s'abattirent sur le territoire du Rocher au Clair de Lune.
Beaucoup dormaient déjà à cette heure-ci.
Eärhyë n'était pas une exception.


Un éclat argenté, semblable à un rayon lunaire. Scintillant et aveuglant.
Une voix semblable au tintement égal au cristal, résonnant en un écho simple et accrocheur. Harmonieux et envoûtant.
Un paysage inconnu. Blanchâtre et mystérieux...

Suis le chemin, jeune Bélua... Un vent apaisant se souleva afin d'amoindrir ses réflexes défensifs, comme si cette étrange apparition connaissait le caractère impulsif qu'abritait la conscience de cette jeune femme. Comme si elle la connaissait depuis toujours, la suivait depuis ces premiers pas. Tes questions béantes trouveront réponses...
L'éclat argenté reflua tandis que l'écho de la voix s'amenuisait jusqu'à s'assimiler à un songe. Possiblement le plus beau, probablement le plus apaisé qu'Eärhyë avait pu rêver...
L'expérience n'était pas terminée. Projetée subitement à une hauteur vertigineuse, la jeune femme fut prise d'un léger malaise qu'un simple frôlement de la Lune suffit à dissiper, malgré les derniers doutes émis par la jeune femme envers l'écoute réel de la Déesse.... Projetée au plus haut sommet d'une montagne, la Bélua n'était pas en état de réfléchir. Elle observait avec attention le chemin que son esprit lui indiquait sans comprendre la raison de cette succession de paysages. Parvenue aux pieds d'une rivière, les images s'estompèrent, et un dernier écho de La voix assaillit son esprit :
Tes question béantes trouveront réponses...

Au petit matin, Eärhyë s'extirpa de ses couvertures avec maladresse. L'esprit serein, elle s'interrogeait sur la signification de son songe, sur la provenance de cette voix mélodieuse et sibylline. Les images défilant dans son esprit, elle reconnut enfin la chaîne montagneuse de l'Edelweiss, que l'on pouvait apercevoir aux abords des frontières entre les deux territoires. Dois-je vraiment m'y rendre ? Une question plus fondamentale s'imposa à sa conscience. Etait-ce la voix de la Déesse Phoebe ? Le lynx ronronna et la jeune femme frissonna, plongée dans cette indécision qu'elle méprisait par-dessus tout. Détenant une personnalité des plus impulsives, elle dédaignait presque toute forme de réflexion, surtout lorsqu'elle frôlait des domaines vaseux telle la métaphysique.
Décidée à ne faire aucun cas de ces recommandations, elle étira paresseusement ses courbes félines, comme le ferait le lynx à son réveil.
Elle dut néanmoins revoir ses priorités à la hâte en sortant dans la rue.


- Alors nous sommes bien d'accord que c'était l'Edelweiss ? pressa un marchand à son voisin, bras écartés comme signe d'une bonne dose de fatalité.
- Il faut croire que oui, hésita son interlocuteur en passant une main dans sa nuque en signe manifeste de malaise intérieur.
- Vous croyez que les Vampires sont également concernés ? s'écria une vieille dame, le visage pâle comme si elle en avait justement croisé un... et n'en était pas sortie indemne.
- Attendez, les interrompis-je, vous avez aussi fait le rêve de cette voix, de ces paysages, de...
- Bien sûr, 'tite idiote ! Tu te croyais être plus exceptionnelle que les autres, une élue choisie par la Déesse  ? lui répondit le premier sur un ton sarcastique.
- Parce que ce ne fut pas votre cas en vous réveillant, peut-être ? ironisa Eärhyë sur le ton le plus insolent, reprenant rapidement bonne contenance, habituée à improviser de la sorte.

Dégoûtée à l'idée de côtoyer davantage ces individus qui la méprisaient pour des raisons des plus élémentaires, son sang, son regard se porta plus loin que l'horizon en direction du territoire des Vampires. Dois-je m'y rendre ? Cette question la taraudait, la plongeant dans une perplexité qui l'exaspérait plus qu'elle ne l'émoustillait. Son envie de bouger, de voyager, lui souffler que c'était le prétexte idéal pour découvrir l'Edelweiss, terres - ou plutôt hauteurs - pour la plupart inconnues malgré sa courte traversée pour rejoindre Avalon, sa première destination. Mais ces incertitudes concernant l'existence mais surtout le soutien de la Déesse Phoebe quant à ses dévouements distillaient un doux poison dans sa foi... Et puis, pourquoi la Déesse interviendrait-elle seulement maintenant ? Parce que son peuple atteignait l'apothéose d'une crise sans précédent, où beaucoup la rejetaient à des fins plus vils ? Il était un peu tard pour intervenir...

Une discussion houleuse la ramena brusquement au présent et ses pupilles bleues pâles frôlèrent avec froideur les fauteurs de trouble. Ou plutôt Le fauteur de trouble car son vis-à-vis conservait un comportement des plus exemplaires.


- La voix s'est immiscée en nous pour nous guider, il ne faut pas chercher plus loin, répétait-il posément.
- J'te dis qu'c'est d'la propagande ! Elle sent son influence chuter depuis la guerre contre l'peuple des Alfars, elle r'cherche de nouveaux idiots pour son culte, persistait l'autre avec virulence.

Ce bout de conversation eut le don de froncer les sourcils de la Blonde. S'éloignant du brouhaha ambiant, elle gagna les plaines verdoyantes pour peser le pour et le contre dans une atmosphère plus sereine.
Elle avait eu vent de cette guerre opposant les Béluas aux Alfars au cours de ses pérégrinations, mais désireuse de rester à l'écart de la grande civilisation, elle n'avait appris que l'essentiel, comme la chute de Dhytis. L'annonce des ruines comme derniers vestiges de sa cité l'avait rendue plus amère encore, et elle avait eu besoin de reprendre contenance, vivant recluse quelques jours. Cet écart de la société l'avait empêchée d'apprendre davantage de détails.

Le paradoxe dans tout cela, c'est qu'elle était du même avis que les deux autres Béluas rencontrés précédemment. Ce rêve commun à toute la race révélait clairement un chemin, c'était donc qu'il avait pour but de guider le peuple. Néanmoins, Phoebe était longtemps restée sourde aux prières des Béluas, son intervention ne présageait-elle pas la recherche d'un profit personnel ?
Pourquoi est-ce que tu nous réponds jamais, Phoebe... Un signe, une parole, n'importe quoi... Pourquoi laisses-tu le douter s'immiscer comme le venin d'un serpent, brisant progressivement toute croyance ? Car Eärhyë ressentait sa foi refluer comme l'océan sur un rivage, sans aucun espoir de retour vers les couleurs rassurantes du sable chaud.

Sîdh, son compagnon Okatsune depuis un temps, apparut. Il semblait attendre un choix de la Blonde, prêt à la seconder dés qu'il se serait arrêté. Le lynx s'était entièrement habitué à sa présence, si bien que la jeune femme avait la pleine possibilité d'apprécier la présence du Renard. Même si leur intimité était obstruée par la barrière des mots, l'Okatsune ne parlant pas, leur complicité avait fait qu'ils se comprenaient, la plupart du temps. Et puis, elle avait fini par comprendre que son ami à quatre pattes lisait dans les pensées...
Je vais aller y jeter un oeil pour voir si ce rêve n'était pas une façade, j'aviserai ensuite.
L'Okatsune abaissa son museau vers le sol herbu, semblant opiner du chef.
Alors la jeune Bélua se mit à courir, accroissant sans cesse sa vitesse jusqu'à atteindre le sprint. Elle se jeta alors en avant, hurla de douleur tandis que l'esprit Totem prenait le contrôle de ses gênes. La métamorphose s'opéra dans les cieux, à la fois plus douloureuse et plus maîtrisée. Un lynx trotta paisiblement vers l'Okatsune, tête abaissée en signe de respect.

Les prochains jours servirent à rallier l'Edelweiss. Le lynx savourait cette liberté acquise par le gré de son Réceptacle, amplifiant le plaisir de fouler la mousse de ses pattes molles. Malgré le doux souvenir de cette quête confiée par le corps faible, cette Humaine d'apparence, il prenait le temps de pister quelques proies, se rapprochant inexorablement des hauteurs blanchâtres. Alors que le froid s'intensifiait sensiblement à l'approche de la frontière entre les deux territoires, le félin des neiges abandonna toute notion de jeux pour savourer la caresse du gèle, ce souffle qui lui avait tant manqué.
En écho à sa volonté, l'Okatsune gagnait de l'amplitude dans sa course, prodiguant l'impression qu'il avait hâte de parvenir à l'objet de leur périple.

Les paysages qui se succédaient se superposaient au diaporama apparu dans le songe. Bien que bridé, le lynx avait eu l'accès au rêve et se rappelait l'ensemble en détails.

Et soudain, alors que quelques Béluas se tenaient déjà sur place, elle la vit. La rivière qui s'écoulait paisiblement, aussi semblable que celle révélée dans le rêve, mais moins éphémère, plus consistance.
Assoiffée, le félin approcha son museau pour laper quelques gorgées, réitérant sa dévotion envers la Déesse de la Nature, leur Mère à tous.
Elle les avait guidés vers un nouveau départ...



2065 mots
Gains : Le Rêve-Argent / +2 points d'agilité
Merci pour ce LDR =)
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Mer 25 Mai 2016, 07:40

Notre institution, bien que relativement récente, jouit déjà d'une réputation solide en termes d'efficacité et de modernité. Fini le temps où le moindre mal ou affliction mentale était le résultat d'une malédiction ou une possession. Attention, je ne dis pas que cela est faux mais simplement que certaines personnes souffrent mentalement et qu'aucune magie n'a rien à voir dedans et, du fait de ces propos de grand-mères superstitieuses invoquant les forces du mal à la moindre occasion, n'accèdent jamais à la guérison réelle. C'est pour cela que, pour traiter une maladie d'origine naturelle, nous utilisons des techniques naturelles. La seule magie utilisée est dans le cadre de la protection des patients et du personnel en cas de crises ou accès de violence. Voilà ce qui nous démarque de ces soi-disant hôpitaux psychiatriques qui ternissent le nom de notre discipline avec des techniques obsolètes. Nous basons nos interventions sur des discussions de groupes animées par un professionnel reconnu ainsi que plusieurs sessions individuelles avec une personne dédiée pour cela, pour qu'un suivi soit possible et qu'il soit à même de noter une évolution, aussi infime soit-elle. De plus, les seuls médicaments à proprement parlé sont composés exclusivement de produits naturels non hallucinogènes, pour ne pas impacter la construction mentale du patient, et ayant pour simple but d'apaiser les périodes turbulentes.

En tant que Directeur du Saint-Elixir de la Dame, j'ai naturellement proposé les services de nos aide-soignant et personnel médical pour absorber la grande quantité de victimes directes et collatérales de cette guerre entre anges et démons car les organismes de soin étaient submergés. Et cela sans parler de l'absence totale de soutien adéquat pour ces victimes dont le corps était en parfaite santé mais dont la psyché était fracturée. La majorité des personnes admises dans ce sens étaient soignées physiquement, profitait d'un repos apaisant et était suivies durant leur séjour par un professionnel qui leur donnait des pistes pour exprimer leur ressenti et se reconstruire. Ce n'était pas facile bien évidemment car le deuil était la problématique principale et conséquence malheureusement inévitable de la guerre. Il s'agit là d'un véritable cheminement pour lequel nous accompagnions les personnes dans les premiers pas. Mais dans d'autres cas, la source de ce qui troublait le patient était plus profonde. Ces personnes restaient malheureusement plus longtemps parmi nous, pour observation et aide. Les cas typiques des guerriers sont le mutisme, la catatonie, dépression, insomnie, automutilation et tendances suicidaires. Un véritable drame pour ces hommes et femmes qui ont été simplement fauchés par les affres du combat.

L'une de ces personnes avait été admise sous le nom de Andrzej, tout simplement. Il avait été amené par des soldats qui ne le connaissaient pour ainsi dire pas. Un inconnu dans une guerre injuste luttant pour des Seigneurs qu'il ne verrait jamais et qui ne lui montreraient sans doute aucune reconnaissance. En deux jours à peine, ses blessures commençaient déjà à être en bonne voie de guérison du fait de sa bonne constitution physique mais son attitude générale ne présageait rien de bon. Il ne parlait pas durant les sessions de groupe et ne disait pas plus de vingt mots dans les sessions privées. Il restait le plus souvent prostré dans sa chambre ou bien dans un coin de la pièce commune où les patients pouvaient se rencontrer et sortir un peu de leur solitude habituelle. Je le suivais personnellement car j'étais inquiet en voyant quelques autres symptômes. Chaque nuit, le même processus se reproduisait. Il restait assis sur le lit dans sa chambre jusqu'à ce qu'il tombe littéralement d'épuisement. Après cela, il dormait environ une heure avant de se réveiller, hurlant et en sueur. Bien évidemment, il ne dormait plus pour le reste de la nuit. Ce manque de sommeil commençait à se faire ressentir aussi bien physiquement que mentalement. Il perdait l'appétit, était de moins en moins loquace et montrait des signes qui indiquaient un début d'hallucinations.

Finalement, après de nombreux efforts et approches différentes, il commençait à s'ouvrir. Il expliquait qu'il se sentait coupable de la destruction d'une ville et du massacre d'une partie de ses habitants par manque de vigilance de sa part. Pour lui, dormir était une faiblesse, cela revenait à baisser sa garde et quand, inévitablement, il s'endormait, sa culpabilité prenait le relais et lui faisait revivre ces heures sombres. Il revoyait donc, chaque nuit, ces morts et cette souffrance dont il pensait être l'artisan. Aussi, les affrontements dans ce village de Yarque et les horreurs de la guerre venaient renforcer tout son schéma de causalité et il assimilait toutes les souffrances vécues à cette nuit où il avait baissé sa garde. Il lui était désormais impossible de se reposer, de baisser les armes et son attention. Seule l'inconscience lui permettait de se reposer, mais cela était malsain. D'autant plus que de lui donner des aides extérieures, des médicaments, pour le sédater et le faire dormir de force. Cela avait des répercussions potentiellement dangereuses donc nous avons écarté cette piste.

La plupart de nos patients, si pas la majorité, exprime régulièrement le désir de partir de cet endroit au plus vite. Ils n'ont pas de plans, d'objectifs ou même de destination. Ils veulent juste s'éloigner de notre institution tout simplement par peur, profonde et inconsciente, de ne pas être capable de se rétablir de leur état psychologique. Dans ces cas-là, nous n'accédons pas à leur envie de s'échapper et mettons en place d'autres approches ou techniques. Cependant quelque chose de sensiblement différent s'est produit avec Andrzej. Lors de nos entrevues quotidiennes, nous avons abordé le sujet parfois délicat de ses terreurs nocturnes et je mettais cette conversation en regard avec le rapport des gardes de nuit. Le même schéma se reproduisait toujours sauf une nuit. Il était tombé d'épuisement dans son lit mais il ne s'était pas réveillé en sursaut. C'était étrange mais pas impossible après tout. Lorsque je lui demandais ce qu'il s'était passé, il commençait à me décrire son rêve avec une incroyable précision. Il me disait être baigné dans une lumière argentée qui lui donnait l'impression d'être entouré par des bras maternels. Que dans ce songe, il voyait un faible ruisseau se faufiler fébrilement entre les failles de falaises fantastiques jusqu'à devenir rivière pour passer outre les obstacles. Je voyais là bien sûr plusieurs significations pour les rêves, langue utilisée par le subconscient, le patient finissait alors ce récit en disant avoir entendu une voix dire "Ashara".

Comme je le disais, nos patients veulent partir d'ici sans même savoir où aller. Pour Andrzej c'était différent car il voulait à tout prix rejoindre cette rivière, répondre à cet étrange appel. Évidemment je refusais mais il ne semblait pas s'agiter pour autant face au refus, ce qui était atypique encore une fois. Habituellement, lorsqu'un de nos patients les plus atteint se voit refuser une requête, il invoque mille et une excuses et voire même menaces pour obtenir ce qu'il désire, dans sa fébrile approche face à la frustration, mais pas lui, il acceptait la décision comme s'il estimait qu'un retard dans son départ n'était pas si gênant. Plusieurs jours passaient sans qu'il n'ait le moindre problème pour dormir, on pouvait le voir reprendre du poil de la bête. Il regagnait des couleurs et son appétit refaisait surface. Il était, en l'espace d'une semaine à peine, un brave gaillard fort et vaillant. Il participait aux sessions en groupe et omettait aucune question posée dans les sessions individuelles. J'étais inquiet de ce revirement soudain de situation, en particulier de cette voix entendue, ce qui est rarement bon signe. Toutefois, nous avons commencé à recevoir de nombreux rapports concernant un comportement étrange chez le peuple Bélua. Des exodes massifs avaient lieu alors que les conflits, pourtant habituels, avaient cessés. Le plus étrange était que tous cherchaient une rivière argentée et répondait à un appel qui consistait en un simple et unique mot : Ashara.

Je ne pouvais pas totalement expliquer la situation et encore moins ce type de rêve collectif. Certains pami mes docteurs estimaient que leur récent deuil racial face à la destruction de leur ville avait brisé ce qu'ils appelaient leur conscience collective et que, comme pour un individu isolé, une névrose collective était possible. Mais notre institution est efficace et surtout moderne. Nous cherchons des réponses et solutions sans tomber dans la facilité en invoquant une malédiction ou intervention divine. Mais dans certains cas, la meilleure explication est la plus simple. Je laissais partir notre patient le lendemain et je suis prêt à parier que cette rivière argentée occupe son esprit chaque instant. Je me demande d'ailleurs s’il s'agissait vraiment d'une rivière ou si ce ruisseau faible qui défiait les montagnes était une métaphore pour la vie qui trouvait toujours son chemin. Je suis curieux de savoir si, en langage onirique, le fait que Andrzej se sente baigné par une lumière argentée signifiait qu'il se rapprochait du divin, l'argent étant la couleur héraldique des Dieux. Je me questionne sur l'existence de cette destination ou bien si ce rêve, comme un simple réconfort mystérieux d'origine inconnue, n'avait pas été donné comme un objectif à atteindre pour effacer le deuil. Car c'est aussi ce que nous faisons dans certains cas. Nous donnons un plan à une personne en deuil pour attirer son attention et pour la fixer sur un objet ou projet afin de la détourner de sa spirale parfois autodestructrice. Dans tous les cas, si ce rêve est d'origine divine, cet Aether était fin psychologue.
Archibald Phallanster, Directeur et Psychologue en chef du Saint-Elixir de la Dame
Propos recueillis dans le cadre du livre "50 ans de psychologie, début et avenir"

Note de l'auteur : Malgré le questionnement sortant parfois des modèles scientifiques, présent dans le texte final par respect pour l'authenticité, il était le seul praticien à avoir eu l'occasion d'étudier une personne sujette à ce qui a été appelée la première névrose collective lorsque l’exode massif des Béluas eut lieu. Il a pu observer un individu avant et après cette fameuse nuit où les personnes affectées ont partagé cette démence onirique nocturne.

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Lun 27 Juin 2016, 06:08

Personnages:



On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.


             - Rocvit Guoh



π - Dépuis hier soir, lé gamin est perdu dans ses pensées. C’est bizarre ça. D’habitude il court dé partout. Toujours dans mes pattes. Toujours dans celles des autres. Toujours à poser des questions … Et à passer du temps avec Théti aussi. Ma, je l’ai à l’œil célui-là. Jé sais pas ce qu’il prépare mais cé n’est pas bon.

α - C’était hier. La lune était vraiment belle ce soir là. Savidlin la regardait aussi. Je me souviens, il était assis à l’écart, en train de grignoter son morceau de galette, les yeux perdus dans la voûte céleste. Je m’étais assis à coté de lui et, en silence, nous l’avions regardée.

Dans le désert, le ciel nocturne est exceptionnel. Les astres brillent comme nulle part ailleurs. Et je parle d’expérience, j’en ai vu des contrées étrangères. On y voit plus d’étoiles qu’a l’accoutumée. Une histoire de pureté du ciel sans doute. Les corps célestes paraissent plus près aussi.

Et la Lune … ce soir là elle était comme argentée. Bon, c’est sa couleur conventionnelle, ce que je veux dire c’est qu’elle brillait différemment. Je sais qu’elle peut changer de teinte en fonction du climat ou de la position géographique de l’observateur. Par exemple elle pout être plus jaune à une certaine latitude ou blanche sous d’autres. L’heure de la nuit compte beaucoup aussi, il arrive que … bon, je m’égare.
Là elle était argentée. Je n’avais jamais vu ça auparavant. J’ai noté la date, l’heure et sa position dans le ciel. Quand on arrivera dans des endroits plus peuplés, je contacterai des collègues afin de discuter de ce phénomène. Peut être l’ont-ils eux aussi aperçu ? Dans mes notes j’ai écrit que, d’après le système azimutal, on à une hauteur et un azimut de …

ϕ - J'aime beaucoup Alexander. Mais ce soir là il me gênait vachement. Il marmonnait des trucs à propos des coordonnées lunaires horaire, équatoriale, trucmuche. Et il écrivait tout ça dans son carnet d’astrologue. Euh … non, d’astronome. Il me gronde tout le temps quand je confonds les deux.

Bon, je lui ai pas fait de commentaires parce que j’aime pas être désagréable avec les gens … et aussi parce que c’est grâce à lui que la caravane m’a trouvé. L’histoire est assez marrante d’ailleurs. Il leur à fait prendre la mauvaise direction et ils ont marchés dans le mauvais sens pendant une semaine !  Heureusement qu’ils s’en sont rendus compte. Enfin, c’est Alexander qui s’en est aperçu, à sa place je sais pas si j’aurais eu le courage de le dire aux autres. Mais d’un autre coté, il m’a raconté que c’est une histoire de vie ou de mort. « Dans le désert il faut savoir ravaler son orgueil et admettre ses erreurs. ». Il à raison, au fond, mais je sais pas si je serai capable de faire la même chose …

Je m’égare ! La lune, oui. J’aime beaucoup la nuit dans le désert. Alors c’est vrai qu’il fait super froid mais quand on se couvre ça passe. Lorsqu’elle est pleine les dunes deviennent superbes. Elles sont si blanches qu’on dirait de l’ivoire. Mais ce soir là c’était particulièrement beau. J’ai pris une poignée de sable et je l’ai fait couler par terre. On aurait dit des minuscules grains d’argent qui dévalaient le long de la pente.

Quand Alexander est enfin parti, je me suis allongé à même le sol. J’ai tout de suite regretté : du sable froid s’est infiltré partout dans mes vêtements. C’est franchement désagréable comme sensation. Mais bon je me suis pas relevé, de toute façon ça aurait pas changé  grand chose… J’ai regardé longtemps, je dois même avouer que j’ai perdu le fil du temps.

Quand j’étais petit, mère me racontais souvent les mythes et légendes du peuple bélua. Notre tribu, disait elle, était les descendants d’une civilisation plus grande. Notre race avait été crée, il y a très longtemps, par la Déesse. En tout cas c’est comme ça qu’on l’appelle dans la tribu. Pheobe soit disant … Je pensais que c’était absurde, on ne pouvait pas créer à partir de rien quand même ? Mais après les événements d’hier …

Père, quant à lui, me parlait souvent du Rocher au clair de lune, des faux rets et des rivières. Franchement je trouvais ça impossible. Des arbres à perte de vue et des longs bras d’eau qui dévalent des collines et traversent des plaines. Pourquoi pas des montagnes qui crachent du feu tant qu’on y est ? Ou encore des pays où il fait froid, même le jour …

D’un autre côté, j’ai vu l’eau céans lorsque nous sommes passés par Weldyn. Et des poissons aussi ! Le monde est bien étrange … il avait sans doute raison en fin de compte, les faux rets existent peut être ? Ce qui est sûr c’est que j’ai vu quelque chose qui y ressemblait dans le rêve

***

Le rêve argent … Comme tous les béluas  ce soir là, Savidlin avait entendu le message que Phoebe leur avait adressé. Cependant, contrairement à la plupart d'entre eux, il n'avait pas bien compris ce qu'il avait vu. Ayant toujours vécu entre les dunes de sable chaud du désert, il trouvait trouvait la vision invraisemblable. Comment aurait il pu imaginer, même dans ses rêves les plus fous, des grandes forêts ou se mêlent résineux et chênes centenaires ? Comment aurait il pu deviner l'existence de montagnes comme l'Edelweiss, drapé de neiges sempiternelles, avec ses sommets qui défient les nuages et tutoient le ciel. Et comment aurait il pu croire en ces choses merveilleuses que sont les rivières, avec leur flot intarissable d'eau douce, alors qu'une terre aride était son quotidien ?

La réponse est simple, il ne le pouvait pas. Cependant, après avoir intégré la caravane marchande, il avait vu des prodiges qui dépassaient son entendement. Les villages, la mer, les poissons … tant de choses si extraordinaires pour son jeune esprit. C'est en serpentant entre les dunes de sable en longeant la côte qu'il ressassait ses idées.

***

ϕ - Très franchement je suis pas sûr … Depuis que je ne suis plus avec la tribu, je me sens comme perdu. En vrai, c'est pas facile à décrire. Comme si une parti de moi est restée avec eux et que sans elle je suis pas complet. Je sens qu'il me manque quelque chose et qu'il faut que je le retrouve. Dans le fond j'ai pas de but, je fais ce que les autres me disent de faire et puis voilà. Et puis là, le rêve … Non Savid, c'est ridicule. Tu vas pas tout envoyer en l'air juste parce que t'as mal dormi une nuit. Et pourtant c'est vrai que ça avait l'air réel. Je sais pas …

γ - Savidlin m'inquiète. Lui qui est d'habitude si volubile et si curieux est complètement renfermé. Comme si quelque chose le tracassait. Cela fait quelque jours que ça dure déjà et les autres l'ont aussi remarqué. Alexander m'a fait remarquer que son comportement à changé depuis la « lune argentée » comme il l'appelle. D'après ce que je sais certains béluas sont très réceptifs à l'astre nocturne. Peut être qu'il à perçu quelque chose que lui seul peut voir ?

En tout cas ça le travaille. J'ai pas envie de le déranger dans sa méditation, à sa place je n'aimerait pas qu'on me gêne alors que je songe à des événements importants. Malgré tout j'ai vraiment envie de lui demander ce qui se passe. J'ai l'impression qu'il est sur le point de prendre une grande décision  et qu'il pèse soigneusement le pour et le contre avant de la faire. On en saura sans doute plus durant les jours à venir.

κ - Oh Savid, pourquoi tu me fais ça ? J'ai essayé de t'adresser la parole hier, avec le plus beau sourire que j'ai jamais fait, et tu m'as envoyer bouler. C'est injuste, tu veux même pas me dire ce qui vas pas.

ϕ - Je m'en veuuux ! J'ai été méchant avec Théti. Mais il faut dire que j'étais assez triste au moment ou elle m'a parlé. Je venais de prendre ma décision et je sais que ça va lui faire du mal, à elle plus qu'aux autres sans doute. Dans trois jours on arrive à une autre ville portuaire ...

σ - C'est dommage, je l'aimais bien le petit. Il faisait du bon travail et donnait du coeur à l'ouvrage ! En plus il pouvait créer de l'eau, un vrai trésor. Mais bon, c'est son choix, on peux pas le retenir contre son gré ... Théti aussi l'aimait bien. Bien trop à mon avis. Elle à sans doute pleurée toute la nuit, même si elle l'admettra jamais, ses yeux rouges parlent à sa place. Il lui à promis qu'il reviendrait un jour. Personnellement je pense pas le revoir un jour. Ça fait parti des promesses que l'on fait dans sa jeunesse et qu'on se rend compte, des années plus tard, qu'il est impossible de les tenir. Bah, ça fait parti de la vie.

χ - Je lui ai quand même donné quelques pièces. Il en aura bien besoin, sans doute plus que nous. Par contre j'espère qu'Apriès ne le saura jamais. Il me décrit comme le pire des avares du monde... ma réputation en prendrait un coup si il savait que j'ai été charitable avec phoque.

ϕ - Et me voilà encore embarqué dans quelque chose de nouveau. Le bateau s'éloigne et je les regarde, au loin, sur la jetée en train de me faire des signes de la main. J'ai donné mon collier en améthystes à Théti. Comme ça elle sait que je reviendrai un jour ! Mais pas avant d'avoir retrouvé ce que j'ai vu. Je suis certain que c'est vrai, j'ai pas pu inventer une chose pareille. Il faut que je le voie de mes yeux.

La mer … C'est beau. Ça fait trois jours maintenant. Le travail qu'on me demande est difficile mais je ne me suis jamais senti si vivant ! En fin de compte j'ai pas trop envie d'arriver, j'aime être sur le bateau … Non Savid ! D'abord la rivière … je la trouverai bien un jour,

                      … Non ?

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Lun 27 Juin 2016, 12:16

C'était une rivière claire et pure. Elle courait sauvagement sur la roche, s'adoucissait dans les tournants verts d'herbe et se perdait dans la forêt. Son eau transparente produisait une mélodie vivace, entraînante. « Ashara. »

Itak se réveilla sur le lit de paille, au fin fond d'une grange, entre un tas de fumier et une mangeoire sale et vide. Le lynx grogna, s'ébroua, se leva sans paresser. Une journée de labeur l'attendait. Le soleil se levait tout juste sur l'immensité verte dans laquelle il se trouvait. Les pâturages brillaient de rosée matinale, s'agitaient doucement avec la brise froide. Il n'y avait pas de rivière ici. Seulement un petit ruisseau qui descendait en courant depuis les lacs de montagne plus hauts en altitude. Il s'accroupit au bord de l'eau courante et s'aspergea le visage, se demandant quel était le sens de ce rêve qu'il venait de faire. Retournant à son maigre habitat, il fouilla dans son sac pour y trouver du pain dur, un morceau de fromage.

Les horizons étaient déserts excepté quelques marmottes qui criaient et deux aigles qui tournoyaient haut de la ciel, survolant leur immense territoire. Les pâturages n'étaient pas encore occupés, personne ne vivait ici, à part lui. Itak était temporairement retourné à la vie sauvage pendant que plus bas, l'humanité s'entre-déchirait pour ses Dieux. L'argent lui manquait pour rester en ville et surtout, les grands espaces l'appelaient. C'était devenu étouffant de vivre ici-bas, supporter le jugement d'autrui. A sa sortie de prison, il avait fuit la civilisation, de plus en plus persuadé que ce n'était pas une chose faîte pour lui. La montagne était plus bienveillante que tous les aubergistes qu'il avait jamais vu, son ombre protectrice pesait tranquillement sur lui. Enfin, il pouvait se sentir vivre, se sentir libre, à nouveau.

Il était noir de crasse, ses cheveux se composaient de mèches embrouillées et rebelles, parfois mélangées à un brin d'herbe, une mauvaise barbe recouvrait sa mâchoire. Les mouches et les puces venaient se loger dans sa tunique bleue délavée, poussiéreuse, déchirée sur les bords. Le lynx enfila deux solides bottes en cuir recouvertes de boue. Il n'aimait pas les chaussures. Si ça ne tenait qu'à lui, il marcherait pieds nus, mais ce n'était pas pratique pour courir dans les bois. Ses principaux repas étaient le résultat de ses chasses. Il s'était consisté une petite réserve de bois pour tenir les froides nuits, avait retapé cette vielle épave qui avait jadis été une bergerie flamboyante. Peut-être qu'il ne savait pas vivre en société, mais lâchez-le sur une île déserte et il y sera increvable, en plus d'être heureux. Dans la journée, le bélua se baladait, chassait, rêvait allongé dans l'herbe grasse. Parfois un bout de bois se retrouvait entre ses mots et il s'emparait de son couteau pour l'éplucher, essayer de tailler une forme, un animal, une personne. Ses "sculptures" finissaient dans un coin de la grange, empilées les unes sur les autres.

Mais aujourd'hui, il rassembla ses affaires, troublé. Carnage tournait en ronronnant autour de lui, le chat étant la seule compagnie qu'il ai partagé depuis plusieurs mois. L'image de la rivière était restée gravée sur sa rétine. Ce n'était qu'un songe, mais un espoir, une envie bouillonnante le poussait à vouloir comprendre, trouver d'où venait cette rivière. Un simple d'esprit comme lui n'était pourtant que rarement intéressé par tous les rêves vides de sens qu'il pouvait avoir. Il n'était pas très religieux, n'avait jamais trouvé en Phoebe le réconfort qui lui manquait cruellement, se pensait trop stupide pour pouvoir accéder à ce genre de chose que les autres appelait la "piété". Pourtant il y croyait, il croyait aux comptes racontés par son frère quand ils étaient gamins, il croyait que la lune cachait bien une puissance bien plus majestueuse que leurs simples existences qu'ils essayaient tous de mener pauvrement. Cette rivière, était-ce un signe de rédemption pour son peuple, qu'il n'avait pourtant jamais porté en grand amour ? Itak tenait autant aux béluas qu'à sa première chaussette. Ces derniers étaient la source de la plupart de ses malheurs, ses souffrances, ses mal-êtres. Il les détestait, il détestait ce qu'il était, il se détestait.

Des restes de patriotisme et de curiosité le firent cependant sortir de son exil volontaire. La rivière qu'il avait tout juste aperçue étant comme il n'en avait jamais vue, indomptable comme lui, débordante de liberté, de pureté, comme il voudrait l'être. Au final, ses pas étaient plus poussés par l'espoir de voir ce courant d'eau plutôt que par l'envie de recroiser ses congénères. La forêt en était remplie, d'autres béluas, à son grand mécontentement. Ils semblaient tous être là pour la même raison que lui, pour le songe. Pendant plusieurs jours de marche frugale, il dévala les flancs des montagnes, coupa les sentiers mousseux et tortueux, tantôt sous forme humaine, tantôt animale. Son instinct le poussa à éviter absolument tout contact avec un autre humain ou bélua. Ses détours le menèrent sur un pic rocheux où il pu poser son regard vers la vallée en contre-bas, sur le flanc de la montagne en face.

Ses pupilles ambrées virent de loin le nuage de neige provoqué par l'avalanche dont l'écho retentit jusqu'à ses oreilles félines. Ce n'était pas un éboulement comme les autres. Encore plusieurs jours de marche plus tard, le temps de finir par atteindre le fond pour remonter de l'autre côté, Itak put enfin poser son regard sur cette fameuse rivière. Ses mains plongèrent dans l'eau glaciale pour venir laver son visage et enlever la crasse. Il était temps de renaître.


Merci pour ce LDR  nastae
Mots: 987
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Lun 27 Juin 2016, 14:50



C’était le matin. Un matin sec et ensoleillé. Une condition normalement idéale pour bien reprendre la mer après un mouillage sur des rivages sauvages. Hélas pour le Geobukseon, l’équipage sortait aussi d’une violente gueule de bois. Non pas parce que chacun avait beaucoup bût hier. En fait, rares étaient les moments où ils avaient le luxe de consommer un peu de cargaison récupérée ou volée. Non. C’était un inconfort similaire à la gueule du bois pour la simple et bonne raison que la nuit avait été très difficile. Et les discussions du petit matin n’avaient fait qu’empirer la situation.
Si chacun des membres d’équipage avait effectué le même rêve, difficile de conclure à autre chose qu’une vision héritée d’un inconscient commun. Cependant, quelque chose n’allait pas dans cette vision. Elle avait été floue, désagréable et étouffante. Comme si on leur interdisait de la voir telle qu’elle était.

Vylker eut tôt fait de conclure que la nature monstrueuse de ses hommes avait quelque chose à voir avec tout ceci. Sans doute les béluas purs auraient eût un sommeil plus doux. Après un déjeuner constitué de pain sec et d’eau, le capitaine se présenta donc à son maître d’équipage dont les yeux traduisaient un sommeil très superficiel et presque inexistant. Pour la première fois, Tarkan le quartier-maître n’avait pas l’air en forme. Vylker vint se placer en face de lui.

« Au rapport, quartier-maître. » lâcha finalement le capitaine.
« L’équipage a mal dormi et est sur les nerfs. » répondit-il le plus sérieux du monde.

Oui, c’était évident. Vylker poussa un long soupire et alla s’affaler la meurtrière d’un canon, pour contempler la mer en dessous de lui. Lui aussi avait mal à la tête et le tournis. Ce n’était pas très bon signe. Mais que devait-il faire ?

« Et… Qu’en pense les autres ? »
« Les hommes sont inquiets. Ils aimeraient savoir à quoi correspond ce qui s’est déroulé cette nuit. »
« Je peux comprendre… Mais… Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’aller... »
« Sauf votre respect, capitaine, il sera difficile de continuer notre route dans cet état. Les hommes ne seront pas à l’aise et le moral risque de tomber. »
« Cela ne peut être toléré. »
« Tout à fait, capitaine. Le choix vous appartient. »

Vylker contempla un instant l’horizon et les ombres des continents qui se dessinaient plus loin. Le Geobukseon avançait lentement, propulsé par son unique voile. Personne n’était d’humeur à prendre les rames, et Vylker lui même ne pouvait pas vraiment leur en vouloir. Mais pourtant… Ils ne pouvaient guère rester ici sans rien faire à attendre que cela se passe. Aussi, il finit par frapper contre le bois d’un coup sec et se dirigea vers le pont principal, juste au dessus de lui, passant par les escaliers.

« Où allez vous capitaine ? »
« Je vais faire le point avec notre naviguateur. »

Rejoignant le pont principal, il trouva Zun affalé contre le mur, emmitouflé dans sa cape habituelle. En le voyant approcher, Zun pivota sa tête et regarda de son œil valide le capitaine qui agita la main en approchant.

« Zun. »
« Mon capitaine ? »

Vylker s’installa juste à coté de lui, sur une chaise en poussant un peu la table sur laquelle reposait une carte du monde. Les ratures et les traits dessus laissait supposer que le navigateur avait passé sa nuit à tenté de trouver un itinéraire optimal mais que son esprit ne lui avait guère laissé le loisir de penser en paix, trop occupé qu’il était à s’interroger sur la vision.

« A ton avis, qu’est ce que cela veut dire ? »
« Je ne sais pas. Mais je crois avoir reconnu le lieu. »
« Vraiment ? »
« J’ai beaucoup voyagé. Et… Étonnamment… J’ai pensé à une destination plus qu’une autre. C’est parfaitement instinctif. Je crois que cette vision essayait de nous dire quelque chose. »
« Ridicule. Nous ne sommes même pas des béluas à la base ! »
« Mais vous l’êtes maintenant. Que vous le vouliez ou non, avec trois yeux ou six jambes. »

Il marquait un point le bougre. Vylker n’eut pas vraiment d’autre choix que d’abdiquer dans son sens. Comme la plupart du temps, Zun représentait une voix de raison. Il était comme un intrus, a bord de ce navire remplis de pirates bruyants et forts. Lui qui était frêle, calme, plutôt pacifiste et calculateur.

« Tu pense que nous devrions mettre le cap vers le lieu que tu as vu ? »
« Je pense que cela apaiseras les consciences, oui. Et cela ressourceras tout ceux qui sont inquiets. »
« Alors prépare les coordonnées. Nous y allons. »

Vylker se leva de son siège et leva tête. Et bien, puisqu’il n’existait pas de bons rois sans bons conseillers, autant se mettre tout de suite à l’écoute de leurs dires. Car si il y en avait un à bord à qui Vylker pouvait se fier en terme de vision à long terme, c’était bien Zun. Le capitaine se déplaça vers le pont de rame où la plupart de l’équipage était entassé avant de hurler à plein poumons.

« Tous à vos postes ! Nous reprenons la mer ! Je sais que chacun est troublé parce qu’il a vu et que cela ne fut pas forcément agréable. Aussi, je tiens à rassurer chaque pirate sur ce navire : Nous allons poser pied à terre et tirer au clair ce qui nous dérange ainsi. Alors préparez vous aux rames. »

Le quartier-maître s’occupa aussitôt de répéter les ordres et de lancer un rythme presque militaire sur les manœuvres de préparation du navire. Vylker le somma d’être plus doux que d’habitude, et, pour une fois, de ne presser personne. Tous étaient encore secoués et la dernière chose dont ils avaient besoin, c’était que quelqu’un vienne leur mettre des coups de pied au fesse. Rejoignant le pont principal, Vylker alla se placer dans son espace de commandement. Le plafond était très bas, en raison du besoin de trois étages pour une faible hauteur de navire, et l’espace confiné n’était pas propice au bien être de l’équipage. Néanmoins, chacun prenait sur lui et s’habituait petit à petit à baisser un peu la tête, et à l’odeur ambiante des corps en mouvement.
Alors que tous prenaient petit à petit leur place, on commença à battre la rame à coups de tambours. Actionnant l’avancée du Geobukseon sur une bonne vitesse. Zun se chargeait alors de définir les coordonnées de navigation pendant que Vylker, qui surveillait en partie le trajet ( grandement aidé par la vigie, Sabin, qui avait escamoté une plaque de fer de la carapace à piques du navire, pour observer l’extérieur.

« Et si vous nous chantiez quelque chose, les gars ? Le voyage sera plus facile ainsi. » lança Vylker.

L’idée sembla être reçue en dépit de la fatigue générale. Lentement mais sûrement, au rythme d’un Tarkan qui battait son tambours de manière bien peu rapide, un chant commença à se hisser. Les rames s'enfonçaient doucement dans la mer et reculaient, propulsant doucement le navire sur l'eau, comme si il était sur de l'huile, sans un bruit. Lui qui était habitué à franchir les tempêtes, le feu des tirs ou la fumée des combats, le Geobukseon, aujourd'hui et pour la première fois de sa vie, était plutôt silencieux. Seul le chant résonnait à son bord.


Cachés dans le voile des eaux de minuit,
Cotes à cotes, nous, frères et sœurs,
Ne répondons aux ordres d’aucun roi,
Mais nous naviguerons ensemble.

Tenez bon, les marées tournent,
Les flammes rugissent, les feux brûlants,
Nous en reviendrons tous,
Si nous naviguons ensemble.

Les mots d’avertissement ont été dits,
Les anciennes bêtes se sont réveillées,
Jusqu’à ce que notre lien soit brisé,
Nous naviguerons ensemble.


La lenteur du chant et du tempo collait à l’ambiance générale. Comme si l’on naviguait dans les brumes en suivant la lumière d’un phare lointain. Ce faisant, Vylker se demanda encore si il était une bonne idée de procéder ainsi. Après tout, ils n’étaient pas acceptés par les autres Béluas. Comment allaient-ils faire sur place pour avancer sans faire couler sang ? Voilà bien la première fois qu’adopter une attitude non belliciste lui venait en tête. Quelle étrange situation, mais le mal qui frappait les monstres béluas n’était peut-être que le reflet d’enfants non désirés et rejetés, qui ne demandaient eux même pas à être tourmentés. Néanmoins, les choses étaient ainsi. Et il n’y avait pas vraiment raison de se poser de questions.

Les Béluas monstres faisaient route vers le continent, pour le meilleur, comme pour le pire, et seul l’avenir allait pouvoir leur dire si tout cela allait tourner bien ou mal. Mais, comme souvent, certaines choses ne changent jamais. Est-ce que la ségrégation et le clivage qui séparait l’équipage du Geobukseon, tel un navire maudit, allait s’appliquer ?

Seul l’avenir… Et Vylker savait qu’il était possible de le changer.


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Merci bien, j'ai hâte de faire les autres parties.
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Mar 28 Juin 2016, 05:08

Ashara, le murmure du Rêve-Argent
« L’appel d’une nouvelle Cité… »

C’est… C’est… Je n’eus pas le loisir de porter ma réflexion plus loin, mes yeux s’ouvrant avec ébahissement sur les planches en bois du plafond. Je les sentais qui me fuyaient, qui s’éloignaient, les fragments de mon rêve se fracassant en mille éclats alors que je les avais eus dans mes mains. Désespérément, je voulus les rattraper, les rejoindre en mon pôle, mais ils s’éparpillaient, sans que je puisse contrôler leur fuite. J’avais réagi trop lentement; je n’avais eu la vivacité d’esprit nécessaire pour tendre prestement ma main et les attraper: le songe s’effaçait petit à petit de ma mémoire et pourtant, je savais que ce rêve était important. Sa signification m’échappait, sa nature même me laissait confus, mais je savais qu’il était important, très important. Pour moi, pour je ne sais qui encore, mais il était important. Très, très important. Des quelques bribes que j’étais parvenu à amasser, je tentais de reconstruire le rêve, fermant les yeux pour me concentrer encore plus fort. Des images s’imposaient devant ma pupille, mais pas moyen de reconnaître quoi que ce soit dans ce flou et cette brume qui m’en cachait tout le mystère et le secret. Pourtant, même sans être en mesure de capter toute l’essence de cette vision, je pouvais vous dire qu’elle avait été puissante, extrêmement puissante. Je pouvais encore sentir des frissons me parcourir l’ensemble du corps et au fond de moi, j’étais persuadé que c’était à cause de ce rêve que je m’étais éveillé. Mais pourquoi? Mais pourquoi? Tout ce que je me souvins avoir perçu, c’était ces éclats d’argents qui avaient si fortement aveuglé ma pupille que je m’étais forcé à fermer les yeux. Puis, dans la confusion la plus totale, dans ces méandres que je ne parvenais pas à distinguer entre la beauté et le mystère entourant ce lieu, une voix m’avait parlé. Douce et cristalline comme l’argent qui scintillait devant mes yeux, elle s’était glissé à mon oreille, comme une brise légère portée délicatement par le vent. Je l’avais senti me caresser le visage, je l’avais senti m’envelopper de toute part et à cet instant, uniquement à cet instant, cette brise s’était mise à me parler. Et elle avait soufflé: « Ashara »

Je n’avais qu’à y repenser pour que mon corps tout entier se mette à trembler. Ashara… Le vœu de bonne fortune… D’habitude, dans les coutumes béluas, on saluait ainsi la personne qui partait dans les bois. Maman et Papa m’avaient adressé ce mot à quelques reprises alors que je quittais le foyer pour m’aventurer dans la forêt et faire plus ample connaissance avec l’Animal qui se trouvait en mon sein. Mais pourquoi avais-je rêvé à une telle chose? En quoi ce mot et ses syllabes m’étaient destinés au juste? J’essayais de faire rouler mes méninges dans le fond de ma tête, mais c’était sans espoir: mon esprit était envahi par ces éclats d’argent, comme si une eau luisante sous le faisceau lumineux du Soleil coulait devant mes yeux. Et cette voix, cette voix énigmatique aux notes si rassurantes et caressantes, qui m’avait souhaité un bon voyage dans la forêt… Doucement, j’approchais l’une de mes mains, passant l’un de mes doigts crochus sur mon visage. En y sentant la légère pression que j’exerçais moi-même sur cette peau pâle, je dû me résigner: c’était la réalité. Mais ce rêve n’était qu’un rêve… Il n’avait aucune incidence dans ce monde qui était le réel. J-Je… Je vais me passer un peu d’eau sur le visage… En un petit bond, je sortis des draps de mon lit, me traînant les pieds jusqu’à la porte de ma chambre, pensant et repensant sans cesse que ce rêve n’était qu’un rêve; que ces éclats d’argent n’étaient que des éclats d’argent; et que ce vœu de bonne fortune ne soit qu’une futile invention de mon imagination.

Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de croire que j’avais tort. Ce rêve ne semblait pas être qu’un simple rêve: il semblait plutôt être un appel.


Lorsque je descendis les marches, qui menaient droit au rez-de-chaussée, je croisais Dærion qui filait vers sa chambre. Je le saluais d’un signe de la tête et il me répondit de la même manière, son bonnet se balançant à peine, mais l’intention était tout de même là. Je me dirigeais vers la salle à manger où je vis Nimüe, déjà assise devant la table et une miche de pain. Voir une tête sympathique en cet étrange début de matinée ne pouvait que me réjouir et je courus droit vers elle, tout sourire.

« Nimüe! Bon matin! Je suis trop content de te voir! Tu ne devineras jamais à quoi j’ai rêvé hier soir! C’était trop… étrange! »

Je tirais l’une des chaises de la table à manger pour m’asseoir en face d’elle. Elle semblait songeuse, perdue dans ses pensées, mais une fois que je me mis à lui parler, son attention se tourna dans ma direction et elle écouta mon récit du début à la fin. Je lui racontais ce rêve étrange et nébuleux, aux teintes d’argent et de gris éclatants, comme des perles qui s’étaient mises à danser devant mes yeux, un peu comme les reflets du Soleil sur la surface calme et tranquille d’une eau claire et saine. Puis, il y avait eu du vent, mais pas comme une bourrasque, les arbres que je me souvins m’avoir entouré étant parfaitement aptes à freiner une telle frénésie de l’air. Ce vent avait plutôt soufflé à la manière d’une brise, d’une caresse qui m’avait frotté la joue. Douce comme la main d’une maman, protectrice comme l’étreinte d’un papa, cette brise ne m’avait pas contourné pour mieux poursuivre son chemin vers ce qui semblait être les bois. Au contraire, cette brise s’était mise à m’envelopper, à tournoyer autour de moi et, emporté par la danse, je m’étais mis à la suivre pour tourner sur moi-même, le bout de mes doigts glissant sur le sillon de la brise, mais j’étais si peu habile que j’avais rapidement tombé par terre, dos au sol.

Mon visage tourné vers le ciel, ma vision était toujours envahie par ces éclats d’argent et le paysage environnant se cachait, comme joueuse, derrière ces mille éclats. Je me souvins vaguement avoir voulu me relever, mais comme si mon corps s’était uni à la terre, je n’étais plus du tout en mesure de bouger. Visage tourné vers le firmament, bras tendus de chaque côté de mon corps, je ne faisais qu’attendre et regarder, attendre et admirer le paysage féérique et sibyllin qui se profilait devant moi. Comment je pouvais dire que cet environnement était féérique sans même l’apercevoir nettement? Parce que je le savais, c’est tout. Je le savais, au plus profond de moi, que c’était une forêt, une forêt magnifique… Pourtant, ne me dîtes pas de vous la décrire, j’en serais incapable.

Et c’est alors qu’une voix avait résonné. Une voix sortie de nulle part et de partout à la fois. Une voix aussi légère que la brise qui m’avait fait virevolter, une voix aussi chaude que les rayons du Soleil qui glissaient sur ma peau, une voix aussi douce et aimante que celle d’une mère parlant à son enfant… C’était une voix magnifique, onirique, qui m’avait souhaité un bon voyage: cette voix m’avait souhaité « Ashara »

Les yeux brillants, non sans être remplis d’interrogation, je fixais Nimüe avec curiosité.

« C’est bizarre, hein! Mais, dans cette forêt, je m’y sentais bien, en sécurité, un peu comme si je me trouvais à la maison… … Nimüe? T’as pas l’air bien, ça va? »

La petite fille ne disait mot, mais après quelques secondes, ces iris vermeil vinrent s’ancrer dans mes yeux. Il y avait quelque chose dans son regard qui me mit aussitôt sur mes gardes. Qu’est-ce qui se passait au juste?

« J-J’ai fait le même… »

Mais avant même qu’elle ne finisse sa phrase, la voix de Miles se fit entendre dans la pièce et vivement, je me retournais. L’Orisha se tenait sur l’encadrement, nous observant de ses deux iris céladons.

« Désolé de vous déranger, mais il y a d’autres gamins devant la porte. Ils voudraient vous parlez… »

Ah! C’était les enfants de la Vigilante! Ceux que les Marcheurs avaient sauvés suite à l’attaque des Démons sur l’un des flancs de la montagne. Tirant un sourire à Nimüe, je sautais de ma chaise avant de filer hors de la salle à manger pour rejoindre nos amis. Peut-être voulaient-ils jouer ou alors désiraient-ils une autre séance de prière avec Nimüe comme Grande Prêtresse? Nimüe aimait beaucoup ce rôle et en plus, elle était vraiment une magnifique oratrice lorsque venait le temps de prier Phœbe.

« Merci Miles! On y va tout de suite! »

À notre passage, Miles ne put s’empêcher de soupirer. Pourtant, un sourire bienveillant fendait ses lèvres et sans dire quoi que ce soit, il s’éclipsa dans le manoir.


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Mar 28 Juin 2016, 10:57

 Ce n'est pas un matin comme les autres. En apparence, quand Flamiche se lève, il devrait l'être, mais il y a quelque chose de familier qui s'est produit pendant la nuit. La foi de la bélua est grande envers les Aetheri, encore plus depuis qu'elle a découvert son animal totem. Elle est enfin revenue de son périple jusqu'à la rivière éternité. Elle a laissé Angélique à Avalon, une décision douloureuse, mais entre l'amitié et la famille, le choix a toujours été vite fait pour elle. C'est auprès de ses semblables qu'elle se sent vivre plus que jamais. En plus, Angélique a promis de la rejoindre dès qu'elle sera préparée au voyage...

Mais ce matin-là, elle est hantée par le souvenir de son départ pour la Rivière Eternité, car un rêve l'a tirée dans le flot de ces souvenirs. Dans ce rêve, Flamiche ne s'échappait plus d'un incendie, mais au contraire, elle courait vers une destination pleine de promesses. Et depuis qu'elle avait comme entendu ce murmure, Ashara, il se répétait dans son esprit tel un écho infini. Flamiche était donc ailleurs ce matin-là. Mais elle n'osait en parler à la famille des béluas-serpents. Noa, surtout, avait mal vécu son départ précédent : même si elle y avait trouvé le fruit de sa recherche, elle avait risqué la mort à cause des déchus qui s'étaient joués d'elle. Si elle lui reparlait encore d'une vision mêlée à un rêve, il risquerait de mal le prendre. Oh, il n'en montrerait rien, évidemment. Mais Flamiche le connaît assez désormais pour deviner dans quels moments il est froissé. Et en général, si elle ne fait pas le nécessaire pour revenir dans ses bonnes grâces, un curieux malheur lui tombe dessus, un malheur animé par la main du bélua fourbe. De toute façon, toute sa famille agit comme cela. Flamiche l'a appris à ses dépens.

NOA : Salut, l'oursinette !

Flamiche lui donne un coup amical en réponse à cette salutation moqueuse. Ils commencent à discuter des projets de la journée; Noa lui parle de leurs perspectives de chasse et lui propose, une fois de plus, de venir avec eux. Il insiste tous les jours : il pense que s'ils la poussent à aller chasser, son totem se manifestera de lui-même. Flamiche refuse en prétextant que sa théorie ne tient pas la route. En vérité, elle n'en sait rien, mais sa transformation en ours ne lui a pas laissé que des bons souvenirs et elle a trop peur de cette seconde forme pour forcer sa manifestation une nouvelle fois. En réalité, elle a aussi peur de rester coincée en la forme du mammifère et de rester ainsi toute sa vie. Elle change rapidement de sujet pour que le bélua ne furette pas sur cette question épineuse. Sa stratégie fait mouche quand elle parle de la nouvelle découverte que la famille a fait durant leur dernière chasse ; ils ont découvert un terrier géant où vivaient plusieurs familles de lapins. Ils s'en sont donnés à cœur joie et Noa, même le lendemain, en est encore tout retourné. La conversation des deux amis évolue jusqu'à ce qu'ils rejoignent le reste de la famille. Quand ils arrivent, des épis de maïs sont déjà en train d'être grillés. Les parents les accueillent joyeusement et ils commencent tous à parler de tout et de rien. Tara, la cadette de la fratrie, court aussitôt se blottir dans les bras de Flamiche. Depuis qu'elle est revenue de son périple; la mignonne ne la quitte plus d'une semelle. C'est d'ailleurs elle qui va ramener la conversation familiale à un sujet qui obsède secrètement Flamiche...

TARA : Maman, ça veut dire quoi, Ashara ?

Quand Flamiche entend ce mot sortir de la bouche de la bélua, elle a l'impression d'être ramenée dans son rêve. Elle ouvre de grands yeux et la regarde sans rien dire. Mais elle ne se rend pas compte qu'elle n'est pas la seule à avoir eu cette réaction : tout le monde a arrêté de parler et pendant un moment, on n'entend plus que les craquements des épis de maïs au-dessus du feu. Finalement, c'est Amèle, la mère, qui brise le silence en annonçant que les maïs sont bien grillés. Tout le monde se fiche complètement du maïs désormais, car tous sont envahis par une curieuse pensée ; celle qu'ils ont tous fait le même rêve. Pourtant, ils n'ajoutent rien à cela et commencent à se servir.

TARA : Flamiche, j'ai fait quoi de mal ?

Des larmes perlent aux yeux de l'enfant. Elle se sent coupable, comme si elle avait prononcé un mot interdit. Sa mère regarde sa fille comme si elle allait les mordre, mais elle ne dit rien pour la rassurer. C'est toujours comme ça, avec eux : quand quelque chose gêne, ils passent au-dessus comme si ce n'était jamais arrivé. Mais Flamiche ne fonctionne pas comme ça. Son impulsivité s'empare d'elle et elle se lève d'un coup en manquant de faire tomber la pauvre Tara.

FLAMICHE : Avouez-le ! Vous l'avez entendu aussi !

Une gêne grandit une nouvelle fois autour du feu. Tara commence à pleurer et sa mère soupire en allant vers elle pour la consoler. Décidément, cette femme a un cœur de pierre. Flamiche se demande ce qu'il l'a poussée à faire un second enfant si c'est pour la mépriser autant... en jetant un regard aux autres béluas, Flamiche se rend compte qu'ils se sont tous tournés vers une unique personne : Grand-mère. Elle ne jette toujours pas un regard à Flamiche, puisqu'elle n'a plus bénéficié de ce privilège depuis qu'elle est revenue, mais son regard est fixé sur Tara. Cela a d'ailleurs pour effet de faire redoubler les sanglots de la petite, ballottée maladroitement par sa mère et victime du regard perçant de la vieille. Heureusement, Grand-mère finit par détourner son regard qui se porte sur son épi de maïs. Elle mange tranquillement un bout, satisfaite par le fait d'être devenu le centre de l'attention. Elle aime produire son effet.

GRAND-MERE :   Tara. Ce mot, Ashara, tu l'as entendu dans un rêve, n'est-ce pas ? Puis tu as vu un chemin s'ouvrir devant toi. Un chemin fait de roche et d'eau.

La petite a calmé ses sanglots et elle hoche la tête sans oser regarder la vieille bélua. Flamiche se rassoit sous le choc. Alors, c'est vrai. Ils ont fait un même-rêve, tous. Ils ont vu les mêmes choses, entendu le même mot. Ashara... qu'est-ce que ça peut bien signifier ? Quel était le but de ce rêve ? Evidemment, Flamiche n'envisage qu'une seule possibilité : un message de l'Aether Phoebe. Dans sa vie, elle rapporte tous les moindres signes à la déesse. Si elle a souvent eu tort, elle est certaine d'avoir découvert son totem grâce à elle et sa Foi n'en a été que redoublée, si c'est possible, en tous cas. Fidèle à elle-même, elle ouvre la bouche pour s'apprêter à déclarer son hypothèse qui lui semble évidente, mais Grand-mère la connaît bien et elle siffle de façon menaçante vers elle. C'est le signe qu'elle doit se taire.

GRAND-MERE :   Je sais ce que tu vas dire, idiote d'ours... et non, ce n'est pas une vision des Aetheri. Ils nous ont abandonnés depuis un moment déjà.
NOA : Mais enfin, qu'est-ce que c'est, alors ?

Tout le monde se tourne vers elle d'un seul chef. Flamiche est déçue que la personne la plus éminente de la famille ne partage pas son opinion. Mais elle est butée et elle n'envisage aucune autre possibilité; elle ne le peut pas. Hélas, si personne n'est d'accord avec elle, il ne lui restera qu'une seule solution ; celle de plier bagages une nouvelle fois et de marcher vers son destin comme elle l'a toujours fait, en étant fidèle à elle-même. Mais hélas, en y réfléchissant à deux fois, elle se rend compte qu'elle n'a aucune idée de l'endroit que leur a montré leur Déesse à tous et elle ne pense pas survivre à un second voyage seule. Alors elle se met à manger tristement son maïs, en ayant l'impression d'être prise en étau entre la Foi et le devoir.

GRAND-MERE :   Flamiche est revenue parmi nous il y a maintenant trois lunes. Nous avions fait une cérémonie et nous avions consommé bien plus d'herbes que d'habitude. Certains n'en sont pas encore remis. Je pense que c'est un effet de cette consommation, tout simplement. Une hallucination commune de plus. Cela s'amenuisera et dans deux lunes, nous ne subirons plus aucun effet. Maintenant, mangez, une longue journée nous attend tous.

Sa conclusion est sans appel. Dès qu'elle croque dans son épi de maïs, tout le monde en fait de même et le sujet est clos. Mais Tara jette des regards insistants à Flamiche : elle sent que l'enfant veut croire sa propre version des choses. Tara a un esprit orné d'une imagination sans limites. Elle préfère croire à un appel supérieur plutôt qu'à un vague effet secondaire d'une plante. Noa, lui-même, semble en désaccord avec les paroles de la sage de la famille, mais il n'en montre rien et elle sait qu'il n'en montrera rien jusqu'à ce qu'il oublie cet événement. Quand elle y pense, l'hypothèse de cette mégère tient la route, mais elle sent qu'elle n'est pas totalement sincère. Flamiche sait que le savoir de Grand-mère n'est pas infini. Il lui arrive aussi de se tromper. C'était déjà le cas quand Flamiche avait cru à une première vision.

TARA : Mais, mémé ? Tu sais pas ce que ça veut dire, Ashara ?

Et bim ! Flamiche regarde la gamine avec admiration. Elle est têtue, cette petite. La réouverture du sujet est une opportunité géniale pour elle de tenter de convaincre les autres : ce rêve va la hanter jusqu'à ce qu'elle en trouve la signification, et ce n'est pas en continuant leur petite vie que ça arrivera. En plus, elle non plus ne connaît pas la signification de ce mot, et apparemment, les autres non plus. Mais Grand-mère, elle, devrait la connaître. Et si elle n'a aucune réponse à apporter, pourquoi le reste de son argumentation ne pourrait pas être discutée ? Cette fois, elle sent que la vieille s'énerve. Elle pose son maïs avec réticence et hésite à répondre. Tout le monde est pendu à ses lèvres.

GRAND-MERE :   C'est un mot qui a... plusieurs sens. Il veut dire bonne route, en général. Mais son origine est un peu différente. Il veut dire... eh bien... découverte.

Et enfin, elle regarde Flamiche. Cette dernière ouvre une nouvelle fois de grands yeux. Les autres laissent échapper des sifflements ou des "oh" surpris. Flamiche comprend que le doute s'est insinué dans leurs esprits. Au fond d'eux, elle le sait, ils ont envie de croire à sa propre hypothèse. Beaucoup dans la famille ont envié le périple de Flamiche ; ils n'ont plus quitté leur forêt depuis la réapparition de la magie; autant dire, un bon bout de temps. Le voyage de la bélua-ours a changé quelque chose en eux et elle sent que depuis quelques temps, ils ont envie de repartir vers d'autres horizons. Grand-mère, elle le sait, pense avant tout à leur sécurité et elle imagine qu'elle n'a pas envie de quitter une telle zone de confort... mais si le besoin de voyage se fait trop pressant, elle devrait finir par céder. Peut-être qu'aujourd'hui est l'occasion. Le sang bouillonne dans les veines de Flamiche alors qu'elle se replonge dans son rêve. Le même sentiment qu'elle avait ressenti l'envahit soudain : le sentiment de paix et de calme serein. Elle veut trouver cet endroit pour retrouver cette sensation tellement vivifiante... elle veut suivre ce qu'elle interprète comme un message. Flamiche regarde les béluas tour à tour. Noa. Amèle. Ginda. Morris. Isabella. Tara. Et enfin, Grand-mère. Leur regard se croise une fois de plus. Elle soupire.

GRAND-MERE :   Ma Foi a été éreintée au fil de mes malheurs, je le crains, mais je sais que nombre d'entre vous ont une confiance sans bornes en la Déesse Phoebe. Si votre cœur vous dit que ce rêve voulait réellement dire quelque chose, manifestez-vous.
ISABELLA : Moi, je pense comme Flamiche !
TARA : Moi aussiiii !

D'autres se manifestent et tout le monde finit par donner son avis. Tous ne sont pas d'accord avec Flamiche. Certains disent qu'ils n'en savent rien et qu'ils suivront la décision de Grand-mère. D'autres disent qu'ils s'inquiètent, que ce rêve pourrait aussi être le fruit d'une quelconque magie noire... et puis il y a Ginda, l'éternel détendu, qui dit qu'il s'en tamponne le coquillard. Ils débattent sur le sujet jusqu'à ce que le feu s'éteigne et que la lune apparaisse. Finalement, c'est la faim qui met fin au débat et ils vont chasser, en laissant seules la trop jeune Tara et l'incompétente Flamiche. Alors qu'ils sont partis, Tara lui demande de raconter une fois de plus son voyage jusqu'à Avalon. Flamiche lui raconte avec plaisir et se laisse divaguer dans ses souvenirs de grand voyage. Elles prient ensemble un moment et, quand tout le reste de la famille, revient, le verdict général est sans appel : ils vont vérifier d'eux-mêmes la teneur de ce rêve. Ils vont partir tous ensemble jusque ce lieu mystérieux. A ce moment-là, Flamiche est plus heureuse que jamais, mais elle a aussi la curieuse impression d'emmener tout le monde dans une chute. Celle de l'inconnu.
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Lun 11 Juil 2016, 17:25

C'était plus qu'étrange et bien dérangeant, ce rêve qu'il avait fait. Il n'arrivait pas réellement à le définir. Etait-ce juste un songe ou bien recelait-il quelque chose de plus profond, de plus important ? L'homme-ours aurait bien été incapable de le dire. Et il avait presque réussi à se le sortir de la tête quant il se rendit compte, au détour de croisement avec d'autres enfants de Phoebe, le lendemain, qu'il n'avait pas été le seul à connaître une telle chose. Apparemment, tout le peuple des êtres-animaux avait reçu la visite de cette voix, de ce mot, “Ashara”, de cette rivière scintillante. Assurément, cela ne pouvait être anodin. D'autant plus que ce n'était pas souvent que le Plantigrade se rendait au sein de sa race. Simple coïncidence ou bien dessein qui le dépassait de loin? Etait-ce réellement la voix de Phoebe, un message envoyé par elle, qui s'était ainsi adressé à lui et aux autres membres de sa race ?

A bien y réfléchir, Raeden n'avait jamais été un fervent prêcheur de la Déesse Lune. Bien évidemment, il était croyant. Il en avait déjà assez vu dans ce monde pour savoir que les Dieux étaient bien vivants, en tout cas une bonne partie et que certains déambulaient parfois même parmi les êtres humains. Alors, dans ce cas là, pourquoi pas imaginer que Phoebe se soit décidée à s'adresser à son peuple en leur envoyant à tous une vision pendant leur sommeil ? Bien sur, cela aurait été beaucoup plus pratique si elle s'était tout simplement présentée à eux pour leur expliquer ce qu'elle attendait d'eux. Mais comme on disait bien souvent, les voix des Seigneurs étaient impénétrables. A tel point même que certaines personnes doutaient et qu'il y avait du coup des discidences entre les rangs sur le chemin à suivre. Une partie des troupes voulait suivre le songe qu'ils avaient vécu, tenter de retrouver cette rivière et de voir où elle menait tandis que d'autres avaient perdu la foi et considéraient qu'il s'agissait que d'une perte de temps.

Chercher une rivière dans une aussi grande étendue était un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Et quelque chose disait à Raeden qu'elle n'était évidemment pas notée sur les quelques rares cartes qui représentaient la région. Peut être qu'il faudrait organiser des groupes de déplacement pour quadriller une plus grande zone et ainsi avoir une chance de repérer plus rapidement l'objet de leur rêve. Mais peut être avait-on décidé, quelque part, de leur donner un coup de main. Car, alors qu'ils étaient là à tergiverser, un grand bruit retentit dans la Montagne, se répercutant entre les sommets des monts de l'Edelweiss. Et ce n'était pas réellement le bruit que faisait généralement un simple éboulement. C'était comme si tout un pan de la montagne avait bougé ou s'était effrondré. Peut être était-ce une nouvelle fois qu'une simple coïncidence et que cela n'avait absolument rien à voir avec ce qui les animait tous, mais c'était aussi fortement possible que cela soit lié à cette fameuse rivière et à l'endroit où elle menait et où ils devaient se rendre.

Finalement, les Béluas se mirent en route et le Plantigrade se joignit à eux. C'était beaucoup plus par curiosité que par réelle ferveur religieuse vis à vis de Phoebe qu'il se mettait lui aussi en quête. Et puis, il se disait qu'il était toujours intéressant de faire partie d'une équipe, d'une mission découvrant quelque chose de nouveau. Bien sur, s'il y avait réellement quelque chose à découvrir. Mais de toute façon, au moins, on pouvait toujours se servir de ce voyage pour faire un travail de cartographie, remettre à jour les quelques rares cartes, mieux les détailler, pour que les gens puissent plus facilement traverser la Montagne et aient beaucoup moins de risque de se perdre. Une telle excursion était toujours à prendre, ne serait-ce que pour trouver de nouvelles mines ou de nouvelles ressources qui pourraient être utiles. Et puis, pour le moment, les commandes n'affluaient pas encore trop à la Forge. Avec les guerrres qui se préparaient, ce ne serait peut être bientôt plus le cas, c'était donc le moment d'en profiter pour Raeden s'il voulait encore pouvoir voyager comme bon lui semblait.

Bien qu'ils aient tous reçu le même songe, qu'ils aient tous ressentis cette paix intérieure pendant qu'ils courraient le long de cette rivière d'Argent, aucun n'était malheureusement capable de donner un détail significatif qui puisse les aider à se repérer plus facilement et à trouver cette source. Certainement que cela faisait partie de la quête. Que Phoebe leur avait ouvert une piste mais qu'ensuite, c'était à eux de faire leur propre chemin et leur propre parcours pour arriver là où elle souhaitait qu'ils se rendent. Evidemment, il aurait été beaucoup plus simple qu'elle leur dise – si c'était bien d'elle – où ils devaient aller. Mais peut être devaient-ils d'abord réussir cette épreuve ? Peut – être les jaugeait – elle pour voir s'ils étaient vraiment digne de ce qu'elle voulait leur montrer ou leur donner ? Toute cette histoire soulevait beaucoup plus de questions qu'elle ne donnait de réponse, au final. Ce n'était cependant pas une raison pour ne rien faire.


Nous devrions nous mettre à l'abri, une tempête va se lever d'ici pas longtemps.

L'homme-ours était certainement l'un des plus expérimentés en montagne parmi le groupe de Béluas avec lequel il était. Il avait vécu la quasi totalité de sa vie entre ses cols et il savait à présent reconnaître le plus infime changement, la plus infime variation qui annonçait un gâtement du temps. Et c'était d'autant plus vrai quand ils voyageaient hors des sentiers battus, en plein coeur des zones sauvages. Là, il était très facile de se perdre ou de tomber dans une congère avec très peu de chance de s'en sortir. Il fallait donc se montrer prudent et prévoyant. Les autres enfants de Phoebe se rangèrent d'ailleurs à son avis. Ils étaient déjà tous éreintés et ils n'avaient aucune envie de se retrouver pris au piège d'une tempête où les risques d'être séparés et d'avoir un accident seraient multipliés par dix. Ils se mirent donc tous à la recherche d'un abri. L'idéal était évidemment de trouver une grotte assez grande pour tous les acceuillir. Mais s'il n'y en avait pas à leur disposition, ils pouvaient toujours se rabattre sur une paroi ou une formation rocheuse à l'abri du vent à partir de laquelle, ils pourraient tendre leur toile de tente.

La recherche d'un abri prit un peu plus longtemps que prévu, d'autant plus que le premier renfoncement sur lequel ils étaient tombés - apparemment une vieille mine abandonnée depuis de nombreuses années – était déjà habité par un occupant qui ne semblait pas désireux de partager son lieu. Heureusement, il n'y eut aucun blessé dans l'affrontement qui s'en suivit, mais l'équipe dût continuer son chemin. Ils devaient se presser, le temps forcissant tandis que la nuit était en train de tomber, tout comme la température, déjà très base en cette altitude et dans cet environnement. Ils avaient tous de plus en plus de mal à avancer et les risques devenaient de plus en plus grand de faire une mauvaise chute. Bien que l'Immortel puisse soigner sans probleme quelqu'un, c'était quand même toujours embêtant. Et ça faisait généralement perdre un temps qui pouvait être précieux pour bien autre chose. Ils en étaient tous conscients. Ils ne pouvaient donc tarder plus que cela. Et ils n'en avaient pas l'intention.

Finalement, ils découvrirent leur bonheur en la présence d'un énorme bloc rocheux. A bien y regarder, il semblait qu'il avait dévalé une bonne partie du flanc de la montagne pour venir finir sa course ici, arrêté par un confrère bien plus imposant. C'était certainement lui l'auteur du boucan qu'ils avaient entendu ce fameux matin de révélation. Il était assez gros pour ça. Et il y avait assez d'espace entre les deux blocs pour pouvoir tendre une toile et s'y mettre à l'abri. Bien évidemment, ce ne serait pas un palace et ils seraient plus étalés en longueur qu'autres choses, mais au moins, ils n'étaient plus à la merci des intempéries. Et puis, ils étaient des hommes-animaux, des Enfants de Phoebe, ils avaient connu bien pire et ils étaient assez résistants pour survivre à ça. D'autant plus qu'ils ne le savaient pas encore, pas réellement, mais ils étaient proches, ils étaient sur la bonne voie. Car ce qui leur servait de mur n'était ni plus ni moins que le rocher par lequel tout avait commencé. Celui qui avait libéré le chemin de la rivière.


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Ven 15 Juil 2016, 22:59

Sous les rayons du petit matin qui la frappaient au visage, Nimüe ouvrit un œil, puis ensuite le second. Aveuglée par le changement brusque de luminosité, ses paupières se plissèrent en deux fentes, alors qu’elle se glissait lentement contre le mur, s’y adossant en position assise. Ses lèvres s’entrouvrirent, et laissèrent échapper un léger bâillement. La jeune fille vint, par la suite, s’étirer les bras, avant que ses yeux rougeâtres se braquent vers la pointe de ses orteils, pensifs. Croisant et décroisant sans cesse ses longs doigts fins, la Bélua murmura le mot qui se répétait en boucle et en boucle dans sa tête : « Ashara. » C’était comme un écho qui refusait de prendre fin, à la définition si simple et qui, pourtant, semblait signifier davantage qu’il y paraissait. La rouquine se souvenait parfaitement du rêve et de cette voix mélodieuse, enchanteresse, qui avait chuchoté ce mot parmi les couleurs et teintes d’argents qui l’avaient hypnotisé. Une sérénité sans pareil, sans égal, avait caressé son esprit, aussi apaisante que les nuits où l’œil de la Déesse veillait. Elle s’était senti aussitôt plus légère, plus vivante que jamais, tant, que ses membres en avaient encore d’agréables frissons qui n’en étouffaient pas moins le sentiment d’importance que son songe semblait avoir emmené dans son gracieux sillage. La petite n’interprétait pas les rêves – simplement parce qu’elle n’en possédait aucune connaissance particulière – et malgré tout, elle gardait la conviction que ce pressentiment, cette sensation, était réel. Son cœur battait plus fort rien qu’au souvenir de la rivière pure et cristalline qui s’était lentement écoulée dans son rêve, quoiqu’elle ignorait une grande part de la signification de tous les éléments présents qui défilaient à l’intérieur de sa tête. Chaque détail lui semblait nébuleux et imprécis, mais pourtant, le chemin qui lui avait été montré, zigzaguant entre d’imposants monts de roc et de glace jusqu’à un lieu inconnu, qui portait malgré tout un parfum de bien-être intérieur qu’elle aurait voulu pouvoir respirer goulûment. Était-ce un message envoyé de main-propre par Phoebe? En fervente croyante de la Déesse qu’elle était, ça ne faisait aucun doute : il n’y avait que l’Aether qui avait le pouvoir de la rendre si fébrile et excitée, en dépit de sa propre ignorance justifiant la source de ses émotions.

Se levant du lit, la jeune Bélua repoussa ses couvertures de laine, puis se dirigea vers la grande fenêtre de la chambre, ouvrant les rideaux qui lui cachaient la beauté du lever du jour. Un sourire émerveillé se dessina progressivement sur ses lèvres rosées, quand ses yeux rencontrèrent le bal de violet, de jaune et de rouge dansant parmi le bleu du ciel. La rouquine se mit ensuite à genoux contre le plancher glacé, priant l’Aether de la Lune de rapporter des jours aussi merveilleux que ce lever de soleil pour éclipser cette période sombre de conflits et d’horreurs inimaginables. Elle demeura ainsi, agenouillée, les mains collés l’une à l’autre dans une pose de prière, pendant plusieurs minutes, complètement immobile, avant de se relever, pour aller refaire son lit. Dærion s’en saurait sans doute occuper lui-même en temps voulu, mais les onnes manières de la jeune fille étaient trop bien ancrées en elle pour qu’elle puisse s’en séparer. Nimüe ramassa son verre d’eau qui traînait sur la commode en bois, sortant de la pièce en prenant garde d’éviter de faire trop de bruit, tournant avec précaution la poignée de sa porte grinçante pour ne pas déranger Hakiel et Miles qui dormaient, peut-être, encore en ces heures matinales. La petite Bélua relâcha un soupir lorsqu’elle finit par rejoindre la cuisine, soulagée de n’avoir réveillé personne sur son chemin. Déposant le verre vide sur le comptoir, la rousse alla se prendre un bol qu’elle remplit de quelques fruits et d’une miche de pain frais qu’elle enduit d’une généreuse couche de miel doré. Puis, laissant l’assiette près du verre, la fillette plaça un petit chaudron rempli d’eau au-dessus du feu – le majordome ne devait pas être bien loin – pour le faire bouillir, et pouvoir ainsi, par la suite, se préparer du thé. Elle reprit son assiette, et alla s’assoir à la table dans la salle à manger, dévorant à pleine dent son repas qui n’avait cessé de faire gronder son estomac vide.

Pourtant, malgré son appétit, les pensées liées à ce rêve étrange ne la quittaient plus. Alors qu’elle mangeait son déjeuner toute seule, le temps parut s’arrêter indéfiniment, tant elle était plongée au fond de ses réflexions, philosophant sur toutes ces questions qu’elle se posait, ainsi que les réponses manquantes que ce songe avait emmené. Les minutes s’écoulèrent, peut-être même des heures, avant qu’une voix ne l’arrache de son monde, enjouée et excitée, que la petite rattacha immédiatement à Hakiel. Le jeune garçon venait d’apparaître devant son regard absent qui le toisait sans vraiment le voir : le Bélua la salua, mais Nimüe ne répondit pas, comme si ses paroles n’avaient été qu’un souffle de Vent au creux de son oreille. Jusqu’à ce qu’il fasse mention d’un rêve, un rêve qu’il décrivit comme… étrange. Inconsciemment, la jeune Bélua sursauta, alors qu’Hakiel tirait rapidement une chaise pour s’installer devant elle. Puis, il commença raconter. Au fur et à mesure qu’il citait chaque chose qu’il avait vu, chaque chose qu’il avait ressentie, un malaise grandissait au fond du cœur de la rousse. Comme une impression de déjà-vu, une sensation familière qui lui donnait des frissons sur la courbe de son dos. Puis, elle réalisa soudainement : le songe d’Hakiel… était le même que le sien. Nimüe en eut la confirmation quand il parla de la Voix, et de son murmure qui avait prononcé Ashara, tel la promesse d’un renouveau. Le teint de la fillette pâlit brusquement, alors que son ami terminait son récit enchanteur sur une pointe d’interrogation, ses yeux dorés animés d’un éclat vif qui s’ancra au cœur des prunelles rouges de la Bélua. « C’est bizarre, hein! Mais, dans cette forêt, je m’y sentais bien, en sécurité, un peu comme si je me trouvais à la maison… … Nimüe? T’as pas l’air bien, ça va? » La petite baissa les yeux sur la miche de pain de son assiette, troublée et confuse. Mais qu’est-ce ça signifiait? Lentement, elle entrouvrit les lèvres, chuchotant d’une voix tremblotante : « J-j’ai fait le même… » Avant que l’arrivée impromptue de l’Orisha ne l’interrompt sans crier gare.

1065 mots.

→ 2 pts de Charisme pour Nimüe.
Merci pour ce magnifique LDR :makmak:
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Mar 19 Juil 2016, 21:20


[LDR Bélua] Ashara, le murmure du Rêve-Argent Isaac12Isaac ouvrit lentement les yeux, se sortant difficilement du sommeil, fixant le plafond. Il était pourtant si bien dans ce rêve, si tranquille, si paisible. Il avait envie d’y retourner immédiatement. Il se tourna sur le côté, fermant les yeux. Mais il ne réussit pas à retrouver le sommeil, bien trop obsédé par son rêve, et puis, il n’arrivait jamais à se rendormir en temps normal, alors maintenant... Etrangement, son rêve ne se dissipa pas. Enfin, une partie si, pourtant, des brides lui revenaient en permanence en mémoire. Il se souvenait d’un endroit teinté d’argent, une rivière, une longue chevauché exaltante. Un endroit dans lequel il avait ressenti une étrange sérénité, et un calme soudain. Mais ce dont il se rappelait le plus, c’était :

« Ashara… Murmura-t-il »

Pourquoi ce mot ne cessait de tourner en boucle dans son esprit. C’était un mot que lui avait prononcé son père lorsqu’il avait dût partir pour ses douze ans réaliser son test. Un signe de bonne fortune, de travaille et de découverte. Des choses qui ne lui importaient pas vraiment au final. Il n’avait jamais été très à fond dans ses critères de clans, et de sélectivité. C’était à cause de ça que sa mère avait fini par partir. Si ses coutumes n’avaient pas été aussi ancrées dans leur vie, cette foutue fierté, elle ne serait pas parti. Le Bélua secoua la tête, rejetant ses mauvaises idées au fond de son esprit. Ce n’était pas le moment de penser à ça. Il se leva, et s’habilla. Il attrapa son sac, et sortit de sa chambre qu’il avait louée pour la nuit. Le jour commençait à peine à se lever, et tout était calme en bas.
Il prit un petit déjeuner assez consistant, ne se privant pas de nourriture. A ce moment, il entendit d’autres personnes descendre. C’était deux hommes, qui s’assirent à une table non loin, discutant d’un sujet, auquel Isaac ne prêta aucune attention. Jusqu’au moment où il entendit le mot Ashara. Relevant la tête vers eux, il se leva, assiette en main, et s’assit à la table des deux hommes qui lui lancèrent un regard surpris.

« Dites-moi, vous êtes des Béluas, pas vrai ? Vous aussi vous avez fait ce rêve bizarre avec de l’argent partout, et ce mot qui se répète, Ashara ?

- Excuse-nous, mais t’es qui au juste ?

- Isaac, un Bélua comme vous, répondit l’intéressé. Et sinon vous pouvez m’en dire un peu plus ? »

La plupart des membres de sa race le rejetait lorsqu’ils étaient au courant de ce qu’il était. Ou plutôt ce qu’il avait eu. Tout comme sa mère, il avait eu le Vaakum, mais, plutôt que de le rendre Humain, cette maladie l’avait simplement vidé de son énergie, et il était devenu un Bélua bien plus bas que les plus faibles. Il se moquait bien de ce que pensait les autres, mais c’était fatiguant de toujours être rejeté.

«Ce dont on rêve ne concerne pas un inconnu, salut, rétorqua un des hommes »


Ayant eu sa confirmation, Isaac se leva, et retourna à sa table, terminant son petit-déjeuner. Alors comme ça, il n’était pas le seul à avoir fait ce rêve. Cela voulait bien dire quelque chose non ? Etait-ce un signe de Phoebe ? Après tout ce qui s’était passé, la guerre contre les Alfar, et la destruction de leur cité, avait-il enfin un signe de la part de leur Déesse de bonne fortune ? Devait-il interpréter cette voix comme telle ? Ou seulement penser à une coïncidence ? Non, cela ne pouvait pas en être une. C’était impossible. Trois Béluas qui faisaient le même rêve… Forcément un signe de leur Déesse. Et puis, ce rêve était si calme, si tranquille, avec cette rivière qui descendait des montagnes, ce chemin qu’il suivait à travers la forêt. Ces racines démesurées qui avaient envahi les alentours de son lit, et cette voix, si douce et agréable… Ce n’était pas un rêve comme les autres. Il sortit une carte du continent de son sac. Il chercha un endroit qui pourrait convenir, mais ne trouva rien de semblable. Peut-être que s’il retournait au rocher au clair de lune, il trouverait quelque chose, avec les autres Béluas qui étaient resté là-bas.

Sortant de l’auberge, il grimpa sur le cheval qui l’accompagnait depuis quelques temps, et le talonna, partant au trot. Il n’était pas loin de sa terre natale, et ne mit que trois jours pour l’atteindre. Là-bas, il vit un rassemblement des membres de sa race. N’ayant rien contre eux, il se mêla à la foule, discutant avec les autres. Ils avaient tous fait le même rêve. Certains croyaient la même chose que lui : que c’était sûrement un signe de leur Déesse. Mais d’autres étaient plus dubitatifs. Ils pensaient qu’elle les avait abandonnées. Etait-ce la vérité ? Isaac ne savait pas vraiment, mais il fallait dire qu’il ne se posait pas vraiment la question. Il faisait comme toujours, il suivait ce que son instinct lui dictait. De ce qu’il avait appris, personne ne savait où se trouvait l’endroit qu’ils avaient tous vu. Certains commençaient même à croire que ce n’était qu’un simple rêve, étrange certes, mais un rêve quand même. Isaac ne se laissait pas convaincre, malgré les jours qui s’écoulaient. Il était persuadé que quelque chose se trouvait forcément au bout, et, de toute façon, bien trop têtu pour abandonner aussi facilement.

Le Bélua s’était joint à un petit groupe des siens, ne cessant de faire des recherches un peu partout. Leur peuple s’était plus ou moins organisé pour faire des recherches ciblées. Ils avaient été assignés au territoire du nord. Plus le temps passait, et plus ils s’éloignaient du rocher au clair de lune. Ils se demandaient combien de temps encore ils allaient devoir continuer jusqu’au nord. Mais ils continuaient, inlassablement. Leur chevauché dura longtemps, jusqu’à atteindre les montagnes de l’Eldelweiss, jusqu’à monter au sommet de leur cime malgré le froid glacial. Certains finirent par rebrousser chemin, pas assez fort pour tenir le rythme, ni la force mentale pour rester persuadée que ce qu’ils avaient vu n’était autre qu’un rêve. Isaac, lui, ne faisait pas partie de ceux-là. Il voulait absolument que ce qu’ils avaient vu soit réel. Il ignorait pourquoi cela lui tenait tant à cœur, mais il continuait. Peut-être était-ce parce qu’il n’avait pas d’objectif fixe dans la vie, vagabondant seulement sur les terres sans but. Personne ne pouvait être sans but bien longtemps. Cela finissait par rendre dingue. Mais il fallait déjà s’en trouver un, et un de bien.

Alors qu’ils étaient assis au coin du feu, les trois personnes, lui comprit, qui formaient leur groupe, mangeaient tranquillement. Enfin, c’est ce que pensait le léopard, mais les deux autres ne cessaient de se lancer des regards, revenant ensuite vers lui, semblant hésité. Soupirant, Isaac posa sa gourde, et les regarda.

« Bon, vous allez me dire ce qui va pas ? lança-t-il

- Eh bien… commença l’un d’entre eux. Désolé de te faire ça, mais on… On laisse tomber »

En apprenant la nouvelle, Isaac les fusilla du regard, et bondit sur ses pieds.

« On est prêt du but ! J’en suis sûr ! C’est vraiment pas le moment de laisser tomber ! S’exclama-t-il »

Mais, malgré ses protestations, les deux autres Béluas partirent le lendemain, le laissant seul. Agacé par leur manque de ténacité, Isaac fit en sorte de les oublier rapidement, et se remit en route, seul. D’autres groupes étaient également partis au nord, comme lui. L’un d’entre eux finirait bien par trouver ce qu’ils cherchaient.

Alors que la journée tirait vers sa fin, Isaac eut une impression de déjà-vu. Il se trouvait dans une forêt, entouré par les hautes cimes des montagnes. Soudain, un craquement se fit entendre, et un bloc de glace se fissura, glissant le long de la falaise, entrainant des pierres et de la neige dans sa chute. Courant pour se réfugier en dehors de la trajectoire du glacier, il manqua de se faire faucher par un arbre, mais l’évita in extremis. Soupirant de soulagement, il se retourna, se demandant ce qui avait bien pu provoquer ça. Mais, à peine fut-il remit de sa surprise, qu’autre chose arriva. Une barrière de roche s’arrêta net, ébranlant les arbres, et le sol. Petit à petit, un ruisseau se forma, jusqu’à créer un début de lac en contrebas. Un sourire illumina le visage d’Isaac tendit qu’il s’avançait dans ce qui semblait être un nouveau territoire. Certains avaient perdus la foi en Phoebe, mais ce miracle ne faisait qu’augmenter la sienne. Leur Déesse leur avait fabriqué un nouvel endroit pour pouvoir vivre, il en était sûr. C’était à eux d’en prendre soin désormais.

Un peu plus loin, le Bélua vit que d’autres membres de sa race avaient assisté au spectacle. Habité par une joie immense, Isaac voulut les rejoindre, pour fêter la nouvelle avec eux, mais il sentit que sa part animal faisait des siennes. Sans qu’il puisse faire grand-chose, il se transforma en léopard. L’animal, effrayé par la foule, fit demi-tour, et s’enfonça dans la forêt, laissant derrière lui le spectacle auquel il venait d’assister. En un sens, le jeune homme sentait que sa place n’était pas ici, pas encore. Peut-être qu’un jour, il serait prêt à revenir parmi les siens. Lorsqu’il serait devenu plus fort, et enfin considérer comme un Réceptacle, et non pas un moins que rien.


1563 mots

Gain: 3 point d'agilité et 1 en force pour Isaac compagnon niveau 0
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[LDR Bélua] Ashara, le murmure du Rêve-Argent

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