Sur les dock, un planche de bois avait été vaguement posée sur plusieurs tonneaux. De ces fût sortait de la bière qu'un tavernier distribuait à ceux ayant une soif à étancher. Protégé du soleil et de la chaleur par une sorte de parasol en paille et en feuilles, des chaises avaient été disposés autour de ce bar de fortune. Wrath, un chiffon noué sur la tête, n'avait pour habit que ses chaussures ouvertes et son pantalon large. Assit là depuis un moment, presque une heure, le serveur lui dit « Eh bien, vous devez être le chouchou des chefs ! », « Hein ? », « C'est rare les gars qui peuvent prendre de si longues pauses ! », « Ouais. Nan j'ai fini la journée, j'étais que du matin. Je suis juste un peu fatigué. » En réalité il bossait sur les docks assez clandestinement. Son but n'était pas de gagner des sous, son but était de savoir quel genre d'information transitait entre les dockers. Depuis la mise à mal d'une cargaison destinée à l'expansion financière des Barons, Wrath avait la crainte de voir une riposte plutôt salée. En effet, ils avaient réduit la milice réprouvée à néant, avaient constitué leurs propres lois et puis, au final, appauvrissaient les gens pour s'engraisser un peu plus chaque jour. Il s'étaient fait construire un vrai palais où ils vivaient à plusieurs, un peu à l'extérieur de la ville. Mais le type ne trouvait pas ça normal. Le gouvernement était particulièrement efficace et disponible, à n'en point douter mais Volen étant un homme occupé, il avait du mal à œuvrer sur tous les plans. Des rumeurs disaient qu'Erza serait la favorite pour le trône, mais personne n'en savait vraiment rien. Elle était la fille du célèbre monarque Zéleph et il paraissait assez normal qu'elle reprenne les rennes après toutes ses années.
Du coup, dans tout ce fourbis politique, Wrath s'était porté volontaire pour prendre en charge le cas des Barons et la menace qu'ils impliquaient. Bien qu'il faisait des rapports très détaillés à des supérieurs direct, il n'était jamais entravé dans ce qu'il exécutait. Il annonçait toutes ses actions, aussi anticipées soient-elles, de manière à ne prendre surprendre le gouvernement.
Ainsi, cela faisait plusieurs jours, même semaines, qu'il était en une sorte de mission d'infiltration. Il allait à divers endroits de la ville, il travaillait dans plusieurs bâtiments qui voyait passer du monde... Son but était de récolter des informations. Pour le moment, il aurait aimé retrouver la fille qui les avait aidé à mettre le feu à la cargaison. Elle avait été d'une aide précieuse et seule elle pouvait l'aider dans l'anéantissement des trois têtes. Seulement, il avait eu beau la chercher, aucun moyen de la retrouver.
Pour le moment, les gens étaient trop faibles, au bout du rouleau, pour pouvoir monter une coalition. Il était seul.

Le type du bar ne l'embêta pas plus, le laissant boire sa bière au chaud, sous le parasol en feuilles. Wrath regardait tout le monde : ceux qui marchaient, ceux qui parlaient, ceux qui tiraient des cordes... Il aurait aimé voir quelque chose de louche, mais rien. C'était une vraie perte de temps ! Au bout de dix minutes il paya le barman, se leva et partit, enlevant le chiffon qu'il avait sur les cheveux. Ca allait être une rude épreuve. Comment toucher l'intouchable ? Mettre feu au domaine ne suffira pas, tout comme les menacer. Il faudrait quelque chose de plus grand. Le sabotage était une bonne idée. Leur montrer qu'ils n'avaient pas leur place en maltraitant leur milice, en les harcelant de cadavres de leurs propres compatriotes, en leur faisant comprendre qu'ils n'étaient pas le bienvenue mais, le revers de la médaille pourrait être costaud... Car s'ils décident de semer encore plus la terreur, d'être tyrannique et de réduire la ville en esclavage après tout, il pourrait. Non, ce qu'il restait, c'était l'attaque frontale. Leur envoyer les indices d'une menace, leur faire peur, puis leur tomber dessus. Seulement pour ça il avait besoin des hommes du gouvernement. Surement qu'en parlant à Erza qui était l'actuelle sentinelle de la Révolte...

Il réfléchissait un peu trop. Erza n'était pas un bon partit pour la première manche, il fallait quelque chose de plus discret de plus meurtrier... Plus assassin. Les Réprouvés étaient connu pour leur tempérament de guerriers, de combattants. C'était des machines de guerre. Personne ne soupçonnait qu'en leur sein ils recelaient de la pire des engeances, capables d'ôter la vie à tout ce qui l'entoure.
L'ancien Déchu rentrant dans l'auberge où il avait une chambre, pour se poser à une table lui servant de pupitre. Ayant acheté un nécessaire d'écriture, il commença à rédiger un mot, à l'intention de Zel'Tika, la Dame de la Solitude. Il appréciait beaucoup cette femme... Elle combinait la froideur de la mort et la chaleur de son peuple. Elle connaissait l'abandon et donc, pouvait se targuer de connaitre la convivialité. Elle entretenait une dualité qui plaisait au Réprouvé.
Ainsi, les mots s'écrivirent tant bien que mal, n'ayant jamais été un grand érudit de ce côté là. Il lui posait des questions, lui demandant son aide précieuse, la suppliant de lui apporter ses grâces. Si certains pouvaient penser qu'il en faisait trop, à travers ses mots était gravée la sincérité d'un homme.
Le vélin partit dans une magie éclatante.

Wrath décida de rester boire où il était. Traversant un couloir pour se retrouver dans la taverne, mitoyenne à l'auberge, il prit place à une table où il connaissait du monde. Il passa l'après-midi là, sans rien apprendre de plus que 'le travail ça fatigue' et 'j'ai pris des coups de soleil'.
Lorsque le soleil pointa, le lendemain matin, une lettre rayonnait sur le bureau de sa chambre. Prenant le temps de se réveiller, il se leva pour aller lire la réponse de la Sentinelle. Elle le remerciait de ses services, et lui offrait 'la pierre de la Solitude'. C'était une pierre magique qui, une fois activée, faisait mourir tout dans un périmètre bien assez grand pour englober la villa des seigneurs. Elle le mettait cependant en garde : son utilisation était unique et, en plus, elle ne l'épargnerait pas car La Solitude ne différencie pas le Bien du Mal, elle prend tout ce qu'ils laissent. Le Réprouvé brûla alors le parchemin et garda la pierre dans une poche bien hermétique. Il ne lui manquait plus que d'entrer dans cette maison et faire exploser le cœur de ces hommes. Mais il y avait un problème... Ces Barons étaient bien plus fort que lui...

Le type retourna travailler au port. Sur les docks il déchargea des caisses, fit attention, comme d'habitude, à tout ce qu'il voyait ou faisait... Un nouveau bateau arriva d'ailleurs en gare. Plusieurs personnes, des civils, en descendirent. Ils étaient particulièrement bien habillés et bien coiffés. Dans le lot, une femme à la chevelure châtain, les cheveux très fins et volubiles... Plissant les yeux, son oeil valide cru reconnaitre la fameuse jeune femme qu'il avait tant cherché les dernières semaines. Son seul souvenir d'elle : ses yeux. Etant trop loin, il ne pu distinctement la voir. Leur but était d'attendre que tous soient descendu pour porter leurs bagages et les leur amener.
Si certaines ne se refusèrent pas de scruter les dockers torse nu qui attendaient de pouvoir travailler, la fille, elle, resta très pudique, ne tournant par la tête par respect. Ca se voyait dans ses manières, dans son comportement, elle avait été élevée dans l'aristocratie.

Lorsque le chef donna l'ordre de monter à bord, le type s'arrangea pour prendre les bagages de la dame. Il les reconnu rapidement, car ils étaient en adéquation avec son style. Sur le ponton, il les déposa près d'elle « Je vous remercie beaucoup... Bon courage à vous pour votre dur labeur. » Lorsqu'il leva les yeux vers elle, il croisa les siens, vairons « Merci beaucoup ma Dame. Permettez moi une question... », « Bien sûr. » Il baissa la voix « Etes-vous celle qui nous a aidé à saboter la cargaison de thé ? », « Je... » Elle se figea « N'ayez crainte. J'ai besoin de vous. Vous avez l'air de connaitre les Barons mieux que nous tous réunis. Si nous voulons les défaire, vous nous serez d'une importance capitale... » Elle resta muette quelques secondes avant de dire, dans un murmure « Retrouvez moi ici, à la mi-nuit. » Il hocha la tête, la laissant partir.

Le Réprouvé fut au rendez-vous, à l'heure. Dans une grande cape noire, à capuche, la jeune femme vint le retrouver « Bonsoir... », « Merci d'être venue. », « Je ne peux pas rester. Je n'ai pas tant d'informations que cela sur les Barons. J'ai su par hasard pour la cargaison et... », « J'ai ma petite idée sur qui vous êtes... Mais j'aurai besoin de vous. Je sais que vous pouvez entrer dans la villa. », « Je... », « Ne vous justifiez pas. Je ne veux pas qui vous arrive malheur, je veux simplement que vous me fassiez entrer. », « Il... y a des mercenaires partout. », « N'y a-t-il pas d'entrée dérobée... ? », « Peut-être... Mais que devez vous faire ? Je peux le faire à votre place. » Wrath dégagea de sa poche la petite pierre « Il faudrait que vous posiez cela sur le bureau d'un des Barons, dans la villa. », « C'est tout ? », « C'est tout. », « Très bien. Je vais le faire. » Elle enfouie l'objet dans sa poche en disant « A quoi cela servira ? », « A recueillir quelques informations disons. De ce fait, vous n'aurez pas besoin de vous mettre en danger. », « Je vois... », « Pouvons-nous nous voir demain ? », « Je vais en ville donc oui... Je suppose... », « Je fini à midi, laissez moi vous inviter pour le service rendu. », « Oh... C'est gentils... Disons demain à midi alors... » Les deux se quittèrent alors. Wrath fit en sorte de ne pas l'exposer au pouvoir de la pierre. Seule lui avait le don de l'activer, et il ne voulait pas mettre cette petite au danger.

Lorsqu'elle partit, il la suivit par les airs, caché sur les toits de la ville, avant de la voir s'en aller dans le chemin menant à la villa. Pour lui, elle était la fille d'un des barons.
Lorsqu'elle passa la porte d'entrée, il vit plusieurs pièces s'allumer avant de les voir s'éteindre ensuite une par une. Elle venait de poser la pierre, c'était sûr. Sûr et pourtant...
Il ne pu s'empêcher d'aller vérifier. Volant jusqu'à la dernière fenêtre où elle était allée, il l'ouvrir en défonçant le loquet, lui permettant d'entrer. Ouvrant les tiroirs du bureau, il remarqua en effet la pierre « Il y a quelqu'un ? » Il se figea, repartant vers la fenêtre ouverte « Oui c'est moi, désolée de vous avoir fait peur. J'ai eu une insomnie, je retourne me coucher. », « Bien, bonne nuit mademoiselle. » Mais le discours n'eut pas le temps de finir que le réprouvé était déjà loin dans les airs.

Le lendemain il retrouva la petites aux yeux bicolores. Passant plus d'une heure avec elle, il lui proposa de la ramener. Un peu gênée, elle ne pu refuser et ensemble, remontèrent le chemin menant au grand manoir « Ce n'est pas facile d'habiter ici... », « Ils sont dur avec vous ? », « On peut dire ça... » Arrivé au portail, elle se tourna vers lui « Eh bien... », « J'espère qu'ils ne vous attendent pas de pied ferme. Ils sortent de temps en temps ? », « Non, ils sont plutôt... Acharnés. Ils travaillent dans leur bureau. » Wrath hocha la tête « Bien je ne vous retiens pas plus. », « Pas de problème je... » Dès qu'elle prononça cette phrase il murmura « Zor'tiik. », « Pardon ? » Mais un tremblement retentit. Lorsqu'ils tournèrent leurs yeux vers la demeure, celle-ci commençait à se nécroser. Les murs noircirent, se zébrant de fissures et les plantes fanèrent. La terre devint cendre et, avant que cela n'arrive à eux, Wrath attrapa la minette pour courir dans la direction opposée. Sur un bon kilomètre il ne se retourna pas, préférant mettre de la distance. De loin, la maison était une ruine branlante prête à s'écrouler au moindre coup de vent. La fille paniqua. Dès que tout se calma, elle courut vers la bâtisse et entra dans celle-ci. La porte se réduisit en poussière et les murs vibrèrent. Le Réprouvé, toujours alerte, l'attrapa rapidement au vol quand tout tomba « J... J'y crois pas... Non... »

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