Wrath n'arrivait pas à savoir si les Barons étaient morts ou pas. Revenu à Stenfek, il avait laissé la jeune fille livrée à elle-même, pour avertir ses supérieurs le plus rapidement possible. La Révolte ne lui avait rien dit de plus, prenant ses informations mais ne lui divulguant rien. Cependant, le Réprouvé était assis entre deux chaises. Il ne savait pas exactement quoi faire, s'il devait retourner au domaine pour vérifier, s'il devait attendre en rentrant chez lui, à Mégido, ou s'il devait prendre des initiatives et essayer de reconstruire une milice en ville. En réalité, il était un peu perdu. De plus, il trouvait son supérieur bien embêté... Celui-ci lui avait à peine parlé et il n'était même pas sûr qu'il l'ait vraiment écouté en réalité.
Erza, la fille de Zéleph, l'ancien souverain, était passée Reine entre temps. Le peuple avait célébré la passation de trône dans une nuit de ouailles et victuailles mais Wrath avait autre chose à penser pour se laisser aller de la sorte. Et puis franchement, dans ce genre de cas, il préférait être dans les bras de sa femme, qu'il n'avait pas vu depuis des semaines entières, que de boire comme un sac dans une taverne.

Plongé dans ses pensées, il fut réveillé par deux Réprouvés s'asseyant en face de lui « Ca va frère ? T'as l'air ailleurs », « B'soir les gars. Ouais, pas mal de trucs me tracassent ces derniers temps. », « Comme ? », « Trucs politiques. J'sais pas, je trouve le gouvernement vachement agité, pas vous ? » Ils haussèrent les épaules « J'te signale qu'y a que toi qui fréquente les grands. Nous on gratte la m*rde. », « Dites pas ça... On est tous pareil... », « Crois pas qu'on  est jaloux, on s'en fout, on est juste... Réalistes. », « Tss... Bon, votre journée, comment c'était ? » Les trois hommes se mirent à parler, postés dans une des tavernes de la capitale.

Lorsqu'il rentra à son auberge et monta dans sa chambre, l'homme vit une lettre sur son lit. La fenêtre était ouverte, les rideaux volaient au vent et la lune éclairait une bonne partie de la pièce. Refermant le tout en regardant un peu partout, il fini par s'asseoir sur sa couche, lisant le vélin. L'écriture était un peu hasardeuse, il n'y avait pas de cachet et le papier était d'assez mauvais facture. Un mot comme ça et, pourtant, un mot qui lui laissait de précieux indices. Il parlait de la guerre des Anges et des Démons. Wrath n'avait entendu, qu'à ce sujet, des rumeurs en réalité. Il n'avait même pas essayé d'en savoir plus car, pour lui, les Anges et les Démons étaient constamment en guerre en réalité. Il ne voyait pas ce que ça changeait... De l'affrontement massif ? Peut-être et alors ? Même les Réprouvés avaient subit des horreurs et, à ce qu'il se souvienne, personne ne les avait aidé. Jetant le vélin à même le sol, délaissant cette guerre qui n'était pas la sienne, il partit se débarbouiller dans la salle d'eau.

Le lendemain, il se réveilla à l'aube. En bas, ça s'agitait plutôt bruyamment. Décidant de se mêler un peu à l'attraction qui excitait le peuple, il se dépêcha de se préparer. En vidant la chambre, il ne retrouva pas la lettre de la veille. Laissant ça là, il descendit rapidement pour venir voir ses deux amis de la veille « Que se passe-t-il ? », « Je sais pas trop... y a des soucis on dirait... Ca parle de la guerre... Guerre de qui déjà ? », « Des Anges et des Démons ? », « Ouais je crois. T'es au courant ? », « Ouais... Vaguement... » Wrath sortit de là, remontant les rues de la ville à grandes enjambées. Arrivé à la forteresse des Sentinelles, il essaya de trouver une des Vigies « Révolte ? », « Bonjour Wrath. Révolte n'est pas là. Il se trouve en ville... T'a-t-il convoqué ? », « Bonjour Zel'Tika. Non, je suis venu de mon gré. J'ai reçu une missive assez alarmante la veille, et j'aurai aimé m'entretenir avec lui. L'armée des Anges et des Démons ne fait qu'avancer et si nous ne les interceptons pas, elle va arriver à nos portes... », « Je vois que tu es bien informé... En effet, mais si tu veux te joindre à nous, je t'invite à te joindre aux missionnés. Nous recrutons des gens pour essayer d'arrêter ceux au sol. Il faut poser des pièges et les ralentir à tout prix. Vas sur la place, tu trouveras Révolte. Dis lui que tu t'occupes de diriger un des groupes de volontaires... », « Bien, je vous remercie infiniment. » Le Réprouvé couru jusqu'au lieu de ralliement, là où il y avait, en effet, énormément de monde.

Jouant des coudes, il se fraya un passage jusqu'à son supérieur, le hélant comme il pouvait. Le bruit était tonitruant et il était difficile de se faire entendre correctement. Une fois non loin de lui, il hurla son nom, le faisant enfin tourner la tête « Bordel.. WRATH ! » Les gens s'écartèrent et l'ancien déchu pu enfin faire face à son supérieur « Je vous cherchais... Ouf... » L'homme essayait de reprendre son souffle correctement avant de dire « Je vais... Je me porte volontaire pour prendre le commandement d'un des groupes de volontaires. Je sais que les nôtres sont difficiles à maitriser s'ils ne sont pas guidés un minimum... », « Oh mon dieu... Merci, j'avais grand besoin d'entendre ça. Bien tu prendras eux... » Il lui donna une liste de nom en Zul'dov « Et tu vas les faire marcher jusqu'au nord. Là-bas, il faudra recouvrir le sol de pièges en tout genre. Nous savons que nous avons peu de temps avant que les Anges ne repèrent notre intervention mais si nous arrivons à piéger magiquement les endroits où ils marchent, nous pourront les annihiler avant qu'ils n'atteignent la ville. », « Bien. » Il prit les parchemins ainsi que la liste de noms et s'en alla vers un coin de la place pour appeler ses gaillards. En peu de temps les groupes furent formés et leurs membres répartit.

Wrath se mit en route avec sa quinzaine de gars. Si au début ils étaient bavards, sur le chemin, ils se turent naturellement « Quand on arrivera sur place, je ne veux plus entendre un son qui sort de votre bouche. » Le Réprouvé eu l'acquiescement de tout le monde pendant le trajet. Chacun avait deux parchemins magiques. Sur ordre du capitaine de groupe, ils se répartirent en ligne, de manière à en poser un chacun à une distance non négligeable. Chaque sort couvrait un rayon magique de cinq cent mètres, peut être un peu moins. Wrath surveilla le positionnement de ses hommes en les survolant et il les fit avancer de cette même manière, pour poser les seconds pièges beaucoup plus loin. Lorsque la zone fut quadrillée comme il le fallait, il descendit « Bien, nous devons rester à proximité pour attendre l'arriver des Anges et attester de l'efficacité des pièges. J'espère que vous avez pris des cartes, ça risque d'être un peu long.  » Et, en effet, ils attendirent plusieurs heures avant de voir des ailés atterrir sur la terre ferme. Si une partie sur volaient les pièges pour foncer vers la capitale, l'autre partie se posa au sol. La stratégie n'était pas mauvaise, la preuve, les Réprouvés y avaient pensé aussi, mais disons qu'ils auraient pu prévoir combien les tourmentés s'en méfieraient. Trop souvent ils furent impliqués dans leurs disputes, dans leurs guerres, alors qu'ils aspiraient juste à la paix. A ce qu'on leur foute la paix. Ici, ils voulaient se défendre quitte à, paradoxalement, attaquer les premiers. Les coups bas, ils allaient en user s'il le fallait.

Les pièges furent particulièrement efficaces. Il ne restait que de petits groupuscules d'Hommes debout. Les deux rangées de parchemins ne furent pas de trop et annihilèrent beaucoup de corps. Au moins, ça ferait déjà ça en moins « Ils sont moins d'une cinquantaine... Si nous les encerclons, peut-être qu'on pourra finir de les vaincre. Préparez vous à voler ! » Wrath donna le mouvement. Il s'éleva pour foncer vers les créatures immaculés. Plusieurs Réprouvés encerclaient la zone de survivants alors que le reste se mit au-dessus pour empêcher les Anges de prendre de la hauteur. Malgré leur contrôle de l'air, les ennemis n'arrivèrent que peu à déstabiliser les guerriers. Chacun se battait corps et âmes, désirant voir leur tête tomber sur le sol et leur sang souiller la terre des Orines. Ils étaient tous remplis de rage, de rancunes, d'affrontements, de règlements de compte. Ils voulaient en finir, faire en sorte que jamais ces rustres n'atteignent leur capitale, tout ce qu'ils ont battit de leurs mains finalement.
Mais les Anges étaient bien entrainés. Les pièges les ont pris au dépourvue et c'était sans compter leur sur-entrainement militaire. En effet, leurs lames filaient comme le vent et leur corps était particulièrement agile. Certains furent vite dépassés, se voyant trop lourds ou trop lents, alors que d'autres tenaient la route bien que difficilement. Seul Wrath arrivait au un contre un, à se battre équitablement. Le Réprouvé n'avait pas prévu d'affronter que des capitaines ou, du moins, des gens formés comme des capitaines. Il voyait ses gars faiblir sans avoir tués assez d'Anges. Lorsqu'il s'était élancé là-dedans, tous l'avaient suivit, appréciant de se mesurer à plus fort qu'eux. Mais là, ils étaient encore beaucoup trop et, même encerclés, ils restaient en position de force.

« ON DÉGAGE ! » Le Réprouvé s'envola immédiatement suite à un bond en arrière. Ses hommes firent pareil, élargissant la zone de combat. Galvanisés par cette retraite, les ailés les suivirent, cherchant à les harceler de leurs armes. Wrath fit avancer les siens, restant en arrière, créant un brouillard qui prit rapidement de l'ampleur. Ils gagnèrent un peu de temps quant à leur fuite vers la capitale. Avec la nuit qui arrivait, les Anges eurent du mal à voir dans quelle direction ils étaient réellement partit. Mais, pas bêtes pour autant, ils se dépêchèrent à leur tour de rejoindre Stenfek pour guetter l'armée.
Arrivé en ville, un des intendants accueillit le Réprouvé « Qu... », « Il faut que vous partiez immédiatement à Sceptelinôst. Normalement, vous n'auriez pas du rentrer. Personne ne sait si les Barons sont morts ou non et, dans le cas où ils ne le sont pas, il faut impérativement que vous soyez sur place. », « Mais... C'est la guerre ici ! », « Nous avons bien assez de soldats et de volontaires pour tenir le siège. Dépêchez-vous de retourner dans la cité corsaire, nous avons besoin de vous sur un autre front ! » Perplexe, l'ancien Déchu n'eut d'autres choix que de partir, sur ordre de la Révolte donc.

Là-bas, à Sceptelinôst, devant le travail qu'il n'avait plus, il décida de s'éternisé en taverne. L'ambiance n'avait rien à voir avec celle de Stenfek... Bien au contraire. Il dormit, récupéra bien, avant d'enchainer une nouvelle soirée, complètement ivre mort. Eh bien, c'était du joli le commandants d'aujourd'hui...

Mots : 1 905