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 L’œil de visée [Asche] | Métier - Rang I

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Jeu 14 Juil 2016, 13:55

L’œil de visée
« Un chasseur sachant chasser »

L’air de la montagne, le vent de la montagne, les chants de la montagne; il n’y avait rien de plus enchanteur et ravissant. Le froid avait beau nous ravager les lèvres et le bout des doigts, il n’en restait pas moins un maux des plus exquis une fois l’habitude marquant notre peau. À force de l’exposer à ces bourrasques du Nord, elle en devenait presque familière en fait. Je redressais la tête, prenant une grande inspiration, qui fit soulever ma poitrine, avant de tout relâcher, ravi et apaisé. Depuis que je me trouvais au cœur de ces sommets, perpétuellement exposés au froid de l’hiver, j’en avais oublié la majorité de mes soucis passés, comme si j’avais pris mon envol pour rejoindre ces pics enneigés, abandonnant tout ce que j’avais d’inquiétude et de tourment sur cette terre que je surplombais désormais. Je fermais les yeux, revoyant leur visage, leurs sourires et, d’une façon ou d’une autre, je me sentais apaisé par cela. La colère qui m’habitait autrefois semblait s’en être allée à des kilomètres à la ronde et, à présent, je pouvais contempler leurs images derrière mes paupières sans qu’elles me hantent ou m’accusent constamment. Lucie… Cyprilla… Vous n’avez jamais voulu de cette vengeance, n’est-ce pas? Je ne m’en rendais compte que maintenant, c’était incroyable… Douces et bienveillantes comme elles l’étaient, elles n’auraient jamais voulu que je me ravage comme j’avais failli le faire. Je l’avais compris récemment, mais le plus stupide, c’est que ça n’avait été que récemment.

« Eh Rashängen! Viens ici mon chien! » S’écria alors une voix non loin de moi et je me retournais doucement en direction de son propriétaire qui, emmitouflé dans des peaux, sifflait pour attirer l’attention de son ami à quatre pattes.

Je souris, contemplant mes deux compagnons d’un œil curieux et quelque peu envieux, avant de me détourner et de reprendre mes préparatifs sans plus me poser. Terminer la préparation de mon matériel ne me prit qu’une poignée de minutes et après avoir réchauffé mes mains en y relâchant quelques souffles chauds provenant de ma bouche, j’enfilais mes gants, tournant mon visage en direction de mon partenaire d’infortune du jour. Ce dernier, dos tourné, vissait son énorme capuche sur son crâne, fin prêt à débuter notre expédition en montagne.

« Tu n’as rien oublié? » Me posa-t-il en m’adressant un sourire sous les ombres que lui conférait son habit et que je perçus néanmoins grâce à l’altération subite de son menton et de ses pommettes.

Je vérifiais une dernière fois mon stock, à savoir ma fidèle claymore, l’arbalète qu’Ëm, mon compagnon, m’avait prêté le temps de la chasse ainsi que le carquois contenant les carreaux. Confirmant d’un hochement de la tête que rien ne manquait, il me fit signe de le suivre et sans perdre un instant, nous nous mîmes en chemin, précédés dans nos pas par le fidèle ami à quatre pattes de mon coéquipier qui, truffe dressée, reniflait frénétiquement les effluves qui se dispersaient dans les airs.

« Rashängen est le meilleur chien pisteur que je connaisse. Il est peut-être lent à la course à cause de sa grosseur, mais il possède un odorat incroyablement fin », se vanta-t-il en flattant brièvement la tête de l’animal.

Langue pendue, tête et queue relevées, avec son poil épais et dru qui tombait aussi bien sur le sol que devant ses yeux, Rashängen ressemblait plus à un chien de maisonnée qu’à un chien de chasse, le genre qui resterait au coin du feu juste devant les pieds de son maître alors que ce dernier siroterait un thé en lisant un bouquin. Cela dit, il me semblait voir dans les pupilles du canidé une joie fébrile de pouvoir profiter de l’extérieur. Peut-être me trompais-je, peut-être qu’Ëm avait raison après tout: voir Rashängen en action ne pouvait être que la seule solution pour dissiper mes doutes. En baissant brièvement mon regard vers l’arbalète que je tenais en main, je me surpris à penser qu’il n’était pas le seul à devoir faire ses preuves aujourd’hui.

« Asche! Reste aux aguets sinon, le gibier va te passer sous le nez! »

Je redressais la tête tout en la hochant, accrochant l’arbalète à ma ceinture avant de rejoindre mon compagnon de chasse sur l’un des sentiers de la montagne, lequel se faisait déjà longer par le chien pisteur, à la recherche d’une éventuelle proie à traquer et à tuer. Aplati par la circulation perpétuelle de caravanes, de bêtes et d’hommes, la neige, sur des longueurs diverses qui se perdaient au cœur des flancs du massif enneigé, se trouvait beaucoup plus épaisse que celle des alentours. Enfoncé par les passages incessants des grimpeurs de la contrée, le manteau blanc qui enveloppait ces terres avait finalement terminé par se creuser petit à petit, créant ainsi des sentiers, voire même quelques larges chemins opprimés par les charrettes marchandes et le martèlement de sabot des montures, un peu partout à travers la montagne. Inconsciemment, au fil des années, nous avions ainsi ébauché les premières lignes d’un réseau de sentiers à travers une partie des montagnes de l’Edelweiss, qui reliait les différents villages et cités qui se trouvaient tous à proximité les uns des autres. Questions politique et économique, ce réseau nous tirait de l’or quant aux perspectives d’entraide et de commerce entre nos différentes populations montagnardes. Également, c’est pourquoi se perdre en montagne était peu aisé une fois ces sentiers découverts, mais cela n’empêchait pas le fait qu’ils étaient particulièrement difficiles à trouver si nous n’avions pas l’œil exercé ou l’habitude de les emprunter: nombreux grimpeurs pourraient vous contez leurs mésaventures suite à un égarement, la neige, les pics et la toundra des montagnes étant beaucoup plus trompeurs que la plus sournoise des illusions, une fois perdu à l’intérieur.

Par chance, je faisais confiance en ma mémoire et en celle de mon partenaire. À force d’exploiter toutes les occasions qui m’étaient offertes par la Marche pour explorer les cols et les massifs enneigés de cette contrée, j’avais fini par apprendre – avec plus de moins que de plus – la géographie de la région. Je ne pouvais moi-même m’appeler un montagnard parfait, au point de dire que je connaisse tous les rochers, tous les sommets, tous les arbres qui nous entouraient. Mais pour le peu de savoir que je détenais, je présumais que cela suffisait à ma personne pour ne pas me perdre à travers ce dédale de glace et de neige éternelle. Et pour cela, je pouvais remercier l’aide et la patience de Désirée, l’Oréade que j’avais rencontré le jour de mon arrivée à Ciel-Ouvert et qui, depuis, se faisait un plaisir de me guider ici et là à travers les montagnes du Nord.

C’était peut-être grâce à mes connaissances du terrain que je me retrouvais dans cette situation… Après tout, traquer et chasser n’avaient jamais été une véritable vocation, dans le sens où je n’y avais jamais réfléchis comme tel. Dans mon cas, je m’étais toujours imaginé travailler en tant que soldat pour mon armée, pour mon peuple, croyant y créer une certaine différence pour celui-ci… Aujourd’hui, même si les différences escomptées ne pouvaient se compter que sur les doigts d’une main entre le moment où j’avais commencé mon service et celui où j’avais déserté l’armée, je comprenais que la voie que j’avais empruntée depuis tout ce temps n’était peut-être pas la bonne et, comparativement à un certain Orisha aux yeux céladons, je profiterai de toutes les opportunités pour choisir une nouvelle voie à embrasser. Et elles ne manquaient pas ici, faisant foisonner dans mon esprit mille perspectives, car si la chasse ne m’était jamais apparue comme une possibilité à mon futur, aujourd’hui, je devais admettre qu’elle m’attirait plus que je ne l’aurais cru au départ. Puis, de toute façon, tant que je me retrouvais en montagne, il me semblait que je serais prêt à faire n’importe quoi. Je me sentais si bien au milieu de tous ces sommets, de toute cette neige et ce vent, même s’il était particulièrement frigorifiant.

C’est pourquoi une fois la chasse démarrée, je ne pouvais m’empêcher de me concentrer au maximum, ma main tripotant le bois de mon arbalète. Rashängen en tête, Ëm le suivant de près, j’observais leur façon de faire à tous les deux, cherchant à assimiler les gestes du Marcheur. Petit et svelte, il se fondait bien dans le décor, pouvait se cacher aisément à travers les broussailles et les arbres du plateau. Malheureusement, je n’étais pas bâti de cette façon, mon corps à moi étant beaucoup plus massif que fin. Pourtant, j’étais persuadé de pouvoir faire ce qu’Ëm faisait par lui-même malgré la différence de notre acabit.

« Psst! Viens voir ce que Rashängen vient de nous trouver… » M’interpella soudainement Ëm en chuchotant.

Je tournais mon regard dans la direction indiquée, notant alors la présence d’un grand orignal. Le gibier tendait son cou pour atteindre les branches d’un sapin, sa mâchoire se refermant sèchement sur les aiguilles molles du conifère. Il ne semblait pas avoir remarqué notre présence et, sans émettre de gestes brusques, je rejoignis mon partenaire pour me cacher derrière un amas de végétation derrière lequel nous étions plus ou moins camouflés.

« C’est une belle bête… » Admis-je.

Patiemment, nous observâmes l’animal. Puis, Ëm me fit signe de prendre mon arbalète, ce que je fis le plus rapidement possible en plaçant l’un des carreaux sur l’arme. Je relevais l’arbalète devant mon visage, mettant en joue l’orignal. Mon doigt restait ferme sur la détente et j’étais prêt à décocher le projectile quand la main d’Ëm vint m’arrêter subitement.

« Pas comme ça… Me dit-il en mimant la position la plus convenable pour ce genre de tir. Comme ça. Baisse un peu plus tes épaules… Oui, voilà. Maintenant… »

M’aidant à me positionner correctement, je pouvais sentir aux gestes qu’il esquissait qu’Ëm n’était clairement pas à sa première chasse et que des débutants comme moi, il en avait vu passé des dizaines. Son visage était sérieux et doux à la fois, son regard se braquant dans les miens sans se détourner un instant. J’étais captivé par les mouvements qu’il dessinait dans l’air et suite à ses directives, je parvins à me placer en une position plus ou moins acceptable pour les circonstances actuelles. Satisfait, il hocha de la tête, reculant d’un pas pour me laisser tout l’espace nécessaire à mon prochain mouvement.

« N’oublie pas: fermes un œil, braque ton œil de visée sur ta proie, et tire. »

Je clos ma paupière gauche, ne lâchant plus ma cible du regard.

« Détends-toi. Tu es trop tendu et tu as encore levé les épaules: relâche-les. »

Ça me rendait nerveux tout ça, même en suivant ses conseils à la lettre.

« Bien. Essais maintenant. »

Je me concentrais sur ma cible qui broutait encore dans le feuillage de l’arbre. Sa tête se dodelinait au rythme de ses mâchouillements.

« N’attends pas trop longtemps ou les risques qu’il nous remarque s’en verront multiplié. »

Comme si je n’avais pas déjà suffisamment de pression… Je pris une grande inspiration avant de viser, comme il me l’avait appris, avant de peser sur la gâchette, qui lança aussitôt le projectile. Le carreau fendit le feuillage dans lequel nous nous cachions, filant droit sur la tête de l’animal. J’étais optimiste les premières secondes, jusqu’à ce qu’Ëm intervienne.

« Pas mal pour un débutant… Mais tu ne l’auras pas. »

Et la suite des événements lui donna raison, le carreau venant se figer droit dans le tronc de l’arbre. Cette apparition violente et soudaine eut tôt fait d’effrayer la bête, qui détala rapidement dans les bois, le bruit de ses sabots s’enfonçant dans la neige se perdant à travers son cri terrorisé. Abaissant mon arme, je poussais un soupir.

« Désolé… Je nous aie fait perdre une belle prise… Tu aurais dû prendre l’arbalète.

- Ne t’en fais pas! On ne vient que de commencer, Asche! Il y a encore bien des bêtes au cœur de ces montagnes et crois-moi, nous ne reviendrons pas bredouille à Ciel-Ouvert. »

Le Marcheur posa une main sur mon épaule et à ce geste, je me retournais vers lui, ses yeux rencontrant les miens presque dans l’immédiat.

« Puis, si ça t’intéresse, je peux t’entraîner aux rudiments de la chasse. En tant que Marcheur, il me semble que c’est une connaissance à ne pas négliger, puisqu’elle s’avère très pratique et en plus, nombreux sont les villages avec qui nous échangeons quelques viandes et fourrure. C’est de la survie, mais aussi un moyen de se faire un peu d’argent, autre que par la Marche. Je ne suis peut-être pas le meilleur des professeurs, mais je saurai te guider. »

Mes paupières se mirent à battre rapidement, alors que ses paroles faisaient chemin jusqu’à mon ouïe. Et à une telle offre, je ne pus m’empêcher de sourire, visiblement ravi.

« Tu m’entraînerais?

- Seulement si tu le veux. »

Je n’avais pas besoin de considérer plus longtemps sa proposition. Lui tendant l’une de mes mains gantées, je tentais de lui communiquer toute la reconnaissance que je pouvais ressentir à son égard dans ce simple geste. Ma main dans la sienne, nous nous échangeâmes une forte poignée de mains, comme pour sceller ce nouveau partenariat.

« Fais de moi un Chasseur et un Marcheur aussi doué que toi. »

Et comme pour affirmer mes dires, Rashängen jappa, sa queue venant fouetter l’air de par son enthousiasme.

À moins qu’il venait de repérer la position d’une nouvelle proie?


2 240 mots



L’œil de visée [Asche] | Métier - Rang I Signat16
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