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 Oh oh où es-tu trésor ? [Quête - Solo]

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Jeu 14 Juil 2016, 03:18


Partir de la forêt des murmures. Quelle folie pour un jeune Alfar comme moi. Même pas son premier centenaire et déjà parti à l’aventure. Il faut dire que je n’avais même pas atteint mon dixième anniversaire que déjà je vivais seul. Avoir des parents considérés comme des ratés, et en assumer la responsabilité en tant que leur progéniture, c’est dur. On ne peut avoir de confiance en soi. Elle est détruite à coup de regards distants, de gestes menaçants, d’insultes blessantes. C’est pourquoi ce fut la meilleure décision pour moi que de quitte le nid familial pour aller vivre seul et m’instruire par ma propre rigueur, puis quitter complètement ma ville natale et le territoire m’ayant vu grandir et mûrir.

*C’était le bon choix. La vie ne m’offrait plus rien. Mon développement stagnait.*

Essayait-il de se convaincre lui-même ? Ou peut-être était-il déjà en réminiscence et en regret par rapport à sa naissance. De toute façon, il était maintenant investi dans son exploration du monde.
Un lourd tissu noir empoussiéré me recouvrait de la tête aux épaules. Mon manteau fraîchement subtilisé au marché de Lenaewen. La capuche relevée, ma tignasse me cachant un œil, l’autre bien découvert et brûlant le paysage de sa froideur bleutée, je laissais le soleil percée ma vision sensible à mesure que l’horizon s’ouvrait à moi. Le manteau ouvert et claquant au vent, je sentais la brise traverser la mince membrane de ma camisole pourpre, la taille beaucoup trop grande pour moi, s’agitant et venant caresser ma mince silhouette au gré de sa danse. La nature n’était pas calme aujourd’hui. Une branche éclata sous le pas de mon pied seulement recouvert d’un bandage bruni par la terre humide, source des nutriments de la végétation environnante, émettant un craquement venant briser le sifflement solitaire entre les hautes herbes.

Ce paysage était le même depuis que j’avais quitté ma patrie. Quelques arbres pavaient la route que j’avais décidé d’emprunter. D’une couleur verdoyante et vibrant de vie, ces êtres de bois dégageaient une énergie différente de ce que j’avais connu dans mon temps dans la forêt des murmures. Chaque feuille brillait face aux attaques des rayons solaires, renvoyant avec moins de vigueur mais une pureté simple vers l’adversaire une luminosité teintée de satisfaction et de gratification. C’était en fait un remerciement à l’astre solaire pour sa générosité, puisque ce don permettait à la nature de se nourrir par photosynthèse et de nourrir par la même occasion les autres.

Ces connaissances acquises au fil de mes périodes d’études me semblaient beaucoup plus appréciables au fur et à mesure que je progressais sur le chemin taillé mais déjà bien recouvert que je suivais depuis mon départ. Cette route, si l’on pouvait appeler cela ainsi, je l’avais cherché un peu, mais une fois empruntée, je ne l’avais pas quitté.

J’avais un peu de nourriture, et je l’utilisais à bon escient, le rationnement étant mon ami en ce moment. Je m’étais plaint en pleine forêt d’avoir faim, mais bien sûr que j’avais volé un peu au marché avant de partir à l’aventure, mais j’avais réservé les maigres tranches de viandes séchées et le fromage pour ma progression en dehors du territoire alfar, ne sachant point si la nourriture serait une denrée rare ou non. Mieux valait se préparer en conséquence, et je ne regrettais nullement ce choix. Ainsi, je n’avais pas besoin de quitter le sentier pour assurer ma subsistance.

De plus, selon les nombreuses cartes copiées des manuscrits de l’une des nombreuses bibliothèques m’ayant offert l’asile, je devrais bientôt atteindre ma destination. Mon rêve même. Ce rêve que je caressais depuis ma plus tendre enfance était maintenant à ma portée. Tout proche. Bien sûr, selon les écrits, ce lieu différait de par son calme et sa nature paisible, si l’on comparait à tout autre mer, mais ça en était une tout de même, et la plus belle même !

Alors voilà. Mes habits poussiéreux, mon allure dégingandée et sale, et même mon odeur qui commençait à s’intensifier, tout cela pourrait disparaître lorsque j’atteindrais la plage de sable fin. Mais avant cela, il fallait atteindre la Rivière Éternité. Sur les cartes, il semblait être impossible de se rendre à mon but sans traverser celle-ci. Ce ne serait pas facile, mais encore selon la géographie cartographiée, lorsque j’atteindrai l’affluent de la mer bordant la plage de sable fin, il ne me resterait qu’à passer cet obstacle aquatique pour rencontrer la poussière de roche fine.

Qu’est-ce qui me frappa d’abord, je n’en suis pas certain. L’odeur salée transportée par la brise douce, ou bien peut-être les griffes de Sasa pénétrant dans mon épaule, signe de son exaspération par rapport au coup de baluchon qu’elle venait de recevoir, cause de ma maladresse. Peu importait en ce moment. La douleur ne fut que passagère, et ma compagne poilue se rendormie presqu’instantanément, son ronronnement accompagnant mon train-train redevenu énergique grâce à cette nouvelle effluve flottant dans l’air. J’approchais. J’y étais presque.

Comme pour confirmer mes dires, la fresque peinte devant moi laissa transparaître la fin de la végétation feuillue m’ayant tenu compagnie jusqu’à maintenant pour laisser place à une verdure plus aquatique. Un signe d’un cours d’eau très proche. À proximité même. Mon rythme s’accéléra encore, passant d’un pas rapide à un trot léger mais de bonne vitesse. Je me sentais léger. L’odeur marine m’envahissait les narines, me montait à la tête et effaçait la fatigue des derniers jours. Je m’approchais, j’étais tout proche.

Mon manteau claquait à chacun de mes pas. Sasa, sortit encore une fois de sa sérénité par le balancement violent de mon corps, fixait l’horizon avec curiosité, se demandant probablement ce qui pouvait bien motiver un corps amorphe comme le mien à une excitation comme celle-ci. Et pourtant elle devait le savoir. Je lui en avais tellement parlé. Elle était ma confidente, ma seule amie, ma bouée de sauvetage. Elle avait le privilège de tout connaître de ma personne. Mes sentiments, mes réussites, mes déceptions, mes plus noirs secrets, mes moindres talents. Tout cela, elle l’avait vécu avec moi.

La vision de la Rivière d’Éternité s’ouvrant devant moi fut comme une bénédiction. Une joie immense m’envahie. Plus qu’une étape, qui se trouvait juste devant mes yeux, et je pourrais contempler avec ce même regard la beauté de la mer bordant le continent naturel.

D’une largeur plus que respectable, elle s’agitait. Un flot continu et tout de même violent ne cessait sa cadence, indiquant par ses actions que le privilège de la traverser n’était pas donné à quiconque le voulait. Mon regard cherchait déjà un pont. Une ouverture dans les herbes qui bordaient le courant.

À ma portée, il n’y en avait aucun. Loin d’être une déception, je n’en ressentais que plus de fierté. Je devais mériter la vue de la plage de sable fin. Et pour cela, je devais traverser cet affluent, coûte que coûte. Ainsi, je m’approchai tranquillement du bord, pour mieux observer ce qui se cachait sous la surface troublée par le courant, espérant peut-être y apercevoir un espace moins profond, ou peut-être bien des rochers pouvant servir de point d’ancrage.

Avant toute chose, je retirai mon manteau, ma camisole, mon pantalon et mes bandages soutenant l’arche naturel de mes pieds, pour en faire un baluchon encore plus gros dont la base était bien sûr mon pardessus, englobant le reste de mes affaires. L’accrochant fermement à mon bâton, j’avais maintenant un seul gros paquet à traverser. Je sorti un bout de corde, le fixai à une extrémité de ma perche, puis à l’autre. Je le mis en bandoulière. C’était la meilleure méthode. La seule, en fait.

Me restait plus que le problème de Sasa. Elle aimait l’eau, mais pas nécessairement au point de se faire emporter par le fort courant. Je me devais donc de trouver un moyen de la sécurisée sans la noyer. Un éclair de génie m’illumina. Ou peut-être était-ce de la stupidité? Enfin bon, je pris mes longues mèches de cheveux couleur charbon et fit un nœud auteur de sa mince taille blanche comme neige. Le contraste devait être magnifique. La noirceur purifiée par l’immaculée, dans une harmonie parfaite.

Mes problèmes étant régler, je me mis à analyser le flot de la rivière, assis en tailleur, nu comme un ver. La fraîcheur du temps ne faisait que rougir ma peau blême, asséchant par la même occasion les gouttelettes brillantes de ma transpiration due à ma course.

*J’ai environ 150 mètres à traverser. Je dois me prendre deux points de repos, donc des rochers qui perce la surface, pour ne pas m’épuiser et me faire emporter par le courant à mi-chemin. Mon bagage doit peser dans les 20 kilos. Il me faut donc un repos à une soixantaine de mètres de la rive, un autre à une centaine, puis le reste, je devrais être en mesure de le faire sans pause. Parfait ! *

Mon plan schématiser dans mon esprit, je repérai l’endroit qui semblait le plus bénéfique à ma nage, et je plongeai d’un coup. L’eau glacée m’envahit, m’enveloppa et me caressa. D’un mouvement fluide, pratiqué, je me mis en branle. Un bras après l’autre, mes pieds s’agitant dans un rythme constant, le visage dans l’eau, ne laissant que ma tête hors de l’eau, ne voulant pas submerger ma pauvre compagne, je progressais bien. Le premier rocher arriva bien vite, sans trop de difficulté. La fatigue était présente au niveau de mes épaules, mes deltoïdes criant leur malheur, mais c’était trop tôt pour abandonner.

La pause dura quelque minutes, puis je reparti, encore dans une mentalité de persévérance. Le courant me tirait, mais je combattais. Ce n’était pas assez. J’allais manquer mon deuxième arrêt… Et ce fut ce qui se passa. Mon corps criait de fatigue. Mes muscles endoloris par l’effort brûlaient. Mais je ne voulais pas abandonner. Pas au début de mes aventures. Pas au début de ma découverte du monde. Pas devant la plus belle plage du monde à portée de main. Je pense que ce fut ce qui me tint à flot. Et j’atteignis finalement l’autre rive. Je ne l’avais pas vu, mais je senti ma main frapper durement le mélange de boue et d’herbe bordant la rive. J’avais réussis !

Je pris le temps de reprendre mon souffle, toujours baignant dans le liquide glacial habitant le lit de la Rivière Éternité, puis me positionnai de façon stratégique pour libérer Sasa de son étreinte et me débarrasser de mes avoirs qui semblaient beaucoup plus lourds qu’au départ. Je me sortis avec peine de l’étreinte de l’affluent et me retrouvai couché en bordure de celle-ci. Ma respiration emplissait l’air, mon cœur tambourinant violemment dans ma poitrine, propageant un flot sanguin puissant dans l’ensemble de mon corps. Je m’étais poussé dans mon extrême.

Je relevai la tête, et je souris. Devant moi se dressait ce pourquoi j’avais fait tant d’efforts. La plage de sable fin.


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Ven 15 Juil 2016, 02:53


Ce fut en relevant les yeux, détrempé de ma baignade organisée et toujours nu comme un ver que je me rendis compte qu’aucun livre ne pouvait rendre justice à la beauté de l’endroit. Le sable, reposant à quelques mètres à peine de moi, miroitait sous la caresse torride du soleil, à son zénith dans le ciel. La brise qui sifflotait doucement léchait les grains superficiels pour leur offrir un nouvel abri un peu plus loin, les emportant loin de leur espace d’origine. Se dressait devant mon regard une merveille de la nature. Le blanc neige de l’endroit n’était coupé que par la présence d’arbres inconnus de mon répertoire, n’ayant un feuillage qu’à leur plus haute cime, et présentant une absence de ramification, se contentant d’un seul tronc aux écailles massives. Le feuillage, bien qu’en hauteur, était parfaitement visible avec son vert pâle, parfois caché en partie par des boules rondes de couleur brunâtre et visiblement poilues. Probablement le fruit de l’arbre.

Détachant mon regard de ce rêve devenu réalité, je me rassis dans l’herbe bordant la rivière et défit mon baluchon improvisé en le détachant de mon bâton. Bien sûr, la moindre de mes possessions se retrouvait détrempée. J’étendis donc tout sur la berge, bien en vue du soleil brûlant. Je fis bien attention à mes cartes qui, par un heureux hasard, s’étaient retrouvées dans la partie cuirassée de mon manteau, les protégeant beaucoup plus que prévu. Une fois ma besogne terminée, je suivis le même chemin et mon dos prit plaisir à se faire chatouiller par l’herbe humide. Bien sûr, ma petite compagne féline ne se fit pas prier pour venir s’allonger sur mon torse maigre, cachant de nombreuses cicatrices par son action.

Je relevai le bras et le fixa lorsqu’il fut à la hauteur des yeux. On aurait dit un labyrinthe. La peau saine combattait le tissu conjonctif pour l’espace disponible, formant un dédale complexe de rouge effacé et de blanc tirant sur le blême. Il était encore difficile pour moi d’admettre que ce motif se répétait sur l’ensemble de mon corps, dommage collatéral bien maigre malgré tout si l’on prenait en compte la gravité de la chute que j’avais fait suite à l’attaque sournoise dont j’avais été la victime. Cela avait vraiment été le plus gros coup à ma confiance personnelle. Déjà mince, elle avait été détruite quand j’avais compris que je n’étais pas voulu dans les murs de Drosera, au point de me le faire comprendre en attentant à ma vie.

Pour chasser ses pensées et faire le point sur le but de ma présence ici, car même si j’avais un désir d’exploration et de découverte du monde, en plus d’une envie carnassière de voir la mer dans toute sa splendeur, j’avais aussi en tête une autre motivation. Me retrouver dans le monde, libre, mais sans argent, ce n’était pas nécessairement ma plus grande réussite. Je devais donc remédier à ce problème au plus tôt. La nature, bien que généreuse avec ceux qui la vénérait, ne pouvait offrir tout ce dont un Alfar en pleine croissance avait besoin dans un environnement qui allait probablement virer urbain à un moment ou à un autre, et c’est là que la richesse pourrait contrebalancer la faiblesse de la nature pour assurer la subsistance.

*Le trésor de Rwanima…*

Entr’aperçue durant une session de lecture, cette légende m’était revenue en mémoire lors de ma planification. Un trésor caché, des richesses incommensurables, pouvant offrir un butin inépuisable jusqu’à la fin de la vie d’un individu. C’est dans cette optique que je m’étais motivé à retourner chercher dans les étagères poussiéreuses de l’un de mes abris intellectuels, à la recherche de plus d’informations… Ce qui s’était avéré plus difficile que prévu. Dans les centaines de milliers de pages peuplant une librairie, bien peu en connaissaient sur l’histoire de ce pirate. Il y avait bien sûr des écrits épars racontant les trouvailles de certains enfants ayant joués sur la plage, à la recherche de coquillages et crustacés, et étant revenu avec une pierre brillante aussi grosse que le poing valant bien plus qu’un royaume entier. Ou bien les mémoires de chercheurs de fortune récapitulant les multiples échecs en venant faire leur gagne-pain.

Voilà le but réel de ma raison ici. Je n’étais pas à l’or. J’étais même détaché de tout ce qui indiquait la richesse. Mais ce monde marchait à l’échange, et étant habitant de celui-ci, je devais me plier à ses coutumes et ses modes de vie. Si l’argent était ce qui dirigeait celui-ci, alors je me devais de m’en procurer, d’une manière ou d’une autre. Et il semblerait bien que trouver un trésor soit la meilleure façon de ne pas me casser la tête trop souvent, car une fois trouvé, je n’aurai plus jamais à avoir de soucis monétaires.

Sur cette pensée, je sombrai dans un sommeil profond, sans rêves, bercé par la balade du vent et le chant de Sasa, caressé par la douce étreinte des rayons solaires. Un baume pour mon corps refroidit par l’eau de la Rivière Éternité.

Mon réveil se fit en douceur, alors que la lumière diminuait son agression sur mes paupières, tentant de percer la noirceur invoquée par celles-ci. Un chant mélodieux perçait l’atmosphère, faisait ressortir en mon cœur l’artiste y sommeillant. Caressant affectueusement sur le crâne ma copine immaculée, je la soulevai et la déposai doucement au sol, celle-ci toujours profondément dans son sommeil. Je commençai à m’habiller. Le pantalon d’abord, puis mes bandages de pieds. Ce n’était pas une mince affaire que de refaire l’agencement de ceux-ci. Il fallait bien mesurer la pression aux différents endroits, pour ne pas déformer l’arche naturelle plantaire et pour en même temps bien soutenir celui-ci. À chaque fois que l’un de mes doigts effleurait la plante de mon pied, je sentais la peau endurcie et jaunâtre en friction. Les filaments, une fois bien placés, ce fut le tour de mon fourreau à dagues, suivi de ma camisole pourpre. Avant de remettre en place mon manteau d’un noir d’encre, je pris un bout de ficelle et attachai mes cheveux en une longue couette dans mon dos, libérant par la même occasion mon regard. Je rangeai ensuite dans mon baluchon le reste de ma nourriture, mes cartes et autres maigres possessions, mais garda mon instrument dans ma main. J’étais fin prêt pour ma quête de richesse.

La mélodie toujours dans l’air, je me laissai guider par le son, en observant tout autour de moi la beauté de la fresque de la plage de sable fin. Je n’avais pas encore atteint la mer, et pourtant je l’imaginais déjà avec excitation. Cette grande étendue d’eau s’étendant à l’infini, bordée dans son lit par de faibles vagues, un grand miroir paisible reflétant tout ce qui avait été et tout ce qui sera sur les terres du Yin et du Yang. Berceau de la vie peut-être même.

En tout cas, mes pas suivaient la voix féminine emplissant l’air de son chant, mes oreilles ayant tout de même de la difficulté à en déterminer l’origine exacte. Mes sens étaient en extase devant tant de beauté : le visuel, l’audition, et même l’odorat avec les effluves salés et purs se propageant dans l’espace.

Je me décidai finalement à accompagner la mystérieuse artiste de ma flûte traversière. Dès que je l’avais entendu, une mélodie s’était inscrite en moi, et je ne pouvais l’effacer de mon cœur. Je voulais jouer en harmonie avec elle, le cri de mon instrument se mêlant à celui de sa voix, pour former un tout majestueux. Et c’est ce qui se passa. Au fur et à mesure que j’avançant vers la mer qui se dévoilait peu à peu à mon regard, les notes que je sortais en rehaussaient le spectacle. C’était de toute beauté. On n’aurait pu dire la délimitation entre l’eau et le sable si ce n’était de l’écume bordant le début de la phase liquide tant celui-ci était clair et propre. Devant, le ciel bleu à perte de vu se mélangeait avec l’infinité de l’océan, rendant difficile la détermination entre ciel et terre.

Puis je la vis. Une jeune fille, en plein milieu de la mer, assez loin du rivage, assise sur un rocher. C’est de là que venait la mélodie. Ma flûte traversière, au rythme du vent sortant de mes lèvres, se fit aller de plus belle, offrant une belle symphonie à quiconque aux alentours. Son regard se tourna vers moi, mais son chant ne faiblit pas. Elle m’observait. Étrangement, je l’observais aussi, et je remarquai sa ressemblance avec une méduse. Cela ne me trouble pas le moins du monde. Deux artistes qui échangent par le son de leur âme ne peuvent se juger, ils ne peuvent que s’apprécier. Et c’est ce qui se passait. Elle reconnaissait mon talent, et je reconnaissais le sien. Mais ça n’allait pas plus loin. Jamais elle ne me fit un signe, et j’en fis de même. Nous continuâmes jusqu’au coucher du soleil, et en même temps que le spectacle de l’astre du jour s’imprimant sur la surface de l’eau disparaissait, elle en fit de même.

Je rangeai ma flûte et remarquai une jolie touffe de poils blancs se mêlant au sol. Sasa m’avait rejoint après sa sieste. Moi-même reposé de la mienne, j’étais enfin prêt à me mettre à la recherche de ce trésor… Mais par où commencer? Je pourrais aller dans la mer, mais il faisait maintenant très sombre. Meilleure chance demain matin. Je pouvais tout de même observer les environs et les abords où l’écume s’échouait, un indice n’est jamais de trop.

Je pris ma chatte d’une main et la plaça sur mon épaule tout en délaçant le nœud attachant mon bâton en bandoulière. Je fis un tour sur moi-même pour observer les environs. Le paysage était le même dans toutes les directions. Des palmiers épars, et du sable. La seule variation était l’étendue d’eau infinie.

*Il est dommage que j’aie perdu autant de temps clair aujourd’hui…*

Ce n’était qu’une simple observation. Sa recherche s’en retrouvait brouillonnée, peu plausible d’avancer. Mais je commençai par les rebords de l’eau. La lumière montante de la lune et des étoiles me procurait une visibilité suffisante pour inspecter le sable, lui donnant des coups de bâton de faible puissance, pour tasser la poussière de roche et peut-être découvrir une gemme précieuse.

J’avançais à pas de tortue. Je ne trouvais point mon bonheur, mais ramassait plusieurs algues et les empilait dans ma main libre, créant un amalgame coloré.

*Ma journée de demain sera plus productive.*

On dirait presque qu’il essayait de se convaincre lui-même de la chose. Mais au moins, le jeune Alfar avait à sa disposition une artillerie bien imposante d’algues aux propriétés bien spéciales. Durant ses recherches, il avait découvert le fait intéressant que la plongée sous-marine était une activité prêchée dans cette partie du monde, car les algues poussées sur le rivage possédaient la vertu de faire don de branchies temporairement à l’usager se les frottant sur les voies respiratoires…


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Ven 15 Juil 2016, 16:35



La nuit avait été longue. La course de la lune dans le ciel m’avait accompagné alors que ma course, si l’on pouvait l’appeler comme cela, le long de la berge, c’était montrer des plus infructueuses. Jamais je n’avais été autant frustré de ne rien trouver. Ma patience, qui semblait pourtant légendaire dans mon esprit, s’était peu à peu amincie jusqu’à s’émousser complètement. À la fin, j’étais d’une humeur plus que tranchante. Bonne chose que personne n’était là pour m’adresser la parole ou me tenir compagnie, car la fuite aurait été une bonne option dans leur cas.

Le bout de mon bâton toujours trainant dans le sable et enveloppé même de celui-ci, il déchirait sa carapace molle, défaisant les infimes liens moléculaires existant entre les grains, les séparant, peut-être à jamais, dans l’immensité de ce désert qui n’en était pas un.

Le temps s’éclaircissait, de même que l’eau qui sous la lumière naissante du jour, reprenait son aspect translucide, rendant difficile la distinction entre terre et mer. Mais c’était parfait. Je devais poursuivre mes recherches dans le marin bordant la côte. Mon stock d’algues aux propriétés métamorphiques s’était agrandi de façon exponentielle durant la nuit, et j’en aurais besoin. L’aube étant au rendez-vous, je cessai mes efforts futiles et lâchai mon paquetage au sol. Ma compagne féline prit son envol de mon épaule et atterrit avec finesse et grâce au sol. Une digne représentante de sa race, malgré sa taille évoquant un nanisme possible.

Mon manteau prit le bord, de même que ma camisole. Vêtu seulement de mon pantalon m’arrêtant aux chevilles et de mes bandages de pieds, je pris la décision de les garder. Mieux valait être paré dans le cas d’un évènement inattendu. Je sortis une de mes dagues de mon fourreau et la coinça entre mes mâchoires, la lame caressant avec une sorte de tendresse dangereuse la commissure de mes lèvres.

Je n’étais pas inquiet pour mes avoirs. Sasa restait à la garde de ceux-ci, et je ne doutais pas que quiconque voudrait voler mon maigre paquetage en pâtirait. Malgré sa carrure moins qu’impressionnante, elle restait sauvage, féline, et avait comme atouts des griffes acérées et des crocs bien douloureux.

Sans attendre plus longtemps, j’insérai une poignée d’algues dans l’une des poches de mon pantalon, et en frottai une sur toute la longueur de mon cou, allant d’un bord, puis de l’autre. Patiemment, j’attendis le changement, qui survint dans la minute. Un bruit étrange se propagea d’abord dans l’air, puis une sensation de dilatation démangea ma peau. Au toucher, quatre larges fentes de chaque côté s’ouvraient désormais, et une sensation d’étouffement s’empara peu à peu de moi. Mes poumons ne semblaient plus recevoir correctement l’air inspiré par mon nez. Ma poitrine se comprimait sous la pression nouvelle de ce changement physiologique. Je plongeai à ce moment-là. Ma tête perça d’abord le miroir presque immobile de l’océan, puis le reste de mon corps suivi dans le millième de seconde.

Ce n’était pas profond, mais mon corps en panique devant la carence en oxygène m’avait obligé à agir ainsi. Le changement de mentalité fut instantané. Je respirais avec facilité sous l’eau !

*Moi qui étais sceptique au départ concernant les propriétés quasi miraculeuses de ces algues… Il semblerait bien que j’aie eu tort cette fois, et j’en suis bien content !*

Je sentais l’eau qui pénétrait dans ma gorge, être filtrée pour finalement ressortir, ce qui me permettait d’en extraire les petites bulles d’oxygènes disséminés en celle-ci. Et ce cycle se répétait sans cesse, au rythme de la respiration terrestre normale. Mon cœur en panique se calmait peu à peu, la cascade dans ma cage thoracique s’asséchant.

Je voyais noir. Et pourtant la mer semblait si claire, mais il faisait sombre… Si sombre… Jusqu’à ce que j’ouvre les yeux. La lumière envahit ma rétine, l’eau s’y attaquant aussi. Ma vision était trouble, embrouillée. Mais je voyais. Le sel démangeait un peu la surface de mon œil, mais c’était endurable. Le paysage marin s’ouvrait à ma vision. Au fond, un tapis immobile de sable qui allait du blanc immaculé au brun caractéristique des feuilles mortes. Aux alentours, de multiples amas rocheux et de coraux formaient l’habitat de plusieurs habitants de la mer. La flore marine, peureuse, mais curieuse, sortait par les interstices et observaient les alentours, certains fixant leur regard sur un point vide, d’autres me dévisageant carrément de leurs grands yeux globuleux. Les plus courageux sortaient déjà de la cachette choisie lors de mon plongeon, ce qui les avait apeurés.

Je pris le couteau de ma bouche et l’empoignai fermement, puis me mis à battre tranquillement, mais avec vigueur mes bras et mes jambes, un bel exemple de synchronisme se dévoilant au regard des poissons, qui devaient bien se dire à quel point j’étais un piètre nageur si l’on me comparait à leur propre talent à se mouvoir.

Je m’approchai du sol et commença ma quête. Mon couteau brassant doucement les fonds marins, avec assez de force pour bouger la substance granuleuse les composant, sans toutefois la faire virevolter et ainsi diminuer au maximum ma vision déjà trouble. Mes globes de glace continuaient de se promener entre le sol et l’horizon liquide, à la recherche du moindre signe indiquant un quelconque trésor.

Rien. Plus je m’enfonçai, plus la pression s’accumulant au-dessus de ma tête devenait écrasante. Rien ne changeait à l’aspect des fonds, sauf la clarté qui commençait doucement à s’évanouir, le soleil perçant moins à mesure que la distance entre la surface et le fond s’agrandissait. Des touffes d’algues, composant un autre abri pour les crustacés et les poissons, commençaient à pousser ici et là. Je me décidai à aller examiner ceux-ci. Une cachette à découvert n’était pas une vraie cachette.

Et pourtant… Cela faisait combien de temps que ce trésor était caché? 20 ans ? 50 ? 100 ? Le paysage avait sûrement grandement changé. Il me fallait trouver quelque chose de tangible sur quoi me reposer. Une preuve que ce n’était pas qu’un canular et que les richesses découvertes par certains avant moi n’étaient pas qu’une chance inouïe.

C’est à ce moment que mon regard l’aperçut. Ce n’était pas bien gros. À peine qu’un coin perçant le sable. Un éclat métallique reflétant la mince lueur sous-marine. À quelle distance étais-je de la rive? Un mystère, et pourtant, ce fut à ce moment que mon cou reprit son aspect normal. La sensation d’étouffement s’empara de moi. Je ne pouvais plus respirer. Et pourtant je venais de trouver ce pour quoi j’étais là. Je pris le risque. Je ne devais pas perdre ce mince coin. Je plongeai ma main dans ma poche. Mauvaise poche ! Je fouillai l’autre et en sortie une algue que je frottai vigoureusement sur mon cou. J’espérais tenir la minute nécessaire à la transformation.

L’absence d’oxygène se rendit rapidement à mon cerveau. Mes idées s’embrouillèrent, ma vision suivant le même chemin. Mes battements vigoureux de jambes et de bras se firent de plus en plus lentement, perdant peu à peu l’énergie qu’ils contenaient. Le tambourinement de ma poitrine faiblissait. La vie me quittait, et pourtant je me refusais à remonter à la surface. Mes yeux se fermèrent. J’allais donc mourir ici. Au fond de la mer. Seul. Cela ne faisait pas un grand changement finalement. La solitude, mon éducatrice, voulait me garder pour elle seule, et elle réussissait maintenant dans la mort. Et pourtant j’étais si jeune, à peine vingt printemps. Dommage… Et que ferait Sasa sans moi ? Elle retournerait à la vie sauvage probablement, mais serait elle même un peu triste, ou mon absence ne serait même pas remarquée?

Ce fut dans cet état d’esprit frôlant le défaitisme et indiquant déjà un abandon que le changement se produit. L’air emplit à nouveau ma poitrine, entrant dans ma circulation sanguine qui, sous le flot revigorant, alla nourrir chacune de mes cellules, leur redonnant la possibilité de faire la respiration cellulaire, base nécessaire à la formation de nutriments. Mon cerveau reprit ses activités normales, mon esprit s’éclaircissant par la même occasion.

Il était temps d’aller voir de plus près ce coin métallique. Deux coups de jambes furent assez. Avec mon couteau, je commençai à dégager le coin, dévoilant une forme rectangulaire plongeant plus profondément dans le sol. La tâche était ardue. Pour chaque deux centimètres découvert,  un se retrouvait couvert par le courant marin berçant le fond. Et pourtant je réussis à dégager une poignée. Je mis ma dague entre mes dents et empoignai la prise à deux mains, en déposant mes pieds au fond pour me servir d’appuis. Je tirai. Et tirai encore. Je ne pense pas avoir eu à forcer autant de toute ma courte vie. Le mélange de fatigue musculaire et de déstabilisation causée par la lacune en oxygène m’avait rendu bien faible, mais je me débattais avec fougue pour sortir ce paquet enseveli sous le sable.

La poignée lâcha, la rouille l’ayant rendue bien maigrichonne. Mais le contrecoup libéra finalement le coffre de sa prison sablonneuse. Flottant un instant dans le liquide, il retomba bien pesamment au fond, en dansant légèrement de droite à gauche. Je me permis alors de mieux observer ma trouvaille. D’une couleur nacrée, il s’agissait d’un coffre décoré de signes inconnus, et bordé dans ses contours d’un métal brillant. Aucune trace d’oxydation ne le recouvrait, si ce n’était la deuxième poignée de l’autre côté qui était ensevelie peu avant. Les inscriptions gravées à même le bois étaient d’une perfection absolue, apparaissant bien droites et propres. Ce n’était pas normal étant donné le fait que le coffre aurait dû être pourri par endroit, gonflé et gondolé par le contact avec l’eau. Et pourtant il était intact.

*La magie le protège sûrement. Et je pari que…*

Au même fil que sa pensée, le jeune Alfar laissa sa main glissée vers l’ouverture du caisson et essaya d’en agrandir l’interstice. Aucun mouvement. Pourtant, aucune barrure n’était apparente. Seule une broche gardait la boîte fermée. Une fois retirée de son espace, il s’essaya à nouveau. Même résultat. Elle était hermétiquement barrée.

Je pris donc comme résolution de la ramener à mes affaires. Mieux valait retraiter maintenant avec ma trouvaille et travailler sur une solution que de perdre mon temps en ne travaillant pas de manière optimale.

Mon couteau toujours entre la prise de mes mâchoires, j’empoignai le coffret par la poignée restante et l’autre main le soutenant par en dessous, et je me mis en marche. J’étais bien heureux d’être sous l’eau, car le poids de cette boîte était bien surprenant, malgré sa taille. De forme rectangulaire, elle n’avait pas un volume bien plus grand qu’une petite enclume permettant aux forgerons de fabriquer des outils comme une paire de pinces, et pourtant, elle devait bien peser dans les 60 kilos. En étant sous l’eau, son poids apparent en était grandement diminué.

Je marchais depuis environ une quinzaine de minutes lorsque je remarquai un creux que je n’avais pas vu à mon premier passage. Peut-être n’étais-je pas passé exactement ici, l’océan étant bien grand. Ce qui était sûr, c’est que j’étais très proche de la côte, car la surface se dressait à moins d’une vingtaine de centimètres de ma tête, l’astre du jour éclairant ma voie. Je me décidai à éviter le trou, tout en gardant en mémoire qu’il était là, puis à marcher en ligne droite jusqu’au rivage, où je lâchai mon lourd chargement.

Ma compagne immaculée me vit arrivée. J’étais à une centaine de mètres de l’endroit où j’avais pénétré l’eau. Je me décidai à rester le cou plongé dans celle-ci jusqu’à ce que l’effet des algues se dissipe, ma trouvaille reposant à mes pieds, attendant patiemment mon inspection.


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Ven 22 Juil 2016, 01:05



La journée était déjà bien avancée, disons près de midi, lorsque je commençai à traîner ma trouvaille sur le sable, laissant une trace bien distincte, mémoire du passage d’une lourde cargaison. Éphémère, de par les vagues qui léchaient déjà les bords sablonneux de ce chemin fraîchement créé. Il me fallait seulement me rendre à mes affaires. Il me fallait me retrouver avec mes pensées pour pouvoir élaborer une stratégie pour ouvrir la couverture de bois.

Un butin se trouvait-il bien encoffré à l’intérieur ? C’était une bonne question, mais sa taille n’était pas bien impressionnante, alors je doutais qu’il contienne l’entièreté du trésor de Rwanima, qui selon les dires, pouvait éclairer une pièce entière de sa luminosité et de la brillance des richesses que l’on pouvait découvrir dans ses nombreuses piles. Alors comment un simple coffret de bois pouvait bien offrir des richesses infinies ? Cela restait à découvrir.

Enfin, ma cargaison pesant de plus en plus lourd dans ma poigne, mon épaule s’engourdissant, les muscles composant sa capsule brûlant sous la contraction continue qui s’effectuait, je lâchai d’un coup. Un bruit sourd accompagna sa caresse avec le sol. Sasa me rejoignit en une dizaine de petits bonds joyeux, projetée par une puissance beaucoup plus imposante que sa stature laisserait penser, ses immenses oreilles se trémoussant à chaque soubresaut. Son attention n’était nullement vers moi. J’étais quasi inexistant pour elle à ce moment. Quelque chose la captivait. Et ce quelque chose, c’était ma découverte dans le fond de l’océan. J’avais donc raison de croire que ce n’était pas un coffre comme les autres. Ma petite féline se présentait comme un chat, mais elle semblait formée d’une énergie sortant de l’ordinaire, une énergie s’apparentant à la magie. Bien sûr, la seule chose qui permettait de déduire cela était son attitude, beaucoup plus rusée que n’importe quel animal normal. Une autre chose, par contre, la distinguait des autres, et c’était sa capacité à ressentir. Lorsque nous avions été attaqués dans notre fuite de la forêt des murmures, elle avait réussi à m’avertir d’une présence maléfique, et maintenant, elle s’intéressait à ce qui avait l’air d’un coffre, tout ce qu’il y a de plus normal, si ce n’était l’aura qu’il dégageait. Ainsi, Sasa possédait un instinct animal allait à un tout autre niveau des semblables de sa race.

Tournant autour, le poil hérissé dans une posture menaçante, ma petite boule blanche dévisageait de son œil abyssal la boîte. Sa danse dura bien cinq minutes. Elle ne décrochait pas, voulant faire passer un message que je ne comprenais pas. Et cette inattention à l’environnement environnant faillit bien me coûter la vie. Je me retournai un moment à cause du bruit de l’eau ruisselante au sol pour me retrouver nez à nez avec une créature que je ne pouvais identifier. Grande, énorme même, ayant une tête sur mon 205 centimètres, elle arborait une crête reptilienne, avec la gueule d’un squale. Quatre yeux semblant percevoir tout ce qui se passait autour décoraient la vision cauchemardesque qu’était son visage. Ses membres, si l’on pouvait appeler cela ainsi, étaient en fait des sortes d’excroissances osseuses parées de multiples épines semblant terriblement tranchante. Ces mêmes aiguillons perçaient la peau de son dos dans une logique témoignant d’illogisme. Elle se déplaçait sur deux pieds palmés, traînant dans son sillage des algues prises dans les multiples os perçant la membrane de ses membres inférieurs. Enfin, son torse, gonflé et laissant percevoir de multiples côtes, semblait capable de prendre de multiples coups sans laisser la moindre égratignure blesser son propriétaire.

*Je suis dans un trouble immense… m*rde.*


Ma seule arme était mon couteau. Entre moi et mon bâton, qui serait probablement d’une plus grande aide contre la portée de cette monstruosité, une vingtaine de mètres se dressaient. Cette distance semblait immense, impossible à parcourir. L’atmosphère autour de moi semblait en distorsion, le temps se ralentissant, l’air devenant irrespirable. Une panique, perceptible de par la chaleur brûlante montant en moi, bouillonnait à grand bouillon, les gouttelettes de sueur s’accumulant peu après à la surface de ma peau blême qui semblait encore plus cadavérique qu’à l’habitude. Un teint maladif, d’une personne qui savait que la mort était proche. J’étais figé, apeuré. Rien dans les livres, dans toutes les connaissances que j’avais accumulées jusqu’à maintenant, ne m’avait préparé à cela. Des chaînes invisibles m’enchaînaient sur place, et mon regard bleuté ne semblait plus si menaçant en comparaison des deux paires d’yeux globuleux qui m’observaient avec un mélange de haine et de délectation.

*Je suis probablement sa prochaine collation…*

Toute la tension s’évanouit d’un coup, alors que la douleur se rendait jusqu'à mon centre de contrôle, éliminant le rôle de pantin que j’avais acquis pour me redonner l’ascendant sur moi-même. Je me penchai d’un mouvement souple, agrippant ma petite chatte, ses crocs libérant ma jambe, et parti vers mon bâton dans une course effrénée. Elle fut de courte durée, mais nécessaire. Je lançai Sasa plus loin avec douceur, mes doigts caressant presque tendrement sa fourrure à mesure que le contact se rompait entre nous. J’avais confiance en ses capacités à se rattraper.

Armé de mon bâton, je remis mon couteau que je tenais dans l’autre main entre la prise de mes dents. Il me faudrait la force de mes deux bras si je voulais contenir la tempête qui se dirigeait vers moi. Car oui, la bête cauchemardesque n’avait pas hésité une seconde et m’avait emboîté le pas de sa démarche lourde, presque gauche. Le premier coup vint vers la droite, au niveau du cou. Elle visait bien. Et sa vitesse était surprenante. Mon bâton coupa la course de son excroissance osseuse tranchante, mais n’amortit nullement le choc de son attaque, me faisant virevolter plus loin. Un peu sonné, je n’eus que le temps de me relever avant de devoir me faire lancer plus loin de nouveau après avoir bloqué un nouvel assaut.

Elle n’y allait pas de main morte. Mais elle était lente dans ses déplacements. Niveau offensif, elle était vive, par contre. D’une roulade, je me remis sur pieds.

*Pense, pense, pense. Allez, trouve une idée, sinon tu vas crever ici !*

Un liquide chaud coulait le long de ma cheville, témoignage de l’action de ma compagne immaculée, mais du sang envahissait aussi le côté de mon visage, dommage collatéral d’essayer de stopper un adversaire à la puissance phénoménale. Je me devais de trouver une solution, alors pourquoi ne pas tâter un peu le terrain avant.

Je me mis en marche prudemment, puis commença à sauter d’un côté, puis de l’autre, en lançant des coups de bâton sur le monstre. Les jambes, les bras, le torse. Ça ne semblait faire aucun effet. La tête, à mon essai, avait été habilement couverte par les os perçant sa peau. C’était probablement son seul point faible. Puis le génie me frappa.

*Il faut l’aveugler !*

Sa peau semblait dure, mais bien sûre que l’endroit le plus sensible de n’importe quelle créature serait ses yeux. Étant d’une taille inférieure à la bestiole, il me faudrait rentrer dans son champ pour pouvoir lui porter le premier coup, mais valait mieux s’essayer que mourir vainement.

J’abattis mon bâton en direction de la tête de la créature, ses bras se soulevant pour venir bloquer au-dessus, et je pris ma chance. Lâchant d’une main ma masse, je tournoyai sur moi-même en empoignant mon couteau et le plantai dans l’un de ses globes. Comment avais-je réussi ce miracle de coordination, aucune idée, mais une fois accomplie, et devant le cri de rage de la monstruosité, je compris que mon calvaire allait continuer. Je bondis en arrière en ressortant ma lame et la remisa entre mes lèvres.

Et pourtant, ce fut la fin. La bête s’éloignait, allant rejoindre l’océan calme qui s’ouvrait à l’horizon. Que se passait-il ? Après l’agression qu’elle avait entamée, elle disparaissait après une égratignure ?

Le temps reprit alors son cours. La nuit prit possession soudainement du ciel, la lune volant le trône du soleil. Sasa, dormant paisiblement à quelques mètres, et moi-même, assis et accoté sur le coffret de bois. Mon bâton reposait à mes côtés, mes fourreaux à dague caressant le bois de celui-ci. J’étais habillé, alors que quelques instants plus tôt je me tenais torse nu, mes pantalons humides de mon exploration sous-marine. Et pourtant, je me tenais là, sec et bien vêtu de ma camisole et de mon manteau, ma capuche recouvrant même ma tignasse de jais. Mon regard se baissa sur l’obscurité recouvrant ma jambe gauche, celle ayant subi la morsure de ma compagne féline, mais rien de douloureux ne parvenait. Je touchai ma peau, parfaitement lisse, tout simplement assommé par cette tournure d’évènements. Ma main alla caresser le côté de ma tête qui une minute à peine auparavant coulait d’un liquide chaud, et ne rencontra que la douceur de ma chevelure et de ma propre enveloppe corporelle.

C’est comme si tout de ma journée s’était envolée, une simple illusion née de l’imagination. Et pourtant, une seule preuve ne s’était pas évaporée : le coffre, ma trouvaille. Alors, peut-être que seulement ce qui s’était passé après sa sortie de l’eau appartenait à l’irréel… Et pourtant, la douleur restait. La douleur de cette terreur intense ressentie. Mon esprit avait flanché encore. La vision d’horreur restait, marquée au fer rouge dans ma mémoire, ma conscience encore en alerte.

Je me décidai à observer mieux les runes couvrant le coffre. Incompréhensibles dans leurs moindres détails. Le noir complet quant à leur signification. En appuyant mes mains sur la partie ouvrante de celui-ci, je remarquai qu’il bougeait. D’un mouvement brusque, je l’ouvris. Et cela marcha. Le mystère du pourquoi cela était possible maintenant et non lors de sa découverte me hantais. Mais avec son ouverture, le temps sembla se tordre, l’espace s’agrandissant et se rapetissant selon une fresque impossible à saisir. Cela ne dura qu’un instant, infime, mais je le sentis au plus profond de mon être.

Mon regard, fixé sur le fond de bois, envoyait l’information à mon cerveau de ce que contenait la boîte. Et je n’en croyais nullement mes yeux. Trois pièces d’or. Brillantes, lustrée comme si jamais elles n’avaient été distribuées depuis leur création. Sous celles-ci, un bout de manuscrit, replié sur lui-même, et ne laissant percevoir aucune trace d’une quelconque souillure par l’eau.

Je pris l’or et le rangeai dans la poche intérieure de mon manteau avant d’ouvrir le bout de papier et d’en apprendre le contenu :

- Bel essai. Mais mon trésor restera à jamais scellé, jusqu’au jour où l’ingénieux apparaîtra pour défaire sa protection et percer à jour son secret.

Et c’était tout. Je compressai le tissu végétal de toute ma force, frustré par cette tournure, mes jointures blanchissant rapidement sous la pression. Tout de même, je ne repartais pas les mains vides, ce mince butin pouvant me permettre d’emprunter un bateau pour partir vers un autre continent…

Le chant s’éleva, et sans même me retourner, je sus que la jolie jeune fille aperçue à mon arrivée sur la plage de sable fin était revenue envoûter l’air de sa magie vocale. De retour à mon état de calme, je sortis ma flûte et la suivi dans sa mélodie, amplifiant la beauté de la nature environnante, l’atmosphère devenant féérique sous cette cascade de sons. La vie continuait, et les mystères de ce monde se révélaient à mes yeux, mais les explications manquaient.

Mon voyage continuerait, demain étant un autre jour.





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Oh oh où es-tu trésor ? [Quête - Solo]

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