Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Partagez
 

 Le répit c'est pour les paresseux (niveau trois)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Mer 13 Juil 2016, 12:27

"Hénoch est venu vous voir, vous parler. Le jour où vous pourrez prétendre au rang d'Abjecto approche, et pour cela, il vous reste une tâche à accomplir. Alors qu'il commençait ses explications, le Vincide de la Paresse s'est endormi sur votre table de salon, et malgré tous vos efforts, impossible de le réveiller. Vous avez certes bien essayé de continuer à vivre en vous disant qu'il finirait bien par se relever et partir, mais rien n'y fait, voilà trois jours qu'un des plus haut dignitaires Déchus dort sur votre table basse, et une petite voix vous dit que ce n'est pas normal. Vous partez donc consulter un Mage spécialisé dans le domaine, et il vous révèle qu'il est possible de synthétiser une odeur à même de faire bondir de son tas d'or le plus assoupi des Dragons. Toutefois, si la plupart des ingrédients nécessaires à sa composition sont communs, il en est un que l'on ne peut trouver que dans les hauteurs embrumées du Plateau : de la bave de Weltpüff sauvage, l'une des plusredoutables créatures que le monde ait jamais porté. De nombreuses légendes courent à leur sujet, mais personne n'en a vu depuis des siècles, ces monstres bien plus massifs que leurs cousins brouteurs se cachent loin dans les gorges acérées qui tracent le relief du Plateau. Si vous voulez pouvoir un jour inviter des gens chez vous sans avoir à leur expliquer la présence d'un Vincide évanoui, vous n'avez pas le choix."

Le répit c'est pour les paresseux (niveau trois) 555969singatureBLACKOSS

Alaster regardait fixement par la fenêtre. Ce qu'il observait était quelque chose que l'on ne voyait pas souvent dans une vie ou, plutôt, qui était assez inattendue pour que l'attention soit présente totalement. Un grand homme, dépassant de plusieurs mètres sa vieille tante, était en train de parler à cette dernière, d'un air sérieux. Le Vincide de la Paresse semblait bien éveillé, à l'image du Déchu qui n'osait sortir dehors de peur de commettre un impair. Pourtant, ce qu'il saurait, d'ici quelques longues minutes, allait changer sa volonté de ne pas bouger de sa cachette. Alors qu'il essayait d'entendre ce que les deux individus dehors se disaient, il croisa subitement le regard de Jonathan. Le cœur d'Alaster s'emballa et il fit un tour à cent quatre vingt degrés sur lui-même, se retrouvant contre le mur de la pièce dans laquelle il se trouvait. Dehors, Hénoch sourit. Le paresseux passa une main sur son visage. Que faisait un homme si important ici ? Avait-il commis un forfait sans le savoir ? Peut-être était-ce à cause des quelques problèmes auxquels il n'avait pas daigné participer pendant ses rondes par flemme ? C'était sans doute ça... Ou à cause du fait qu'il s'était assoupi plusieurs fois alors qu'il était censé garder les Wëltpuffs ? Non, il n'y avait aucune raison que le Vincide vienne ici pour une broutille pareille. Ce qu'il faisait en tant que berger le regardait puisque les bêtes étaient à sa famille depuis des générations et des générations. Il savait prendre soin d'elles et, quoi qu'il en soit, vu la haute activité physique à laquelle les Wëltpuffs s'adonnaient, il pouvait dormir plusieurs heures sans qu'ils ne bougent de plus de quelques centimètres.  

Assis sur une chaise en face du Vincide, Alaster ne disait rien. Ses mains étaient moites. Le Déchu passait en revue la tenue du Sieur Logan d'un air assez détaché. Néanmoins, intérieurement, il ne s'était sans doute jamais senti aussi réveillé. Qu'un homme aussi important fasse le déplacement jusqu'à la ferme Dah Numen avait de quoi exciter et inquiéter à la fois. Cela n'aurait tenu qu'à lui, il ne serait en aucun cas descendu. Le fait est que sa vieille tante était venue le chercher, lui expliquant que le grand homme brun était venu tout spécialement pour lui. Elle ne souhaitait pas lui en dire plus car, selon ses propres mots, il s'agissait d'une surprise qu'il aurait tout le loisir de découvrir avec le Paresseux. Deux Déchus atteints du même péché dans une même pièce était toujours une expérience haute en couleur. Les orgueilleux, souvent, finissez ravagés, les lèvres pincés, le menton haut, irrités par la simple présence de l'autre. Les luxurieux finissaient le plus souvent par copuler dans un coin. Chez les paresseux, il y avait toujours de longs silences, ponctués par quelques mouvements lents. Alaster n'avait pas envie de briser l'ambiance dans laquelle aucun son ne semblait vouloir trouver place, si ce n'est peut-être le bruit de son cœur qui battait la chamade dans sa poitrine.
Hum hum, fit Hénoch en se grattant la gorge. Vous savez, bien sûr, qui je suis. Si je suis là c'est parce que c'est un grand jour !
Jusqu'ici, Alaster voulait bien le croire. C'était assez curieux car, malgré le vouvoiement, il ne retrouvait pas chez lui tout ce qui faisait qu'une personne importante était souvent imbouffable. Cela dit, pour avoir déjà rencontré le roi, sans doute ce trait de caractère détendu était-il propre à tous les hauts gradés de sa race. Le Paresseux pencha la tête sur le côté, curieux d'en savoir plus sur ce qui amenait Jonathan dans sa ferme.
Un grand jour ! répéta le Vincide comme s'il sortait de quelques secondes salutaires dans lesquelles il aurait pu être bercé par diverses pensées ou rêves. Le gouvernement et moi-même pensons que vous avez passé un cap. Le rang d'Abjactio n'attend que vous et... Il s'arrêta, son corps s'immobilisant dans le même temps. Quelques secondes plus tard, son dos se voûta et il finit affalé sur le bois de la table, devant l'air béat d'Alaster qui en resta circonspect. L'homme passa l'une de ses mains dans ses cheveux, se frottant la tête dans l'attente d'une reprise de conscience de son interlocuteur. Un ronflement résonna, lui indiquant que la conversation venait d'être suspendue jusqu'à nouvel ordre.

Les heures passèrent puis les jours sans que Jonathan Logan ne remue ne serait-ce qu'un orteil. Entre temps, le Réfuté avait dormi au moins quatre-vingt pour cent du temps mais sa vieille tante lui certifiait à chaque réveil que le Paresseux Ultime, représentant de tous les Paresseux d'Avalon, n'avait pas bougé. Ce qui, au début, n'était pas vraiment un problème – tous connaissaient cet espèce de Déchus – en devint un. À chaque fois qu'un client venait chercher des produits de la ferme, ce dernier voyait Hénoch, affalé sur la table. Encore heureux que son statut soit connu de tous, sinon de nombreux soupçons auraient pu commencer à naître concernant la famille Dah Numen et son éventuelle implication dans le meurtre d'un Vincide. À côté de ce léger souci, il y en avait un autre : ils ne pouvaient décemment pas garder Enoch ici jusqu'à la fin de sa vie. Il fallait bien qu'il se réveille un jour. Néanmoins, ce qui marchait habituellement pour tirer Alaster de ses songes, ne semblait pas porter ses fruits sur le géant. Avec un énième soupire, l'intéressé commença à se demander s'il ne ferait pas mieux d'aller rendre visite à quelqu'un qui pourrait le renseigner sur le mal qui touchait son supérieur. Quelques heures plus tard, voyant qu'il n'y avait toujours pas d'amélioration, le brun prit sa décision finale et attrapa sa veste avant de sortir de la demeure.

Vous dîtes que cela fait des jours qu'il dort et qu'il n'a pas bougé ? répéta le mage comme s'il n'était pas certain de ce que venait de lui confier Alaster. Ce dernier hocha la tête d'un air las, se disant qu'il était fatiguant qu'un médecin ait à lui demander d'articuler deux fois la même chose. Quand bien même il trouvait cela logique, histoire de ne pas se tromper de traitement sur une incompréhension, sa flemme l'emportait toujours sur le reste. Ce n'est pas courant mais j'ai déjà eu à traiter ce genre de cas, fit-il en remuant la tête après une réflexion de quelques secondes. Voyez cela comme une sorte... d'hibernation. La paresse est bien complexe et, parfois, elle pousse le corps à se retrancher dans ses songes pour ne pas avoir à faire face au mauvais temps. Le Déchu jeta un coup d’œil par la fenêtre, fixant le soleil éclatant.
Je vois, dit-il sans pouvoir empêcher un sourire de naître sur ses traits.
Le mauvais temps n'est pas toujours climatique, répondit le médecin d'un ton à la fois morne et irrité, curieux mélange qui prouvait que, visiblement il était habitué à avoir à expliquer à des individus idiots ce qu'ils ne comprenaient pas du premier coup. L'orgueil se faisait sentir. Je peux vous synthétiser une mixture qui le réveillera. Elle fera bondir n'importe qui et n'importe quoi. Même les rochers s'enfuiraient à toutes jambes si on leur présentait l'odeur. Cependant... Il fit une pause, fixant ses étagères pour passer en revue ce qu'il possédait. Je n'ai plus de bave de Weltpüff sauvage et je n'ai pas très envie d'aller en chercher. Vous êtes berger non ? Peut-être pourriez-vous profiter du beau temps pour monter sur le Plateau et m'en ramener. Ça vous fera réfléchir au sens des métaphores et à leur utilité comme ça.

Alaster avait accepté, n'ayant pas très envie de discuter avec ce fabriquant de potion. Il y avait des Déchus qu'il évitait soigneusement et les orgueilleux en faisaient parti. Le plus souvent, il les laissait s'exciter dans leur coin et finissait par sombrer dans le sommeil, comble de l'irrespect aux yeux de ceux qui se pensaient supérieurs aux autres. L'avantage de la Paresse, c'est qu'elle donnait à ceux qui la possédaient un flegme à toute épreuve. Le brun ne s'énervait presque jamais. Son ton était toujours monotone et lent. Et c'est donc avec une lenteur digne des plus grands escargots de ce monde qu'il monta sur le Plateau à la recherche de la bête sauvage, cousine des Weltpüffs qu'il avait l'habitude de garder. Beaucoup de racontars concernaient ces animaux. Ils étaient en voie de disparition ou, tout au moins, personne n'en avait plus vu depuis longtemps. Ils ne devaient pas apprécier la compagnie des hommes. Conscient que le voyage serait long et l'échec à l’affût, Alaster avait pris le temps de se préparer de quoi manger.

Il passa plusieurs jours sur le Plateau, cherchant désespérément dans les gorges une trace de sa cible. De plus en plus, la barbe de l'homme s'allongeait mais il ne reculait devant rien pour mener à bien sa mission. Non, en réalité, pour être tout à fait franc, il fit plusieurs pauses de plusieurs heures afin de roupiller, inconscient du danger. Pourtant, comme si les animaux sauvages voyaient en ce dormeur un monstre effrayant – car qui aurait pu se permettre ce genre de fantaisies dans un milieu aussi hostile ? – aucun ne vint le déranger si ce n'est le sixième jour. La nourriture venait à manquer et Alaster pensait de plus en plus à retourner chez lui pour, au moins, reprendre des forces quelques temps. Alors qu'il rêvait qu'il plantait des navets sous un soleil de plomb, un oiseau passa au dessus de lui dans son rêve, lui chiant en plein visage. Il se fit une réflexion, au beau milieu de son songe, selon laquelle le liquide était bien trop baveux pour être de la fiente. Se réveillant alors, il se trouva nez à museau avec un énorme Weltpüff, immobile. Le filet de bave qui liait la bouche de l'animal à la joue du Déchu n'était toujours pas rompu. Avec une grimace, l'homme allait essuyer son visage lorsqu'il prit conscience que ce répugnant liquide était en réalité le précieux ingrédient qu'il cherchait.
Salut toi... fit-il au Weltpüff sauvage qui ne semblait pas plus réactif que ceux qui broutaient dans son pâturage. Ce dernier finit par s'affaler sur l'homme et se mit à dormir, son poids bloquant sa victime sous son physique athlétique mais néanmoins soyeux. D'un geste lent des bras, Alaster entreprit d'attraper le flacon dans lequel il devait placer la bave, relâchant tous ses muscles une fois que ce fut fait pour continuer sa sieste, essayant de ne pas tenir compte du sang qui ne circulait plus vraiment à l'intérieur de son corps. Lorsqu'il se réveilla, quelques longues minutes plus tard, l'étrange animal avait disparu.

Je n'ai jamais vu une bête aussi sanguinaire ! Le berger était en train de raconter son aventure à l'un de ses plus jeunes cousins. Il se plaisait à entretenir la légende des Weltpüffs sauvages. D'un côté, il n'était pas certain que la bête ne soit pas particulièrement féroce. Il ne l'avait pas vu longtemps et sans doute était-il un immaculé de son courroux. Cependant, il en doutait. Bien des histoires étaient fausses. Peut-être qu'un jour, des individus avaient dû entreprendre une mission dans le Plateau et qu'ils avaient inventé une excuse pour justifier leur échec. Peut-être que l'histoire était venu d'un père, souhaitant que ses enfants n'aillent pas gambader en ce lieu. Il y avait plusieurs raisons qui auraient pu pousser des êtres à relater l'histoire de ces moutons sauvages. Alaster, lui, avait simplement envie de s'amuser. Hénoch avait pu reprendre ses esprits et c'était tout ce qui comptait.

Lorsque la Déchu devint Abjactio, une grande fête fut organisée dans la ferme Dah Numen. Cela voulait dire beaucoup et bien des membres de la famille du nouveau nommé pensaient qu'il irait loin. Le soutien des siens lui faisait plaisir. Il était important à ses yeux. Il les aimait et voulait les protéger. Bientôt, pourtant, les temps seraient de nouveau troubles. La guerre des Dieux guettait.

1982 mots
Revenir en haut Aller en bas
 

Le répit c'est pour les paresseux (niveau trois)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» ¤Passage au niveau trois¤
» [Niveau IV] Les trois Piliers du Passeur. [Mission n°2]
» Un... Deux trois et quatre. | Secret Santa pour Astriid
» Une pour toutes, toutes pour une [niveau 6 Lily-Lune]
» [Mission 1 - Niveau IV] Pour la Néris - Le sorcier échappé
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Côtes de Maübee :: Avalon-