Elewonore était assise, les yeux fermés et, seule dans le champ de campanules bleues, le cimetierre des Orines au coeur de Maëlith, elle se laissait transporter dans ses songes, portée par toutes les âmes des orines du passé qui avaient trouvé le repos éternelle en s'incarnant dans les plus belles fleurs que la nature nous avait permi de contempler. Là, parmi ces couronnes de pétales d'un bleu intense et profond se trouvait sans doute sa mère qui avait scellé son destin dès l'instant où elle avait donné la vie à Elewonore. Son père, quant à lui, même si la damoiselle ne l'avait jamais vu, faisait partie intégrante de la jeune fille puisque, lorsqu'il était mort son âme s'était recyclée pour créer Elewonore puisque il en était ainsi de la pérénité de l'espèce.
Et, alors qu'une douce brise faisait danser les fleurs bleues comme les cheveux aussi étincelants que l'ivoire de la jeune femme, de douleureux souvenirs vinrent attrister la Reine des Orines, ravivant en elle de profondes et inguerissables blessures. En effet, Elewonore ne pourrait jamais reposer aux côtés de ses paires dans cette étendue de fleurs splendide pour la terrible raison que son maître n'était plus. Bien evidemment normalement, à la mort de son maître, l'orine crée un enfant avec l'âme du défunt seulement, dans ce cas précis, la sorcière qui avait assassiné le magicien à qui appartenait le corps et le coeur d'Elewonore avait également emprisonné son âme pour que jamais elle ne revienne vers l'Orine. Ainsi, la souveraine était condamnée à vivre désormais seule, sans son maître mais également sans enfant à chérir, à voir grandir et devenir une belle orine avant qu'elle ne rende son dernier souffle pour rejoindre ses soeurs dans le champ de campanules bleus.
Une larme perla au coin de l'oeil azuré de la reine avant de ruisseler sur sa joue. La blessure de cette perte ne serait jamais guérie et, jusqu'à ce que la damoiselle ne s'éteigne, elle ne cesserait de souffrir de sa triste solitude.

Heureusement, elle était entourée de son peuple et Maëlith était un village débordant de vie et chaleureux. Il devait d'ailleurs sans nul doute faire partie des endroits les plus beaux de ce monde mais personnes ne pouvait en témoigner à moins d'être une Orine car ce village était caché aux yeux de tous.
Elewonore était fière de son peuple et encore plus d'en être l'humble représentante. De ce fait, elle avait assisté et contribué à ce que cette race d'asservie devienne puissante et renommée de par le monde entier. En effet, la souveraine pouvait d'ailleurs se vanter d'être à la tête d'un peuple dont l'influence et la puissance n'avait cessé de croitre ses dernières années et nombreuses de ses soeurs étaient devenues les conseillères des gens parmi les plus influents de ces terres.
Et, comme pour refléter cette apogée, Maëlith, autrefois tout petit village perdu dans l'immensité des terres d'emeraudes, était devenu une petite ville rayonnante qui n'avait jamais autant resonné des rires de nombreuses jeunes Orines. Ainsi, la cité était devenu au fil du temps un endroit de plus en plus étincelants en communion avec une nature généreuse qui contribuait elle aussi à la beauté de l'endroit par l'omniprésence de fleurs et d'abres majestueux. Ce n'était pas pour rien, selon Elewonore, que Maëlith était la ville des arts car la ville elle-même était une oeuvre à la saisissante beauté.
Et, alors qu'elle se laissait caressait par un doux vent d'été, Elewonore sentit une présence s'approcher, timide, de la souveraine. La demoiselle ouvrit les yeux, se leva et fit face à l'une des membres du conseil qui dirigeait Maëlith. La jeune fille qui devait être à peine plus âgé qu'Elewonore s'inclina et s'adressa à elle d'une voix emprunte de respect.

"Majesté, Le conseil est réuni et vous attend dans la salle du trône du palais."

"Très bien allons-y sans tarder"

Et pour ponctuer ses paroles, Elewonore se mit en chemin, suivie par la demoiselle qui était venu la chercher.
Le palais n'était pas bien loin du champ de fleur. En effet, étant au centre exact de Maëlith, l'étendue de campanule faisant office de cimetierre pour les Orines se trouvait juste derrière le Palais du conseil, haute instance dirigeante de Maëlith. Ainsi, il ne fallut pas longtemps à la reine et sa suivante pour arriver à la salle du trône. C'était un endroit fabuleux, comme une clairière dans un écrin, une bulle de crystal. En effet, le sol n'était autre qu'un parterre d'herbe douce et de fleurs et les fenêtres d'un verre à l'incomparable pureté étaient maintenues entre les branches des arbres qui tenait lieu de murs à la pièce. Au centre de celle-ci se trouvait une table autour de laquelle seul deux chaises était innocupés. Et, alors que la suivante d'Elewanore prenait place, La reine se dirigea vers le bout de la table pour s'asseoir sur le trône.

"Bien le conseil peut commencer.

Elewonore inspira doucement avant d'expliquer pourquoi elle avait demandé au gouvernement de Maëlith de se réunir.

"Mes soeurs, si je vous ai appelé aujourd'hui c'est parce que l'heure est grave. Vous savez toutes comme moi que l'influence de notre race en ce monde ne cesse de croitre et de ce fait notre peuple n'a jamais été aussi puissant. Or, récemment, nous avons appris l'existence d'une mystérieuse communauté qui traque et tue les Orines asservies. Même si Maëlith n'est pas encore officiellement en danger puisqu'il n'y a ici que des jeunes Orines libres, il est de notre devoir de venir en aide à nos consoeur qui sont menacées."

Une des membres du conseil se leva alors.

"Majesté, j'ai envoyé des espionnes comme vous me l'avez demandé, pour nous renseigner sur les agissements de cette mystérieuse confrérie et il se trouve que leur objectif principal n'est pas de tuer les Orines asservie mais de contrôler toutes celles qui sont encore libre. Nos espionnes ont même entendue une rumeur comme quoi ce groupe aurait même trouvé une solution pour asservir l'orine sans avoir a répondre à son énigme."

Cette révélation était effrayante et Elewonore devait agir au plus vite sinon tout son peuple serait terriblement menacé mais pas seulement, car si cette confrérie avait de sombre dessein, avec une armée d'orines asservies à leur disposition, le monde entier serait en danger.

"Très bien, je veux que soient rapellé à Maëlith toutes les Orines les plus puissantes et qui peuvent délaisser leur maître suffisemment longtemps pour protéger le village. Je clos ce conseil et me retire dans mon bureau pour envoyé des missives aux peuples qui nous sont alliés pour leur demander de l'aide quant à vous, je veux que vous en appreniez davantage sur les objectif réelles de cette congrégations et si possible, si ils ont l'intention d'attaquer Maëlith. Faites au mieux mes soeurs, il en va de notre survie."

Suite à ces mots, chcune d'entre elles se leva et quitta la pièce. Seule, une fois de plus, Elewonore resta un moment assise avant de se lever à son tour pour rejoindre ses quartiers afin de commencer à élaborer la défence de sa ville et de son peuple.

Le bureau d'Elewonore était lumineux et il y reignait une chaleur agréable. Rien dans la pièce ne laissait transparaître qu'elle était purement fonctionnelle si ce n'est peut-être la table qui était ensevelie sous quantité de papiers importants. Cependant, malgré les fleurs aux parfums délicats et à l'envoutante beauté, malgré les ouevres d'art riches et somptueuses parsemées ça et là, décorant la pièce avec un goût exquis, la souveraine des Orines arborait une mine contrariée et ne semblait pas vraiment disposée à se délecter de la splendeur de ce lieu. Une fois qu'elle fut entrer dans la pièce, elle poussa un profond soupir puis se dirigea vers la table. Elle s'assit sur le fauteuil confortable et moelleux et rangea quelques parchemins dans les tiroirs pour faire un peu de place afin qu'elle puisse poser une feuille et l'encrier pour pouvoir écrire.
Elle prit alors une plume blanche, la trempa dans l'encre mais, au moment d'écrire sa main s'immobilisa, laissant tomber une goutte du liquide noir ébène sur la feuille de parchemin encore immaculée. Mais que pouvait-elle donc écrire à leurs alliès alors qu'elle ne savait rien de cette menace mis à part quelques rumeurs glanées ça et là par les espionnes du conseil des Orines. Si elle voulait être suffisemment crédible pour attirer l'attention de ces peuples dont elle espérait l'aide, il fallait absolument qu'elle en sache plussur leurs ennemis. Elewonore renonça donc à rédiger une missive qui serait certainement bien loin d'être convaincante et de refleter efficacement la gravité de la situation. Elle posa la plume, se leva et sortit de son bureau pour aller à la rencontre d'Inweï l'Orines du conseil chargée de supervisée les recherches d'informations des espionnes.

En marchant dans les couloirs du palais du conseil des Orines, la reines réfléchissait activement aux solutions potentielles pour se sortir de cette situation qui pourrait rapidement dégénérer et devenir réellement grave. Elle espérait d'ailleurs que MaËlith ne se ferait pas attaquer dans l'immédiat car, même si le village avait plus des allures de véritable cité désormais, la population n'était consituée essentiellement que de femmes et d'enfants qui aurait bien du mal à se défendre si guerre il y avait. Oh bien évidemment, l'emplacement de Maëlith était un secret absolu mais il suffisait qu'un seul membre de cette obscure confrérie soit le maître d'une Orine et il pourrait la forcer à révèler l'emplacement de la ville. Elewonore avait éventuellement pensé à demander à chaque Orine asservie de revenir à Maëlith accompagnée de leur maître mais ce n'était pas à elles de donner des ordre, condamnées à une obéissance sans faille. La souveraine se prit alors à maudire cette obligation d'être à ce point dépendante d'un homme mais elle se ravisa bien vite, se rappelant à quel point on pouvait aimer son maître, se rappelant à quel point le lien donnait vie à une Orine.
Elle poussa à nouveau un profond soupir alors qu'elle arrivait devant la porte du bureau d'Inweï. Elle frappa doucement puis ouvrit et entra dans la pièce. Celle-ci, même si elle n'était en rien comparable à son propre bureau à l'éblouissante splendeur, n'était pas dénué de charme et on aurait presque cru qu'une brise printanière soufflait doucement dans cette endroit. Contrastant avec cette sérénité, le visage de l'orine présente en ce lieu était sombre et inquiet.

"Inweï, que se passe-t-il, vous m'avez l'air bien préoccupée? A-t-on des nouvelles de nos agents?"

"Justement non Majesté, aucune des Orines que j'ai envoyé en mission n'a donné signe de vie depuis que j'ai envoyé l'ordre de se renseigner sur les objectifs de la confrérie"

La mine de la reine s'assombrit également et on pouvait lire clairementune profonde inquietude sur le visage parfait d'Elewonore.

"Je crois que je n'ai pas le choix Inweï je vais faire appel à mon don de voyance pour lire dans le miroir des vérités."

"Est-ce bien prudent majesté, ce miroir n'a pas servi depuis des siècles et son pouvoir colossale peut, dit-on, apporter la cécité à celle qui contemplerait les vérités."

"Je je le sais bien Inweï mais si l'ennemi est aux portes de Maëlith j'aimerais autant être informée."

"Bien majesté, soyez prudente"

"Ne t'inquietes pas Inweï je le serai. Je me rends séance tenante dans le temple et si la moindre information te parvient, n'hésite pas à m'envoyer chercher."

Puis la reine fit volte face, faisant voler sa chevelure ivoire, pour sortir de la pièce. Elewonore pressa le pas car son don de voyance faisait naïtre en elle un mauvais pressentiment. Hélas, l'avenir était capricieux et elle ne pouvait pas prédire avec certitudes ce qui allait arriver sans l'aide du miroir. c'est ainsi qu'elle quitta le palais du conseil pour se rendre à nouveau au champ de campanule derrière lequel se trouvait le temple à esprit des Orines.
Et, alors qu'elle descendait les marches, elle se retrouva nez à nez avec une Orine resplendissante aux cheveux d'ébène et au regard profond. Elewonore inclina la tête puis un sourire vint effleurer son visage troublé. Et, comme si la seule présence de la jeune femme avait réussi à la rassurer, la reine emis un murmure empreint de sérénité et de soulagement.

"Lily-Lune"

La jeune femme qui se tenait face à la souveraine des Orines était resplendissante. Et, alors que Lily-Lune inclinait légèrement la tête avec plus de respect qu'une révérence ostantatoire, Elewonore regardait avec bonté cette ravissante demoiselle à peine plus jeune qu'elle. Oh détrompez vous, ces deux jeunes femmes n'étaient de proches amies, elles s'étaient juste un peu cotoyez durant leur enfance à Maëlith. Cependant, un lien unissait ces demoiselle pourtant si différente, l'une incarnant une blancheur et une pureté immaculé alors que de l'autre emmanait une beauté plus sombre et ravageuse. Ce lien en question, personne à par la reine ne connaissait son existence. D'ailleurs sans doute que Lily-Lune devait peut-être trouver étrange le soulagement d'Elewonore lorsqu'elle était venu à sa rencontre. Mais il était justifié car le puissant pouvoir de voyance de la gardienne de Maëlith lui avait laissé entrevoir une visionn où Lily-Lune s'occuperait de Maëlith et protégerait le village comme une mère aimante le ferait avec son enfant. Voilà donc le secret que gardait au fond d'elle Elewonore. Biensur, elle ne le révèlerait pas, de peur d'effrayer la jeune femme en la mettant face à une destinée qu'elle n'avait pas choisi aussi la reine se contenterait-elle d'initier subtilement Lily-Lune jusqu'au jour où, comme elle l'avait vue en rêve, elle prendrait sa place en tant que chef du conseil et gardienne de Maëlith.
Et, alors que la jeune souveraine était aux prises avec des songes entremélés à des bribes d'avenir, l'orine au cheveux débène qui lui faisait face prit la paroles, sa voix cristalline resonnant mélodieusement mais avec un brin de gravité tout de même.

"Elewonore. Ravi de vous revoir bien que les heures soient sombres. Je suis venue dès que j'ai pu, sur la demande de Kara et Lila qui m'ont vaguement expliqué. Elles me font vous dire qu'elles tentent de revenir le plus vite possible "

Le visage d'Elewonore s'assombrit surtout en sachant que les agents du conseil ne répondaient plus, laissant ainsi présager que toutes Orines en dehors de Maëlith courraient un grave danger. La jeune reine priait pour que Kara et Lila, qu'elle avait envoyé rappeler au village toutes les orines qu'elles pourraient trouver, ne fassent pas de mauvaises rencontres et reviennent saines et sauves à Maëlith. Et, alors qu'Elewonore n'arrivait pas à chasser se sentiment d'inquiètude vis à vis de toutes les Orines, asservies ou non, qui se trouvaient quelque part à l'extérieur du village, Lily-lune poursuivit, sur ce même ton mélodieux et grave.

"Je me rendrai utile du mieux que je peux. Avez vous déjà un plan d'attaque?"

Elewonore appréciait la franchise et la capacité de la jeune femme à aller à l'essentiel. En effet, l'heure n'était pas aux bavardages inutiles et il valait mieux, selon elle, mettre de côté protocole et convenance pour eviter de perdre un temps des plus précieux. C'est donc avec la même franchise que la souveraine répondit à son interlocutrice.

"Hélas je crains que non. Nous ne disposons que de trop peu d'information pour l'instant pour être efficace et savoir réellement comment nous devons nous organiser."

La reine marque une courte pause, inspira calmement et reprit.

"De plus, les espionnes que nous avons envoyé afin de découvrir les réels objectifs de cette mystérieuse confrérie ne donne plus signe de vie. Finalement, tout ce que nous savons, et ce n'est pas le moins inquiétant, est que ce groupe vise Maëlith en priorité de par la présence ici de nombreuses Orines non asservies et également qu'ils auraient trouvé un moyen de contourner l'énigme pour nous contrôler ce qui ne présage rien de bon."

Elewonore était parfaitement consciente que, de tous ce qu'elle venait d'avouer à Lily-lune, rien n'était très rassurant, bien au contraire. Cependant, Lily-lune, même si elle arborait toujours cet air grave et sérieux, ne semblait pas se laisser décourager par ces sinistres nouvelles et la reine en fut soulagée. Il fallait mieux garder la tête froide pour pouvoir réagir rapidement et efficement à toutes les situations.
L'orine reprit la parole pour poser une autre question dont chacune d'elles connaissaient déjà la réponse en espérant secrètement avoir tord.

"Pensez vous que beaucoup d'orines pourrons se liberer et venir à temps?"

Elewonore soupira doucement comme si elle redoutait de répondre à cette interrogation, apportant ainsi par ses mots une dimension tristement concrète à une vérité déjà connue.

"Je crains hélas que nous ne pouvons compter que sur nous même pour protéger le village. J'espère juste que toutes les autres orines sauront se mettre à l'abri et resteront saines et sauves."

La reine prit doucement une profonde inspiration puis descendit quelques marches, dépassant ainsi Lily-lune qui n'avait pas bougé. Après quelques pas, Elewonore se retourna vers la jeune femme aux cheveux d'ébène.

"Venez avec moi, je vais tâcher d'en savoir plus sur ce qui nous attend et j'aurais besoin de votre aide."

Puis, même si cela n'était pas très courtois, la jeune souveraine se remit à marcher sans attendre la réponse de son interlocutrice, se dirigeant vers le champ de campanules bleus. Cependant, elle savait que Lily-lune ne lui tiendrait pas rigueur de ce manquement aux usages car elle savait aussi bien qu'Elewonore qu'il n'yavait désormais plus de place à ces futilités.

Elewonore, suivie de prêt par Lily-Lune, avançait d’un pas assuré et soutenu dans les rues de Maëlith pour se diriger vers le champ de campanules bleus derrière lequel se trouvait le temple à esprit, le cœur spirituel de la cité des Orines. Cet endroit mystique était dit-on la demeure de puissants esprits qui étaient, en quelque sorte, considérés comme des divinités par les Orines. Et ces entités veillaient disait-on sur l’artefact le plus puissant de cette race, le miroir des vérités que seule une reine pouvait consulter à ses risques et périls. C’est d’ailleur à cause de cette mise en garde que plus une reine ne l’avait utilisé depuis fort longtemps, craignant trop la malédiction qui allait avec le miroir. Mais, selon Elewonore, l’heure n’était plus à craindre de l’utiliser car, en cet instant précis, elle ne voyait pas d’autre solution que de le consulter pour ainsi s’assurer de la marche à suivre pour sauver Maëlith.

Et, alors qu’elles marchaient toutes les deux côtes à côtes, Lily-Lune brisa le silence pesant qui s’était installé et s’adressa à la reine de sa voix grave et inquiête.

« Madame... Ne pensez vous pas qu'il vaudrait mieux évacuer une partie du village? Les plus vulnérables...Ils ne partiront pas si on ne leur dit pas. Mais.. Ne gardez ici que ceux pouvant se défendre un minimum...Je ne sais pas vraiment.. Je ne fais que dire ce que je pense »

Lily-lune n’avais évidemment pas tord mais dans ce cas, où pourrait se réfugier les orines ? Biensur, il était évident que le village, même si il était la cible directe de leurs ennemis, était pour l’instant l’endroit le plus sûr pour elles car à l’extérieur le danger rôdait invisible et sournois alors que dans l’enceinte du village, bien cachées, se trouvaient des cavités naturelles qui permettaient en temps de crise de mettre à l’abri les enfants et autres personnes plus fragiles qui n’était pas disposées à combattre.
C’est ainsi que Elewonore répondit à Lily-Lune pour le lui expliquer, sans pour autant s’arrêter de marcher.

« Ne t’inquiètes pas ma sœur, j’ai donné des ordres et toutes sont prêtes à réagir si le danger se fait plus menaçant mais nous ne pouvons pas nous permettre de les emmener hors du village car le danger y est plus grand et en temps voulu, les plus fragiles seront mener à l’abri dans un endroit secret que je suis là seule à connaître pour des raisons de sécurité. »

La reine ne pouvait se permettre de réveler les endroits de ces cavités surtout à une Orine asservie car celle-ci pourrait révéler la cachette si son maître le lui ordonnait aussi, depuis des générations, ce secret se transmettait de reine en reine puisque de toute façon celle-ci s’éloignait de son maître pour venir gouverner Maëlith. Et, alors que Elewonore songeait que, de toute façon, elle n’avait plus de maître à qui transmettre ce secret, Lily-lune poursuivi la conversation.

« Et pourquoi... Besoin de moi? Et surtout, que comptez vous faire? »

La reine, patiente et à l’écoute, voyant le doute sur le visage de sa sœur laissa Lily-lune poursuivre.

« Et savez vous combien nous avons de temps pour nous préparer et nous organiser? »

Elewonore comprenait les inquiétudes de la jeune femme et cela renforça sa conviction de passer outre la malédiction du miroir pour le consulter car il permettrait à la reine de lui dévoiler l’avenir de maëlith de manière précise et non pas d’une façon très floue comme son pouvoir de voyance.
Elle prit donc une profonde inspiration avant d’expliquer à Lily Lune ses plans.

« J’ai l’intention de consulter le miroir des vérités Lily-Lune et ce dernier me permettra de savoir ce qui nous attends avec la plus grande des précisions. Ainsi nous pourrons savoir ce qui doit être fait et le temps qu’il nous reste pour le faire »

Suite à ces mots, elle continua d’avancer ssilencieuse, se demandant ce qui lui arriverait en consultant ce miroir tant redouté.

Elles arrivèrent alors devant le champ de campanules bleus.
Elewonore leur fit emprunter un sentier fait de dalle de granit blanc et qui menait à une étrange batisse logée dans un énorme saule pleureur, des fenetres alambiquées se découpant dans le tronc titanesque de l’arbre qui s’ouvrait en un semblant de porte là où menait l’étroit sentier.
Les deux femmes passèrent cet arche pour entrer dans l’arbre colossale.

Curieusement, à l’intérieur, malgré les grandes fenêtres il faisait nuit et le plafond n’était autre que le ciel nocturne, piqueté d’étoiles telle une exacte réplique de la voute céleste. Au centre de la pièce se trouvait une immense bassin reflètant les petits points argentés et lumineux qui étincelaient sur le plafond.

« Nous y voilà, voici le miroir des vérités et toutes ces étoiles sont les esprits de ce temple »

Elewonore désignait le bassin comme pour montrer à Lily-Lune qu’il s’agissait de ce miroir. Et, alors que silencieuses, elles semblaient attendre que quelque chose se produise, une des étoiles, celle qui indiquait toujours le nord et autour de laquelle tournait toute les autres, celle que l’on appelait plus communément l’étoile polaire, devint de plus en plus lumineuse, comme si elle se rapprochait des deux Orines. Ceci n’était pas une illusion car bientôt, elle purent voir un petit être étincelant accroché à un fil leur faire face. Tel était donc le visage des esprits de ce temps.

Cette vision était surréaliste. Un bassin reflétant mille étoiles dont l’une d’entre elles était descendu de la voute céleste et planait au dessus du bassin, accrochée à son fil d’argent, faisant face aux deux orines. L’une paraissait apaisée et sereine alors que l’autre, inquiète, semblait troublée et perplexe. En effet, Alors qu’Elewonore se laissait bercer par la mélodie enchanteresse de ce décors de conte de fée, Lily Lune ne semblait pas apprécier à se juste valeur cet endroit aux mille splendeurs car elle était aux prises avec de nombreuses préoccupations. Et, comme si elle ne pouvait plus les garder pour elle-même, elle prit la parole, et c’est toujours de cette même voix grave qu’elle interrogea sa reine et dans c’est mots flottait un espoir fou, celui d’être rassurée.

« Êtes vous bien sûre? Si le miroir rend belle et bien aveugle... Les Orines ne seront pas rassurées de vous savoir plus vulnérables. »

Elewonore ne répondit pas, ses yeux toujours fixés sur l’étoile polaire, une expression de paix et de sérénité hors du temps ornant son visage d’ange. Elle se doutait bien que Lily-Lune ferait sans nul doute parti de ces orines qui ne percevrait rien de bon dans la cécité qui frapperait la reine une fois qu’elle aurait consulté le miroir des vérités. Bien sûr, il fallait bien avouer qu’une reine aveugle, dans une période de crise comme celle qu’elles étaient en train de traverser présentement, n’avait rien de rassurant, bien au contraire. Cependant, les informations que leur délivrerait le miroir seraient sans doute capitales pour leur survie et la reine était prête à sacrifier bien volontiers sa vue si, en contrepartie, son peuple était sain et sauf.
Et puis, même si, au plus profond d’elle, Elewonore était bien triste de savoir qu’elle ne pourrait jamais plus se ravir en contemplant les merveilles de ce monde, elle savait qu’elle ne serait jamais complètement aveugle. En effet, elle avait sentie, grâce à son pouvoir de prescience, que Lily-Lune serait à ses côtés jusqu’à la fin et deviendrait les yeux de la reine de sorte qu’Elewonore ne se retrouverait pas complètement démunie et aveugle.

« Nous avons toutes besoin de notre reine, en parfaite santé. »

Les lèvres d’Elewonore s’étirèrent en un fin et énigmatique sourire dont elle seule avait le secret. C’est d’ailleurs grâce à ce sourire qu’elle avait fait chavirer son défunt maître qui était instantanément tombé sous le charme de la damoiselle aux cheveux d’ivoire.
Et, alors que la reine se laissait, une fois de plus, emporter dans ses souvenirs, Lily-Lune, toujours inquiète, continua sur sa lancée.

« Si vous voulez, je peux consulter moi même le miroir. »

Ces mots tirèrent aussitôt Elewonore de sa rêverie. Elle regarda alors Lily-Lune et son regard était perçant, troublant, comme si elle regardait au plus profond du cœur de l’orine qui lui faisait face. Pourtant, le visage de la reine était doux et aimant comme si ce qu’elle était la seule à voir attisait son respect, son admiration, son amour.
Elle prit alors la parole et sa voix était douce et aimante.

« Je serais une bien mauvaise reine si je laissais quelqu’un d’autre accomplir mon devoir pour éviter un sacrifice »

Elle ponctua ses mots de son terrible sourire ravageur avant de poursuivre.

« Ton dévouement pour tes sœurs est ô combien louable Lily-Lune et c’est pour cela que je t’ai choisi pour m’épauler dans cette bataille. Tu seras mes yeux, ma conseillère avisée. Prends ce rôle à cœur car je m’en remettrais corps et âme à ton jugement. »

Suite à ces paroles, Elewonore sembla se désintéresser complètement de Lily-Lune pour se concentrer exclusivement sur l’étoile, ou plutôt l’esprit, qui lui faisait face.

« Je suis Elewonore d’Orys, souveraine des Orines, Chef du conseil des muses, Gardienne de Maëlith, Protectrice des Orines libres et asservies et j’en appel aux esprits pour consulter le miroir des vérités. »

La voix de la reine avait été pleine d’assurance et de détermination, comme si la volonté seule avait le pouvoir de se faire entendre de ces curieuses étoiles.
Suite aux mots assez officiels de la reine des orines, l’étoile polaire sembla satisfaite et elle plongea dans l’eau. C’est alors que, telle une pluie étincelante, toutes les étoiles de la voute céleste la suivirent et descendirent du plafond pour entrer dans le bassin.
Le miroir des vérités était dorénavant étincelant comme si tout l’éclat du ciel était contenu dans ses eaux.

Elewonore enleva alors ses vêtements pour les poser au bord de l’eau.
Puis, complètement nue, dépouiller du moindre artifice, elle s’avança pour s’enfoncer à son tour dans le bassin illuminé.
Elle allait enfin contempler la vérité, aussi difficile à accepter soit-elle.

Lily-Lune inclina doucement la tête, un peu inquiète. Cependant, elle n'allait pas contester la décision de sa reine. C'était certainement la meilleure pour tout le peuple des Orines, mais pour Elewonore alors? Certes, comme cette dernière l'avait dit, c'était son rôle de chef. Mais elle allait surement détruire une partie de sa vie. C'était un grand sacrifice. Lily-Lune ferait alors de son mieux pour épauler sa reine et être ses yeux. Mais saura-t-elle prendre les bonnes décisions? L'orine doutait d'elle même. Elle avait parfois une vision des choses étranges, qui lui était bien propre et que le reste de la populace contredisait. Alors comment allait-elle gérer tout cela? Bien à sa manière, c'était un fait. Mais est-ce qu'Elewonore lui ferait vraiment confiance, et ce jusqu'au bout et quoi qu'elle dise? Elle avait souvent des idées loufoques, mais cela portait ses fruits, sur le long terme. Et c'était bien ce qu'il fallait viser après tout.

Lily-Lune observait la reine , qui suivait ce qui devait être un rite pour pouvoir consulter le miroir. La jeune femme espérait que les rumeurs soit fausse et que la consultation du futur à travers le miroir ne soit pas dangereuse. il fallait bien garder un peu d'espoir, même dans ses heures sombres.

Pourtant, Maëlith n'en était pas à sa première attaque. Le village s'était déjà confronté à des groupes maléfiques tentant de prendre le contrôle de ce petit monde caché. Mais... jamais d'une telle ampleur. Lily-Lune se souvint de la fois ou elle était revenue ici pour repousser une attaque, avec Lilith. Déjà à cette époque, l'intrusion avait été mal ressentit et plutôt importante. Alors pour que le conseil des Orines soit ainsi déchaîne, et la reine si inquiété...Lily-Lune craignait le pire.

Ma jeune femme observa les lumière qui semblait s'affoler. Cela faisait mal aux yeux. En s’inclinant légèrement, Lily-Lune dit simplement:

- Je vais vous laisser .. consulter en paix le miroir. Je vous attend dehors, ma dame.

La politesse et l'étiquette auraient voulu qu'elle demande, mais ce n'était en rien une question. Elle voulait aller dehors, et elle allait y aller, un point c'est tout. Lily-Lune alla donc rapidement à l'extérieur et s'assit sur une marche. Elle cueillit une petite fleur à portée de bras, une pâquerette en l’occurrence, et passa ses nerfs dessus. Cela lui faisait un bien fou. Il fallait qu'elle se détende un peu. Fixant l'horizon, elle se demandait ce que l'avenir réservait pour le peuple des Orines. Elewonore allait bientôt le savoir, en tout cas. En espérant que le ciel soit clément avec elles.

HRP; c'est court, c'est nul, mais je voyais pas vraiment ce que je pouvais dire XD

Au moment où son visage fut complètement immergé, la lumière qui innondait le bassin devint tellement aveuglante qu'Elewonore avait l'impression d'être éblouie même avec les yeux fermés. Puis, d'un coup ce fut le noir et une curieuse sensation s'empara de la reine des Orines. En effet, c'était comme si elle n'était plus sous l'eau, comme si elle était de nouveau à l'air libre.
Elle se décida donc à ouvrir les yeux, sachant pertinemment que ce qu'elle allait découvrir était la vérité qu'elle voulait connaître, qu'elle était venue demander humblement mais qu'elle redoutait finalement. C'est ainsi emplie d'appréhension que la demoiselle, dont les cheveux Ivoires ondulaient sur un rythme lancinant autour de son visage, seul indice qui indiquait qu'elle se trouvait encore sous l'eau, ouvrit doucement ses yeux aussi claires et pures qu'un diamant brut.

Ce qu'elle vit alors était étrange. En effet, elle se voyait, elle-même allongé dans le bassin, comme si un miroir se tenait face à elle et la refletait dans son intégralité. Comme pour vérifier si ce n'était pas réellement le cas, elle bougea un bras et fut surprise de sentir la résistance de l'eau alors qu'elle était en ce moment même en train de respirer comme si elle était à l'air libre. Elle constata alors que l'Elewonore qu'elle voyait n'était pas un reflet puisqu'elle ne bougea pas.
Tout à coup son "faux reflet" ouvrit les yeux et la reine, spectatrice, eut un hoquet de surprise lorsqu'elle constata que les yeux de son alter-ego était blancs, ce qui lui confirmait dès à présent que la malédiction du miroir des vérités n'était pas une légende.
Puis, elle vit l'Elewonore de la vision se relever brusquement, sortant la tête de l'eau qui n'était plus du tout étincelante, ne faisant que refleter les étoiles-esprits qui étaient visiblement remontés vers le plafond, véritable voute céleste. Le reflet prit une pronfonde respiration, haletante, paniquée, comme si elle avait été sur le point d'étouffer.
La reine, dans la vision, dont elle était en ce moment même la témoin passive qui survolait telle un courant d'air la scène, cligna des yeux puis, après avoir esquissé un semblant de stupeur durant un infime instant, elle sembla envahit d'une tristesse sereine mais également d'une profonde détermination. Puis elle se rhabilla lentement, paraissant tout à coup bien maladroite et fragile avant de sortir du temple.

La spectatrice eut alors l'impression de se déplacer. Elle avait l'impression qu'elle flottait dans les airs, à moins que ce soit la vision tout entière qui bougeait, comme si la pièce de théâtre qu'elle était en train de regarder était en train de changer d'acte.
Elle traversa le mur du temple sans rien sentir, pas même un souffle ou un remou dans l'eau du bassin. Puis elle se vit s'appuyer sur l'épaule de Lily-Lune qui l'attendait dehors. Cette dernière accueillit sa reine avec compassion et tristesse mais également avec la plus grande inquiétude.

Puis, la témoin s'envola de nouveau, plus vite cette fois, si bien que le paysage devint flou tellement il se déplaçait rapidement. Puis, une fois qu'elle fut sorti de Maëlith, tout s'arrêta et elle resta là, immobile, à surplomber les collines verdoyante qui entouraient Maëlith.
C'est là qu'elle les vit, petits points noirs dans la verdure. D'un seul coup, comme si le miroir avait entendu son envie dans savoir plus, elle se rapprocha.
Ce qu'elle vit la fit frissonner. En effet, un groupe d'une centaine de personne environ, peut-être plus, et constitué majoritairement de sorciers et de démons regardait avec haine et convoitise le village des orines et ils étaient armés jusqu'aux dents. A la tête de cette sinistre armée, un homme, tout de noir vétu, au visage dissimulé par un nuage d'ombre plus noir que la nuit et plus dense que le brouillard. A côté de lui se tenait une femme enchainée. Elewonore la reconnaissait. C'était Oway, une vieille Orine qui n'avais jamais voulu de maître car son rêve était de parcourir le monde à sa guise, libre comme l'air. Si la reine la connaissait c'est parce qu'elle revenait souvent à Maëlith pour raconter des histoires de ses voyages aux petites qui ne pouvaient quitter le village.
L'homme en noir leva alors sa main droite vers Oway. Elle était recouverte d'un étrange gant qui était au niveau de la paume, recouvert de petites pointes. L'homme plaqua sa main sur le coeur de l'orine captive qui esquissa un rictus de douleur. Puis sa voix s'eleva sinistre et caverneuse.

"Je peux tuer les rois, anéantir leur peuple, détruire leur royaume. Je peux raser les forêts, assecher les rivières, user les montagnes. Qui suis-je?"

L'orine parut hésité mais, comme si une force l'obligeait à répondre, sa voix faible s'éleva à son tour, tremblante.

"le.... le temps"

La reine spectatrice éprouva alors une sinistre horreur. En effet, elle venait de sentir que l'orine venait d'être asservie.
Quelle infinie horreur cet objet, ce gant permettait à cet homme de retourner l'enigme contre les orines.

La vision n'était pas terminé mais le reste, Elewonore le garderait pour elle car ce n'était pas le plus important.

Comme elle l'avait vu, elle se releva, elle prit une profonde respiration un brin panniquée, elle se rhabilla, maladroite et faible et couru à l'extérieur de temple rejoindre Lily-Lune.

Elle raconta tout ce qu'elle venait de voir, les dernières choses qu'elle venait de voir puisqu'elle était bel et bien aveugle desormais. Puis c'est d'une voix inquiète et grave qu'elle conclut.

"Ils sont à nos portes Lily-Lune et si nous ne protegeons pas les Orines libres ils les asserviront toutes"

Elewonore, qui ne voyait désormais plus qu’une épaisse brume ne pouvant être traversée par la moindre once de lumière, ne put observer la réaction de Lily-Lune. Cependant, dans le plus profond de son cœur, la souveraine des Orines savait que la jeune femme aux cheveux couleur ébène était très affectée par ce qu’elle venait de lui réveler. Elle esquissa donc un sourire, rassurée de sentir que sa sœur ne la laisserait pas tomber au moment où elle avait le plus besoin de son soutient, de son aide, de sa présence. Car maintenant, Elewonore paraissait bien fragile, aussi frêle qu’un oisillon tombé du nid, seul, à la merci du moindre prédateur et Lily-Lune serait celle qui la protégerait.
La reine de Maëlith esquissa un mince sourire, rassurée de se savoir entre de si bonnes mains. Et, alors qu’elle laissait la demoiselle à la chevelure d’encre assimiler tant bien que mal les sinistres révélations qu’elle venait de lui faire, Elewonore en profita pour tenter de reprendre un peu de force car consulter le miroir, perdre sa vue, contempler ce si sombre et en même temps si proche avenir l’avait passablement épuisé. Elle se sentait même pour ainsi dire complètement vidée de son énergie.
Et, alors qu’elle respirait lentement de grande bouffée d’air frais, comme si elle tentait par cet acte de se nourrir de l’énergie de la nature qui les entourait, elle sentit Lily-Lune se rapprocher d’elle.

« Madame »

Puis l’Orine, délicate et prévenante, prit le soin de rajuster le kimono de soie que la reine avait enfilé à la hâte en sortant du bassin dans lequel elle avait du plonger pour entrevoir leur avenir. Puis, la demoiselle reprit la parole et sa voix trahissait son inquiétude et son incertitude quant à la façon de réagir face à ces sinistres révélations.

« Je suppose que vous connaissez mieux que quiconque la région, pouvons nous nous aider de la nature, des arbres, des rivières, n'importe quoi pour les faire barrières? »

Elewonore inspira une dernière bouffée d’air frais avant de se tourner vers l’endroit où elle pensait que se tenait sa sœur.

« Nous pouvons faire appel au pouvoir de Dame Nature la protectrice de Maëlith. Il y a, dans la cour intérieure du palais, un cerisier qui est toujours en fleur. C’est auprès de cet arbre que nous pourrons demander l’aide dont nous avons besoin. »

Puis comme pour faire écho à ses paroles, la jeune souveraine fit un pas en avant. Cependant, cette dernière, du fait de sa nouvelle cécité, ne vit pas que trois marches de pierre séparaient le temple du champ de campanules si bien qu’elle fut déséquilibrée et se retrouva à genoux dans la terre, le visage contre les petites fleurs bleues.
Elewonore repensa alors à la fin de la vision qu’elle avait eue en contemplant le miroir des vérités. Elle avait vu une fleur bleue, un campanule ou plus exactement, elle s’était vue elle-même, au milieu de ce triste champ, ce cimetière naturel dans lequel reposaient les âmes des orines défuntes. Ce passage de la vision signifiait-il qu’elle périrait durant la bataille ? Cependant, elle ne pouvait aborder cette question avec Lily-Lune ni même avec aucune autre orine car cela signifirait instaurer un vent de panique suscité par la possibilité de voir leur reine mourir et elles avaient absolument besoin de garder leur sang froid dans pareille situation, si elles voulaient réagir convenablement à cette crise.

Elewonore se releva alors doucement et fit volte face pour regarder dans la direction de la demoiselle aux cheveux ébènes ou tout de moins l’espérait-elle. Sa voix s’éleva alors douce mais teintée de tristesse.

« Pourrais-tu me guider jusqu’au palais car je dois bien avouer que seule, je vous ferai perdre un temps précieux. »

Elewonore, désormais plus fragile que jamais, attendis, les yeux dans le vague, une brume opaque voilant à jamais son regard. C’est alors qu’elle sentit la présence chaleureuse, pleine de compassion, de Lily-Lune se rapprocher d’elle. Puis, elle sentit une main douce et prévenante saisir la sienne qui était tremblante de doute et d’incertitude alors qu’une autre venait se poser sur son épaule ébranlée par tout le poids du monde qui la faisait ployer. La reine des Orines était maintenant plus rassurée car elle savait qu’elle avait quelqu’un sur qui compter et ce peu importe la situation. En effet, elle savait désormais que sa sœur à la chevelure aile-de-corbeau la suivrait jusqu’au bout et cela ne lui faisait aucun doute que toutes deux parviendraient à sauver Maëlith et toutes les orines de cette terrible menace qui planait dangereusement dans leur ciel jusque là si immaculé.

Elles se mirent alors à marcher, doucement, au rythme lancinant du pas mal assuré de la souveraine à l’éternelle cécité. Et, même si cette dernière sentait sous ses pieds nus l’herbe douce et fraiche, elle était bien incapable de deviner le chemin qu’elles étaient alors en train de suivre. Il fallait qu’Elewonore se rende à l’évidence, elle devait s’en remettre corps et âme à Lily-Lune et lui vouer une confiance absolue, une confiance aveugle, toute ironie mise à part.
La reine se laissa donc guidé sans résister, profitant du trajet pour tenter de développer tous ses autres sens. Ainsi, en essayant de se concentrer sur son ouïe, elle entendit de nombreux murmures et chuchotement sur leur passage. La jeune femme aux cheveux ivoire se doutait que la nouvelle de la menace qui planait au dessus de Maëlith s’était maintenant répandue à toute la population de la cité et que ces voix vacillantes qui lui parvenaient jusqu’aux oreilles n’étaient que le reflet de l’inquiétude croissante des Orines.
Elewonore espérait juste que, en la voyant à ce point démunie et fragile, ses sœurs ne seraient pas plus désemparées qu’elles ne l’étaient déjà. Lily-Lune semblait également de cet avis car, au fur et à mesure qu’elles évoluaient dans les rues de la ville, la reine avait l’impression qu’elles se déplaçaient de plus en plus rapidement, comme pour éviter que des regards trop curieux ne constate la présente impuissance du dernier espoir de toutes, la gardienne de Maëlith.

C’est alors que la souveraine aux yeux maintenant bien ternes et dépourvus du moindre éclat eut l’impression qu’elles ralentirent. Et, comme pour faire écho à cette constatation, la voix de Lily-Lune, sa sœur si bienveillante, s’éleva toute proche.

« Nous sommes presque arrivées, ma Dame. »

C’est alors que sous ses pieds, Elewonore sentit que l’herbe fraiche avait cédé la place à un marbre étrangement chaleureux et veiné de bois, comme si les racines des arbres-piliers du palais s’étaient entremêlées avec la pierre. Cette chaleur lui paraissait si douce, si pleine de vie qu’elle se laissa un instant porter par elle et, alors que Lily-Lune semblait ne plus savoir quel chemin emprunter, la reine savait à présent où aller, comme si elle n’avait plus besoin de ses yeux pour voir et se guider.
Ce fut donc à son tour de guider sa sœur jusque dans la cour intérieure du palais, là où trônait un arbre merveilleux dont chacune des fleurs était plus resplendissante que mille étoiles dans le ciel le plus pur.
La souveraine lâcha alors la main de Lily-Lune pour s’avancer vers ce cerisier fantastique et posa sa paume sur le tronc rugueux et chaleureux, débordant de vie. L’échange entre la dame et cette étrange entité fut bref mais l’essentiel était dit, la nature protégerait ses filles les Orines.

C’est alors que le sinistre son d’une corne retentit, faisant trembler toute la vallée. Cela ne pouvait signifier qu’une chose, l’ennemi avait décidé de se jeter à l’assaut de la capitale d’habitude si paisible des Orines. Réagissant rapidement, la reine entraina Lily-Lune dans le palais jusqu’à son bureau, toujours guidé par la chaleur débordante de vie qui sembla régner dans le palais.
Arrivé dans la pièce, Elewonore se dirigea vers une commode dont elle ouvrit l’un des tiroirs avant de s’emparer d’un vieux parchemin. Elle revint alors vers sa sœur et le lui tendit.

« Ceci est une carte des galeries sous le palais qui conduisent au refuge. Je te charge d’y conduire sans plus tarder toutes les Orines non asservies de Maëlith.
Une fois que tu les sauras en sécurité rejoins moi aux portes de la ville pour la bataille »

Et c’est ainsi que les deux Orines se séparèrent.