Raphaël marchait tranquillement dans le désert, une écharpe entouré autour de la tête, entourant également le bas de son visage jusqu’à son nez. C’était loin d’être sa première visite du désert, et il commençait à avoir l’habitude des dangers que lui réservait cette mer de sable. Le manque d’eau était le principal problème. Problème que lui n’avait pas, sachant qu’il pouvait créer autant d’eau qu’il le voulait grâce à ses pouvoirs. Par contre, il supportait assez mal la chaleur, et ses yeux clairs étaient très sensibles à la forte lumière du soleil. Il était quasiment obligé de plissé les yeux en permanence pour éviter d’être trop éblouit, en particulier sachant que le sable réfléchissait plutôt bien la lumière, ce qui ne l’arrangeait pas vraiment. Vivement que la nuit tombe, ainsi il aurait moins de problème. Et puis, il faisait beaucoup plus froid ce qui était beaucoup plus confortable pour lui. Bien que la température puisse descendre en dessous de zéro parfois. Mais ce qui était le plus à redouté dans ce lieu hostile était les tempêtes. Dans ce cas-là, il ne fallait pas faire l’idiot, et se planquer illico. Enfin, encore fallait-il trouver une grotte ou un rocher, sous lequel s’abriter. Même si, au final, ce n’était pas bien difficile pour lui de s’échapper, il lui suffisait de se téléporter, s’il restait un minimum concentrer. Malheureusement pour lui, il avait entendu une rumeur qui avait attisé sa curiosité, et c’est bien pour ça qu’il ne s’enfuirait pas. Apparemment, un peuple naviguerait sur le sable, et la façon dont ils faisaient l’intéressait énormément. Pour le moment en tout cas.

Tandis que l’Elémental s’imaginait ce peuple voguant sur le désert, il ne remarqua pas immédiatement le bruit de vent puissant, qui vint le frappé, soulevant ses vêtements. Surpris par la violence, il se retourna, et vit soudain le nuage de sable au loin. Enfin, pas si loin que ça, car il se rapprochait vite. Trop vite. A peine eut-il remarqué la tempête, et qu’il se retourna, qu’il se fit prendre dedans. La force du vent qui le frappa l’envoya au sol. Raphaël se releva aussi vite qu’il le pouvait, et se mit à avancer, plaçant ses bras devant ses yeux, et avançant. Il se faisait attaquer de tout côté, le vent et le sable le frappant avec violence, mais il restait debout, continuant son avancer. Il devait trouver un abri, quelque chose où il était sûr de pouvoir attendre tranquillement la fin de la tempête. Il tenta d’utiliser son pouvoir de vision du présent, mais, à chaque fois qu’il tentait, il était immédiatement déconcentré par la tempête qui manquait de le projeter au sol. Et c’était pareil pour son pouvoir de téléportation. S’il essayait une destination au hasard, et sans réellement se concentrer, il avait une chance de finir dans un mur. Alors il continuait de marcher, s’épuisant contre les éléments, ne voyant strictement rien à ce qui se trouvait devant lui. C’était exactement comme en mer, balloté en tous sens, sans connaître sa direction.

Soudain, alors qu’il avait l’impression que tous ses sens étaient inexistant, une musique lui parvint aux oreilles. Bien que cela puisse être un piège, il décida d’essayer de suivre le son, persuadé que, de toute façon, se serait son seul espoir de survivre. Malgré le tissu couvrant ses voies respiratoires, il sentait le sable commencer à s’insinuer dans ses poumons, l’empêchant de respirer correctement, et ses yeux commençaient sérieusement à être irrités par les grains. C’est pour cela qu’il ne crut pas ce qu’il vit devant lui d’abord, croyant à une illusion, ou quelque chose de similaire. Devant lui se trouvait une forme qui ressemblait vaguement à un vaisseau. Il ne distinguait qu’une vague forme, assez flou à cause de son faible champ de vision que lui permettait le sable autour de lui. Mais il entendait toujours distinctement la musique. La musique qui provenait de ce bateau. Il en était persuadé. Si ce n’était pas le cas, s’il hallucinait juste, il allait mourir. Raphaël voulut crier pour attirer leur attention, mais sa gorge était trop sèche, et, de toute façon, sa voix se serait perdue dans la tempête. A bout de force, il tomba à genoux. A ce moment, il vit des ombres humanoïde descendre le long de corde, et courir vers lui. Epuisé, et devenu presque incapable de respirer, l’Elémental n’eut pas vraiment le temps de les voir approcher, il perdit connaissance, son corps s’effondrant dans le sable.

« Mais qu'est-ce que j'en sais moi ? Tu crois que j'ai la science infuse ? D'accord, j'ai vécu assez longtemps pour engranger quelques connaissances mais elles restent quand même assez limitées. Si tu veux une réponse concernant la magie, et dans ton cas l'absence de magie, t'as que deux endroits ou aller voir. Chez les magiciens ou du côté des humains. Et va savoir, si tu choisi la deuxième peut-être que tu tomberas sur de bonnes surprises sur la route » la tête baissée, le regard tourné vers le sol je repense aux mots de l'elfe. Plus j'y pense, plus je me les remémores et plus je me dis qu'elle c'est moqué de moi. Aller à Utopia pour comprendre les raisons de l'absence de ma magie… Pourquoi l'ais-je crue ? La seule chose que je risque de trouver dans ce désert est un coup de soleil. Et puis, de quoi pouvait-elle bien parler en me disant que je pouvais trouver des choses intéressante dans le désert ? En dehors de quelques Oasis et de rares grottes il n'y a rien de plus à trouver. Elle doit bien rire en ce moment à m'imaginer marcher dans le désert, me débattant contre le soleil et les nuages de poussière et de sable soulevés par le vent.

Les nuages et le vent… J'arrête ma marche et regarde autour de moi. Elle ne m'a pas jeté la dedans sans me donner quelques conseils et s'il en est un dont je me souviens il s'agit de celui disant de se méfier du vent et des tempêtes de sable « Elles peuvent survenir n'importe quand et dans ton cas si tu te fais prendre dedans je ne donne pas chère de ta peau. » Le vent de plus en plus fort et de plus en plus insistant me fait soudain prendre peur. Je dois trouver un endroit ou me cacher et en vitesse, même s'il s'agit d'une fausse alerte je ne veux pas prendre de risque. Les minutes s'écoulent rapidement alors que je cherche en vain une cachette. Rien, pas le moindre rocher, pas la moindre grotte, nul part ou se cacher. Lentement, au fur et à mesure que mon moral décroît la force du vent augmente, comme si une mystérieuse balance tentait de s'équilibrer.

Finalement, alors que la tempête semblait démarrer en douceur il suffit de quelques secondes pour que la situation empire. En un clignement de cils les petits nuages de poussières sont remplacés par de lourds nuage de sable. Ma vue s'obstrue dans l'instant et mon souffle devient court. Prise de panique j'accélère le rythme de ma marche, priant en vain pour trouver un endroit ou me réfugier. La réalité me rattrape bien vite et alors que je tombe à genoux une immense forme indistincte passe à côté de moi. Sous le choc je la regarde s'arrêter à mes côtés sans faire le moindre mouvement. Ce n'est que lorsque deux puissantes mains me soulève du sol que je reviens à moi et m'empresse de monter sur le pont. Alors que je regarde autour de moi le choc émotionnel se fait ressentir et sans que je puisse faire quoi que ce soit je perds connaissance, m'écroulant sur le pont.

Je dors d'un sommeil agité entre-coupé de cauchemars ou je me vois, impuissante me faire aspirer par l'étendue de sable, disparaissant purement et simplement de la surface de ce monde, ne laissant aucun souvenir aux personnes que j'ai pu côtoyer. Étonnamment, bien qu'ayant passé les dernières années en compagnie de Lumi c'est à Raphael que je rêve. Cet homme venue d'une autre époque et qui ma tant appris. Ou est-il maintenant, que fait-il ? J'aurais aimé pouvoir le revoir une fois avant la fin.

Cette pensée me fait sursauter et finis de me sortir de mon sommeil. D'un rapide coup d'oeil j'analyse la pièce ou je me trouve. Une chambre avec deux lit dénuée de toute fioriture. Un mouvement dans le deuxième lit attire mon regard. Une autre personne est présente, probablement lui aussi victime de la tempête. Quelque chose se dégage de lui, ne me permettant pas de le quitter des yeux. Je connais cet homme j'en suis certaine et pourtant, je suis incapable de dire de qui il s'agit. Me levant péniblement je décide de me rapprocher de son lit, curieuse et décidée bien décidé à résoudre cette énigme. Quand mes yeux se posent sur son visage je ne parviens pas à y croire. Est-ce bien lui ? Il lui ressemble, je ne peux pas dire le contraire et pourtant, il semble… différent. Sans que je puisse faire quoi que ce soit pour le retenir son nom s'échappe de mes lèvres en une question à peine audible « Raphael ? »

Le sommeil de Raphaël était troublé, sa tête basculant d’un côté et d’un autre, son souffle irrégulier. Les mauvais souvenirs de Bagaya se mêlaient au sien, ainsi que leurs émotions. Des éclairs de lumière semblait jaillirent devant ses yeux à chaque fois qu’un nouveau souvenir lui revenait en mémoire. Ce n’était pas la première fois que cela lui faisait un tel effet, et il détestait ça. Il avait déjà du mal à gérer sa propre mémoire, mais avec une seconde, certaine fois, il n’arrivait plus à s’en sortir. Foutue malédiction. Depuis que la Sorcière la lui avait lancée, il désespérait de pouvoir être enfin tranquille un jour. A cause de ça, il commençait à se détester lui-même par moment. Il ne s’appréciait déjà pas beaucoup en tant que personne, mais avec cette nouvelle haine… Il peinait parfois à comprendre les souvenirs, n’essayait même pas en fait. Cela lui gâchait simplement la vie, et il souhaitait sans débarrasser. Seulement, il ne connaissait pas le moyen, et il n’avait malheureusement pas le temps de chercher, avec tous les problèmes qu’il avait, et ses autres apprentissages.

L’Elémental finit par ouvrir soudainement les yeux, encore troublé par ses visions. Il voulut faire ce qu’il faisait d’habitude, les renfermés tout au fond de son esprit, mais il n’en eut pas le temps. En effet, juste au-dessus de lui, se tenait une jeune femme, son visage encadré par de longs cheveux blonds, et fixant deux yeux violets surpris sur elle. Au moins, elle détourna son attention des mauvaises pensées que lui avait offrit Bagaya.

« Euh… Salut ? Lança-t-il »

Il voulut lui demander ce qu’elle avait à le fixer ainsi, et si elle faisait partit de ses sauveurs. En parlant de ça, où est-ce qu’il se trouvait ? L’Elémental se redressa sur un coude, se frottant la tête qui le faisait souffrir, et voulut poser ses questions en même temps, mais il n’en eut pas le temps. Au moment où il ouvrait la bouche, quelqu’un entra. Un homme qui tenait un plateau sur lequel reposait un peu de nourriture, deux verres, et un pichet d’eau. Il afficha un large sourire lorsqu’il les aperçut réveillé.

« Vous êtes enfin debout ! On a cru que vous étiez gravement blessé, mais on dirait que non, Il s’approcha d’eux, et posa le plateau à côté. Vous avez eu de la chance que notre route passe près de vous, rajouta-t-il.

- Merci, c’est cool de nous avoir aidé. C’est une caravane ? Demanda Raphaël, ce qui fit s’agrandir le sourire de l’homme.

- On peut dire ça, nous sommes sur un bateau »

En attendant ce dernier mot, les yeux de l’Elémental se mirent à briller d’une incroyable curiosité. Sans attendre, il bondit sur ses pieds, s’empêtrant les pieds dans la couverture. Il manqua de s’étaler par terre, mais réussit à s’en débarrasser, secouant sa jambe, à cloche-pied sur l’autre. L’homme voulut lui attraper le bras tout en criant :

« Monsieur attendez ! Vous n’êtes pas en état ! Vous devriez au moins boire quelque chose ! »

Mais trop tard, le jeune homme était déjà dehors. Aussitôt, il fut frappé par la force du vent,  et le roulis provoquer par leur glissade sur le sable, le déséquilibrèrent un instant. Equilibre qu’il retrouva rapidement. Sans prendre le temps de faire une pause, il courut jusqu’au bastingage, s’appuyant dessus, se soulevant de quelques centimètres. Il admira la vue qui se trouvait devant lui. Une étendue de sable à perte de vue, mais cela donnait un merveilleux spectacle à voir quand même, surtout de cet angle de vu. Une secousse plus forte fit bouger le navire, et manqua de le faire basculer tête la première en avant. L’Elémental se retrouva le ventre sur la rambarde, le corps à moitié pendu dans le vide. Mais c’était loin de l’effrayer, il alla jusqu’à en rire même. Il se redressa, laissant tomber ses pieds sur le bois. Il entendit des pas précipiter derrière lui, et sentit quelqu’un lui attraper le bras, et l’éloigner. Se retournant vers cette personne, il reconnut l’homme de tout à l’heure.

« Faites attention ! S’exclama-t-il, puis il s’étonna de l’hilarité de Raphaël. Vous êtes dingue ma parole.

- Comment le navire fonctionne ? Je veux dire, vous vous servez du vent, logique, mais il doit bien y avoir autre chose. Le navire peut pas juste glisser, et s’il y a plus de vent, vous pouvez pas utiliser d’aviron ou de choses comme ça. Quelqu’un utilise la magie ? Enfin, il en faudrait une sacrée dose venant d’un individu, ou plusieurs. A moins que le bateau lui-même soit enchanté ? »

Raphaël avait complètement ignoré les remarques de l’homme, et s’était mis à lui parler en vitesse rapide, comme à chaque fois qu’un sujet l’intéressait, répondant lui-même à ses questions, et ne laissant quasiment pas de chance de répliquer. D’ailleurs, l’inconnu était si abasourdi par la réaction de l’Elémental, qu’il n’aurait sûrement pas trouvé de moment pour lui couper la parole. Ce qui était déjà quelque chose d’assez compliqué en soit.