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 Amon, le Gardien du Savoir [ Solo ]

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Sam 29 Aoû 2015, 15:30


[ Sans eau, le désert n'est qu'une tombe ]

Le temps ne pardonne pas. Ni ceux qui ont juré l'éternel avec leurs carcasses à la lente décomposition, ni ceux qui ont prié la misère de les en voir dépossédés. Nul n'y échappe, et le néfaste néant rattrape la rêverie dans laquelle ils s'enferment. La chance. Cette dernière est unique, et son accomplissement de courte durée. Ceux capables de la saisir connaissent la luxuriante aventure, et les autres la péremption d'un bonheur qui s'avéra éphémère. La chance menait à la victoire. La force s'en accompagnait. Absentes, rien ne subsistait sur le chemin de cendres des innocents. Le monde est cruel, et Is' le savait bien.

Amon, le Gardien du Savoir [ Solo ]  Hiko

Le réveil fut pénible, acharné. Sous ses pieds reposait une couche de grains brûlants qu'il tâtait de ses orteils, ses cheveux tout aussi imbibés. Des mèches prenaient racine dans la terre, et se joignaient, insalubres, par des résidus qu'elle y avait déposé. Dans sa bouche, un arrière goût sablé soulignait l'errante résistance qui jusque là le gardait péniblement en vie. Le corps l'alimentait, subvenait à des besoins primaires, mais pour une durée limitée. Crachant ses poumons jusqu'à trouver un air pur qui les emplisse ( libre de toute crasse poussière ), il creva sur sa poitrine ses ongles peu aiguisés, de sorte à amoindrir la douleur qui, le bouffant de l'intérieur, s'accaparait ses forces. Il se redressa, mais de peu. Ses muscles étaient raides, quoique dépourvus de toute consistance. Ses orbes azurs voulurent pleurer une paisible existence , mais il peina ne serais-ce à en revivre les réminiscences. Et il la crut finalement inexistante. Sous ses yeux ne se dressait qu'un portrait de feu, des méandres d'un désert où l'avenir était pauvre, et la miséricorde trop couteuse pour qu'on en dispose. Il se redressa, pleinement cette fois, sa tête tombant légèrement en avant, tandis que sa peau cuisait sous un zénith guère gracieux. Il était pâle, trop pour un être que le désert avait embrassé des années durant. Ses origines étaient floues, et restait à savoir comment il avait atterri au coeur de la plénitude aride. Il était un.. ou étaient-ils deux. Il considéra l'amnésie, mais son corps refusait le syndrome. Fixant une paume blanche, il vit un autre, dans des souvenirs, souriant, éclatant martyr en proie à une soumission volontaire. Des bribes, rien de plus, mais sources d'une identité qui ne fut certes pas sienne, mais à laquelle il put s'accrocher. Son esprit était brumeux, et l'anatomie agissait avant la matrice qui la gardait intacte. Ses jambes se plissaient, pour se tendre de nouveau. Réitérer ce geste lui suffisait à entreprendre une marche. Lente. Même s'il s'agissait de celle d'un condamné. Il déambulait, seul dans les plaines beiges, de larges arènes dont les dents prenaient à défaut ceux qui ne purent leur échapper, ou survivre autrement. Il ne fut guère étonnant qu'on parlât de mirages, car côtoyer la mort, apprivoise l'esprit. Ce dernier se laisse tenter par les plus belles visions, car jamais à ces dunes malléables il ne croit échapper.

L'estimation fut difficile, mais des heures s'étaient écoulées. La sole de ses pieds s'était endurcie, et les brûlures s'étaient changées en cicatrices cuisantes sur le corps comblé par la chaleur. L'itinérance intensive portait des fruits prématurés que s'il décidait de cueillir, ils ne sauraient arriver à maturité. Un passage s'était formé parmi les alliages de pierres que les tempêtes avaient déterré. Étourdi, il put saisir la chance de s'y immiscer. Son corps chétif le lui permettait, mais les conditions précaires empêchaient un tout autre confort. Le jeune garçon ne le désirait pas, trop usé par les efforts que le milieu misérable exigeait de lui. Peu survivaient dans le désert, quand bien même se munissaient-ils des gardes les plus costauds, ou des plus larges provisions. Les accidents étaient monnaie courante, et les pilleurs d'autant plus actifs que les convois marchands étaient nombreux. Chacun y trouvait un profit, un désir, une croyance, et le désert était l'obstacle ultime pour les convoitises de l'un, et les suffisances des autres. Tout puissant, on l'admirait, ou plutôt on se soumettait à ses caprices. Le désert était juge, et le seul à décider de la survie d'un être. L'on ne pouvait compter que sur sa bonne étoile, et prier sa bienveillance. Le petit sans âme n'avait que les sangs de ses veines et les fibres de ses pores pour vivre ses derniers instants. Il n'avait que lui et lui seul pour s'en sortir, ou pour mourir et ne jamais voir le jour d'une douce espérance. Elle le quittait peu à peu. Il regarda autour de lui, adossé contre le minéral qui d'aucun secours n'était. La roche était lisse, car érodée par le trop plein de vents déchirants qui s'abattaient contre les parois. Libre toutefois de sable, il crut le refuge sûr, et s'y installa. Si reprendre son souffle lui fut permis, le simple fait de chercher quoi se mettre sous la dent, voire âme qui vive pour le sortir de l'échafaud, s'avéra déjà tâche hors de ses pauvres moyens. Sa gorge nouée l'empêcha déjà de dire mot, et engloutir les quelques lézards qu'il trouvait là ( suite à de longues minutes d'une chasse minutieuse ), lui parut moins repoussant qu'au premier abord. Mais la nulle satisfaction vaguait avec les jours qui s'écouleraient envers et contre tout, bien qu'il voulut s'y extraire. Il crut pouvoir survivre une vingtaine de jours sans se nourrir, mais la morphologie, faible, soutenait déjà le manque évident de liquide et quémandait la substance avec insistance.

Il connut la faim. Il connut la soif. Le sentiment de se trouver aux portes de la mort et voir son corps s'assécher car d'énergie et de nutriments il s'était vu privé. Connaître la famine, la vraie, n'est jamais plaisant, et l'on garde souvent des séquelles de cette affreuse passade. Dans les premiers instants, l'on ne ressent qu'un vide. La chaleur prend l'homme et consume peu à peu l'être morale qu'y vit, pour le remplacer par une bête qui n'a d'autre but que de préserver sa propre existence. Il se meurt à petit feu. Bien vite, le corps se met en 'veille' et cherche à s'adapter au manque de nourriture. Il économise l'énergie reçue, et en dépenser le moins semblerait envisageable, voire fortement conseillé. Le rythme cardiaque baisse, les fonctions vitales perdent de leur activité et dynamisme. Plusieurs jours peuvent se passer sans que l'homme ne quitte cet état végétatif dans lequel il a l'impression de s'être plongé. Mais il n'a guère le temps d'envisager cette longue torture, car le manque d'eau le rattrape, et le besoin se montre pressant. Elle est indispensable au fonctionnement de ses cellules, et aide au support de l'organisme. Ce dernier ne peut survivre sans cette dernière, et pourtant elle se perd d'autant plus vite avec la hausse de température. La perte de conscience n'est pas rare, mais l'homme est déjà chanceux de garder ses performances mentales une fois l'étape franchie. Et qui put dire combien de jours avaient couru sans que l'on ne s'en aperçoive tandis que la mort se rapproche.. Isra'il ( prénom qu'on fera sien avec le temps ) se confrontait à ces faits, sans avoir réellement conscience de ce qu'ils impliquaient, et du fait qu'il ne pourrait s'y soustraire. Si le soir il s'efforçait de garder l'oeil bien ouvert, la journée ( suivie par les températures radicales ) s'accompagnait une mollesse difficile à supprimer. Sombrer et pourrir. Quoi faire d'autre quand le choix s'amoindrit et que l'espoir se lasse ? Qu'on s'épuise de lutter et qui ne subsiste à nos yeux que la tranquillité du sommeil et l'abandon de soi.. Se laisser aller est tellement plus simple, et Is ne put que se laisser tenter.

¡

« La récolte a été bonne ? »
L'accueil se montrait chaleureux pour ceux qui à leur retour d'un butin glorifiaient le blason. Une belle frimousse par petit groupe de brigands leur apportait une richesse plus grande que la majeure partie d'autres services et ventes d'esclaves à tout va. Certaines tribus se pervertissaient par ci, par là, toujours dans la même quête conditionnée de biens, biens dont jusque là ils se privaient, se faisaient violence dans leurs envies. Vouloir l'intangible, et y parvenir, n'était-ce pas sublime ?
« Suffisamment. Pas de quoi s'en réjouir, mais nous avons trouvé quelques bons spécimens »
« Combien de jours avant l'échange ? »
« Une.. cinquantaine ? »
« Le délai est court. Il ne nous est pas permis de fignoler »
« Ils sont à peine une vingtaine. Je crois qu'on ne risque rien »
« Combien crois-tu capables de s'en sortir ? »
« Une demie-douzaine tout au plus. Mais le gabarit s'avère prometteur »
« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? »
« Nombreux étaient au bord de l'évanouissement quand on en fit la trouvaille. Néanmoins, les symptômes sont positifs quant à leur déshydratation avancée. Beaucoup manquaient de mourir à tout instant, mais ont tenu »
« Mieux qu'à l'accoutumée »
« J'espère »
Car pour eux, ils n'étaient que du bétail, des figures d'élevage qu'ils mèneraient à maturité et dont ils veilleraient au comportement docile, pourvu qu'une sauvagerie inopinée ( qui ne le fut pas tellement ) puisse comme par hasard se réveiller. Oui, ils étaient des pantins, des véritables marionnettes conçues, ici, pour le meurtre de leurs propriétaires, des riches patrons ou marchands qui ne voyaient en elles que des objets pour les satisfaire, et qui le payaient cher. Trop.
« Tu penses pouvoir les vendre à un bon prix ? C'est notre tête qui va tomber si les marchandises s'avèrent d'une moins bonne qualité qu'il n'était convenu »
« Arrête de stresser. Et j'en serai le seul responsable si on en vient à là. Quant au prix, il devrait nous apporter quelques milliers »
Mais sinon.. Pourquoi s'encombrer de poupées autrement, si leur tignasse soyeuse et corps svelte ne leur permettait aucun profit considérable ? Toutes ne revenaient pas, mais aucune ne survivait à l'extérieur non plus. Si à un convoi elles avaient la chance de fuir, le manque de moyens les rattrapait bien tôt, et elles crevaient dans l'épouvante et l'agonie. Ils n'auraient pu rêver de mieux. Leur secret les accompagnait jusque dans la tombe.

¡

L'endroit était sombre et il ne paraissait de lumière pour guider ces brebis égarées en le droit chemin. Elles continueraient de crouler, de subir, comme elles l'avaient toujours fait. Impossible de se déchoir, elles avaient ( pour certaines ) déjà touché le fond. La toiture,  haute d'une quarantaine de pouces pour leur permettre de s'agenouiller, ne l'était guère assez pour qu'ils puissent se mettre debout. Les galeries ( creusées étrangement dans la roche ) étaient jonchées de cageots, à peine de quelques mètres, et pourtant l'on y enserrait des dizaines de prisonniers aux poches sombres sous leurs yeux déroutés, vides d'espoir. Les ravisseurs ne faisaient que de succincts vas-et-viens, admirant le chef d'oeuvre, méprisant la camelote, évaluant les gains. Quelques torches parsemées éclairaient le sol et toléraient les visites quotidiennes, ainsi que les maigres repas ( servis chauds comme froids ) qu'elles illuminaient à lueur de bougie. Elles ne délivraient que très peu, car ils n'avaient pas besoin de voir, savoir. Que ce soit le monde extérieur qui dans leurs visions s'éternisait semblable, les traitements rudes qui attendait les nouvelles proies, ou les piètres mesquineries que l'on raillait une paire de chambres plus loin. Ils étaient des produits, une simple marchandise qu'on a, de tout temps, mis plus bas que terre. Les barreaux en fer, sombres par l'usure démesurée, étaient comme l'accomplissement ténébreux de cet enfer, et s'éjectaient sur les parois comme des silhouettes déformées d'esprits, rancuniers dans la mort. Is' n'était que cela. Cela et rien d'autre.

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Partie I:
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Dim 30 Aoû 2015, 15:30


Il est toujours de ces moments où la réalité nous frappe, qu'elle inonde l'esprit par un tonnerre de pensée. L'on aime à se fourvoyer, l'on aime à céder à ses lubies sans ne jamais chercher le côté obscur de la face cachée. L'on est pas indifférent au mal que l'on inflige, mais l'on ne cherche à s'en défaire. On se satisfait de son propre confort, et celui d'autrui devient alors d'une apathie qu'on ne se serait jamais connu. Les besoins de l'un passent avant ceux des autres, malgré l'avantage du nombre. Cette réalité à laquelle on tenait à s'extraire, nous heurte et fait de nous des illettrés, des arlequins à la pale figure qui dansent sur le fil du rasoir à la mélodie d'un autre, ou à celle ténébreuse de sa propre conscience. L'on ne peut tous survivre, car c'est un privilège réservé aux plus forts. L'on considère les lois de la jungle, les rendant coupables d'une disposition hiérarchique qui finalement arrange les esprits inquiets. En somme, on veut se satisfaire et se dire qu'on a pas tort de tout sacrifier pour soi-même. On a honte de se dire faibles, de se voir cupides, de se croire invincibles. On doit toutefois l'affronter, le réaliser, et se dire ( telle une excuse qu'on aurait assemblé de toutes pièces ) que le pire des diables réside peut-être en son coeur, mais que c'en est un autre qui l'a forgé : la destinée, manifeste et irrévocable.

Amon, le Gardien du Savoir [ Solo ]  Hiko

« Cette place est prise ? »
Une paire de mains sales vinrent trouver un front pâle pour en éponger les milles sueurs. Le jeune garçon leva les yeux au ciel, avant de croire les siens, étincelants quoique pervertis par une sombre lueur. Un sourire aux lèvres et ces dernières peintes d'un rose haut en couleur, des noisettes tentatrices et une gentillesse démesurée. Leurs tuniques semblables ( d'un blanc délavé, trop larges pour leurs frêles anatomies ) les rapprochaient, tachées de la terre qui sur le sol s'était amassée et qu'ils écrasaient, chaque soir, pendant un lourd sommeil.
« Nullement »
Ils purent percevoir l'illusion d'une proximité alors que depuis quelques jours seulement ils en étaient venus à partager une couche, en plus d'une cellule fétide et malodorante. Au troisième jour, ils faiblissaient sous un manque de nutriments, et les visages d'enfants bouffis par un trop plein de soupe, prenaient des airs caverneux, leurs joues creusées par un déficit ignoré. En dépit des nombreux regards échangés, le silence semblait de prime, et toute conversation s'en voyait balayée instantanément. Ils étaient des victimes, en cage, qu'on avait arraché à un monde qui avait, qui sait, peut-être autre chose à leur offrir.
« Quel âge as-tu ? »
« Je l'ignore »
« D'où viens-tu dans ce cas ? »
« Idem »
« Tu es amnésique ? » conclut-elle d'un air désolé, comme empathique de la situation navrante dans laquelle se trouvait le jeune homme.
Elle lui prit une main, et vint de cette dernière effleurer sa joue, s'assurant de la réchauffer. Il la regardait, pensif, pris de doutes accablants.
« Je n'ai simplement pas les idées.. très claires »
« As-tu des souvenirs de ta famille ? »
« Que d'une belle jeune femme »
« Ta sœur peut-être ? »
« Ça m'étonnerait.. Elle était.. resplendissante, et je n'avais pas l'impression de me fondre dans le beau tableau »
« Tu te fais sûrement des idées. Tu sais où la trouver ? »
« Non et non. Je n'exagère pas. Et pourquoi sembles-tu si intéressée par ce qui m'entoure ? »
Elle baissa les yeux, comme l'enfant qu'on vient de sermonner, comme celle qui repentit sur ses crimes et qui considère d'option à ses péchés, au châtiment qu'on lui inflige.

Elle les leva, maintenant vers son visage, analysant son expression pour y déceler de l'énervement ou une émotion qui lui fut plus paisible.
« Tu promets de pas en rire ? »
« Tu m'as bien regardé ? »
« Bien sûr ! Et t'es.. très mignon d'ailleurs, mais le truc c'est que.. Mes parents ne sont pas là.. J'arrête pas de les chercher, mais messieurs les ravisseurs ne veulent rien m'en dire »
Il se tut, quelques instants.
« Pour des brigands sans foi ni loi, épargner un homme est un signe de faiblesse, voire d'une miséricorde qui pour eux serait justifiée. Ils doivent y trouver leur compte.. Sinon.. »
« Tu veux dire quoi en fait ? »
Elle était une ange, une âme en peine n'ayant pas germé et ne connaissant pour l'heure pas le moindre mal qui peuple ce bas monde. Il voulut la protéger, même s'il ne s'agissait que d'une illusion temporaire.
« Que dirais-tu.. que je te tienne compagnie d'ici là ? »
Il avait détourné le regard, observant la misère dans laquelle il optait pour une promesse, au lieu de la confronter à ce vain espoir.
« Je.. »
Sous le joug de la surprise, sa gorge s'enserra, coupa net la petite voix qui s'en échappait, dans un cri presque inaudible. Isra'il l'enveloppait de son cocon, l'apaisant dans l'âme, sa main déviant le projectile ( une simple assiette en bois ) qui leur était dirigé par inadvertance. Il fusilla du regard les deux femmes qui de lui ne calculaient que l'amertume immense qu'il portait. Sans faire cas, elles continuaient leurs échanges pleins d'ardeurs, incapables de se comprendre.
« Ohh mon dieu ! Dis moi que tu vas bien ! »
Des petites perles s'amassaient au creux de ses beaux yeux, des sources d'une eau plus pure qu'il ne fut permis, et l'homme lui somma d'arrêter.
« Une égratignure »
Les cris montaient en volume, et les injures devenaient tranchantes. Voilà presque trois jours qu'on les isolait, qu'on les privait du monde, et certaines l'enduraient plus mal que d'autres vraisemblablement. Quand elles en vinrent aux poings, une dame prit l'initiative d'appeler la garde, jamais présente au besoin. Elles beuglaient des accusations à tout va, s'égosillaient sur des mésententes nombreuses comme désireuses de punir de leurs poings le sombre coupable, qui ni leurs brailles parvenait à capter. La première écroulée, la deuxième se précipita sur son assiette, prise d'une dédaigneuse faim qui prônait l'aliénation et les crimes déments.
« Elles font peur ces dames.. »
« Elles supportent mal d'être enfermées. Leurs nerfs sont à fleur de peau, prêts à lâcher, et si elles ne leur laissent pas libre cours, elles courent à leur perte. Ce qui les attend au prochain croisement n'est que folie vu leur état »
La petite vint se fondre dans ses jupes, comme aspirant à sa protection.

Elle tremblait de ses petits membres, et même la vue du garde lui fut insupportable quand ce dernier accouru pour mettre un terme à l'altercation.
« Pauvres folles ! Ça va oui ? On vous avait déjà averti de la punition qui vous attendrait si vous recommenciez !! »
L'une resta à terre malgré ses propos pleins de reproches, tandis que l'autre s'accrochait aux barreaux, et le regardait d'un air plus carnassier qu'il ne voulut admettre. Certaines connaissaient de plus larges progrès qu'ils n'auraient espéré, et contrairement à la déception qu'ils décelaient sur les visages des agresseurs les jours précédents, aujourd'hui c'est un sourire qui déchirait ses lèvres. Il vint prendre son menton entre ses doigts et admirer sa frimousse.
« Tu as l'air potable. Tu devrais nous faire un bon prix. Dans quelques jours l'on viendra te chercher. Aide ton amie à se relever »
Comme si ce mot était encore d'une quelconque utilité dans les méandres de la terreur humaine, des monstres qu'ils pouvaient devenir.
« Ce n'est plus la peine. Elle est morte »
Il l'observa de près, admirant le jugement froid de la petite qu'il crut voir au fond. Isra'il leur avait été reconnaissant dès le premier soir de se trouver entouré de femmes, plutôt que de ces brutes qu'à l'entrée il avait aperçu d'un œil discret. La cruauté des lieux n'était pas la même selon les cellules, ou encore le peu d'individus qui y demeuraient prisonniers. La sauvagerie était toute autre, et la culpabilité d'autant plus absente.
« Ou aide-nous plutôt à nous en débarrasser »
L'instant d'après, le cadavre s'était consumé sous les larges flammes qu'on lui jeta, et s'exhumaient de la charogne des odeurs pestilentielles de chair brûlé, en dépit d'un acide aigre qui assaillait leurs narines. Le soir même, nul put dormir, et à cet emplacement demeuraient des tâches du feu crépitant, ainsi que du liquide qu'on y avait déversé. La petite, à ses côtés, s'accrochant à lui comme si sa vie en dépendait, bégayait quelques mots avec hésitation.
* Elles sont toutes.. devenues folles tu crois ? *
Le jeune hésita, mais il n'y avait plus rien à lui cacher. Elle avait assisté à une exécution, tout ce qu'il y a de plus classique, mais aussi de vicieusement barbare. Ils montraient un exemple, mais un de tyrannie.
* Non.. Elles ont juste l'air de préférer fo*tre en l'air leur morale, plutôt que de mourir *
* C'est quoi fo*tre ? *
* Rien. Endors toi *
Et elle s'exécuta sans peine, usée de toutes ces lourdes émotions. Ils allaient changer eux aussi, et ils n'avaient pas moyen de savoir comment…

¡

« Nous ne sommes plus que six »
Elle se blottissait contre lui, devenus inséparable depuis ce fameux accident. Presque un moi s'était écoulé, et les esprits s'étaient façonnés en conséquence. On y trouvait plus la petite fille adorable, mais plutôt une charpie derrière un semblant de masque d'innocence pure et d'une impétuosité ahurissante. Elle gardait cette mignonnerie en la présence d'Isra'il, mais tous deux savaient très peu que cet endroit les avait poussé jusque dans leurs retranchements.
« Et faut dire que nous ne nous sommes chargés que d'un très petit nombre »
« Les autres commencent à y prendre goût »
« Tant mieux si nous n'avons plus à nous mettre en avant. Ça ne faisait qu'augmenter notre valeur »
« Tu penses que 'le jour' approche ? »
« Il ne devrait pas bien tarder de notre côté »
« Comment dire si nous avons réellement fait le bon choix en tout sacrifiant pour nous en sortir.. »
« Tu doutes ? »
« Pas vraiment. Quand elles nous ont mis au pied du mur, qu'on nous a acculés, esseulés de méchanceté gratuite, et qu'elles s'apprêtaient à nous faire goûter au tranchant de la lame.. Que voulais-tu qu'on fasse d'autre ? »
« On a toujours le choix, Kayä. Nous aurions pu nous accrocher à nos principes, et mourir pour ces derniers. Nous aurions pu nous laisser mourir par la famine au lieu de manger et boire à notre faim. Nous pouvions laisser faner notre existence. Mais nous avons compris que le monde n'est pas doux, et qu'il faut s'y faire »
« Nous aurions été des sots »
« Nous aurions gâché notre seule vie »
« La jeter aux ordures même.. J'espère qu'on y mettra fin un jour »
« Il ne saurait tarder. Tu retrouvas ta famille, ou tu en bâtiras une nouvelle »
« Il faut y croire déjà »
Et la croyance n'était pas leur fort, eux qui avaient prié tous les dieux, les plus miséricordieux comme les plus impitoyables, cherchant parfois la délivrance, d'autres simplement une putride vengeance. Ils n'étaient pas noirs, mais encore moins tout blancs. La fin approchait, et ils entendaient son ricanement imperceptible de jour, mais bien strident la nuit, à les priver de sommeil.

¡ 1 946 mots ¡
Partie II:
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Lun 31 Aoû 2015, 20:54


L'inconnu effraie, et de plus d'une façon. Car l'on doit s'y confronter et envisager le pire bien souvent. L'on espère, l'on prie, car il est semé d'embûches, et l'on ne veut pas voir le cauchemar se réaliser. L'on édifie de larges théories, juste pour voir ces dernières s'effriter sous nos yeux, et le canevas se forger mille autres coloris. L'on a peur de souffrir, et l'on tend à se camoufler, à se fourvoyer d'espoir que l'envisageable finisse par se teindre de réalité. Mais la destinée n'a de cesse de nous surprendre, de nous nourrir l'éternelle illusion d'un bonheur durable, d'une salvation, et on la saisit, car trop naïfs pour discerner la folie derrière nos gestes. Pauvres Hommes, humains persécutés, l'on a de cesse de croire en l'avenir, et se dire qui finalement, il est le seul à nous avoir trahi. « Le bonheur n'est que le malheur qui prend une pause » un sage a dit un jour.

Amon, le Gardien du Savoir [ Solo ]  Hiko

« On dirait que deux siècles sont passés depuis que nous envisagions si allègrement de quitter cette prison »
« Alors qu'il n'est question que de vingt jours tout au plus ? »
« Oui »
Elle vint gratter son torse, apprécier de nouveau la fraîcheur de son cou, et la candeur de ses lèvres. Il caressa sa chevelure entrelacée, en démêlant les extrémités, tandis qu'elle gardait sa tête posée sur ses épaules réduites.
« J'ai peur Is' »
Il lui avait enfin révélé son nom, et elle ne se privait guère d'un usage récurrent, voire un peu forcé. Plus la séparation approchait, plus elle se réjouissait de la plus simple parole, de la plus modeste preuve d'affection. Elle tremblait à l'idée de partir, à l'idée de le quitter. Elle tremblait de cette appartenance qu'elle ne contrôlerait guère, et de cette servitude à laquelle elle devrait se faire. On les avait entraîné, et elle serait la plus divine des intendantes dès que l'âge mûr elle aurait atteint.
« Tes parents paieront la caution »
« J'ignore même s'ils sont vivants »
« Tu t'es mise à ignorer beaucoup de choses en à peine quelques jours. La transformation est flagrante »
« Comment interpréter le fait d'être restée sans nouvelles pendant plus de deux mois, Is' ? »
« Je ne suis pas là pour te gaver d'excuses, mais j'ai cru comprendre qu'ils tenaient beaucoup à toi »
« Je suis l'aînée de la famille. J'ai un rôle à jouer et des devoirs à accomplir. J'ai été élevé ainsi et dans cette seule optique. Or, il y a d'autres pour me remplacer »
« Ils ne t'ont jamais admiré à ta juste valeur. Voilà ce que tu insinues »
« Que ça n'ait été que mes défauts je comprendrais encore. Mais, je commence à croire  que le monde des nobles n'est fait que d'apparences »
« Il est pourtant tard ma belle, mais j'espère que tu te trompes pour cette fois. Crois en leur volonté, ne serais-ce celle de leurs bourses, plutôt que celle de leur coeur. Elle pourra peut-être te sauver »
« Mais qui sera là pour te sortir toi de la misère ? »
« Qu'importe »
« Cette belle femme dont tu me parlais.. Elle ne vient pas te chercher ? Elle t'a.. abandonné ? »
Elle vint embrasser sa paume, désireuse. Elle l'aimait cet homme, bien que finalement ce n'aient été que des sentiments éphémères et passagers.
« Peu importe. Elle n'était juste pas là quand j'en avais le plus besoin »
Ils n'espéraient rien l'un de l'autre, autre que ce petit confort. Pour elle, il était un allié, quelqu'un qui la protégerait et qui l'avait aidé à grandir du haut de sa maigre sagesse. Pour lui, elle était une petite fleur qu'il nourrissait chaque jour, et dont les pétales viraient lentement au noir sans qu'il ne puisse empêcher ou arrêter le processus.
« J'espère te revoir »
Finalement, tous les deux se complaisaient dans cette amitié frêle, et semée de graines d'inconstance. Elle embrassa son front de ses toutes petites lèvres, comme pour le bénir, comme un petit ange qui cherchait à sanctifier sa vie et à l'emplir de petits bonheurs.
« Je te souhaites le meilleur Is' et penses à moi »

¡

On le fit venir, traverser les couloirs poussiéreux et le hall d'entrée associé à une forte odeur de transpiration. Des regards, capables de glacer les sangs, fendaient l'air pour se jeter aux pieds du jeune homme, toujours dans cette tunique malhabile, et mal agencée pour une pudeur qui leur scierait. Elle était délicieuse, ce petit bout de femme, cette pomme d'amour aussi rouge que la plus écarlate des pommes, le plus juteux des fruits, et ils voulurent y croquer. Pour en goûter ne serais-ce que les effluves, ils étaient prêts à se damner, malgré une féminité quand même absente. Ils étaient aveugles de désir, et aveugles d'affection. Leur vie était un enfer, davantage que le sien ne l'avait été. Ils s'étaient entre déchirés, et leur esprit était maintenant tordu de cette haine rageuse.
« Rentrez dans la carriole. On a plu le temps »
Il s'éloigna, laissant une dizaine de femmes peinées dans une ascension douloureuse qu'il assista du mieux qu'il put.
« Il va nous falloir plus de ration pour ces quelques jours »
« Deux sacs ne vous suffisent pas ? »
« Tu vois bien que j'en transporte le plus grand nombre. Il n'y aurait pas moyen qu'ils survivent jusque là bas avec si peu de moyens ! »
« Tu n'es vraiment pas débrouillard ! T'inquiète, ils ont pas d'autre choix que de s'en contenter ! »
Il ricanait, admirant le dur labeur, plus d'un mois de cruauté chevronnée, et médisances reproduites dans un modèle bien précis.
« Que faites-vous encore là ?! »
« On parlait de provisions »
« Nous sommes attendus !! On se bouge les fesses ! Nous avons plus trente lieues à parcourir ! »
« Et combien de temps ? »
Ce dernier était consciencieux, et inquiet des détails. La plupart de ses camarades lui tapaient sur les droits, au vu de cet esprit inquiet perpétuellement.
« Avant la matinée dans deux jours ! Allez tout ! Finis de charger ces deux boîtes et fais les tous rentrer dans les chariots ! N'oublie pas de fermer les portes, toi là bas ! »
Il pouffa de rire, content du plus grand convoi de la dernière dizaine d'années.
« On va vendre tout ça les gars !! »
Et ils braillèrent à l'unisson. Et ils sourirent de réjouissance. Et de suite, ils comprirent que réellement plus aucun droit humain ne subsistait, et qu'ils étaient de simples objets, loin du bétail pour lequel ils se prenaient.

¡

Le voyage se montra lourd, éreintant et atrocement fastidieux aussi bien pour les affreux qui les gardaient de fuir, que les bêtes en cage qui ne rêvaient que de cette même délivrance. Il avait aperçu Kayä, mais que du coin de l'oeil. Elle pleurait la petite, ce qu'en deux mois il ne l'avait jamais vu faire. Ses perles étaient précieuses, et il se voulut d'être celui pour qui elle les coulaient, pour qui elle les gâchait. Elle souffrait en silence, et de ce fait, lui, n'avait pas son mot à dire. Il lui avait sourit, simplement. Il ne pouvait trouver les mots, ni l'apaisement qu'elle aurait pu attendre de lui. Il préférait l'observer, comme l'homme qui n'ose cueillir la fleur, car il sait faner son éclat de ses doigts abjects.
« HAAAAALTE ! »
La maigre charrette trembla de tous les côtés, de toutes ses coutures mal reliées, à en faire tout aussi chavirer les esprits déjà atrophiés de ses occupants.
« Partez tous à l'arrière ! C'est de là qu'ils ont dû.. »
Toutes se regardèrent d'un air préoccupé, assaillit par les plus vastes et modestes visions de l'horreur, de ce qu'il aurait pu leur arriver de pire. Is' crut son secret révélé, exposé à la lumière du jour. Il le serait dans à peine quelques instants, mais cette impression demeurait, et la boule au ventre ne le quittait pas.
« Que..! »
L'arrêt soudain, presque immédiat des quatre roues qui vaguaient péniblement sur les sables, tut même les bouches les plus aventurières, la voix de leur assaillant ne se faisant plus entendre. D'autres gardes avaient entouré la voiture, détaillant dans l'étendue sablée des silhouettes qu'ils purent prendre pour des ennemis. Ils s'éloignèrent peu à peu, toujours dans cette recherche d'une petite aiguille dans une botte de foin.

Leurs regards se croisèrent, presque emprunts d'un élancement suicidaire, et d'une passion qui symbolisait la dernière chance, la dernière fois d'une existence.
* On devrait tenter.. *
Cette femme était la seule à parler, car assemblant tout juste le courage nécessaire pour sous-entendre une telle barbarie de leur part.
* On se divise tout d'abord en trois groupes, et puis on reste par deux tout en se dispersant. C'est notre seule chance de rester en vie *
Elles y croyaient dur comme fer, bêtes de ne pas comprendre la doctrine dans laquelle on les enchaînait encore et encore. Rien que les belles paroles suffisaient à charmer leurs esprits, faibles qu'elles étaient. Et elles n'étaient pas les seules. Il ne faut pas non plus se nourrir de la perpétuelle illusion que les femmes se munissent que d'impuissance ou lâcheté. Les hommes sont pareils, voire pires, car ils connaissent aussi l'aveuglement de la force.
« COUREZ ! »
Et les flots précipités s'élancèrent sur la mer déchaînée, contre les vents forts et les torrents démesurées. Rien ne semblait assez fort pour les retenir, pour les conserver de leur élancement, d'une fuite décidée. Isra'il aussi se défoulait, courant à en perdre hallene, la main d'une petite brune dans la sienne. Elle était faible, trop, mais il n'aurait ni foi ni loi s'il devait l'abandonner là. Il était miséricordieux, mais uniquement car il aurait voulu de ce pardon de la part des dieu envers le péché qu'il avait du commettre pour mériter tout ça. Mais ce ne serait plus le cas bien longtemps.

Perdu dans ses pensées, la vision torve, l'esprit flou d'une soif et faim prononcées, il prit quelques instants à réaliser avoir heurté un mur, un mur de muscles et de chaleur. Quelques secondes de plus étaient exigées pour qu'il s'aperçoive que ce qui tenait encore son corps étaient ses bras, et ce qui le fit sentir bien n'était autre que sa voix.
« Hey.. Hey.. tu.. tu vas bien ? »
Les mots étaient entrecoupés, mais il commençait à les entendre. La chaleur lui avait fait perdre momentanément connaissance, mais dès qu'il eut entrouvert les yeux, un homme se munit de sa frêle anatomie, pour le soulever telle une plume.
« Viens là. Les autres femmes, fuyez vers le bateau. Qu'un ou deux restent pour les accompagner, tandis que les autres vont aider les éclaireurs ! Un autre convoi a été aperçu plus loin. Les autres s'en chargeront, nous n'avons qu'à nous concentrer sur celui-ci ! »
Il le força à se rapprocher, à se coller à ses bras puissants.
« Suivez-moi mesdemoiselles ! Et ne tardez surtout pas ! La manœuvre sera courte »
Pris d'un bien être qu'il soupçonna inexistant, impossible, il se laissa perdre de nouveau dans son sommeil. Il était dans une constante fuite, voulant éviter la douleur qu'il affrontait au quotidien. Quand celle-ci allait-elle enfin cesser.. et lui permettre le repos.. Ce n'était pas pour de suite, évidemment.

¡ 1 933 mots ¡
Partie III:
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Dim 06 Sep 2015, 15:57


Parfois les circonstances sont atténuantes. Parfois, elles excuseraient presque des crimes que finalement l'être humain s'est voué de lui-même à commettre. Il est le seul responsable de ses choix, et ces derniers le conduisent à un avenir qu'il avait, par ce geste, par cette poussée du destin, essayé de changer ce dernier. Mais rien n'excuse son acte. Rien ni personne saurait pardonner ce choix, qu'il soit question d'une vengeance qui tient à coeur, ou d'un sacrifice d'un ordre plus grand. La morale est ce que lie tout Homme, mais une fois ce dernier bafouée, l'autre rive de la frontière, est sans limites. L'esprit n'en connaît plus. Simplement. L'immoral ne conduit qu'à un désert d'émotions et d'humanité, si on décide d'en abuser. Jusqu'où être prêt à blâmer son monde pour se garder en vie, et sans d'esprit ?

Amon, le Gardien du Savoir [ Solo ]  Hiko

Ses paupières s'ouvrirent, laissant entrevoir un fil de lumière. Douloureuses de la perte de contact, Is' se sentit éblouit par ses rayons, laissant au temps le temps de faire son effet, de guérir ses plaies, comme le manque qui l'emplissait. Il pleura une larme d'or, laissant ses phalanges, trop frêles, éponger sa pure vertu. D'autres coulèrent, mais aucune aussi précieuse que cette reprise d'innocence, que ces retrouvailles poignants. Ce qu'il était bon de se sentir vivant. Ce qu'il était bon de se savoir survivant. Ce qu'il était bon.. d'être libre. Il agrippa des mèches de ses cheveux, réalisant la douleur que sa peau, gercée, lui inspirait. Tout était signe de bonheur pour la brebis qui s'est égarée, et qui trop longtemps privée de ses repères, se satisfait du moindre signe, de la moindre passion. Les plus vastes émotions pénétraient ses pores, et par ceux-ci s'échappaient ensuite, s'évaporant dans l'atmosphère tendre d'une chambre à la décoration trop carrée. Une peau plus douce vint apaiser la sienne, l'efforçant de lâcher la poigne qui enserrait sa tignasse vive.
« Tu te sens.. mieux ? »
« Assez »
Il continuait de la caresser de ses propres doigts, comme envoûté. Toujours dépourvu d'une bonne partie de sa vue, Isra'il resta allongé, se laissant aller à ses envies. Il était la victime, et non le bourreau. Une fois de plus, il n'était point en position de force, ni même capable de négocier.
« Tu as mal quelque part ? »
Il eut peur. De se retrouver plongé dans une marre de détresse qui le forçait à devenir immonde. De retrouver la putride profondeur jusque dans laquelle pas le moindre faisceaux lumineux ne pénètre.
« Qu'est-ce que ça pourrait changer ? »
L'homme fut ébahi par son hostilité, interrompant son geste. Une douleur aveugle avait raison de ses sens premiers.
« Je.. vais pas te faire de mal ! Soit pas autant sur tes gardes »
Il avait l'air paniqué, en fureur, mais plein d'une douceur dont peu faisaient preuve, même dans ses souvenirs les plus flous et reculés. Il l'admirait, sous toutes ses coutures.
« Tu es chez moi. Tu es sous ma protection. Tu es sain et sauf, Lu.. »
« 'Être sain et sauf' est-ce pour toi me garder en cache ? »
Ses paroles avaient des airs de mensonges, mais ses yeux.. avaient de cette improbable passion couleur émeraude, cette ardeur d'esprits vifs qui illumine ceux lui étant inférieurs.
« Tu es libre de tes mouvements ! Tout comme les jeunes femmes que nous avons recueillies »
« Où sont-elles alors ? »
Nulle part dans son champ de vision. Ni entre les oreillers emplumés sur lesquels il reposait son corps, ni les tapisseries brodées qui se pavanaient sur les murs. Des jarres d'eau fraîche à sa gauche, des dates savoureuses à sa droite, à portée de sa petite main.
« Elles étaient trop nombreuses. Elles reposent dans un pavillon légèrement plus grand de l'autre côté du pont »
« Pourquoi aurais-je droit à un traitement de faveur ? » abrégea-t-il, se redressant de ses maigres forces, s'apercevant du corps plus renchéri qui était le sien.
Un trop plein de carences l'avaient rendu faible, et ses défenses s'en étaient vues presque anéanties sous l'effort surhumain qui exigeait de  lui sa propre survie.
« L'on ne risque pas sa peau.. L'on ne sauve pas quelqu'un sans une bonne raison »
Il cherchait la lame vengeresse. Is' cherchait dans ses actes la réelle source de sa gentillesse, la craintive trahison qu'il valait mieux s'infliger de suite.
« En a-t-on seulement besoin en vrai ? »
Il n'avait pas conscience de toutes les inepties qu'il débitait.

¡

« Dès que tu te sentiras mieux, n'hésites pas à nous rejoindre. Quand le soleil sera à son zénith »
« Pour un genre d'événement quelconque ? »
« Nous nous réunissons simplement pour déjeuner et pour un léger amusement »
« Comment festoyer au milieu de dunes meurtrières, de milles âmes en pleurs et d'autant de souffles qui se perdent dans cette immensité »
« Dans la mer sablée que pour certains n'est que contraignante, nous y trouvons une lueur brillante aux nombreux trésors. Nous y avons trouvé une source de bonheur, une qui nous a réuni. Nous admirons l'étendue qu'il représente et le savoir qu'il cache. Il réunit les Hommes, même ceux différents.. »
« Une sorte d'endoctrinement à votre façon ? »
« Ne peux-tu pas voir cela sous une 'religion' dont le désert serait le dieu vénéré ? »
« Cela voudrait dire que vous portez hommage à une énorme tombe, car sans eau, le désert ne peut être vu autrement »
L'homme expira à la fois de tristesse et d'une sorte d'incompréhension qui finalement à ses yeux était justifiée. Les marques de brûlures sur le petit corps indiquait qu'il avait souffert du cadeau empoisonné que son 'Dieu' avait à offrir, mais que ce dernier l'avait aussi épargné puisque la vie l'habitait encore. Il était un trop plein de contradictions, et il ne put qu'admirer ces êtres qui dans ce désert impitoyable avaient survécu.
« Quoiqu'il en soit, n'hésite pas à nous rejoindre sur le pont »
« Pont ? »
« Tu t'étais évanoui bien avant c'est vrai. Nous sommes sur un bateau »
Et il comprit d'où lui venaient ces papillons dans le ventre, cette irrépressible nausée qui le déchirait de l'intérieur. Écartant la couverture de fortune qu'il avait gardé sur lui, il se leva à la hâte, manquant de s'effondrer, s'agrippant à l'homme qui l'aida à se conduire dehors. Enserrant fortement sa taille, ils franchirent tous deux les salves d'escaliers pour parvenir sur les rembarres qui offraient une vue imprenable sur le canevas coulissant de milles palmiers et tout autant de grains poussiéreux.
« Je ne rêve pas ? »
« Le préfèrerais-tu ? »
Il le regarda, levant les yeux vers son visage hâlé et ses yeux d'un vert profond. Son sourire était tendre, empli même d'un attachement lointain.
« Il fut bon si tel était le cas »
Car il n'y avait jamais rien pour venir gâter ses rêves. Ils n'étaient pas éphémères comme cette illusion d'une belle réalité. Il avait peur d'admettre qu'il était bien, appréhendait de s'habituer à une affection gratuite qui finalement aurait un prix. Trop lourd pour qu'il puisse l'essuyer, trop brûlant pour ses beaux yeux encore enfants.
« Retournons à l'intérieur. Quand le midi sera venu, tu pourras t'en délecter davantage » déclara l'ancien esclave, le soulevant de tout son poids.

¡

Le soir venu, des effluves intenses des grillades de viande affluaient dans la tente, pénétraient le monde renfermé entourant les deux âmes. Les rires braillés couraient dans le paysage, se mêlant aux courants nocturnes que l'on n'aurait jamais dit aussi glaçants que ce soir là. Pourtant, les coeurs échauffés en oubliaient jusqu'aux lames qui perçaient leurs épidermes, cachés derrière un écran d'alcool et d'amusement. Ce monde dont ils s'étaient détachés, s'éloignait d'eux de plus en plus. Leurs yeux se croisaient souvent, leurs lèvres réprimaient des paroles qui voulaient se dire, des questions qui se devaient d'être posées. L'un brisa le silence.
« Ils sont naturels ? »
Sa main avait réduit la distance entre eux. La réduisant à néant, elle avait effleuré ses mèches argentées, d'un blanc délavé aux allures métalliques. Il semblait plein d'histoire, plein d'un passé qui l'avait forgé et excommunié jusqu'en ces landes arides.
« Oui, mais j'ignore s'ils me viennent de mes parents »
« Est-ce important ? »
« Non. Pas particulièrement. J'ai d'autres mystères en tête »
« À quel sujet ? »
« Ton identité »
Il hésita, le détaillant d'un air ahuri.
« Je te.. demande pardon ? »
« Je préfère me demander comment un tel changement est possible.. et si l'amnésie peut vraiment.. »
« Ça veut dire ? »
« Tu n'es plus du tout le même qu'avant, Luka.. Je ne te reconnais plus.. »
« Tu.. »
Il réalisa, et l'impact fut aussi abrupt que brusque. L'air sur son visage vint côtoyer celui d'un mort, et tout l'apaisement qui put être sien s'évada dans une escapade trop douloureuse.
« Tu m'as pris pour quelqu'un d'autre »
« Non ! Impossible ! »
« Crois ce qui te chante. Tu m'as confondu, et c'est pour cette raison que tu t'es occupé de moi comme tu l'as fait. Désolé de te décevoir. Je n'ai d'autre nom qu'Isra'il. C'est bien la seule chose qui m'appartienne encore. Si tu veux retrouver ton 'Luka', je t'en prie, mais ce n'est pas ici que tu retrouveras sa trace »
L'homme incrédule vint lire sur le visage de l'humain sa déception, et le coeur qui s'était fermé à toutes ses interventions. Le désespoir vint, pour sa part, l'habiter, tandis qu'il renouait avec d'anciennes plaies, jalousies vieilles d'une dizaine d'années, des sentiments qu'il crut avoir enterré après le mal qu'on lui infligea.
« Je.. JE.. »
Il lui attrapa le bras, comme pour s'assurer de sa chaleur. Il n'était pas le même, cette glace fondue, cette froideur disparue.. Toutes ces sensations nouvelles qu'il avait tant chéri du bout des doigts, et auxquelles il ne pouvait goûter de nouveau. Il accentua la distance, ne voulant pas être plus brusque qu'il ne fallait.
« Qu'allez-vous faire de nous ? »
Tout s'était brisé, en de maigres éclats qui sur le sol reposaient et que l'homme aurait voulu saisir, quitte à y perdre ses mains. Ce petit être humain était un ange, un revenu de ses mémoires. Il était la proie aux cheveux bleutés qu'il avait attiré dans le désert, celui qui l'avait délivré sans en avoir conscience. Il était sa représentation exacte, la belle fleur qu'il n'avait pu obtenir, mais dont la silhouette était maintenant sous ses yeux. Il la convoitait, même si ce n'était que son essence. Il la voulait, ce bel oiseau de son passé. Mais ce dernier avait pris son envol, et les plumes recouvraient le noyau fané, abandonné pour jamais plus ne fleurir.
« Une réunion se tient entre les anciens du village, le doyen et quelques élus.. »
« Tout autre y est interdit ? »
Is' capta de nouveau les yeux humides de son interlocuteur.
« Bien sûr.. » fit-il sans trop comprendre.
« Ceux qui y sont conviés peuvent-ils être accompagnés ? »
« D'un serviteur qui se doit de rester à son chevet. Seulement »
« Qui y est invité ? »
Ses yeux étaient perçants, et la furie transparaissaient dans ces derniers.
« Je t'y emmènerai ! »
L'air de dire de ne supplier ou séduire d'autre que lui.
« C'est la moindre des choses, Isra'il »
« Maintenant tu cherches à m'amadouer ? »
« Non.. Tu es toi, et toi seul. J'ai cru voir cet être cruel en toi, celui à l'égoïsme poignant dont je garde les cicatrices. Il n'en est rien te concernant. Tu es.. différent »
Dubitatif, il le laissa à son sentimentalisme, écartant le rideau de la tente désertée.
« Quel est ton nom ? »
« Hazess. Mais tu peux m'appeler Zess »

¡ 1 958 mots ¡
Partie IV:
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Lun 07 Sep 2015, 23:54


L'on ne peut vivre seul, isolé. La proximité, chaleur d'autrui représente un besoin dont on ne peut se détacher indéfiniment. Tout être humain éprouve une sorte d'attachement envers son prochain, que le penchant soit faible ou intense, bénéfique ou bien l'inverse. Tous deux cohabitent, et tentent ( telles deux étoiles filantes ) que leurs chemins se croisent. Quoique pour que ces derniers continuent de se côtoyer, une confiance mutuelle est de mise, et l'on tend à la mettre à rude épreuve. Lorsque trahie, elle peine à se bâtir. Elle est émoussée, comme une lame dont on ne peut plus se servir. La réparer s'avère d'un dur labeur, et l'on apprend plus souvent à douter, qu'à si aisément exposer son coeur, ses tripes à ceux qui risqueraient d'en abuser. La confiance est fragile, comme un miroir qui se brise et qu'on ne peut plus recoller. L'on peut y parvenir à force de grands efforts, si ces derniers en valent réellement la peine. Mais lorsque le choc est répété, trop insistant, se crée une brèche, et l'on ne puis plus la combler. Peu en seraient capables, et s'en donneraient la peine. Le coeur blessé ne peut que s'en remettre lentement. Surtout s'il a appris qu'il fait mal de se laisser apprivoiser.

Amon, le Gardien du Savoir [ Solo ]  Hiko

« Tu ne trouves pas que tu en fais.. un peu trop ? »
Les habits de cérémonie choisis par l'orisha sciaient à merveille le corps svelte de son compagnon. Toutefois, le large tissu qui recouvrait son épiderme de soie, ne laissait pas la moindre parcelle visible, n'eussent-été les yeux. Ses doigts restaient accrochés à la surface dont ils se délectaient, et brisaient de peu cette ambiguë harmonie. Sa voix était sèche, avec un quoique ce soit de déplaisant.
« Un serviteur se doit de couvrir son corps. Il n'y a qu'à son maître qu'il lui sera permis de le révéler »
« Pourtant.. de ce que j'ai pu voir, les femmes sont très peu vêtues »
« Justement. Une belle femme, en tant qu'esclave, est un trophée. Il faut que d'autres jalousent sa beauté. Ce n'est qu'ainsi que l'achat sera fructifié »
L'homme tourna sur lui-même, dévisageant l'homme qui s'attelait, dans son dos, au tissage de l'habit traditionnel dans lequel il devait croupir le reste de la soirée. L'on n'entendit que la langue de l'humain claquer contre son palais.
« J'imagine que les hommes n'ont pas tant de charmes, évidemment »
« Ils sont prisés et appréciés pour d'autres compétences »
« Par exemple ? »
« Ce sont d'excellents partenaires il me semble »
L'homme crut son sang glacé de par tous les insoupçonnés soupçons qui s'était immiscés dans le timbre de voix et paroles savamment choisies de son interlocuteur. Is' crut sentir, sur lui, des milliers de regards obscènes, de ceux qui le scrutaient telle une femme à la recherche de la silhouette de cette dernière, mais qui éventuellement auraient été déçus de la découverte. Or, ces derniers, ce n'était justement pas tant le cas..
« Les rapports sont plus.. »
« Les femmes ne sont alors.. que des objets de désir et d'occasion finalement. Dont vous profitez de la sensualité pour faire fleurir vos affaires et augmenter son prix »
'Débauchés' était le mot les caractérisant qu'il n'avait pu sortir de ses petites lèvres. Il avait côtoyé des femmes, et comprit leur calvaire. Il avait côtoyé l'injustice, et s'était imprégné de l'amertume qu'on ressent à son contact. Il s'était noyé dans la cruauté du monde, dans ses ténèbres. Il n'y avait rien de surprenant dans ces pratiques, et rien dont il puisse juger de ses petits bras qui, quelques jours tantôt, auraient tout donné pour un peu de pain.
« C'est ainsi que marchent les choses dans le désert. L'on ne change pas le monde sans sacrifices, Isra'il »
« Tu as d'autres théories de génie ? Ce n'est pas à moi qu'il faudrait le rabâcher »
Il était impertinent, mais c'était son seul moyen de se rebeller. De se croire capable de prendre en main sa destinée, même si tel n'était pas le cas. L'animosité était limpide, et l'homme s'en sentait écorché, à chaque parole.
« Je n'ai pas pu prendre d'esclave. J'aime trop la liberté. Elle m'est trop chère. Qu'elle soit mienne ou à autrui. On m'en a privé trop longtemps pour que j'assouvisse quelqu'un de ces mêmes chaînes »
« Le temps passé implique qu'on t'en a délivré »
« J'y croupirais toujours sinon. Ce n'est pas facile de se sortir de sa prison, surtout si tu t'y sens confortable parmi quelques privilèges, alors que tu n'es en fait qu'un prisonnier »
« Qui est-ce ? Les gens de cette tribu ? »
« Luka »
« Ne devrais-tu pas l'aimer dans ce cas ? »
« C'est une histoire d'un autre temps. Nous avons à la fois partagé beaucoup et très peu. Je l'ai.. aimé à m'en damner. Mais, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis »
« Je vois »
Et il ne souhaitait pas s'enquérir plus à ce sujet.

¡

« Veuillez patienter silencieusement. Le doyen ne devrait plus tarder »
Quittant la tente, il lâcha ces quelques mots. L'ambiance dans la pièce était pesante, mais étrangement quelques rires éclataient par ci par là. D'autres jeunes femmes étaient présentes, mais trop obnubilées par les hommes qui les avaient orné de parures, des bijoux les plus luisants aux étoffes les plus riches, elles manquaient leur avarice profonde et leur esprit mal tourné. Elles s'aveuglaient à tout, préférant tout éviter, détourner le regard de ce qui était vrai pour ne côtoyer que ce qui était faux.
* Vont-elles y assister aussi ? *
* Étant les sujets de cette réunion, ils ne pourraient se le permettre *
Il lut de l'incompréhension dans le regard de l'humain et voulut l'éteindre par un sous-entendu assez subliminal.
* Toutefois, ils sont persuadés de n'avoir accueilli que des femmes *
Nul besoin d'ajouter mot qui soit. On les démit de leurs fonctions bien vite, d'un simple baiser sur la joue, et une blague salace murmurée à l'oreille dans la plus grande et feinte intimité. La beauté n'entrait nullement en compte, car la bourse était de loin plus importante.
« Faites place »
Les plus grands firent leur entrée presque en simultané, ahurissant par une certaine prestance malgré leur âge avancé, le petit être qui se trouvait le nez contre terre. On l'avais instruit des marques de respect équivalentes à ces pratiques, et les serviteurs étaient les premiers à s'agenouiller devant la richesse écrasante de leurs pairs. Chacun prit place dans un silence macabre.
« Il est bon de vous revoir, doyen »
Tous suivirent ces paroles d'une révérence, les deux poings contre sol, la tête baissée. L'homme semblait dépasser par son statut ce que les plus avides avaient convoité et effleuré par l'argent fleurissant qui emplissait leurs proches, et pour beaucoup leurs mines. L'exploitation des sols était une source de revenus de plus en plus répondue, et visiblement en ces lieux, bon nombre s'y prêtaient, bien entendu par les plus sombres stratagèmes.
« Redressez-vous. Nous avons des affaires importantes à discuter »
« Je présume que vous voulez parler du mariage de votre fille ? De ce que vous avez bien voulu nous dire, l'heureux élu fait partie d'une large tribu du désert. »
« Elle ne saurait être plus heureuse ! Elle est une jeune femme de toute beauté, instruite, et très bonne à marier »
« Vous avez pensé également à la dote du mariage je suppose. Que l'individu intrègre nos rangs, ne serait que plus bénéfique pour nous »
L'homme tapa du pied, contrarié.
« Épargnez-moi toute cette cérémonie. J'annoncerai le moment voulu à qui j'ai destiné la main de ma fille. Nul besoin de vous lancer dans des conjectures pareilles, basées de plus que sur de vagues suspicions »
Il somma d'un geste vague qu'Hazess prenne le relais pour relater plus aisément l'affaire en question. Sa vieillesse se lisait dans sa voix rauque, mais l'on comprenait d'autant plus vite que son esprit était à sa place. Il était vif, et décidé. Il comprenait la dépravation avancée de ceux qui l'entouraient, et ce qu'ils convoitaient tous sans exception. Il trouvait le fait des les gérer plus lassant qu'autre chose, mais les remettait à leur place sans mal.

L'orisha à l'éclatante chevelure prit place debout.
« Il est ici question de notre but, de notre existence même. Nous parsemions jusqu'il y a peu les routes de sable à la recherche constante du gardien du savoir, Amon, que nous vénérons tous »
Il interrompit son discours, sortant d'une sacoche quelques cartes qu'il fit distribuer par l'acolyte à ses côtés. Tous l'écoutaient religieusement, malgré les notables divergences d'opinion et appréciations variées de ce maître qui était le désert, ainsi que les trésors dont ils devaient se montrer dignes pour en profiter.
« Chacun a sa façon, certes, mais notre but est commun. Sa tour est proche, et nous partons avec la ferme intention de mettre à mal tout ce qui nous séparerait de son contenu, de la richesse de la connaissance. Elle est à notre portée, il faut savoir saisir sa chance dans la vie, et celle-là est la nôtre »
Des avis partagés et d'autres plus à l'écart, éclatèrent de toutes parts, de toutes les bouches, avant qu'on ne lui permette de continuer. Le doyen fut le premier à se prononcer.
« Combien de jours jusqu'à son emplacement exact ? »
« De notre position actuelle.. je dirais que deux journées en bateau »
« Il nous suffirait donc d'avoir suffisamment de moyens et de troupes pour nous lancer ? »
« Justement. Nous manquons de rations pour alimenter tous les esclaves recueillis, et d'hommes à y amener. Les lieux sont dits des plus dangereux d'après les anciens récits et témoignages »
« N'avons nous pas déjà déterminé les 'élus' qui doivent s'atteler à cette mission ? »
« Ils sont trop importants pour que nous puissions les lancer dans le bûcher, tout en espérant qu'ils y survivent »
« Pourrions-nous trouver une solution à cela ? Il me semble que vous avez une idée »
« J'insiste sur notre manque de moyens ! C'est une question urgente si nous envisageons un si large projet »
« Nul besoin de vous en faire. Nous réglons les deux problèmes d'un coup de maître. Nous emmènerons, en présence de nos champions, les esclaves que nous avons recueillis. Ils se chargerons eux-mêmes de protéger les champions. Nous nous sommes trop éloignés de notre tribu, à terre, pour pouvoir nous ravitailler à temps. Il suffit de nous débarrasser du surpoids »
Il parlait d'une voix monotone, et sans hausser le ton. Son expression était nonchalante, et sans appel par ailleurs. Nul voudrait aller à l'encontre de sa parole, et encore moins de sa volonté. Tous craignaient son courroux, et d'ailleurs, pourquoi s'y opposer ? Un osa plus que les autres, mais pour que des broutilles et affaires personnelles.
« Pourquoi avoir tué tous ceux qui étaient trop 'dangereux' en ce cas ? Nous aurions pu les manipuler. Ce serait on ne peut plus aisé.. Ceux qu'on détient actuellement sont bridés, certes, par nos repas chauds et deux pièces d'or. Serais-ce suffisant ? »
« Et pour les femmes ? Certains ont déjà pris certaines en tant que serviteurs, voire concubines. Vous comptez simplement.. »
« Ne vous inquiétez pas pour des futilités. De plus, un convoi presque entièrement composé d'hommes est également sous notre coupe. Je doute que vous ayez un quelconque problème à emmener ces brutes et à les faire se tuer plutôt que de perdre les nôtres »
« Vous.. vous êtes sérieux ?? Mais.. c'est inhumain ! Nous ne pouvons pas.. »
« Ma décision est irrévocable. Nous avons un but plus important que tout le reste. Nous agissons ainsi pour protéger les nôtres et notre prospérité. Nul ici n'agrée ouvertement à ce genre d'actes, mais nous avons été assez miséricordieux pour les sauver. Pourquoi se refuseraient-ils à rétribuer la faveur ? »
« Car ils ont le droit de vivre ! Comme tout autre ! Comment pouvez-vous leur demander de se sacrifier en sachant ce dans quoi ils se lancent ?? »
« Nous ne comptons pas le leur demander. Nul ici ne parlera de cette conversation à quiconque, et les détails sont irrévocables »
« Mais vous.. »
« Je comprends que tu ne fasses pas partie des nôtres depuis longtemps. Tu n'es pas né ici, pourtant nous t'avons considéré comme notre frère. Ne nous déçois pas »
Et alors qu'ils comptaient diverger sur des conversations plus portées sur leurs soucis personnels et économies diverses, l'humain se leva, furieux. Ses mains s'écrasaient jusque là dans ses poings, et il ne se retenait que par la force de sa volonté. Or, il n'y avait plus de raison, voire de simple motivation de taire ses plus minces envies. Is' quitta la tente, perdu dans les méandres on ne peut plus profondes de ses pensées. Leur temps était compté, certes, mais il s'assurerait de s'en sortir. Ils n'étaient pas que du bétail qu'on pouvait nourrir, et sur qui ils reposeraient pour tous leurs besoins. Ils n'étaient pas des sous-hommes comme ils prétendaient, ou du moins lui y faisait exception. Il refusait de se soumettre ainsi. Ses yeux perlaient sur ses joues, et il voyait l'étau se resserrer autour de sa gorge. La survie était primordiale et il veillerait à la sienne comme à nulle autre.

¡ 2 192 mots ¡
Partie V:

Lavage de cerveau:
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Ven 02 Oct 2015, 00:56


La peur ronge quiconque s'en approche trop près. Ses dents aiguisées, pleines d'un pernicieux poison, infiltrent les veines, changent un homme en ce qu'il a de plus vicieux, et ainsi de moins humain. Elle paralyse, abandonne l'esprit aux illusions perverses et tordues que l'Homme put se forger. Elle s'attaque aux plus faibles, car d'autres ont dressé des barrières, de quoi se prémunir de ses interventions. Ils sont des proies faciles, et quoi de mieux que de les achever par la représentation qu'ils craignaient personnalisée et qui par leurs peurs se voient rongés. Jusqu'à la moelle. Jusqu'à n'être que néant. Jusqu'à redevenir poussière. Jusqu'à redevenir un rien et un tout. Ils se perdent de vue, sombrant dans la folie, et ils sont les seuls à pouvoir se blâmer.

Amon, le Gardien du Savoir [ Solo ]  Hiko

« Isra'il !! Attend »
Il le prit par la main, arrivés dans la tente improvisée. La sienne était moite, et Is' se sentit faillir à son contact. Ses jambes perdirent toute consistance et aussitôt ce contact établi, aussitôt son coeur se mit à battre follement, à tout rompre, parcouru des plus terribles révélations. Il sentit son estomac se tordre sous un dégoût intense, monstrueux et repoussant, que de trouver monstre en soi, déceler chez ses pairs la bassesse et l'exécrable sacrifice. Ce contact était tendre, chaleureux, guère surmonté de l'interdit dont Luka revêtait leurs rapports. L'humain était fou de rage à son tour, et ils tremblaient à l'unisson. Néanmoins, il s'efforça d'émettre une voix impassible, écartée de toute humanité tracassante, étouffé.
« Que veux-tu ? »
Sa voix était étouffée. En vrai, l'homme dessinait  de ses paupières, ses lèvres gercées, cette insipide peine.
« Qu'as-tu l'idée de faire ? C'est impossible de fuir ce vaisseau, et sauter par dessus bord n'équivaudrait qu'à un suicide volontaire ! »
« Je rêve ou tu me demandes de me laisser gentiment tuer ? Par les tiens.. par ces gens que j'ai cru mes sauveurs et que j'ai respecté comme tel. Tu me demandes peut-être de vendre mon corps plutôt que.. Tu me demandes de.. Rien que de l'imaginer.. »
« Je suis désolé.. profondément désolé.. Mais je t'en prie calme toi »
Zess sentit son corps se plier à des élans de jalousie, sous une possessivité qu'il savait toujours avoir enfoui. S'approchant du petit corps souffrant, le bronzé le prit entre ses bras. La poigne était ferme, insistante. Elles l'étaient toujours, comme imprégnées d'émotions, imbibées des torrents les plus divers que l'orisha déversait sur lui. Il embrassa sa joue, le regard fuyant.
« Il n'y a pas de paradis en ce monde. C'était prétentieux de croire l'avoir trouvé malgré tout. Lâche moi »
« Non »
« Les faibles comme moi ne jurent que par la survie. Nous sommes voués à mourir »
« Jamais je ne laisserai t'arriver quoique ce soit. Attends-moi, et ne résiste pas. Ils prévoient de prendre tous les serviteurs mâles dans cette expédition. Ne rechigne pas, je trouverai un moyen. Fais moi confiance »
Il baisa son front, les laissant pénétrer dans cet immuable silence de la mort qui les poursuivait. La détermination était leur plus grand atout, et le temps à l'inverse leur plus féroce adversaire.

¡

Le sable s'écartait pour le libre passage du navire. Les marées le conduisaient à destination, là où nul autre n'était parvenu, la terre vierge que nul n'avait encore frôlé à ce jour. Le regard froid de l'homme tombait sur la construction inerte, le soleil se couchant à son envers. Il était pâle comme un mort, et quoi de plus normal voyant la sienne arriver à grand pas. Sa marche était celle d'un condamné, et son regard hagard comme les charognes putrides, ce corps qui se décompose. Il exagérait peut-être, mais il avait peur. Il n'avait que trop peu vécu, et on l'arrachait déjà à cette courte existence. Il vivait à travers des souvenirs, à travers des images qu'il n'avait pas peintes, un château de cartes qu'il n'avait pas dressé. Un autre s'en était chargé, et comment dire que faire la part de réalité n'était pas choses aisée.. Il n'avait pas étreint cet homme, et il n'en avait pas rejeté d'autres. Il n'avait pas vécu en ermite tourmenté dans une lande désolée, voire goûté au péché de l'immortel, à celui pour qui le temps n'a pas d'emprise. Il était humain, et tout son corps criait gare au désert que son peuple avait fait sien, et que pourtant, ils devaient encore dompter. Il approcha du bord, dénué d'espérance, mais sans le sombre espoir de trouver dans ce saut la délivrance. Il observait les milliers de grains fouettés par le vent, et éjectés par la barque informe qui sur les flots vaguait.
« Allez ! Du balais ! Il est temps ! »
On les fit marcher sur des cordes auxquelles pendaient quelques planches tranchées ( à tout va ) en des formes carrées. Suspendu, le petit être bondit, avec assez d'élan pour deux, évitant de peu le précipice dont la gorge s'ouvrait à leurs pieds et qu'ils devaient supplier pour ne pas se faire engloutir. Des pleurs se firent entendre, des bouches de celles qui assistaient au massacre, venues encourager les élus et non les pauvres démunis qui à tout moment se verraient trancher la tête à la place d'un autre.
« Dépêchez-vous. On a pas toute la journée » s'écria l'homme, décidément très peu dans son élément, mais par manque d'effectifs, tout homme était bon aux posts les plus ingrats, quand bien même lui incomberait-il le plus grand des privilèges et l'esprit le plus sagace.
Il murmura quelques mots dans sa barbe, fermant la marche, et tant pis à ceux qui s'y accrochaient encore. On n'entendit que l'écho d'un cri d'horreur, avant que ce dernier ne s'éteigne dans la profondeur de l'orifice. Ils étaient cuits, et combien parmi eux avaient l'impudence ou la présomption de se croire survivants. Seuls les élus étaient voués à revenir de ce trou béant qui pour les autres était jonché de pièges mortels. La mort était signée d'avance, et ils n'avaient qu'à y acquiescer.

Une petite main vint saisir la sienne, la prenant à contre pied pour le faire pivoter. L'emprisonnant contre une surface rocheuse aux nombreuses toiles d'araignées parsemées, et disparates quant à leur taille, il gardait sa petite voix d'atteindre les oreilles de l'assaillant, et son petit corps d'échapper à son étreinte. Sur les murs, des teintes fraîches supposaient que d'autres s'étaient, respectivement, rendus en ce lieu, mais la plupart appréhendaient le rouge sombre de la peinture trop épaisse.. Tous envisageaient le pire, et Isra'il, en mauvaise posture, n'y excluait pas.
* Tais-toi un instant, tu veux ! *
Le jeune homme, suspicieux, prit quelques secondes à lâcher prise, se basant sur les seuls accords, timbre qui lui était familier. Il lui avait dicté des consignes, et, peu croyant, il s'y était plié sans conviction. Articulant quelques mots incompréhensibles, il leva la tête vers celui qui partageait finalement le sang et mœurs de ses bourreaux.
« Que me veux-tu ? »
« Je veux que tu me fasses confiance, Isra'il »
Il demandait l'impossible, et peut-être en était-il consciente quelque part.
« Combien de fois veux-tu encore me mentir avant d'être satisfait et comprendre que crédulité et naïveté ne sont pas vraiment mon fort »
Il chercha à se dégager de sa poigne de fer dans un gant de velours, mais visiblement le mâle lui était supérieur, et ce dernier tirait pleinement profit de ce que cet avantage dont Nature lui fit don. Ses bras s'étaient déplacés de ses petites hanches pour venir naviguer sur les courbes de son dos, et emprisonner les mers du Sud entre cet Équateur qui n'avait de cesse de réchauffer ces courants.
« Quand t'ai-je trahi, Isra'il ? Je n'étais pas au courant de leurs manigances, et j'ai eu déjà peine à te l'expliquer hier. Je ne veux que ta sûreté, et je t'assure que je veillerai à cela, même s'il s'agit de la dernière chose que je ferai sur cette terre »
« Tes mots ne peuvent être que des paroles en l'air. Ils sont beaux, mais ne reposent sur aucun fait tangible. Un homme ne se sacrifie jamais pour un autre sans y trouver de contrepartie. Quelle est ton prix ? Que désires-tu si nous parvenons à sortir de là sains et saufs ? »
L'homme fut tenté de répondre un 'rien' innocent et finalement assez sincère, mais s'abstint dès que ses pensées affluèrent vers d'autres rivages, plus subtils. Il s'approcha davantage, leurs corps déjà collés, levant son menton d'un doigt habile, avant de déposer sur ses lèvres charnues un baiser tendre, et peu recherché. Le genre de baiser qu'on échange les premières fois, de ceux qui visent à se certifier des sentiments éprouvés, ou qui à l'inverse les approfondissent, comme lorsqu'un homme goût au fruit interdit dont il voudra toujours boire le jus.
« Sois à moi. Vis ici avec moi »
« Tu sais que je ne me plierai pas à tes demandes » fit l'humain en s'essuyant les lèvres, n'ayant toutefois pas trouvé son acte repoussant, ou maladif en soit. L'autre haussa les épaules.
« Tu verras quand on sera sortis alors. T'inquiète, je ne te réserve qu'une tranquillité dont tu pourras t'éprendre à t'en dégoûter »
Il baisa ses tempes, accourant vers les peuplades qui s'étaient formées sur les devants des larges portes d'entrée s'étendant sur plusieurs mètres. Le bout des tours touchait le ciel, ou du moins une sorte de brouillard émancipée, lourd d'une poussière sablée.
« Veille sur toi, et pour le reste laisse moi m'en charger »
Et après maintes tentatives, ses mots touchaient leur cible, sans qu'il ne put déguster les effluves de la victoire. Ils avaient des airs plus rudes, plus impérieux, et apportaient avec eux une assurance en laquelle le petit homme eut foi. C'était la mort, ou la promesse de cet homme. Laquelle se rendrait, faisant fi des poignants prémices à leur joute ?

« Regardez ! Quelqu'un sort !! »
Des rires éclataient, et des applaudissements retentirent dans le petit campement qui s'était installé là. Une demie-journée s'était écoulée, et si pour les combattants entre les murs, son écoulement s'était avéré piteux et aucunement miséricordieux, pour ceux à l'extérieur des murs du dôme, ils revenaient avec une rapidité inexplicable. Ils essayaient de lire dans les inscriptions lumineuses qui ouvraient les portes de la sage forteresse, celle à tester les coeurs plutôt que le physique, celle à passer outre le domaine des mortels, et aller chercher dans le domaine des plus puissants, les plus nobles philosophies, et tout aussi affreuses révélations.
« Regardez ! On les voit enfin ! »
Mais contre toute attente, aucun des favoris de ce jeu sans pudeur ne figurait parmi l'alignement que leurs yeux scrutaient de haut en bas. Au contraire, ils n'y trouvaient qu'un jeune homme malpropre sur lui, et un étranger à leur tribu qui tous deux, haletants, semblaient avoir bravé mille dangers pour leur faire parvenir cette heureuse nouvelle. Avant que les esprits ne s'échauffent, qu'ils ne fassent part de leur mécontentement, l'homme s'avança, soulevant la main de l'individu chétif à ses côtés.
« VOILÀ ce que nous avions tant cherché. VOILÀ les parchemins de la légende qui révèlent les secrets du monde, des secrets qui nous seront utiles ! VOILÀ la récompense qui n'est donnée qu'aux plus braves, et à ceux qui marchent conforme aux enseignements du désert ! VOILÀ l'homme qui est parvenu à vous l'amener aujourd'hui, en sa qualité d'esclave il est présent devant vous. VOILÀ l'homme qui mérite tant de louanges, m'ayant sauvé la vie, ainsi que tant d'autres qui malheureusement ne furent pas dignes de brandir cet illustre artefact.. PLEURONS LEUR ÂME, mais aussi la survie de la nôtre. Nous sommes des pécheurs, mais nous suivons la voie qui nous est destinée ! »
S'en allant remettre le papyrus à l'homme qui devait s'en munir, il vint de nouveau élancer le bras du jeune homme en direction du ciel.
« Saluez ISRA'IL ! L'enfant du désert ! »
Et dans une communion que peu purent croire existante au vu de l'anarchie et autres divergences d'opinion scindant la tribu en plusieurs groupes, voire familles, ils le saisirent par la main, voulant lui arracher le moindre discours au sujet de ce périple inédit que, qui sait, plus personne ne pourrait défier, et pas aussi vaillamment, selon le plein lyrisme dont Zess avait imbibé ses mots. Ce dernier se détacha, l'observant au loin. Il allait devoir se contenter d'une vie parmi ses bourreaux, mais cette fois édifié en un modèle respectable.
« Quelle hypocrisie.. »
Mais il ne pouvait vivre seul, et s'il ne le supportait guère par conviction, au moins il le ferait par intérêt.

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