Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Partagez
 

 La Souffrance des Innocents [Solo Nalvyna]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Jeu 24 Nov 2016, 18:31


L’Océan reste silencieux aux louanges que l’on pourrait lui chanter, atténuant même les sons pour que jamais ils n’atteignent le fond. On pourrait penser qu’il les refuse, qu’il les réfute, mais ne peut-on pas méditer sur ce filtre qui opère afin que de n’entendre que le timbre de la parole, et non les mots, ceux qui sonnent faux, ceux qui lui sont infidèles. Si les Gaelyan ne sont pas protégés par le monde qui les entoure, nous, nous avons les Mers et les Océans pour nous prévenir de ce qui se poste au-dessus de nos têtes, prêt à s’abattre. Si vous craignez les difficultés, restez au fond des eaux, sortez de tout ce qui vous semble convenable, la cité, la race, tout ce qui vous rattache, et vous n’aurez alors plus qu’un problème à régler : la solitude. Cependant, quoi que vous fuyiez, vous vous retrouvez parfois confronté à ces peurs qui vous ont mené à l’exil.

« NALVYNA » à cette simple appellation, je me jetais sous le tas d’algues servant de matelas, afin d’échapper à l’ouragan de paroles à venir. « Nalvyna ! » se mit-elle à crier en éparpillant ma paillasse dans toute la grotte marine. « Ce n’est vraiment pas le moment de jouer ! » Je serai des dents en donnant un coup de queue, ramassant  les algues qui tournoyaient gaîment autour de nous. « Je ne joue pas, Danasi. J’essaye juste de te faire comprendre que je ne souhaite pas t’aider. » Elle fit bouger ses huit tentacules dans tous les sens, me faisant grimacer. « Je vais aller à la surface seule alors. » Je m’arrêtais un instant, avant de reprendre ma quête de reconstitution de ma paillasse. « Tu n’iras seule nulle part et certainement pas à la surface. » Fis-je avec un certain dédain. « Surtout pour aller sauver des écailleux. » Danasi rit jaune un instant. « Tu leur as trouvé un nouveau surnom ? » « Parfaitement. Nous n’avons pas d’écailles et nous sommes leurs bêtes de foire. Pourquoi irais-tu  leur porter secours alors qu’il n’aurait rien fait pour toi, si les Gaelyan voulaient tes tentacules pour en faire une salade ou un bouillon ? » Elle grimaça un bref instant. « Parce que si tout le monde pensait comme toi, il n’y aurait aucun changement ! » je ris franchement, faisant bouger de plus belle mes branchies. « Un changement ? Tu te fous de moi ? » Je posais mes algues sur la pierre plate qui faisait office de lit. Je me jetai alors dans une interprétation totalement subjective. « Bouh, je suis un pauvre petit Ondin qui est assez stupide pour me prendre un filet. » Je pris difficilement ma queue entre mes mains. « Mes maaaaagnifiques écailles sont en danger, comment vais-je faire ensuite pour me pavaner comme un roi dans la cité ? » Je pris alors Danasi par les épaules, la secouant un peu. « Poulpesse ! Viens à mon secours ! » Elle se dégagea de mon emprise et pesta. « Arrête de m’appeler comme ça ! » Je passais à côté d’elle, ramassant le reste de mon matelas. « Qui que ce soit, il ne te regardera pas plus. C’est vraiment inutile d’aller le sauver. » Elle se retourna, les tentacules se collant aux parois rocheuses. « Ça n’a aucun rapport ! » « Toutes les deux, on n’est pas faites pour être aimées d’un écailleux. On est faites pour les fonds sombres, pas les choses qui brillent et qui ont de la valeur. Franchement… » Je décollais un de ses bras poisseux pour revenir à ma couche. « Franchement, il n’y a qu’à te toucher. C’est dégueulasse tout ce visqueux ! » Je m’essuyai sur ma queue rigide. « Quant à moi, personne n’aime ma peau rugueuse et dure. Nous ne sommes pas faits pour être aimé, ni pour aider ceux qui nous crache dessus, Danasi. » Je me retournais à peine qu’elle était déjà en train de jouer de ses huit bras pour rejoindre la surface. Lâchant mes algues, je la rejoignis de quelques coups de queue. « Arrête, ne fait pas ça. Tu perds ton temps ! » « Je sais très bien pourquoi tu en veux à nos parents ou à la race entière, mais qu’adviendra-t-il si tout le monde se met à penser ainsi ? Tu ne penses pas qu’on devrait renverser tout ça ? Au moins, essayer, au lieu de se cantonner à nos rôles ? » « C’est plus compliqué que ça. » Lâchais-je, tandis que les rayons traversaient de plus en plus l’Océan.  

Je replaçai l’écume sur ma tête, tandis que nous regardions le bateau se tenant en face. « Je suis sûr que ce sont eux. » Lâcha Danasi d’un ton certain. « On n’en sait rien du tout. » Fis-je en roulant des yeux. « Je te préviens, on ne va pas faire tous les bateaux de Gaelyan pour ton bon plaisir. » Chuchotais-je, à la limite d’exploser et de rebrousser le chemin. Elle tourna lentement la tête vers moi, faisant en sorte que l’écume ne bouge pas de trop, l’eau nous arrivant au nez. « Je vais y aller, tu sais ? » « Arrête tes c*nn*ries ! Comment veux-tu monter cette immense coque ? En collant tes tentacules dégueulasses ? » Un bref silence s’installa. « Tu ne feras pas ça ! T’es complètement malade ! » Elle rit, faisant quelques bulles qui emmenèrent quelque morceau d’écume. « Je suis la seule à pouvoir me déplacer, si tu veux m’accompagner, je te ferai monter d’en haut. » « Quoi ? Qu’est-ce que tu veux que je leur fasse d’en haut ? Que je leur donne des coups de queue dans la tête ? » Je serai des mâchoires. « Fais-les tomber plutôt. Je te les noierai. » Elle déposa un bref baiser sur ma joue. « Merci. » Je la vis s’éloigner doucement, avant de se servir de la chaîne de l’ancre, tout en collant son corps empli de ventouse, pour monter. Je plongeais ma tête dans l’Océan, tournoyant quelques instants avant d’entendre quelques choses tomber à l’eau. Je rejoignis l’homme qui tentait de respirer et lui attrapa les chevilles pour l’emmener vers le fond. Quand ses poumons se remplirent et qu’il ne tenta plus de se débattre, je le lâchai et rejoignis la surface. « Trouvez-moi l’intrus! Tout de suite ! » L’homme glissa sur une matière visqueuse et se rattrapa à la rambarde. Mon visage avait déjà disparu de la surface quand son regard s’y posa. Danasi avait mis de l’eau partout pour camoufler ses traces, la seule chose qui lui faisait défaut, c’était la matière gluante qu’elle déposait à son passage. « C’est quoi ce truc ?! » Il regarda ses doigts et ses filés poisseux qui les collaient. « Suivait moi ça ! » Un second homme fut jeté à la mer. « TROUVEZ-MOI-LE » se mit à crier le capitaine, tandis qu’ils tentaient de faire remonter le marin.  Je lui accrochais la cheville pour le noyer, mais rapidement je me retrouvais dans les bras de celui-ci à essayer de ne pas me faire embrocher. Du haut du navire, j’entendis les dires étouffés du capitaine stopper son second, qui lui, était prêt à lancer un harpon. Cependant, j’étais beaucoup trop près de son mousse pour que ça ne soit pas sans risque. Étant prêtes à céder face à mon adversaire, mes défenses naturelles prirent le dessus et mes canines s’allongèrent, allant aisément se planter dans la jugulaire de celui-ci, avant de donner un coup de queue et de filer au loin. Le harpon fut lancé, mais l’eau freina sa trajectoire. Je me mise alors à tourner de bonne minute autour du navire, totalement paniqué.

Nous aurions sans doute dû rester au fin fond des eaux. Sans doute aurions-nous dû abandonner ses Næphina à leur sort, car nous ne possédions pas d’écailles, si les braconniers nous attrapaient, nous ne leur servirions à rien. Une heure passa où la mer était surveillée et où rien ne tomba du navire. Ma respiration s’était accélérée, mon sang ne faisait qu’un tour. Lorsque la nuit vint à tomber et que l’ancre remonta, je mis assise, remontant à mon tour. Il fallait alors que j’attende que l’eau s’estompe afin que ma queue disparaisse. Après avoir essoré ma tignasse, j’attachais mes cheveux avec maintes algues, espérant que l’eau qu’ils avaient imbibée ne coule pas sur mon dos, accélérant la disparition de mes attributs d’Ondine. Je me baissais à chaque fois que j’entendais craquer le bois du pont, ou la lumière des bougies au-dessus de ma tête. Mes branchies se mirent alors à disparaitre lentement, tandis que je sentais de plus en plus le froid m’envahir. Ma peau devint plus douce et plus fine. Mes ailerons se firent plus petits. Ma couleur grise devint plus blanche, jusqu’à s’affiner. Deux frêles jambes firent leurs apparitions. Je savais que je n’avais plus tous les avantages de mon apparence ni la même aisance en dehors de l’eau, mais j’étais désormais déterminé à aller chercher ma sœur, quoi qu’il m’en coûte. Poussant sur mes bras fins et passant mes pieds dans les larges chaînes de l’ancre, je me hissais maladroitement dans le navire, manquant à plusieurs reprises de tomber bêtement dans l’eau. « Je ne savais pas les Ondins si dévoués à leurs semblables. » Un chuchotement qui ne sortit de nulle part lorsque je traversai le pont. « N’ayez pas peur, je ne suis qu’un simple mousse attaché à un mât. » Mes yeux se plissèrent pour essayer de distinguer l’homme en question, mais avant même que je ne puisse voir quoi que ce soit, un marin vint à nous, bougie en main. Je m’accroupis derrière un tas de tonneaux et le matelot ne fit rien de ce qu’il venait d’apercevoir. « Arrête de gigoter, Nemo. Ton calvaire sera bientôt fini ! » Il rit gras et fit rire à la fois le mousse. « Crois-moi, il y a bien pire que de rester assis sur le pont. J’ai entendu dire que Mushu s’était fait bouffer la jugulaire ? Avec l’eau de mer en plus, il a dû drôlement souf… » Un coup de pied lui fut porté au visage. « Ferme là. Je te rappelle que tous tes copains sont passés par le fond en début d’après-midi et que ta mutinerie est donc mise à mal. Arrête de penser que les choses vont tourner à ton avantage. » Il disparut avant de laisser Nemo répondre. Il me sourit alors. « L’équipage est ainsi réduit de moitié. » Il étira le cou tandis que je me rapprochai de lui. « Je connais ce navire, je connais ses hommes et je sais où sont les autres de ta race. » « Les autres ? » répétais-je. « Exact, avec la dernière en date, ça fait six. » « Ils ne les ont pas encore… » Il reposa la tête sur le mât. « Pas encore, mais ça ne saurait tarder. Surement demain matin, avant qu’ils n’atteignent le port. Détachez-moi, je suis un homme mort si je reste. » Je laissais un bref silence. « Vous m’aiderez ? » « Eh bien, j’ai quelques petites choses à régler. Je vous aiderai volontiers à gruger ses imbéciles. » Un couteau fut pris sur l’un des tonneaux contenant des pommes. Il était temps de porter secours à Poulpesse et à cinq écailleux.  

1 912
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 28 Nov 2016, 13:48


La nuit nous camouflait aisément, jusqu’à ce que Nemo ne pointe du doigt la cale. « Là-dedans ? » Il mit ses deux mains sur sa taille. « Parfaitement ma p’tite dame. » « Vous êtes au courant qu’ils dorment tous là-dedans, au moins ? » Il roula des yeux. « Comment vous appelez vous ? » « Je ne vois pas en quoi cela va nous aider… » « Bon écoutez, femme nue, je suis marin de ce bateau. » Il réfléchit un instant. « Enfin, ex-marin… mais vous ! » il me pointa du doigt. « Vous vous n’êtes rien ici. Je veux dire : non pas que vous ne soyez rien, mais… » « Taisez-vous au nom d’Ailydis ! J’ai compris ! Entrez là-dedans ! » Je serrai des mâchoires un bref instant, et il me sourit, chuchotant. « Ne vous en faites pas, à cette heure-là, ils sont tous ivres. Je le sais je faisais partie de cette joyeuse troupe avant de… » J’ouvris la cale, le coupant en plein élan. « Entrez tout de suite ! »    

L’air empestait l’alcool, mais était également imprégné d’une odeur nauséabonde dût aux haleines des hommes. Je postais ma main sur mon nez, tandis que du coin de l’œil, je vis Nemo tirer une chaînette à l’un des endormis. Je le saisis doucement par le bras en fronçant des sourcils. « Quoi ? » fit-il en chuchotant. « On n’est pas là pour ça ! » « Ce n’est qu’un bijou, on prend et on s’occupe de sauver tout le monde. Ce que votre race ne ferait surement pas pour nous d’ailleurs, nous ne parlerons pas de ce que votre ancienne K… » « Fermez là ! Si je vous ai libéré, c’est pour m’aider ! Pas pour cracher sur ma race et voler des babioles inutiles ! »  Il mit sa main sur ma bouche. « Moins fort. » il regarda autour de lui et relâcha son étreinte. « Ce que je dis, c’est simplement que personne n’oublie ce qui s’est passé et je ne devrais pas vous aider, personne ne ferait quoi que ce soit pour des Ondins qui adule la Dévoreuse, d‘accord ? Laissez-moi prendre ce que je souhaite. » Il détacha la chaîne et la glissa dans sa poche. « Voilà. » Siffla-t-il avant de brusquement me tirer le poignet pour nous mettre à l’abri. « Blenny, réveille-toi,  c’est ton tour de garde. » L’homme secoua le hamac. « Allez ! » Les pieds de Blenny se posèrent lourdement au sol et il se gratta le torse, suivi d’un mouvement de panique. « J’ai encore perdu ma foutue chaîne ! » Mon regard, sombre, se posa sur Nemo qui ne fit que hausser les épaules. L’homme regarda sous son lit de fortune avant de se rapprocher dangereusement du nous. Mon dos se colla naturellement un peu plus aux tonneaux, comme pour passer totalement inaperçu. « Tu chercheras plus tard ! C’est ton tour de garde ! » Il s’arrêta à quelques pas. « Arrête de gueuler ! » Il rebroussa le chemin et se saisit de la lanterne. « J’y vais. » Je soufflais, libérée de tout le stress.

Nous repartîmes à pas de loup lorsque le marin se coucha. Je pris alors les escaliers qui s’enfonçaient un peu plus dans la cale, suivi de près par l’homme. « Arrêtez de faire ça. » Il sourit. « Faire quoi ? » « Ça là, ce que vous faites depuis tout à l’heure ! » Il tourna la tête derrière lui. « Cessez de crier à tout va, vous allez nous faire repérer. » Je me retournais et lui fis face. « Passez devant. » « Quoi ? Pourq… » « La nudité ne me pas du tout mal à l’aise, cependant, j’ai bien peur que vous vous perdiez dans la contemplassions de mes courbes et que vous ne puissiez pas être tout à fait opérationnel lorsque nous en aurons grand besoin. » « N’importe quoi… » Murmura-t-il avant de passer devant. « Et apprenez à respirer. C’était une bien trop longue phrase. » « Fermez-la et avancez ! »

Une porte en vieux bois se tenait face à nous. « C’est ici ? »  « Précisément. »  Je regardais la serrure. « Nous n’avons pas de clef… n’est-ce pas ? » Il sortit la chainette de sa poche, là où pendait une clef. « Si. » Je le regardai d’un air hautain. « Je ne vous ferai pas d’excuses et je ne vous remercierai pas non plus. » Il se mit à sourire en enfonçant la poignée. « Je n’en attendais pas moins de la part d’une Ondine. » Il ouvrit à peine la porte qu’une pointe en bois vint se loger dans son cou. Avant qu’un son ne sorte de sa bouche, j’appuyai mes deux mains sur ses lèvres, amortissant la chute. Danasi sortit la tête, nue comme un ver, et s’accroupit près de l’homme blessé. « Tu le connais ? » « Nom d’Ailydis, Danasi, tu fais que des c*nn*ries ! » « Baisse d’un ton ! Je vais lui enlever, c’est bon… » « Tu ne feras rien du …. » Sa main avait saisi le pieu et l’avait énergiquement enlevé. J’étouffais un dernier cri avant que le sang se mit à couler de plus belle. Cinq têtes sortirent de la pièce, regardant avec intérêt le spectacle que nous leur offrions. « Je vais te tuer Danasi, tu m’entends ? Je vais te tuer… » Je lâchai la tête de Nemo, étant consciente qu’il n’y avait plus rien à faire. « On se tire. » Je pris sur la porte la petite chainette, avant de décamper.

Il était plus dangereux  de revenir sur nos pas, maintenant que nous étions sept. Danasi et moi laissions derrière nous le sang de Nemo, nous étions pour ainsi dire, plus du tout invisible. Lorsque les ronflements des hommes furent derrière nous, je leur intimai de rester en arrière. Je déposais ainsi la chainette près de la rambarde, là où l’autre homme passait régulièrement lors de son tour de garde. Blenny mit plus de temps à y passer, mais lorsqu’il se pencha pour la récupérer, Danasi et moi nous précipitions vers lui pour lui saisir les jambes et le passer par-dessus bord. « Allez ! » criais-je aux cinq autres, afin qu’ils plongent directement dans l’Océan. Les Marins prirent du temps avant de se retrouver sur le pont, alertés par les bruits et par la suite, par toutes ces traces de sang. « Attrapez les moi, nom de dieu ! » Le dernier Ondin sauta, il ne restait plus que Danasi et moi. Nous plongeâmes sans attendre et avant même que les harpons ne fusent, nous étions déjà au fin fond de l’eau, à l’abri de presque tout. Au petit matin, les cinq disparut revinrent chez eux saint et sauf avec, cependant, quelques égratignures ci et là.

L’Océan avait retrouvé le calme qui le caractérisait, étouffant à sa guise tous les bruits qui l’importunaient. L’obscurité des fonds marins s’agitait au grès des courants, les rares habitants de ces lieux rampants presque sur le sable, à l’affut du moindre prédateur. Seules les petites méduses fluorescentes faisaient danser leur petite robe blanche, attrapant sur leur passage les poissons imprudents s’aventurant dans leur bras. Le regard de ses occupants avait l’habitude de l’opacité des lieux, la pâleur de leur peau, de leur écaille, ou de leurs yeux, montrait que plus on s’attardait dans la noirceur, plus on y perdait les palettes de couleurs que la vie était supposée nous offrir. Tout comme ces cinq Ondins que nous avions sauvés, emplis de joie de vivre, de couleurs, de brillance, seront-ils un peu plus pâles à l’avenir ? Auront-ils cette haine qui nous délave peu à peu ? La peur de la mort possède deux facettes : ou elle nous noie dans la vie ou  elle nous pousse dans un précipice sans fond. « Alors ? »  Danasi colla ses tentacules sur le rebord de la fenêtre pour entrer dans la maison de pierres. « Ça a été. » Dit-elle simplement. Elle déposa sur le tas d’algues une petite bourse. « Qu’est-ce que c’est ? » « Ton dû » « Je n’en veux pas. » Danasi leva les yeux vers la surface. « Je les laisse là quand même. » Elle se posta près de moi. « Je suis désolée pour Nemo. » Je détournai le visage pour la regarder dans les yeux. « J’avais prévu de le tuer après, dans l’eau. Sa mort était inévitable. » Elle rit avant de rajouter quelques mots. « Tu es cruelle, il t’a aidé à venir à moi. » « Non. Il était mort dans tous les cas. Il m’a aidé pour que je l’aide à fuir, peut être en l’aidant à nager jusqu’à un rivage… Il l’a fait pour lui. » Je posais ma main sur sa joue. « Danasi, si un Gaelyan accepte de t’aider ou te propose son aide, demande-toi toujours ce qu’il désire et ce que tu peux en faire. » Elle fit la moue. « Cessons de parler d’eux s’ils ne valent pas la peine alors. » « Est-ce qu’il t’a remarqué ? » dis-je alors rapidement, tout en souriant. Elle rit en regardant le plafond, revenant ensuite sur mon visage. « Non. Je dois lui faire penser à ces Oryanis, sauvage et prête à lui briser la nuque au moment opportun. » « Alors que tu es un poulpe très attendrissant, prête à ne briser la nuque que de ceux vivant sur les terres. » « Exactement ! Je n’ai rien de semblable à ces bêtes. » Elle me regarda de haut en bas. « Ce doit être toi qui me portes préjudice. Tu habites dans une grotte marine au fin fond de l’océan, tu es ne supporte pas qu’ils utilisent leur forme de bipèdes, tu n’aimes pas leur manière de vivre, ce serait limite si tu n'es pas comme ces monstres extrémistes… Et en plus ! Tu n’aimes pas le chocolat. C’est réellement un outrage à notre race. Tu préfères la sèche et la raie… Tu n’es vraiment pas net. » « Je préfère tout ce qui vient de l’Océan, je préfère nager que marcher, mais aussi le calme des profondeurs, ça n’a rien à voir avec les Oryanis, vraiment. » « Fais quand même attention de ne pas trop t’exiler. » « Je suis dans un village, crois-moi, si je voulais réellement partir loin de la civilisation, je parcourrai les Océans à la recherche d’un lieu vraiment désolé. » Elle déposa un baiser sur ma joue. « Pense à venir me voir de temps à autre, même si notre mère ne désire plus te voir et que père s’est débarrassé de toi sous ses ordres, moi j’ai encore besoin de ma dernière sœur. » D’un geste de ses huit bras, je la vis s’éloigner du village de pierres et de bateaux brisés.
1 835
Revenir en haut Aller en bas
 

La Souffrance des Innocents [Solo Nalvyna]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» La souffrance des innocents [solo]
» La souffrance des innocents [Galaad]
» ♛ Autrui, pour se sentir bien | ft. Nalvyna | -18
» [EVENT solo Partie IV - solo] Rétablir un semblant de vie
» [Q] - Ẹṣọ Kọọ | Solo
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest-