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 La souffrance des innocents [solo]

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Mer 03 Déc 2014, 14:41

« Presque tous les hommes que vous fréquentez sont des Gaelyan. » Allongée sur le tapis près de la cheminée, Eowyn balançait ses jambes dans les airs. Le menton délicatement posé sur ses mains jointes, la jeune femme contemplait d'un air pensif la Dame des Abysses, qui, sur le divan un peu plus loin, lisait un vieil ouvrage. Les sourcils légèrement arqués, Vanille releva ses grands yeux clairs sur Eowyn, cette femme créée magiquement pour être elle lorsqu'elle en avait besoin. Ces derniers temps, grâce à un don qu'ella apprit aux côtés de la Khaeleesi, sa lubie était de rendre son teint bazané, ses yeux noirs et ses cheveux blancs. Le moins que l'on puisse dire était, qu'ainsi, elle ne ressemblait en rien à celle qu'elle devait occasionnellement remplacer. « Cette constatation te parvient soudainement. » souffla la Sirène d'une voix basse et douce. « Je réfléchissais, c'est tout. » - « Ton ton me paraissait fait de reproches. » - « J'ai du mal à comprendre. Ce sont ... » Elle ne parvenait pas à trouver le mot juste et se contenta de répéter le terme péjoratif. « ... Des Gaelyan. » - « Ils sont meilleurs amants. Les Ondins m'ennuient. Ils sont trop ternes. » Eowyn ne répondit pas, songeuse. Forgée pour être une fille des eaux en sont état le plus pur et sauvage, elle n'éprouvait que mépris pour ces créatures inférieures de la surface. Elle s'imaginait mal dans les bras de l'un d'eux, même si, comme Vanille, elle savait que l'amour ne rentrerait pas en ligne de compte. « La petite servante a un regard de poisson. » se moqua la jeune fille. Asaelys se tenait un peu plus loin à plier du linge. A la fois embarassée, fascinée et curieuse, elle écoutant la conversation qui se déroulait entre les deux Ondines dans la langue si mélodieuse des mers et des océans, le Valaerian. Vanille ne lui accorda pas un regard. La discussion ne l'intéressait guère. Elle ne restait au Palais de la Cité Engloutie que par obligations puisqu'une audience des plus formelles lui avait été demandée. Nausicaa, Eowyn, Asaelys, Yun et Clémentine, Caliel et Ismaël, Caelys. Autant de personnes dont elle ne se préoccupait que très peu et qu'elle était contrainte de garder à ses côtés, quelques temps du moins. Une fois tous les projets qu'elle envisageait réalisés, elle ne s'encombrait plus de l'inutile. Elle avait déjà du mal à les supporter et dans d'autres circonstances, elle n'aurait pas hésité. Vanille soupira. Lasse, elle se dirigea à son bureau pour signer quelques papiers. Dans l'indifférence la plus totale, elle ordonna l'exécution de dizaine de prisonniers, avant de claquer la porte pour rejoindre la salle du trône.

La Dame des Abysses était belle. Elle dégageait une grande prestance. Assise sur son trône de nacre et d'argent, elle surplombait la pièce qu'elle écrasait de son charisme. Les voiles exagérement longs de sa robe s'effondraient sur la ligne des escaliers. Le tableau était une mise savamment pensé afin d'asseoir la supériorité de l'Empire de la Cité Engloutie. D'un pas lent et mesuré, un cortège s'avança avec à sa tête, un couple d'Ondins hauts et sévères. Ils s'inclinèrent tous, d'un même mouvement, face à la Khaeleesi. « Merci de nous recevoir, Grâce. » - « Les Précieuses Lignées seront toujours reçues selon les honneurs dûes à leur rang. » répondit doucement Vanille, un très léger sourire aux lèvres. La Reine elle-même était descendante de l'une de ses familles prestigieuses. « La Maison Mynceria vous en remercie, Khaeleesi. En cette heure, nous sommes porteurs de bien sombres nouvelles. Il se pourrait que la chasse aux Précieuses Lignées ait repris. » Vanille leva doucement la tête, le regard appuyé. Les Précieuses Lignées étaient les familles les plus puissantes de la Cité Engloutie. Souvent, ces membres se retrouvaient aux postes importants et les clans passaient des alliances avec les Ot'Phylès, quand il n'y avait pas main mise sur ces derniers. Contrairement aux écailles des autres Sirènes, celles des Précieuses Lignées possèdaient des dons et des vertus pour lesquels elles avaient été longuement traqués et torturés. Evidemment, Vanille n'avait jamais subi le moindre de ses sévices mais elle avait vécu assez longtemps pour entendre les rumeurs et voir de ses yeux les corps mutilés des pauvres Ondins. Elle ne fut pas étrangère à ce trafic mais elle se gardait bien de le préciser. « Des membres de votre famille ont disparu. » Ce n'était pas une question mais une évidence. « Oui. Au bel âge, lorsque les on-dit prêtent aux écailleurs une infinie qualité. Ma fille et deux de ses cousines, ainsi que deux neveux, n'ont plus donné signe de vie depuis près d'une lune et c'est assez inhabituel. Je ne mettrai pas cela sur les élans de la jeunesse, d'autant que j'ai entendu des mots d'en haut faisant état d'une poudre miraculeuse. » - « Je vois. » Vanille se releva, la foule recula. « Soyez sans crainte, ces affaires ne seront pas ignorées. Vous serez tenus au courant des avancés. » La jeune femme, élégante, descendit les marches. On fit de nouveau des révérences à son passage, tout en murmurant des remerciements.

Vanille eut une désagréable surprise lorsqu'elle ouvrit la porte de ses appartements privés. Dans le salon, assis par terre, le Professeur jouait avec Ismaël. « Par tous les Aetheri, Khaeleesi, vous êtes divine ! » - « Que faites-vous ici ? » Il se releva, son habituel sourire ravageur aux lèvres. « Je faisais la connaissance de votre fils. Quel âge a-t-il ? » - « Trois ans. Partez. » - « Il est adorable. Pas très loquace, cependant. » Le petit, adorable gamin aux cheveux d'argent et aux mires claires, fila près de sa mère pour s'enfouir dans les plis de sa robe. « Dégagez. » La langue de Vanille claqua, brusque et acide. Le Professeur dévisagea la jeune femme. Il savait qu'elle était une femme faite de poison, qui n'avait pas grand chose de bon en elle derrière sa plastique parfaite. Pourtant, elle lui avait rarement parlé de façon aussi violente. D'ordinaire, elle se contentait d'être une politesse exquise en murmurant des propos acerbes. Il réfléchit quelques instants. « Je trouve fascinant que, si jeune, votre fils soit déjà un Sorcier, déjà engagé dans la voix du mal. » Les mains jointes dans le dos, il fit un pas en avant, vers la Dame des Abysses. « Ma présence vous dérange encore plus que les autres fois. Avez-vous peur que je corrompe votre enfant ? » - « Vous n'avez pas choisi de vous faire appeler Professeur pour rien. Vous êtes doué pour enseigner, guider. Ne vous mettez pas en tête de faire de mon fils un parfait magicien, j'ai d'autres plans à son égard. Ne vous avisez pas de le changer de voix. N'essayez pas même pour moi. Vous perdez votre temps. » Elle prit Ismaël dans ses bras. « Vous me faites perdre le mien. » Elle tourna les talons. Le Professeur lui emboita le pas. « Vous êtes d'une humeur excellente à ce que je vois. Oh. » Il détourna les yeux. Il venait de voir la robe que portait Vanille. Elle jonchait le sol. Ismaël était dans son berceau, dans la chambre à côté de la salle d'eau, où la jeune femme était nue. « J'ai à faire. » dit-elle en s'habillant d'une tenue plus confortable quoique toujours aussi élégante. Un rien lui allait. C'est vêtue d'un pantalon de toile qui soulignait ses formes et d'un corset qu'elle revint. « Je ne peux pas vous accompagnez, je suppose ? » - « Non. Je crains que ma réponse vous importe peu. » - « Tout à fait. Je suis venu pour vous, Khaeleesi. Ce n'est pas vos sautes d'humeur qui vont me faire fuir. »

« Fascinant et troublant. » conclut le Professeur après les explications succintes de la Dame des Abysses. « Vous faîtes parti de l'une des Précieuses Lignées, n'est-ce pas ? Quel est votre don ? Je veux dire, celui de votre longue famille. » - « Oh, je vous en prie mon cher. Devinez donc. » souffla Vanille, la voix un brin moqueuse. A y réfléchir à deux fois, la réponse était assez évidente. Une femme comme elle ne risquait guère d'avoir des écailles aux pouvoirs délicats. Elles étaient un poison, peut-être l'un des plus virulents qu'il puisse exister. Aucun remède, à base de plantes ou même magique, ne pouvait soulager les souffrances engendrées, ou éviter l'issue fatale si la dose était trop importante. Lorsque Yun arriva pour s'occuper d'Ismaël, Vanille et le Professeur quittèrent l'enceinte luxueuse du Palais de la Cité Engloutie pour visiter les ruelles de la ville des eaux. Cole semblait apprécier les environs, à moins que la seule compagnie de la Dame des Abysses suffise à son sourire. Brièvement, durant un maigre instant, ils semblèrent oublier pourquoi ils étaient sortis. Tout deux à la Place de Symbor, ils longeaient les petits commerces et les grandes boutiques, sans rien dire. Comme à la Forge de Takias Misaalak, elle était à son bras, comme si elle l'appréciait. Ces moments étaient rares et cela les rendait d'autant plus précieux. « Khaeleesi, j'aurai ... » Le Magicien ne put terminer sa phrase. D'un geste, Vanille l'incita au silence. Un peu plus loin, des hommes filaient de cette démarche lourde au regard fuyant, comportement typique des coupables qui, en tâchant d'être discrets, affichaient leur méfaits sur la place publique. Ils n'étaient pas des Ondins, c'était évident. Ils étaient trop rustres et grossiers pour cela. Ils étaient les criminels idéaux pour un crime commis sous les flots. L'heure n'était plus à l'allégresse d'une promenade. Il était grand temps de se pencher sur ce problème délicat. Vanille n'avait pas particulièrement à coeur de le régler. Pour cause, elle avait elle-même géré, autrefois, ce trafic de grande ampleur et son départ cause l'effondrement du système. Il dut trouver un nouveau maître d'oeuvre depuis. Elle ne pouvait décemment pas laisser un tel réseau s'installer. Elle devait le démanteler et en fait grand étalage. Ce serait bon pour sa réputation.

Vanille se détacha de Cole. Féline et rapide, elle se mit à pourchasser le groupuscule d'hommes qui s'était déjà engouffré dans une allée étroite de la Cité Engloutie. Le Professeur, dans un soupire, la rattrapa, dévoilant par la même occasion un nouveau trait de sa personnalité. Plus qu'un séduisant Maître du Temps, il était aussi un sportif et à n'en pas douter, un excellent combattant. Une petite moue contrariée se dessina sur les lèvres roses de la jeune femme. Chaque jour, elle tâchait d'en savoir un peu plus sur lui. Ce qu'elle apprenait lui déplaisait. Se débarasser de lui ne serait pas une mince affaire. Pourtant, il devait mourir. Cet homme et ses manières désuettes, ce Mage Blanc à l'étrange comportement, il était inconcevable qu'il reste en vie. Vanillene le tolererait pas.

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Mer 03 Déc 2014, 14:42

« On en a combien ? » - « Cinq, un bon début. » - « Ouais mais ça ne suffira pas bien longtemps. Ils ne tiendront pas des jours et des jours. Il faut dire que c'est fragile, ces petites choses là. » Ils rirent d'un son gras et moqueur. « Il faudra qu'on en attrape d'autres. » - « Faut surtout qu'on soit plus discrets ! Ils ne sont pas si idiots, ces poissons. Si des membres de la famille disparaissent encore, ils vont finir par se douter de quelque chose. La dernière chose que l'on souhaite est qu'ils aillent se plaindre au Roi ou à la Reine, je ne tiens pas à ce que tous les soldats nous courrent après. Dans l'idéal, ce serait bien de trouver un moyen de rejoindre les autres Cités des mers pour s'attaquer à la famille d'une façon plus large. » - « Je vois ce que tu veux dire. On en parlera au boss. Je suppose qu'il a déjà envisagé des tas d'options mais bon ... Vu qu'il ne nous dit jamais rien, on ne peut pas savoir ! Est-ce que tu crois les rumeurs à son sujet ? » - « Lesquelles ? On raconte tellement de choses sur le patron ! » - « Bah on dit ... On dit qu'autrefois, il n'était qu'un sous fifre à la solde d'Alice de Mildford. » - « Ca fait longtemps qu'on n'a pas entendu parler de cette blondasse, à la Cité Engloutie. Je ne pense pas qu'elle reviendra, elle a du trouver une affaire plus juteuse ailleurs. » - « Tant mieux, cette fille me foutait la frousse. Bref, le Patron aurait appris le métier à ses côtés. Il connait toutes les ficelles mais il craindrait aussi que l'autre revienne car il n'a pas réussi à avoir sa légitimité. » - « Chut, ne dis pas ça tout haut. Les murs ont des oreilles et je tiens à garder ma tête sur mes épaules. Le Patron n'est pas un rigolo et il ne supporte pas ce genre d'affront. » Deux hommes discutaient tout bas. Ils étaient vulgaires et assez simples d'esprit, très certainement les hommes de main du bas de l'échelle de l'organisation criminelle. Perchée sur les toits à les observer, Vanille souriait, amusée. Malgré le temps qui s'était écoulé, l'ombre de son passé planait toujours sur les institutions morbides. Le Professeur, qui se tenait juste derrière elle, l'observait, songeur. « Bon. Qu'est-ce qu'on fait ? » - « On va à la taverne ? Le Patron veut pas de nous pour l'instant alors tant qu'à faire ... » Vanille soupira. D'humeur joviale, les deux hommes s'engoufrèrent dans la première taverne venue pour s'y souler. Ils étaient le stéréotype des mauvais malfrats, bêtes et ivrognes. « Que comptez-vous faire, Khaeleesi ? » s'enquit Cole d'un ton qui en disait long sur le fond de sa pensée. La jeune femme se retourna pour le dévisager, silencieuse et souriante. Elle ne lui répondit rien et sauta du toit.

La petite taverne était bruyante. C'était l'un de ses établissements minuscules et toujours plein à craquer, où les hommes, déjà ivres, se bousculaient à tout va. Il y régnait un fort parfum d'alcool. Vanille, d'un pas léger et dansant, se faufila à travers les clients. Il y avait très peu d'Ondins dans les parages. Les étrangers aimaient se réunir de leur côté, loin des gens des eaux bien que la compagnie de quelques jolies Sirènes à la morale légère ne les dérange guère. « Salut poupée ! » lui lançait-on de temps à autre. Une femme comme elle ne passait pas inaperçut, même pour des soulards. Cependant, Vanille ne les écoutait pas. Ils ne l'intéressaient pas. Dans un sourire, elle se rapprocha de ses deux proies. « Bonjour. » murmura-t-elle tout bas. Volontairement, elle avait assorti son langage commun d'un exotique accent Valaerian. Elle savait qu'il s'agissait du genre de petits détails qui plaisaient aux Gaelyan. Les deux hommes relevèrent la tête dans un même mouvement. Ils se redressèrent, intéressés, face à la demoiselle. « Tiens donc. » - « Eh bah. » Vanille sourit. Elle jouait les ingénues. Doucement, elle s'assit près d'eux. « Etes-vous nouveau dans le coin ? » - « Ouais. » - « Non. » Ils se dévisagèrent. Leurs réponses ne concordaient pas. Continuant à donner dans le masque de l'innocence naïve, elle afficha un sourire simple. « Comment trouvez-vous la Cité Engloutie ? » - « Oh ... Superbe ! Les Sirènes sont vraiment des femmes sublimes. » - « Ma jolie, c'est quoi ton petit nom ? » Elle se releva pour prendre appui sur la vieille table chancelante. Doucement, elle se pencha sur celui qui avait posé la question et glissa ses doigts froids le long de sa joue. « Suis-moi, si tu tiens réellement à le savoir. » Evidemment, ils acceptèrent tout deux sans broncher ni même réfléchir. Comment auraient-ils pu se douter de la suite des évènements ? Ils ne goutèrent pas plus d'un instant à l'allégresse du moment. Le coeur du premier cessa de battre dès qu'il eut franchi la porte du sous-sol. Le second n'eut pas même le temps de crier. Il fut assomé. Vanille rit tout bas en longeant l'inconscient.

« Aie ... » L'homme rouvrit péniblement les yeux. Un maigre filet de sang coulait de son front blessé. Il marmonna quelques injures en essayant de se relever. Puis il paniqua. Il était assis sur une chaise, ligoté. « Qu'est-ce que ... » Il protesta et se débattit, sans grand succès. « Bien dormi ? » Vanille, qui jusque là était dissimulée dans la pénombre de la cave, s'avança doucement, les bras croisés et la mine tranquille. « C'est quoi ton problème ? » Elle rit. « J'ai besoin de quelques informations. Etant donné la large discrétion dont tu as fais preuve avec ton défunt ami, je sais que tu peux me renseigner. » - « Tu délires ! Je ne te dirai rien, sale garce. » Elle sourit. « Je pratique un Art particulier, qui me permettrait de faire craquer l'homme le plus fort de corps et d'esprit. Tout le monde a ses limites, que le temps peut briser. » Insolente, elle s'assit sur les genoux de sa proie. « Je pourrais anéantir ta volonté en deux heures. » Elle le dévisagea avec insistance avant de rire, moqueuse. « En réalité, une devrait suffire. Cependant, je n'ai nullement le temps de me consacrer à ses joyeusetés. » Elle se releva, brusque. Dans le même mouvement, elle assena une gifle monumentale à l'homme qui hurla. « Alors j'ai décidé de ne pas m'encombrer de tes mots. Ma question est simple : où se déroule le trafic d'écailles ? » - « Je ne dirai rien ! » - « Tu ne m'écoutes pas. Tu n'as pas besoin de répondre pour que j'entende la vérité. » L'esprit était si aisément manipulable. Il suffisait d'aborder un sujet pour que l'on y songe. Pour peu que l'on soit doué du don de télépathie, obtenir des informations relevaient du jeu d'enfant. « Merci beaucoup. » Elle posa délicatement l'une de ses mains sur la gorge du Gaelyan. Paumes ardentes, sa peau brula, puis sa chair. Malgré la douleur atroce, il ne pouvait pas clâmer ses peines. Il mourrut dans le silence affreu de la douleur, le regard vrillé contre son bourreau, joli brin de femme qui souriait toujours.

« Les masques tombent. Enfin, j'ai l'honneur de rencontrer le véritable Professeur. » Cole, dos appuyé contre un mur, fumait une énième cigarette, comme le laissait présager le petit tas de mégot qui jonchait le sol près de lui. Les doigts légèrement tremblants, il ne releva même pas les yeux lorsqu'il entendit la Sirène revenir de ses maccabres affaires. « Cole Von Illuynqi. C'est mon nom. » - « Enchantée de faire votre connaissance et heureuse de voir, qu'au final, j'ai ébranlé ce flegme si savamment étudié. » - « Alors ? Etes-vous fière de vous ? Finissons-en. » - « Vous voulez toujours m'accompagner. » Vanille soupira. « Votre rancoeur n'est pas si forte. » - « Où doit-on aller ? » - « Suivez-moi, Cole, que je vous entraîne dans les bas-fonds si peu recommandables de ma belle Capitale. » - « Vanille. » Il la retint du bras. Son regard était sombre et grâve. « Oui ? » Il réfléchit, d'apparance hésitant sur le bien-fondé des paroles qu'il comptait prononcer. Dans un soupire, il se ravissa et lâcha la jeune femme. « Rien. Allons-y et faisons vite. Pendant que vous vous amusez et que vous trainez, des innocents souffrent le martyr. Vous avez eu la chance, durant votre longue existence, de ne jamais connaître la douleur de vous voir arracher l'une de vos jolies écailles givrées. N'imposez pas ça à votre peuple. Continuez à jouer les Reines modèles.» - « Ne parlez pas sans savoir. A moins que vous avez une impressionnante nouvelle à m'apprendre, vous n'avez pas de queue de poisson. » Il sourit. Peut-être se faisait-il des idées mais il avait l'impression que la sulfureuse Khaeleesi s'essayait à l'humour léger afin d'améliorer l'entente qui s'était effilocher. Il n'était certain de rien mais cela lui faisait plaisir. Il en oubliait presque les meurtres.

« J'ignorai que la Cité Engloutie était si vaste. » murmura le Professeur, rêveur. « Les Gaelyan se contentent de visiter la ville, ses commerces et ses places. Les alentours leur importent peu. Comme n'importe quelle Capitale d'en haut, la mienne possède ses terres, ses ruines, marquées par les vestiges de son passé. » - « Les Gaelyan ? » Vanille sourit. « Les étrangers. » - « En suis-je un ? » - « Oui. » - « Est-ce péjoratif ? » - « Tout à fait. » Il rit. Les paysages étaient à la fois enchanteurs et merveilleux, sombres et lugubres. Des prairies bleutées dansaient au gré d'une brise factice. Les roches scintillaient, comme elles-même incrustées de pierres précieuses et lumineuses. « Il n'y a rien. » - « Je vous pensais plus voyant et clairvoyant. Il existe des souterrains, Professeur. Ceux que l'on pourchasse se sont réfugiés dans les profondeurs de la Cité Engloutie. » - « La bulle de protection est donc si étendue ? Cela m'étonne. » - « Les miens le sont. » Vanille s'accroupit. En quelques gestes, elle retira la poussière d'une vieille trappe dissimulée par les ronces et le lierre. Mieux valait entrer par une porte dont les malfrats ignoraient l'existence. Ce genre d'individus n'appréciait guère d'être surpris. Vanille avait beaucoup réfléchi à ce trafic, qui tentait de refaire surface dans la Capitale Ondine. Si les deux cadavres qui reposaient à présent six pieds sous terre avaient raison, celui qui gérait dorénavant le réseau était une vieille connaissance à elle.

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Mer 03 Déc 2014, 14:43

La scène était morbide. Suspendus à des crochets, les jeunes Ondins se balançaient dans le vide, au dessus d'un bassin dans lequel l'organisation devait les plonger régulièrement pour qu'ils demeurent sous leur apparence originelle. Inconscients par fatigue ou par douleur, ils ne bougeaient plus et respiraient à peine. Jeunes, ils ne devaient pas dépasser les vingt-cinq ans pour le plus âgé. Leur queues de poisson, meurtris, effleuraient la surface de l'eau. L'habituel blanc nacré se voyait souillé, sali par le rouge sombre de leur sang qui coulait des larges entailles, preuves lugubres des écailles arrachées. Qui qu'ils soient, les hommes procédaient avec méthode. Ils savaient que les écailles repoussaient à chaque fois de moitié. Ce n'était pas des novices en la matière. Vanille s'approcha discrétement de l'une des jeunes filles, une petite blonde d'à peine quinze ans. « Hum. Je suis la marraine de cette enfant. Son père est un homme important, il m'a demandé cet honneur. » - « Vous vous occupez divinement de votre filleule, à ce que je constate. Etes-vous aussi tendre avec elle qu'avec vos enfants et vos pupilles ? » répondit le Professeur, sarcastique. « Bien sûr que nom. Mon statut envers elle est public, je me dois de faire bonne figure auprès d'elle, de ses parents, du peuple. Les autres relations sont privées. » - « Au temps pour moi. Au moins, les lieux ont l'air vides. » Vanille haussa les épaules. Les couloirs ténébreux étaient silencieux mais elle pressentait des difficultés à venir. Cole, lui, se devait de mentir un peu. Ce qu'il était, et qu'il n'avait toujours pas avoué à la Dame des Abysses, le contraignait au silence. En quelques gestes, ils délivrèrent les jeunes Mynceria, les laissant tomber dans l'eau. « Il faut qu'ils reprennent conscience. On ne peut rien pour eux s'ils continuent à sommeiller. » - « Professeur. » Le ton était sec. Surpris, le Magicien releva les yeux sur la jeune femme. « Votre idéaliste est touchant mais vous ne pouvez ignorer la vérité. On ne pourra en ramener que quatre. » Le plus jeune des garçons était déjà perdu. Il avait du commencer par lui. Sa queue de poisson ne ressemblait plus à rien, presque dénué d'écailles. Il était en train de mourir. Un Ondin ne pouvait survivre, dans de telles conditions. « La petite brune risque aussi de ne pas résister mais je suppose que vous voulez lui donner sa chance de se battre, avec des soins adaptés. Aidez moi à les sortir, il faut les sécher et espérer qu'ils se réveillent avant que les autres rappliquent. » - « A quoi doit-on s'attendre ? » - « Plait-il ? » - « Sous forme humaine, quels sont les effets de cette mutilation ? » Vanille laissa un temps avant de répondre. « La perte d'usage des jambes et des hématomes et des plaies ouvertes que rien ne pourra effacer ou soulager. » - « C'est horrible. » - « Je vais faire appeler les Gardes. » - « Réellement ? Je pensais que vous regleriez les choses par vous même. » - « Public, mon cher, public. »

« Ah. » La jeune Sirène aux cheveux blonds se releva d'un bond, les yeux exhorbités. « Calme-toi, Irissa. » - « Marraine ... » La petite aggripa les vêtements de la Dame des Abysses. « J'ai mal. » - « Je sais. Moins fort, ça va aller. Essaie de te détendre. Ta soeur est très mal en point, tout comme ta cousine.» - « Et Sébastien ? Joshua ? » - « Mon ami tâchera d'épauler Joshua. Irissa ... Concernant Sébastien ... » Le jeune homme était encore dans le bassin. Cela ne servait à rien de le sortir. « Il faut partir. Viens. » Elle se releva péniblement. « Marraine, qu'allez-vous faire contre ces gens ? » demanda-t-elle, les yeux rouges. « Ne t'inquiète pas pour ça. Ils paieront. Mes Soldats ont commencé à arrêter les criminels. Je pars ensuite à la recherche de l'instigateur de tout cela. »

Les Soldats de l'Empire avaient envahi les ruines de la Cité Engloutie. Les arrestations se faisaient par dizaine tandis qu'un petit groupe se chargeait des victimes, qu'ils portaient pour les ramener à la Capitale. Vanille, assise sur un rocher, contemplait les mouvements de foule sans rien dire. Le Professeur était à ses côtés, bras croisés. « Que fait-on, à présent ? » - « Comme déjà dit, il faut retrouver le "Patron". » - « Savez-vous de qui il s'agit ? » - « Oui. J'ai vu son visage dans l'esprit d'un de ses proches. Je connais cet homme. » - « Réellement ? Dans quelles circonstances auriez-vous pu connaitre pareil personnage ? » - « Vous ne voulez pas le savoir, Professeur. Croyez-moi. » Un garde s'approcha. « La zone est sécurisée, Khaeleesi. » - « Bien. Menez les Mynceria au Palais pour qu'ils rencontrent le médecin impérial. » Elle tourna la tête vers le Maître du Temps. « Je suppose que vous n'allez pas m'abandonner en si bon chemin. » Il sourit. « Qui est notr cible ? » demanda-t-il une fois qu'ils furent seuls, aux abords des bas quartiers de la Cité Engloutie. « Il s'appelle Evan. C'est un Vampire particulièrement avide. Vous le reconnaitrez facilement, son visage est marqué par la dernière rencontre qu'il eut avec moi. » - « Une belle cicatrice, je suppose ? » - « Un bon quart de son visage est brûlé et il est aveugle de l'oeil droit. » Vanille se souvenait parfaitement de lui. Ce n'était qu'un arrogant, un prétencieux, qui aspirait à élever sa condition. Il n'avait cependant pas de talent et n'était pas un excellent meneur d'homme. La Dame des Abysses étaient persuadée qu'il avait du recevoir une précieuse aide. Pour autant, elle ne se préoccupait pas de cette ombre latente qui contrôlait ses gens avec habilité. Elle tâcherait simplement d'extirper son identité dans l'esprit du Buveur de Sang, avant de le faire condamner à la peine capitale à laquelle il n'échapperait pas après un procès dans les règles, rapide et efficace. « Où peut-on le trouver ? » - « C'est un drogué. Je commencerai donc par vérifier les fumeries d'opium. » Ce fut facile, presque décevant. Vanille n'eut aucun mal à trouver Evan et à l'arrêter. Il suffit, une nouvelle fois, d'évoquer un possible supérieur pour que le Vampire songe à lui. La Dame des Abysses avait sa réponse, et elle se contenta de mettre l'homme de la nuit hors d'état de nuire avant de le jeter dans une cellule. La nouvelle se répandit rapidement et la grande famille Mynceria revint au Palais pour longuement remercier l'implication de la Reine, et demander des funérailles décentes pour le défunt. Vanille, déjà lasse de toute cette comédie, mit fin rapidement aux discussions. Moqueur, le Professeur se tenait dans l'ombre à contempler cette femme tellement étrange. Il savait qu'elle était mauvaise. Il l'avait déjà vu faire tirer les arbalètes dans une foule innocente pour punir les chevaliers qui avaient refusé d'obtempérer. Pourtant, il l'aimait.

« Je crois ... » Le Professeur était toujours prudent sur le choix de ces mots, surtout lorsqu'il s'adressait à la Dame des Abysses. Lentement, il marchait dans le sable chaud de la plage, évitant les vagues impétueuses qui léchaient le rivage. « Que vous n'aimez pas la Cité Engloutie. Cette bulle est un espace clos et cela ne vous plait guère. Je suis persuadé que vous préférez la terre, tout en méprisant ses habitants. » - « Libre à vous de penser cela. » murmura Vanille, qui appréciait la brise marine qui caressait ses joues et emmelait ses cheveux rouges. « Que faites-vous encore là ? Avez-vous décidé de ne plus me lâcher, Professeur ? » Il sourit. « J'étais venu vous voir, ma Dame, pour une raison bien précise. Dans la frénésie de la journée, je n'ai pu aborder le sujet. » La jeune femme tourna doucement la tête vers le Magicien. « Le moment est arrivé, alors. » - « Tout à fait, ma chère. » Une main dans les poche, l'autre tendue à Vanille. Un sourire ravageur aux lèvres, il attendait. La Sirène scruta cette paume offerte, sans rien dire ni esquisser le moindre mouvement. Le Maître du Temps n'abandonna pas pour autant et ne bougea pas plus. Les secondes défilèrent, peut-être même des minutes. Puis, impassible, la Sirène finit par glisser ses doigts dans ceux de Cole et le laissa l'entraîner où il voulait. Ils ne marchèrent pas longtemps avant d'atteindre une falaise escarpée. « Je l'ai trouvé un peu par hasard. Il était destiné à être vendu et très certainement exploité, peut-être même découpé et dévoré. Les temps sont durs, les gens feraient n'importe quoi pour un peu de viande sans être rop regardant sur la bête à tuer. Je sais que vous portez affection aux créatures, d'autant plus à celles-ci. C'est pourquoi je vous l'offre, si vous parvenez à l'approcher et l'apprivoiser un tant soit peu. Pour ma part, je n'ai même pas pu le détacher, il était trop agité. » Vanille se détacha du Mage Blanc. Doucement, elle s'approcha de la crevasse où était lovée un immense dragon aux écailles couleur terre. Malgré sa taille, il était jeune, un enfant impétueux et colérique. Alerte, il redressa la tête en entendant les intrus et gronda. Vanille ne réagit pas à la menace et continuer à avancer d'un pas mesuré. Elle s'accroupit non loin de la bête et patienta jusqu'à ce qu'il se calme. C'était normal qu'il soit énervé. De longues chaînes l'empêchaient de faire le moindre mouvement. Quand il fut apaisé, Vanille s'approcha davantage. Lentement, elle posa sa main sur sa gueule. Il grogna mais ne protesta pas plus. En quelques gestes, la Sirène le délivra. « Vous avez un don, Khaeleesi, avec les Dragons. » commenta tout bas le Magicien, presque ébahi bien qu'il sâche que la jeune femme était née pour diriger ce petit monde cruel. La bête n'avait même pas essayé de s'envoler, comme intrigué par la petite chose rousse qui lui faisait face.

« Est-ce un présent qui vous plaît, douce Vanille ? » Elle sourit. Le Dragon s'était relevé et faisait face à la Sirène.. Silencieusement, ils se défiaient du regard. « Il faudra que je lui présente les autres. Deimos est l'Alpha du groupe, il doit l'accepter. » Dans le cas contrairee, le jeune sera réduit en charpi. Telle était les règles dans l'univers sauvage. Le Magicien se pencha sur l'Ondine pour lui embrasser le front. « Je suis heureux que cela vous plaise. Songez-y.» La jeune femme eut à peine le temps de relever les lèvres pour entrouvrir les lèvres, s'interrogeant sur la signification des derniers mots. A défaut de pouvoir poser la question, Vanille soupira, amusée. Il était déjà parti.

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