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 Ton Pire Cauchemar [Loziel]

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Mer 30 Sep 2015, 21:31

Après une longue journée emplie de juste et dur labeur, Andrzej avait décidé de désigner celle-ci comme finie. Il avait trouvé un petit coin fort accueillant, à l’ombre d’une forêt d’ifs droits comme des sentinelles inspectées. Il installait son sac de voyage pour faire office de coussin et la paillasse pour ne pas dormir à même le sol. Ce lit improvisé pouvait faire sursauter d’horreur quiconque mais pas le Bélua qui avait pris l’habitude de ce genre de confort. Il ne pouvait se permettre de gaspiller de l’argent durement gagné en chambre d’auberge superflue et n’avait surtout pas l’envie de rester trop longtemps parmi les gens et leurs répugnantes attitudes. Cette solitude lui convenait et lui plaisait.

Il s’allongeait tranquillement sur le dos et posait ses mains derrière sa tête. Dans cette posture, il se mit à humer l’air frais lui caressant le visage et identifier les nombreuses fragrances florales emportées par ce doux vent. Au lieu de compter les moutons, chose plutôt déplacée pour un membre du Totem du Bélier, il comptait donc le nombre d’animaux dont il pouvait reconnaitre les sons ou les fleurs et leurs parfums. Bien vite, son esprit se mit à vagabonder en repensant à toutes ces aventures qu’il avait vécues, ces jours de voyage en solitaire à admirer les plus beaux de paysages du continent et ces rencontres plus insolites les unes que les autres. Sans s’en rendre compte, il fermait peu à peu les yeux jusqu’à sombrer dans un profond sommeil bien mérité.

Il se voyait voler, flotter au-dessus d’une vaste plaine verdoyante. Aussi loin que portait son regard, il admirait des caravanes d’hommes et de femmes marchant main dans la main et les animaux tirant les véhicules n’étaient pas exhortés à coups de fouet mais par des encouragements. Une véritable entraide était visible et le respect entre homme et animal était fort, mérité. Les grandes roulottes de bois amenaient ces pèlerins vers ce qui semblait être une gigantesque zone boisée. En y regardant de plus près, il crut apercevoir quelque chose et, d’un battement d’ailes qui venaient d’apparaitre, il traversait les quelques kilomètres qui le séparait de la forêt. Il fut stupéfait de voir que non seulement le bois était luxuriant, les arbres énormes et sains, mais qu’autour de ces troncs majestueux gravitaient des maisonnettes de bois et de pierre. Les hommes avaient, semble-t-il, appris à vivre en communion avec la Nature. L’industrialisation propre à leur race s’était estompée pour laisser place à l’harmonie et l’ouverture d’esprit.

Andrzej fut aspiré par le haut par une main invisible et impérieuse. Ou bien il tombait à l’envers, il ne le savait pas. Il se laissait emporter par ses ailes qui, l’instant d’après, avaient disparu pour laisser place à une sorte de grade cape le maintenant dans les cieux. Il était désorienté et dans le monde physique, il était agité, le vent venait de gagner en intensité et sa caresse devint une légère bousculade. Tout ce qui se passait dans le monde réel influençait, à sa manière, les songes.

Quand il fut plus stable, il étendit son cou de plusieurs mètres pour regarder vers le haut, qui était en fait la gauche en bas. Il reconnut vaguement le Continent sur lequel il voyageait depuis maintenant environ deux millénaires, selon lui. C’était comme dans les quelques cartes qu’il avait vu, même si il ne se souvenait pas que les bordures et frontières oscillaient et formaient parfois des mots illisibles. En ouvrant son œil droit, l’autre étant occupé à flotter à sa droite, il put apercevoir que partout sur ces terres existaient des communautés similaires à celle observée. Un peu partout, des forêts avaient été plantées et protégées de manière à y construire des villes à l’abri du besoin. L’agriculture était encore présente mais l’impact bien moindre et servait plutôt d’aide-mémoire pour les temps où la faim pouvait être une cause de mortalité. D’ailleurs, seul le vieil âge était une cause de la mort car l’ouverture d’esprit nouvellement acquise leur permettait de voir sur un jour nouveau bon nombre de domaine. La politique, le commerce, le développement, la guerre (qui se résumait à la défense) et même la médecine par l’usage d’herbes thérapeutiques présentes en abondance. L’humanité avait atteint un âge d’or de prospérité grâce à son alignement avec le rythme naturel. Andrzej en pleurait de joie, des litres et des litres, chaque seconde, s’écoulait de ses yeux. Bien vite son épaule droite était complètement mouillée…

C’est alors qu’au loin, dans le sol, il put voir une grosse tache noire, malsaine. Cette dernière dénaturé totalement le paysage qu’il admirait et une sensation de malaise en émanait. Il voulait en avoir le cœur net, il voulait savoir ce qu’était cette chose. Peut-être un signe dans son rêve. Peut-être une simple tache. Peut-être la montre à gousset qu’il n’avait jamais possédé mais qu’il avait perdue. Il ne savait pas. Mais alors qu’il pondérait tout cela, il avait déjà franchi le seuil de cette porte, ce portail.

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Mer 21 Oct 2015, 10:13

Le temps passait avec une lenteur exaspérante. Incapable de trouver une distraction digne de ce nom, Loziel avait fini par s'allonger dans l'herbe. Il sentait la fraîche caresse des brins perlés de rosée lui caresser la peau. Le froid ne l'incommodait pas. D'ailleurs, l'avait-il dérangé un jour ? Peu importait en fin de compte. Cela faisait des années qu'il laissait ses ressentis de côté, les sens anesthésiés par son étrange nature. Le simple fait que la fraîcheur s'imprime dans sa chair suffisait à illuminer sa journée, phénomène malheureusement trop rare. D'un point de vue purement matériel, il pouvait posséder tout ce à quoi les hommes aspiraient, mais rien de tout ce qu'il avait la capacité de créer ne parvenait à le satisfaire. En recherche perpétuelle d'un plaisir quelconque, il avait beau assouvir les désirs des autres, chaque victoire qu'il remportait le laissait de marbre. Certaines de ses sensations semblaient emprisonnées au coeur des ténèbres, et il n'était pas même certain de vouloir les retrouver un jour. Mieux valait laisser le passé où il reposait en attendant de trouver la paix.

Cependant, alors qu'il se prélassait tranquillement dans l'herbe matinale, il sentit que quelque chose l'appelait. Sans plus attendre, il ferma les yeux, abandonnant le monde réel sans le moindre scrupule. Quelqu'un devait être en train de rêver, et pour une raison mystérieuse, l'accès à ce rêve lui était permis. Les habitants de ces terres commettaient souvent la fatale erreur de ne pas verrouiller leurs songes comme ils le faisaient quelquefois avec leurs pensées. Une imprudence qui s'avérait parfois terriblement dangereuse. Loziel était de ceux qui profitaient de ces brèches dans la conscience des autres, trop faible encore pour s'y introduire comme il le désirait. Il attendait avec impatience le jour où il maîtriserait les subtilités de l'inconscient. Pour le moment, il fallait néanmoins qu'il se concentre sur l'opportunité qui lui était offerte. Un rêve somme toute assez classique qu'il convenait de transformer en un voyage plus palpitant. Son propriétaire ne serait en aucun cas déçu de s'être endormi. Le génie lui réservait un programme d'enfer.

Il ne lui fallut que quelques instants pour comprendre ce qui plaisait au rêveur, et par extension, ce qu'il abhorrait plus que tout. La nature et l'harmonie régnaient en maître en une sorte d'utopie délicieuse à laquelle le brun allait mettre fin sans hésiter. À force de courir après des chimères, les hommes courraient à leur perte. Autant les réveiller d'une manière un peu plus piquante que leur dire simplement que leurs idéaux ne se réaliseraient jamais. Sans attendre davantage, Loziel se concentra pour amener sa cible jusqu'au monde qu'il venait de créer. En apparence, une immonde tâche noire qui attirait irrésistiblement et l'oeil et le corps. Celui qu'il cherchait à piéger ne montra pas la moindre résistance, se dirigeant de lui-même vers l'étrange apparition, probablement par une sorte de curiosité maladroite. Lorsqu'il fut arrivé à sa hauteur, il bascula dans l'autre monde. Franchir la porte entre deux rêves revenait à s'abandonner totalement à l'emprise d'un Génie.

Loziel contrôlait pleinement le nouveau royaume où s'aventurait le rêveur. Si rien ne semblait avoir changé dans un premier temps, le ciel se couvrit bientôt d'épais nuages d'une noirceur inquiétante qui furent déchirés par un éclair. L'orage venait, apportant son lot de malheurs. Les habitants de la charmante contrée observaient l'inconnu qui était apparu au milieu d'eux sans la moindre explication logique avec un air terrifié. Une fillette d'une dizaine d'années vint se placer devant lui, le visage creusé de larmes. « C'est ta faute. » À peine ces mots prononcés, le paysage se transforma intégralement. Les champs prospères qui servaient à nourrir équitablement hommes et bêtes devinrent des champs de bataille où la Mort rôdait joyeusement. La terre éventrée laissait entrevoir d'immondes vers qui grouillaient sur  le sol et s'attaquaient à quiconque les approchaient. Les arbres déracinés et déchiquetés étaient renversés tels des cadavres. Alors qu'une femme tentait de traverser pour rejoindre ce qui semblait n'être plus qu'un cadavre, un garde l'empoigna brutalement par le col. « Retourne travailler. » Comme si tout espoir s'éteignait à cette pensée, ses épaules s'affaissèrent. D'un pas résigné, elle se retourna vers une immense machine qui arrivait presque à hauteur des nuages. La pluie battait les murs de pierre tandis que le vent apportait des effluves nauséabondes. La porte métallique s'ouvrit dans un crissement effroyable. Seules des tâches rouges perçaient l'obscurité du lieu. La femme s'avança, prête à être engloutie par l'usine. Concentré sur sa petite scène, Loziel n'en avait pas pour autant oublié le principal protagoniste. L'un des gardes de l'ignoble bâtiment donna un violent coup de pied dans le dos du rêveur qui se trouva à genoux devant des ténèbres percées de flammes. Le Génie se frotta les mains, satisfait de sa création. Restait à savoir quelle serait la réaction de celui qu'il avait piégé.


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Mer 30 Déc 2015, 19:50

A peine avait-il passé cette étrange porte qu’une odeur âcre lui agressait les narines. Un souffle chaud l’étouffait tout à coup alors qu’il comprit qu’il était sur la terre ferme. Mais cette partie du monde qu’il observait l’instant d’avant avait complétement changé. Il voyait, tout autour de lui, des griffes métalliques venant déchirer le ciel et d’où s’émanait de gros nuages de fumée noire. Une fine brume semblait s’écouler en très fines gouttelettes et un léger picotement se faisait sentir sur la peau. L’air était toxique, la pluie était acide, la vue était immonde. L’immense joie et allégresse qu’il éprouvait il y a quelques minutes à peine s’étaient transformées en une sensation d’horreur qui le prenait aux tripes. Il avait des hauts le cœur tant la puanteur était forte. Il pleurait, notamment à cause des vapeurs acides mais aussi de tristesse. Lui qui désirait plus que tout au monde mettre en place harmonieux, il voyait sous ses yeux l’incarnation de tout ce qu’il redoutait. Les hommes avaient industrialisés tout ce qui pouvait l’être et réduit leurs semblables et la Nature même en esclavage.

Une petite fille recouverte de suie rejetait la faute entière sur le Bélua en le désignant, entre deux toussotements gras, comme le responsable de cette situation. Andrzej ne comprenait pas. Il promulguait la vie proche de la Nature. Il luttait âprement pour la sauvegarde de l’homme et de la végétation pour que tous aient un avenir. Comment aurait-il pu causer tout cela ? Quelles actions ou inactions auraient pu mettre en place une telle suite d’événements résultant en cette horreur ?

La petite fille fut emportée par un mouvement de foule. Elle disparut instantanément alors qu’un groupe de gens, crasseux et paniqués, se ruaient hors de ce qui semblait être un champ de bataille. De gigantesques golems de fer s’affrontaient, fauchant bêtes, hommes et habitations sans distinctions, réduisant le paysage à un champ de ruines où la mort régnait. Seuls les bruits métalliques et cris affolés des habitants résonnaient dans cette vallée désolée. Des étincelles jaillissaient de chaque choc entre les deux colosses et déclenchèrent des incendies mais il ne restait presque plus aucun arbre ou forêt à brûler. La terre tremblait et se fissurait à tel point qu’elle semblait être prête à éclater telle une noix. Les entrailles de cette pauvre terre étaient traversées par d’énormes vers cuirassés dévorant des pans entiers de croûte terrestre, contribuant à affaiblir les parois. Des gros rochers tombaient et des glissements de terrains meurtriers se produisaient à chaque seconde. Détournant le regard de ces horreurs mécaniques, il regardait à nouveau vers la foule et il put retrouver la petite fille. Celle-ci était allongée sur le sol, face contre terre. Ses habits étaient tachés de sang. Elle était immobile. La foule avait piétiné l’enfant. Andrzej vomissait ses tripes l’instant d’après.

Il fut bousculé par une femme qui gémissait et dont le regard était empli de peur. Elle se dirigeait en courant vers le champ de bataille. Elle ne tiendrait pas une seule seconde dans cet endroit, l’un des titans la piétinerait sans même la remarquer. Elle criait un nom, elle cherchait un être cher. Le jeune garçon se mit à la suivre pour l’arrêter, lui épargner une mort atroce et inutile mais il fut devancé par un garde à la mine patibulaire. Il l’empoignait violemment comme un marchand mettant la main sur un objet sans valeur. Il se mit à la traîner sur plusieurs mètres pour revenir vers la rue qui était, contre toute attente, l’endroit le plus sûr de la région. Il la lançait presque à travers l’énorme porte à double battants de l’usine. Andrzej les avait suivi pour savoir ce qu’il adviendrait de cette femme. Malheureusement pour lui, un autre garde l’avait remarqué et il le prenait par les épaules pour l’amener, à son tour, à l’usine. D’un grand coup de pied dans le milieu du dos, il fut lancé à l’intérieur et se retrouvait immédiatement dans une grande cage. D’autres geôliers, armés de bâtons, patrouillait au milieu des travailleurs et leur enfilaient un collier trop serré. Après avoir accompli leur tâche, ils sortirent de la cage qui se renversait lentement pour écouler tous les esclaves dans une autre pièce.

Un à un, ils étaient amenés vers ce qui ressemblait à un chariot tout de fer mais sans le moindre cheval pour le tirer. Il s’agissait d’une grande boite métallique pourvue de quatre grandes roues agrémentées de chenilles. La porte arrière s’était ouverte dans un long raclement et il put apercevoir deux rangées de bancs occupés par des travailleurs en haillons, la mine déconfite. Tous s’assirent en pleurant. Au milieu du véhicule se trouvait une grande roue de pierre. La machine dans laquelle ils se trouvaient se mit en branle et pendant de longues minutes, elle semblait se déplacer. Andrzej était paniqué. Il ne comprenait rien à ce monde, il ne comprenait rien à la situation, mais il était piégé.

Après environ une heure, la porte s’ouvrit à nouveau. Des gardes les rossaient pour les faire sortir et à chaque fois que quelqu’un mettait un pied dehors, on lui attachait une lourde chaîne à son collier. Ses chaînes étaient toutes reliées à cet étrange appareil qui se trouvait entre eux. Ce fut au tour d’Andrzej. Un garde le saisit, lui attachait la chaine et le lançait au dehors. Il atterrissait sur ses pieds mais il faillit perdre l’équilibre en sentant la texture étrange du sol. Ce dernier était entièrement constitué de goudron encore chaud. Il avait ses bottes mais certains n’avaient pas cette chance et hurlait déjà de douleur. Chaque pas qu’Andrzej faisait était lent car il collait au sol. Après s’être habitué à cette bizarrerie, il regardait autour de lui et il pouvait voir l’une de ces gigantesques machines qui luttaient dehors. Il s’agissait d’une chaine de construction. A droite et à gauche, d’autres véhicules comme le leur.

Que se passait-il ici ? Il ne comprenait rien. Quelle était leur tâche ? Il s’agissait d’un atelier pour titan, pourquoi alors étaient-ils amenés ici ? Pourquoi le sol était couvert de goudron ? Comme pour lui répondre, un des titans se mit à marcher au loin dans l’énorme usine. A chaque pas, le sol se fissurait, le béton et le goudron se fendait. Une fois sorti de cette zone, un énorme appareil recouvrait ses traces de nouveau goudron pour le réparer. Il comprit.

Les gardes se mirent à les fouetter pour avancer et trainer derrière eux l’énorme rouleau de pierre qui servirait à égaliser le revêtement du sol. Ceux qui n’avaient pas de chaussures ou bottes continuèrent de crier de douleur et étaient ralentis par la texture, certains tombaient, d’autres s’immobilisaient. Harangués par les fouets de leurs tortionnaires, les autres continuèrent d’avancer et la roue pulvérisait littéralement les pauvres hères qui s’étaient arrêtés. Il fallait avancer, travailler, ou mourir. Andrzej avançait en pleurant, entendait les derniers cris étouffés des personnes passant sous le rouleau qui étaient désormais teinté de rouge. A sa droite, il vit la jeune femme qu’il avait suivi. Elle lui lançait un regard empli de lassitude. Ce n’était plus de la tristesse à ce point-là, simplement du désespoir. Elle s’arrêtait de marcher. Elle aurait pu encore avancer. Elle avait de bonnes bottes de marche, semblait en bonne santé mais l’envie de vivre l’avait quittée. Une minute plus tard, elle poussait u long hurlement alors qu’elle se faisait aplatir. Andrzej chancelait.

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Ven 01 Jan 2016, 15:53

Malheureusement pour l'impudent rêveur, Loziel guettait le moindre de ses mouvements avec l'avidité d'un prédateur sachant sa proie prise au piège. Voiler ce doux songe d'un nuage cauchemardesque l'enchantait, ravivant sa bonne humeur trop souvent éteinte. Une fois de plus, il ne s'agissait que d'une réalité immatérielle, mais qu'était-il de plus ? Cependant, il devait bien avouer que son œuvre avait quelque chose de spectaculaire, une prison de l'esprit comme seuls les Génies savaient les construire. Se délectant de la souffrance qu'irradiait son petit pantin _ comme il aimait à appeler ses victimes _, il observait avec satisfaction le point d'orgue de son bijou d'horreur. Il s'agissait d'une sorte de machine essentiellement faite de pièces métalliques et qui fonctionnait à la sueur des esclaves prisonniers de cet univers fantasmé. Quiconque pénétrait en ces lieux se retrouvait immanquablement attrapé par les gardes et jeté à l'intérieur de cette véritable fournaise qui n'en finissait plus de ravager la terre. Lors de sa vie d'autrefois, le Génie ne se serait jamais permis de jouer ainsi avec la Nature et ses merveilles, mais puisqu'il n'était plus qu'à moitié un être et qu'il se contentait de manipuler les rêves, il estimait avoir légitimement droit à cette part de vengeance, la seule qui lui ait été accordée malgré toutes ses supplications.

Avec satisfaction, il regardait sa victime se débattre tant bien que mal avec l'odieuse machine, esquissant un sourire carnassier en modulant le visage de ses compagnons qui se déformait de douleur. Lui ne ressentait rien, et ce ne serait jamais le cas. Cette pensée renforça sa furie destructrice : des fouets vinrent aussitôt rejoindre les mains des gardes qui n'hésitèrent pas à s'en servir. Qu'éprouvait-on, lorsqu'on avait mal ? Il ne se souvenait pas, et cette pensée le rendait fou. Assurément fou, car un tel songe ne pouvait provenir que d'un esprit profondément affecté. La roue qui suivait les condamnés écrasait sans pitié les corps de ceux qui abandonnaient la lutte. D'où lui venait tant de cruauté ? Loziel l'ignorait, mais une essence malsaine en lui s'en réjouissait allègrement. Les larmes qui striaient les joues du protagoniste éveillaient en lui des idées particulièrement cruelles. Sans savoir pour quelle raison il s'en prenait à lui de la sorte, il se disait qu'ils auraient peut-être pu s'entendre, en d'autres circonstances. À l'époque où il était pleinement lui-même, il aurait probablement apprécié sa compagnie. L'être qu'il avait en face de lui s'avérait d'une grande bonté à l'égard des hommes et de la Nature, et trouver les peurs qui siégeaient en son coeur ne représentait pas un défi particulièrement exceptionnel pour le Génie. Certaines de ses anciennes connaissances avaient eu des idéaux plus ou moins ressemblants, et à dire vrai, ils avaient tous fini par renoncer à leurs croyances un jour ou l'autre.

Cependant, alors qu'il dirigeait sa petite création d'une main de fer, quelque chose sembla se dérober à lui. L'esprit du rêveur luttait pour reprendre le contrôle et s'affranchir de cette emprise maléfique. Agacé par ce retournement de situation imprévu, Loziel vit des fleurs apparaître de tous les côtés sur l'hideuse machine, formant un ensemble pour le moins… Disparate. Craignant de perdre la maîtrise de ses pouvoirs, il décida de laisser le cauchemar s'apaiser. Un Génie aussi faible qu'il l'était ne pouvait se permettre de gaspiller toute son énergie en de pareils enfantillages. Il fallait agir avec davantage de précision, et surtout, moins de fioritures. Faisant appel à toute sa volonté, il laissa les ombres se dissiper lentement. Le sol déchiqueté retrouva progressivement sa toison verdoyante alors que les survivants se voyaient libérés de leurs chaînes et de leur immonde esclavage. Leurs visages souriants se tournèrent vers l'inconnu qui rayonnait à nouveau. Un soleil chaleureux vint compléter ce nouveau paysage, effleurant de ses doigts lumineux la peau des hommes qui savouraient leur liberté retrouvée. Impassible, le brun attendait que les choses rentrent dans l'ordre avant de lancer un dernier assaut. Donner de l'espoir aux êtres qui peuplaient ces terres afin de mieux briser leurs esprits, un jeu qu'il affectionnait particulièrement.

Puisque son pouvoir se consumait à une vitesse ahurissante, le Génie changea de tactique. Ne pas laisser un seul instant de répit à sa victime lui apparaissait comme une nécessité. Malgré tous ses désirs, le sommeil ne durait pas éternellement, et il finirait sans doute par se réveiller. De mauvaise humeur, sans le moindre doute. Un léger sifflement se fit entendre à mesure qu'un nouvel individu faisait surface. Un sourire amusé aux lèvres, il ressemblait à s'y méprendre à Loziel qui jugeait qu'un clone de lui-même prendrait moins d'énergie et lui permettrait de parvenir à ses fins sans que cela ne le rende plus faible. Mieux valait en finir rapidement. Le brun pouvait sentir sa magie filer, goutte après goutte. Le temps pressait. « Un duel s'impose, mon cher ami. Remporte-le, et je laisserais cet endroit en paix. » Un rire tonitruant s'éleva, semblant pourfendre l'air avec agilité pour se glisser insidieusement dans les oreilles des individus présents. Il lui offrait une occasion, l'occasion de devenir un héros aux yeux des créatures oniriques. La désillusion du réveil n'en serait que plus affligeante. Sans plus attendre, l'ennemi désigné se précipita sur Andrzej, un sabre à la main.


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Mar 05 Jan 2016, 22:30

A sa grande surprise, la nature semblait reprendre vie tout autour de lui. Les machines infernales, crachant feu et douleur, se retrouvaient clairsemées de fleurs et pans de verdure. L’aspect menaçant de ces constructions métalliques s’en voyait diminué. Les fouets des gardes disparaissaient peu à peu ainsi que leur contrôle sur les foules qui embrassaient cette liberté nouvelle comme s’ils y goutaient pour la première fois de leurs misérables vies. Andrzej regardait autour de lui et ce n’était pas simplement la Nature, la vie qui retrouvait son éclat mais l’incarnation la plus pure de l’espoir. Et il n’était pas le seule à le ressentir. Toutes ces personnes, tous ces esclaves se redressaient. Ils se retournaient peu à peu, d’abord hésitants, contre leurs tortionnaires. D’autres levaient les bras au ciel alors que leurs corps nus et meurtris étaient baignés dans les rayons d’un soleil bienfaiteur. Ils avaient oublié cette sensation de chaleur dans ce monde froid de douleur.

Ce n’était pas simplement le soleil qui irradiait le monde ou des fleurs naissant sur une carcasse infernale mais bien la terre entière qui éructait de vie et de force. Le sol se fissurait pour laisser jaillir des gerbes de pétales et de senteurs parfumées pouvant adoucir les plus fiévreuses folies. Le Bélua se sentait revivre et toute l’horreur qu’il avait vécue jusque-là s’était évaporée dans les airs aussi brusquement qu’elle était apparue. Il pouvait voir derrière lui les esclaves porter les blessés en dehors de la foule pour qu’ils soient recouverts par ces fleurs virevoltantes et ce soleil bienfaiteur et ils étaient miraculeusement guéris. D’un monde d’une froideur mortelle, Andrzej était arrivé dans un paradis de vitalité. Il riait à cœur joie. Des larmes chaudes coulaient le long de ses joues et venaient se reposer tendrement à la commissure de ses lèvres fendant son visage en un rictus de gaieté.

Tout à coup, un sifflement, d’abord ténu puis de plus en plus oppressant, se fit entendre. Les cris de joie s’éteignirent instantanément. Les esclaves avaient d’ailleurs disparu, il ne restait plus que le jeune homme totalement désemparé et hébété par la situation. Il tournait sur lui-même pour tenter de les retrouver mais il ne vit personne, ou plutôt, il ne vit rien. Les titans s’étaient volatilisés dans les airs et une brume obscure voilait sa vision. Il ne semblait pas être capable de voir au-delà de quelques mètres. Le sol était plane, gris et simple. Il craignait d’abord perdre doucement la vue mais lorsqu’il portait les mains à son visage, il pouvait déceler leur aspect dans les moindres détails. Cela ne venait pas de lui mais bien du monde dans lequel il se trouvait. Il avait l’impression d’être prisonnier d’une brume tel un pantin dans une boule de verre.

Alors que le sifflement strident atteignait son paroxysme, un individu fit son entrée. Il s’agissait d’un homme aux cheveux bruns et au sourire inquiétant. Il tenait à la main un grand sabre dont la lame inspirait une sensation de danger incommensurable. Il respirait de confiance en soi. De son attitude générale, Andrzej pouvait désigner ce nouvel arrivant comme le maître des lieux même si il n’était plus sur de l’endroit où il se trouvait désormais.

D’une voix forte, le guerrier énonçait son défi. Il invitait le Bélua prisonnier à triompher de son hôte dans un duel armé afin de gagner la paix définitive de ce lieu maudit. Cela incluait les esclaves toujours invisibles mais ces derniers ponctuèrent la phrase du génie en poussant un long râle de langueur. Leurs ongles raclaient et se cassaient sur le mur de brume. Ils étaient en panique et emplis d’un désespoir sans fond depuis qu’ils avaient pu goûter, même brièvement, au bonheur et la perspective d’un futur meilleur. Ces cris sonnaient comme tant de plaintes et prières envers sa personne.

Il n’avait d’autre choix que de relever ce défi. Il avait le sort de ce monde entre les mains, les vies de ces pauvres hères étaient dans la balance. Malheureusement, il était totalement désarmé et son adversaire, lui, disposait d’une lame effilée prête à le trancher en deux à la moindre occasion. Sans plus attendre, Loziel se précipitait sur sa proie. Le guerrier de la Nature était totalement paralysé, il essayait de bouger mais pour une étrange raison, il n’arrivait pas à avancer. Chaque pas qu’il faisait en arrière était accompagné d’une force invisible et opposée, le renvoyant à sa position d’origine. Incapable de bouger, il se révélait être une proie facile. Il était persuadé qu’il allait y laisser sa peau. Il avait à nouveau peur. Cette étrange force le repoussait toujours alors qu’il essayait, en vain, de se mouvoir pour éviter le premier coup de sabre qui lui était destiné. Une sensation étrange l’envahit. Il avait déjà vécu ce genre de situation mais uniquement en rêve. Entre ça et perdre ses dents, ou chuter, il avait déjà eu la possibilité d’explorer malgré lui l’éventail de cauchemar et autre bizarreries oniriques que le monde des songes avait à offrir.

Il se posait dès lors un nombre incalculable de questions. Est-ce que tout ceci est un rêve ? Est-ce que ce monde maudit a jamais existé ? Et ce monde de beauté et de vie aussi ? Ces esclaves, ils sont comme moi dans un rêve ou bien sont-ils le rêve ? Puis-je vraiment les sauver ? Pourquoi lutter si ils n’existent pas ? Pourquoi sauver ce monde qui n’est pas réel ? Et ce type au sabre, il est réel ? Son arme, au moment de toucher ma chair, va me trancher ou bien passer au travers de mon corps ? Si il est le maître de ce rêve, peut-être peut-il me blesser ? Si je suis le dormeur… Alors, il s’agit de MON rêve.

En tentant de calmer ses instincts de survie les plus pressants, il fermait les yeux. Ils ne seraient d’aucune utilité, il s’agit d’un rêve après tout. Il se rendait aussi compte que depuis qu’il était là, à part pour ressentir des odeurs, sans doute confectionnées par l’homme au sabre, il n’avait pas respiré. Pas une seule fois. Il en était désormais sûr, il rêvait. Puisant dans toutes ses forces mentales, il tentait d’outrepasser ses sensations physiques, faussées par ces lieux et cet hôte hostile, pour reprendre le contrôle. Il ne bougeait pas mais se sentait avancer. Il ne voyait pas mais savait où il allait. Il n’entendait que les échos inventés des bruits de pas de la charge guerrière de Loziel mais il pouvait deviner sa position exacte. Alors que ce dernier allait le frapper d’un grand coup qui aurait pu trancher quiconque en deux, Andrzej bondit vers son ennemi pour le saisir à la gorge d’une main et bloquer son bras armé de l’autre.

« Je suis plus fort que toi maintenant »


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Lun 11 Jan 2016, 23:48

L'espoir qui naissait dans le regard de l'inconnu ravissait Loziel qui ne pensait qu'à sa future victoire. À mesure que les fleurs se déployaient à nouveau pour déchirer le goudron et rendre à la terre ce qui lui appartenait de droit, les habitants des lieux posaient un regard rempli d'espoir et de confiance sur sa victime qui s'émerveillait à son tour de cette résurrection impromptue. Le laisser quelques instants à la contemplation de ce à quoi il aspirait plus que tout lui offrait une joie profonde et inébranlable. Cependant, le rêveur comprenait peu à peu ce qui se passait juste sous ses yeux. Etrange ironie que d'être aveugle à ce qu'on voit lorsque le regard se dérobe à la réalité. Rien n'existait davantage que les murmures des songes, pensée que le Génie s'acharnait à faire basculer du côté de la vérité. Unique lieu où les désirs de n'importe quel être se transformait en une dimension palpable et terriblement attirante qui ne devrait jamais prendre fin. La vision qu'il avait du monde _ celle qui avait toujours eu, bien avant sa renaissance _, paraissait sans doute illusoire pour tout autre individu, mais pour lui, ce n'était qu'un reflet de quelque chose de plus grand. Les événements, tout comme les personnes rencontrées, ne représentaient que des projections de l'esprit, des mirages savamment orchestré par l'inconscient qui ne dévoilaient leur beauté cruelle qu'une fois qu'on commençait réellement à les aimer.

Sûr qu'il remporterait le duel, son adversaire avança sans la moindre hésitation. Le brun appréciait cette attitude défiante. Prêt à en découdre pour sauver ce qu'il estimait être son royaume, il ne se doutait visiblement pas une seule seconde qu'il s'apprêtait à tomber à nouveau dans un piège fantasmagorique. Cela dit, Loziel ne sous-estimait pas la puissance du rêveur : c'était lui, l'intrus, et non l'inverse. Aussi sûrement qu'il avait laissé une porte ouverte, il pouvait la lui claquer au nez avec violence et le bannir à tout jamais. Fallait-il encore pour cela qu'il sache comment s'y prendre, ce dont il n'était pas certain. Le dénouement du songe se tenait là. Le Génie ne disposait pas de la puissance nécessaire pour prolonger davantage sa petite torture. En attendant, l'épreuve lui apprenait quelques erreurs à ne pas reproduire, erreurs dont il se délectait comme d'un breuvage délicat. Lorsqu'on se trouvait être une créature aussi sombre que lui, la satisfaction surgissait parfois des endroits les plus improbables. « Le penses-tu réellement ? » Un sourire carnassier étira ses lèvres une nouvelle fois avant que son corps ne disparaisse, s'évanouissant entre les doigts de celui qui croyait le tenir fermement pour réapparaître quelques pas plus loin. Quelle que soit l'issue de son petit jeu, il disposait d'autres tours dans son sac que la force, et l'énergie qu'il subtilisait au dormeur lui promettait un réveil délicieux.

Sans prévenir, Loziel passa à l'attaque, fendant l'air sur le côté gauche de l'inconnu pour simuler un coup. D'un geste rageur, il abattit le plat de son sabre sur l'épaule de sa cible qui n'avait visiblement rien vu venir. Ne lui laissant pas le temps de se remettre de ses émotions, il ne se préoccupait nullement d'être touché. Le rêveur se rendrait compte suffisamment tôt qu'il ne pouvait remporter cette victoire d'aucune façon, du moins tant que la magie n'abandonnait pas le brun. Du début à la fin, le Génie avait tout planifié. Son côté froid et calculateur s'imposait sur ce monde qu'il pliait à ses envies comme un morceau de papier. Sans relâcher son attention sur les coups qu'il distribuait, il fit appel à sa volonté pour créer une dernière machine tout à fait charmante. Essentiellement composée d'un alliage de bois et de métal, elle envoyait des flèches sur les pauvres innocents qui se trouvaient dans les parages, sans la moindre pitié et sans faire de distinction. Ceux-ci s'efforçaient de les éviter du mieux qu'ils pouvaient ; malheureusement, un garçon d'une dizaine années, paralysé par la peur de voir le cauchemar se répéter, fut victime d'une rencontre avec l'une des flèches acérées et poussa un cri de douleur. « Alors, l'ami, qui vas-tu sauver ? Ta propre vie, ou la leur ? » Un rire sarcastique accueillit cette déclaration alors qu'il désignait les malheureux tétanisés, d'autant que le petit objet s'en prenait à de nouvelles cibles et paraissait infatigable. Des nuages sombres voilèrent l'éclat du soleil. Le dormeur finirait probablement par sentir que se réveiller représentait sa seule chance de s'en sortir, mais peu importait à Loziel. Son travail était presque terminé, et il estimait avoir suffisamment profité des malheurs du pauvre rêveur. Cela lui apprendrait au moins à refuser l'entrée à tout individu dans ses rêves. Encore heureux que le Génie n'eût pas disposé de la puissance nécessaire, sinon il l'aurait gaiement écrasé sous les roues de la tour infernale. Ravi par cette image, le brun oublia totalement l'arme qui plongeait vers lui.


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Mar 12 Jan 2016, 22:02

Il resserrait sa poigne encore un peu plus pour transformer ce sourire de défi en un rictus de douleur. Il voulait lui faire ravaler sa fierté si déplacée alors qu’il avait fait souffrir tant de gens. Peut-être que ces derniers n’existaient même pas, purs fruits de son imagination onirique habilement manipulés par le génie, et il se faisait donc paladin protecteur de chimères mais cette infime parcelle de doute était suffisante. Et si ces gens étaient eux aussi plongés dans ce rêve ? Et s’ils étaient prisonniers de l’emprise capricieuse de l’impitoyable hôte ? Et si Andrzej ne parvenait pas à le mettre à bas ils retourneraient dans une existence de douleur dans ce songe éternel ? Ce doute, cette ombre d’hésitation ne pouvait se permettre d’exister dans l’esprit du jeune homme. C’était avec une résolution, sans doute mal fondée, qu’il voulait étrangler purement et simplement cet homme en face de lui. Toutefois, dans un mystérieux artifice magique, il s’évaporait en un clin d’œil avant de réapparaitre quelques mètres plus loin. La main du Bélua se refermait sur du vide et il dut se retenir de pousser une exclamation de surprise.

Comme s’il s’agissait d’un moyen de prouver la supériorité de son stratagème et de l’utilisation de l’effet de surprise, Loziel enchaînait avec un assaut astucieux sur la gauche pour abattre le plat de son arme sur l’épaule de son adversaire. Andrzej pouvait voir le coup arriver mais n’eut pas l’occasion de le bloquer ou entamer une esquive, il subissait dès lors le choc qui lui arrachait une grimace de douleur imaginaire mais pourtant si réelle en cet instant. Dans un réflexe fulgurant, il serra le poing gauche et l’envoyait de toutes ses forces vers le génie pour lui décocher un grand coup fulgurant du plat de la main. Il pouvait sentir la joue de sa cible mais celle-ci semblait glisser autour de son poing. Andrzej ne pouvait dire si cela avait blessé son assaillant ou non, il jurait uniquement sur la sensation de l’avoir touché. Mais encore une fois, tout ceci n’était qu’un rêve, un cauchemar, et les notions de physiques et de sensations s’en voyaient troublées.

Sans perdre une seule seconde dans son processus de torture psychique, Loziel invoquait cette fois-ci une machinerie complexe, articulation alambiquée de bois et de métal, dont le seul but, la seule fonction, était de décocher des flèches de manière discontinue sur tout ce qui bougeait. Elle s’en prenait donc aux pauvres esclaves qui voyaient leurs cris d’encouragement se muer en hurlement de peur. Andrzej venait de tourner son attention vers ces gens et il voulait accourir à leur secours. A nouveau, sa tête s’embrumait de vagues émotions pourtant trop puissantes que pour permettre un raisonnement froid, crucial en ce moment. Alors qu’il commençait à se lancer à la poursuite de ce monstre de mort, il vit un enfant, très jeune, se faire transpercer de part en part par des traits meurtriers à la précision mortelle. Il n’y avait plus rien à faire pour lui, son dernier souffle étant déjà parti au loin.

« Ils ne sont pas réels… Rien n’est réel. Pas même cette machine. Les odeurs, les sons, tout cela est faux ! Sauf … »

C’était à ce moment-là que tout lui apparut tel un flash. De tout ce qu’il avait vu, senti, entendu et ressenti, la seule chose qui semblait véritablement réelle en ce monde cauchemardesque était ce plat de l’épée qui avait heurté son épaule. Cet homme, cet ennemi, était la clé de ce monde. Sans lui, rien ne pouvait exister. Reportant toute sa rage et sa frustration de voir des gens innocents mourir et souffrir sur ce monstre manipulateur. Il s’élançait à pleine vitesse, arme à la main, pour le réduire en charpies, pour le laminer, pour le briser à tel point que toutes ces créations maléfiques disparaitraient pour de bon. Il ne savait pas si, en tuant cet hôte, il pourrait s’échapper de ce monde onirique ou si cela aurait des répercussions néfastes mais la colère aveuglait son raisonnement qui, de toute façon, n’avait pas été brillant jusque-là, les émotions reprenant trop souvent le dessus.

« Je ne choisis pas quelle vie sauver mais laquelle détruire ! »

Il poussait un long hurlement de rage d’une bestialité profonde, prouvant à quiconque aurait pu douter que les Béluas avaient une véritable âme animale enfouie en leur sein. La lame de sa dague vint se plonger dans les entrailles du clone de Loziel et il étendait le bras pour le soulever de terre.

Bras tendu, en sueur et hurlant, Andrzej se réveillait là où il s’était assoupi. Il haletait et se remémorait avec une précision macabre tout ce qu’il venait de vivre. S’épongeant rapidement le front, il regardait autour de lui et, à première vue, il était réveillé et dans le monde normal. Il ne savait pas ce qu’il s’était véritablement passé, il ne le saurait sans doute jamais mais il se jurait ce jour-là de ne plus dormir dans des endroits incongrus.
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Sam 16 Jan 2016, 12:43

La victoire du Génie lui paraissait évidente. Comment un être qui ne comprenait rien au monde des songes et à son fonctionnement si particulier pourrait-il échapper à son emprise ? À dire vrai, voir les visages des créatures se tordre de douleur et la déception creuser leurs yeux ne lui faisait ni chaud ni froid. Ces êtres appartenaient encore moins à la vie que lui. Et de toute manière, à l'exception de Téméris, son coeur s'était fermé depuis longtemps à la souffrance des individus qui peuplaient ces terres. Ils cherchaient leur malheur autant qu'ils le fuyaient, c'était une idée à laquelle il avait dû s'astreindre depuis longtemps. Observer leur comportement lui en avait beaucoup plus appris que tout ce qu'il avait pu lire dans son enfance, et aujourd'hui, il ne nourrissait plus aucun doute en ce qui concernait les déboires et les excès des hommes. L'orgueil même dont il faisait preuve quelquefois ne le touchait pas. Désenchanté, il l'était à coup sûr. Cela dit, l'inconnu qu'il avait piégé à son insu ne réagissait pas comme la plupart des gens. Pour une raison étrange, il n'abandonnait pas dès les premières souffrances, et son courage ne semblait absolument pas entamé par ce qu'il venait de subir ni par l'annonce de sa défaite future. Malgré lui, Loziel admirait cet homme plein d'espoirs. Malheureusement, il ne doutait pas que ses aventures se chargeraient de lui ôter toute aspiration à ses nobles idéaux. Avant le changement qui avait tout dévoré en lui, il aurait probablement veillé personnellement à ce qu'Andrzej ne cesse jamais de croire en son utopie.

En attendant, il émettait une vague tentative de compréhension. Savoir quels étaient les mécanismes d'un endroit aussi singulier ne relevait pas de sa condition. Cependant, quelque chose sembla se déclencher en lui au moment où le petit garçon expira. Loziel s'autorisa un sourire amusé. L'intelligence de sa victime dépassait celle de ceux auxquels il s'attaquait habituellement. C'était navrant à dire, mais le Génie savait qu'il se ferait déloger sous peu. La puissance dont il disposait s'amenuisait à chaque seconde depuis son entrée dans le rêve d'Andrzej, et il savait qu'il ne pouvait quasiment plus rien faire. Le peu de magie qu'il lui restait servait à projeter son corps à l'intérieur du songe pour s'en prendre directement à son adversaire et s'assurer qu'il ne s'en sorte pas si facilement. Quoi qu'il en soit, en dépit de sa déclaration naïve, il ne semblait pas avoir compris la clé de son rêve. Fermer la porte de son esprit à présent qu'un Génie s'y trouvait se révélait impossible, détail que l'inconnu ignorait sans le moindre doute. Cela dit, il y avait quelque chose de presque touchant dans la manière dont il s'élançait vers lui, le coeur dévoré de rage à son égard, à supposer que le brun eût encore pu s'émouvoir d'une telle manifestation de persévérance. Dans une autre vie, nul doute qu'il se serait entendu à merveille avec celui dont il se trouvait être le bourreau.

Malgré la certitude de remporter la victoire qui s'était enracinée en lui, il demeurait un événement auquel le maître du cauchemar n'avait pas songé. Or, prendre en compte tous les facteurs de construction et toutes les possibilités d'évolution d'une réalité déformée était précisément ce qui en faisait la qualité. Agissant en parfait amateur, puisqu'il commençait seulement à oser s'en prendre à des individus et qu'une volonté nouvelle grandissait en lui depuis quelque temps _ pour une raison inexplicable, soit dit en passant _, le brun avait omis un détail d'une importance cruciale. Sans même le vouloir, il avait donné à l'homme piégé un moyen hasardeux de se délivrer de son emprise. Continuant à alimenter la machine par pur goût du spectacle, Loziel ne remarqua pas immédiatement qu'Andrzej avait trouvé une autre porte de sortie, tout à fait différente de celle à laquelle il s'attendait. Sous-estimer la force intellectuelle de sa victime avait été une grossière erreur qui signait la fin de son règne dans le royaume tumultueux du sommeil. L'arme qu'il possédait vint se ficher d'une manière tout à fait surprenante dans les entrailles du clone qui n'avait plus suffisamment de magie pour assurer sa sécurité à travers son immatérialité. "Bien joué, l'ami." Une large zébrure déchira le haut porté par la fidèle copie, et le tissu s'imprégna d'une immonde tâche de sang en moins d'une seconde. Aussitôt, tout disparut autour du Génie. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il constata avec mécontentement . Néanmoins, cela ne relevait pas d'une défaite totale. Une leçon lui restait de cet échec maladroit, une leçon qu'il n'oublierait pas. L'humilité.


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Ton Pire Cauchemar [Loziel]

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