Je ne savais plus vraiment ou j’en étais depuis quelques temps. Entre les remarques de mon ami et ce que je ressentais au fond. Il est vrai que lorsque je l’ai rencontré je venais juste de quitter ma condition d’Ange. Evidemment, on ne pouvait alors que s’entendre sur le sujet. Cependant la Citadelle m’avait rejeté avec tant de cruauté lorsque mes ailes se sont teintes de cette couleur sombre… Et Avalon au contraire m’avait accepté si aisément, comme une mère adopte une enfant que l’on aurait abandonné. Je ne peux qu’être reconnaissante pour ça. Et je l’avais dit un jour. Si la guerre épargnait cette ville, alors je m’intéresserais de plus près au Dieu protecteur de cette race. Bien que quoi qu’il arrive, un jour ou l’autre, je me serai tout de même penchée sur ce sujet. Quel bon moyen de remettre 80 ans de croyance en cause! Qui plus est, le Daedalus a pris position en faveur de Sympan… Mais Kinath, déesse de l’émancipation ? J’ai entendue dire que certains Aetheris aurait repris place au côté de Sympan. Peut-être est-ce le cas ? Alors oui, à force de recherches et d’interrogations, j’ai commencé à remettre mes croyances en cause… Je me suis mise à douter de cet Aether que j’ai prié pendant plus de 80 ans et qui m’a abandonné, comme la Citadelle m’a abandonnée, alors que j’avais besoin de lui. Et aujourd’hui j’avoue, je doute encore…

J’ai toujours aimé cet endroit. Chaque fois que je me sentais mal, que j’avais un problème, je venais ici. Et aujourd’hui me voilà à nouveau, dans cet immense jardin. Ça fait remonter quelques souvenirs quand même… Marchant dans les allées fleuries, je respirais cette odeur agréable de sérénité que dégageaient les plantes. Malgré toute ma volonté, je n’ai jamais été très douée en botanique. Ou peut-être que je ne voulais pas être douée pour pouvoir mieux profiter de la beauté de ces êtres envoûtants et rassurants. Caressant les pétales de certaines fleurs, je m’arrêtais devant un immense chêne qui trônait, fier et majestueux, dans cette partie des jardins. J’ai toujours connue ce chêne. Je l’ai toujours vu debout, exposant avec grandeur ses ramures et son imposant feuillage. Le voir ainsi me mit du baume au cœur et m’emplit l’esprit d’assurance. Il a su traverser les âges et défier les épreuves de la vie. Je ferai de même. Je serai fière de mes convictions et de ce que je suis. Et puis, c’est vrai que mes nouveaux pouvoirs de Déchue sont plutôt cool. Bon je ne les maîtrise pas encore tout à fait, mais ils restent cool. Je ne pus m’empêcher de laisser un léger rire s’échapper au souvenir de l’une de ces fois où je m'entrainais.

« Yovan ? Je peux te demander quelque chose ? » - « Mmmh ?... » - « Donnes – moi tes mains. » - « Pardon ? » - « Donnes – moi tes mains je te dis. Ne t’inquiète pas, fais-moi confiance. » - « Tu sais que la dernière fois tu m’as demandé exactement la même chose pour essayer ton pouvoir, et ça n’a pas été une réussite. Donc tu comprends que je sois méfiant. », m’avait-il rétorqué avec son air nonchalant habituel tout en me tendant les mains. « Excuse – moi. Je te l’ai dit je le referai plus. Là je te promets tu risques rien. Maintenant fermes les yeux. » Tandis que je plongeais mon regard dans le sien, lui fermais ses yeux avec un soupir de désarroi. Après quelques secondes je lui demandais les rouvrir… Pour qu’il me voit lui sourire avec son visage. « Alors pas mal hein ? » - « T’es pas sérieuse là. » - « Détends-toi un peu. Regarde, je suis ta jumelle ! ».

Evidemment après c’est lui qui s’était moqué de moi. Bien trop heureuse d’avoir réussie, je n’avais pas pensée à la dépense magique de cette « transformation » et me suis évanouie au bout de quelques minutes à peine. Mais c’est ce genre de moment qui ne me font pas regretter ma vie dans la cité des Déchus. Qui ne me font pas regretter cette rencontre. Oui… Un jour, je serais aussi majestueuse que ce chêne.

Quelqu’un me sortit alors de mes profonds souvenirs. Je ne l’avais pas entendue arriver et je mis un instant un m’évader de mes pensées. « Bonjour, excuse-moi… Est-ce que tu saurais où se trouve les Parchemins du temps ?». Je dévisageais un instant celle qui m’avait rejoint. Petite avec une chevelure de feu, ses yeux vairons comme son teint hâlé trahissaient immédiatement sa personne. Elle ne devait pas être très âgée. Aussi je me demandais ce qu’elle faisait aussi loin de Megido. « Sauf si… ». Je me tournais vers l’individu qui semblait l’accompagner. Bien plus grand, lorsque je vis le bandeau sur son œil je ne pus cacher un sourire. « Yovan… ». Le jour où il est parti j’ai moi aussi pris la route. Mais sa présence commence à me manquer…  Enfin, ce type-là lui mettait bien entre 20 et 30 cm dans la vue quand même. Donc il n’y a de bandeau que la ressemblance. De plus, la vue de ses ailes m’enleva bien vite de l’esprit l’éventualité qu’il puisse être le maître de la jeune Orisha. Il pourrait, mais les Réprouvés ont souvent l’âme tourmentée. Souvent, pas toujours. Je lui retournais son sourire avant de lui répondre. « Les Parchemins du Temps ? Ce n’est pas exactement par là. Mais je t’y accompagne si tu veux ? ». Jetant un dernier regard au centenaire qui sut me redonner confiance en moi. Je m’avançais vers la rouquine en lui intimant de me suivre et ouvrit simplement la conversation. « Je m’appelle Kyra. Et toi, ou plutôt vous, c'est quoi vos noms ?». Quitte à faire un bout de chemin ensemble, autant connaitre le nom de la personne. Ce sera bien plus simple. Et puis je suis curieuse de savoir ce qu’elle va faire là-bas. On dit que les apparences sont trompeuses, cependant je dois avouer que je ne l’imagine pas des heures entières le nez plongé dans un bouquin.

Je voulu répondre à la jeune Orisha mais son compagnon fut plus rapide que moi. Je les écoutais en silence se chamailler avec un sourire. Surement devaient-ils bien s’entendre et ce genre de dispute devaient être monnaie courante. « Ce n’est pas bien grave de se perdre en ces lieux. Au contraire c’est arrivé à beaucoup de personne. Mais plus par rêverie que parce qu’elle cherchait un lieu certes. ». Je m’étais retourné vers le couple. Même si la rouquine semblait m’avoir rapidement acceptée, au contraire je pouvais sentir une pointe d’hostilité venant du Réprouvé. Je ne peux pas lui en vouloir, ils sont si souvent rejetés que la méfiance devient leur quotidien. Et je me demandais bien à quoi il pouvait penser en voyant son regard appuyé. C’est lorsque la jeune Orisha le mit dans une position des moins confortable, et à laquelle je n’aurais jamais songé, que je ne pus retenir un rire. Lilith et Azraël, voilà donc les deux phénomènes qui recherchent les Parchemins du Temps. Je me demande vraiment pourquoi ils cherchent les Parchemins du Temps ? Parce que je confirme, je ne les voies vraiment pas tranquillement s’imprégner des connaissances de ce lieux. « Et bien écoute, ravie de faire votre connaissance. ». La route ne risque pas d’être ennuyeuse avec eux deux !

Si je connais les environs hein ? Si elle savait. Avant de passer l’Ilieanoko je passais probablement autant de temps sur cette île qu’à la Citadelle. « Oui je connais un peu le coin. La Rue commerçante a pas mal de choses à offrir, et je passais quelques fois aux Parchemins du Temps avant. Cet endroit est tellement mystérieux et fascinent. ». Je marquais une pause. Raconter tous ces souvenirs de cette manière me donnait un sentiment de nostalgie. Je me demandais alors comment réagiraient tous ceux que je connaissais en apprenant ce que je suis devenue. Je leur avais pour la plupart annoncé la grande nouvelle lorsque j’avais passé la Cérémonie des Ailes. Puis fait de même lorsque j’étais devenue Ange Gardien. Mais je n’ai en aucun cas pris ma déchéance comme une grande nouvelle. Aussi je suis partie comme un voleur. Et si je devais recroiser quelqu’un, je dois avouer que je ne savais pas encore trop comment j'allais réagir. Après un léger soupir je repris mes explications à la manière d’un guide. « Le jardin est empli de magie. Je n’ai jamais vu mourir une plante ici. J’ai fait une expérience une fois. Je suis venue à chaque saison pendant plusieurs années. Les fleurs ont suivis le cours des saisons mais n’ont jamais disparue. C’était beau à voir. Chaque printemps voir renaitre les bourgeons de ces fleurs, j’avais moi aussi l’impression de renaitre. On raconte aussi qu’il y a des petits êtres qui surveillent ces jardins. Certains disent que ce n’est qu’une légende pour émerveiller les enfants. D’autres racontent que si on en trouve un il nous apportera le bonheur, la chance, la prospérité… Ou au contraire si on a de mauvaises attentions le malheur s’abattra sur nous. Ca dépend des versions. Mais je n’ai jamais réussie à en voir un. ». A nouveau je marquais un temps d’arrêt. A nouveau des souvenirs m’envahirent. Ces moments où l’on chassait ces "lutins" avec mes amis... Une amitié évaporée à présent.

« Ce qui est certains c’est que c’est un endroit aussi mystérieux que magnifique. ». Je m’arrêtais à présent, non pas à cause de mes souvenirs, mais parce que Lilith ne me suivait plus. Elle s’était arrêtée devant un immense saule dont les branches frémissaient à chacun de nos mouvements. Le voir ainsi régner, sombre ligneux au centre de ces plantes de lumières, me donna un sentiment d’inconfort. Vu toutes les informations que je venais de lui dire, il n’est pas étonnant que la jeune Orisha me demande si j’avais des informations sur cet arbre. Cependant je ne m’étais jamais arrêtée devant ce saule car je ne l’avais jamais aimé. Je n’avais jamais aimé la façon dont ses feuilles et ses branches frissonnaient même en l’absence de vent. Je n’avais jamais aimé cette absence de fleurs autour de son tronc, comme si toute présence de vie était annihilée. Je n’avais jamais aimé cette aura qui se dégageait de cet arbre, si différentes de celle que l’on trouve dans tout le jardin. « Non, je suis désolé. Je ne sais pas grand-chose sur lui. Comme avec tout le reste du jardin, il y a plusieurs histoires qui circulent à son sujet à propos de trésor caché… Mais également de mort. ». Je le regardais à nouveau. « C’est probablement la seule chose que je pourrais te dire. Je ne me suis jamais attardée dessus. ». Je jetais un regard alentour. Et je le vis un peu plus loin, toujours fidèle au poste. « Qui plus est, si l’on s’approche de trop près de cet arbre, le vieux jardinier est toujours présent pour te rappeler à l’ordre. ». En mon fort intérieur, je me mis à prier pour qu’elle ne veuille plus d’information sur ce saule et que l’on continue notre route. Malgré toute la curiosité qui pouvait me dévorer chaque fois que je me souvenais de cette histoire de trésor, me trouver devant cet arbre me terrifiait.

Plus je restais ici, moins je me sentais à l’aise. Evidemment que cet arbre à bien des fois attisé ma curiosité. Tant par sa différence que par les histoires que l’on raconte à son sujet. Cependant il me mettait mal à l’aise. Ses mouvements lents et aléatoires. Ses courbes qui ne semblaient presque pas naturelles… Etonnement, bien que je pouvais sentir que son compagnon ne désirait qu’une chose, c’était être loin d’ici – ou plutôt hors de ma présence –, je pouvais également voir qu’il n’était pas non plus des plus motivé pour s’attarder sur ce saule. Une chose au moins que l’on avait en commun.

Je me rapprochais de Lilith qui était toujours face à l’arbre, et fixais à mon tour ce géant mobile. « Pour t’avouer, j’ignore pourquoi ce jardinier est si hargneux dès que l’on s’approche de cet arbre. Je ne sais pas si c’est pour protéger cet hypothétique trésor, ou bien si c’est pour nous protéger nous. ». Je continuais à observer le triste ligneux, comme jamais je ne l’avais observé auparavant. Ces petites épines sur les branches devaient être redoutables. Je ne préfère pas imaginer ce que c’est que de se faire lacérer par l’une d’entre elle. D’autant plus que l’arbre en est plein. Quel étrange saule pour avoir des épines sur les branches… Ce n’est pas banal sur un saule… Pleureur ? Non. Peut-être… Blanc ? Aucune idée. Je devrais peut-être m’intéresser un peu plus à la botanique… Quoiqu’il en soit Lilith parle d’une entrée, et c’est vrai que je n’avais jamais vue cette ouverture à la base du tronc. Quel genre d’animal aurait osé faire son terrier au pied de cet arbre ?


Je sentais cette petite voix, celle de ma bonne conscience, qui commençait à se manifester et à me dire que ça faisait déjà bien trop longtemps que je trainais ici. Seulement la dernière remarque de la jeune Orisha risquait de faire pencher la balance… Du mauvais côté, bien évidemment. Celui que j’ai rarement réussi à éviter. « Bien sûr que je veux savoir. » murmurai-je. « Seulement… ». Seulement ces histoires de morts m’ont toujours légèrement refroidie. D’autant plus qu’elles s’accordent très bien avec l’arbre en question. Ce n’est pas comme-ci c’était un cerisier, ou un bananier ou encore un pin. Non, il s’agit d’un saule. L’arbre bien triste et glauque que l’on retrouve les trois-quarts du temps soit en bord de rivière, soit dans les cimetières. Mais après tout, c’est peut-être parce que l’arbre va bien avec l’histoire qu’elle a été inventée. Peut-être qu’elle a été créée pour protéger cet éventuel trésor ? Peut-être qu’en réalité il n’y a rien à craindre de l’arbre, et qu’il ne s’agit que d’un sort d’illusion. Mais le trésor pourrait tout aussi bien être une légende ? Une simple histoire à dormir debout pour les idiots qui osent y croire. Je les entendais se disputer à nouveau… Mais à vrai dire j’étais tellement plongée dans mes pensées que je ne les écoutais pas. Après tout, la plupart du temps les trésors se trouvent soit dans des endroits inaccessibles, soit dans des endroits effrayants, ou légèrement morbides. Non ? Bon je ne suis pas la plus calée niveau chasse au trésor, mais de ce que j’ai entendue, ce n’est pas à la portée du premier venu de toucher le gros lot. Il faut le vouloir et le chercher dans les endroits les moins commodes.

« Kyra on y va ? ». C’est lorsque j’entendis mon nom que je sortis de mes pensées. Probablement j’y serais encore à cette heure-ci sinon. « Hmmm ?... ». Y aller hein ? Je ramassais un caillou et l’envoya en direction de l’arbre. Premièrement pour vérifier s’il s’agissait d’une illusion, deuxièmement pour savoir si c’était sans danger. Et je ne peux pas dire que je fus rassurée quand je vis le résultat. A peine le caillou rentrée dans l’espace personnel de l’arbre, celui-ci agita ses branches bien plus vigoureusement que lorsque nous le regardions passivement. L’une d’elles toucha le caillou qui le renvoyait dans notre direction. Heureusement il passa à au moins deux mètres sur le côté. « Et toi !». Zut… Même pour ça il intervient ?« Retentes l’expérience et crois-moi tu risques de le regretter. Il n’y a rien à gagner à jouer avec le saule cogneur. ». Alors c’est un saule cogneur ! Il mérite bien son nom ma foi. Et puis, il est vrai que l’arbre semble plus animé que tout à l’heure. Aussi je ne comptais pas lui lancer un nouveau projectile, non. Seulement je ne pensais pas que ça mettrais ce saule « en colère » de lui envoyer un petit caillou… Je me retournais vers Lilith et lui fit un sourire malicieux. « A toi l’honneur. » lui dis-je avec un signe de la main vers l’arbre. Puis je me tournais vers Azraël et lui adressa ce même sourire. « Ou alors ce monsieur fera-t-il preuve de galanterie en ouvrant la route ? ». J’avais envie de le taquiner. Il me rappelait Yovan les premiers jours à Avalon. Tendu et sec comme du petit bois. « Bien évidemment si vous avez autre chose à proposer que de foncer tête baissée je suis partante aussi. ». Cette fois-ci je m’adressais aux deux. Parce que si on peut passer sans se blesser, ce serai cool aussi.

L’Orisha s’avança vers l’arbre immédiatement après ma proposition. Qui plus est avec un large sourire. Comme si elle n’attendait que ça. Cependant j’espérais qu’elle avait une idée derrière la tête. Autre que de foncer vers les racines formant cette ouverture béante et obscure. Parce que ça risquait d’être difficile de l’atteindre juste par la force brute, vu le morceau d’arbre qui se trouve là. D’ailleurs Azraël l’a également compris. Et vu la vitesse avec laquelle il avait rattrapé Lilith, ce n’est probablement pas la première fois que ça arrive. Quand l’une repousse toujours plus les limites que nous offre la vie, le second est dans la réserve et la retiens quand parfois elle va trop loin. Quoiqu’en y réfléchissant, il n’avait jamais été pour rester ici depuis le début. C’est moi qui ai changé d’avis en cours de route. Contrairement à lui qui restait fermement sur sa position et ne semblait pas confiant sur cette « mission ». Mais tout de même. Tuer est assez fort comme mot, non ? « Eh bien, la pierre est inanimée. Sauf si on trace en ligne droite en théorie il n’y a pas autant de risque. ». Ouai parce qu’il faut quand même rester réaliste. Dans le meilleurs des cas on y arrive bien lacérer. Dans le pire des cas on finit bien assommé… J’espère que c’est le pire des cas. En tout cas, à entendre le Réprouvé, il ne le sentait pas ce coup-là. Et dire qu’en un touché il serait totalement déridé et il pourrait être totalement différent... Non. Non. Non! Je devrais penser autrement ! Par exemple, si seulement j’arrivais à avoir un aussi bon sens des responsabilités… Je ne les aurais jamais rencontrés si c’était le cas.

Finalement Lilith partie s’entretenir avec le jardinier. J’écoutais de loin ce qu’il se disait. Et à chacune des paroles du jardinier mon visage s’éclairait. Cet arbre est en réalité un mystère à lui tout seul ! Ces épines dont je m’inquiétais pour les simples coupures seraient empoisonnés ? Si elles sont aussi précieuses qu’un trésor, c’est qu’elles doivent être unique… Et le poison qu’elles contiennent probablement dangereux. Très dangereux. Ceux maîtrisant l’art des potions, ou simplement les marchands désireux de se faire un peu plus d’argent, devaient vraiment les convoiter. Mais il y avait autre chose. Cet arbre cache réellement un trésor ! Il n’y avait rien de fabuleux dans les histoires que l’on entendait. Tout n’était que pure réalité. Et il est fort probable que le trésor y soit toujours puisque le vieil homme l’a mentionné. Trouver un trésor… Ça n’arrive pas tout le temps dans une vie ça. Surtout un trésor dont tout le monde connait l’emplacement ! A présent que je savais tout ça je regardais ce saule avec un brin de fascination et d’excitation. Lorsque Lilith revint à nos côtés et nous fit part de ses remarques, je ne fis qu’affirmer d’un signe de tête. En écoutant sa conversation j’en étais parvenue aux mêmes conclusions. Finalement un début de plan commença à se mettre en place.

La jeune Orisha envoya son compagnon jouer avec le jardinier. Le principal c’est qu’il fasse en sorte que le vieil homme ne voit pas l’arbre bouger. Parce que même s’il ne nous voit pas, l’arbre se fera parfaitement remarquer lui. Je suivais le Réprouvé  du regard quelques pas, me demandant comment il allait bien pouvoir distraire ce jardinier. On s’était déjà bien fait remarquer, j’espère qu’il n’aura pas de soupçon… Un petit bruit, comme des clochettes, me ramena vers Lilith. Et je vis voleter autour de nous une petite Fae. La rouquine me précisa qu’il s’agissait d’une Fae élémentaire. Je la regardais voler avec des yeux d’enfants. Cela faisait longtemps que je n’avais pas croisée de Fae. Et ces êtres minuscules me faisaient littéralement rêver. Ils ont l’air si peu réel. «Eff», commençais-je afin d’attirer son attention. « Ravie de faire ta connaissance. Moi c’est Kyra. », fis-je avec un grand sourire. Il parait que les Faes peuvent communiquer avec la nature. Dans ce cas en effet, sa présence va probablement grandement nous faciliter les choses ! « Dit-moi, Lilith et moi on aimerai jeter un œil au terrier au pied de l’arbre. Mais tu auras remarqué qu’il n’est pas très commode. Tu pourrais faire quelque chose pour nous ? ». Le temps où je m’étais adressée à elle, elle avait arrêté ses voltiges. Mais à peine j’eu fini ma phrase qu’elle fonça vers l’arbre. Je comprends pourquoi elle accompagne la jeune Orisha. Elle a le même tempérament. La différence c’est que l’arbre semble mieux accepter sa présence. Comme s’il comprenait ce qu’elle était. Ou peut-être lui a-t-elle déjà murmurée quelque chose ?

J’attendais encore un peu devant l’arbre ne voulant pas me précipiter. Et je ne voulais pas briser le calme instauré par la Fae avec un nouveau jet de caillou. Mais on ne peut pas non plus rester là à végéter éternellement. « Quand faut y aller… ». Je m’avançais prudemment vers le saule, observant chacun de ses mouvements à chaque pas que je faisais. A présent Azraël à intérêt à gérer avec le jardinier parce qu’il est hors de question que je quitte cet arbre des yeux. On ne peut être concentré et garder réellement son attention qu’à un endroit à la fois. Est-ce que chez les végétaux c’est la même chose ? Je l’espérais. Sincèrement. Il ne bouge toujours pas. Encore un pas alors ? Toujours rien. Encore un autre ? J’hésitais à adresser la parole à l’Orisha, de peur qu’un mot ne réveille le colosse venimeux. Mais je préfère encore hasarder un mot que détourner le regard. « Finalement, on va peut-être y arriver ? ». Même si tout se passait bien, pour le moment, je me préparais à toutes les éventualités possibles et étais déjà prête à déployer les ailes et sortir la dague s'il le fallait.