La caverne de Mammon
« Avarice, lorsque tu nous tiens… »

L’astre du jour, depuis quelques heures, laissaient tomber ses rayons sur nos têtes, les caressant d’une chaleur affreuse, à la limite du supportable. Nous avions beau nous cacher le visage, ralentir notre pas pour dépenser moins d’énergie ou bien boire à en avoir plus soif, le résultat restait le même: l’air aride et sec des lieux nous menaient dans une lutte où nous serions, vraisemblablement, perdants. Notre groupe en marche, Karlhaven ayant pris les devants pour nous guider dans le Désert, nous ressemblions à des forains perdus, accablés par une chaleur intenable et suffocante.  

« Nous… devrions nous trouver un coin d’ombre, dit alors Greydan d’une voix faible, en parfait contraste à son ton habituel, que nous savions enjoué et énergique en tout temps. C’est un véritable calvaire de progresser dans cette chaleur. »

Doucement, je me tournais vers le lancier aux yeux dorés, qui regardait lui-même le corps fragile et fin du petit Vaence. Aussitôt, je pouvais remarquer la marque de sudation qui luisait sur le front du petit garçon, la lumière du Soleil sauvage et agressant faisant briller les gouttelettes qui glissaient jusqu’à son cou. En voyant cette scène, mon frère eut pitié du garçon – avec qu’il s’était fortement attaché depuis notre passage à Utopia – et il ajouta sa voix à la plainte de Greydan.

« Greydan a raison. Nous avons fait un bon bout de chemin depuis notre départ de la cité humaine. Nous pouvons nous permettre une petite pause, non? »

Devant nous, Isméralda, la lieutenante de l’escouade, ralentit lentement son pas pour nous jeter un regard par-dessus son épaule. Puis, son visage se tourna vers notre chef, Karlhaven, qui lui adressa un léger signe de la tête. Les yeux céruléens de l’Ange balayèrent aussitôt notre petit groupe, s’attardant quelques secondes sur les visages de Primevère, Lyoons, Chromwell et Iseult au Cœur d’or. Par contre, il me gratifia à peine d’un regard, sachant d’instinct – ou parce qu’il me connaissait déjà assez bien? – que je serais du côté d’Isiode, mon frère. Dès lors, Karlhaven nous tourna le dos avant de percer l’horizon de ses grands yeux bleus, cherchant, sûrement, une cavité quelconque, un palmier aux feuilles larges et épaisses, bref, tout endroit susceptible de nous faire de l’ombre et de nous créer un abri digne de ce nom pour nous protéger des agressions du Soleil. Mais avant qu’il eut pu dire quoi que ce soit, Primevère le devança en pointant le nord du doigt.

« À presque deux kilomètres de notre position, je vois un arbre dans cette direction. Je crois qu’il est suffisamment grand pour nous permettre de nous y abriter. »

Sans que je puisse voir son expression, j’étais presque sûr à cent pour cent que Lyoons, l’amant de Primevère, souriait d’un air narquois. En même temps, la jeune femme n’était pas surnommée Œil Perçant pour rien, n’est-ce pas?

« Bien, concéda Karlhaven d’une voix forte, où l’on pouvait percevoir son propre épuisement, même s’il tentait de le cacher. Primevère, guide-nous jusqu’à cet arbre. De là, nous ferons halte jusqu’à la tombée de la nuit, est-ce que cela vous va? »

D’un accord général, neuf têtes approuvèrent les directives du chef.

« Au crépuscule, nous devrons partir aussitôt. Nous n’avons pas de temps à perdre. »

Une fois encore, comme un seul homme, nous acquiesçâmes d’un vif hochement de la tête et nous nous mîmes de nouveau en route, jusqu’au fameux palmier que notre Œil Perçant était parvenue à nous débusquer dans l’immensité aride et vierge de ce Désert aux températures hostile.

Une fois sur place, Greydan fut le premier à se défaire de son bagage, le repoussant au sol avant de s’étendre à l’ombre, bien heureux de prendre quelques heures de repos. À ses côtés, calme et silencieux comme à son habitude, Chromwell vint déposer ses effets et s’assit contre le tronc de l’arbre, fermant les yeux sans rien dire. Il ne le dirait peut-être jamais, mais lui aussi semblait s’être fatigué à la suite de cette traversée, malgré son endurance physique. Après quoi, Lyoons et Primevère rejoignirent Greydan et, peu après, ce fut Isméralda qui se joignit au groupe. Non loin, arrivant à petits pas lents et saccadés, Isiode, Karlhaven et Iseult arrivaient à l’ombre du palmier. Je jetais un regard à mon frère, mes yeux s’arrêtant aussitôt sur le visage fiévreux du petit Vaence.

« Les voyages dans le Désert ne lui ont jamais faits », m’apprit Iseult, son mentor, en passant juste à côté de moi d’un ton évasif.

Mais pour connaître tout l’amour que l’Ange guérisseuse portait à son apprenti, je savais que l’état de ce dernier l’inquiétait énormément. D’une voix faible mais ferme, elle indiqua à mon frère l’endroit où déposer Vaence pour que ce dernier puisse se reposer.

« Il lui faudrait de l’eau… » Murmura la jeune femme en posant sa main sur le front de son élève avant de nous observer, mon frère et moi, de son intense regard ambré.

Pour ce genre de message, nous n’avions pas besoin de plus d’indication pour comprendre la nature de ce dernier.

« Si c’est pour Vaence, nous tâcherons de faire de notre mieux », promit Isiode en couvant la guérisseuse et son apprenti d’un regard protecteur.

Puis, pour connaître si nous avions l’approbation de notre chef, nous nous tournâmes vers Karlhaven, qui obtempéra d’un signe du menton.

« Allez-y, mais essayer de rester dans les parages. Le dernier de nos soucis seraient que l’un d’entre nous se perde dans le Désert.

- Ne vous en faîtes pas, chef. Nous serons prudents », dis-je avec assurance en esquissant une légère révérence.

À cette vue, Karlhaven sourit doucement avant de nous faire signe d’y aller, ce que nous fîmes sans plus tarder.

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« Tu crois qu’il y a de l’eau par ici? Murmurais-je à l’intention de mon jumeau, qui me lança un regard moqueur.

- Isley, tu vois toute cette verdure? Dans un Désert, à de telles températures, la végétation n’aurait jamais pu pousser comme elle l’a fait. Non, décidément, il doit y avoir de l’eau ici. »

Une fois de plus, mon regard se porta sur la demeure qui nous faisait face et qui nous dominait par sa grandeur et la richesse de son éclat. Cela faisait presque une vingtaine de minutes que nous avions laissés nos compagnons sous le palmier pour partir en quête d’une source d’eau, et c'était tout récemment que nous avions remarqué, mon frère et moi, la présence de cette bâtisse. Au début, nous avions crus à une hallucination à cause de la chaleur écrasante, mais à force de nous approcher de la demeure, d’y noter ses formes et la vitalité qui semblait suinter des pierres de chaque mur, nous avions compris que la maison n’était en rien le fruit d’une fièvre trop chaude. À notre grand étonnement – et peut-être même au vôtre – il y avait bel et bien quelqu’un qui avait élu domicile en plein cœur d’un lieu aussi austère!

« Faisons le tour jusqu’à l’entrée. Peut-être que le propriétaire se montrera aimable et nous donnera de l’eau pour la suite de notre voyage. »

Je suivis Isiode, longeant la grille qui entourait le bâtiment, me demandant par quelle source le propriétaire de ces lieux tirait l’eau pour faire vivre ainsi la flore de son terrain. C’était vraiment impressionnant…

Impressionnant? Attendez… Il y avait mieux…

« C’est quoi cette porte gigantesque? Posais-je à l’intention de mon frère qui, aussitôt, posa son regard sur les deux battants bleus et or, que je venais d’apercevoir.

- Ce n’est pas notre objectif. Laisse cette porte tranquille: nous devons trouver l’entrée de cette maison. »

Je n’étais pas d’avis à « laisser tranquille » cette porte, comme il le disait. Elle m’intriguait, d’autant plus qu’elle se tenait là, comme ça, au beau milieu du paysage! Je m’arrêtais subitement de marcher, posant mes yeux sur la fameuse porte aux reflets bleutés avant de m’en approcher, filant, par le fait même, à la surveillance de mon frère.

« Pourquoi ne pas attendre notre autre invité avant de vous répondre? » Entendis-je alors juste devant moi et, aussitôt, je baissais les yeux en direction du grillage.

Là, devant les deux battants ouverts de la grille, se tenait un homme d'âge mûr aux yeux grisâtres avec un individu plus jeune. Je balayais les alentours d’un discret regard avant de comprendre que cet autre invité, dont l’homme parlait, était moi en réalité. Lentement, je me rapprochais des deux inconnus, les dévisageant de mon regard céruléen, scrutant leur visage avant d’ouvrir la bouche.

Mais à l’instant où je voulus prononcer quelques mots, la voix d’Isiode s’éleva dans mon dos, furibonde.

« Isley! Mais laisse cette porte tranquille, par Edel! »

Arrivé à ma hauteur, il nota enfin la présence des deux autres hommes et il posa ses deux mires dans les miens.

« Qui sont ces gens?

- C’est ce que j’allais leur demander », avouais-je à mon frère, avant de me tourner vers le duo.

L’homme aux yeux pâles nous fixa brièvement avant de sourire et de se présenter à nous. Mammon, disait-il s’appeler et, d’une seule voix, comme un seul être, mon frère et moi nous nous nommâmes à notre tour.

« Nous sommes Isiode et Isley. »

À ces mots, Mammon s’esclaffa avant de nous scruter d’un œil malicieux.

« Est-ce que tous les jumeaux enchaînent leurs phases comme vous le faites? »

Isiode et moi nous nous observâmes quelques secondes, ne comprenant pas exactement ce qu’il voulait dire par cela. Parler ainsi était tout à fait naturel pour nous et apprendre que ça faisait rire les gens nous surprenait assez pour que nous nous posions des questions. Finalement, Isiode prit la parole en prétextant que nous n’en savions rien pour les autres jumeaux, mais que pour nous, c’était presque normal que nous terminions ainsi nos phrases et nos pensées, ce qui sembla amuser encore plus Mammon. Je soupirais.

« Et toi? Demandais-je au jeune garçon qui se tenait face à nous. Quel est ton nom? »


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Désolé pour la longueur du post xD Promis, je ferai plus court la prochaine fois! o/

La caverne de Mammon
« Avarice, lorsque tu nous tiens… »

À la voix de l’adolescent, nos regards commencèrent à le considérer minutieusement, sans jugement, mais il y avait – c’était certain – une curiosité sûrement mal dissimulée. Néanmoins, nous lui rendîmes sa salutation en abaissant doucement le buste vers l’avant. La peau pâle, presque transparente sous la fièvre chaude d’où s’élevait la chaleur du Soleil, le prénommé Yusei ne semblait transpirer d’aucune goutte de sueur, et quoi que la chaleur fusse infernale en cette journée, il ne semblait pas le moins du monde affecté par celle-ci – ou alors, il n’y prêtait qu’une vague attention, désintéressé complètement par cette dernière et plutôt concentré à observer cette grande porte au beau milieu des dunes du Désert.

« Maintenant que les présentations sont faites, j’imagine qu’il est grand temps d’aborder l’essentielle: Pourquoi êtes-vous ici? » S’exclama alors Mammon à proximité, après un raclement de gorge intentionnellement puissant pour attirer notre attention.

Il désirait connaître les raisons de notre présence en ces lieux? Mon frère et moi, nous nous regardâmes du coin de l’œil, suite à cette question. Si j’étais intrigué par l’énorme porte aux fils dorés, je devais tout de même reconnaître que notre présence ici relevait d’une cause beaucoup plus importante. L’eau manquait dans ce Désert, et nos rations, nous le savions, ne suffiraient certainement pas pour le voyage que nous étions en train d’entreprendre avec nos compagnons. Et puis, il y avait le petit Vaence, qui, de par sa faible morphologie d’enfant, peinait à nous suivre sans de bons rafraîchissements. Mais nous devançant, l’adolescent aux cheveux de jais prit la parole tout en dirigeant son doigt vers la fameuse et intriguante porte, relevant à voix haute mes propres réflexions sur la question. Un sourire fendit maigrement mes lèvres. Cependant, Isiode ne semblait pas d’avis à accorder une quelconque importance à cette porte. Tout ce qu’il désirait, c’était retourner au plus vite au campement pour rejoindre nos compagnons. D’une certaine manière, je partageais l’empressement de mon frère, mais la curiosité que ces énormes battants avaient inspirée en moi ne me quittait guère.

« Excusez-nous d’avance, Seigneur Mammon, mais nous ne sommes pas venus ici pour cette porte, quoi que puisse en montrer les apparences, dit-il en me gratifiant d’un regard que je ne pouvais définir entre la moquerie ou l’exaspération. Nous sommes en pleine expédition, mon frère et moi, avec nos compagnons, qui nous attendent non loin de cet endroit, et nous aimerions solliciter votre aide pour nous offrir de l’eau. »

À ces mots, le propriétaire du palace ne fit que nous examiner soigneusement avant d’hocher doucement de la tête, comme s’il avait pris en note notre demande, sans pour autant sentir le besoin de nous fournir de réponse. D’habitude, ce comportement avait le don d’agacer Isiode, mais pour cette fois, il se retint de tout commentaire, sachant pertinemment que se montrer irrespectueux envers cet homme ne ferait que ralentir les choses. Par conséquent, il suivit, avec une patience feinte, les paroles de Mammon qui nous expliquait l’utilité de sa si grande porte, accompagnant son discours d’un sourire malicieux, qui ne faisait que renforcer le mystère entourant ces deux énormes battants. D’ailleurs, je n’étais pas le seul à trouver ces explications bien nébuleuses, quoi qu’elles me fussent tout de même compréhensibles, ce qui ne semblait pas être le cas de l’adolescent à nos côtés, qui se mit à poser des questions à Mammon. Mais l’homme, au lieu d’y répondre avec chaleur, se mit à glousser au visage du garçon. À cette réaction, mes sourcils se froncèrent et je croisais machinalement les bras sur mon torse.

« Et la politesse, vous connaissez? Maugréais-je avant de sentir la main de mon frère me malaxer l’épaule, pour m’avertir de cesser mes insolences.

- Compare cette porte à un grand dépôt, si grand qu’il peut entreposer des objets de toutes les tailles et de toutes les dimensions, commença mon jumeau en portant son regard dans les mires sombres de l’adolescent. Par la suite, tu es en mesure de retirer ces objets quand bon te semble grâce à la Magie, un peu comme si tu passais ton bras à l’intérieur du dépôt pour prendre ce que tu cherches. Ais-je raison, Seigneur Mammon?

- En quelque sorte, c’est ça, oui, approuva Mammon d’un signe de la tête. Et quand je parle d’artefacts magiques, je parle d’objets magiques, évidemment. Des gants que l’on peut enflammer sans qu’ils ne brûlent; une épée qui peut créer de la glace, ce genre de choses. Dis donc, de quel monde viens-tu pour ne pas connaître tout ça, jeune homme? »

Alors que mon frère et Mammon expliquait l’utilisation de cette porte au jeune homme, mon regard se tourna doucement vers celle-ci, encore plus intrigué que précédemment. Une porte dans laquelle nous pouvions stocker des items de toute nature qu’ils soient?

« Seigneur Mammon, cette porte doit vous être très pratique.

- À moi? Ah non, non! Je ne l’utilise pas moi!

- Comment ça? Le questionnais-je en fronçant des sourcils.

- Parce que je vends des places à mes clients. »

Le plissement de mon front dû se prononcer davantage, car Mammon, après une brève observation de mon visage, finit par poursuivre et clarifier sa pensée.

« Je vais continuer avec l’image du dépôt, puisque tout le monde semble mieux comprendre ainsi. En gros, mon « dépôt » possède tellement d’espaces que je peux vendre ces derniers à des clients qui désireraient stocker leurs effets. Du coup, pour leur permette de prélever les objets qu’ils auront entreposé, je leur offre le pouvoir de les matérialiser à leur souhait. »

En nous jetant un regard particulier, notamment au jeune Yusei et à moi, Mammon finit par nous échanger un grand sourire, caressant doucement la surface de sa porte.

« Seriez-vous intéressé par une petite place dans mon entrepôt, messieurs? »

- … J’imagine que nous devons payer une bonne somme pour avoir un espace… »

Mammon, alors, éclata de rire.

« De l’argent? Jeune homme, je en n’ai que faire de l’argent!

- Que doit-on faire pour avoir une place dans ce cas? »

Mammon ne prit pas la peine de nous répondre tout de suite, nous considérant plutôt avec intérêt, comme s’il nous jugeait et nous analysait.

« Un trésor, dit-il enfin, un sourire énigmatique jouant sur la commissure de ses lèvres. Je vous donne une place, à chacun de vous, si vous parvenez à me trouver ce trésor. »


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La caverne de Mammon
« Avarice, lorsque tu nous tiens… »

« Ferme-là, je ne veux pas t’entendre », entendis-je marmonner à mes côtés, et je compris bien rapidement qu’il s’agissait d’Yusei.

Je ne relevais pas ce surprenant mépris à l’égard de Mammon – car il s’adressait bel et bien au richissime vieillard, n’est-ce pas? – avançant plutôt mes propres paroles pour cacher celles inusitées du jeune garçon. Après, cela pouvait se comprendre, de la manière dont s’était moqué Mammon de son ignorance, et je ne désirais pas que le garçon subisse les foudres de cet homme. Il pouvait bien paraître gentil aux premières impressions, mais nous ne savions rien de lui et encore moins de ses mœurs. Cela dit, il m’intriguait de plus en plus avec son histoire de trésor, qu’il considérait comme un paiement pour avoir une place dans son entrepôt magique. Le jeune garçon posa une énième question, demandant au grand homme une quelconque indication de l’emplacement de ce fameux trésor. À cette interrogation, un sourire se dessina sur la commissure des lèvres de Mammon, qui se mit à marcher de long en large, comme pour faire perdurer le suspense. Nous le regardions faire en silence, nos têtes, à Isiode et à moi, suivant chacun des pas qu’il esquissait et des gestes qu’il dessinait. Puis, il finit par s’arrêter, se tournant vers nous, les yeux illuminés.

« Je crois que vous serez suffisamment compétents pour accomplir cette mission… J’espère ne pas me tromper sur votre compte », rajouta-t-il en glissant un regard significatif aux armes que nous portions à nos ceintures, mon frère et moi.

Immédiatement, Isiode fit un pas dans la direction du richissime propriétaire, les sourcils froncés et le visage fermé.

« Nous ne sommes pas des mercenaires, sachez-le, Seigneur Mammon.

- Loin de moi cette pensée, jeune homme. Cependant, quelques défenses ne sauront pas de trop pour ce que je vous demanderais d’accomplir en mon nom. »

Cette fois-ci, c’était à mon tour de froncer des sourcils, intrigué, tandis que je sentis, à mes côtés, le regard opalescent de mon frère se poser sur mon visage, comme pour m’inciter à m’éloigner de cet individu aux desseins nébuleux. Mais moi, je ne pouvais détourner le visage de ces grands yeux et de ce sourire énigmatique qui fendait continuellement ses lèvres, comme un masque dans lequel il laissait reposer son visage. Puis, se tournant vers le jeune Yusei, il lui répondit enfin:

« Le trésor se trouve ici même, dans ce Désert. »

Puis, en balayant chacun de nos faciès de ses pupilles aux reflets éclatants – autant par le Soleil au-dessus de nos têtes que par le mystère qu’il semblait s’amuser à entretenir autour de son étrange quête – il poursuivit:

« Le trésor, en vérité, se trouve être le mien. »

Là, je ne pus retenir ma langue plus longtemps.

« Le vôtre? Pourquoi avoir besoin de notre aide dans ce cas-là? »

Le Seigneur Mammon allait répliquer, un sourire s’étant déjà, au préalable, esquisser sur son visage amusé, mais mon frère pris les devants en exhalant un soupir.

« Isley, mon frère, je te croyais plus vif d’esprit. »

Je me tournais vers mon jumeau, ne saisissant pas la situation. D’un haussement d’épaules, Isiode dit tout simplement:

« Le trésor qu’il recherche est le sien: il a été volé », comprit Isiode en offrant l’impersonnalité de son pronom aussi bien au trésor qu’à celui qui devait être le propriétaire.

En se tournant en direction de l’intéressé, Isiode rajouta:

« Je me trompe? »

Mammon ne dit rien au début, mais il finit par acquiescer d’un vague mouvement de la tête.

« Hier soir, plus précisément. J’ai entendu un chahut incroyable dans mes sous-sols et lorsque je suis descendu, les voleurs avaient déjà emporté le butin avec eux. »

Le richissime seigneur du Désert se tourna vers l’est, comme pour contempler l’horizon qui séparait le bleu azur du ciel du jaune doré du sable.

« De ma fenêtre, je les ai vu décampé dans cette direction, avec des chevaux.

- Pourquoi ne pas les avoir pris en chasse? »

Ce coup-ci, c’est de moi que Mammon se mit à rire franchement, ses dents blanches rayonnant subliment sous le soleil pesant du Désert.

« Vous êtes un véritable rigolo, vous! Moi, contre cette bande de voyous? Je n’aurais jamais eu de chance, même avec un bon attirail. »

Doucement, le regard du Seigneur se fit plus sérieux.

« Mais c’est parce que je tiens énormément à ce trésor que je vous demande d’aller le chercher pour moi. »

Il émit une pause, durant laquelle il prit tout le temps nécessaire pour nous observer de haut en bas, de long en large, comme pour peser nos chances de retrouver son trésor.

« Je vous le demande une seconde fois: pouvez-vous me récupérer la bague de l'Héritage? La bague de mes ancêtres… »


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Don’t worry ♫ À la vitesse que je poste aussi, t’es facilement pardonné xD