Alors que la jeune femme et l'ours venaient à peine de neutraliser le vil, la vampire ne tarda guère à faire connaître son ressenti sur la situation, et il fallait dire qu'il y avait de quoi faire. Souillée de boue, Zora vint à la rencontre de la lancière, lui balançant son mécontentement à la figure. A cela, Jaagd ne pu s'empêcher d'écarquiller les yeux. Il était rare qu'elle échoue dans cette petite entreprise qu'était l'usage de ce pouvoir. Peut-être avait-elle manqué de concentration ? Quoi de plus normal avec une telle énergumène à ses côtés. Décidément, jamais personne ne l'avait autant retournée, il fallait le dire. Son ressenti était aussi instable qu'un cheval sauvage en plein rodéo lorsque cette femme était présente. Quant à l'ours, lui aussi était bien étrange. Bien plus sage que son amie malgré la force incommensurable dont il avait fait preuve plus tôt. La macabre scène hantait l'esprit de la bélua. Où avait-elle échoué pour que les choses finissent ainsi ? Hélas, le temps ne se prêtait guère à tergiverser. La jeune femme secoua la tête pour revenir à la réalité, et bien qu'elle avait gardé les yeux ouverts, Jaagd avait observé un vide total.


Enfin, une fois qu'elle eut retrouvé ses esprits, la première chose qu'elle pu apercevoir fut le visage de la vampire, dont les traits étaient tirés par la colère. En soi, ce fut bien plus les paroles de celle-ci qui demeuraient surprenantes. Échanger nos vêtements… ? S'interrogea-t-elle. La lancière grimaçait à l'idée de s’exécuter. Il ne faisait aucun doute que cet acte la dérangeait au plus haut point. Ses yeux parcouraient sa propre silhouette couverte de vêtements rougeâtres. Un long tissu clair qui se démarquait de tout ornait sa ceinture où pendaient une multitude de petits sacs marrons. D'un geste leste, la bélua se défit de ce fameux tissu avant de le tendre à son interlocutrice. Après tout, il était tout aussi hors de question de se dénuder pour offrir ses vêtements à cette femme que de la laisser en l'état. C'est à Jaagd que la faute revenait, et elle ne saurait l'oublier, sans quoi, elle piétinerait elle-même sa conduite. Soudain, un bruit retentit. Aussitôt, un détachement d'hommes, qui ne semblaient guère appartenir aux démons fit son apparition non loin de leur position. S'ils avaient pu arriver jusque là, cela ne voulait dire qu'une seule et unique chose : les hommes-bêtes étaient sortis victorieux des affrontements à l'avant poste, dont le contre-maître avait parlé un peu plus tôt de cela.


Si tel était le cas, alors lui aussi avait été défait, tout comme ses comparses. Désormais il ne restait que les vils qui quadrillaient la zone à la recherche des intrus, qui n'étaient autre que le trio. Au moins, avaient-ils nettoyé la structure impie qui avait d'ores et déjà trop fait souffrir la sylve. Un long souffle s'échappa d'entre les lèvres de la bélua. Le danger n'était pas encore éloigné, cependant, l'on pouvait apercevoir une lueur d'espoir dans les yeux de ceux qui portaient cette forêt dans leurs cœurs. La lancière se tourna légèrement pour faire face à ses compagnons. « Je vais les prévenir pour les duos qui se sont formés dans les rangs adverses, c'est la moindre des choses. » annonça-t-elle avant de tourner les talons pour rejoindre les groupes armés qui s'étaient formés pour endiguer la menace. A son approche, tous semblaient surpris, d'une façon ou d'une autre. Certains pointèrent le bout de leurs lames sur sa silhouette, pensant qu'il s'agissait là d'un de leurs ennemis. Une voix s'éleva cependant pour calmer les esprits de ces combattants, motivés par la colère d'une terre meurtrie. « Vous ! Qui êtes-vous et que faites-vous là ? » interrogea-t-il tandis qu'il s'avançait d'un pas dynamique pour faire face à son interlocutrice.


La jeune femme ne saurait tarder à donner une réponse, le temps jouant contre elle représentait un danger aussi imposant que ses ennemis. « Mon nom est Jaagd. Je participe à l'effort de guerre, de mon côté cependant. Je viens vous informer qu'un détachement de Vils, répartit en duos, quadrille cette zone en ce moment même. » Expliqua-t-elle avec un sang-froid non négligeable. L'homme grimaçait légèrement. Cette idée était aussi déconcertante qu'elle représentait une opportunité de victoire pour les enfants de Phoebe. «  Je vois. Si ce que vous dîtes est vrai… Alors nous nous devons de saisir cette chance que nous offre notre mère. » rétorqua-t-il avant de se tourner vers ses troupes. « Messieurs… Il est temps pour nous de faire payer à ces démons pour leurs crimes envers notre sylve bien aimée ! » s'exclama-t-il, motivant ses troupes qui poussaient un hurlement de guerre. Aussitôt, il se tourna pour à nouveau faire face à Jaagd. « Je vous remercie de tout cœur pour ce que vous avez fait. A présent, le temps est au châtiment que nous devons abattre sur les vils pour avoir détruit notre forêt. Que diriez-vous de combattre à nos côtés ? » proposa-t-il. A cela, la jeune femme ne pouvait que s'en retrouver quelques peu mitigée.


Ses mirettes se dirigèrent sur ses comparses qu'elle avait délaissés pour prévenir les hommes-bêtes de ce qui se tramait en ce lieu. Il y avait néanmoins une chose dont elle était certaine, elle n'abandonnerait pas la sylve aux mains des monstres qui l'avaient en grande partie détruite. Cependant, il s'agissait là d'un combat qu'elle avait commencé aux côtés de ces deux-là, de cet ours. Ses valeurs lui criaient de les rejoindre pour s'accommoder de la tâche qu'ils s'étaient confiés, martelant son cerveau de coups. Chose qui aurait pu lui arracher un sourire se transforma bien vite en un soupir avant que la lancière ne donne sa réponse. « Je vous remercie, mais… Je préfère en faire une affaire personnelle. » répondit-elle avant de lever le pas en direction du lieu où elle avait laissé en suspens bien des péripéties.

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