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 Liberté pour les lamentés | Solo

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Ven 25 Mar 2016, 14:12

Liberté pour les lamentés
« Des chaînes aux poignets des bourreaux »

Cela faisait quelques jours déjà que je vivais au sein de la cité des Chansons. Le déménagement se déroulait bien, quoiqu’assez lentement – notamment à cause de la menace constante des Démons, depuis que nous savions leur trône absent de tout souverain. Mais ce n’était pas plus mal en fait lorsqu’on savait les éviter, eux et les endroits qu’ils privilégiaient piller: j’appréciais retourner à Médigo de temps en temps, revoir ma ville, ses bruits et ses parfums si particuliers, m’éloignant un peu de l’atmosphère constamment de glace et de neige des montagnes de l’Edelweiss enneigées. Même si le Conseil m’avait marqué de quelques séquelles, je préférais taire tout ce que j’avais appris au cours de cette réunion, les enfouissant dans un trou bien profond de mon esprit. Ces histoires de Grands, de Divins, de Puissants me dépassaient suffisamment et me souvenir de la rage qui m’avait habité tout le long de ces discussions m’exaspérait au plus haut point. J’avais besoin de calme et de repos maintenant et Ciel-Ouvert, ne pâlissant en rien sa réputation, m’offrait cette tranquillité à laquelle j’aspirais tant grâce à sa musique et à ses chants.

Hakiel, tout particulièrement, semblait heureux d’habiter ici, passant ses journées à s’amuser avec les Banshees, posant des questions à Dærion et aux troubadours qui faisaient escale dans la cité quotidiennement. Ce petit était avide de connaissances et de savoir et il ne demandait qu’à assouvir sa curiosité du monde extérieur, cherchant constamment la prochaine personne à harceler pour que celle-ci puisse lui conter ses aventures à travers les différentes régions de ces Terres. En le voyant gesticuler de tous les côtés, le soir venu, juste avant qu’il ne s’endorme, je ne pouvais m’empêcher de sourire à son épanouissement et à son bonheur. Hakiel renaissait enfin. Il ne semblait plus préoccupé par ses anciens démons et le passé, sans qu’il l’ait abandonné, l’avait rendu, au contraire, beaucoup plus fort. Je me demandais, d’ailleurs, si un jour il parviendrait à pardonner les actes de sa mère, comme il m’avait si souvent pardonné les miens…
Il faudrait que je lui en parle un de ces quatre.

Quant à Asche, lui, rayonnait de mille feux dans ce havre de paix, bercé de jour comme de nuit par les voix divines des chanteurs. C’était la première fois, depuis que je le connaissais, qu’il paraissait vivre pleinement. Toutes ces journées, d’ailleurs, il les passait en compagnie des Marcheurs, ces hommes et ces femmes qui s’étaient donnés comme mission de traquer les esclavagistes et, ainsi, abolir définitivement l’asservissement. Lorsqu’il rentrait au manoir, le visage toujours de marbre, mais les yeux pétillants, il nous racontait sa journée passée avec la Marche Terne, à les aider dans leurs quêtes et leurs tâches additionnelles. D’ailleurs – c’était tout récent figurez-vous – il m’avait annoncé son adhésion à ce groupe libertin, assurant que leurs idéaux rejoignaient tout ce qu’il avait toujours voulu réaliser dans sa vie. Je n’aurais jamais deviné que le géant s’intéresserait autant de près à cette cause, lui d’habitude si solitaire et réservé, mais peut-être était-ce son sang qui bouillait ainsi, à l’idée d’enchaîner les geôliers; à l’idée de donner la clé aux prisonniers. À cette nouvelle, je n’avais pu que m’en réjouir, car je savais le grand Orisha souvent seul et terne. Mais depuis qu’il traînait avec les Marcheurs, il avait changé, des sourires, beaucoup plus récurrents, s’esquissaient sur ses lèvres que l’on savait souvent fermées et pincées. Lui, ancien homme de la guerre; lui qui avait dû abandonner son métier pour des raisons obscures, qui échappaient encore à ma compréhension, le voir dans un tel état me comblait de joie.

D’une certaine façon, nous avions tous trouvé la Libération que nous recherchions. Il nous fallait, à présent, aller de l’avant.

Mais autant qu’Hakiel se passionnait pour les histoires, qu’Asche se passionnait pour la Marche Terne, autant, de mon côté, je n’aspirais pas vraiment à grand-chose maintenant. Il me manquait cette petite flamme qui vivait avec tant d’ardeur en eux, mais qui semblait s’être éteinte en moi. Où pouvais-je la trouver, cette étincelle qui remettrait le feu à la mèche de ma passion? Qu’est-ce qui pourrait faire bouillir mon corps, de telle sorte qu’à sa seule pensée, mon être tout entier en frissonne? Pour l’instant, je ne l’avais pas trouvé. Et je me demandais seulement si je la trouverais un jour. Ma place. Mon utilité en ce monde. Certes, j’avais des amis carrément géniaux qui comptaient sur moi, mais cela ne suffisait pas. Il me fallait quelque chose, comme dans le temps où sauver Père était ma seule préoccupation; comme il y a près d’un mois, la mort d’Ardwick était ma seule motivation: il me manquait cruellement une voie à emprunter, un but à embrasser. C’était bien beau de prôner la Liberté, mais lorsque tu ne te sentais à ta place nulle part, c’était tout de même assez compliqué.

Je soupirais, passant une main dans mon épaisse tignasse de cheveux bruns, et aussitôt, ma lassitude capta l’attention du géant, qui se retourna dans ma direction.

« Un problème? »

Je tournais mon visage vers lui, un sourire flottant doucement sur mes lèvres avant que je ferme les yeux pour prendre une grande respiration.

« Non. Pas spécialement. »

Asche me scruta durant un laps de temps bien court avant d’hausser ses larges épaules et de continuer son chemin, son regard rivé sur la prochaine cellule. À mon tour, je posais mes yeux sur la silhouette qui se trouvait à l’intérieur, lui trouvant un air bien chétif et misérable dans cette posture, son visage tourné vers la paroi de glace qui lui permettait de voir la vie à l’extérieur s’épanouir sans lui. Je l’observais un long moment, me demandant quelle atrocité avait-il pu commettre pour se retrouver ici… Évidemment, comme toutes les autres cellules visitées précédemment, Asche alla de sa petite présentation. Alors, lui, c’était Vul’Trach, ancien esclavagiste qui avait sévit au Nord des Terres d’Émeraude: acheteur et trafiquant d’Orines à ses heures, mercenaire à chaque fin de mois pour graisser un peu les caisses de son exécrable commerce, il était parvenu à échapper à la Marche Terne à deux reprises, mais la troisième fut la bonne, les Marcheurs ayant fait une descente surprise dans l’une de ses cachettes, le sale bougre.

Malgré la brièveté du discours, le grand Orisha à la tignasse rouge ne s’était pas privé de parler avec acidité et franchise, lançant des œillades noires à l’encontre du prisonnier qui avait à peine réagit à cet obscur portrait que lui peignait le géant. D’ailleurs, c’est à peine s’il nous avait jeté un regard, ses yeux fixés droit sur la glace, peut-être en train de contempler le paysage en contrebas – ou s’obligeait-il à ne pas répondre aux provocations de mon camarade, se disant que l’humiliation qu’il vivait présentement suffisait pour ne pas s’en mériter une seconde. Bref, il restait silencieux, comme détaché de la réalité, au contraire de Serville, cet Humain à l’âme perverti, qui n’avait pas hésité à ponctuer certains faits que me racontaient Asche à son égard d’arrogance et de menaces. Sur ce, nous avions préféré continuer notre visite – et quelle étrange visite direz-vous – de la Prison de Ciel-Ouvert.

Un peu plus tôt, effectivement, Asche m’avait proposé de sortir, voyant que ma vie se résumait à des voyages entre la cité des Chansons et celle des Libérés. Il me disait vouloir oxygéner mon esprit quelques temps, histoire que j’arrête de penser à ce déménagement et aux autres trucs qui me tracassaient dans ma vie. Au début, j’aurais bien répliqué: c’était facile à dire pour un gars qui savait où il voulait aller, pour un gars qui marchait déjà sur la voie qu’il s’était décidé d’emprunter, mais moi, j’étais complètement perdu, en pleine recherche d’identité. Cependant, à son regard, je ne m’étais pas senti le courage de le lui refuser et j’avais tout bonnement accepté de le suivre dans la ville, songeant qu’il m’amènerait sûrement me promener dans le quartier Aria ou peut-être jusqu’au théâtre Coryphée. Mais, à ma grande surprise, il avait plutôt opté pour une sortie à la Prison de la cité et je l’avais fortement dévisagé, accentuant cet air d’incrédulité par un froncement des sourcils. Est-ce qu’il se fichait de moi, me souvins-je avoir pensé, jusqu’au moment où je l’avais vu traverser le seuil de l’entrée et aussitôt, j’avais su qu’il ne plaisantait pas. Drôle de bonhomme, ce colosse aux cheveux rouges, mais je n’aurais pas dû m’attendre à autre chose de sa part, car en fait, ce genre de « promenade » correspondait à merveille à son caractère.

Encore une fois, mon air dû l’intriguer, car il se remit à me fixer étrangement.

« Pourquoi tu souris? »

Un rire m’échappa, sans que je le veuille.

« Je repensais au moment où tu m’as dit qu’on irait faire un tour à la Prison pour permettre à mon esprit de « s’oxygéner » un peu. J’étais sûr que tu te moquais de moi. »

Mais l’un des prisonniers, tout à notre gauche, prit ce léger rire comme un affront et il vint soudainement se jeter aux barreaux de sa cellule, vociférant comme un enragé en traitant les Orishas de mille et un noms, dont je vous épargnerais la lecture tant les mots étaient violents et particulièrement tranchants. En tout cas, ça ne prit que très peu de temps avant que nos visages, à Asche et à moi, ne virent à l’écarlate et que nous nous approchâmes du prisonnier en silence, les poings serrés, nos dents produisant un grincement féroce sous l’assaut de la colère. Mais avant que l’on ne fasse quoi que ce soit, un geôlier vint nous arrêter.

« Calmez-vous, nous demanda-t-il d’une voix tout à fait tranquille, voire même lasse, mais le sang affluait dans ma tête et je rétorquais avec fureur:

- Avez-vous entendu ce qu’il a dit?!

- Parfaitement. Cependant, si je serais vous, je calmerais mes ardeurs pour ne pas faire de gestes inconsidérés. Ils sont enfermés, pour la plupart à vie: ils ont ce qu’ils méritent. »

Il eut un long silence durant lequel je foudroyais le détenu du regard. Asche posa sa main sur mon épaule, me faisant passer par ce geste le message qu’on pouvait poursuivre notre marche à présent, mais je ne le suivi pas tout de suite, un sourire se dessinant sur la commissure de mes lèvres. Le prisonnier, aussitôt, cracha dans notre direction et je me redressais lentement, détournant les yeux de son être pathétique et méprisable.

« Vous avez raison, dis-je soudainement, suivant le garde et le géant, et lorsque nous fûmes suffisamment loin du fameux prisonnier, je ne pus m’empêcher de rétorquer, mesquin: Une chaîne pour les libérés et une chaîne contre les bourreaux, comme on dit dans la cité, pas vrai? »

À cette mention, les deux Orishas me gratifièrent d’un regard équivoque, cette simple phrase résumant assez bien la situation dans laquelle ces esclavagistes se trouvaient – et se trouveraient peut-être toute leur vie. L’ironie de celle qui l’avait dit, la toute première fois, avait de quoi plaire et je dois avouer que j’aimais bien son style. Cette fois, je ne fis pas l’effort de cacher mon rictus alors que nous quittions promptement l’allée des cellules.


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Miles Köerta
Ven 25 Mar 2016, 14:14

Liberté pour les lamentés
« Des chaînes aux poignets des bourreaux »

Nous restâmes entre les murs de la Prison une bonne heure encore, à discuter avec les geôliers de temps à autre ou à en apprendre davantage sur la vie qu’ont mené nombre de prisonniers détenus dans ce lieu. Asche, qui paraissait particulièrement joyeux aujourd’hui, ne cessait de parler de ses nouveaux « amis » et de me raconter l’histoire de Ciel-Ouvert, de la Marche Terne ainsi que des esclavagistes, ces trois sujets, indissociables en apparence, ne pouvant être traité sans que l’un ou l’autre des autres sujets ne soient également abordés. Il semblait particulièrement fier de faire partie de ce groupuscule et j’étais bien content pour lui, me disant que s’il lui fallait les Marcheurs pour qu’il cesse d’arborer continuellement sa face d’Orisha sévère momifié, je n’allais pas être celui qui allait rechigner à entendre ses histoires de Liberté.

« Tu m’as l’air bien songeur depuis tout à l’heure. Tu es sûr que ça va? »

J’acquiesçais d’un bref signe de la tête.

« Oui, oui! Ne t’en fais pas, lui assurais-je d’une voix qui se voulait convainquant, mais à défaut de laisser paraître ce que je n’étais visiblement pas, je préférais changer de sujet, remerciant Asche de ne pas insister plus que ça sur mes états d’âme – parce que si ça aurait été Hakiel, bonjour la sangsue!
Même si ça m’a un peu éberlué aux premiers abords, j’ai bien apprécié cette visite! Ça m’a fait comprendre que j’avais encore bien des choses à apprendre sur cette cité.

- L’assimilation se fait quand même assez rapidement, crois-moi. Il faut juste que tu t’en intéresse un peu plus… » Dit-il d’une voix basse, ponctuée d’un sous-entendu que je n’eus aucun mal à percer dans son timbre.

Je baissais les yeux. Alors comme ça, il avait remarqué ma soudaine lassitude de tout, depuis quelques jours? C’est vrai que je manquais cruellement de motivation, pour tout et pour rien, depuis quelques temps, mais ça, c’était dû au fait que je ne savais pas vraiment où me diriger, plus tard, dans ma vie. Où irais-je? Qu’est-ce que je pourrais accomplir pour moi, pour mon peuple, pour la Terre entière – et pourquoi pas? J’aimerais pouvoir offrir mes services, mais en quoi? Je n’étais pas doué en quelque chose de particulier: je courrais vite, alors ça oui, mais je n’avais rien à voir avec le grand Flash de l’arène de Cristal; j’étais fort, mais encore, j’étais loin du Titan de l’Eorishaze; je n’étais pas un mec très attrayant, physiquement parlant, et même si je me considérais comme une personne plutôt maligne, je ne pourrais jamais égaler la perspicacité qu’eut le Dædalus au Conseil. Ah oui! Et ma Magie se déclenchait souvent par simple impulsion aussi – rien que pour renforcer le tableau du mec pas doué du tout! En somme, malgré l’évolution dans laquelle je m’étais senti et vu grandir, je découvrais que je n’étais pas grand-chose en fait: rien qu’un petit grain de sable dans ce vaste Univers. À nouveau, j’exhalais un soupir en secouant la tête, comme pour me vider l’esprit de tout ce qui me gênait. Quand Asche, alors, posa sa main sur ma tête. Lentement, je relevais mon visage dans sa direction et j’eus droit à un regard particulièrement intense de sa part. Immédiatement, j’évitais tout contact avec ses yeux, trouvant un certain réconfort à observer le plancher sous mes pieds – au moins, avec lui, je n’avais pas l’impression d’être sondé.

« À quoi tu rêvais quand tu étais gosse? »

Cette question me prit de court: et moi qui croyais qu’il allait me faire une leçon de moral… Néanmoins, je me mis à réfléchir consciencieusement, la main sur la nuque, la frottant doucement.

« Eh bien… Je rêvais de voyage… et d’animaux aussi… J’ai eu une passe « astronome » ainsi qu’une passe « chasseur » mais, plus que tout, je crois, je rêvais de courir pour prendre mon envol et pouvoir toucher le ci… »

Brusquement, je cessais toute parole pour regarder l’Orisha dans les yeux, incertain et confus.

« Où tu veux en venir exactement? »

Le géant haussa les épaules, tout simplement.

« C’est un truc dont m’a parlé Désirée. »

Ah oui! L’Oréade de la dernière fois!

« Elle disait que nos rêves de jeunesse révèlent une partie de nous-mêmes, une partie qui ne pourra jamais être totalement effacé, malgré les aléas du temps. »

Dès lors, je sentis le poids de sa main se retirer de sur ma tête et je pus me redresser, avec plus de tonus, pour planter mes yeux dans les siens. Le géant, étrangement, semblait arborer un sourire sur le bord de ses lèvres, mais je n’en étais décidément pas certain. Peut-être que c’était mon imagination qui me jouait des tours aussi… Avouons-le, ce ne serait pas la première fois.

« Enfin, peut-être que tu es destiné à être un moineau dans cette grande étendue bleue qu’est le ciel? Ou un dindon qui tenterait de courir pour passer à travers les barrières de sa basse-cou… »

Je le frappais sur la tête, stoppant aussitôt le flux de ces paroles niaiseuses, avant de lever le poing, passablement énervé.

« Je vais te buter… »

Je voulus foncer sur lui, mais il me maintenait par la tête, me tenant presque à un mètre de lui, dans l’incapacité de le frapper! Raah! Il me soûlait des fois!

« C’est bien ça que j’aime chez toi: t’es une tête-brûlée.

- Venant de ta part, je devrais le prendre pour un compliment?! Rageais-je en gesticulant comme un forcené pour lui faire goûter mon poing.

- Écoute, ne te tracasse pas autant pour ton futur. Reste qui tu es, Miles, et tu trouveras ta place, j’en suis certain. Elle doit… non, elle est quelque part, crois-moi. Il suffit juste que tu cherches un peu au lieu de te morfondre sans cesse… »

Je m’attardais quelques secondes à regarder la surface céladon et écarlate de ses yeux puis, lentement, je baissais le poing.

« C’est facile pour toi… Tu as déjà trouvé ce qui te comble.

- Et tu crois que je l’ai trouvé facilement peut-être? J’ai vingt-six ans, Miles. J’ai passé les vingt-six ans de ma vie à chercher où se trouvait ma place. Au début, j’ai cru qu’elle se trouvait dans l’armée, aux côtés de mes frères et sœurs d’arme, mais elle m’a enlevé tout ce que… »

Il s’arrêta brusquement, comprenant qu’il allait trop en dire, mais ma curiosité était déjà piquée.

« Elle t’a enlevé…?

- … N’y pense pas. Bref, c’est juste pour te dire qu’il faut s’armer de patience et explorer les différents horizons qui s’offrent à toi. Expérimente, même les choses que tu apprécies moins. Regarde et informe-toi auprès des gens. C’est clair qu’un jour, tu te verras dans l’un de ces regards, tu te sentiras simplement attiré par la chose et tu comprendras, au final: tu comprendras que tu as finalement trouvé ta place. »

Au début, je ne dis absolument rien en contrepartie. En fait, je ne savais pas quoi dire. J’avoue que j’avais attendu que la passion me revienne subitement, comme une lumière divine qui me tomberait du jour au lendemain sur la tête. J’avais lambiné en effort, ça c’est sûr, parce que je n’étais pas capable de mettre un nom à cette passion enfouie, à ce but qui semblait échapper à ma vue. Attendais-je encore que quelqu’un me pousse sur ma route? Que quelqu’un me traîne par la main pour que je puisse dessiner mes propres pas dans ce bas-monde? Ne restais-je, en fait, qu’un enfant aveuglé par sa Liberté? Je me pinçais l’arête du nez avant d’esquisser un sourire à l’intention de mon compagnon.

« Tu as raison. Depuis le début, j’attends que l’on m’apporte je-ne-sais trop quoi sur un plateau d’argent. Il faut que je me magne, que j’me bouge les fesses.

- Bah, si ça peut te consoler, on passe tous par cette phase quand on est jeune. »

Je le dévisageais, ne sachant trop si ça me consolait, mais au moins, ça avait le mérite de me faire sourire. Nous reprîmes notre marche au cœur de la Prison, montant les escaliers dans l’intention de retourner au quartier Ode. Cependant, en chemin, nous croisâmes bon nombre de geôliers, qui dévalaient les marches en vitesse grand V, et nous nous arrêtâmes pour les observer.

« C’est moi ou ils paraissent agités?

- Quelque chose se serait passée en bas? »

Nous nous regardâmes quelques secondes avant de faire demi-tour et de descendre les marches, à la suite des gardiens orishas. En apparence, les étages inférieurs semblaient particulièrement calmes: les prisonniers ne faisaient pas de vague et, quelques fois, certains sifflotaient joyeusement l’air qui provenait du quartier résidentiel. Pourtant, l’attitude des gardes avaient de quoi intriguer les plus curieux et attentifs. Asche et moi dûmes descendre au moins cinq étages avant d’être entendu par l’un des geôliers, qui hésita au début à nous faire part du pourquoi de cette soudaine frénésie mais qui finit par abdiquer, en nous obligeant à sortir à l’extérieur des allées de cellules pour discuter.

« Eh bien? Qu’est-ce qui se passe?

- Rien qui aille! L’un de nos prisonniers s’est évadé! »

Je le regardais d’abord, incrédule, mais je n’eus pas le temps de réagir, Asche le faisant suffisamment pour nous deux.

« Évadé? Comment?

- Nous cherchons encore la faille qui nous a échappé, mais le fait est qu’il s’est enfuit!

- Vous en avez parlé au Maître-geôlier? Demanda le géant, ce titre ne me disant absolument rien.

- Évidemment! Mais nous ne pouvons pas tous abandonner nos postes pour retrouver le fugitif. L’alerte a déjà été donnée dans la cité, mais nous préférons en parler le moins possible devant le reste des prisonniers… Ça pourrait leur donner des idées, m’voyez? Déjà que l’étage où se trouvait notre évadé est passablement agité là…

- Qui est le fugitif? À quoi ressemble-t-il? »

Le geôlier nous considéra un long moment avant d’hocher de la tête, comme pour nous faire savoir qu’il avait confiance en nous.

« Pensez-vous pouvoir nous aider à le ramener? »

Nous n’avions pas besoin de connaître l’avis de l’autre pour ce coup: Asche et moi étions parfaitement sur la même longueur d’onde.

« Nous ferons notre possible. Alors, qui est-il? Nous aurions besoin de son profil au complet…

- Il s’est échappé de la Prison il y a un peu moins d’une heure. Il se nomme Vul’Trach et il… »

Je l’arrêtais brusquement, surpris.

« Quoi? Le trafiquant d’Orines?

- Vous le connaissez? S’étonna le garde.

- Nous visitons les lieux depuis tout à l’heure et nous l’avons croisé, oui. Pourtant, il n’a pas le profil de l’évadé…

- Il a l’air complètement perdu tu veux dire, détaché de la réalité.

- Et pourtant, il vient tout juste de s’échapper de la Prison, comme quoi les apparences sont souvent trompeuses, admit le geôlier, avec une pointe de fureur dans la voix. Alors, vous vous portez garant de sa capture?

- Absolument! Mais nous ne serons sûrement pas les seuls à le rechercher, si vous avez donné l’alerte.

- Essayez de vous regrouper. Plus nous avons de monde sur cette affaire, mieux sont nos chances de le ramener ici. »

Nous acquiesçâmes rapidement. Après quoi, nous remerciâmes le geôlier pour ses précieuses informations et sans plus tarder, nous dévalâmes le reste des marches deux par deux, désirant rejoindre l’extérieur au plus vite. D’habitude, la vue de chaînes et d’emprisonnés me révulsait à m’en écœurer, mais devant ces hommes, en sachant tout ce qu’ils avaient commis par le passé, je n’étais pas capable de ressentir de la pitié à leur égard. Je me fichais bien de ressentir une part de leur souffrance, un soupçon de regret par-ci, une colère mal gérée par-là, à cause de l’Empathie: ils méritaient le port de ces chaînes qui les entravaient et à juste titre. Œil pour œil, dent pour dent; la maxime devait bien aller avec les chaînes aussi, non? Or, Vul’Trach méritait les menottes que les Marcheurs lui avait affublé: il ne pouvait s’en échapper. Il en était tout simplement hors de question.


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Miles Köerta
Ven 25 Mar 2016, 14:17

Liberté pour les lamentés
« Des chaînes aux poignets des bourreaux »

Une fois dehors, nous pûmes tout de suite constater l’agitation qui secouait la population du quartier Aria. Des Marcheurs longeaient les rues du Sous-quartier, une affiche en main, sûrement le portrait de Vul’Trach qu’ils voulaient faire circuler à l’ensemble des habitants. Où l’évadé pouvait-il se trouver, avec toute cette populace à ses trousses?

« Soit il se terre sacrément bien… »

Je continuais la phrase pour lui, songeant exactement à la même chose.

« Soit il n’est déjà plus dans la ville elle-même… »

Mon regard se porta dès lors vers le flanc des montagnes qui encadraient la cité chantante. Je plissais des yeux, mon cerveau carburant à vive allure.

« Et s’il se cachait là-bas, dans les boisées, en flanc de montagne? »

Le géant à la tignasse rouge se mit à examiner les petits bois, comme s’il voulait percer le couvert arborescent pour y trouver l’évadé.

« Tu penses qu’il est parvenu à se rendre jusque-là en moins d’une heure? Par ce froid?

- Peut-être… »

L’Orisha parut perplexe suite à ces mots et aussitôt, je compris qu’il m’en faudrait en dire plus pour élaborer une véritable hypothèse. Le prisonnier venait à peine de sortir de la Prison – il s’était à peine écoulée une heure depuis sa fuite. Il ne devait pas être emmitouflé comme nous l’étions tous et la première chose qu’il ferait, dans une pareille situation, ce serait de se déguiser – et très chaudement – et de se faire très discret, au moins le temps que les recherches démarrent et que les équipes se dispersent dans les montagnes, faute d’avoir trouvé ses traces dans la cité. Parce que dans une telle agitation, je me demandais sérieusement s’il prendrait le risque de fuir aussi vite de Ciel-Ouvert, alors que tout le monde était à sa recherche, plus alertes que jamais.

« À moins qu’il soit complètement stupide dans sa cervelle de moineau et qu’il pense vraiment pouvoir s’échapper dans un froid pareil! M’énervais-je soudainement, n’ayant pas conscience d’avoir dit tout cela à voix haute.

- Hein? Je n’ai pas trop suivi là…

- J’me suis enflammé, désolé… M’excusais-je en me frottant la nuque. Avant de nous précipiter vers les montagnes, cherchons-le dans la foule. Il doit se cacher des regards, quelque part… »

Dès cet instant, les yeux vairons de mon ami se posèrent sur le rassemblement de gens qui nous entouraient, cherchant à le débusquer dans la foule, mais il y avait beaucoup de monde, sans compter ceux que j’identifiais comme étant des Marcheurs.

« Et comment savoir s’il se trouve en aval? Il pourrait aussi bien se trouver dans le quartier Ode, non?

- Il pourrait… Mais il prendrait plus de risques de se faire prendre à mon avis. Il y a beaucoup plus de monde dans le quartier Ode que dans celui d’Aria, en raison du statut résidentiel du premier. S’il veut passer inaperçu, j’me dis que c’est l’endroit rêvé ici. Il y a des marchands, de la bouffe à volonté; il peut subvenir à ses besoins en volant et les commerçants ne noteront pas immédiatement que leur marchandise a disparu… Enfin, s’il le fait discrètement bien sûr et qu’il n’empaquète pas tout du premier coup! »

Asche me jeta un drôle d’air.

« Eh bien, tu m’impressionnes là. On voit que tu t’y connais.

- J’ai trempé là-dedans durant quelques années alors je comprends assez bien la mentalité.

- Reste plus qu’à savoir si ce fameux Vul’Trach possède la même mentalité que toi.

- Pas faux… »

Après tout, il n’était pas un voleur, mais bien un esclavagiste doublé d’un mercenaire à ses temps perdus. Aussitôt, nous concoctâmes un plan pour débusquer le fugitif. Chacun de notre côté, nous partirons faire un tour dans chacun des différents commerces du quartier. Peut-être que l’un de ces marchands s’était déjà fait piqué deux ou trois bricoles par notre évadé? Peut-être même que l’un d’eux l’aurait aperçu, un peu plus tôt, avant que les Marcheurs ne déploient les recherches à toute la cité? Il ne fallait rien laisser de côté et finalement, après s’être séparé le côté est et ouest du Sous-quartier, nous prîmes chacun notre aire de recherche pour commencer notre quête.

Alors que je fouillais du regard les moindres recoins des rues, des questions sans réponse traversaient mon esprit, en pleine ébullition. Comment était-il parvenu à s’enfuir, au nez et à la barbe des geôliers, qui me semblaient suffisamment compétents et vigilants pour ne laisser aucun de ces hommes disparaître aussi brutalement. Où pouvait-il se cacher, attendant l’heure propice à sa fuite définitive de la cité? De quoi avait-il besoin en premier? De quoi était-il équipé au départ? Avait-il des complices, d’anciens hommes de main qui seraient venus l’aider à s’évader ou travaillait-il en loup solitaire? Hésiterait-il à prendre un membre de la population comme otage si la situation devenait critique? Ces réflexions, sans réponse, tournaient et se retournaient dans l’antre bordélique qu’était ma tête et je dû prendre une grande bouffée d’air frais, le nez tourné vers le ciel, pour calmer mes neurones. Je réfléchis trop là… Va d’abord poser tes questions aux marchands et après, construit des hypothèses… Ouais, un truc à la fois, Miles, sinon, tu vas définitivement te perdre. Moins agité du coup, je baissais les yeux sur la route, croisant du regard une silhouette encapuchonnée…

Je rêve ou… c’est lui? Je ne m’arrêtais pas de marcher, allant même beaucoup plus vite pour rattraper l’inconnu à la capuche. Il était franchement louche… Et qu’est-ce qu’il traînait en-dessous de sa cape? J’accélérais le pas, au point de courir derrière lui. L’inconnu, d’ailleurs, ne sembla prendre connaissance de ma présence qu’une fois ma main posée sur son épaule et d’un coup, il se figea, son mouvement en suspension.

« Tu croyais qu’on ne te retrouverais pas, s*laud? »

D’une poigne rude, je le forçais à se retourner et à retirer sa capuche. Mais comme je l’avais escompté, il se mit à se débattre de toutes ses forces – assez maigres, si vous voulez mon avis – et je parvins facilement à le maîtriser, l’attrapant par les épaules pour le secouer.

« Tu vas te mon…trer… »

La capuche venait de tomber et devant moi, les yeux d’une jeune femme me sondaient avec horreur, alors qu’elle se mit à crier et à se débattre pour me fuir, avec encore plus d’énergie.

« J-Je ne pensais pas...

- Lâchez-moi! Sale brute! Au secours!! »

Aussitôt, je la lâchais faisant deux pas vers l’arrière pour lui montrer que je ne lui voulais aucun mal.

« O-Ok… Je vous ai lâché! Excusez-moi! Je vous ai pris pour quelqu’un d’autre… »

Son regard me foudroya littéralement sur place et elle serra très fortement le panier tressé qu’elle tenait en main, son corps frêle et fragile tremblant de peur.

« Pa-Pardon! Je suis vraiment désolé! »

Et là, elle se mit littéralement à pleurer. Nerveux, je balayais la rue du regard, cherchant un peu d’aide pour consoler la jeune demoiselle, mais personne ne semblait avoir répondu à son appel et nous étions donc tous seuls, tous les deux, moi qui devait consoler une femme que je venais de faire pleurer… Et m*rde! Doucement, je voulus m’approcher d’elle, mais elle recula vivement, les yeux inondés de larmes.

« Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé! Je ne sais pas combien de fois je devrais vous le dire pour que vous…

- C’est de votre faute! Vous m’avez fait une peur atroce! Gémit-elle en se crispant sur son panier.

- Oui, je sais, je sais! Pitié, arrêtez de pleurer! Je pensais que vous étiez l’évadé de la Prison!

- Vous parlez du fugitif qui s’est échappé? » S’étonna-t-elle en me jetant un regard en biais.

J’hochais la tête dans l’affirmative. Quant à elle, elle s’essuya les yeux, et, intérieurement, je poussais un grand soupir de soulagement. Enfin! Elle ne pleurait plus! Par tous les Aetheri de ce monde, je détestais voir les femmes pleurer!

« Je… suis pardonné? » Tentais-je en penchant la tête sur le côté, la main posé sur ma nuque, frottant avec énergie cette dernière, signe évident de ma nervosité.

La jeune femme devant moi me considéra longuement du regard avant d’acquiescer gracieusement d’un signe de la tête.

« Vous êtes pardonné, mais par tous les saints, évitez de brusquer ainsi les gens la prochaine fois! Me gronda-t-elle avant d’esquisser un sourire angélique, la rougeur de ses yeux s’éclipsant soudainement à l’éclat de ce visage si radieux.

- Vous êtes une Orine, n’est-ce pas? Lui demandais-je, curieux, et elle l’affirma d’un petit signe timide de la tête.

- Je m’appelle Lyrae et vous?

- Miles… Marmonnais-je en la considérant plus attentivement du regard et, comme si elle avait senti celui-ci se poser intensément sur elle, elle rougit avant de serrer encore plus fort son panier. Vous êtes ravissante, on doit vous le dire souvent.

- J-Je dois y aller! Sinon je serai en retard.

- Je… Je peux vous raccompagner si vous le désirez. Ne serait-ce que pour m’excuser de vous avoir ainsi agressé… »

Allô? La Terre appelle Miles! Réponds, Miles! Tu te souviens de ta mission, de l’évadé de la Prison? Allô?! Est-ce que tu m’écoutes?! Désolé, mais celui que vous essayez de rejoindre n’est plus disponible. S’il-vous-plaît, laissez un message après la tonalité… Biiiiip!

Sans déconner, j’étais complètement charmé par cette gracieuse créature. Des cheveux clairs, bruns, qui semblaient avoir la couleur du blé durant les chaudes journées ensoleillées, mais le plus captivant chez elle, c’était ses yeux, semblables à deux améthystes, qui laissaient entrevoir une âme pure et splendide. Mais en me rendant soudainement compte que je la dévisageais aussi intensément, je détournais rapidement les yeux, cherchant un endroit où les poser, le temps de paraître moins niais. Lyrae, à ce constat, sourit légèrement avant de se pencher doucement vers l’avant, en signe de remerciement.

« Votre proposition m’enchante beaucoup, Miles. Mais je dois la décliner, à regret. Quelqu’un compte sur moi et je dois rapidement le rejoindre. »


Se faire larguer et rester pantois pendant au moins cinq minutes à la regarder partir vers l’horizon? Tchek! Franchement Miles… Tu t’attendais à quoi? Bien sûr qu’elle ne pouvait pas s’intéresser à toi… Songeais-je avant de soupirer, apportant l’une de mes mains à mon visage. Je sentis dès lors une légère rugosité sur ma peau et aussitôt, je frottais mes doigts entre eux avant d’amener ma main devant mes yeux, intrigué. Mais lorsque je reconnus la substance qui tachait ma main, je me paralysais sur place, incapable de bouger ou bien de penser, encore plus confus et troublé. De la… suie?

« Je me demandais si tu allais le remarquer! »

Vivement, je me retournais. Un homme s’appuyait nonchalamment contre le comptoir d’un petit commerce, la tête baisse, une longue crinière enflammée dégringolant jusqu’à ses omoplates. Un sourire narquois s’étira sur ses lèvres, alors qu’il se détachait de l’édifice, se rapprochant à grandes enjambées de ma position.

« Erreur de débutant je présume… Cette femme sait utiliser de son charme pour troubler les hommes… »

Durant un long moment, je fus la cible de sa mire rougeoyante, la seule que je parvenais à distinguer dans cette crinière de flammes. Elle m’examinait minutieusement, de la tête jusqu’aux pieds, et après l’analyse, elle se referma, laissant à l’homme tout le loisir d’esquisser un nouveau sourire à mon attention, beaucoup plus moqueur cependant.

« Ou les gamins: il n’a même pas encore de poil au menton. Pas très précoce à cet âge-là… »


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Miles Köerta
Ven 25 Mar 2016, 14:19

Liberté pour les lamentés
« Des chaînes aux poignets des bourreaux »

Sans qu’il s’en cache, il me faisait clairement comprendre que j’étais également la cible de ses attaques verbales maintenant. À mon tour, je me mis à le jauger de haut en bas, les bras croisés, avant de porter mon regard dans son œil unique. Rien qu’à la vue de son visage, je pouvais d’ores et déjà affirmer que je ne le caftais pas du tout ce type, et il dû visiblement le voir dans mes yeux, puisque son sourire s’agrandit, encore plus agaçant et méprisant. Mes doigts se crispèrent sur les tissus de ma cape, alors que je tentais de prendre sur moi-même pour ne pas m’énerver.

« C’est parce que t’es aussi poilu qu’un Ours que tu te montres aussi arrogant? » Ironisais-je en considérant intentionnellement la crinière de lion qui encadrait son visage.

L’homme à la chevelure rousse se redressa, puis s’avança dans ma direction, l’œil pétillant, décidément bien content par ce petit jeu.

« Au moins, tu ne te laisses pas marcher sur les pieds, c’est déjà ça.

- Qu’est-ce que tu me veux?

- Te montrer la vérité. Suis-moi. »

Il se mit aussitôt en marche, songeant peut-être que je le suivrais aussi aveuglément que ça, mais il comprit bien vite que ce n’était pas le cas, mon regard s’attardant sur son dos alors qu’il suspendait son pas, me jetant un rapide coup d’œil par-dessus son épaule.

« Eh bien? Tu ne me suis pas?

- Pas vraiment, non. Et pourquoi devrais-je le faire?

- C’est parce que je ne suis pas une femme, c’est ça? Tu étais pourtant prêt à la raccompagner jusqu’à chez elle… »

Au regard qu’il m’adressa, je sentis mes joues virer au rouge écarlate et, dans un sursaut de voix excessif, je voulus aussitôt me défendre, esquissant un pas vers l’avant.

« Nan mais ça va pas! Tu me prends pour une espèce de pervers ou quoi?

- À toi de me le dire. »

Oui, c’était catégorique: je détestais ce type. Serrant les dents, contractant mes poings, je me mis à le fusiller du regard, souhaitant qu’à la seule force de celui-ci, je puisse lui faire sauter la cervelle.

« J’ai juste pas comme habitude de suivre des inconnus parfaitement idiots.

- Rakim », dit-il alors, sans rien ajouter d’autre, me faisant signe de le suivre à présent.

Je lui jetais un regard de travers, ne saisissant absolument pas ce qu’il voulait dire par là.

« Quoi?

- Rakim, répéta-t-il tout simplement. C’est mon nom. Je ne suis plus un étranger désormais. Tu vas me suivre là?

- Mais pourquoi je ferais ça? »

Rakim soupira, se tournant, cette fois-ci, complètement vers moi.

« Tu cherches l’évadé qui s’est enfui de la Prison, pas vrai? »

Mes sourcils se froncèrent. Comment savait-il?... Attendez… Était-il déjà présent sur les lieux quand j’avais accosté – plus ou moins violemment mais ça, je n’étais pas obligé de le souligner – la belle Lyrae? Il aurait pu facilement nous écouter, tendre l’oreille sur quelques informations que nous nous étions échangés, sans même que nous nous rendions compte de sa présence. Nous rendre compte de sa présence…

Je ne me souviens même pas de l’avoir croisé lorsque je m’étais rué sur Lyrae…

Voyant que je commençais à saisir certaines choses, Rakim me gratifia d’un rictus sournois avant d’hocher de la tête, comme pour affirmer tout ce qui traversait ainsi ma pensée.

« T’as quand même quelque chose dans cette tête, le jeune.

- Oui, je cherche l’évadé, concédais-je sans relever la pique, plutôt intrigué par quelque chose d’un peu plus troublant. Mais c’est quoi le rapport avec Lyrae? »

Je me souvenais parfaitement des mots qu’il m’avait adressés.

« Qu’est-ce que tu voulais dire par cette femme sait utiliser de son charme…?

- C’est ce que je désire te montrer. Alors tu me suis ou tu vas encore jouer la chochotte? »

Aussitôt, je vis rouge et mes narines se gonflèrent, signe de mon irritation.

« T’es vraiment agaçant comme mec…

- Oui, on me le dit souvent. »

Je grommelais vaguement mon avis sur le sujet, me frustrant intérieurement de ce que j’allais faire à présent. Et, sans plus tarder, j’allongeais un premier pas dans la direction de Rakim, prêt à le suivre là où il voulait m’emmener. Néanmoins, à aucun instant, je ne baissais ma garde pour autant.


Rakim s’arrêta le premier, la tête haute, tournée en direction d’un petit appartement. Ce n’était pas le grand luxe ici, mais il devait tout de même faire bon vivre.

« Lyrae vit ici?

- C’est ce que j’ai cru comprendre. »

Je dévisageais l’Orisha aux cheveux rouges, mes sourcils se redressant.

« C’est-à-dire? Avançais-je d’une voix qui demandait explication plus précise, mais Rakim, sans même relever la question, s’était déjà mis à contourner le bâtiment, s’en allant vers la cour.

- Suis-moi! On devrait avoir un meilleur point d’observation d’ici! »

Je ne captais pas là… Meilleur point d’observation? Et pour regarder quoi au juste? Je le suivis, sceptique, avant de m’arrêter devant l’arbre qu’il s’était mis à escalader. Une fois accroché à une branche, il se posta derrière le feuillage, à l’abri des regards, jetant des coups d’œil en direction d’une fenêtre.

« Je ne me suis pas trompé. D’ici, c’est parfait. »

Tout à coup, je songeais à quelque chose et, sous l’assaut de la colère, mes poings se serrèrent.

« T’es… Vraiment… Qu’un… Sale… Pervers… » Chuchotais-je d’une voix acide.

Rakim dû enfin m’entendre, car il baissa son visage à mon niveau et m’interrogea du regard.

« De quoi tu parles?

- Tu veux la reluquer, espèce de porc! » M’égosillais-je en le foudroyant avec les yeux.

Au début, il fit des gestes de la main, comme pour m’indiquer que je me méprenais, mais en entendant ces mots, ma fureur se décupla.

« Chut! Tais-toi! Elle risque de t’entendre!

- Mais c’est pas vrai! Tu te fous de ma gueule? Descend de là tout de suite! » Tentais-je de murmurer, mais c’était plus fort que moi, ma voix portait plus fort que je l’avais souhaité.

Je n’aurais jamais dû le suivre. J’aurais dû me douter qu’il n’était qu’un imbécile fini – doublé d’un pervers aussi, mais ça, il ne l’avait jamais laissé paraître. Bordel, je m’étais bien fait avoir – et en beauté! Vivement, je lui tournais le dos, mes mains dans les poches. Je devais m’éloigner de ce type.Il est aussi malsain qu’en laisse croire les apparences. Je voulus m’éclipser le plus rapidement possible, et à grand pas de surcroît, mais un bruit, derrière moi, alors que je venais de dépasser le bâtiment, attira mon attention. Et lorsque je portais mon regard par-dessus mon épaule, j’aperçus une image qui me choqua, qui me choqua tellement, que je restais planté là, au milieu de la rue, à la regarder observer les lieux.

C’était Lyrae, un linge sale dans les bras, qui inspectait les alentours d’un œil complètement affolé. Et lorsqu’elle me vit dans la rue, son visage pâlit brusquement et elle claqua vivement la porte. Je n’en croyais pas mes yeux. Rapidement, je fis demi-tour, fonçant droit vers la porte dans laquelle s’était engouffrée la jeune Orine. Furieusement, je me mis à abattre mon poing sur la porte.

« Lyrae! Je sais que tu es là! Qu’est-ce que tu me caches?! »

Aucune réponse. Je n’entendais que mes coups de poing sur la porte, ainsi que la voix de Rakim, qui se rapprochait.

« Tu l’as vu?

- Elle est là-dedans! Et elle tenait les habits des Prisonniers! Lui appris-je en concentrant tous mes efforts sur la poignée de la porte désormais: verrouillée, comme escompté. Lyrae! Si tu le caches, je le saurai bien assez vite! Alors ne m’oblige pas à défoncer la porte! »

Je me savais incapable de faire une telle prouesse, mais je devais la forcer à sortir de son trou, à nous dévoiler tout ce qu’elle savait sur le fameux évadé.

« LYRAE!

- Pousse-toi, le jeune… »

Je me tournais vers Rakim, qui venait de s’avancer et qui posa l’une de ses mains sur la porte. Mais à mon grand étonnement, son bras – ouais, carrément tout son bras – passa à travers la matière, et il me tendit son autre main pour m’inviter à la prendre et à le suivre. Cette fois-ci, je n’hésitais pas, l’empoignant vivement, avant de me laisser transporter de l’autre côté de la porte. Une fois de l’autre côté, Rakim me lâcha la main et fit quelques pas dans l’appartement, son regard balayant l’endroit, comme celui d’un prédateur en quête de sa proie.

« Eh, ma jolie! Montre-toi! On sait que tu te caches ici! Tu veux jouer au chat et à la souris? Tu perdras de toute façon… »

La voix de l’Orisha était maintenant dure, vile, et tout ce qu’il disait, j’étais persuadé qu’il n’aurait aucune hésitation à l’accomplir. Je déglutis difficilement, alors que le silence s’imposait dans tout l’appartement. Jusqu’à ce qu’une voix résonne, à l’autre bout du couloir.

« Ne lui faîtes pas de mal… »

C’était une voix faible, mais masculine. Lyrae n’était pas seule. Lyrae était avec quelqu’un. Et non pas le moindre. Il apparut dans le couloir, torse et pieds nus, seulement habillé de son pantalon délavé, ses cheveux tombant sur son visage, comme pour lui faire un masque.

« Elle n’a rien à voir là-dedans. »

Lentement, l’homme redressa la tête et nous pûmes affronter son regard perçant. À sa vue, je ne pus m’empêcher de cracher à son visage:

« Vul’Trach… »


L’évadé s’était rendu, sans défense, aux Marcheurs. Sans un regard pour Lyrae, qu’il laissait derrière lui, en larmes, il suivit les geôliers qui se portaient, dorénavant, garant de son renvoi à la Prison. Une fois la foule dispersée et partie, je me retournais lentement vers Lyrae, dont le regard s’était assombri.

« Je suis – »

Brusquement, elle me claqua la porte au nez.

« … Désolé…

- T’occupe, le jeune. Elle est en colère parce que nous lui avons retiré son bien-aimé… »

Je ne pris même pas la peine de me tourner en direction de Rakim. Je le regrettais. Je regrettais, maintenant, d’avoir rapporté la présence de Vul’Trach chez Lyrae. L’Orisha se rapprocha de moi et posa sa main sur mon épaule.

« Ça va passer. T’as pas à culpabiliser pour ça. T’as fait le choix qui convenait le mieux, pour tous.

- Elle est allée si loin pour celui qu’elle aime et voilà qu’on le lui arrache pour le retourner à son Enfer.

- Il l’a décidé, tout seul, de retourner à son Enfer. Et il l’a fait pour la protéger. Sinon, les Marcheurs l’auraient également embarquée et elle aussi se serait retrouvée en Prison, pour complicité à une évasion… »

Il gagnait un point. Mais je ne pouvais pas retirer le visage triste et larmoyant de la belle Orine. Vul’Trach et elle s’aimaient à la folie, malgré le passé du premier, et ils étaient prêts à tout pour sauvegarder la vie de l’autre. Elle, elle avait été prête à risquer sa Liberté et sa réputation pour le faire sortir de Prison et lui, il a encore préféré prendre tout le blâme de son évasion et retourner derrière les barreaux plutôt que de la voir le rejoindre dans ces cellules. Je soupirais, me grattant l’arrière de la tête d’un geste machinal. Rakim vint claquer sa main dans mon dos, si fort que je faillis en perdre mon équilibre.

« Fais gaffe avec ta force de gorille…

- Mis à part que tu sois un sale gosse, dit-il en prenant le temps de m’observer, alors que je le fusillais du regard: comment ça, « un sale gosse?!» Je dois quand même admettre ceci: tu m’intéresses, le jeune… »

Je ne dis rien, reculant simplement d’un pas, les yeux grands comme des assiettes rondes.

« Me dit pas que tu es…

- Sale gosse… Grogna-t-il en voulant m’attraper par le col de mon manteau, mais je l’esquivais adroitement. Je ne suis pas de ce bord-là, si c’est ça que tu crois. Je pense seulement que… »

Il me considéra.

« Tu es quelqu’un de prometteur…

- Ah ouais? Pourquoi? »

Rakim me tourna le dos, m’envoyant sa main en signe de départ. Comme d’habitude, ce mec ne me fournirait aucune réponse claire.

« Si l’envie t’en dit, tu pourrais venir me voir un de ces quatre. J’aimerais bien t’enseigner deux ou trois trucs… »

Je le regardais partir, sans comprendre. Venait-il de me proposer de devenir son… apprenti? Pff… Nan, ça ne se pouvait pas. Je soupirais à nouveau, détournant les yeux de l’Orisha, ne voyant pas, de ce fait, le regard qu’il me jeta par-dessus son épaule.

« Ouais, vraiment agaçant comme type, celui-là! » Marmonnais-je pour moi-même.

Et parce que je m’éclipsais de mon côté, je n’aperçus pas non plus le sourire qui venait de fendre les lèvres de Rakim. Il savait que l’envie me prendrait. Il savait qu’il m’intriguait. Il savait que nous nous reverrons un jour; un jour pas si éloigné que ça finalement, mais bon, en ce moment, moi, je n’avais conscience de rien de tout ça…


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