Edwina marchait doucement dans la nuit. La Reine avait un secret, un secret dont elle avait parlé à nul individu, ni les Archimages, ni même Cocain. Ce secret résidait dans une petite maison sur les rives du Lac de la Transparence. Seul Jun Taiji était au courant de cette apparition, de cette création, si ce qualificatif pouvait lui être donné. Un clone parfait de l'Ultimage ou, plutôt, l'apparence de la femme qu'elle était réellement. Leurs corps étaient les mêmes, leurs visages se ressemblaient réellement, il n'y avait que la coiffure qui n'était pas la même. La couleur de la chevelure de la Reine était d'un noir de jais là où celle de son clone était d'un roux éclatant. Pourtant, ce roux, sans l'utilisation de la magie, aurait également égayé les traits de la Souveraine. Néanmoins, il y avait bien trop de risques à garder cette flagrance naturelle. Nylmord savait la vérité à son sujet et sans doute était-ce déjà trop. Car le secret de la Reine, celui qu'elle gardait ancré au fond de son cœur pourrait avoir de terribles conséquences s'il venait à tomber dans des oreilles malveillantes. Heureusement, nul être n'avait la puissance nécessaire pour lire en elle. Cependant, au delà du secret principal, celui de l'existence d'un clone de la jeune femme était problématique. Éris était, en plus de cela, légèrement différente de son original. Son caractère était  bien plus assuré malgré son manque de puissance et elle avait parfois cette étrange lueur dans le regard qui effrayait légèrement Edwina. Ce soir, elles devaient pourtant discuter d'une solution qui mettrait fin à cette étrange cohabitation. Elles ne vivaient pas ensembles, non, mais la situation était étrange : l'une gouvernait, pouvait sortir au grand jour, alors que l'autre devait rester enfermée. Les choses devaient cesser.

« Sincèrement, Edwina, je pense que personne ne fera le lien entre les Syrkell et moi ni entre toi et moi. Alors faire le lien entre les Syrkell et toi, cela me semble tout bonnement impossible. Tu es trop peu assurée, trop craintive. ». Le clone était nettement différent et si la jeune femme n'avait pas eu aussi peu de charisme, elle aurait sans doute dominé la Reine. « Enfin, peu importe. Je comprend le problème et n'ai pas envie de rester enfermée toute ma vie, ni même de résider au Lac. ». Elle marqua une pause, l'autre en profitant pour ouvrir la bouche. « Je te trouve un peu trop sûre de toi, Éris. Tu oublies les Taïmon. Ma sœur s'est fait tuer par eux il n'y a pas si longtemps. Ils peuvent me retrouver, ils en ont les moyens. Je ne veux pas mourir et je ne souhaite pas que tu meurs non plus. ». « Oui oui. » murmura Éris, légèrement agacée par tant de niaiseries. Comment son clone pouvait-elle être à la tête des Magiciens ? Voilà une question qu'elle se posait. La vie ne valait pas la peine d'être vécue sans risques et si elle devait écouter Edwina, elle resterait terrer toute sa vie en attendant la fin du monde. Ce n'était pas dans ses attentions. « Tu es trop faible, Éris, pour pouvoir te défendre contre les Taïmon... ». La Magicienne rit. « Au moins, je peux faire quelques prouesses magiques. Ta puissance ne te sert à rien, Edwina, puisque tu es tout à fait incapable de l'utiliser. ». « Arrête. » soupira l'autre. « Non, pourquoi le ferai-je ? Tu es trop pleine de complexes, pleine de peur. Tu as peur de ta magie, c'est pour cela que tu ne la contrôles pas. Je suis toi, je sais ce que tu es et je sais que tu ne pourras pas survivre longtemps de la sorte. Un jour ta puissance se retournera contre toi. ». Le pire c'est qu'elle avait raison. Éris avait conscience de ce qui tourmentait Edwina. Sa vie avait été un mensonge, un mensonge dans lequel elle était totalement dénuée de responsabilités. D'un coup et d'un seul, elle s'était retrouvée héritière d'une famille de Sorcières cruelles et sans pitié avant de devenir Reine des Magiciens. C'était comme mettre un agneau dans une forêt infestée de loups sans lui avoir appris au préalable à se cacher ou à combattre. « Enfin... Je vais partir pour Ciel-Ouvert si cela t'intéresse. Je ne pas assez forte pour prétendre à quoi que ce soit et je sais que tu souhaites que je me cache. Là bas sera parfait. Je pourrai vendre quelques trucs ici et là en attendant d'avoir la puissance nécessaire pour me défendre contre les Taïmon qui hantent ton esprit. Si jamais ils me trouvent, l'avantage c'est qu'ils arrêteront de te chercher. ». Elle sourit. Éris avait le don pour minimiser les problèmes, chose qui exaspérait Edwina qui ne savait que faire devant un comportement si léger.

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