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 Autrui pour être bien [pv Isiode et Isley]

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Lun 28 Mar 2016, 15:40


Les larmes continuaient de couler le long des joues d’Araya. Elle serait toujours ses bras autour de la taille d’Isley, essayant de se rassurer. Elle sentit une soudaine pression sur sa tête, régulière, et douce. Pour une fois, ce contact ne l’effraya pas, bien au contraire, il la rassura, donnant un peur de chaleur à son cœur gelé. Elle continua de pleurer, vidant petit à petit son sac. Elle se sentait bien en sa présence, rassurante, et reposante. Cela lui donnait l’impression d’être en sécurité, qu’il la protégerait. Cette même sensation que lorsqu’elle était plus jeune. Elle savait pourtant que c’était une illusion, qu’elle n’était pas en sécurité, qu’il ne pouvait pas la protéger. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir bien. Cela faisait tellement longtemps. Si longtemps qu’elle avait oublié ce que ça faisait. Elle avait enfin l’impression de pouvoir se reposer sur quelqu’un, se reposer sur lui. Il était son Ange, son Protecteur, l’homme sur qui elle pouvait compter, sur qui elle pourrait toujours compter. Ces pensées la surprenaient. Pourquoi, pourquoi, malgré toute la colère qu’elle avait pour lui, elle n’arrivait pas à le détester ? Et toujours cette envie de vouloir se reposer sur lui, telle une seconde nature, un instinct puissant qui la poussait vers lui.

Un contact, un autre, dans son dos, sur sa blessure. !son corps se crispa, de douleur, mais aussi de peur. Cette peur qui revenait au galop. Mais la voix d’Isley, et la caresses de ses cheveux, vint calmer ses craintes. Une vague de calme vint soudain l’envahir pendant quelques secondes. Elle entendit les battements de cœur du jeune homme s’emballer, le frisson le parcourir, et sa respiration devenir difficile. A ce moment, ses larmes cessèrent petit à petit de couler. Araya leva la tête pour essayer de voir son visage, mais elle était trop proche de lui pour bien le distinguer. Elle vit simplement qu’il était devenu encore plus livide. Non mais quel idiot. Alors qu’il était exténué, il avait tenté de la soigner. Sa blessure n’était pourtant pas grave, et lui, il se poussait à bout.  Il était déjà au bout du rouleau. Ce n’était qu’un idiot. Un idiot protecteur.

« Il faudrait que tu me lâche pour ça… » Lui murmura-t-elle.

Pourtant, aucun des deux ne se lâchait. Aucun d’eux ne semblait vouloir briser cet instant entre eux. Ce moment silencieux, et si précieux. Araya n’avait même pas remarqué la disparition de leur double. Elle ne se préoccupait que des bras d’Isley autour de son frêle corps. Mais il finit par la repousser, lentement. Elle aurait voulu rester encore près de lui, mais elle se laissa faire, relâchant ses bras qui retombèrent le long de son corps, comme vide d’énergie. Elle essuya ses joues, faisant disparaitre les traces qu’elles y avaient laissées. L’Ange partit récupérer ses affaires, et elle fit de même, ramassant son épée non loin, la rangeant dans son fourreau, puis sa cape, qu’elle passa à nouveau autour de son corps. A chaque fois qu’elle se penchait, son dos la faisait souffrir, lui tirant une grimace de douleur, mais elle ne se plaignit pas, restant silencieuse. Elle avait du mal à tenir debout, manquant de tomber plusieurs fois. Elle lança un regard au jeune homme, qui cherchait son épée. Elle ne l’aida pas, fixant son dos. Elle hésita un instant à s’enfuir. C’était facile, elle pourrait fusionner avec une ombre, sortir de la grotte, et rapidement aller voir Kayto. Mais elle ne fit rien, de toute façon, elle était incapable de bouger. Le jeune homme ne tarda pas à revenir auprès d’elle. Elle fut particulièrement surprise lorsqu’il se mit à pleurer si soudainement. Désemparée par son comportement, elle resta immobile, ne sachant pas quoi faire. Elle posa une main sur son épaule, s’appuyant sur lui. C’était la seule chose qu’elle pouvait faire. Elle ne savait pas comment le réconforter, comment le soutenir. Elle avait senti son désespoir lorsque leur lien s’était brisé. Elle le comprenait désormais, elle savait pourquoi il n’était pas venu la sauver, à quel point cela l’avait déchiré, même si cela paraissait bien faible par rapport à ce qu’il avait ressenti, mais elle était incapable de trouver des mots pour.

« Allons-y ». Murmura-t-elle en lui pressant l’épaule.

Ils traversèrent le tunnel, lentement, à leur rythme, s’appuyant l’un sur l’autre. Etrangement, bien que leur pas soit lent et hésitant, le retour lui sembla bien plus court. Ils n’étaient plus poursuivis par ces ombres, et pour une fois, ses peurs se tenaient loin d’elle, lui laissant, pendant un instant, la chance de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un. Ils ne tardèrent pas à se retrouver dehors. La neige s’était arrêtée, mais l’air était tout aussi froid. Prenant une inspiration, elle expira, son souffle provoquant des nuages de fumée. Il faisait encore nuit, qui était bien avancée. L’aubergiste ne les avait pas attendu dehors, sûrement déjà couché, ou autre. Tant mieux, elle n’avait pas spécialement envie de le revoir. Elle contracta un instant son bras autour des épaules d’Isley. Elle avait accepté de participer à une expérience. Elle était redevenue un cobaye, et elle avait accepté ça. L’écœurement la prit un instant, sa main se referma sur l’épaule de l’Ange lorsqu’elle prit conscience de ça. Elle prit plusieurs inspirations lentes pour essayer de se calmer, de ne plus penser à ça.

Ils traversèrent la cours, entrant dans la salle commune. Au moins l’aubergiste avait pensé à la laissée ouverte. Elle fixa la porte qui les mènerait à l’étage. Elle dut se détacher de lui pour monter en haut, les murs étant trop serrés pour qu’elle s’appuie sur lui. Ils se retrouvèrent devant la porte de sa chambre. Sans attendre, elle ouvrit la porte, l’invitant à entrer. Elle n’avait pas réfléchi, trop fatigué pour réfléchir un instant à ce qu’elle faisait. Le bruit qu’ils firent en entrant réveilla le tigre, qui se redressa. Il fut heureux de voir Araya rentrée, puis il vit son état, et sentit l’odeur du sang. A ce moment, il aperçut Isley derrière elle, sa faux toujours en main. Réagissant au quart de tour, il sauta au sol en grondant, ses pupilles rétrécies par la colère. Il voulut sauter sur lui, mais la Vampire s’avança rapidement vers lui, tombant à genoux devant l’animal, et posa une main sur sa tête.

« Tout va bien, calme-toi ». Lui dit-elle.

L’animal fixa le jeune homme derrière lui, montrant les crocs. *Si ce type t’a fait le moindre mal, je vais…*. Kayto ne se souvenait pas vraiment d’Isley. Il n’était qu’un vague souvenir. Seule la jeune femme comptait pour lui. Et il sentait le sang sur elle, et il pouvait voir les tremblements qui agitaient tout son corps fatigué. Il n’était pas rationnel lorsqu’il pensait à elle, et pour lui, ce gars était forcément la cause des blessures de la jeune femme. Et c’est pour cela qu’il continuait de fixer l’Ange, montrant ses crocs, prêt à lui sauter dessus s’il se montrait dangereux.

« Il ne m’a rien fait, alors ne fait rien »

Il l’avait même protégé, mais ça elle était incapable de lui dire. Ou plutôt, incapable de le dire devant Isley. Elle se tourna vers ce dernier, gardant une main sur le tigre, qui avait rabaissé ses babines, mais ne le quittait pas des yeux. Elle se releva, s’aidant de l’animal pour se mettre debout, elle s’assit sur le lit, posant ses coudes sur ses genoux. Elle se prit la tête entre ses mains, ne sachant quoi faire. Elle était perdue, brouillée, fatiguée. Elle voulait simplement dormir, mais tout ce qui venait de se passer, elle ne pouvait pas simplement le mettre de côté et attendre de voir comment tout ceci allait se terminer. Mais elle n’avait pas non plus envie d’affronter ses sentiments, et son regard, ne sachant toujours pas ce qu’elle ressentait pour lui. Ce qu’elle attendait, et ce qu’elle voulait qu’il fasse. Si elle voulait lui pardonner, pouvoir encore compter sur lui. Elle soupira, levant les yeux vers Isley, ses cheveux formant un rideau noir, empêchant de bien distinguer son visage.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mar 29 Mar 2016, 05:07

Autrui pour être bien
« Toc, toc… C’est ton passé qui m’envoie… »

Je m’étais mis à pleurer comme une madeleine, je n’en revenais pas moi-même. Mais c’était comme si tout ce poids que j’avais senti en moi, tout ce poids que j’avais senti pesé sur mes épaules, accumulation de ces années à nourrir des remords et de la culpabilité, s’était soudainement volatilisé, libérant mon être de son fardeau; mon cœur de sa peur. Lorsque je sentis sa main se poser sur mon épaule, mes yeux se portèrent aussitôt dans le bleu glacé de son regard, duquel je ne pus me détacher. Je le voyais bien à son visage, à ses traits tirés, qu’elle ne savait pas comment me réconforter, mais je n’avais pas besoin de ça. Ce n’était qu’un léger moment de… faiblesse… Disons-le ainsi. Cela dit, cette main sur mon épaule représentait bien plus que des mots. À son annonce, je ne fis qu’acquiescer d’un hochement de la tête, effaçant les dernières traces d’eau saline qui aurait pu persister sur mon visage.

Alors, nous nous mîmes en route. Nos pieds traînaient sur le sol, étrangement lents, étrangement faibles, la courbure du souterrain nous guidant jusqu’à la sortie de la grotte. Une fois à l’extérieur, je fus surpris de constater que la nuit persistait toujours dans le firmament. La neige s’étant arrêtée de tomber, nous pouvions distinguer avec plus de clarté l’astre lunaire qui poursuivait son voyage dans le ciel, les étoiles l’accompagnant comme pour lui tracer passage à travers les sombres nuages. Heureux de pouvoir sentir à nouveau l’air frais de l’extérieur me caresser le visage, je m’immobilisais un certain temps, histoire de prendre une bonne respiration, de profiter de cette douce et calme nuit – assez paradoxal, en sachant quelle nuit nous venions de traverser.

La prise d’Araya, soudainement, se raffermit sur mon épaule. Je tournais mon visage dans sa direction, détachant mon regard du firmament étoilé pour le poser sur la Vampire à mes côtés.

« Tout va bien? » La questionnais-je, mais après quelques inspirations, elle reprit du poil de la bête.

Je m’inquiétais pour elle. Est-ce que c’était par faiblesse? Par fatigue? Est-ce qu’elle avait encore songé aux horreurs que nous venions de quitter, là, en bas, dans ce souterrain? Lorsque nous reprîmes notre marche, je me mis à l’observer d’un œil protecteur, et bien plus encore lorsque nous fûmes dans l’auberge, à grimper les marches de l’escalier qui menaient jusqu’aux chambres à louer. Une fois en haut, je m’obligeais à prendre une petite pause, ma respiration devenant toujours plus laborieuse. J’étais si épuisé, que ça me surprenait encore d’être en mesure de marcher et d’avancer. Puis, je vis Araya s’arrêter devant une porte, qu’elle ouvrit avant de me proposer d’entrer. Interdit, je restais devant l’embrasure de la porte, me demandant s’il n’était pas plutôt préférable que je m’en aille. Surtout que, suite à l’accueil de son tigre, je me portais un peu plus vers cette idée. Ce tigre, d’ailleurs… Était-ce le petit Kayto? Je ne m’attendais pas à ce qu’il devienne aussi grand… Songeais-je en voyant Araya le calmer doucement, tranquillement, ses doigts passant au travers de la fourrure de l’animal pour l’apaiser, sa voix, malgré la fatigue que l’on pouvait entendre, le berçant de ses notes claires et douces. Lentement, avec mille précautions, surtout à cause du regard que me lançait le grand félidé, je replaçais ma faux en dessous de ma cape, là où la lanière en cuir attendait patiemment d’accueillir l’arme, que je glissais à l’intérieur, les deux matériaux se frottant dans un son léger.

« Araya, si tu veux, je… »

Le reste de ma phrase mourut dans ma gorge alors que le visage de la jeune femme se tourna dans ma direction. Je ne voyais pas clairement son regard à travers ses longs cheveux d’ébène, mais il parvenait tout de même à me transpercer l’âme. Cela dit, là, sur le seuil de cette porte, je ne savais trop quoi faire ou quoi dire. Attendait-elle quelque chose de moi? Attendait-elle des mots de ma part, postée ainsi, son regard me scrutant à travers le voile de ses cheveux noirs? À quoi pense-t-elle? Songeais-je avant de redresser vivement la tête, la bouche entrouverte.

« C’est vrai! Ta blessure… M’exclamais-je en esquissant un pas vers l’avant, mais à la vue du tigre devant moi, je me repris rapidement, ne sachant si c’était la bonne chose à faire finalement. Est-ce qu’il me permet d’entrer? Je veux dire, sans penser à me manger? »

Je me sentais un peu stupide d’attendre l’autorisation d’un animal, mais Kayto n’était pas n’importe quel animal justement. Je pouvais le voir dans ses yeux: je pourrais presque le considérer comme un homme s’il n’avait pas autant de poils, de crocs aussi longs et affûtés, de griffes aussi tranchantes et acérées, rien qu’à voir comment il réagissait en ma présence, rien qu’en considérant la loyauté que ce tigre pouvait avoir à l’égard d’Araya. Progressivement, mes épaules, que je sentais continuellement tendues, s’affaissèrent et je regardais la bête d’un œil presque envieux. Depuis toutes ces années, il l’avait accompagné; depuis toutes ces années, c’est lui qui assurait la protection de la Vampire. Pour cela, je me disais qu’il méritait tout mon respect. Lentement, je penchais le buste en direction du félidé, gardant tout de même un minimum de distance entre lui et moi – n’oublions pas la menace de ses griffes et de ses crocs tout de même.

« Merci d’avoir pris soin d’Araya, Kayto… Elle a de la chance de t’avoir auprès d’elle », murmurais-je en me redressant et en franchissant enfin le seuil de la porte, mes yeux s’attardant sur la jeune femme.

D’un pas ferme et sûr, je me dirigeais dans sa direction, posant un genou à terre pour être à sa hauteur et pouvoir la distinguer un peu plus clairement derrière toutes ces mèches affolées. Je me demandais à quoi elle pensait, à présent que les ombres avaient cessé de nous oppresser. Songeait-elle aux paroles de ces dernières? Doutait-elle encore de tout ce qui s’était dit dans ce souterrain? Car si les ombres nous avaient quitté, la peur, elle, ne semblait jamais être bien loin.

« Tu t’inquiètes… » Finis-je par lâcher en mirant mes pupilles dans les siennes.

Elle devait encore avoir peur. Peur d’être délaissée, trahie, blessée. Et je savais qu’aucune parole, qu’aucun discours ne pourrait être suffisamment puissant pour éloigner à tout jamais les doutes qui persistaient en son esprit. Même moi, j’aurais de la difficulté à me croire si je ne me trouvais pas dans ma tête, si je ne ressentais pas un aussi grand désir de la protéger et de veiller sur elle. Néanmoins, après toutes ces années, ce n’était que maintenant que je répondais finalement présent à son appel. Bien des gens m’auraient tourné le dos, bien d’autres auraient voulu voir ma tête accrochée à un pieu au milieu d’un désert, et jamais, je ne leur en aurais voulu de me prêter pareille haine. J’avais failli à ma tâche et, bien plus encore, j’avais failli en tant qu’ami. J’avais malmené sa confiance, je l’avais enseveli sous des tas et des tas de promesses qu’au lieu d’espérer, elle avait fini par souffrir. Et malgré tout, elle… Elle ne m’avait pas abandonné. Un petit sourire se dessina sur le pan de mes lèvres. L’on disait souvent que l’Humain était chanceux d’avoir, comme Protecteur, tel ou tel Ange Gardien. Eh bien aujourd’hui, je voyais ces on-dires d’un autre œil: c’était plutôt nous, les Anges, à avoir de la chance d’avoir pareil Humain sous notre aile.

« Tu peux avoir confiance en moi, Araya. Je… Je ne suis pas le meilleur, ni le plus fort, ni même le plus intelligent et… tu as sûrement dû t’en rendre compte… Me mis-je à blatérer avant de me rendre compte de ma propre confusion.

Je pris une grande inspiration, histoire de faire un peu de vide dans ma tête, de laisser un peu d’espace à mes pensées dans ce tourbillon confus et flous qui me crapahutait de tous les côtés, et de reprendre avec un peu plus d’assurance:

« Mais j’apprends de mes erreurs… »

J’approchais doucement ma main de ses cheveux, les repoussant derrière l’une de ses oreilles. Puis, comme satisfait, j’hochais de la tête.

« Voilà. C’est mieux comme ça. »

Je ramenais ma main à moi, déposant mes bras sur mon genou surélevé, la contemplant avec bienveillance.

« Je ne te laisserai plus seule. Je veillerai sur toi maintenant, d’accord? Et la première action que j'assume accomplir, c'est de soigner ta blessure. »

Je me redressais de tout mon long, lui demandant si elle n'avait pas une trousse de soin avec elle. Mes yeux, quant à eux, ne la lâchaient guère. Oh, Araya… Je ne la laisserais plus jamais seule aux prises avec ces démons intérieurs.


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It's a little price to pay for salvation
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Mar 29 Mar 2016, 12:05


Araya fixait Isley, toujours sur le pas de la porte. Son dos la lançait, sa position tirant sur sa blessure, mais elle ignorait la douleur. Elle essayait de réfléchir, de savoir ce qu’elle voulait de lui, de leur relation. Dès le départ, dès que ses yeux s’étaient posés sur lui, elle n’avait plus su quoi faire, quoi ressentir. Son sentiment de colère avait pris le dessus sur le reste, mais après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, elle ne savait plus quoi faire. Continuer de le détester était-il vraiment acceptable après ce qu’il avait vécu ? Mais elle ne pouvait pas non plus laisser de côté ce qu’elle avait vécu durant ces dernières années. C’était encore trop vif, même son abandon lui semblait soudain si proche. Elle n’avait jamais pris le temps d’y penser, n’avait jamais pu avoir le temps, trop occupé à essayer de ne pas devenir complètement dingue. Peut-être avait-elle réussi… Enfin, en partie. Personne ne pouvait ressortir saint d’esprit après trois années pareils. A moins d’être déjà fou au commencement. Et elle avait peur, peur de ce qu’elle allait choisir.

La soudaine exclamation de l’Ange la fit sortir de ses divagations. Elle tourna les yeux vers Kayto, qui ne le lâchait toujours pas du regard. Le tigre contacta Isley par télépathie, épargnant ses menaces à Araya. *Tu lui fais quelque chose, et je te brise la nuque*. Dit-il menaçant. Araya ouvrit la bouche pour lui dire d’entrer, sachant pertinemment ce que l’animal lui avait dit, mais sa phrase resta bloquer dans sa gorge lorsqu’elle vit Isley se courber devant l’animal, le remercier, et enfin franchir le seuil. Le tigre lui lança un dernier regard, il détourna sa large tête, regardant la Vampire. Cette dernière ne faisait que fixer le jeune homme, ne sachant si elle voulait l’empêcher d’aller vers elle, ou si, au contraire, elle était heureuse qu’il s’approche ainsi. Puis il se retrouva à genoux, devant elle, la regardant dans les yeux. Elle voulut dissimuler ses doutes, mais il la connaissait, il arrivait à lire dans ses yeux fatigués. A lire sa peur et son inquiétude. Oui, il le connaissait, et cela l’effrayait. Elle ne voulait pas que quelqu’un la connaisse, devine ses pensées rien qu’en observant son visage. Mais est-ce qu’il la connaissait aussi bien ? Il la connaissait en tant qu’Humaine, mais maintenant, que voyait-il en elle ?

« C’est toi qui t’inquiète le plus j’ai l’impression » Lui répondit-elle, voulant détourner l’attention d’elle.

Araya savait que sa tentative se finirait par un échec. Une tentative un peu naïve compte tenu de ce qu’elle avait dit. Un léger sourire s’étira sur les lèvres de l’Ange, la surprenant. A quoi pouvait-il bien penser pour sourire ainsi ? Pensait-il qu’elle n’allait plus le rejeter grâce à tout ce qui s’était passé ? Non, ça ne devait pas être ça. Elle laissa retomber ses mains sur ses genoux, continuant de regarder le jeune homme près d’elle, écoutant ses paroles. A ses mots, elle baissa les yeux, observant ses mains. Lui faire confiance ? Elle n’en était pas capable. Elle le savait. En fait, elle ignorait si elle pourrait un jour à nouveau faire confiance à quelqu’un. Jamais autant qu’avec lui. Et, même si c’était lui qui lui demandait, elle n’était pas sûre de pouvoir lui accorder à nouveau. Mais ne devrait-elle pas plutôt penser « surtout si c’était lui » ? Ce serait bien plus logique, après une telle trahison. Elle devrait le fuir, le repousser, mais elle n’y arrivait pas. Dans ses yeux océans, elle pouvait voir une vague de bienveillance et de protection à son égard. Peut-être était-ce ce qui l’empêchait de l’envoyer baladé. Elle sursauta lorsqu’elle sentit sa main lui saisir des mèches, et les repousser derrière son oreille, découvrant son visage. Relevant la tête vers lui, elle fut encore accueillie par ce même regard. Ca en finissait par devenir gênant presque. Assez gênant pour que ses joues prennent une légère teinte rosée face à son inquiétude et sa protection, et elle espérait que la pénombre dissimule sa nouvelle couleur. Ou était-ce son geste qui la dérangeait autant ? Elle n’était plus habituée à ce qu’on prenne soin d’elle. Il souhaitait tant la protéger, et il voulait le lui prouver. Lui prouver qu’elle pouvait à nouveau compter sur lui, croire en lui. Elle leva la tête pour le regarder, et un frisson la parcourut lorsqu’elle croisa son regard. Déterminer, protecteur, essayant sûrement de l’empêcher d’avoir peur.

« Laisse tomber, ma blessure n’est pas grave. Lui dit-elle. Et j’ai connu pire »

Kayto ne cessait de les regarder, son regard passant de l’un à l’autre. Il était particulièrement surpris par le comportement d’Araya. Depuis qu’il l’avait retrouvé, elle avait toujours fait une crise à chaque fois qu’un bipède la touchait, ou ne faisait que la frôler. Alors pourquoi ce n’était pas pareil avec ce type ? Il semblait important pour la jeune femme. Et son visage… Il lui rappelait vaguement quelque chose, mais il n’était pas capable de dire où il l’avait vu. Tout ce qu’il comprenait, c’est que la Vampire lui faisait confiance, assez pour qu’il la touche, et que lui semblait réellement vouloir la protéger. Sans attendre, il alla jusqu’à la besace, et l’attrapa dans ses mâchoires. Il n’y avait quasiment rien dedans, elle ne possédait aucune affaire personnelle, mais elle avait acheté un minimum de choses. Comme une petite trousse de soin, avec simplement le nécessaire. Il ne savait pas si cela suffirait, mais ça pourrait être utile. Il fit attention à ne pas serrer trop fort, pour ne pas la percer, et la ramena prêt des deux, la déposant sur le lit. Il ne savait pas s’il pouvait accorder sa confiance à cet homme, mais il voulait protéger Araya, et tous deux semblaient avoir le même objectif. Le tigre était incapable de la soigner, mais l’homme si, alors il allait collaborer.

« Kayto, qu’est-ce que tu… »

Araya ne put terminer sa phrase, le regard insistant du tigre, et de l’Ange la coupant. Elle était touchée par tant d’attention, il ne pouvait en être autrement mais elle ne voulait pas de leur aide. Ou plutôt, de son aide à Lui. Mais face à leurs yeux bleus la fixant, elle sentait son peu de volonté fléchir. Face au regard opalescent des yeux d’Isley, elle ne pouvait que céder. Et, de toute façon, elle était trop fatiguée pour lutter contre lui. Elle lâcha un soupir.

« C’est bon… ». Leur dit-elle.

Araya lança un long regard à Isley, hésitant encore. Elle se mordilla la lèvre inférieure, mais finit par accepter son aide. Elle détacha sa cape, et se retourna. Elle se redressa, et attrapa ses cheveux, les amenant devant elle. Elle avait toujours peur qu’il la touche, mais avec lui, c’était différent. Elle arrivait à supporter. Etait-ce parce qu’il se connaissait avant, parce qu’elle lui avait accordé sa confiance dans le temps ? Et comment allait-il réagir s’il voyait son dos ? Il se mettrait sûrement en colère, comme lorsqu’il avait vu son ventre. Trop de questions, de doutes se bousculaient dans sa tête. Elle était beaucoup trop exténuée pour réfléchir clairement. Pourtant, derrière tout ça, elle savait… Elle savait qu’elle devait prendre une décision, et le plus rapidement. Elle pouvait accepter de le laisser à nouveau faire partit de sa vie. Ou alors le fuir. Oui, le fuir, car il était têtu, et qu’il semblait vouloir fortement la protéger.

« Isley, je… Je ne sais pas… Je ne crois pas que je pourrais encore… Après tout ça… J’en suis incapable…Dit-elle, la voix tremblante, n’arrivant pas à trouver des paroles. J’ai déjà trop souffert, je ne veux pas que ça recommence »

Araya avait du mal à parler, à se confier, mais avec lui, elle y arrivait, un minimum. Mais en faisant ça, elle sentait les larmes lui montées aux yeux, et elle devait faire beaucoup d’efforts pour les empêcher de pleurer, et que cela s’entende dans sa voix. En fait, c’était la seule personne, avec Stan avec qui elle avait sa plus longue conversation, avec qui elle restait le plus longtemps. Elle avait peur. Si peur qu’Isley l’abandonne encore malgré toutes ses promesses. Ces mêmes promesses qu’il lui avait faites, il y a des années. Ces promesses qu’il n’avait pu tenir. Il avait une raison, une excellente même. Mais elle doutait de ses mots. Elle doutait des mots de tout le monde, mais encore plus des siens. Le sentiment de trahison, d’abandon, et la plaie béante dans son cœur ne pouvaient s’effacer aussi facilement. Et le pire, c’est qu’à chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui, elle avait l’impression que tout l’assaillait encore plus puissamment.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Jeu 31 Mar 2016, 06:46

Autrui pour être bien
« Toc, toc… C’est ton passé qui m’envoie… »

Je lui adressais un long regard. Oui, tu as connu pire… Me dis-je d’une voix silencieuse, mes doigts se contractant doucement en poing. Je ne pouvais les empêcher, dès lors, de défiler dans ma tête, ces visions d’horreur. Le reflet du désespoir dans ses yeux de glace, la violence inouïe contre laquelle elle ne pouvait mener combat loyal, se répétaient à l’intérieur de ma tête à une vitesse si grande que j’en eu rapidement le vertige, le temps d’encaisser, de sentir à nouveau se répandre dans mon être toute la souffrance qu’avait connu cette frêle jeune fille. Chaque coup, dont il avait marqué le corps d’Araya, répandait en moi une vive brûlure à l’estomac; chaque cri qu’elle avait poussé faisait résonner une violente vibration qui secouait toutes mes pensées d’une Colère froide et sourde; chaque larme qui avait coulé de son visage était comme un coup de poing que l’on m’avait personnellement adressé. Toutes ces horreurs, en effet, à ces simples mots – pas si simples finalement – remontaient en moi comme le magma remontait à la bouche d’un volcan, secouant l’ensemble de mon être d’un frisson, pourtant, glacial et frigorifiant. Oui, elle avait connu pire, bien pire, cent fois pire, mais ça ne lui donnait pas raison pour autant; ça ne lui donnait pas le droit de négliger pareille blessure malgré l’importance moindre qu’elle lui accordait. Car une simple piqûre pouvait devenir un véritable fléau, une petite coupure pouvait engendrer une mare intarissable de sang, et même la plus minuscule des étincelles pouvait créer un indomptable brasier. Alors cette blessure, quoi qu’elle en dise, pouvait rapidement devenir un maux insupportable. Comme l’amour qui se changeait en haine, comme la foi qui se changeait en rejet, comme l’espoir qui se changeait en détresse…

Par chance, j’aperçus Kayto s’avancer jusqu’à nous, déposer une légère trousse auprès de la Vampire. J’approuvais aussitôt son geste d’un discret signe de la tête. Le félidé avait beau ne pas me faire confiance, voire même se méfier de ma personne, il acceptait de me prêter main forte. Pour le bien-être d’Araya, et pour rien d’autre. J’en avais bien conscience, et cette simple vérité suffisait à me soulager. Lentement, la pression de mes poings se relâcha. La Colère, qui s’apparentait plus à un profond sentiment d’impuissance, s’évanouissait peu à peu de mon esprit, les derniers filaments semblant s’évaporer suite à une légère secousse de ma tignasse. Ce n’était pas le temps de culpabiliser, de ressasser les douleurs du passé. C’était à moi de lui venir en aide, d’être à ses côtés pour la protéger et d’être en mesure de la soigner et de la libérer. De tous les maux. De tous ses cauchemars. De toutes ses entraves. Comme ça, plus jamais elle n’aurait à supporter souffrances aussi horribles et cruels qu’autrefois. Je ne voulais plus qu’elle ait à tenir sur ses maigres épaules un aussi lourd fardeau que celui qu’elle portait présentement. À tout moment, j’avais l’impression qu’elle se briserait, qu’elle éclaterait sous ce poids conséquent, mais elle restait debout malgré la restriction faite par la charge; elle restait debout, le dos droit, malgré toutes les épreuves dans lesquelles elle avait été submergé jusqu’au cou, jusqu’à ne plus pouvoir respirer.

C’est pourquoi je la fixais intensément, désireux, plus que tout, de lui offrir mon aide; désireux, plus que tout, qu’elle accepte la main que je lui tendais. Après quelque minute d’hésitation, elle finit par abdiquer à nos regards attentionnés, à Kayto et à moi. Satisfait, je la laissais retirer sa cape et, pendant ce temps, je mis la main sur la trousse, l’ouvrant pour y vérifier ce qu’il y avait à l’intérieur. À la vue du contenue, je ne pus m’empêcher de faire une moue sceptique, cherchant, dans ma tête, un moyen efficace pour utiliser le peu de ces ressources sur la blessure de la Vampire. Je ne suis pas médecin, mais je m’y connais un peu, à force d’additionner les coups et les blessures… Je devrais être en mesure de me débrouiller avec le peu de matériel , réfléchissais-je en me plaçant derrière Araya. Mon regard, instantanément, se posa sur la longue rayure qui lui traversait le dos. Un frisson, à la vue de cette blessure, me prit d’assaut, alors que je la lorgnais, que je la scrutais, un serrement m’écrasant presque aussitôt le cœur. Même si je n’étais pas celui qui avait porté cette arme sur la Vampire, je ne pouvais m’empêcher de repenser à cette ombre qui avait usurpé mon apparence, qui m’avait volé ma voix, qui m’avait prêté des paroles et des pensées qui n’étaient pas miennes; je ne pouvais m’empêcher de me sentir responsable de cette blessure. Comme si c’était une partie de moi, une sombre partie de mon être – ironique, en sachant que j’étais un être de Lumière – qui avait mis un poing autour de mon épée et désirer vouloir la blesser – même, vouloir la tuer. À cette pensée, j’eut un trouble; mon cœur s’affola, et se fut la voix d’Araya qui me sortit brutalement de la noyade dans laquelle je commençais à m’enfoncer.

J’écoutais ses paroles, ses mots, et même si sa voix trébuchait, je saisissais toute l’ampleur de sa détresse. Je me dis aussitôt: Non… C’est impossible… Je ne pourrais jamais lui faire le moindre mal. Plus jamais. Une fois encore, je secouais doucement mes cheveux. Je ne devrais plus penser à cette ombre, à ce sosie de moi. Il n’était qu’une obscure représentation qui, à part d’avoir pris ma voix et mon apparence, n’avait absolument rien à voir avec qui j’étais, moi: ses mots, ses réflexions, tout ce qui l’avait animé n’avait été engendré que par un mal vicieux, tapi tout en bas dans ce souterrain, qui s’était amusé à torturer nos esprits. Rassuré par mes propres pensées, persuadé d’en avoir terminé avec cette ombre obscure et froide, je me concentrais de nouveau sur la Vampire, plongeant un doigt dans le fond de crème. J’avais déjà vu quelques soignants m’administrer ce genre de baume sur mes plaies; en espérant qu’il soit efficace sur celle-ci. Sans dire un mot, je tâchais d’appliquer le médicament sur la blessure avec mille précautions, laissant le haut de la jeune femme en place en passant mes doigts dans le trou créé dans le vêtement, portant un soin consciencieux à ne pas mettre, par inadvertance un doigt sur les zones plus sensibles de la plaie. Puis, après un certain temps, je finis par lui dire:

« J’ai trop insisté, c’est ça? Excuse-moi » Murmurais-je en suspendant mon geste durant quelques secondes, observant la blessure d’un œil brûlant.

C’était une lame droite et ferme qui l’avait touché; une lame qui ne désirait pas la tuer, certes, mais qui prévoyait le faire, assurément, rien qu’en constatant la cruelle précision de l’épéiste. Lentement, je recommençais mes gestes, frottant avec minutie le dos de la jeune femme. C’était effrayant, ce qu’elle était maigre aussi… J’étais capable de sentir la courbure de ses os sous mes doigts…

« Je ne veux surtout pas que tu considères mes demandes comme des obligations auxquelles tu dois te plier. Accepte-les ou… non. Le choix te revient après tout… Dis-je en continuant, d’un mouvement distrait, d’étendre le baume sur la plaie, mon regard rivé sur la nuque de la Vampire, dont je ne pouvais voir le visage, dont je ne pouvais voir les yeux de glace et qui, pourtant, faisait fondre tant de barrières en moi. Si tu ne te sens pas… Enfin, si tu ne peux pas… »

J’avais l’impression d’avoir six langues tellement je bégayais, incapable de terminer mes phrases. Si elle ne voulait pas de moi dans sa vie, bien sûr que je serais triste, bien sûr que je me sentirais profondément… vide. Je ne savais pas comment décrire tout ça en fait: vide, triste, déchiré, je ne savais pas quel adjectif pourrait décrire le mieux ce que je ressentirais, mais peut-être était-ce un savant mélange des trois? Cela dit, à ne point en douter, ce serait comme si on m’arracherait, à nouveau, une partie de moi… Ce serait comme la perdre une seconde fois alors qu’elle n’était qu’à quelques pas, qu’à une portée de bras. Je déglutis, baissant finalement les yeux, abaissant finalement le bras.

« J-Juste te dire que… que je serai toujours là pour toi. Que tu aies confiance ou non en moi, finalement, peu m’importe: je veux pouvoir t’être utile et pouvoir t’aider quand tu auras besoin de mon aide… »

Je serrais mon poing, redressant soudainement la tête vers elle

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t’aider! Pour te rendre heureuse. Pour te sauver. Pour tout ce qui pourra te faire plaisir. Je serai là… Je n’ai que des mots à t’offrir et peu de gestes qui m’en sont présentement témoins, mais tu verras. Je te protégerai, coûte que coûte, Araya… »

Je m’arrêtais net, sentant un nouveau vertige me prendre. La faiblesse de mon corps et de mon esprit revenait brutalement à la charge, l’émotion vivement ressenti amenant, derrière lui, un épuisement encore plus grand et significatif. Lentement, je m’agenouillais au sol, déposant ma tête sur le matelas du lit. Il fallait que je me calme, que je me calme… Mais je me sentais si mal… Était-ce à cause de la fatigue de mon esprit? Ou était-ce le fait que je puisse de nouveau la perdre qui me terrorisait à ce point, me faisant perdre, tout à coup, tous mes moyens?


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Jeu 31 Mar 2016, 17:49


Kayto vint ensuite se placer prêt d’elle, approchant sa tête. Araya posa la main sur sa tête, le caressant. Elle sentit Isley se placer derrière elle, et aussitôt, elle se contracta légèrement, appuyant un peu plus fort sa main sur la tête de l’animal. Puis soudain, se fut ses doigts sur son corps. Un long frisson la traversa de part en part, puis une contraction violente sans suivi lorsqu’il commença à appliquer consciencieusement le baume. Et cette fois-ci, sa main se referma fortement sur le pelage de l’animal, assez fort pour commencer à lui faire mal, tremblante, et sa respiration se bloquant. En sentant sa réaction, le tigre tourna les yeux vers l’Ange, s’assurant qu’il ne lui faisait rien. La Vampire n’avait pas cette réaction à cause de la douleur, une légère sensation brûlante qui s’étendait dans son dos. Mais ce n’était pas ça. C’était le contact, le fait qu’il la touche. Elle avait beau lui avoir donné son accord, qu’il l’ait prit dans ses bras un peu plus tôt, et elle-même l’avoir pris dans ses bras, sa peur d’être touché avait fini par revenir. Etait-ce parce qu’elle était épuisée qu’elle le laissait faire ? Non, même en étant fatiguée, elle n’aurait jamais accepté que quelqu’un la touche ainsi, qu’il puisse lui replacer les cheveux, lui procurer des soins. Alors était-ce parce qu’elle lui faisait confiance ? Non ! Elle ne devait pas lui faire confiance. Plus jamais. Ils étaient trop loin l’un de l’autre pour qu’elle puisse encore compter sur lui. Elle savait qu’il l’empêcherait à tout prix de rester dans les ténèbres, de s’y enfoncer encore plus. Quant à elle, elle ne savait pas dans quelle direction aller. Pour se venger, jusqu’où serait-elle prête à aller ? Elle ne le savait pas encore, mais elle irait sûrement trop loin aux yeux de l’Ange.

Au moment où il arrêta son geste, elle put enfin prendre quelques inspirations, incapable de répondre. Trop insisté ? Oui, sûrement. Rien que la première fois était un peu trop pour elle, alors les suivantes… C’était comme s’il essayait de la forcer à lui redonner sa confiance. Il ne voyait sûrement pas ça de cette façon, mais Araya ne réfléchissait pas forcément très rationnellement en ce moment. Elle se contracta à nouveau lorsqu’il reprit ses soins, écoutant ses paroles. Evidemment que le choix lui revenait, que croyait-il ? Qu’il pourrait s’imposer à elle, toujours la suivre ? Non, il ne pourrait pas, elle ne le supporterait pas. Elle sentait son regard brûlant posé sur sa nuque pendant qu’il lui parlait, alors qu’elle regardait droit devant elle, sa main toujours contracté sur la tête de Kayto, essayant de ne pas paniquer, d’entendre ses paroles, et de ne pas avoir peur de ces dernières. Enfin non, elle en avait peur. Terriblement peur de ce qu’il lui disait. Non, elle ne pouvait tout simplement pas… Pas aussi facilement. Pas après tout ça. Accepter son aide, ce serait comme accepter de devoir à nouveau compter sur quelqu’un, d’être faible. Plus jamais ça. Elle ne voulait plus jamais être aussi faible et impuissante. Sans jamais pouvoir se défendre, sans jamais pouvoir répliquer, seulement pleurer, seulement crier, sans que jamais personne ne l’entende. Si elle devait se reposer sur lui, elle ferait sûrement les mêmes erreurs.

Il baissa son bras, semblant en avoir fini avec elle, continuant de parler, et elle, l’écoutant toujours. Prenant une inspiration, Araya relâcha lentement sa main, et se tourna vers lui, voulant s’exprimer, mais il la regarda, encore avec ce regard, qui l’empêcha de parler. Elle serra les dents, et baissa les yeux. Elle le vit s’agenouiller, le teint pâle. Il avait l’air mal, tout comme elle. Et ses jambes à elle ne tardèrent pas à céder non plus. Elle fut obligée de s’asseoir sur le lit, ses muscles tremblants de fatigue. Elle aurait tellement voulu poser la tête sur l’oreiller, et fermer les yeux. Elle se serait endormie immédiatement, avec Isley pour veiller sur elle. Non ! Pas pour veiller. Elle devait régler cette situation rapidement. Et très rapidement avant que l’idée de penser qu’il pourrait la protéger ne s’installe complètement dans son esprit. Prenant une profonde inspiration, et rassemblant le peu d’énergie, et le courage qu’il lui restait, elle lui parla.

« Non ». Murmura-t-elle.

Araya se tint droite, prenant une profonde inspiration, essayant de se préparer à affronter ses yeux bleus qui ne devait pas briser ses défenses, et elle se tourna vers Isley, le regard aussi froid que lui permettait son état mental et physique. Elle reprit la parole, essayant d’avoir une voix aussi dure, et glaciale qu’elle le pouvait.

« Non je ne peux pas, je ne veux pas t’avoir prêt de moi. Je ne veux pas que tu me protège. Je ne veux pas que tu m’aide, ni tenter de me rendre heureuse, ni me sauver, ni me faire plaisir. Ni rien du tout d’ailleurs. Je ne veux rien qui vienne de toi »

Elle aurait préféré le lui dire debout, pouvoir être forte en l’affrontant, en le rejetant le plus loin possible.  Si elle ne gardait pas une attitude glaciale, tout en continuant de le regarder, elle céderait. Oui, elle lui céderait, encore une fois, comme dans cette grotte où elle avait pleuré dans ses bras. Elle ne devait pas faire à nouveau ça. Ils étaient dangereux l’un pour l’autre. Il suffisait qu’il saigne pour qu’elle soit pris de l’envie de le tuer, et lui, trop troublé pour voir ce qu’elle était, essayerait sûrement de la tuer le jour où le voile se lèvera. Et le fait qu’il voulait être aussi proche d’elle, l’effrayait bien plus qu’il ne pouvait le comprendre.. Elle inspira à nouveau, et reprit.

« Je ne veux pas de tes remords, ta culpabilité, tes regrets, et encore moins de ta pitié. Et surtout je ne veux pas de… Araya ne réussit pas à terminer sa phrase, et dut s’y reprendre à deux fois. Je ne veux pas de tes promesses »

Araya serra les dents, criant mentalement contre elle-même. Criant contre cette envie de vouloir compter sur lui. Non, surtout pas. Elle devait rejeter cette idée. Loin, très loin au fond de son esprit. Elle devait faire une chose en plus. Réveiller cette colère qu’elle avait ressentie la première fois en le retrouvant. Cette fois où elle l’avait giflé, et accusé. Souhaiter le mettre en colère contre lui-même, le faire culpabiliser, et le faire souffrir. Voilà ce qu’elle devait réveiller en elle pour pouvoir le rejeter. Prononcer ces mots lui faisaient mal à elle aussi, ouvraient de plus en plus la blessure de son cœur, mais elle devait le faire. Elle ne tenait pas à le blesser, et pourtant… Elle était persuadée devoir le faire pour leur bien. Non plutôt pour son bien à lui. Elle voulait le protéger d’elle. C’était la seule chose qu’elle pouvait encore faire pour lui. Elle ne comprenait pas bien pourquoi elle voulait encore le sauver, le protéger, mais elle le faisait. Comme un instinct ancré en elle, qu’elle n’arrivait pas à repousser. Et il y avait cet autre désir également. Désir qu’elle ne comprenait pas, qu’elle n’arrivait pas à bien comprendre encore… Elle ne voulait pas le décevoir. Et elle savait que s’il voulait la protéger, il finirait par être profondément horrifié, et déçu par ce qu’elle ferait, et pourrait devenir. Araya savait qu’elle ne pourrait pas supporter de voir la déception dans ses yeux opalescents. Encore une des choses dont elle avait peur le concernant. De trop nombreuses choses qui le concernaient lui, et personne d’autre.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 03 Avr 2016, 02:39

Autrui pour être bien
« Toc, toc… C’est ton passé qui m’envoie… »

Ma tête fut, en un instant, vide de toutes pensées, de toutes réflexions, d’absolument tout, et avec raison. Ce n’était pas tant le timbre de sa voix, aussi glacial que les bourrasques qui balayaient le lit du Berceau cristallin, qui me paralysa; ce n’était pas tant son regard, aussi dur que de la pierre, qui me pétrifia; ce n’était pas tant son désir, presque palpable dans l’air, de tenir le plus de distance entre nous qui me faisait le plus de mal; non, car toutes ces sensations n’étaient que le résultat d’une seule et unique action: d’un seul et unique mot pour tout vous avouer.

« N-Non? » Pensais-je avoir songé, solitaire, au fond de ma tête, mais ma langue s’était déliée, chuchotant à voix si basse cette parole que même la plus petite des mouches aurait pu marmonner plus fort.

Et Araya poursuivait, le flot de ses paroles se plaçant en-dessous de ma gorge, comme prêt à me trancher le cou. Mais il ne faisait rien ici, à l’extérieur, car tout ce qui se bousculait, tout ce qui était touché se trouvait bien plus profondément dans mon corps. Ici, là-bas, je ne saurais le dire. Mais une vague douloureuse m’étouffa, m’enserra, m’étrangla. Sa voix était comme une lame qu’elle me plantait dans la poitrine et doucement, tout doucement, je sentis ce corps se raidir, s’affaiblir, se ramollir. J’avais l’impression que l’on me vidait de toute mon énergie, de toute ma force en un seul coup. Mes doigts se contractèrent en poing, que je serrais si fortement que mes jointures finirent, rapidement, par blanchir. Je me reculais du lit, tremblant, déposant mes poings sur mes genoux, la tête basse, ses paroles continuant de me chambouler, de me perturber, de mettre un bordel terrible dans mes pensées.

Elle ne voulait absolument rien de moi. Et je la comprenais. Elle me rejetait, elle me laissait, elle ne voulait absolument rien: ni de l’aide que je pouvais lui apporter, ni de la protection que je lui promettais, ni même du bonheur dans lequel je voulais la mener pour qu’elle puisse s’épanouir. Elle jetait, au loin, tout ce que je lui offrirais. J’aurais dû le savoir, j’aurais dû le pressentir. Le souterrain nous avait, mentalement et physiquement, beaucoup affaibli. Elle comme moi revenions d’épreuves particulièrement éprouvantes, de peurs particulièrement effrayantes, d’émotions complètement incontrôlables et incontrôlées. Alors je n’aurais pas dû… peut-être… songer qu’elle me tendait à nouveau la main… Les circonstances, effectivement, auraient pu paraître propices à de telles interprétations, mais la réalité était tout autre en vérité. La réalité, c’est qu’elle vivait constamment dans la peur; c’est que, malgré toutes mes promesses, toutes mes bonnes intentions, elle ne se déliera pas aussi facilement du passé que je l’aurais pensé. Pensé? Ais-je seulement pensé, durant une seconde, de ce qu’elle ressentait, de ce qu’elle avait vécu, de tous les sentiments qu’elle avait emmené avec elle jusqu’à ce jour? J’avais sous-estimé sa douleur; j’avais peut-être sous-estimé bien d’autres choses encore à son propos. Je ne suis vraiment qu’un égoïste… Mes dents, suivant le reste, se serrèrent également. Finalement, malgré tout ce que j’avais dit, ne l’ai-je pas fait uniquement pour ma personne? Ne l’ai-je pas fait uniquement pour apaiser mon âme? Est-ce que ces ombres avaient eu raison finalement? Ne voulais-je d’elle que pour me sentir moins coupable? Ne voulais-je d’elle que pour adoucir le goût exécrable de mes remords? Non! Ce n’est pas vrai! Je ne voulais que son bonheur à elle, pas à moi…

Son bonheur… Elle ne voulait pas de ma protection, de mon aide, de mes promesses. Surtout de mes promesses. Peut-être que c’était ça, en fait, son bonheur… Après tout ce qu’elle avait traversé par ma faute, après tous les coups qu’elle avait dû encaisser, tous les maux qu’elle avait dû endurer, toutes les larmes qu’elle avait versé, toute son existence qui avait été chamboulé – par ma faute – peut-être que c’est ce qu’elle recherchait en vérité. Je redressais la tête, les yeux fermés, expirant une grande bouffée d’air.

« Je suis stupide… Commençais-je. J’agis toujours sans réfléchir, et Isiode s’en plaint souvent… »

Doucement, je posais mon regard dans la glace qui donnait cette couleur si froide, et pourtant si captivante, aux yeux de cette jeune fille. Je m’y perdais durant quelques secondes, le temps d’y déceler ce que je pouvais capter de pensées et de réflexions en elle, mais tout ce que je voyais, c’était du brouillard. Mais pas venant de ses yeux, de sa glace, d’elle en fait; ce brouillard-ci provenait de moi, de ma tête déboussolée, de mes pensées crapahutées, de tous mes sentiments qui se faisaient violence à l’intérieur de mon être. Je devais me faire une raison… Peut-être que j’avais mal cherché la solution; peut-être, finalement, qu’elle s’était trouvée là, depuis tout ce temps, au-dessus de mon nez sans que je ne l’ai remarqué. Ma langue, alors, se déroula d’elle-même, suivant le courant des pensées qui glissaient au fond de ma tête.

« J’ai pensé que tu trouverais le bonheur à mes côtés mais finalement, je me suis trompé… En fait, ton bonheur, ton véritable bonheur, c’est de ne plus m’avoir auprès de toi, justement… Dis-je en esquissant un pauvre sourire de martyr. Tu as souffert par ma faute et à présent, tu ne veux revivre ce que tu as vécu. Tu ne veux pas que les événements se répètent… Tu ne veux plus avoir à écouter de fausses promesses… De surcroît, les miennes. »

Mes paroles sortaient toutes seules, sans que j’eusse un fil pour les arrêter, pour les empêcher d’avancer. Mais elles allaient et progressaient au fil de mes pensées.

« Et comme un imbécile, je continue à… à te blesser, à te faire peur, parce que je suis égoïste, et que je ne pense qu’à moi. Et le seul fait de vouloir te protéger m’a complètement aveuglé et j’ai continué de m’imposer... En prétextant chercher ton bonheur… Mais en fait, ce n’est pas le cas: je ne pensais qu’au mien…  »

Je n’étais pas très bavard d’habitude, mais c’était difficile d’arrêter une fois lancé.

« Parce que ton bonheur, il se trouve là où je ne suis pas… C’est ça? » Finis-je par chuchoter.

Mais brutalement, je marquais une pause, détournant vivement les yeux de son regard glacé. Il eut un silence, un long silence, durant lequel les battements de mon cœur se mirent à accélérer. Puis, n’y tenant plus, je me redressais d’un bond avant de me diriger tout droit vers la porte d’entrée. La vérité, c’est qu’elle ne voulait rien de moi. La vérité, c’est qu’elle ne voulait plus de moi. La vérité, c’est que son épanouissement, elle le connaîtrait sans moi. Sans moi. Loin de moi. Sans moi… La tristesse m’envahit si violemment que je dus me mordre la lèvre pour changer le mal de place, mais encore, ça faisait toujours mal, ça me mordait encore plus fort que mes dents dans ma chair. J’aurais dû le deviner… Le prévoir… Le voir venir… Le pressentir… Pourquoi je suis si stupide? Pourquoi je lui fais toujours du mal? Ma main attrapa la poignée de la porte, mais alors qu’elle s’apprêtait à la tourner, je m’arrêtais subitement dans mon geste, le visage tourné vers le bois qui me faisait face.

« Araya, réponds-moi franchement. Et je te laisserai tranquille. »

Me retournant à demi dans sa direction, je n’eus pas la force – ou le courage? – de la regarder droit dans les yeux. J’avais peur de ce que je pourrais y voir. J’avais peur d’y voir une réponse tranchante et définitive. Malgré tout, je me risquais à lui poser la question, et même si elle peinait à sortir d’entre le pli de mes lèvres, je parvins à les prononcer, d’une voix faible, mais qui, à mon oreille, me parut brutale et violente.

« Serais-tu vraiment heureuse si je disparaissais définitivement de ta vie? »


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Dim 03 Avr 2016, 15:52


[ont=gabriela]Araya observait la réaction d’Isley, restant de glace malgré les sentiments contradictoires qui se bousculaient dans sa tête. Il n’arrivait pas, ne voulait peut-être pas, dissimuler la douleur sur son visage. Une douleur bien pire que physique. Le genre qui reste graver en soi. Il ne pouvait pas la regarder, et c’était tant mieux pour elle, elle pouvait ainsi terminer ses phrases. S’il l’avait regardé, aurait-elle était capable de lui dire tout ça sans céder ? Elle n’en était pas sûre. Mais c’était sûrement aussi difficile pour lui à entendre, que pour elle de les dire. Elle avait la terrible impression de le trahir. Cette fois-ci c’était elle qui le trahissait, et rien que d’y penser lui faisait mal. Une douleur si poignante qu’elle lui compressait la poitrine, l’empêchant de respirer correctement. Elle devait prendre de profonde inspiration pour espérer paraître le moins troubler face à lui. Car, s’il levait les yeux, et qu’elle laissait paraître le remord, l’envie de vouloir qu’il reste avec elle, il le ferait sûrement. Il était un peu trop impulsif, ça finirait par lui porter préjudice. Mais, malgré la douleur qu’elle provoquait chez eux deux, elle devait le faire. Il fallait qu’elle le rejette, et qu’il l’oubli. C’était naïf de sa part de penser qu’il l’oublierait. Elle savait qu’il n’enterrait jamais ses souvenirs, son inquiétude pour elle. Et elle doutait fortement qu’il l’abandonnerait. Il l’avait déjà perdu une fois, il ne voudrait pas la perdre une deuxième. Voilà pourquoi elle ne devait pas céder, pas maintenant. Il devait arrêter de penser à elle, se concentrer ailleurs.

La Vampire s’était tu, attendant de voir sa réaction. Une autre réaction autre que le désespoir sur le visage de l’Ange. Et ses paroles ne tardèrent pas à venir, et lui la regardant dans les yeux. Elle affronta son regard, serrant les dents pour ne pas céder. Il se mit alors à parler, beaucoup, cherchant à expliquer le fil de ses pensées, assez compliquées à suivre pour lui comme pour elle. Elle prit plusieurs inspirations face à ses mots. Il lui donnait les explications qu’elle avait pensées, qui fourmillait dans sa tête, ravageait son esprit. Oui, c’était ses excuses pour repousser ses sentiments pour lui. Des excuses ou ce qu’elle pensait vraiment ? Les deux peut-être. Il se trompait, il ne l’avait pas encore blessé depuis leur retrouvaille, il l’avait même protégé, sauvé, car le double du jeune homme l’aurait sûrement tué sans qu’elle ne puisse rien faire. Mais au moins, il avait raison sur une chose, elle était terrifié à l’idée qu’il puisse la blesser à nouveau dans le futur, l’abandonner à nouveau. Elle avait peur ne serait-ce qu’en pensant aux sentiments qu’il pouvait avoir à son égard. L’amitié, l’inquiétude, l’envie de protection qu’il continuait de lui porter après toutes ses années, provoquait chez elle une peur terrible, presque panique. Et égoïste, lui ? Araya ignorait s’il l’était vraiment. Elle considérait plutôt que c’était elle l’égoïste. L’égoïste qui refusait qu’on s’occupe d’elle, qui refusait l’amitié de quelqu’un. Elle ressemblait même à une insensible à refuser les supplications qu’elle voyait sur son visage et ses yeux.

Incapable de lui répondre, elle garda le silence, gardant ses yeux sur lui. Il finit par détourner la tête, ce qui l’arrangeait, car elle put reprendre sa respiration. Le silence s’installa, un silence pesant qu’aucun ne chercha à briser, trop perdu dans leur pensée pour ça. Et soudain, Isley se leva, et partit vers la porte. D’abord surprise, elle ne dit rien, fixant seulement son dos. C’est ce qu’elle voulait… Qu’il s’en aille. Elle entremêla ses doigts, et les serra, plantant ses ongles dans sa peau. Elle tremblait, faisant en sorte de retenir son instinct de vouloir se lever, et l’attraper par le bras pour qu’il ne parte pas. Mais elle ne bougea pas, gardant ses yeux sur lui. Au moment où elle s’imaginait le voir sortir, voir la porte se refermer sur lui, il s’arrêta, et se remit à parler, se tournant à demi vers elle. Araya contracta un peu plus ses mains, fixant le bout de visage qu’elle voyait de lui. Ses émotions glaciales fondirent, ses yeux se mettant à trembler face à la question qu’il venait de lui poser. Elle n’avait pas prévu ça. Elle s’était dit qu’il lutterait contre ses paroles, contre son rejet, mais non, il l’avait accepté, plus ou moins. Mais elle n’avait pas envisagé qu’il lui demanderait ça. La Vampire inspira, et ouvrit la bouche pour lui répondre, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. *Aller ! Fais-le ! C’est qu’un mot, ça te tuera pas. Il faut que tu lui dises*. Mais, malgré les cris de son fort intérieur, elle restait silencieuse, la bouche légèrement entrouverte, fixant ses cheveux blancs.

Araya devait absolument lui dire. Sinon tout ce qu’elle avait fait pour le repousser ne servait à rien. Elle ne pouvait pas lui dire que non elle ne serait pas heureuse s’il disparaissait, car, si elle le disait, il ferait tout pour rester avec elle, même si elle faisait tout pour le repousser. Parce qu’il voulait la rendre heureuse, c’est ce qu’il disait en tout cas. Mais elle était totalement incapable de lui dire que oui elle ne le voulait plus dans sa vie. Ce n’était pourtant pas si dur. Elle n’avait qu’un seul mot à dire et il comprendrait. Juste un mot, une syllabe, trois lettres. Et pourtant, ne serait-ce que penser à le lui dire, lui déchirait le cœur, alors si elle prononçait ce mot, elle aurait l’impression qu’on lui ouvre les lèvres à coup de lame de rasoir. Mais elle devait le lui dire, pour lui permettre de ne pas s’accrocher à elle. Elle se mordit la lèvre, mais, malgré ses efforts, elle ne put rien faire. Elle ne put dire le mot. C’était impossible. Elle ne réussit pas à plier sa volonté face à ça.

« Va-t’en ». Fut la seule chose qu’elle réussit à dire, la voix tremblant légèrement.

Araya continua de le fixer, essayant d’empêcher, en vain, de trembler. Elle n’arrivait plus à garder son visage de glace qu’elle avait pu avoir tout à l’heure en lui faisant son petit monologue. Le peu de force qu’elle avait rassemblé, il l’avait anéantit avec une seule question. Et le pire, c’est que tout ce qu’elle avait fait, dit, jusqu’à maintenant, était sûrement inutile. Elle ne lui avait pas répondu, ne lui répondrait pas, et lui pourrait voir ça comme… Comme un signe de sa part qu’elle tenait encore à lui, qu’il pourrait la rendre heureuse. Elle savait qu’elle ne serait sûrement pas heureuse si elle le repoussait, elle le sentait au fond d’elle. Mais le serait-elle s’il restait auprès d’elle ? Elle avait déjà en permanence peur d’être blessé, mais avec lui, elle aurait peur de le blesser, et qu’il puisse la blesser. Un cercle vicieux dont elle ne pouvait s’imaginer sortir. Elle ressentait tellement de choses contradictoires, qu’elle n’arrivait plus à réfléchir clairement. La seule chose dont elle s’était persuadée, c’est qu’elle ne pourrait jamais être heureuse. Son esprit était tellement perdu dans ténèbres, qu’elle ne voyait pas un seul instant comment elle pourrait connaître le bonheur. Elle était si convaincu par ça qu’elle refusait la seule lumière qu’on lui proposait. Parmi les rares personnes de son passé, il était le seul qu’il pouvait espérer la sortir de tout ça. Et c’était peut-être une des raisons supplémentaires pour laquelle elle le repoussait. Car elle était tellement habituée à la douleur, aux ténèbres, qu’elle n’arrivait plus à s’en débarrasser, et qu’elle s’y accrochait comme à un morceau de bois en pleine tempête. [/font]


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Dim 03 Avr 2016, 17:18

Autrui pour être bien
« Toc, toc… C’est ton passé qui m’envoie… »

Jamais je n’avais combattu silence aussi oppressant. J’avais l’impression que l’atmosphère elle-même m’écrasait de tout son poids. Araya, quant à elle, ne disait toujours rien; mon cœur, quant à lui, battait à m’en boucher les oreilles. J’attendais comme le prisonnier attendait le jour de sa condamnation; j’attendais comme l’on pouvait attendre que le bourreau vienne nous placer la corde au cou; j’attendais, de cette attente anxieuse et terrifiante, comme le malheureux qui observait la trappe sous ses pieds. J’attendais, j’attendais, et je n’en pouvais plus. L’attente était plus douloureuse encore que l’action en elle-même. Car elle nous faisait espérer, mais en même temps redouter. Elle était joueuse, et jamais nous ne pouvions prévoir son issue finale. Est-ce que l’espoir que nous nourrissions était vain? Est-ce qu’il méritait d’être alimenté, alors que – nous le savions parfaitement – la trappe ne tarderait à s’ouvrir pour nous happer? La corde ne m’étouffait pas encore et pourtant, je ne suffoquais rien qu’à respirer cet air qui pénétrait dans mes poumons. C’était terrible. Mon corps tremblait à l’attente de sa réponse, et je ne savais comment interpréter cela. Le faisait-elle par plaisir de me voir souffrir? Mais alors même que cette pensée se glissait, sournoise, dans les toiles de mon esprit, je la repoussais violemment, sachant pertinemment que la Vampire ne ferait jamais une chose comme celle-ci. Elle me détestait peut-être, mais elle n’était pas encore au stade de désirer me torturer de la sorte. Araya n’était pas un monstre. Au contraire. Il n’y avait rien de plus à ajouter. Car les monstres, eux seuls, s’amuseraient à jouer de la sorte avec leur proie. Mais alors, hésitait-elle à me donner sa réponse? Ou plutôt, hésitait-elle de la réponse qu’elle voulait me donner? Je n’étais sûr de rien, mais l’attente, cette attente que je ne cessais de répéter, m’était insupportable, n’ayons pas peur de le dire. J’étais anxieux, incroyablement anxieux, cherchant à prévoir sa pensée, ce qu’elle finirait par me lancer. Immobile comme une statue de pierre, je n’osais toujours pas lever les yeux vers elle. J’avais trop peur de ce que je pourrais y voir. J’avais trop peur d’y voir ce que je redoutais le plus. Mais l’attente me rendait impatient. J’avais envie de connaître sa réponse, je n’attendais que ça, mais elle s’éternisait. Je ne l’entendais pas, je n’avais même pas le courage de la regarder à travers ses mirettes glacées. Je ne pouvais qu'attendre, selon ses désirs, et croire en elle.

Puis, aux premiers sons de sa voix, mon cœur rata littéralement un battement. Mon corps fut parcouru d’un immense frisson, alors que la suite s’esquissait entre les lèvres de la jeune femme. Et soudainement, ma panique tomba sur-le-champ, ma peur s’évapora instantanément, et doucement, je redressais la tête, confus, dans sa direction. Va-t’en? Pensais-je en faisant tourner ces mots dans ma tête, comme une rapide ritournelle. C'était donc ça, sa réponse.

Lentement, je retournais mon visage en direction de la porte. Un sourire innocent, débordant de joie, se profila sur la commissure de mes lèvres, et je baissais les yeux vers le sol, le cœur soudainement plus léger, comme si l’atmosphère elle-même venait de me soustraire de son poids terrible. Mon esprit ne raisonnait plus, mais il était heureux d’entendre cette nouvelle. C’était comme si on venait de m’appeler, que l’on m’offrait le pardon avant de me retirer la corde rugueuse qui s’était frottée à mon cou. Et même si l'on me repoussait, loin, très loin, je m'éloignais de l'échafaud; je respirais enfin. Mes doigts se mirent à trembler, mon cœur à s’emballer, gonflé de nouveau par l’espoir et la reconnaissance.

Je n’avais que des mots à lui offrir pour l’instant et les actes, je ne pourrais les lui prouver qu’au cas échéant, car rien n’était perdu finalement. Je pouvais encore l'aider. Je pouvais encore lui être utile, de quel que manière qu'il soit.

« D’accord… » Dis-je d’une voix faible, ouvrant, définitivement, la porte de sa chambre, allongeant un pas à l’extérieur de celle-ci avant de m’arrêter quelques secondes.

Je posais mon regard une dernière fois sur la fine silhouette d’Araya, la scrutant avec attention par-dessus mon épaule. Cette jeune fille m’était précieuse. Je n'avais qu'à me plonger dans ses iris glacés pour m'y laisser flotter, comme un navire. Et je désirais la sortir des eaux turbines dans lesquelles elle se noyait. Je l’avais perdu une première fois, et je ne désirais pas la voir sombrer dans ces cauchemars sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Ce serait insupportable, trop pour ce que je ressentais pour elle. L’espoir fleurissant, la confiance renaissant, plus rien ne me semblait désormais impossible pour elle. Je lui tendrais la main autant de fois qu'il le faudrait, je ne désespérerais guère; je serais toujours là pour la sortir de sa solitude et des ténèbres qui l'entraînaient vers le bas; je serais là, et je ne faillirais pas.

« J’irai selon tes désirs, Araya… »

Et, légèrement, la porte se referma, sans un bruit, sans un son.


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