Le soleil battait son plein lorsque je parvenais enfin aux abords du berceau cristallin. Cela faisait désormais plusieurs jours que je me baladais, voyageant de village en village à la recherche de nouvelles choses à découvrir. Voilà plusieurs semaines que j'avais quitté la tranquillité des fonds marins afin d'assouvir ma curiosité à l'égard des différentes cultures peuplant ce monde. Il m'avait été donné de rencontré pleins de gens formidables, des gens qui m'avaient accueillis sous leur toit comme un membre de leur famille, alors que je n'étais qu'une étrangère pour eux. Le monde des bipèdes était exactement comme je me le représentais à travers mes yeux d'enfants. Il y a tant de choses à apprendre sur la terre ferme que j'ignorais encore. Toutes mes rencontres et aventures se transformaient en souvenirs gravés dans ma mémoire, aussi bien que dans mon carnet de voyage : Je ne voulais en perdre une miette. La prochaine étape de mon voyage m'entrainait vers le lac d'Aeden. Pressée de voir de mes propres yeux la beauté tant connue de ce lac, je pénétrais rapidement dans la ville la plus proche. Nerveuse, j'observais les bâtiments dans leur grandeur, le regard rivé vers le ciel. Réalisant subitement que je ne regardais pas où je posais mes pieds, je parviens à fixer les dalles aux sol sans pour une fois avoir été contrainte de m'effondrer pour m'en préoccuper. La journée s'annonçait bien !

A quelques pas de l'entrée dans le berceau cristallin, je rencontrais un individus qui semblait habiter dans le coin. Ni une ni deux, je lui emboite le pas, espérant le rattraper avant qu'il réintègre son domicile.

" Excusez-moi monsieur !" m'écriais-je en sautillant derrière lui.

Le principal concerné se retourna, intrigué par un tel appel dans une rue qui paraissait peu fréquentée. Lorsque son regard se posa sur mon visage, j'accentuais mon sourire afin de le mettre en confiance, et lui paraitre aimable. Il me retourna rapidement mon sourire en s'arrêtant devant moi. Il était grand, avait de beaux yeux noisettes et une longue tignasse bouclée qui cascadait le long de ses épaules. Instantanément sous le charme, je sentais mon sourire s'étirer naïvement sur mon visage. Me ressaisissant, je portais ma main à mes cheveux, tentant de rassembler mes esprits et regagner un peu de sérieux.

"Excusez- moi, je suis à la recherche d'un portail menant à Aeden s'il vous plait" articulais-je doucement, ne sachant pas s'il m'était vraiment permis d'en discuter alors que je n'appartenais pas à la race des Ementals. Le bel homme, toujours souriant, m'indiqua la route la plus courte, et me proposa gentiment de m'y accompagner.

"Je vous remercie !" bredouillais-je étonnée par un tel geste. "Je m'appelle Arwen, et vous ?"

"Ethan. Enchanté Arwen. Dites-moi, pourquoi souhaitez- vous vous rendre à Aeden ?"

Sur ces paroles, il pris le premier sentier à gauche. Le suivant à son rythme, j'en profitais moi aussi pour en apprendre davantage sur cette ville.

"Il parait qu'il y a un magnifique lac qui mérite le détour" commençais-je le plus naturellement du monde. Je sortais alors ma carte pour lui montrer l'emplacement sur lequel il se situait. "Vous voyez, il est ici".

Riant à gorge déployée, le jeune homme me décrit de façon très exacte tout ce qui se situait sur ma carte, alors que c'était moi qui avait indiqué les emplacements des lieux.

"Voyez, chère Arwen, je connais bien cette ville".

"Vous êtes un Emmental ?" demandais-je piquée à vif. Il hocha la tête en signe d'acquiescement. "J'ai entendu dire que la seule façon de gagner l'île était de passer par un de ces portails. Pensez-vous que je parviendrai à faire le trajet ?"

"Si vous n'éprouvez aucune animosité envers les miens, vous passerez sans aucune difficulté" souriait-il.

Je lui rendais son sourire. Je n'avais en effet aucun problème avec ces gens, alors surement que je parviendrai à atteindre l'ile. Ravie par cette idée, je serrais ma carte contre ma poitrine pendant le reste du trajet, souriant toujours un peu naïvement.

"Vous y voilà" dit l'émental en s'arrêtant devant une structure grisâtre n'ayant à priori pas l'air de quelque chose de magique. "Présentez vous devant le portail et dites le nom de l'île. Vous verrez qu'en quelques secondes vous y serez. Et n'ayez crainte, le voyage est doux".

Je le remerciais sincèrement et je m'avançais d'un pas sur vers le portail. Je me retournais une dernière fois vers l'homme, qui me faisait un geste de la main en signe d'encouragement. Une fois présentée devant le portail, rien ne se passa. Puis, fermant les yeux afin de ne pas laisser ma crainte m'emporter, je prononçais le nom de l'île :

"Aeden".

J'ouvrais les yeux instentanément après avoir prononcé ce mot, puis je découvris un paysage tout nouveau. Je me retournais presque par réflexe afin de signifier à l'homme qui m'avait conduit jusque là que j'avais réussi, mais bien évidemment il n'était plus là. Ou plutôt, je n'étais plus "là".
Le temps était aussi clément qu'au berceau cristallin. Une légère brise fondait sur mon visage, laissant ma tresse rousse danser dans mon dos. Je calais une mèche derrière mon oreille puis je me décidais à avancer hors du portail. Il n'y avais pas de sentier là où j'étais arrivée, que de l'herbe verdoyande et qui avait l'air très confortable. Moi qui avait toujours aimé la nature, j'enlevais mes chaussures, les plaçait soigneusement dans mon sac, puis je me metais en route pieds nus dans l'herbe. Quelle joie que de se sentir presque  un avec la nature, cela me rappelait mon état d'ondine, lorsque je ne faisais qu'un avec mon élément.

En contrebas, je voyais déjà le lac en question. Il était si grand ... Heureuse de pouvoir camper ici ce soir, je me décidais à aller y faire trempette avant d'installer le camp. Le lac était tellement grand que je n'avais pas réalisé qu'il était si loin. Le soleil commençait légèrement à décliner, il devait être aux alentours de quinze heure lorsque je me trouvais à proximité de l'eau. Il m'avait bien fallu trois heures entre le portail et le lac tout de même. L'eau brillait,comme si de petites paillettes se trouvaient à sa surface. Cette vue à elle seule valait largement le temps de trajet. Je m'asseyais dans un coin où personne ne pourrait venir m'embêter, puis je trempais mes pieds un peu salis par la terre dans le liquide.
J'allongeais mon corps sur l'herbe, la tête sur mon sac décidée à attendre que le soleil soit encore plus bas avant d'installer mon camps. Cependant, je ne tarderais pas trop, ma peur du noir ne me quittait jamais bien longtemps.

Peu m'importait ce qui se jouait autour de moi. J'entendais bien quelqu'un approcher, mais je ne bougeais pas d'un cil, je me sentais si paisible, c'était à se demander s'il n'y avait pas quelque chose de magique dans ce lieu.

Puis le temps n'eut plus d'emprise sur moi, je m'endormis sans m'en apperçevoir.

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Découvrir le monde était décidément quelque chose de sensationnel, j'avais l'impression de le voir avec des yeux d'enfant ébahi à chaque nouvelle trouvaille. Pourtant il y avait une autre raison à mes voyages, j'espérais toujours en mon fort intérieur découvrir quelque chose sur mon passé mais rien au point que j'en venais à croire que je venais peut-être d'un autre monde. J'avançais sans penser à rien aidé de mon bâton de marche, ce bâton dans lequel j'étais resté enfermé assez longtemps pour que mon passé disparaisse dans l'oublis. Je poussa un soupir en y repensant, je détestais cet objet mais sentais bien qu'il était crucial à ma survie et que je ne devais jamais m'en séparer. Enfin, on verra ça plus tard me disais-je en arrivant à ma nouvelle destination: le berceau cristallin. Pourquoi cet endroit? Aucune raison particulière, un homme m'en avait parlé autour d'un verre et j'avais décidé de m'y rendre par moi même pour confirmer ses dires comme quoi c'était un lieu magnifique. Je fus tout d'abord très étonné par le changement brutal de climat, alors que tout le reste du continent était...normal je dirais, le paysage sous mes yeux était recouvert de neige. Je savais ce qu'était la neige et ce sans même en avoir vu depuis ma libération, c'était bien un signe, je m'agenouilla un instant et en pris une poignée mais alors que j'aurais dus ressentir un froid intense dans ma main ce ne fut qu'un léger picotement. Mes sens étaient encore affaiblis...

Je marchais tranquillement quand j'aperçue  non loin de moi une étrange lumière sans doute magique. Je me dis alors que c'était peut-être enfin l'occasion de découvrir quelque chose d'intéressant car depuis mon arrivée au bassin il ne s'était rien passé, c'était joli certes mais quel ennuis. En me rapprochant de ce que je pensais être l'origine de cette lumière je finis par croiser la route d'un homme mystérieux, il ne daigna même pas me regarder quand il passa à côté de moi. Je l'agrippa par l'épaule et lui fit face "Eh, c'était quoi ça?" Le jeune homme parut très surprit, autant par mes manières que par ma question, il était assez grand presque de ma taille et de longs cheveux. Je lui lâcha l'épaule et pointa du doigt le lieu d'où il venait "Il y a bien eu une lumière par là-bas? Tu as dus voir de ce dont il s'agissait non?" Il sembla d'abord hésitant mais finit par répondre à mes interrogations "Par là-bas c'est le portail menant à Aeden. Cette lumière que vous avez vu est due à son activation." Je ne comprenais pas trop ce dont il parlait et ça devait se lire  sur mon visage car il ne put retenir un léger sourire, je m'attendais presque à ce qu'il se mette à rire "Vous ne connaissez pas les portails c'est ça? Ce sont les uniques moyens de voyager jusqu'à Aeden. Et au cas où vous l'ignoriez aussi Aeden est tout simplement l'une des plus grandes îles élémentales."

Je souris bêtement en entendant ces mots, une île signifiait pour moi de l'action, milles choses à faire, des gens à qui parler et pleins d'autres choses géniales. Je le remercia pour l'information avant de me remettre en route, il m'interpella cependant "Du coup vous ne savez comment activer les portails. Ce n'est pas très loin je vais vous accompagner." Il passa devant et nous nous mîmes en route de ce fameux portail. Le trajet ne fut pas très long, manifestement je n'étais vraiment pas loin. Le portail était devant nous, mais il n'avait pas du tout l'apparence que je me faisais de la chose. Je regardais en direction de mon guide le regard interrogatif "Maintenant vous n'avez qu'à vous placer ici et à prononcer le nom de l'île et vous y serez transporté par magie enfin si vous ne voulez aucun mal au peuple élémental." Je réfléchis quelques instants, cherchant si j'avais pu faire quoi que ce soit à un membre de  cette race mais rien "Bon...d'accord. Je me met ici et je dis Aeden c'est...ça...?" Sans m'en rendre compte je venais d'activer le portail et me retrouvais par conséquent directement dans la ville. Je ne m'attendais pas du tout à quelque chose d'aussi simple et rapide. Je me retournais afin de remercier mon guide mais il avait disparu, enfin c'était plutôt moi qui avait bougé mais bref. Aeden était très jolie mais encore une fois ce n'était pas vraiment le genre de lieux que je préférais, c'était juste un nouveau paysage...

Il me fallait de l'action, de l'agitation dans l'air pour me contenter et bien que je savais apprécier ce que la nature avait à offrir j'était plutôt un homme des villes. Au loin je distinguais un immense lac et, pour une raison qui m'échappe, je décidais de m'y rendre, il était certes loin mais heureusement la fatigue n'avait pas énormément d'emprise sur moi. Je ne sais pas combien de temps je mis pour atteindre le lieu mais le soleil commençais à se coucher. Je regardais les alentours mais personne à l'horizon...personne hormis une femme au loin, je ne la voyais pas encore correctement mais je décidais d'aller à sa rencontre. La bougresse s'était installé dans un coin difficile d'accès mais c'était sans compter sur mon obstination, quand j'ai décidé quelque chose il est difficile de me faire abandonner et après plusieurs essais je finis par atteindre mon but. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je reconnu le visage endormi en face de moi il s'agissait d'Arwen, c'était incroyable, décidément le hasard fait bien les choses. Non, ça ne pouvait pas juste être le hasard, ce lieu était si écarté de tout que les chances de nous retrouver ici "par hasard" était nulles. Puis la réponse me vint tout naturellement, le lien du rêve qui me liait à elle devait avoir guidé mes pas, c'était la solution la plus plausible après tout ce pouvoir était encore bien mystérieux pour moi.

Je me demandais quelle allait être sa réaction en me voyant, allait-elle avoir peur? ou allait-elle être toute heureuse de me revoir? Pour le moment elle dormait et je me contentais de l'observer...encore et encore...et encore...la nuit commençait à tomber et moi à perdre patience, certes elle était très belle mais je m'énervais de ne pas la voir ouvrir les yeux alors je décidais de la forcer un peu. Je lui tapotais légèrement le bout du nez et dès qu'elle ouvrit les yeux je lui lança un "Coucou Arwen, comment tu vas?" Et je crois bien que ce fut une très mauvaise décision car sa réaction, surement de la surprise, me fit basculer en arrière et tomber à l'eau.

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Brutalement rappelée à la réalité par l'appel de mon prénom, je me redressais sauvagement, arme au poing. Personne ne savait que je me trouvais en ce lieu, j'étais partie sur un coup de tête, attrapant mon sac déjà prêt et m'empressant de griffonner un petit mot pour que ni mon père ni Crapule ne s'inquiètent pour moi.
Une fois sur mes deux pieds, j'entendis un bruit de chute dans l'eau. Je me tournais et me retournais, mais je ne voyais personne autour de moi pouvant m'avoir appelé. Très rapidement, je comprend que l'individu ayant prononcé mon nom se trouve désormais dans le lac, et malgré la dizaine de secondes écoulées depuis le bruit de la chute, il ne réapparaissait pas. Ecoutant mon bon sens, je retirais mon haut et mon pantalon, les plaçant soigneusement sous une pierre pour éviter tout risque de vol puis je me glissais habilement dans mon élément.

J'ouvrais les yeux le plus grand possible pour trouver le corps qui devait forcément se trouver sous l'eau. Mes deux jambes avaient disparues pour laisser place à ma longue queue d'ondine, richement pourvues d'épines à ses extrémités, me donnant un air redoutable. A mesure que je descendais, l'eau devenait plus opaque et ma recherche plus difficile. Je tentais de me concentrer sur les mouvements possibles de la personne, mais je ne voyais vraiment rien. Découragée, je décidais de remonter me sécher, sûre qu'il avait du se noyer.
Réintégrant la terre ferme, je troquais à nouveau ma queue contre mes deux jambes diaphanes, puis je m'empressais de me vêtir dans le cas où quelqu'un passerait par là. Une fois debout, j'apperçu quelqu'un de dos, portant un long manteau arlequin trempé. Mon coeur ne fit qu'un bond, il ne pouvait s'agir que de Sheos ! Déjà parce que je n'avais jamais vu quelqu'un avec un look aussi unique, mais en plus parce qu'il était potentiellement la seule personne ici à connaitre mon identité. Heureuse comme pas deux, je décidais d'arriver derrière lui et de lui sauter dessus pour le surprendre. Tel un félin, je m'agripais à ses épaules qui me tournaient le dos, enlaçant mes jambes autour de sa taille. Je portais mes mains à des yeux, afin de lui faire dire de qu'il s'agissait. Puis je réalisais honteusement qu'il savait pertinemment que c'était moi... Puisqu'il m'avait appelé.

"J'allais te demander "Qui c'est?!" mais c'est complètement idiot, c'est toi qui m'a appelé !" m'écriais-je ravie, en regagnant appuis sur le sol. "Sheos, je suis contente de te voir ! Comment se fait-il que tu sois ici ?"

Nous avions quelques petites choses à régler lui et moi. Nous avions partagé une soirée mouvementé à l'auberge quelques temps plus tôt, et je lui avais dès lors promis de lui confier mon secrêt. De même, apparemment, il en avait aussi un à confesser. Ma curiosité l'emportait souvent sur ma raison, et cette fois-ci ne faisait pas exception.

"Tu m'avais parlé d'un voeu que tu avais réalisé" commençais-je sans savoir concrètement comment formuler ma pensée tant je n'avais pas compris le sens de ses propos.

Je lui proposais de s'assoir près de moi, les pieds dans l'eau, exactement au même endroit où j'étais allongée et manifestement endormie lorsqu'il m'avait surprise.
Je l'écoutais me répondre, quand soudain l'eau du lac se gèla. Interloquée par un tel évènement illogique aux vues de la chaleur du lieu, je regardais mon ami afin d'en comprendre davantage. Seulement, son visage semblait tout aussi étonné que le mien. Je me redressais sur mes genoux, puis je frappais la glace de mon poing. Cette dernière était trop solide pour être brisée. N'ayant aucune crainte de me faire aspirer par le fond, dans le cas où un bloc se détacherait, je me levais et commençais à sauter sur l'épaisse couche rigide, mais sans succès : Je n'entendis pas le moindre bruit de craquellement. Je portais à nouveau mon regard sur Sheos, arquant un sourcil.

"Tu y comprends quelque chose toi?"

Puis je regardais autour de nous : Il n'y avait pas âme qui vive. Connaissant un peu mon ami, je me doutais qu'il allait vouloir me rejoindre sur la glace, seulement je craignais qu'elle ne finisse par céder sous nos poids et qu'elle se referme sur son corps, le laissant dans l'impossibilité de remonter. Dans mon cas ce n'était pas dangereux : Je prendrais ma forme originelle et tout se passerait bien, mais lui ne pourrait pas respirer et quelques minutes peuvent être fatales.

"Non sans déconner, tu devrais reculer" mis-je en garde mon ami haut en couleur. "Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose".

Têtu comme une mule, il me rejoint malgré tout. Je lui attrapais la main dans l'espoir de le retenir en cas de chute, mais il ne fallait pas se leurrer : Vu mon poids, je chuterai plutôt avec lui qu'autre chose. Qu'à cela ne tienne, au moins j'aurais ma conscience un peu plus tranquille.
Lorsque je fus assurée que la solidité de la glace encaissait tranquillement la corpulence de Sheos, je tournais mon regard vers le fond du lac. Il était vraiment entièrement recouvert. J'avançais vers le milieu afin de tester la solidité de la glace, accompagnée par mon têtu ami.

"Laisse moi au moins ouvrir la marche, tu sais l'eau et la glace ça me connait" confiais-je sans trop m'étaler sur les sous entendus impliqués.

Au milieu du lac, quelque chose ressortait légèrement de l'aspect lisse de la matière sur laquelle nous marchions. A nouveau emportée par ma curiosité, je progressais avec confiance jusqu'à l'objet en question. Une fois arrivée aux pieds de celle-ci, je réalisais avec stupéfaction qu'il s'agissait d'une stèle recouverte d'une fine pellicule de gel. Je frottais énergiquement dessus afin de décrypter les symboles présents en dessous. Il s'agissait d'une écriture que je reconnaissais bien. Instinctivement, je la lu à haute voix, partageant ma surprise avec Sheos.

"Dans l'abysse se trouve un objet bien gardé par des sirènes dangereuses! Car à vous elles voudront vous tuer pour protéger ce trésor sacré. Si vous voulez chercher cet objet, dites accepter la mission et vous recevrez le don de respirer sous l'eau pendant quelques minutes jusqu'à que vous trouverez une grotte"

"Qu'est ce que c'est encore que cette histoire ?" grondais-je entre mes dents. "A chaque fois que je me rend quelque part, il y a toujours un imprévu... C'est à se demander si je n'attire pas les ennuis !".

Je regardais mon amis, attendant qu'il me dise quelque chose, n'importe quoi, à propos de cette stèle. Peut être que lui savait quelque chose que j'ignorais ?

" Alors, rien ?" insistais-je en ébauchant un sourire, je ne voulais pas qu'il me prenne pour une sauvage tout de même. "J'imagine que tu vas vouloir découvrir ce fameux trésor.

Je le fixais désormais, attendant qu'il termine de réfléchir à la situation.

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En un instant je venais de me retrouver immergé dans l'eau du lac. Je restais sans bouger, réfléchissant à la raison de ce geste de la part d'Arwen, je n'avais pourtant rien fait de mal pour me faire rejeter comme ça. Mais de l'eau commença à s'infiltrer par ma bouche me tirant de ma réflexion et heureusement car sans m'en rendre compte j'étais en train de me noyer! Je me dépêcha de remonter à la surface et sortis rapidement de l'eau. J'avais vraiment l'impression que j'allais recracher mes poumons d'un moment à l'autre tant j'avais bu la tasse. Après quelques secondes de répit je pus de nouveau respirer correctement et j'observa autour de moi mais aucune trace de mon amie. Je sentis un poids s'appuyer sur mes épaules et deux mains venir recouvrir mes yeux, je savais que c'était elle mais je décidais de jouer le jeu. Malheureusement Arwen descendit et au lieu de poser la fameuse question que j'attendais elle me demanda tout simplement ce que je faisais ici. Je lui souris "Moi aussi je suis vraiment content de te voir. A vrai dire, je me promenais juste dans les environs et mes pas ont finis par me conduire jusqu'à ce grand lac. J'aimerais croire que c'est le destin qui nous réunit à nouveau mais ça serait un peu gros."

Je ne croyais pas vraiment au hasard ou au destin, nos retrouvailles étaient forcément dues à autre chose et je penchais sur le lien établit entre nous dans la grotte où nous avions affronté ce foutu Bélua avec Nissa et Shawn. Elle me parla d'ailleurs de ce fameux vœux que j'avais exaucé pour soigner mes blessures lors du combat, chose promise chose je décidais de lui donner quelques informations mais en gardant certaines pour plus tard. Je m'installais à ses côtés au bord de l'eau et commençais à lui répondre "Alors par où commencer? Lorsque nous étions dans la grotte et que tu m'as dis que j'irais bientôt mieux, j'ai utilisé tes mots pour aller mieux comme tu l'avais demandé mais mes pouvoirs étant encore très limités je n'ai pus soigner que les blessures les plus graves. Par contre il y a autre chose..." Je m'apprêtais à lui parler du lien quand je vis du coin de l'œil que l'eau du lac se gelait rapidement et avant même que je ne tourne la tête il n'y avait plus qu'une immense étendue de glace devant nous. Je regardais mon amie tester la solidité de la glace, mais finis par perdre patience et alors qu'elle me demandais de reculer je m'aventura à mon tour sur la glace.

"On ne saura pas si c'est dangereux pour moi si je n'essai pas non? Quoi que j'aurais l'air bête si elle décidait de se fendre sous mes pieds haha." Je sautillais sur la glace pour vérifier si elle pouvait supporter mon poids, pas très conscient du danger mais heureusement elle était bien assez solide. Arwen me demanda de rester derrière elle, si ça pouvait la rassurer. On se rendit donc tous les deux jusqu'au centre du lac car quelque chose de curieux dépassait de la glace. Une fois plus près je vis qu'il s'agissait d'un gros caillou avec des dessins bizarres. Alors que mon amie essayait de déchiffrer quelque chose, je m'amusais à glisser sur la glace tournoyant sur moi même, sautant, manquant de tomber à plusieurs reprises "Tu as trouvé quelque chose Arwen?" demandais-je en revenant vers elle juste au moment ou elle déchiffrait la mystérieuse écriture. Je la regarda avec un grand sourire "Tu as de la chance plutôt. Ce sont les imprévus qui font tout le sel des voyages, sans eux je trouve que la vie serait vraiment ennuyeuse." Elle me demanda si j'allais partir à la recherche du trésor, en guise de réponse je me mis à rire aux éclats. Mon expression redevint sérieuse d'un seul coup et je pris Arwen par la main "Mission acceptée."

J'entendis un craquement dessous mes pieds et je compris de suite ce qui allait se passer, je regarda Arwen et lui souris "J'espère que l'eau et la glace ça te connait vraiment" A peine avais-je terminé ma phrase que la glace céda sous nos pieds et nous nous retrouvâmes tous les deux sous l'eau. Pour couronner le tout la glace se referma aussitôt au dessus de nos tête. Comme la stèle l'avait dit j'étais effectivement capable de respirer, je fis quelques mouvements tournoyant dans tous les sens avant de reposer mes yeux sur mon ami et je ne fus qu'à moitié surpris quand je la vis. Le haut de son corps était resté le même mais ses jambes s'étaient transformées en une longe queue de poisson. J'avais donc raison depuis notre rencontre au bar, Arwen et Nissa étaient bel et bien deux sirènes. J’eus envie de dire quelque chose mais aucun son ne sortis de ma bouche, je pouvais respirer et c'était déjà pas mal. Puis les mots écrits sur la pierre me revinrent, le temps m'était compté. Je repris la main d'Arwen et nous nous mirent à nager. Je n'étais certes pas un grand nageur mais à elle seule mon amie arrivait à nous entrainer loin dans les profondeurs.

Après quelques minutes nous trouvâmes l'entrée de ce qui semblait être une petite grotte. Semblait seulement car je ne saurais dire pendant combien de temps nous avons nagé dans un étroit passage, nous pouvions à peine nous tenir côtes à côtes sans nous cogner aux parois. C'était long, mais long...bon sang la patience n'était décidément pas mon fort. Pour ne rien arranger je n'y voyais presque rien, les seules choses qui me permettaient de me guider étaient ces étranges petites fleurs marines qui émettaient une lumière bleutée. Curieux, j'en toucha une du bout des doigts mais la plante se recroquevilla sur elle même, valait mieux ne plus les toucher si nous ne voulions pas nous retrouver dans le noir total. Après encore un long trajet qui me paru durer une éternité je me sentis soudain étrange, une légère douleur me traversa les poumons et avant que je ne comprenne une petite quantité d'eau s'y infiltra. J'avais envie de tousser mais si je le faisais je risquais de m'étouffer, je serra plus fermement la main d'Arwen et me mis à gesticuler en espérant qu'elle comprenne que le sort de la pierre prenait fin. Il était trop tard pour faire demi-tour, il fallait continuer...

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