Aubéron avait entrepris son voyage depuis maintenant quelques heures. La traversée de la forêt des Murmures lui avait pris une bonne partie de la journée et Sylvag commençait à rechigner à avancer. Le petit tréant était fatigué. Le fäe n’avait pas voulu voler parce qu’il n’aurait pas pu observer toutes les fleurs et autres espèces végétales qu’ils avaient croisés sur le chemin. Le tréant s’arrêta et croisa les bras sur son torse tout en émettant un couinement de désapprobation. Aubéron était excité comme une puce même s’il avait pris le temps de palabrer devant quelques belles fleurs, il avait surtout presque couru tout du long. Se tournant vers son petit compagnon avec un sourire sur les lèvres, il ne dit rien s’abaissant juste et tendit les bras. Sylvag fit mine pendant quelques secondes de ne pas vouloir répondre à l’invitation de son compagnon puis finit par sauter dans les bras du fäe. Il posa le petit être de bois sur son épaule et reprit sa route. Les arbres perdaient de leur hauteur et les troncs se faisaient plus mince. La bordure de la forêt des Murmures serait bientôt là. A chacun de ses pas l’excitation augmentait d’un cran si bien qu’Aubéron accéléra et puis se mit à courir de plus belle. Esquivant les branches les plus basses avec habitude, sa course prit de la vitesse et bientôt il dépassait les derniers arbres qui marquaient la frontière de la forêt. Débouchant sur une plaine en pente peuplée de quelques arbustes il sauta de joie et cria victoire. Le dernier lys qu’il avait croisé lui avait indiqué qu’une bâtisse était un peu plus loin au pied de la plaine. Sans plus attendre il dévala la plaine et vu bientôt la dite bâtisse. C’était un genre de maison qui payait pas de mine, elle était grande à ses yeux, encastrée dans la roche. Ce qu’il remarqua tout de suite était la façon dont avait été construit le bâtiment. Respectant la roche, celle-ci avait été simplement creusée et plusieurs amas de ronces faisait office de toi. S’émerveillant il fit le tour du bâtiment sautillant sur place. Les ronces signifièrent qu’elles étaient bien entretenues et choyées protégeant ainsi les personnes qui se réfugiaient sous leur couvert. Aubéron pensa aussitôt que la personne qui s’en occupait était quelqu’un de bien. Une large porte en bois faisait office d’entrée. Cela dit le fäe passa plusieurs minutes à juger la porte qui était à quelques mètres de lui. J’entre ? Je n’entre pas ? Oui j’entre…En fait non.  Cela dura un moment. Sylvag leva ses petits yeux au ciel connaissant bien le fäe. Une musique entrainante et quelques éclats de voix parvenaient jusqu’à lui. Alors qu’il allait entrer la musique s’arrêta et il y eu des bruits étranges. Sa bouche forma un o de surprise. Poussé par sa curiosité il poussa enfin les battants en bois et entra. L’ambiance était tendue, deux hommes se tenait au milieu et se jugeait avec agressivité. La plupart des gens présents avait une peau à la couleur d’ébène et des cheveux blancs. C’était incroyable. Aubéron insouciant et ne sachant pas vraiment ce qui se passait passa au milieu des deux hommes sans leur jeter un regard. Il commença à regarder à droite, à gauche et un peu partout en appuyant ses mouvements par des « oh » « ah » « wouah » à chaque fois qu’il observait quelque chose. Le bar en bois très joli ornementé par quelques fleurs. Les étagères multiples sur lesquelles reposaient bien des alcools et d’autres bouteilles à l’allure étrange. Tous ces êtres grands et nouveaux. C’était incroyable. Sautillant sur place il observait tout le monde et personne à la fois. Toute l’assemblée le fixait avec une profonde surprise. Non seulement il était différent mais plus de ça il semblait complétement hors du paysage. Il jugea le contenu des verres disposés ici et là. Etrangement sa présence fit baisser la tension dans l’atmosphère. Sylvag légèrement nerveux s’agitait sur l’épaule d’Aubéron. Certains fixait la petite créature avec curiosité ou surprise. S’arrêtant devant le bar, le fäe se penchant un peu et du presque monter sur celui-ci pour attraper une bouteille. Le tenancier un Alfar bedonnant mais musclé à la grande barbe blanche fit mine de protester mais remarqua la petite pierre rouge qui brillait sur le bois du comptoir alors que le fäe se redressait. Personne ne pipait mot. La scène était tellement surréaliste que tout le monde était sous le coup de la surprise. Avec la bouteille qu’il avait dans les mains qui exaltait un parfum exquis Aubéron commença à remplir quelques verres vides. Posant la bouteille sur une table à proximité, il se dirigea vers l’orchestre juché sur un petit estrade, il fit une légère courbette. « Je vous emprunte ça. » Sa voix grave tonna avec douceur dans l’espace clos. La surprise ne fut que plus grande encore. Sans demander son reste, le fäe saisit le violon et l’archer. « Il est plus agréable t’entendre la musique chantonner de l’extérieur que vos éclats de voix violents. Après tout il semble que ce lieu soit plus propice à la musique qu’autre chose. » Son innocence et son insouciance filtrait dans sa voix. Et la surprise laissa éclater des rires tonitruants. Ce n’était pas vraiment un rire moqueur qui résonnait, c’était un rire de surprise qui était là à cause de l’aspect complétement fou de la scène. Rassuré le fäe se mit à jouer et indiqua aux autres musiciens le tempo. La musique résonna à nouveau sous les éclats de rire de ceux présents. Oui c’était lui tout craché, Aubéron le jeune insouciant…