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 Expédition en péril | Solo

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Jeu 21 Jan 2016, 21:28

Expédition en péril
« Repartir à zéro… »

Je ne pouvais pas rentrer à la maison. Trop de souvenirs s’y rattachaient, trop de douleur s’éveillait. Rien qu’en y pensant, je me sentais suffoqué, comme pris dans un milieu étroit. Asche avait beau argumenter, je ne pouvais pas y retourner. Du moins, pas à l’heure actuelle. Pourtant, rien au monde ne m'interpellait plus que cet endroit, le seul que j’avais véritablement connu dans mes dix-neuf ans de vie. Mais voilà, parce qu’il y avait près d’une décennie de souvenirs à l’intérieur de ces murs, autant de sentiments et d’histoires qui s’étaient gravés dans ses fissures et pourtant, personne avec qui les partager dorénavant, je ne pouvais plus y retourner. La douleur – je la sentais déjà poindre dans mon estomac – serait viscérale. Je devais m’éloigner. Pour un temps seulement. Mais je ne savais jusqu’à quand ce départ se prolongerait. Quelques jours? Deux à trois semaines? Un mois? Une année entière? Je n’en savais rien, mais il fallait néanmoins que je m’éloigne de chez-moi.

Ardwick avait beau avoir péri de ma main, avait beau ne plus exercer d’influence sur ma personne, je le savais toujours à mes côtés, ici, dans un coin de ma tête. Il n’existait plus, il avait disparu, emporté dans la Mort qui s’était abattu, mais je le faisais toujours vivre dans ma mémoire. Pourquoi? Peut-être pour me souvenir de toutes les erreurs que j’avais pu commettre dans ma vie. Peut-être pour me rappeler de tous les maux que j’avais causés autour de moi. Peut-être encore, pour me souvenir que c’était par ma faute que mon père avait connu mort aussi brutale et violente. Si je le faisais pour culpabiliser? Je ne crois pas… C’était surtout pour ne pas oublier; pour ne rien oublier. Mais il y avait de ces choses que je préférais néanmoins éviter à tout prix de réveiller. Que ce soit des actes, des mémoires, des rires comme des pleurs, il y avait de ces choses que l’on préférait toujours éloigné de nous sans pour autant effacer à tout jamais leur existence de nos vies. Ils étaient bien présents avec nous, mais comme le pauvre qui mourrait de faim dans les docks sales du Port, comme le paria que l’on rejetait de tous par sa nature, nous détournions tout simplement les yeux de leur existence.

C’est pourquoi, dans cette intention de recul, nous avions fait route jusqu’à Ciel-Ouvert, à ma demande.


Hakiel en tête, nous avions traversé des plaines et des contrées. Nous avions dormis des jours durant sur la route des voyageurs. Si sortir de la Forêt des Murmures n’avait pas été de tout repos, le reste de notre voyage s’était plutôt bien passé. Quoi que, nous avions bien vu passé quelques Alfars ici et là sur le territoire, mais nous avions tout fait pour éviter de les croiser en chemin – notamment pour Hakiel, qui leur vouait désormais une haine tout à fait fondée. Par la suite, nous avions aussitôt mis le cap vers les montagnes de l’Edelweiss enneigées, passant par les Terres d’Émeraude et les territoires des Orines ou bien des Faes. Pourquoi là-bas précisément? Pourquoi pas autre part, considérant l’étendue de ce vaste continent? C’est parce que j’avais appris, récemment, qu’une maison m’avait été offerte dans cette cité perdue à travers ces montagnes de glace et de neige, suite à ma victoire à la Coupe des Nations de l’année passée. Par un soupçon de curiosité, au début, j’avais pensé y aller pour visiter un peu les lieux de cette cité qui m’était totalement inconnue. Mais avec les derniers événements survenus, je songeais vraiment à y rester pour un long moment. Mes compagnons n’avaient que peu protesté à ce soudain revirement de situation, et même si je pouvais sentir leur profond attachement à la ville des Libérés, ils n’avaient omis aucune contestation de forte voix, ce qui, quelque part, me rassurait énormément. Seul, je ne sais pas si j’aurais encore eu la volonté de poursuivre mon chemin jusqu’à cette fameuse ville des montagnes, mais en leur compagnie, je me sentais pousser des ailes capables de m’élever bien plus haut que je pouvais le croire moi-même. Sans eux, je ne saurais vraiment jusqu’où je me serais rendu aujourd’hui. Sans eux, je n’aurais pu me Libérer de ma propre cécité. Ils étaient mes Libérateurs et sans eux, je n’avancerais peut-être pas sur ces chemins à présent.

La marche fut longue et éreintante, vous en conviendrez. Traverser toutes ces terres et ces contrées ne nous avaient donné que très peu de répit. Pourtant, après quatre jours de marche continue, d’haltes routières brèves et concises, nous vîmes enfin le pied des montagnes se profiler devant nous. Oh! leur sommet était déjà visible depuis presque deux jours, mais dès à présent, nous étions en mesure d’apercevoir les grandes plaines de glaces s’étendre en contrebas, comme un drap que les Aetheri auraient posé sur cette plaine vierge de toute vie végétale. Excité comme une puce, sautillant jusqu’à nous, Hakiel tendit un doigt vers les montagnes de la chaîne et aussitôt, je souris en lui ébouriffant sa tignasse de plumes.

« Oui, nous arrivons bientôt. »

La carte d’Ambroisie dans les mains, je finis par guider notre petit groupe jusqu’à la partie nord de l’Edelweiss enneigé. Ici, disait la carte, se trouvait l’entrée de la cité des Chansons. Mémorisant le chemin que nous devrions prendre, je roulais ensuite le parchemin avant de l’enfoncer dans ma besace magique. Indiquant la direction à mes compagnons, nous accélérâmes le pas dans la plaine de glace, remontant nos cols pour limiter l’entrée du froid dans nos vêtements. Dans ce coin de la contrée, les températures se trouvaient toujours au-dessous de moins dix degrés, obligeant les voyageurs à s’habiller particulièrement chaudement pour les traversées. Cependant, avoir autant de vêtements sur moi m’horripilait. J’avais l’habitude de me promener avec des habits légers et peu encombrants, surtout que, dans l’esprit Orisha, plus léger nous nous vêtissions, mieux nous nous portions. Enfin, si je me sentais étouffer dans ses habits, Hakiel, lui, ne rechignerait pas pour avoir une troisième couche sur le dos. Frottant ses mains entre elles, dans l’espoir de se réchauffer je présume, le gamin échappa un éternuement; je pouvais remarquer son nez devenir légèrement rosé. Je souris, lui prenant la main. Évidemment, je savais que ce geste à lui seul ne pouvait réchauffer le petit garçon, mais c’était déjà un bon départ, compte tenu que nous avions encore une heure au moins de marche à faire à travers la plaine enneigée.

« Sur place, je tâcherai de nous acheter des vêtements plus appropriés pour le voyage. C’est vrai qu’au départ, je n’avais pas vraiment prévu de venir ici… »

Mais le destin changeant constamment, nous devions nous aventurer et affronter les dangers avec le peu de ressources et d’équipement que nous avions sur nous. Mais non sans esquisser un sourire, Hakiel répliqua faiblement, sa bouche entravée par le col du manteau qu’il s’était remonté jusqu’au nez:

« Ajoute du chocolat chaud sur ta liste d’emplettes. Ça ne nous fera pas de mal. »

Asche, en dernière ligne, sourit à cette remarque.

« Alors, je me propose pour payer la tournée! »

Le gamin donna son accord en poussant un grand cri de joie, en levant son poing vers le ciel, mais une nouvelle fois, un frisson le prit et il se crispa, serrant ses vêtements autour de sa taille pour garder le plus de chaleur possible. En le voyant faire, Asche nous rejoignit et proposa quelque chose au gamin, qu’Hakiel ne put refuser tant c’était pratique. Retirant momentanément sa cape, Asche passa le petit Bélua sur son dos, ce dernier s’accrochant fermement aux épaules du géant. Puis, avec mon aide, nous replaçâmes la cape sur Hakiel, rattachant ses bords contre les attaches qui se trouvait sur la veste d’Asche. Ainsi paré, le gamin eut un grand sourire, posant sa tête entre les omoplates de l’Orisha à la tignasse rouge.

« Aaaah! C’est beaucoup mieux comme ça! Mais, ça ne remplace pas un bon chocolat chaud! »

J’éclatais de rire avant de tendre mon bras dans sa direction pour lui envoyer une pichenette sur le front.

« C’est bon, j’ai compris: tu l’auras ton chocolat chaud! »

Et nous poursuivîmes ainsi notre route.
Le combat fut acharné contre l’environnement hostile des lieux. Entre les bourrasques glacées qui séchaient nos yeux, qui gelaient nos faces; entre les dunes de neige dans lesquelles nous risquions à tout moment de tomber; entre les animaux sauvages qui vivaient dans ces contrées mais qui, par chance, ne s’étaient pas montrés aujourd’hui, nous avions beaucoup à faire pour ne pas finir complètement frigorifiés et ensevelis. L’énergie que nous déployions pour chaque pas était conséquente, tant que bien vite, nos corps se mirent à réchauffer, à transpirer malgré le froid. Il nous fallait rapidement trouver cette entrée. Et par chance, nous la vîmes seulement quelques minutes après.

« Les amis, regardez! »

Asche et moi levâmes nos visages en direction du flanc de la montagne, apercevant, effectivement, un mur de métal à l’intérieur même de la montagne. Nous fixâmes l’apparition d’un œil troublé. Plus nous nous rapprochions et plus les détails ressortaient avec netteté dans le froid et la glace, et plus nous assimilions la véritable forme de cette entrée. C’était une muraille complètement gelée. La nature ayant repris ses droits sur l’Homme, elle avait complètement ensevelie le bâtiment, ce qui donnait l’impression que la muraille était une sorte d’extension à la montagne. Malgré les pics de glace menaçants, figés dans le froid nordique de la contrée, il en ressortait une beauté sauvage et froide qui nous était plutôt rare d’apercevoir, quoi que, le paysage offrait beaucoup de son aide dans cette impression, puisqu’elle rehaussait la couleur, la beauté, de ce grand monument oublié.

Et dans nos cœurs, la chaleur du soulagement ne put qu’embellir la vision que nous avions de cette muraille.

Large comme trois hommes du gabarit d’Asche, l’entrée était néanmoins assez étroite. M’étant attendu à voir quelque chose d’un peu plus grand, d’un peu plus vaste, j’avais hésité à entrer dans le long tunnel sombre, ma claustrophobie s’imposant soudainement à ma volonté. Cependant, les encouragements d’Hakiel eurent tôt fait de me forcer à avancer au cœur du tunnel. Un peu plus loin, nous pouvions entendre des bruits, des pas, des voix, comme si un groupe s’était faufilé dans le couloir juste avant nous. Observant le long couloir, je fus fasciné par les pierres de glace qui reflétaient la lumière de l’extérieur, à chacune des extrémités du tunnel. Mélange de vert, de bleu et même de rouge violacé, les reflets s’étendaient ici et là à travers le tunnel plongé dans la pénombre. C’était charmant. Même que, lorsqu’on y regardait bien, nous étions en mesure de voir des écritures, gravées à même dans la pierre de l’édifice. Des écritures sûrement laissées par d’autres avant nous, par des voyageurs en quête d’aventures, par des artistes en quête d’inspiration, par des gens, comme moi et mes compagnons, en quête d’un peu de solitude et de renouveau. Je souris, m’arrêtant devant l’un des messages. Constatant que je venais de ralentir mon pas, Asche rebroussa chemin pour me rejoindre.

« Le gamin est complètement gelé. Tu liras ça plus tard. »

Je ne bougeais pas durant quelques secondes avant de secouer la tête et de suivre les ordres du géant. La sortie du tunnel grandissait au fur et à mesure que nous nous en approchions. Des voix indistinctes se répercutaient contre les parois du couloir et des voix, lointaines et chantantes, nous parvenaient même jusqu’ici.

« On n’appelle pas Ciel-Ouvert la cité des Chansons pour rien. »

Et un point pour Hakiel! Nous débouchâmes alors sur un petit sentier, la lumière de l’extérieur nous aveuglant brièvement, le temps que nos pupilles s’habituent à la clarté. Le vent soulevait de la poudre de neige, cette dernière virevoltant d’une façon tout à fait magique. Je souris, regardant les alentours avec attention. Non loin de notre position, je notais un poste à ma droite, où quelques hommes armés déambulaient en chantonnant. Même les habitants, il faut croire, vivaient au rythme des chansons. C’était assez loufoque dans son genre.

« Suivons ce chemin. Je pense que la Cité se trouve par-là bas. »

Je tendis l’oreille, alerte au moindre bruit, au moindre son, et sans mal, je parvins à distinguer des chants qui se faisaient emportés par le vent. Mon sourire s’agrandit alors que je me tournais vers mes compagnons.

Ciel-Ouvert, nous voilà.


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Miles Köerta
Jeu 21 Jan 2016, 21:32

Expédition en péril
« Repartir à zéro… »

« Content de ton chocolat chaud? Demandais-je au jeune Bélua, ce dernier soufflant au-dessus de son verre pour refroidir légèrement la boisson chaude et sucrée.

- Oh oui! En plus, il sent super bon et il y a des guimauves qui flottent à la surface! Tiens, r’garde! » S’extasia Hakiel en me montrant fièrement son verre et j’écarquillais les yeux, feignant l’étonnement devant une si grande générosité de la part du commerçant.

Après quelques minutes à fouiner les alentours, nous étions parvenus à atteindre le Sous-quartier, ou, comme ils l’appelaient ici, le quartier Aria. Par ici, les chansons se faisaient un peu plus rares, mais les voix qui prenaient leur origine dans le Haut-quartier glissaient jusqu’en bas, échos doux et joviaux qui amenaient tout de même ambiance de convivialité dans ce petit secteur de la cité. Au moins, ici, nous étions parvenus à trouver un commerçant qui vendait des manteaux de fourrures ainsi que des gants et de petits bonnets tricotés. Nous avions trouvé notre bonheur et de la chaleur et, une fois le tout acheté, nous avions fait escale dans le commerce d’un petit chocolatier moustachu, qui, charmé par l’imagination débordante et la bonne humeur contagieuse d’Hakiel, lui avait offert, dans un grand sourire, un verre de chocolat bien chaud. Évidemment, par sympathie, il conclue sa création en y ajoutant un peu de ces guimauves que le jeune Bélua dévorait avec tant d’appétit et de plaisir. Je redressais soudainement la tête quand j’entendis des bruits de pas se diriger dans notre direction. Doucement, je fis volte-face, croisant les iris dissemblables de mon compagnon: Asche revenait de sa collecte d’informations.

« Alors? Tu sais par où on doit aller pour atteindre le Haut-quartier? »

L’Orisha à la tignasse rouge hocha simplement de la tête, pointant une bâtisse à l’allure plus ou moins amicale du doigt. L’un de mes sourcils se redressa, alors que, dans un même mouvement, Hakiel et moi cherchions à trouver un éclat de moquerie qui serait passé dans le regard du géant. Mais il restait inflexible, de marbre, comme à son habitude, et nous comprîmes bien vite qu’il était vraiment sérieux.

« Attends, t’es en train de me dire que nous devons passer par cet endroit sinistre pour nous rendre au quartier Ode?

- Tu comprends vite… Ironisa le géant avant d’ajuster sa nouvelle cape en fourrure.

- Brrr… Ça fait froid dans le dos. Et là, j’parle pas que du vent, hein! »

Pour ce coup, j’étais bien d’accord avec notre jeune ami. L’Orisha nous considéra quelques secondes avant de soupirer et de diriger son doigt dans différentes directions, tout dépendant de là où se trouvait le passage qui pourrait nous mener vers le haut.

« J’ai demandé à une sentinelle et il m’a laissé entendre que nous avions plusieurs choix en fait… Soit nous passons par la prison et son escalier quasiment interminable, soit nous pouvons emprunter une cabine de ce côté-ci, qui nous amènerait directement au quartier Ode, ou bien nous pouvons demander d’être guidé par une Oréade, avec une randonnée en bonus… »

Je me tournais vers Hakiel, le questionnant du regard. Déjà, nous pouvions rayer le passage de la prison de notre liste. Nous aimions bien marcher à pied, parcourir des kilomètres et des kilomètres sans trop nous plaindre, mais nous venions de terminer une longue et pénible marche dans les plaines enneigées de la contrée. Maintenant, Asche nous annonçait qu’il fallait encore marcher et – pire encore – gravir des escaliers que l’on disait interminables? L’expérience pouvait être intéressante, mais pas pour aujourd’hui, malheureusement. Après, la balade avec l’Oréade me plaisait bien, surtout que j’aimerais en connaître un peu plus sur cette fameuse cité, mais pour l’heure, je désirais surtout me reposer. Hakiel, ayant sûrement fait des réflexions plus ou moins similaires, tomba à la même conclusion que moi et, d’une petite voix, annonça sa réponse:

« On pourrait utiliser les cabines pour aujourd’hui? J’suis fatigué. »

Asche me jeta un regard en biais, comme pour connaître ma propre opinion. Mais je finis, tout simplement, par hausser des épaules.

« Le gamin a parlé.

- Ou comment se cacher derrière un gosse… Sourit le géant en roulant des yeux. Alors si ça ne vous embête pas, moi, je veux bien essayer la randonnée avec l’Oréade. Je vous rejoindrais en haut. »

Nous n’objectâmes pas le moins du monde. Après avoir passé la carte d’Ambroisie à Asche – parce qu’il en aurait sûrement plus besoin que nous – nous nous séparâmes après un signe de tête et, marchant à la hauteur d’Hakiel, qui buvait encore son chocolat chaud, je le guidais jusqu’aux cabines. Une fois arrivés sur place, j’entrais à l’intérieur de l’une d’entre elles, aidant Hakiel à embarquer à côté de moi.

« Tu sais comment ça fonctionne cet engin?

- Pas la moindre… » Avouais-je en balayant les alentours du regard, cherchant un mécanisme, des chaînes et des poulies qui nous mèneraient en haut; mais il n’y avait strictement rien.

C’est pourquoi, lorsque la cabine émit les premiers grincements et se mit à longer le flanc de la montagne, sans aucune attache, sans rien d’autre que le vent pour nous porter, Hakiel et moi sursautâmes de surprise, la boisson chaude du gamin faillant se renverser sur le plancher de la nacelle.

« C’est impressionnant… »

Hakiel acquiesça d’un vif hochement de tête, visiblement ravi. Comme ça, au moins, il pouvait terminer tranquillement son chocolat chaud. Mon regard se porta alors vers la fenêtre de mon bord, examinant l’autre côté de la vitre pour voir si j’étais en mesure de repérer Asche dans toute cette neige et cette givre – après tout, une vilaine tache rouge au milieu de ce manteau blanc devait être plus que visible, non? Pourtant, je ne vis absolument rien à l’horizon, excepté des arbres qui poussaient sur les plateaux des montagnes.

« Je me demande par où il va passer pour cette randonné.

- Il va sûrement couper à travers le bois! Je suis sûr qu’il y a plein de choses par là-bas que nous ne connaissons même pas encore. J’ai hâte de pouvoir tout explorer! »

Je jetais un bref regard en direction de mon compagnon avant de me détourner, un sourire se dessinant sur mes traits. Je déposais mon coude sur le bord de la fenêtre, posant mon menton dans le creux de ma main. Je me demandais comment ce petit bonhomme faisait pour continuer de sourire ainsi, et de paraître si heureux malgré toutes les épreuves qu’il avait traversées. Je veux dire, il avait vécu avec des gens qu’ils croyaient être ses parents depuis des années pour qu’on lui annonce, du jour au lendemain, qu’ils en n’avaient jamais été ainsi et que ses vrais parents avaient été obligé de s’en séparer pour éviter qu’ils meurent de la main de la famille maternelle. Pourtant, ses sourires qu’il nous offrait, ses rires qu’il nous communiquait, étaient loin d’être feints. Ils étaient vrais, authentiques et, quelque part, j’enviais beaucoup cette énergie qui le caractérisait. Avant, c’est vrai, il pleurait presque tout le temps et son comportement frisait l’irrespect total et, malgré tout, il s’était relevé de toutes les épreuves, il les avait affronté la tête haute, sans se détourner une seconde, mûrissant de ces expériences que lui seul avait vécu… Et il était devenu ainsi, ce Hakiel que j’adorais tant agacé et tenir dans mes bras, le considérant comme le petit frère que je n’avais jamais eu la chance d’avoir. Bien vite, il avait compris que sa place ne se trouvait pas là où il l’avait toujours cru, mais bien à nos côtés, sur le chemin de l’aventure…

Et si un gamin de neuf ans était parvenu à comprendre cela, à découvrir cela, moi, quand parviendrais-je à trouver ma place? Je ne nourrissais aucune ambition personnelle après mon père, après Ardwick. Tout ce qui m’avait toujours intéressé, c’était l’aventure, l’exploration des diverses contrées de nos Terres. Mais à présent, je me remettais en question, me demandant où je poserais mes pieds dans mon prochain pas, dans mon avenir. Je n’avais pas l’intention de quitter mon peuple, ça, c’était certain, mais d’un autre côté, je ne savais pas quoi lui donner pour contribuer à son développement. Tout était casse-tête et morceaux à assembler dans mon cerveau. Je soupirais, passant ma main dans ma tignasse épaisse et brune. Hakiel, ayant remarqué mon soudain silence, s’était mis à me fixer discrètement, attendant peut-être que je lui parle, que je me confis à lui. J’émis un petit gloussement, captant bien vite son regard.

« Pose-moi tes questions?

- Quelles questions? Dit le jeune Bélua en buvant une nouvelle gorgée de sa boisson, feignant l’incompréhension.

- Ne fais pas l’innocent. Je sais que tu en meurs d’envie. »

Le gamin me scruta de ses grands yeux ambrés, cherchant quelque chose dans mon regard, mais je ne savais pas quoi exactement. Cependant, comme s’il avait perçu mon accord dans mes yeux, il prit une grande inspiration avant de se lancer, comme s’il s’apprêtait à faire un plongeon:

« Dis-moi ce qui s’est passé avec Ardwick. »

Je me figeais instantanément sur place, observant le petit dans les yeux. Il eut un sourire, reportant son attention sur son verre de chocolat chaud.

« Bon, en même temps, c’est pas comme si j’m’étais pas attendu à ce que tu m’le caches… Tu m’prends encore pour un petit garçon faible et sans défense… »

Doucement, il se mit à tripoter une écaille, tenue autour de son cou par une ficelle tressée. Je baissais les yeux. Hakiel m’avait raconté ce qui s’était passé chez les Béluas, récemment. L’incident de Vastesylve, comme on commençait à l’appeler à travers les Terres. Là-bas, dans ce grand conflit qui avait littéralement explosé au cœur même de la communauté bélua, je n’imaginais même pas toutes les horreurs que ce gamin a pu voir traversé devant ses yeux. Je me souviens parfaitement de son regard, la première fois qu’il m’avait conté ce grand drame. Il y avait eu de la panique, de l’angoisse à l’état pur; c’était un puissant concentré de terreur et de peurs lancinantes.

« J’ai vu la Mort de près, Miles. Je l’ai vu avec la folie et la violence et la douleur qui l’accompagnait… Et c’est vrai, j’en ai une peur bleue à présent. Mais tout le monde a ses peurs, non? Je ne suis peut-être pas le plus fort de tous les garçons de mon âge, mais j’suis capable d’encaisser et d’écouter. C’est ça qui me rendra plus fort. »

Je relevais doucement la tête dans sa direction et je le vis braquer son regard sur mon visage, intensément. Le voir arborer une telle expression de sérieux et de détermination était plutôt inusité et pourtant, à ces rares occasions, je savais qu’il était prêt à tout entendre. À ne rien lâcher. Je soupirais, alors qu’il me pressait encore un peu, sachant pertinemment que je n’étais qu’à un cheveu de tout lui dire.

« Alors vas-y, je veux connaître la vérité. Qu’est-ce qui s’est passé avec Ardwick? »

Je n’ai plus tenu. D’une voix faible, vague, comme emportée vers le passé, je lui racontais la fin du Sorcier.


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Miles Köerta
Ven 22 Jan 2016, 16:49

Expédition en péril
« Repartir à zéro… »

On était complètement paniqués, Asche et moi. On avait appris de la bouche de l’étrange majordome d’Ardwick que celui-ci était bel et bien présent à la Bibliothèque de Sleyric. On s’est fait un sang d’encre pour toi, c’était pas possible. Alors on n’a pas trop rechigné lorsque le majordome nous a dit qu’il voulait qu’on rencontre le maître et on l’a suivi. Il nous a guidé jusqu’à son bureau et on est entré. Au début, tu… on a vraiment craint le pire. On te voyait nulle part. On a appris, un peu plus tard, qu’Ardwick t’avait coincé et, conséquemment, il s’est aussitôt méfier de nous. Et ça n’a vraiment pas été long avant qu’il découvre nos identités. Asche s’est occupé de son majordome et moi, je me suis confronté à Ardwick.

J’émis une pause, à peine suffisante pour reprendre mon souffle, et je poursuivis:

Il était orgueilleux, il sentait la provocation à plein nez et il faisait absolument tout pour me faire péter les plombs. Tout ce que j’avais envie de faire, c’était de lui déchirer ce sourire horrible qu’il affichait constamment sur ses lèvres. Pourtant, même s’il jouait avec mes nerfs – je devais l’admettre – ce qui me mettait le plus en colère, c’était le fait qu’il avait raison; il avait raison sur toute la ligne et il ne cessait de me rappeler ce que je savais déjà. Parce que tout ce que Père avait vécu, tous les maux qu’il a dû endurer étaient de ma faute. Seulement, j’étais déjà au courant de tout ça. Je connaissais déjà toutes mes erreurs, toutes mes tares…

Mais il n’arrêtait pas… Il continuait de sourire, ce demeuré. Et puis, on a commencé à s’battre. J’ai finalement réussis à le mettre au sol, mon pied contre sa tempe. Je lui ai craché au visage toute la haine que je pouvais ressentir à son égard. Et… … Je ne sais pas si je peux con–


Je croisais le regard du petit Bélua, inflexible comme la Justice.

D’accord, d’accord! Arrête de me regarder avec ces yeux-là: j’ai compris, je poursuis.
Enfin, il… Ardwick s’est mis à sourire. Encore. Comme pour me narguer une dernière fois, comme pour me dire, à sa manière, qu’il ne disparaitrait jamais; qu’il resterait toujours avec moi, ici, dans ma tête; que son souvenir viendra me hanter, viendra me rappeler inlassablement mes erreurs du passé. J’ai… grave déconné… J’ai écrasé son visage sous mon pied et… … et je n’ai pas arrêté. Je continuais de le frapper et de frapper sans pouvoir m’arrêter, tellement j’avais la rage, tellement j’avais la haine en moi. Je voulais que ce sourire s’efface, qu’il disparaisse comme ce Sorcier de malheur…

J’sais pas si j’peux continuer. Sincèrement Hakiel, j’ai pas envie de devenir un monstre à tes yeux… Ce que j’ai fait dans le laboratoire d’Ardwick, je… je n’aurais jamais pu poser un geste comme celui-ci habituellement. Tu m’connais, nan? J’ai vraiment dérapé. Solide. J’te jure, j’ai péter un câble. Et je ne me serais peut-être jamais arrêté si Asche n’était pas intervenu pour calmer mes envies de meurtre, avant que cette stupide tronche finisse en flasque écœurante de chair et de sang… Ok, j’arrête le gore. Mais ouais, sans Asche pour me stopper, ça aurait pu continuer des heures durant: mais il est arrivé, j’ai repris mes esprits et je suis immédiatement parti te libérer de ta cage – oui, Ardwick t’avait carrément enfermé dans une cage, c’te malade! Cette vue m’était totalement insupportable! Alors, euh… c’est seulement après que je me suis rendu compte de l’étendue des dégâts que j’ai causé. Ça m’a terrifié. L’intensité de cette haine, de ce concentré de colère m’avait grisé en même temps de m’effrayer à souhait.

Au début, je n’avais vraiment pas cru que j’étais l’auteur de tout ce carnage, mais c’était bien moi qui lui avait écrasé le visage, qui lui avait enlevé la vie. Et entre le soulagement de la Libération, la peur de ma propre colère, l’apaisement de ne plus être emprisonné à ses chaînes, j’ai finalement ouvrit les yeux et j’ai accepté mon acte: j’avais tué Ardwick de ma main. Moi et moi seul. J’étais finalement parvenu aux termes de ma vengeance.

C’était – oui, carrément – délicieux, tout simplement délicieux. Pour la première fois dans ma vie depuis la mort de Draug, j’avais vraiment l’impression de vivre, de respirer mon oxygène et non celui que l’on m’offrait à travers un tube. C’qu’une image, mais c’est vraiment comme ça que je me sentais: dépendant de quelqu’un pour vivre, j’étais finalement en mesure de me soustraire à cette obsession pour devenir le seul maître de ma vie, de mes actions et de la voie que je choisirai de suivre, sans plus être obligé de marcher sur les pas qu’un autre m’aurait tracé. C’est ça ma Liberté. Ma Libération à moi, c’était ça. C’était vraiment grisant!

Mais j’ai pas pu profiter bien longtemps de cette sensation, car la vue du cadavre m’a soudainement rappelé à la réalité. Je désirais toujours qu’il disparaisse. Entièrement, complètement… Et j’ai proposé à notre géant de mettre le feu à la bibliothèque. Alors on n’aurait plus d’Ardwick, plus d’expériences malsaines, plus aucune souffrance… J’étais prêt à prendre l’un des chandeliers encastrés dans le mur de son bureau pour le balancer dans la pièce et laisser le feu se propager, mais Asche m’a arrêté à la dernière seconde pour me rappeler qu’il y avait encore des esclaves et des prisonniers dans les sous-sols du bâtiment. Instinct d’Orisha oblige, j’ai pas jeter tout de suite le chandelier, mais j’ai fini par le faire, posant les flammes sur la paperasse qui traînait sur le bureau, sur les livres, sur SON cadavre… J’allais faire brûler la baraque, j’étais plus que prêt, mais avant, j’avais l’intention de libérer tous ceux qui avaient été arraché à leur famille, à leur domaine, à leurs rêves et qui ont fini par atterrir là-bas, prisonniers d’un endroit si lugubre pour subir on-ne-sait quelle expérience sur leur corps et leur esprit. Mais il fallait faire vite, avant que le feu se propage dans l’ensemble de l’édifice.


Pour le coup, j’aurais bien aimé avoir quelque chose à boire moi aussi. Je commençais à me dessécher.

Alors Asche et moi, on t’a sorti du bureau et on est parti, le plus discrètement possible, dans les étages inférieurs. Il y avait encore des serviteurs et des majordomes qui déambulaient à travers les rangées de livres et de poussière de la Bibliothèque de Sleyric, mais nous avons été en mesure de les éviter, du moins, en parti… Y’a quand même eu ces deux gorilles qui gardaient l’entrée de la chambre des esclaves que nous avons dû nous débarrasser avant de pouvoir pénétrer à l’intérieur de la pièce… mais bon, ça, c’t’une autre histoire.

Enfin, une fois entrés, l’horreur nous a… submergés. La chambre des esclaves, en fait, n’était rien d’autre qu’un long couloir plongé dans le noir, à peine éclairé par deux chandeliers posés aux extrémités du tunnel. Une chance que je voyais quand même assez bien dans le noir – c’était pas trop le cas d’Asche, mais il s’est débrouillé comme un grand – et je me suis accoutumé rapidement à la pénombre qui s’épaississait au fur et à mesure que nous avancions dans le couloir.

Tout était calme, c’était effrayant. J’étais capable de voir des ombres amassées dans un tas, des silhouettes recroquevillées derrière les barreaux des cellules, mais elles ne réagissaient pas, ou à peine. Asche s’est précipité à la porte d’une des cellules et il s’est mis à parler aux esclaves. Ces derniers, comme plongés dans un long sommeil, se sont éveillés tout doucement, lentement, comme pour prendre conscience de la situation. Asche continuait de leur parler en chuchotant, et je m’activais de mon côté aussi, me débattant contre la serrure d’une des cellules. Je me souviens avoir dit quelque chose comme:

« Nous sommes là pour vous libérer… »

… Ou quelque chose dans le genre. Et pour leur dire, j’ai levé les yeux. Et je les ai vus. Non… je l’ai plutôt senti, intensément, tant la concentration était élevée…


Un frisson m’agita et je me mis à entortiller mes doigts, nerveux.

Leur douleur, leur souffrance, leurs maux, leurs peurs… Tout ça me submergeait, dans leur intégralité. J’ai écarquillé les yeux. Je… J’ai tombé et… bon sang! Juste y repenser me donne des frissons! Tu sais pas c’que ces gens ressentaient. Ils étaient pires que des suppliciés, pire que des torturés. Je me faisais mordre par leur souffrance; leur douleur me coinçait la gorge entre ses griffes, et que dire de la peur… cette peur panique, lancinante et poignante comme la lame mince d’un bon couteau que je sentais performer ma poitrine… qui s’enfonçait dans mon cœur… Une main est venue toucher la mienne à travers les barreaux. J’ai regardé le visage de la jeune femme. Famélique, cerné, aussi terne et sombre que sa prison, elle ouvrait une bouche où rare étaient les dents. Elle a voulu me dire quelques mots, mais j’ai… j’ai capoté. Il y avait trop de douleur dans cette salle. Je n’étais pas en mesure, mentalement, d’y faire face. J’ai été enseveli par leurs malheurs et je suis tombé par terre, tremblant de tout mon corps, serrant ma tête à deux mains tellement ça me faisait mal. J’allais crier, j’allais leur demander d’arrêter, mais Asche s’est approché et il m’a tiré de là in extremis.

Je pouvais les voir, tous, leurs bras sortant des barreaux, leurs visages collés à la porte des cellules et leurs sentiments de forçats qui m’emportaient dans un tourbillon douloureux, à l’image du supplice que l’on endurait aux Enfers. Je me bouchais les oreilles, je me fermais les yeux, espérant les faire taire. Mais ça continuait. Je n’étais pas capable d’arrêter le flux, même en me privant de mon ouïe, même quand Asche ferma la porte derrière nous. Il a dit:

« Nous devons partir… »

Et j’ai rétorqué:

« Pas avant d’avoir brûlé chaque centimètre de cette p*tain d’baraque… »

Ce que j’avais senti à l’intérieur de cette chambre des esclaves n’étaient rien d’autre que peine et déchirement; hurlement et peur. Il n’y avait plus rien de vivant en eux: ils étaient déjà morts à l’intérieur. Mais ils ne pouvaient mourir. Pas dans ces cellules, dans ces enclos encore moins salubres qu’une porcherie. Ils étaient obligés de vivre. De vivre et de souffrir. Et tout ça pour quoi? Les lubies d’un aliéné. Je ne pouvais pas les laisser comme ça… Alors on a décidé d’entrer de nouveau dans la chambre, de prendre les chandeliers, et de laisser les flammes les brûler.

C’est comme ça que nous avons mis le feu au laboratoire, brûlant tous les cadavres vivants, tous les serviteurs, tous les coupables comme les innocents. Tous y ont passé…


Je devinais aussitôt l’expression sur le visage de mon jeune camarade et je soupirais.

Ne me regarde pas comme ça... Je n’ai aucun regret. Je suis même le premier à me féliciter d’avoir fait ça. Parce que j’ai libéré ces prisonniers. Je les ai libérer de leurs souffrances, de tous les maux qui les liaient encore à notre monde cruel et malsain. Leur esprit s’était déjà consumé; il ne leur restait plus qu’à les libérer de leur enveloppe charnelle. Je ne suis pas un justicier, et je suis très loin de l’être, et pourtant, je suis certain d’une chose: ils doivent se sentir bien mieux là où ils sont à présent…

Enfin… Tu vois un peu pourquoi je ne voulais pas t’en parler. C’était… Des mots ne peuvent décrire concrètement ce que c’était. Mais c’était horrible. Monstrueux. Et révoltant. Asche et moi, on s’était mis d’accord pour ne rien te révéler, en premier temps, parce qu’on ne savait pas trop comment tu allais réagir à cette histoire… Alors bah, on a gardé le secret. Ne te fâche pas. C’est vrai qu’on te prend souvent pour un bébé qui ne serait pas capable d’écouter ces histoires sans flipper, mais on n’le fait pas parce que c’est amusant. On le fait dans ton intérêt. Y’a des choses qui ferait mieux que tu ne saches pas pour l’instant et d’autres que nous te ferons part, peut-être éventuellement, mais pas aujourd’hui. Tu saisis? Bon, c’est déjà ça de fait au moins…

Oui, je t’ai tout raconté! De A à Z; du début jusqu’à la fin! Je t’le jure sur la tête d’Antarès, et que les Aetheri m’en soient témoin! Tu sais tout. Et… je comprendrais que tu me vois comme un monstre sans-cœur à présent… Que je te dégoûte, comme ta mère t’a dégoûté à Vastesylve… Mais je ne me dégonflerai pas. J’AI tué tous ces hommes et toutes ces femmes, c’est sur MA décision qu’ils ont été envoyés au trépas, entre les mains de la Mort. JE suis responsable de ces actes et JE ne les fuirai pas… Je ne les fuirai plus pour les mettre sur le dos d’un autre. J’ai tué, j’ai brûlé, j’ai détruit… et tout ça, en une seule journée… J’ai explosé mon quota! … Mouais, je plaisante, mais c’est vachement sérieux ce que je dis là.

Parce que c’est une histoire de responsabilités…



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Miles Köerta
Ven 22 Jan 2016, 17:35

Expédition en péril
« Repartir à zéro… »

Un silence pesant s’abattit sur nous, alors que la cabine terminait son ascension. Plus que quelques mètres avant la descente.

« Merci », dit alors Hakiel en me gratifiant d’un large sourire, son verre en main.

Je ne m’en étonnais pas. Le gamin détestait qu’on le laisse de côté, notamment parce qu’on le jugeait trop rapidement sur son âge et sa mentalité. Mais quelque part, il n’était plus le petit garçon que j’avais adopté à Libertas. Il avait grandi au cours de cette année. On avait beaucoup de difficulté à le voir comme il était présentement, Asche et moi, mais les faits étaient là.

« Désolé de te l’avoir caché… M’excusais-je en retour, d’une voix faible, et le jeune Bélua secoua son épaisse tignasse de plumes.

- Ça va… Mais promets-moi un truc. »

J’acquiesçais d’un hochement de la tête, lui faisant signe de s’exprimer.

« Ne me considère plus comme un gosse. Je veux vous aider, Asche et toi! Alors ne me mettez plus de côté! S’il-te-plaît… J’veux vous être utile moi aussi… »

Nous nous regardâmes durant quelques secondes, et j’approchais ma main de ses cheveux pour les frotter vigoureusement, le gratifiant d’un sourire sincère.

« Je te le promet. Devant la déesse de la Liberté même! »

C’est alors que, d’un simple regard, suite à ces quelques paroles, notre pacte fut scellé et nous pûmes descendre de la cabine.

Le quartier Ode méritait son titre de Haut-quartier. En comparaison au Sous-quartier, l’architecture d’Ode semblait plus raffiné, plus recherché aussi, en matière d’arabesques et d’originalité. En tant que tel, il n’y avait pas énormément de différence entre ces deux secteurs de la cité, cependant, il fallait considérer qu’Ode était certainement le quartier résidentiel de Ciel-Ouvert, tandis que son homonyme à plusieurs mètres en aval, représentait plus le quartier marchand.

Ici, l’ambiance battait son plein au rythme de la musique. Des gens chantaient, des poètes contaient leurs vers et des bardes jouaient en faisant la cour à ces dames, un peu plus loin. Ici, les habitants foisonnaient de partout, on pouvait entendre des rires, des cris et des paroles glissés ici et là, même au travers des chansons qui passaient entre deux oreilles. C’était bruyant, c’était quand même abondant, mais c’était surtout très rafraîchissant. Même si, en quelque sorte, nous pouvions retrouver plusieurs aspects des grandes villes de ce monde à l'intérieur de cette cité, il n’en restait pas moins que cette atmosphère était bien propre à Ciel-Ouvert, ce qui pouvait notamment expliquer nos visages émerveillés, à Hakiel et à moi.

« Wow! » S’éblouit le petit garçon en s’avançant déjà au cœur de la cité des neiges.

Je le rejoignis rapidement, balayant la place des yeux, dévorant chaque paysage qui s’offrait à ma vue. C’était fascinant… La perspective de rester en ces lieux me parut alors moins morose et terne. Nous laissant alors guider par la foule et le va-et-vient constant des citoyens, nous nous mîmes, sans le vouloir, à explorer les coins les plus visités de la cité, passant devant le théâtre de Coryphée et nous arrêtant plusieurs minutes pour considérer l’énorme gong suspendu non loin. Après avoir entendu quelques bribes de conversation autour de nous, je pus donner rapidement un nom à cet objet imposant et lourd: le Grijk.

« Le comment? Le Greijki? »

J’éclatais de rire à cette entente, alors que les joues d’Hakiel rosissaient légèrement – et non, ce n’était pas à cause du froid.

« Désolé si votre langue est particulièrement difficile à apprendre, hein! Siffla le gamin.

- D’accord, d’accord. Essais à nouveau. Ça se prononce, Grijk, sans la résonance délicate de tantôt, avec un accent un peu plus brut aussi. »

Le Corbeau soupira, mais essaya à nouveau, sa tentative se résultant par le même échec. Au sourire moqueur qui s’afficha sur mon visage, le garçon me tourna le dos en grimaçant, l’air visiblement irrité.

« Si c’est pour que tu te moques constamment de moi, j’préfère ne plus tenter ma chance!

- Je t’apprendrais comment parler l’Arshalà. T’inquiète, ça viendra. »

Malgré tout, il continua de me bouder.
Nous poursuivîmes notre chemin dans les rues de la ville, admiratif d’un tel spectacle. C’était comme si la ville, à longueur de journée, était en fête. C’était réjouissant et particulièrement apaisant. Après avoir fait une bonne partie de la cité – et encore, il nous restait bien des choses à voir – je conseillais à Hakiel de m’aider à trouver cette fameuse maison. En me jetant un rapide coup d’œil, il me demanda où elle se trouvait exactement.

« La rue… c’était la rue… des montagnes je crois. Cherche une rue portant le nom Vaïrhäa

- Verrihä-a? Se risqua le Bélua.

- Sheer kralvek shoor » Le taquinais-je en souriant, les lèvres tremblantes tant mon envie de rire était insurmontable.

Là, l’enfant poussa un véritable soupir d’exaspération, et je fis de mon mieux pour ne pas pouffer une nouvelle fois devant lui. À deux, nous nous lançâmes alors à la recherche de la maison, demandant de l’aide aux gens que nous croisions, notamment pour trouver la rue sur laquelle elle devait se trouver. Après le troisième essai, nous tenions enfin notre gars, qui nous conseilla de rebrousser chemin et de passer de nouveau devant le théâtre pour nous diriger vers l’est. Nous le remerciâmes chaleureusement avant de suivre ses indications et quelques minutes s’étaient écoulées lorsque nous trouvâmes finalement la rue. Aussitôt, nous nous y engagions, passant nos regards sur les différentes habitations. Je m’arrêtais alors brusquement, contemplant l’allure d’une résidence. En me voyant faire, Hakiel cessa aussi son pas pour me rejoindre et contempler l’habitation, les yeux écarquillés.

« C’est… ici? » Se questionna-t-il en posant ses iris dorés dans ma direction.

Le sourire que j’affichais, à lui seul, était une réponse en soit. Excité comme une puce, Hakiel fila aussitôt vers les marches qui menaient directement à la maison et je le suivis, plus lentement cependant. Le bâtiment ressemblait beaucoup à un manoir, mais ce dernier était néanmoins de plus petite taille. Pittoresque, à l’image des autres habitations de la cité, elle avait une allure plutôt hospitalière et très chaleureuse, sa toiture et ses murs aux teintes chaudes invitant tout de suite à la convivialité d’autrui. Plus je me rapprochais de la demeure, plus je me disais que jamais, même dans mes rêves les plus fous, j’avais pu songer à vivre dans un tel endroit. Même si l’apparence générale de la maison était ordinaire, voire même très peu singulière, il y avait pourtant quelque chose qui la rendait unique et vraiment fascinante à mes yeux, sans pour autant que je sache qu’est-ce que cela pouvait bien être.

« Dépêche-toi Ducon! Je veux voir l’intérieur de la maison! »

L’excitation qui brillait dans les yeux du Bélua était communicative et en allongeant le pas, je le rejoignis devant le seuil de la porte, observant la serrure. Bingo. Elle correspondait exactement à la clé que l’on m’avait envoyée. Aussitôt, je songeais à cette dernière, qui devait encore se trouver dans ma Besace d’ailleurs, et elle apparut dans ma main. Je l’insérais avant de tourner. Immédiatement, j’entendis un son bien significatif et je poussais la porte. Aussi vite que l’éclair, Hakiel s’engouffra dans l’entrebâillement de la porte et je l’entendis pousser un cri de joie.

« C’est déjà meublé en plus! Wouhou!!

- Eh là, on va baisser d’une octave, ok? On dirait une gonzesse en train de faire les magasins. »

Mais il m’entendit à peine, courant déjà vers les escaliers intérieurs pour aller voir les chambres. Je soupirais, non sans être attendri par l’énergie du petit bonhomme avant de regarder l’ensemble de la demeure, les yeux pétillants. Nous étions enfin arrivés… Je n’arrivais pas à y croire…

« WAAH! MILES! Viens voir les lits!

- J’arrive! »

Décidément, je ne parviendrais pas à le retenir en place, ce petit. Gravissant deux par deux les escaliers, je suivis les bruits qu’Hakiel laissait derrière lui pour le retrouver dans une chambre plus longue que large. Je posais mon regard sur le mobilier déjà en place. Le Corbeau, quant à lui, sautait sur le matelas, gazouillant joyeusement. Lorsqu’il m’aperçut à l’entrée de la chambre, il s’exclama:

« Il faut trop que tu essais ça! »

Je ne le laissais pas me le dire une seconde fois. Rapidement, je le rejoignis sur le lit avant de l’imiter, sautant et rebondissant dans les airs à l’aide des ressorts du matelas. Bien rapidement, un rire s’échappa de nos lèvres alors que je mettais un peu plus de poids sur mon prochain saut, dans l’initiative de faire littéralement voler Hakiel dans les airs. Mais une voix soudaine m’interrompit dans mon élan et, d’un même mouvement, le petit garçon et moi nous nous retournâmes vers l’entrée de la chambre, où se tenait un jeune garçon à l’œil azur.

« Si vous pourriez éviter de sauter ainsi sur les lits, jeunes maîtres… »

Aussitôt, je sautais au sol, me tenant entre cet étranger et Hakiel, dans l’intention de protéger ce dernier.

« Qui es-tu? »

Le jeune garçon posa la paume de sa main sur son torse avant de se pencher légèrement vers l’avant. Toujours de sa voix neutre et basse, il se présenta alors avec un discours bien plat:

« On me nomme Dærion et j’ai été assigné à ce domicile jusqu’à l’arrivée du maître, Miles Köerta. »

Durant une fraction de seconde, il me jugea du regard avant de fermer à nouveau les yeux, continuant sa monotone présentation. Venais-je de rêver ou avais-je vraiment aperçu une lueur de déception dans ses yeux?

« Je suis ici en tant que majordome, concierge, gardien, cuisinier: bref, considérez-moi comme votre homme à tout faire. »

Il se redressa doucement, se tournant machinalement vers le lit, complètement défait. Les draps et les oreillers avaient volés ici et là suite à nos bonds prodigieux et la couche, à présent, avait une allure plutôt lamentable.

« Permettez-moi de refaire le lit, jeunes maîtres. »

Le garçon s’approcha lentement de la couche et Hakiel, trop intrigué par cet étrange personnage, s’éloigna bien rapidement du lit, le laissant faire son travail. Se postant derrière moi, le Bélua me souffla à l’oreille:

« Euh… C’est qui ça?

- Aucune idée… » Lui répondis-je en dévisageant l’adolescent étendre rapidement et soigneusement les draps.

Sans se soucier de nos regards rivés sur lui, il s’activait simplement à terminer la tâche qu’il œuvrait avec minutie et précaution. Aurais-je loupé une information en lisant la lettre qui m’avait été destiné? Où est-ce qu’il avait fait mention d’un homme à tout faire là-dedans?

« Tu as dit que tu t’appelais comment encore?

- Dærion, jeune maître. »

Argh! Je ne pense pas que je me ferais un jour à cette appellation!

« Tu sais, t’es pas obligé de m’appeler comme ça. »

Il se tourna vers moi, et si j’avais cru, au début, voir une once de surprise trahir ses traits, eh bien, ça veut dire que je l’avais vraiment surestimé, son visage restant aussi plat et de marbre que le plancher.

« Et comment voulez-vous que je vous nomme, jeune maître?

- Miles sera suffisant!

- Bien, comme il vous plaira, maître Miles. »

Hakiel ne put s’empêcher de rire et moi, je regardais l’adolescent avec de grands yeux ronds. Mais il avait rien comprit ce taré.

« Je sais pas toi, mais moi, je l’aime déjà! »

Je n’eus pas le temps de répliquer qu’on cogna brutalement à la porte. Hakiel et moi sursautâmes à ce bruit, mais Dærion, lui, se redressa simplement, baissant son buste pour dire qu’il se retirait, avant de quitter la chambre. Mais qu’est-ce qu’il se passait ici?!


1 918 mots | 4 post
Traduction de l’Arshalà:
« - C’est presque ça! »



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Miles Köerta
Sam 23 Jan 2016, 05:38

Expédition en péril
« Repartir à zéro… »

« Eh, toi! J’veux dire, Dærion! Attends un peu! »

Mais l’adolescent venait déjà d’atteindre la porte pour l’ouvrir. Du haut des escaliers, je pus apercevoir Asche qui se tenait sur le seuil de la porte, en compagnie d’une femme splendide habillée d’une armure légère. En voyant Dærion sur le pas de la porte, le géant à la tignasse rouge fronça des sourcils.

« Que puis-je faire pour vous? » S’enquit aussitôt le majordome de sa voix aux notes insipides et creuses.

Je descendais les escaliers en quatrième vitesse, suivis de près par le petit Bélua qui se marrait bien devant la situation.

« Eh, Dærion! Pas besoin de te montrer aussi froid envers Asche! C’est un ami. »

L’adolescent ne bougea pas durant plusieurs secondes, occupé à détailler le géant de haut en bas et de bas en haut. Puis, il se poussa sur le côté, se penchant respectueusement vers l’avant pour saluer le nouvel invité.

« Bienvenue, ami de maître Miles.

- Euh… Tu peux m’expliquer? » Demanda aussitôt Asche en dévisageant franchement l’adolescent aux cheveux gris.

Prestement, j’attrapais l’Orisha par le poignet pour l’inciter à entrer et à ne pas chercher à comprendre.

« J’t’avoue que je comprends pas moi-même.

- Désirez-vous que j’infuse du thé pour vous et vos amis, maître Miles?

- Oui… Euh… Enfin, non! Non! Pas de thé, ce n’est pas nécessaire!

- Mais pourquoi il t’appelle « maître Miles »?

- J’en sais rien, j’te dis!

- Alors peut-être avez-vous faim? J’ai du fromage de chèvre ainsi que des œufs fraîchement arrivés de la caravane de ce matin.

- Oh oui, des œufs! J’en raffole!

- Miles, c’est qui ce type à la fin?

- STOP! ÇA SUFFIT! QUE TOUT LE MONDE SE TAISE! MAINTENANT! »

Le silence, comme une masse, tomba sur nous. Les trois garçons se mirent à me dévisager, comme s’ils ne comprenaient pas pourquoi je pétais soudainement un câble.

« Qu’y-a-t-il maître Miles? Avez-vous un malaise?

- Je dirais plutôt qu’il est dans sa semaine de fille…

- Dans sa semaine de fille? Ça veut dire quoi ça?

- Non, non et re non! Parlez une personne à la fois, et arrêtez vos c*nn*ries! Ma tête va exploser si ça continue!

- Eh bien, mon cher Asche, tu ne mentais pas en disant que tes compagnons sont de sacrés numéros! »

Je me tournais vers l’entrée, posant mes iris céladons sur le visage de la jeune femme que j’avais remarqué plus tôt. Mais là, je n’étais pas du tout d’humeur à plaisanter.

« BON! Asche, c’est qui celle-là maintenant?

- Pas avant que tu m’ait dit qui est ce mec-là », riposta l’Orisha en pointant Dærion du doigt.

Merci à lui, d’ailleurs, il se présenta de lui-même et Asche me jeta un drôle de regard, le sourcil redressé au maximum.

« Un homme à tout faire?

- Il était déjà ici quand nous sommes entrés… Grommelais-je dans ma barbe en croisant les bras. Maintenant, c’est à ton tour. C’est qui cette fille? »

L’intéressée s’avança jusqu’à nous avant de nous offrir un grand sourire, les yeux pétillant de malice et de moquerie. Décidément, le spectacle que nous venions de lui offrir semblait l’avoir particulièrement plut…

« Je m’appelle Désirée et je suis une Oréade qui vit dans ces montagnes. C’est moi qui ait guidé Asche jusqu’au quartier Ode. »

Ah! Ceci expliquait donc cela! Mais pourquoi l’avoir amené jusqu’ici? J’veux dire, avec la carte d’Ambroisie, Asche aurait été parfaitement en mesure de trouver la demeure puisqu’il connaissait déjà l’adresse, non? Voyant que sa présence ici venait de capter mon attention, l’Oréade sourit encore plus.

« Il s’est passé quelque chose de grave à l’extérieur de la cité. J’en ai glissé deux mots à Asche qui m’a aussitôt affirmé que vous seriez disposés à m’aider dans mes recherches.

- Quelles recherches?

- Une de nos caravanes est portée disparue depuis hier. Une tempête a sévit récemment, à plusieurs kilomètres d’ici, et nous craignons fort qu’elle se soit mise sur le chemin de la caravane.

- Une caravane? » Marmonnais-je, visiblement irrité.

Je ne comprenais pas de quoi ils parlaient et ça m’exaspérais. Un regard vers Hakiel, pourtant, me fit songer à quelque chose. Est-ce que ça avait un rapport avec ces charrettes que l’on avait croisé – plus d’une fois – dans les rues de la cité?

« Les caravanes, maître Miles, sont les moyens de transports des Marcheurs. Grâce à ces caravanes, ils peuvent partir à la recherche des esclavagistes éparpillés ici et là à travers le monde et ramener leur dirigeant ici, à Ciel-Ouvert, où ils seront jugés et enfermés dans la Prison, m’informa l’adolescent aux cheveux grisâtres.

- C’est exact. En plus, nous pouvons transporter bon nombre de provisions grâce à elles et perdre ne serait-ce qu’une de ces charrettes est un coup particulièrement difficile à encaisser pour la cité, rajouta Désirée à la voix de son confrère.

- Alors? Veux-tu nous aider? » Conclue Asche en plantant ses iris dissemblables dans mes yeux.

Je me pinçais l’arête du nez. Il se passait TROP de trucs en même temps là.

« Pas… Pas de problème. Mais il faudra vraiment m’expliquer toutes ces histoires d’esclavagistes et de prison et de condamnation…

- J’peux vous accompagner moi aussi?

- Hum… Fais-moi voir tes muscles, petit. »

Hakiel bomba fièrement le torse avant de retenir sa respiration pour favoriser la contraction de ses muscles. Autant dire que ça ne ressemblait pas à grand-chose: même avec tous les efforts du monde, ces bras ressemblaient à des spaghettis. Pourtant, Désirée échappa une exclamation de surprise, tâtant les... argh… excroissances de muscles d’Hakiel avec son pouce et son index.

« Dis donc! Tu es costaud comme petit! Mais si ça ne dérange pas ton tuteur… Fit-elle en coulant un regard dans ma direction. Je ne dirais pas non à la présence d’une bonne paire de bras comme la tienne! »

Immédiatement, le regard doré d’Hakiel se posa sur moi et je poussais un soupir en levant les yeux au ciel. Est-ce que j’avais vraiment le choix? Devant ma résignation, le gamin poussa un cri de joie en escaladant les marches du manoir pour rejoindre la chambre que nous venions d’abandonner, histoire de ramasser ses effets personnels qu’il avait laissé traîner.

« Quant à moi, humble maître…

- Miles tout court! Ça m’hérisse de me faire appeler comme ça!

- Pardonnez-moi, maître Miles », s’excusa-t-il de sa voix si faible qu’elle en était anesthésiante, ce qui me donnait l’impression qu’il n’était nullement désolé en fait – plutôt, on aurait dit qu’il se fichait tout simplement de ma gueule!

RAAH! J’allais m’arracher les cheveux!

« Je disais donc, pour ma part, que je resterais ici, pour veiller sur la maison. Je vous fais entièrement confiance », termina-t-il avant de s’éclipser silencieusement dans la demeure.

Au même moment, Hakiel dévalait les marches deux par deux pour nous rejoindre. Il avait remis son manteau de fourrure ainsi que ses gants. En prime, cependant, il avait ajouté à son accoutrement son bonnet de laine, que je lui avais acheté un peu plus tôt, mais qu’il avait refusé de mettre au début.

« Je suis prêt! Longuement, le petit Bélua me considéra d’un œil désapprobateur. Qu’est-ce que tu attends pour filer mettre ton manteau? On doit y aller! »

Encore choqué par la vitesse qu’allait les événements, je me retirais lentement du rez-de-chaussée, allant chercher mes propres affaires pour ce voyage. De l’entrée, je pouvais entendre le trio parler en attendant mon arrivée. Je soupirais, cherchant à tâtons ma besace magique. Où est-ce que je l’ai mise encore? Je n’étais plus patient, fulminant sous l’assaut de l’irritation. Déjà, je pouvais sentir un courant électrique passer dans mes veines; sous ma peau; se répandre doucement mais sûrement hors de mes pores…

« Est-ce ceci que vous cherchez, maître Miles? »

La Foudre explosa sans que je puisse la contrôler, s’actionnant à la pression exercée par la peur qui venait de littéralement sauter dans mon cerveau et, d’un pas, l’adolescent recula. La soudaine apparition de Dærion faillit me causer une crise cardiaque, nom de Dieu! mais je me repris rapidement, les étincelles électriques se calmant aussitôt. D’un léger signe de la tête, je le remerciais avant de passer ma besace par-dessus ma tête. Bordel, c’qu’il pouvait être silencieux celui-là! Je ne l’ai même pas senti approcher! Il ne semblait pas avoir de présence, c’était démentiel! Un mec pareil pouvait vraiment exister?

Comme si rien de tout ceci ne venait de se produire, le jeune Dærion s’éloigna tout simplement, sans même me porter un regard, mais avant qu’il ne disparaisse dans l’une des pièces de la maison, je l’interpellais une dernière fois. Si j’hésitais au début, je finis bien vite par laisser les mots filtrer à travers mes lèvres.

« Hum… Dærion?

- Oui?

- On reviendra rapidement. Alors, euh… prends soin de la maison en notre absence, ok?

- Selon vos désirs, maître Miles. Bonne chance pour l’expédition. »

Comme à son habitude, il baissa le buste avant de se retirer. Ce garçon m’intriguait… Qui était-il? Qui l’avait placé ici? Enfin, peut-être était-ce également l’un des « gains » de la Coupe des Nations, que j’avais malencontreusement loupé durant ma lecture de la missive…

D’une jambée rapide, je rejoignis mes compagnons à l’entrée de la porte. Lorsqu’elle s’assura que nous étions tous prêts pour l’expédition périlleuse, Désirée se frotta vigoureusement les mains, avant de décréter, l’excitation vibrant dans le creux de sa voix:

« Parfait! Maintenant que tout le monde est prêt, nous pouvons y aller. Préparez-vous bien, car la marche dans les montagnes risque d’être longue et froide… »


J’entendis la porte claquer; les voix s’éloigner doucement… Ils venaient de partir. Je fermais les yeux quelques secondes avant de les ouvrir et de porter mon regard en direction de la fenêtre, face à moi. Encore une fois, comme on en voyait souvent et régulièrement au cœur de cette cité, la neige s’était mise à tomber. De fins flocons, d’autres légèrement plus gros, d’autres à peine perceptibles pour un œil aussi peu aiguisé que le mien. Doucement, j’approchais l’une de mes mains de la vitre, m’imprégnant de cette sensation glaciale qui mordait gentiment l’épiderme de mes doigts. Je les vis enfin réapparaître dans mon champ de vision. Mais aussi vite qu’ils étaient apparus, ils disparurent de ma vue, leurs voix s’estompant véritablement une fois qu’ils eurent dépassé la maison voisine. Un silence de plomb, alors véritable, descendit sur moi, comme une couverture. Je regardais les alentours. À gauche. À droite. Derrière moi… Il n’y avait que le silence, palpable et troublant. Je n’aimais pas ça. Pas depuis qu’une telle animation avait fait vibrer l’intérieur de cette grande maison. Cette grande maison toujours si calme, si froide, si silencieuse… Lentement, je me reculais dans la pièce, évitant, comme par habitude, tous les meubles qui se trouvaient sur mon chemin. À force d’avoir parcouru cette maison de fond en comble, de l’avoir exploré jusqu’à ses moindres recoins, j’étais à présent en mesure de m’y aventurer les yeux fermés, sans appui pour me guider, sans meuble pour me situer… Comme maintenant, je savais que dans cinq pas, j’allais pouvoir toucher le mur derrière m– Ah. Qu’est-ce que je vous disais? Doucement, je me laissais glisser contre ce fameux mur, me recroquevillant de manière à pouvoir entourer mes jambes. Et je laissais le calme m’envelopper, m’imprégner, m’envahir, comme à toutes les fois… J’ai quand même hâte qu’ils reviennent, me surpris-je à penser, mais en y réfléchissant comme il faut, cela coulait de source en fait.

Cela faisait trop longtemps que je me terrais ici. Solitaire, ayant comme seules amies les ombres et le bruit des tempêtes.


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Miles Köerta
Mar 26 Jan 2016, 20:03

Expédition en péril
« Repartir à zéro… »

Longue et froide…
Lorsque Désirée avait dit cela pour décrire notre expédition, je l’avais prise au mot. Mais à ma grande surprise, j’avais encore sous-estimé la réalité. Le vent qui soufflait sur l’amont des montagnes était beaucoup plus vif et mordant que celui qui se levait au pied de Ciel-Ouvert. Ici, nous n’avions que peu de protection offerte par notre environnement, les grandes forêts boréales se situant un peu plus à l’ouest de notre position. Alors nous étions exposés à tous les caprices de la Nature, contraints de les combattre de front puisqu’ils ne lambinaient point en vigueur et en intensité. J’en étais à me demander comment notre guide faisait pour sourire de la sorte face à une telle force de la Nature. Agile et téméraire, l’Oréade n’hésitait pas à nous amener à travers les coins les plus périlleux, il me semblait, de la montagne. À aucun instant, j’eus l’impression que sa marche s’était ralentie. Hakiel peinait, effectivement, à suivre le rythme, mais Asche l’avait aussitôt pris sur son dos pour être certain de ne pas perdre le gamin. Avec ce vent et cette poudre qui limitaient grandement nos champs de vision, nous étions mieux d’avancer avec prudence qu’avec agitation.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de nous arrêter. Il y a des hommes et des femmes qui, eux, sont dans ces montagnes depuis presque deux jours et qui attendent uniquement d’être secourus.

- Mais à quoi ça nous servirait de nous précipiter si c’est pour nous blesser ou pire encore? »

L’Oréade me jeta un regard par-dessus son épaule, que je soutins brièvement, jusqu’à ce que j’aperçoive, derrière Désirée, une colonne de fumée. À mon expression, la nymphe des montagnes se retourna rapidement et ses yeux se plissèrent à cette vue.

« Ce sont les disparus, vous croyez? » Posa Asche à l’ensemble du groupe, mettant de l’avant les doutes de chacun.

Désirée réfléchit quelques secondes avant de décréter la reprise de notre marche.

« Nous allons nous assurer de cela… » Répondit-elle, sa main posée sur le pommeau de son arme.

Suivant l’Oréade, dans un silence seulement interrompu par le sifflement du vent et le craquement de nos pas dans la neige, nous nous laissions guider par la colonne de fumée qui s’élevait au travers du mince couvert arborescent qui trônait au-dessus de nos têtes. Dans un tel froid, je ne m’étonnais pas que ces personnes aient allumé un feu, mais le danger restait tout de même présent, sous l’apparence des bêtes qui peuplaient ces terres de glace et de neige. Puis, cela attirait rapidement l’œil, une telle colonne: à tout instant, ils pourraient être aux prises avec une bande de voleurs ou de bandits qui séviraient dans les différentes montagnes de la chaîne. Bref, ce n’était pas très prudent, puisque qu’ils devenaient des cibles faciles par excellence, mais c’était également l’unique solution pour ne pas mourir complètement gelé par le froid sibérien de l’Edelweiss enneigé. Dans tous les cas, si nous avions bel et bien affaire aux disparus de la caravane de provisions, nous étions d’autant plus forcés de nous dépêcher avant qu’un nouveau malheur ne s’abatte sur eux. D’ailleurs, en écho à mes pensées, le rythme de course de Désirée monta d’un niveau et nous fûmes obligés d’augmenter notre propre cadence. Pour ma part, je ne galérais pas trop à conserver le rythme imposée par l’Oréade, mais nos deux compagnons derrière avaient un peu plus de difficulté, notamment parce qu’Asche devait tenir le gamin dans son dos et qu’il devait zigzaguer dans la neige en évitant de trop s’enfoncer tout en considérant son poids additionné à celui du petit Bélua. Bref, c’était assez compliqué pour lui et je dû ralentir l’allure pour lui proposer de porter Hakiel à mon tour. Le géant ne répliqua pas, passant le gamin sur mon dos, ce dernier s’accrochant de toutes ses forces à mon cou.

« Argh! Desserre un peu! J’étouffe!

- Oups! Pardon! J’suis habitué à m’accrocher à des épaules plus larges… »

Je roulais des yeux avant de m’élancer, le géant aux cheveux rouges rattrapant bien vite notre rythme. Désirée en avant, elle nous ouvrait la voie et nous faisions de notre mieux pour poser nos pas sur ses traces. À force d’avoir passé quelques heures en sa compagnie, nous avions compris qu’elle semblait déceler dans la couche épaisse de neige les zones susceptibles de céder à notre poids et celles qui devraient, en toute logique, nous garder au-dessus de la surface: elle n’était pas une guide des montagnes pour rien cette femme!

À la vitesse à laquelle nous filions, nous avions dû compter qu’une trentaine de minutes avant d’atteindre le camp qui avait allumé ce feu. Ralentissant notre course aux abords du campement, nous nous cachâmes dans la végétation basse, observant les environs. Un abri fait de gros billots de bois se trouvait au centre de la clairière, un tapis fait de feuillages de sapin recouvrant le sol juste en dessous du toit qui formait un angle aigu avec le sol. Juste devant l’entrée de ledit abri, il y avait ce fameux feu de survie, dont les flammes et les étincelles semblaient vouloir s’élever pour lécher le ciel. Un mur réflecteur avait été monté à un mètre environ du feu, et à ses pieds, des bûches de bois séchaient à la chaleur des flammes.

« Il n’y a personne en vue… » S’enquit Désirée, balayant une dernière fois la clairière du regard.

Prudemment, l’Oréade quitta le couvert des arbres pour s’exposer. Lentement, nous la suivîmes, ne baissant pas notre garde pour autant. Je m’approchais doucement du feu, qui brûlait avec intensité. Je me tournais vers les deux adultes, restés dans mon dos.

« Quelqu’un a placé de nouvelles bûches il y a peu de temps. La ou les personne(s) ne doivent pas être bien loin.

- J’espère… Parce que s’ils ont été attaqués, là, c’est une autre histoire… »

Nous nous rejoignîmes autour du feu, observant les alentours avec suspicion.

« Et si nous ratissions les environs? Peut-être que les concernés sont simplement partis chercher encore plus de bois…

- Nous pourrions nous séparer et revenir ici après une heure de recherche, ajouta le géant en frottant frénétiquement ses mains pour les réchauffer un peu.

- Je suis tout de même d’avis que quelqu’un reste ici pour surveiller le camp.

- Moi j’peux. »

D’un seul mouvement, nous nous retournâmes vers le gamin sur mon dos, qui se redressa légèrement en prenant appui sur mes épaules.

« Je suis petit et je peux me transformer en Corbeau et vous alerter si quoi que ce soit survient. »

Désirée considéra longuement le petit, s’attardant plus que nécessaire sur ses serres et les plumes qui s’amoncelaient sur sa tête. Aussitôt, le mot « Bélua » se modela sur ses lèvres et elle sourit.

« Nous avons bien fait d’amener ce petit costaud! Très bien! Tu resteras au camp et si quoi que ce soit arrive, tu viens nous avertir, est-ce bien clair?

- Cinq sur cinq! »

Je permis au garçon de sauter au sol et de suite, il s’approcha du feu pour se réchauffer un peu. Nous le regardâmes faire durant quelques secondes avant de lancer le signal de départ. Seulement, à l’instant où nous nous apprêtions à filer à travers le petit boisé, Hakiel se redressa d’un bond.

« Attendez! »

Intrigués, nous le fixâmes intensément, alors qu’il levait le nez vers le ciel, humant l’air. On voyait bien qu’il essayait de se concentrer, mais il y avait quelque chose qui obstruait ses sens.

« J’sens une odeur pas loin, mais j’suis pas capable de la situer… »

Quand, soudainement, nous perçûmes des bruits provenant du sud, la direction exacte vers laquelle j’allais me faufiler. Immédiatement, je pensais à mon épée, qui apparut dans mes mains et je me mis en garde, Asche et Désirée dégainant aussitôt leurs armes. En position, prudents, nous nous mîmes face au petit bois devant moi et nous attendîmes dans un silence de plomb que la personne se montre. Doucement, au fur et à mesure qu’elle se frayait un chemin dans entre les arbres, nous aperçûmes une silhouette se découper des ombres. Lorsqu’elle nous vit, cependant, elle s’arrêta net, comme paralysée par le froid ou bien la panique. C’est alors qu’une voix s’éleva dans le petit bois, une voix féminine qui, tremblante, s’adressa à l’Oréade. À ce timbre, la nymphe des montagnes fronça des sourcils avant de rengainer, s’approchant de la lisière pour voir de qui il s’agissait. Et lorsqu’elle fut à une distance suffisante pour distinguer les traits et les formes de la silhouette, l’Oréade ouvrit la bouche en poussant un cri:

« Loecy!

- Désirée! Oh mon dieu! C’est toi! »

Les deux femmes s’élancèrent dans les bras de l’autre, se serrant avec chaleur. La prénommée Loecy, une Elfe à la peau affreusement pâle, échappa des larmes et l’Oréade tenta de son mieux d’apaiser la peur de la jeune femme, qui se calma progressivement. Suite à quoi, Désirée recula doucement pour planter son regard dans les pupilles humides de Loecy, alors que ses longs cheveux blonds lui cachaient la moitié du visage.

« Que s’est-il passé? Nous n’avions plus de nouvelles de votre caravane depuis hier!

- C’est la tempête… El-Elle nous a eus par surprise. J’ai perdu le reste du groupe et je me suis retrouvée ici… Je ne sais même pas où sont les autres! Est-ce que vous les avez croisés?! »

Désolée, la nymphe secoua la tête. La rescapée baissa les yeux, mais Désirée l’obligea aussitôt à redresser la tête: elle n’avait pas fini de la questionner.

« Loecy, il faut que tu nous dises par où tu es arrivée ici, pour que nous puissions retrouver les autres ainsi que la caravane. Nous avons comme mission de vous ramener à Ciel-Ouvert le plus rapidement possible. »

L’interpellée tremblait de tout son corps et Hakiel, pris d’empathie pour la jeune Elfe, lui prit la main et la guida jusqu’au feu qui brûlait. La blonde lui sourit en le remerciant chaleureusement. Puis, elle tourna son visage vers Désirée.

« Je n’y voyais pratiquement rien… Je me souviens qu’il y avait… beaucoup de sapins et d’épinettes…

- Des épinettes? D’accord, et ensuite?

- Urgh… Euh… Je me souviens… d’une meute de loups! Oui! J’ai pris peur en entendant leurs hurlements et j’ai filé tout droit vers le nord!

- Tu en es sûre? La questionna Désirée en braquant ses yeux dans les siens.

- Certaine », assura Loecy en ne détournant pas son visage de la nymphe.

Désirée esquissa de suite un sourire, avant de se tourner vers nous.

« Je crois connaître l’endroit dont elle nous parle. Des épinettes, du sapin et des meutes de loups… Si je ne me trompe pas, un ravage de cerfs serait susceptible d’accueillir tous ces éléments. Il y en a un pas trop loin d’ici, à cinq ou sept kilomètres de notre position. Si nous y allons rapidement, nous pourrions atteindre le ravage en moins d’une heure. »

L’Oréade se tourna alors vers Loecy pour la consulter du regard.

« Tu restes ici. Nous viendrons te rejoindre une fois le reste du groupe trouvé et les provisions de la caravane sauvées. De ce point, je vous guiderai jusqu’à la cité.

- D’accord!

- Je me propose pour rester avec elle. Il y a beaucoup de bêtes sauvages dans le coin, n’est-ce pas? Je vais la protéger et veiller sur le campement. »

Désirée réfléchit avant de donner son accord. Alors, il ne restait plus que nous deux, Hakiel et moi.

« Vous, vous devrez vous dépêcher cette fois. Je vous avertit: je ne ralentirai pas.

- Pas de soucis », répliquais-je en affichant un sourire narquois.

Satisfaite, elle fila aussitôt dans le bois, Hakiel et moi à sa suite. Mes dents se serrèrent. Elle rigolait vraiment pas en disant qu’elle ne ralentirait pas! Ajustant, en pleine course, le gamin sur mon dos, je lui jetais un rapide coup d’œil par-dessus mon épaule avant de le gratifier d’un sourire.

« Accroche-toi bien. Ça va p’t’être secouer! »


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Miles Köerta
Mar 26 Jan 2016, 20:05

Expédition en péril
« Repartir à zéro… »

Nous atteignîmes le fameux ravage en moins de cinquante minutes. Dans une situation bien différente de celle-ci, je me serais étonné d’avoir parcouru autant de mètres en si peu de temps, mais à la vitesse à laquelle nous étions partis, cette dernière imposée par l’infatigable nymphe des montagnes, si ça nous avais pris plus de temps, là, je pense que j’aurais vraiment été surpris. J’étais complètement essoufflé, mon cœur battant à tout rompre à travers ma poitrine brûlante. Hakiel, doucement, passa sa tête au-dessus de mon épaule pour voir dans quel état j’étais.

« Ça va? » S’enquit-il en ne me quittant pas des yeux.

Je dû prendre plusieurs bouffées d’air avant de lui répondre:

« Impecc! Soufflais-je dans l’air, comme un buffle éreinté.

- Je descends de ton dos si tu es fatigué… Et je sais pertinemment que tu l’es… »

Pourtant, malgré sa proposition, je la refusais d’un simple signe de la tête. Lâchant un ricanement entre deux expirations, je lui répondis, moqueur:

« Ça me fait de l’exercice. Faut bien que je travaille mes muscles pour pouvoir te surpasser!

- Je savais que tu as toujours été jaloux! »

Je lâchais un rire, ma poitrine me faisant encore plus mal, mais je m’en fichais un peu pour le moment. Pendant ce temps, Désirée explorait le ravage, attentive. Observatrice, elle cherchait une piste de la venue de la caravane dans ce secteur et si elle n’en trouvait pas, nous serions obligés de continuer vers le sud, encore et encore, jusqu’à ce que nous trouvions un indice solide de leur présence. Soulevant légèrement le gamin pour rendre sa position plus confortable, je rejoignis l’Oréade et nous commençâmes à ratisser l’aire d’un œil de lynx, examinant chaque centimètre carré de la zone pour trouver des indices. Cela nous prit tout au plus quinze minutes avant de trouver une première piste.

« Désirée! Viens voir! »

L’Oréade se rapprocha de nous et jeta un coup d’œil à notre découverte.

« Du sang… Dit-elle dans un timbre sombre, craignant sûrement le pire.

- Et des traces de pas toutes fraiches…

- Il y a des survivants.

- Suivons la piste », ordonna-t-elle en levant son visage vers le ciel.

Ses yeux se plissèrent quand elle nous annonça que la nuit allait bientôt tomber. Étonné, je levais la tête vers le ciel, remarquant la couleur crépusculaire dont ce dernier s’était revêtu. Il se faisait déjà si tard? Quand nous étions partis, le Soleil se trouvait pourtant à son zénith! C’était une raison de plus pour nous dépêcher de retrouver les survivants de la tempête: s’ils étaient bien tous en vie, je craignais qu’ils ne puissent survivre une nuit de plus dans un tel froid nordique.

Méticuleusement, alors, nous suivîmes les traces laissées par ces hommes, peu importe qu’ils étaient. Mais ce qui m’intriguait le plus, c’était la quantité de sang laissée dans le sillage de ces individus. N’en avait-il pas un peu trop pour un homme blessé? S’étaient-ils battus? Cette observation eut tôt fait d’inquiéter la jeune nymphe, qui accéléra le pas. Dans de telles conditions, je me disais que nous ne tarderions pas à retrouver ces hommes qui nous avaient précédés, mais à ma grande surprise, nous continuâmes de progresser à travers la forêt et la neige, le sang tâchant, avec excès, la pureté de celle-ci.

« Il y a trop de sang… Fit alors Désirée en s’arrêtant, les mains posées sur les hanches. Et aucune présence dans les alentours. Qu’est-ce que ça veut dire? Les traces continuent toujours… »

Elle avait beau nous jeter un regard interrogatif, nous n’avions pas plus les réponses qu’elle. Moi-même, cette question m’échappait. Et c’est à cet instant qu’Hakiel avança une autre théorie que celle d’un homme blessé. À l’entendre, nous nous étions aussitôt figés, Désirée et moi. Pourquoi n’y avions-nous pas songé plus tôt?

« La chasse! Bien sûr, nous nous trouvons dans un ravage de cervidés: n’importe qui dans de telles conditions en aurait profité! »

Dès lors, si ce sang était bien celui d’un animal, cela pouvait expliquer bien des choses. Perdu dans ces étendus de neige et de glace, la faim ne devait pas être bien loin du désespoir. Ils avaient sûrement fait une partie de chasse pour s’approvisionner, le temps que les secours viennent les aider. En tout cas, c’est ce que j’aurais fait, moi, dans une situation aussi critique. Le cœur plus léger, mais non sans craindre constamment l’étau de la nuit, nous reprîmes notre marche dans la montagne, espérant retrouver rapidement les survivants.

La marche se poursuivit encore durant une bonne vingtaine de minutes, quand nous entendîmes des voix, non loin de notre position et nous nous arrêtâmes, l’oreille tendue.

« Tu crois que ce sont eux? » Posais-je à Désirée, en me tournant lentement dans sa direction.

L’Oréade ne semblait pas convaincue, mais elle n’infirmait pas non plus.

« Allons-y », dit-elle simplement, se faufilant dans l’ombre des arbres pour se cacher de leur vue.

Je l’imitais, pas après pas, dans le silence le plus complet, la pénombre aidant à nous camoufler dans le paysage. Devant moi, je pouvais entendre la respiration d’Hakiel, alors que ce dernier reniflait l’air de temps à autre, histoire de nous avertir s’il sentait la présence d’un individu dans le coin. Un peu plus tôt, il m’avait dit qu’il marcherait dorénavant par lui-même, prétextant que si nous devions engager un combat contre une bande de bandits aux vils desseins, je ne pourrais pas combattre convenablement avec un poids additionnel sur le dos. Après une mûre réflexion, j’allais également dans ce sens, néanmoins, je demandais à Hakiel de rester près de moi: un incident était si vite arrivé et l’obscurité grandissante de ces bois n’était en rien un baume qui apaisait mes angoisses.

« Ils sont tout proches à présent… »

À cette remarque, Désirée ralentit le pas, s’appuyant contre un arbre pour percer le voile noir qui venait de s’abattre sur nous. Si nous percevions plus distinctement les voix, nous étions, à présent, en mesure de les situer par rapport à notre position, puisque les lueurs d’un feu nous indiquaient clairement le site de leur abri. Un sourire fendit le visage de l’Oréade, cette dernière se rapprochant lentement du campement. Dans son ombre, Hakiel et moi la suivions, silencieux.

« Qui va là?! S’exclama soudainement une voix féminine à notre approche, et Désirée leva aussitôt les bras dans les airs, pour montrer qu’elle ne leur voulait aucun mal.

- Nous avons été envoyé par Ciel-Ouvert pour vous ramener à la cité.

- Ciel-Ouvert? Oovilia, baisse ton arme! »

L’interpellée descendit aussitôt la pointe de son épée, nous examinant de son regard de fauve aux reflets bleutés et or. L’homme qui venait de parler s’approcha de nous et se courba légèrement vers l’avant, en signe de gratitude.

« Qu’Antarès soit louée! Vous nous avez trouvés! Je m’appelle Drew et je suis celui qui a été chargé de ramener cette caravane à Ciel-Ouvert. Malheureusement, comme avez pu le constater, la tempête nous a follement secoué! »

Désirée l’avisa que nous étions déjà tous au courant de cela. Deux autres silhouettes se levèrent pour nous rejoindre. Ils étaient tous des Orishas, leurs pupilles vairons nous jaugeant de leurs reflets dissemblables. La prénommée Oovilia, quant à elle, hésita quelques secondes à franchir les quelques mètres qui nous séparait, mais elle finit par se joindre à ses compagnons, qui semblaient nous faire complètement confiance.

« Excusez-la. Elle est un peu sur les nerfs depuis la dernière fois… Je me présente, je m’appelle Quint et voici mon frère, Ghned.

- À qui avons-nous à faire? » Demanda doucement le prénommé Ghned, ses yeux balayant notre petit trio.

Désirée se présenta la première et vint ensuite le tour d’Hakiel et je terminais sur notre lancée en glissant ces quelques mots à l’intention du fameux Quint:

« Tu viens tout juste de dire que votre amie est sur les nerfs depuis «  la dernière fois… » Qu’est-ce qui s’est passé? Je n’ai pas l’impression que vous faisiez référence à la tempête… »

Les quatre compagnons s’échangèrent des regards en biais et, finalement, ce fut Drew qui prit la parole en exhalant un profond soupir de découragement.

« Quint faisait mention des voleurs qui nous ont pillés hier… Venez voir par vous-mêmes. »

Intrigués, nous suivîmes le quatuor derrière le petit campement de fortune qu’ils s’étaient bâtis le temps que les équipes de recherche les retrouvent et une fois le camp dépassé, nous nous retrouvâmes dans une petite clairière. Là, au centre, se trouvait la fameuse caravane. Mais elle avait quelque chose de différent…

« Mais! ils l’ont complètement détruite!

- C’est minable, hein? »

C’était un euphémisme un tel mot. « Saccagé » aurait eu une meilleure place dans cette situation que « Minable ».

« C’est d’une telle bassesse que de s’attaquer ainsi à des voyageurs. »

Peiné, Drew confirma la chose d’un hochement de la tête avant de soupirer.

« Ils nous ont laissé que peu de choses en fait… Hormis la caravane, il nous reste cinq ou six bricoles qu’Oovilia a su protéger grâce à son intervention. »

La concernée fit tourner habilement son épée dans sa main, en esquissant un sourire suffisant. Mais bien vite, nous pûmes percer la colère qui l’habitait, tant la situation l’enrageait.

« Si je serais arrivée plus tôt, il y en a deux autres à qui j’aurais coupé plus qu’une oreille… »

Et à ces mots, elle retourna au campement, ces bottes renvoyant la neige à la suite de ses coups de pied enragés. Ghned l’a suivi, essayant de la calmer tandis qu’Hakiel et moi, nous nous enfonçâmes dans la caravane, à la recherche du peu de provision qui aurait survécu. À l’extérieur, Désirée discutait avec les deux hommes, leur annonçant également que nous étions parvenus à retrouver Loecy, ce qui sembla particulièrement les soulager.

« Nous nous faisions un sang d’encre depuis que nous l’avions perdu de vue! Je suis d’autant plus ravi de savoir qu’un de vos hommes soit resté avec elle: elle devait être complètement terrorisée… »

En tout cas, malgré sa peur, l’Elfe m’avait semblé plutôt débrouillarde et elle était parvenue à survivre et à se battre contre le froid, même si elle s’était trouvée seule tout ce temps. Aidés par les deux Orishas et l’Oréade, nous finassâmes de rassembler ce qui avait été préservé de la tempête et du passage des voleurs avant de retourner au camp, là où Oovilia et Ghned nous attendait.

« Est-ce que nous partons?

- Oui! Je vous guiderai à travers la montagne. Mais d’abord, nous allons rejoindre Asche et Loecy qui…

- Loecy?! Vous l’avez retrouvé?! »

La nymphe des montagnes obtempéra d’un sourire, et aussitôt, l’Orisha sembla se détendre.

« Ne perdons pas plus de temps, dans ce cas! »


Malgré la profonde noirceur de la nuit, Désirée avait été capable de nous guider à travers l’épaisseur des forêts boréales et de la neige des montagnes. C’est ainsi, qu’au beau milieu de la nuit, nous avions été en mesure de rejoindre Asche et Loecy, qui nous attendaient patiemment autour du feu. Après quoi, le reste des provisions sur nos dos et à l’intérieur de nos sacs, nous avions repris la route, bien heureux de rentrer à la cité pour pouvoir profiter d’un peu de chaleur. Même si la déception maquillait nos traits, vis-à-vis la perte d’une très grande cargaison en plus d’une caravane complètement démolie par la violence dont avait fait preuve les bandits, nous étions néanmoins contents de nous savoir en vie, tous sains et saufs malgré la fatigue qui nous envahissait. Hakiel, d’ailleur, s’était complètement endormi en chemin et j’avais été obligé de le porter jusqu’à Ciel-Ouvert, jusqu’à notre petit manoir qui nous attendait, rue des Montagnes...

Lorsque je remontais les draps sur le nez du petit Bélua, j'aperçus Dærion traverser le couloir et aussitôt, je courus derrière lui, l'interpellant d'une voix basse. Il s'arrêta à mon appel, se tournant, platonique, dans ma direction.

« Oui, maître Miles? »

Ouais, bon, j'avais compris que ça ne servait à rien de m'obstiner avec lui. Du coup, je lui fis aussitôt part d'une faveur, que j'aimerais qu'il fasse pour moi.

« Garder Hakiel?

- Oui... Je compte partir à Médigo dès demain.

- Pour quelles raisons, si je puis me permettre?

- Je pense m'installer ici... Je ne sais pas si ça sera temporaire ou... mais je me sens à ma place, donc euh... Bref! Tu peux faire ça pour moi? »

L'adolescent me regarda longuement avant de baisser le buste.

« Il n'y a aucun soucis, maître Miles. »


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Expédition en péril | Solo

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