Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €

Partagez
 

 Trahi par le Gong | Quête Mozaga

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Sam 02 Jan 2016, 22:36


La neige tombait en abondance sur Ciel-Ouvert, les chants résonnaient au loin comme un faible murmure et Mozaga se tenait inerte près du théâtre Coryphée. Elle n’entendait plus rien, que des mots mélodieux qu’elle ne comprenait plus. Ses doigts étaient glacés, tremblants à quelques mètres du Grikj. Elle ne s’en rendait pas encore compte, mais elle allait se confronter à quelques choses qui allaient la dépasser, lui faire changer sa vision du monde, de ceux qui l’entouraient. La petite fille avait toujours était de celle qui se voulait forte, mais qui se faisait sans cesse rattraper par ses émotions. Elle était Alfar, mais n’avait pas l’impression d’en faire partie… elle ne ressentait aucune fierté, qu’une contrainte qui l’obligeait à mentir sur sa véritable personnalité. Il fallait être doué en tout, savoir tout faire, et dans le cas contraire, ils n’étaient que honte et déshonneur. Mozaga se demandait souvent si son père la voyait ainsi, peut-être était-ce pour ça qu’il l’avait envoyé loin de lui, aux îles suspendues ? Elle sentit la neige fondre sur sa joue, immobile dans cette immensité blanche. Le temps semblait avoir ralenti, et son regard se portait vers  cet homme en face d’elle. Son visage était ridé, abimé par la vie. Des cernes mauves se dessinaient sous ses yeux, ainsi qu’une fatigue psychologique que l’on lisait à la courbure de son dos, et l’affaissement de ses épaules. Il semblait avoir trop vécu, survivant plutôt que vivant. Ses mains étaient parsemées de cicatrices qui continuaient jusque sur ses bras… Elle ne le savait pas, mais son dos aussi en était incrusté… boursouflées, encore brulantes à leurs simples évocations. Il ne sembla pas la voir, comme aspiré par sa dernière tâche : faire raisonner le Gong. C’était ses dernières secondes en ce monde, ses derniers instants… si seulement il avait jeté un dernier regard autour de lui, il aurait pu croiser le regard de cette petite fille qui allait causer la perte de son univers, de son rêve le plus mauvais et dément. Le bâton toucha le gong aux allures sombres, et une onde se propagea tout autour de lui. Les tympans de Mozaga vibrèrent une seconde, et elle plaça ses mains sur ses oreilles, se recroquevillant sur elle-même. Le son lui avait été insupportable, raisonnant dans sa tête à en devenir folle. Ses yeux se mirent à voir flou, sa tête se mise à tourner. Elle tomba dans la neige, la respiration lente. Elle sentit son cœur battre de moins en moins vite, discernant une vive chaleur se propager jusqu’au bout de ses doigts. Son visage se crispa dans un dernier soupir et elle sombra dans un profond coma. La neige continuait de recouvrir son corps d’enfant, et petit à petit, elle sembla disparaître au rythme du souffle glacé.

Sa tête tambourinait encore quand elle rouvrit les yeux. Le sol était rugueux, imparfait et froid. Elle entendait tout proche des cliquetis, des bruits de chaînes s’entre choquantes. Elle put distinguer près d’elle un garçon plus âgé, les habits en lambeaux. Ses traits tirés trahissaient sa fatigue, la peau blême, et un regard vide de toutes émotions. Il se tenait assis, courbé, les mains vers le sol… rien ne pouvait l’atteindre, semblant être sans vie. Des cris et des coups de fouet retentirent, Mozaga refermant les yeux lorsqu’un homme approcha la cage dans laquelle elle se tenait. « Une de ces vermines s’est écroulée ! » Son timbre de voix était peu rassurant, dur et glacé. Le grincement de la clef dans la serrure fit serrer des dents Mozaga, et la porte s’ouvrit dans le même bruit strident. On attrapa violemment son pied, et instinctivement, elle releva le haut de son corps pour se défaire de l’emprise : « Lâchez-moi ! » Ses ongles s’enfoncèrent dans la peau de son assaillant, mais rien n’y fit, on la tira vers la sortit et la jeta par terre d’un coup au visage. Un cri plaintif sortit d’entre ses lèvres et le fouet claqua dans l’air : « Lève-toi sale chienne ! » La petite Alfar essuya sa lèvre ensanglantée d’un revers de main. Le garçon épiant silencieusement la scène, il remarqua que la petite fille semblait déborder d’énergie, comme si elle n’avait jamais travaillé ici… pourtant, ses vêtements étaient autant en lambeaux que les siens, mais ses prunelles brillaient d’un feu fort que personne n’aurait pu éteindre. Mozaga se releva en fronçant des sourcils, surprise de l’environnement dans lequel elle se trouvait. Le ciel était sombre, tout semblait d’un rouge sang… le paysage parsemait de pierres et désolé, avec comme horizon que des roches pointue et noire. Tout autour d’elle, plus de chants mélodieux, mais des cris d’agonies et de chaînes. Les Esclaves piochaient des pierres sombres qui renfermaient un minerai rouge, semblable à de gros rubis. Ils se déplaçaient les fers aux pieds, manquant de tomber à chaque coup de fouet. La petite Alfar se sentit pousser et elle avança instinctivement, les pieds entravés. Très vite, elle comprit la marche à suivre, et se noya dans le travail répétitif. Elle ne comprenait pas, regardait autour d’elle, cherchant ses parents… Des larmes roulèrent sur ses joues, et son ventre se mit à lui faire mal, sa gorge se noua, mais elle se mit à crier : « MAMAN ! » elle lâcha la pioche, avança éperdu parmi les esclaves qui ne la regardait même pas, de peur de prendre des coups. « PAPA ! » Elle cria si fort qu’elle crut que sa gorge se déchira. Elle voulait un visage familier, quelqu’un pour la sortir de là. D’autres cris résonnèrent : « Rentre dans ton rang ! » des paroles qui la percutèrent de plein fouet, qui lui fit peur. Elle savait que Léto avait un lien étroit avec l’esclavage, elle savait que son père l’avait été… elle avait sous-estimé l’effet que cela faisait, que de ne pas être aux yeux des autres… que l’on se fiche de notre mort, de notre état. « JE VEUX RENTRER A LA MAISON ! » Elle tomba à terre, et la terre noire se déposa sur ses genoux et ses mains posées au sol. Son front toucha la poussière et son dos se déchira au claquement du fouet. Sa tête partit instinctivement en arrière, ses mains se protégeant maintenant : « Relève-toi ! » « Laissez-moi ! » Ses paroles s’étranglaient dans sa gorge, sa vue était maintenant floue, et chaque claquement la faisait sursauter. Très vite, son instinct reprit le dessus, et elle se releva pour se diriger dans son rang. Silencieusement, elle remercia la bête que son père lui avait transmise, mais encore trop faible pour réprimer la douleur ou encore l’émotion, elle se vit tomber à terre à chaque déchirement de son dos. Elle crut qu’elle allait perdre pied, s’effondrer pour ne plus se relever, mais elle se vit prendre la pioche dans un dernier effort, continuant de pleurer toutes les larmes de son corps. Son dos la brûlait, et elle repensait aux cicatrices de son père qui lui barraient le dos. Il était plus jeune qu’elle lorsqu’il devait se battre pour sa survie, se nourrissant de la chair des vivants. Mozaga ne voulait pas, elle, dévorer les autres pour survivre, et elle s’imagina des scénarios pires que la mort qui la fit pleurer de plus belle.

Le ciel devint encore plus sombre, et on fit aligner les esclaves pour les entasser dans des cages tirées par des chevaux. Mozaga sentit la peau sale des autres sur la sienne, des êtres tenant à peine debout et qui ne se jetaient aucun regard. Elle se retrouva avec ce même garçon, et ses yeux vinrent croiser les siens. Elle ne le savait pas encore, mais ce jeune esclave allait être un tournant dans sa vie, mais surtout un allié prêt à tout. Sa curiosité face à elle n’était pas flagrante, il admirait juste ses sentiments, car elle, elle en avait encore… les siens étaient si insignifiants qu’il peinait à les discerner. C’était étrange, il se sentait animé de quelque chose de brûlant, comme une lumière qui logeait dans son ventre et sa tête. Mozaga était pour lui un petit signe d’espoir, lui qui n’avait jamais eu la volonté de se sortir de sa situation actuelle, lui qui n’avait jamais eu le courage d’en finir avec la vie. La petite Alfar détourna le regard, mais lui continua de la regarder, les yeux toujours inanimés. Ils furent conduits dans un endroit dénué de lumière naturelle, seulement éclairé par les flammes des flambeaux qui donnaient à l’endroit un air encore plus lugubre. Dans chaque cellule trônaient des morceaux de tissus sales, posés sur de la paille poussiéreuse. Mozaga fut poussé avec d’autres, et on leur jeta du pain abimé, pas assez pour tout le monde. Se jetant dessus, les esclaves se battirent, donnant le peu d’énergie qu’ils leur restaient. Le jeune garçon de tantôt se carapata sans bruit et en douceur, volant une miche de pain et un gobelet d’eau à la barbe de ses semblables. L’Alfar était recroquevillé dans un coin, la tête dans ses genoux. Elle sentit une présence et se plaqua contre la paroi. Devant elle, une main était tendue, lui présentant la moitié d’une miche de pain. Elle le prit sans regarder le garçon, le dévorant d’un trait. Il s’assit alors à côté d’elle et commença à manger avec le plus grand des calmes. Elle hésita, mais elle se mit à parler : « Tu n’as pas faim ? » Il tourna la tête vers elle, et lui répondis avec douceur : « Quand on vit ici depuis longtemps, on apprend à savourer son repas. Il est rare. » Elle baissa la tête honteuse, puis il rajouta d’un souffle : « Mais toi tu sembles venir d’ailleurs. » Elle tourna le visage vers lui, écarquillant les yeux avant de continuer à manger, silencieuse.

Elle essaya de dormir, la tête sur la pierre froide de la cellule. Son dos la brûlait encore, et un courant d’air la faisait frissonner. Dans un silence des plus total, on entendit ses petits cris plaintifs, des perles salées roulant sur ses joues rouges. Son visage était sale, son dos couvert de sang où de la poussière s’y était collée. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait là, hoquetant, secouer par les sanglots. On vint alors dans son dos, et elle sursauta. Lorsqu’elle tourna la tête, elle reconnut le jeune garçon qui plaçait l’un de ses bras autour des siens. Elle posa sa tête sur sa poitrine, pleurant encore un instant avant de s’endormir d’épuisement. Cette nuit, elle ne fit qu’un cauchemar… celui des coups de fouet qui la déchiraient, comme si ceux-ci lui dévoraient la peau. Elle se réveilla souvent en pleurant, mais toujours des bras la resserrèrent pour amoindrir la douleur. Le monstre en elle s’apaisa, mais toujours en éveille, il guettait le moindre de ses mouvements. Mozaga savait qu’elle aurait affaire à lui un jour, et ce jour allait sans doute arriver plus tôt que prévu… L'espoir et la justice allaient doucement renaître de ses cendres.

1 809
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 03 Jan 2016, 18:23

"Tout esclave a en main le pouvoir de briser sa servitude "
W. Shakespeare


La liberté, comme l’esclavage, est un choix. Nous décidons de nous résigner pour pouvoir vivre, ou survivre dans certains cas. Nous choisissons de mourir enchaînés ou de mourir en ayant essayé de nous libérer de nos chaînes. Le problème réside en notre instinct de survie, où nous décidons tout bonnement de nous soumettre au plus fort… et lorsqu’un esclave peut avoir le moindre pouvoir, alors il devient très vite tyran à son tour. Au sein de l’esclavage, il n’y a pas d’ami, que des opportunités. Celles de dénoncer pour être sûr de manger le soir venu, celle de détruire pour espérer être remarqué…pourtant, ils ont tous une chose commune, une étincelle qui, allumé, se propage comme une traînée de poudre par-delà les frontières de la soumission. L’espoir, quelque chose de si fort qui peut détruire à néant le plus puissant des hommes et faire tomber la plus grande des murailles.

Mozaga se réveilla de son sommeil par des coups qu’elle prit dans les côtes. Elle se recroquevilla, mais un fouet claqua. Instinctivement, elle se leva en faisant fi des souffrances qu’elle ressentait. Cela faisait maintenant quelques jours qu’elle était ici, et déjà son esprit commencer à être tordu par la peur, se conditionnant à l’endroit. Elle avait toujours ce garçon près d’elle, qui lui jetait sans cesse des regards inquisiteurs. Il s’occupait d’elle pour une raison qu’elle ignorait, mais ce soir, après les travaux forcés, elle lui parlerait pour de bon. Elle était emplie de courage malgré la situation, emplie d’une révolte qui lui donner la force de continuer de se lever pour piocher et porter des pierres toute la journée. Son dos lui faisait mal, ses anciennes blessures se rouvrant à chaque fois que le fouet touchait sa peau. Particulièrement aujourd’hui, sa rage était à son comble. Elle avait envie de briser les os de celui qui lui criait d’aller plus vite, de déchirer la peau de cet homme qui fouettait le garçon qu’elle appréciait… Cette haine qui gravissait les échelons n’était autre que ce monstre qui prenait de plus en plus de place, jusqu’à commander ses mouvements sans qu’elle ne le sache. Le ciel anormalement sombre devint de plus en plus noir, et un bref instant, elle eut l’impression que son cœur prenait la même teinte, qu’il se voilait de colère, d’un maléfique qui ne lui ressemblait pas. Un claquement retentit et la fit sortir de ses rêveries. À sa gauche, une femme venait de s’effondrait, et on l’intimait de se lever, la battant quand elle supplier de la laisser se reposer un peu. Les autres esclaves n’avaient pas bougé, continuant leur besogne. Mozaga, elle, avait relevé la tête pour voir ce qu’il se passait : « Baisse les yeux ! Remets-toi au travail ! » Cria alors un esclavagiste. Son cœur se durcit, sa peur s’envola. Le monstre qui l’animait n’était pas prêt à se faire soumettre, il voulut dévorer celui qui lui avait fait l’affront de vouloir le diriger, mais à la place, Mozaga détourna ses pulsions et se tourna vers la femme à terre. Fronçant des sourcils, elle crut que le temps s’était figé… elle lâcha précipitamment sa pioche, se précipitant sur l’homme qui allait abattre son poing. D’un souffle, elle appela Vorar qui sortit de ses rêves pour se matérialiser. La bête au corps puissant, et aux crocs acérés, saisis le bras de l’homme pour ne plus le lâcher. De violents coups de tête furent donnés, prêts à démembrer l’esclavagiste. La petite Alfar rappela instinctivement son monstre imaginaire, se tenant entre l’agresseur et la victime. L’homme criait à en perdre la voix, maintenant son bras dont le sang coulait abondamment. Vorar était instable, semblant à un mirage qui disparaissait et réapparaissait subitement. Pour le moment, il écoutait Mozaga, mais elle ne savait pas si sa magie parviendrait à le maintenir ainsi. Ses dents s’étaient serrées, prêtent à briser l’émail. Ses ongles s’enfonçaient dans sa chair, en proie à la haine. Les esclaves avaient tous relevé la tête, et tout bruit avait cessé. Les esclavagistes ne s’étaient pas précipités vers l’homme dorénavant à genoux, gémissant devant la petite fille. Le temps s’était arrêté un bref instant, et on lisait dans les regards un espoir naissant. Quelques minutes suffirent pour que les tyrans reprennent le contrôle de la situation. L’Alfar fut vite immobilisée, frappée et punie avant d’être jetée dans une cellule, seule, sans nourriture ni eau.

Son œil gauche était gonflé, son arcade fendue, tout comme sa lèvre inférieure. Elle souffrait au niveau des côtes, endurant les brulures de son dos dû aux coups de fouet. Le soir vint à tomber, et elle entendit qu’on rentrait les esclaves dans leur cellule, puis leur bataille pour avoir leur morceau de pain et leur eau. Elle entendit soudainement quelque chose tomber près de sa cellule, et elle ouvrit son unique œil. De loin, elle voyait le garçon dans l’autre cage, pointant du doigt le sol. Elle tourna la tête et vis la moitié d’un morceau de pain. De ses lèvres, elle mima un merci silencieux. Sans crier gare, une pluie de pain s’abattit près d’elle. Certain roulèrent dans la poussière, d’autre percutèrent les barreaux et s’en allèrent plus loin, beaucoup furent inatteignable pour les bras de l’Alfar, mais c’était le geste qui comptait, ce qu’il représentait. « Merci… » Murmurait inlassablement Mozaga, mâchouillant la nourriture d’une lenteur excessive. Cette nuit, elle n’aurait pas les bras réconfortants du garçon, et ils lui manquèrent terriblement. Des larmes roulèrent sur ses joues, et dans la lumière des flambeaux, le visage du jeune esclave se dessina. Un chant sortit d’entre ses lèvres, un murmure presque inaudible, une mélodie d’espoir, prônant la Liberté. Petit à petit, d’autres murmures s’élevèrent, de plus en plus rejoints, de plus en plus puissants. Mozaga se laissa bercer, les yeux clos, même quand la porte en bois s’ouvrit violemment : « Fermez là ! » l’homme frappa contre les barreaux, faisant reculer les captifs. « Celui qui continuera de chanter se verra puni au fouet ! » certains se turent, mais beaucoup d’entre eux continuèrent encore plus fort, saisissant les barreaux de leur cage pour effrayer l’esclavagiste qui recula d’un pas. Mozaga rouvrit les yeux sur le garçon qui continuait la mélodie. Ses prunelles animées d’une flamme dansante. La nuit, pour les esclavagistes, fut longue… contraint de réprimer cet élan de rébellion. Cependant, aucun esclave ne regrettait leur geste, malgré les punitions qui furent faites.

Le lendemain, les tyrans avaient les traits tirés, des cernes mauves sous leurs yeux. La journée fut tout autant difficile, car ils durent réprimer d’autres signes de rébellion, les esclaves ne baissant dorénavant plus les yeux, et se défendant les uns les autres. Certains étaient toujours résiliés, espérant que les autres agissent à sa place, mais la majeure partie ne se laissait plus faire. Les esclavagistes commençaient à voir apparaitre la haine dans le regard de ceux qu’ils battaient, commençaient à hésiter quand ils se devaient de réprimer… Des jours passèrent dans une ambiance des plus tendue, mais personne n’osait encore franchir le pas, jusqu’à ce soir. La lumière commençait à baisser sur les plaines de roches noires, et on ramena les esclaves dans leurs cellules. La nourriture était dorénavant partagée, les captifs étant conscients qu’un jour ils auraient besoin de toute l’énergie de tout en chacun. Les blessures de la petite Alfar disparaissaient petit à petit, mais son œil était toujours mauve, et une cicatrice barrait maintenant son sourcil. Le garçon se posta près d’elle, souriant. « Qu’est-ce qui te fait rire ? » Il sourit de plus belle, et commença à manger : « Tout ça… il a fallu que tu apparaisses pour que nous saisissions que nous avions le choix d’être libre ou captif. » il avala et regarda Mozaga. Rougissante, elle détourna les yeux pour se consacrer à sa miche de pain. Il sourit une nouvelle fois, posant la question qui lui brulait les lèvres : « D’où viens-tu ? Quel est ton nom ? » Les esclaves se turent, tendant l’oreille pour entendre la réponse de la petite fille. Elle hésita, intimidée, ne formant même pas une phrase cohérente : « D’ailleurs. Mozaga. Où sommes-nous et comment toi tu t’appelles ?» Sa réponse en déçu plus d’un, mais le garçon éclata de rire, ce qui eut le don de faire rougir de plus belle l’Alfar : « Ailleurs… Vraisemblablement. Je m’appelle Lliram » Il souffla, baissant les épaules, divaguant sur toute autre chose : « Tu sais, ce n’est pas réellement la faute de ceux qui nous gardent ou nous battent… en réalité, ils sont aussi les esclaves du maître des lieux. Ce ne sont que des captifs à qui l’on a donné du pouvoir… peut-être aurions-nous fait pareil, qui sait. » Mozaga releva la tête la tête vers Lliram : « Qui est le maître des lieux ? » « Un vieil homme. Il semble abimé par la vie, mais il reste un homme puissant pour nous… tout le monde le craint. » Une image la percuta, celle de celui qui avait sonné le Grikj : « Un homme avec les mains abimées ? Des cicatrices sur le haut et allants sur ses bras ? » Le garçon arqua un sourcil : « Lui-même… » Il n’avait jamais cessé de ce questionner sur cette fille, et encore plus aujourd’hui.

La porte en bois s’ouvrit, tapant violemment contre le mur. Tous sursautèrent à la venue de plusieurs esclavagistes, armes en main. La pointe aiguisée de leur lance brillait à la lueur des flammes, et ils ouvrirent la cage où se trouvait Mozaga. Le garçon fit tomber sa nourriture, prêt à se battre. Les hommes formèrent un cercle, pointant leurs lances vers les captifs. « Toi ! Suis-nous ! » Son regard sombre transperçait l’Alfar, et Lliram plaça un bras devant elle : « Vous ne l’emmènerai nulle part ! » Très vite, les autres esclaves prirent parti, s’agitant. Ceux se situant hors cage, envoyaient leur nourriture et gobelet sur les esclavagistes, d’autres s’agrippant aux barreaux en les injuriant. À l’intérieur, les femmes et les hommes tournaient dans tous les sens, cherchant à se défaire des lances qui les pointaient. « Reculez ! » criaient-ils en agitant leurs armes. Lorsqu’un esclave s’avança dangereusement, il fut automatiquement embroché, son sang s’étalant sur le sol froid. Mozaga cria de surprise un bref instant, et ses émotions contraires ne lui permirent pas d’utiliser sa magie. Elle vit d’autres esclaves se faire tuer, mais elle se préoccupa tout d’abord de Lliram. Elle le vit se faire assommer, sa tête frappant contre les barreaux glacés du lieu. Alors qu’il allait enfoncer sa lame dans sa gorge, elle sauta sur l’individu qui tomba à la renverse. Elle ne comprit pas ses gestes, mais elle se mit à mordre son cou, déchirant sa chair. L’homme la jeta en arrière, mais elle revint à la charge pour continuer à le dépecer sans le moindre dégout. Le sang coulait dans sa gorge, et dans cette euphorie sanguinaire, elle ne fit pas attention à son environnement. Un coup fut porté, et elle s’effondra sur le sol. Sa vue se brouilla et noircit, la seule image qu’elle vit fut Lliram ouvrir les yeux et crier son prénom lorsqu’un homme la prit sur son dos. Lentement, elle finit par ne plus rien entendre, ne plus rien sentir.

1 838
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 13 Jan 2016, 16:19


Sa peau blanche était teintée de rouge, ses lèvres d’enfant en étant imbibées. Elle tressaillit au contact de son bourreau, elle ne l’aimait pas et n’hésiterait pas à se défaire de son emprise par la violence. Pourtant, elle était incapable de bouger… porté mollement sur l’épaule de l’homme. Des larmes roulaient au coin de ses yeux, créant des sillons de sueurs et de sang. Elle n’était qu’une enfant, elle n’était pas prête à se relever pour tendre l’autre joue, encore et encore. Elle avait essayé, mais ce soir, elle avait perdu. Au loin, elle entendait les cris des esclaves, leur chant, puis un silence pesant.  Ce monde était un cauchemar… des esclaves prisonniers d’hommes et de femmes, eux-mêmes captifs. Ses lèvres se mirent à trembler, elle ne comprenait pas pourquoi ces soldats acceptaient leurs conditions, l’exigence d’un homme qui semble seul sur son trône. Un murmure sortit d’entre ses lèvres, rapidement réprimé par le souffle d’un bourreau : « Survivre » c’était un mot qu’elle entendait souvent récemment…  se résigner pour continuer à vivre, même si pour cela, il faut balayer d’un revers de main toutes ses convictions, ses croyances. Mozaga n’avait pas été forgé pour demeurer, en revanche, son père lui avait appris à se résigner pour pouvoir se relever plus fort au moindre signe de faiblesse de son tortionnaire. Attendre des années peut être, pour pouvoir porter un coup mortel.

Une chaleur se fit sentir, enivrant les sens de Mozaga qui se sentit bien un bref instant. En cellule, il y faisait froid, tout était humide, rongé par la mousse. Elle se décida à ouvrir les yeux, sa tête tambourinant encore. Elle y vit des fresques contant la vie d’un homme en proie à ses démons, elle le vit combattre les chaînes aux pieds, puis sonner le gong avant de s’assoir sur le trône. Pour tous ses esclaves, ce ne devait être qu’une histoire, un mythe… personne ne pouvait se douter que ce n’était rien de moins que la vérité. De grandes colonnes retenaient une immense voute où la constellation y avait était peinte. Tout était crème et or, le sol brillait tellement que tout se reflétait. Elle put constater qu’elle avait grandement maigri, et qu’elle semblait presque méconnaissable avec toute cette crasse qui ne voulait plus partir. Sa tête retomba sur le dos du soldat, fermant les yeux sans se soucier de ce qui allait advenir. Quelques minutes plus tard, elle fut surprise quand on la déposa délicatement au sol. Elle vacilla, et une main vint la retenir : « Lave-toi » fut les seuls mots de l’homme avant de disparaître de la pièce. Elle saisit le rebord d’un meuble, ne comprenant plus ce qu’il en était. Elle avait fait se soulever le bas fond de la hiérarchie, et on ne la tuait pas… voulait-on qu’elle soit apprêtée pour cela ? Elle entra dans l’eau chaude sans se déshabiller, frottant à s’en arracher la peau. Elle enleva ses vêtements qu’elle laissa dans l’eau, mettant la petite robe blanche qu’on lui avait laissée. Elle ne l’aimait pas, elle n’aimait pas ses petites chaussures, ce tissu doux qui lui sied parfaitement… Doucement, elle colla son oreille à la porte, écoutant les chuchotements des gardes : « … pas réprimer la Rébellion… » Furent les seuls mots qu’elle entendit avant que la poignée ne s’abaisse, et qu’elle recule rapidement.

Cette fois-ci, on la laissa marcher, son regard vagabondant dans tous les recoins. Tout était immense, tout était beau et soigneusement décoré. On l’emmena dans une grande salle ou prônait une longue table en son centre. Il y était disposé maint mets qui la firent saliver. Pourtant, quelque chose clochait. On la lavait, on lui donnait de quoi s’habiller… Puis on la nourrissait. L’image de Lliram vint à a sa mémoire, comme un rappel d’où elle se trouvait. Elle s’assit, commençant par boire avant de manger. Un homme vint alors la rejoindre, transpirant d’un charisme qu’elle n’avait pas vu la première fois. L’homme se tenait droit, un regard transperçant. Il était habillé de manière élégante, et tout ce qui le disgraciait la première fois avait disparu. Il ne semblait plus porter le monde sur ses épaules, ne semblait plus fatigué ni abattu. Il sourit, s’asseyant à son tour en posant ses mains sur la table en bois massif. Il porta délicatement son verre à ses lèvres, ne cessant de regarder la petite fille. Lorsque le pied retoucha la table, il se décida à parler : « Tu n’es pas d’ici. » Dit-il simplement, épiant ses faits et gestes. Mozaga avait tout cessé lorsqu’il était entré, saisissant le rebord de sa chaise, comme par crainte de tomber. « Vous non plus. » Répliqua-t-elle au tac au tac, juste pour qu’il se taise. Elle n’avait pas envie d’entendre ses raisons, pas envie de se retrouver face à lui, le même regard que son propre père. Elle baissa les yeux, jouant avec sa fourchette. Il se mit à rire, dévoilant ses dents parfaitement alignées : « Tu as réussi à faire que mes sujets se révoltes, se lèvent contre mon autorité. Je ne sais pas comment tu t’y es prise, mais j’admire cela. » Elle s’arrêta relevant le visage vers lui : « Je sais ce que vous comptez faire… mais je ne le ferai pas » « Quoi donc ? »  Mozaga fronça des sourcils. « Vous n’allez pas réprimer cette rébellion, vous allez la retourner en votre faveur. Ceux qui sont à vos pieds, ceux qui font taire les esclaves, vous les avez surement emmenés ici, vous les avez décrassés, vous leur avez donné des vêtements propres, de la nourriture… et ils vous ont suivi. Je ne le ferai pas. »  Il but une énième gorgée de vin, reposant son verre. « Pas vraiment… » Mozaga rougit, honteuse de s’être imaginé un scénario et en l’ayant clamé, sure d’elle. « Je n’ai eu qu’à frapper Grikj pour avoir à mes pieds tous ces malheureux. Ce monde est à moi, il m’appartient, aussi irréel soit-il, j’en suis le seigneur. » Il transperça du regard l’Alfar. « Toi, tu n’es qu’une intruse… je pourrais te tuer, et on ne retrouverait que le corps d’une petite fille, immobile dans la neige. En ne sachant jamais ce qui s’est réellement passé. » Il fit jouer ses doigts sur la table, ses bagues s’entrent choquantes. « Mais je compte bien faire taire cette rébellion, quoi qu’elle m’en coute… et plus si Xaraxus me le permet. Tiens-toi à mes côtés, tu n’auras plus jamais faim ni froid, tu ne souffriras plus d’une quelconque maltraitance. » Mozaga resta inerte, son côté Alfar lui criait d’accepter, de rejeter les plus faibles de la hiérarchie, qu’elle avait gagné sa place en se battant. Malheureusement, elle n’avait pas cette essence en elle, et elle ne voulait pas suivre les pas de son père qui avait abandonné tous les esclaves de la secte, sans se retourner. « Non. » Murmura-t-elle en resserrant ses phalanges autour de sa fourchette. « Non ? » répéta-t-il en arquant un sourcil. Elle se leva, criant presque : « Non, non, non, NON… » Les traits de l’homme se durcissent. Il avait en face de lui une Alfar capricieuse qui n’en faisait qu’à sa tête. La porte s’ouvrit en grand : « Ils sont là ! » « Prends la petite », dit-il en remontant ses manches. « J’ai cru un instant que tu étais Alfar, je m’en excuse… parce que si tu leur ressembles en tout point, tu n’en as pas l’essence. » Il saisit la poignée d’une épée tout en se penchant vers la petite fille. « Regarde maintenant le prix de ta pitoyable rébellion. J’attendrai que tu te brises, qu’ils ne te considèrent plus comme un semblant d’espoir, et qu’ils se résignent une seconde fois pour t’abattre ! » On la saisit par les cheveux, la menant à la suite du seigneur de ces lieux. Mozaga serra des dents, on l’emmena dans un couloir large, immaculé de blanc. Bientôt, il en serait rouge, des cadavres à perte de vue. Les esclaves vinrent, le feu de la rébellion dans le regard. Ils se cognèrent bientôt à l’armée ennemie, sans arme, tombant un à un. Mozaga hurlait à en perdre la voix, elle criait d’arrêter ce massacre, jusqu’à ce que l’image de Lliram se dessine au loin. Elle lui cria de partir, de fuir, mais lorsque son visage se durcit, elle comprit qu’elle ne pouvait dorénavant plus rien faire. Elle vit le garçon saisir le manche d’une épée, et la petite fille tomba à genoux, posant ses deux mains au sol. Sa tête toujours aux prises du soldat qui lui sommait de se relever. Le seigneur leva la main, et les doigts du garde se desserrèrent. Elle put se relever, oubliant les gémissements qui l’entouraient, faisant omission des cadavres qu’elle enjambait. Elle n’était qu’à quelque pas, et elle sentait déjà ses bras réconfortants. Puis elle entendit un sifflement, sentit une éraflure sur sa joue, puis un bruit sourd. Lliram s’effondra alors à ses pieds. Le temps sembla s’arrêter, tombant à genoux dans une flaque de sang qui semblait être celle du garçon. Ses lèvres murmuraient des mots incompréhensibles, ses yeux ne voyaient plus rien, brouillés par les larmes. Elle posa sa main sur un corps encore chaud, un liquide rouge coulant aux coins de ses lèvres. Lliram cracha une quantité considérable de sang, animé par les derniers instants de vie. Il ne disait rien, regardant simplement le visage de la fille qu’il avait tout de suite appris aimer. Elle lui avait donné le courage, l’espoir… l’envie de s’en sortir. Il lui serra la main, et elle sut ce qui lui restait à faire. « Pardon… » Murmura-t-elle, en prise à la colère et à une profonde tristesse. Finalement, c’était elle qui l’avait mené ici. Il aurait suffi qu’elle le brise, et qu’elle reste au côté du seigneur… qu’elle attende le moment venu pour frapper et libérer Lliram de ses chaînes. La rage lui saisit le ventre, et elle se tourna vers l’ennemi. Autour d’elle, les cadavres se superposaient, et certains agonisaient dans leur propre sang. Vorar vint la rejoindre, et dans un élan de pure folie meurtrière, ils s'élancèrent vers l’homme. Rejoint par les autres esclaves qui s’étaient saisis des armes des gardes, ils retrouvèrent espoir. Les dents de la petite Alfar s’enfoncèrent dans la joue du seigneur, il avait beau la repousser, elle revenait à la charge. Ils étaient tellement encerclés, qu’ils ne savaient plus où donner de la tête. L’endroit devint de plus en plus flou à chaque morsure, et elle saisit un poignard qu’elle lui enfonça à mainte reprise dans le corps… inlassablement, comme si cela ne suffisait jamais. Tout finit par s’arrêter, les épées restèrent en l’air, les éclaboussures de sang ne tombèrent pas au sol… Elle se releva, consciente que tout était fini, et que bientôt, elle se réveillerait de l’autre côté. Elle se dirigea vers le cadavre de Lliram, saisissant son bras pour aller s’y protéger. Alors que sa vue devint de plus en plus sombre, elle eut comme dernière image le visage du garçon qu’elle avait sans doute aimé. Un garçon, qui finalement, n’avait jamais existé.

La neige continuait de tomber sur Ciel-Ouvert. On entendait au loin les chants qui s’élevaient. Dans la neige immaculée, deux corps commençaient à être ensevelis. L’un était couvert de sang, dévoré de moitié et méconnaissable. Un homme qui était prêt à tout détruire par mépris, parce que le monde ne lui avait jamais permis de croire aux belles fins, aux belles personnes qui vivent sur ces terres. Près de lui, une petite fille recroquevillée, bercée par les larmes, incapables de se relever. Une petite Alfar qui ne saisira jamais que le garçon qu’elle avait aimé, n’était que le fruit d’un monde méprisable et détestable.

1 923

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Trahi par le Gong | Quête Mozaga

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Trahi par le gong | Scott
» - Trahi par le gong - [Vadim]
» La fille d'une bête et la sœur d'un fou en fuite ~ / Event Août partie III, mission I [PV Mozaga (Aëran]
» [Quête] - Art et Duel
» [Quête] Tu m'oublieras
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Est :: Voile Blanc :: Ciel-Ouvert-