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 Songe toujours que d'une aile rapide... [Liberté IV | Mission I]

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mar 12 Jan 2016, 23:40


Son cœur rata un battement, sa poitrine se contracta sous l'impulsion d'une sensation relativement désagréable. Il était temps. L'heure de courir et de rattraper sa liberté, si précieuse, si convoitée, si près du but. Sur son passage, les regards s'attardaient sur cette jeune femme qui avait pris l'une des plus grosses décisions de sa vie. On la jugeait, on l'encourageait peut-être secrètement, mais quoiqu'il en soit, elle s'était faite la promesse de ne pas baisser la tête, ni les yeux : elle marchait la tête haute, le regard acéré. La guerrière maintint cette posture assurée depuis la Vigilante jusqu'au navire censé l'amener au Port.

Depuis sa victoire à la Coupe des Nations, son nom avait maintes et maintes fois résonné entre les murs de l'Eorishaze. On découvrait le portrait de cette drôle de demoiselle ou on redécouvrait ses exploits passés au sein du peuple des orishas. Son histoire fut retracée de sa vie paisible à Mégido jusqu'à son ascension à Ciel-Ouvert, en passant par ses actes discrets en tant que membre des spirituels médiateurs. Pourtant, c'était de là qu'elle venait, de ce petit coin en bord de mer, où marins et marchands se marient dans ce majestueux consensus nommé "commerce". Le Port se dessinait à l'horizon, la proue du navire leur pointait cette direction tel un ultime rappel de leur mission. Depuis l'apparition de Delta, les ennuis n'ont cessé de se multiplier sous le fanal de la religion. Léto, en tant que chamane, se sentait d'autant plus concernée par cette rébellion qui commençait petit à petit à se soulever aux quatre coins du monde. Telle une réponse à son anxiété, une missive lui parvint, une missive avec un sceau royal. Un contact s'était déjà tissé avec l'Orishala lorsqu'elle lui avait quémandé son assistance, peu de temps après le discours de Delta. Avec la trahison qu'elle avait faite aux chamans, elle avait décidé d'enfin passer à l'action, notamment en construisant des défenses entre elle et les tribus belliqueuses. Et qui d'autres que les orishas – pour qui elle s'était battu depuis de nombreuses années, le tout sous le regard des peuples entiers et des Ætheri – accepteraient de la protéger ? Si elle avait des alliés ailleurs, Léto l'ignorait encore, mais son amour pour la liberté demeura dans son cœur, plus ardent que jamais avec ses nouvelles convictions. Il était temps de rentrer au bercail. Cocoon Sforza lui ouvrira la porte qu'à une unique condition : qu'elle se montre une ultime fois digne de sa protection.

" Il y aura de la résistance dès notre arrivée, alors faites attention ! L'officier tendit sa lame en direction de la chamane, celle-ci se montra quelque peu surprise par ce geste qui, en réalité, ne servait qu'à l'encourager. Et pour ceux assignés à son unité, offrez à cette femme une confiance aveugle ! Si les Eshus nous l'ont envoyée en personne, c'est qu'elle mérite de combattre à vos côtés !
- Je suivrai Léto jusqu'en Enfer ! D'autres ovations l'accueillirent, des épées se levèrent au ciel pour leur collaboration et leur future victoire. Léto offrit son plus beau sourire et tira également sa lame.
- Si vous tombez dans les abysses, je vous rattraperai et on continuera de se battre, evrifh ! " Les cris de guerre atteignirent les envahisseurs, la mort tombait littéralement sur eux.

D'un coup d'un seul, une femme habillée de peaux de bête et protégée par diverses pièces d'armure apparut au-dessus d'eux. Suite à sa téléportation, Léto atterrit sur ses deux pieds et balança sa chaîne devant elle. Les maillons dessinèrent un arc de cercle devant elle qui trancha le moindre membre sur son chemin, grâce à l'épée qu'elle avait accrochée au bout de la chaîne. Elle rattrapa les anneaux de fer de son autre main et repoussa le coup d'un assaillant plus agile. Elle le bouscula et laissa une flèche atteindre son adversaire. Son attaque surprise et un chouïa suicidaire n'eut que pour but d'ouvrir la voie à ses compagnons qui jetèrent l'ancre et commencèrent à occuper le Port. Quelques ennemis prirent la fuite tandis que d'autres les couvrirent. Sur ordre du commandant, l'unité de Léto fut chargée de poursuivre les fuyards, afin d'espérer remonter jusqu'aux grandes pontes de ces assaillants.

Ceux qu'elle décida de suivre se retrouvèrent pris en étau entre son groupe et un autre composé de membres de la Luxna. Avec leurs forces combinées, il ne leur fut point difficile de se débarrasser de ces sous-fifres. Au loin, on entendait encore la clameur de combats éclater, de partout. Le Port était devenu un champ de bataille sanglant. Les yeux vairons de l'ancienne orisha s'attardèrent sur un cadavre, visiblement un civil, dont la mort l'avait apeuré avant de l'emporter avec elle. Fort heureusement, les autres survivants furent évacués, bien que quelques otages fussent encore à déplorer ; il ne restait plus que les militaires, les miliciens, les mystérieux attaquants, et elle, qui foulaient le sol de la région. Elle ferma les paupières du défunt et se releva lorsqu'un autre chef de groupe vint l'aborder. Il frappa son poitrail de son poing et elle fit de même, avec une légère révérence de la tête.

" Heureux de vous avoir parmi nous, Dame Sùlfr. La nouvelle de votre soutien a remonté le moral à beaucoup de nos soldats.
- Je n'allais pas vous laisser seuls, ce massacre n'a pas lieu d'être. Elle balaya les lieux de son regard disparate. Puis c'était chez moi ici, avant. Elle était d'autant plus sereine d'avoir fait venir ses parents à Mégido, qui sait ce qu'il leur serait arrivé sinon…
- Nous savions qu'on vous a mise à la tête d'un de nos commandos, mais qui est cette femme avec vous ? Hormis la chamane, la présence d'une non-orisha laissa le chef perplexe, d'autant plus que la fameuse brune dégageait une étrange aura : à la fois funèbre et apaisante.
- C'est mon esprit-compagnon, ne vous inquiétez pas. Elle est avec nous. La concernée se moqua de la conversation, son attention était figée sur une potentielle embuscade, ses pupilles dorées étaient rivées sur un environnement que ces mortels ne pouvaient ne serait-ce qu'entrevoir. Quelle est la situation ?
- L'arrivée des renforts les a fait se retrancher en plusieurs points de contrôle. Mais ils ont fait de l'ancienne compagnie portuaire Kole leur base principale. Ils ont enfermé la majorité de leurs otages dans les souterrains, que nous n'avions pas encore bouchés… Léto se mordit la lèvre inférieure, elle avait déjà visité ce fameux sous-sol que son patron d'antan avait aménagé pour ses sombres desseins.
- Je propose qu'on les attaque maintenant ! Plus on attend, plus ils auront le temps de se regrouper.
- Ils ont fortifié le bâtiment, ce sera difficile de percer leurs défenses…
- On pourrait faire diversion : nous les attaquerons de face, et vous en profiterez pour trouver une autre entrée et les attaquer par derrière.
- C'est faisable, mais risqué pour vous et votre unité… Léto, consciente des risques de son plan, se retourna vers ses compagnons d'arme.
- Vous êtes d'accord pour m'aider ? Ils se regardèrent les uns les autres, point aussi têtes brûlées que leur leader actuel. Mais leur détermination à défendre leur territoire et la liberté de leurs frères demeurait forte.
- C'est vous la cheffe, si c'est ce que vous voulez, on se battra pour vous. La blonde leur sourit, aussi radieuse que tout à l'heure sur le pont du navire.
- Vous ne vous battez pas pour moi, mais avec moi. " C'étaient pile les mots qu'ils avaient besoin d'entendre de sa bouche.

Les oppresseurs épièrent l'importante concentration d'orishas, armés jusqu'aux dents, se rapprocher de leur camp provisoire. Ils n'avaient pas prévu que les renforts arrivent aussi tôt, mais surtout qu'ils daignent se jeter dans la gueule du loup. Les sombres ennemis en première ligne les accueillirent avec plusieurs rafales magiques, une pluie de magie noire s'abattit sur les téméraires libérateurs qui osaient accourir en leur direction. Léto se réfugia derrière des barils, elle vit certains de ses hommes tomber dès la première salve, mais l'heure n'était pas encore à la médiatrice d'honorer les morts, pas tout de suite. Entre deux vagues, les miliciens se relevaient pour se rapprocher de plus en plus du bâtiment. Proche des fortifications, il n'y avait plus de couverture, et leurs ennemis ne manquaient pas de ressources magiques. La chamane lorgna du côté de son esprit-compagnon et lui fit un signe de la main ; la défunte y répondit par un rapide hochement de tête avant de se relever et de se tenir au beau milieu du feu ennemi. Grâce à son immatérialité mais aussi son statut d'esprit-compagnon, l'orine brune déambula devant leurs adversaires en guise de leurre, insensible à leurs sorts. Cette diversion permit aux orishas de charger, et notamment à Léto de se faufiler entre les lignes ennemis. Lors de sa course, elle coupa nette la jambe d'un type et leva son poignet incrusté par la magie divine du cristal-maître. Des langues colorés sortirent du cristal et vinrent se jeter sur le maximum de sous-fifres, pour intervertir l'une des couleurs de leur corps au hasard, et surtout les rendre complètement fou dans ce nuage de coloris. Étant malheureusement trop nombreux, Léto s'exposait au danger des lames à l'arrière, et elle faillit bien s'en prendre une ou deux si l'autre groupe n'en avait pas profité pour entrer in extremis par l'arrière. Ces types aussi pris en tenaille ne firent pas long feu, on nettoya assez rapidement le bâtiment ; mais les autres ennemis, plus loin, alerter par la clameur des combats, et probablement par le danger qu'encourait leur chef à l'heure actuelle, se lancèrent dans une charge désespérée pour déloger les orishas de là. Léto regarda à tour de rôle l'accès au sous-sol et l'entrée où une masse noire tentait de pénétrer. Elle serra les dents et leva un peu plus la voix, c'était encore à elle de jouer.

" Que quelques uns me suivent, on va sauver les otages ! Son esprit-compagnon la suivit de près, un petit groupe de son unité la rejoignit tandis que les autres formaient les défenses. Les autres, couvrez-nous ! Nous reviendrons vite !
- Vous avez entendu la demoiselle ! " L'autre chef de groupe resta sur place mais enjoignit quelques uns de ses hommes à la suivre ; la tête du maître devait rapidement tomber avant qu'ils ne se fassent emporter par la marée.

Alors qu'ils s'attendaient à une aussi robuste résistance là-dessous, Léto se vit avancer tranquillement parmi les tunnels sans encombre. Elle maintint sa garde, comme tous les autres, et préféra passer devant. Elle croisa le regard de son orine spectrale, elle fronça des sourcils. Prudence… Ils marchèrent une petite minute dans ce labyrinthe avant de tremper leurs bottes dans du sang. Ils remontèrent avec une cadence plus rapide la piste morbide avant de débouler dans une salle plus grande. La chamane se souvint de cette pièce : la même où elle avait humilié une bonne fois pour toute son ancien patron tyrannique et sauver le fils de ce dernier de son état végétatif… Entre ces murs, un groupe de sombres types les attendait, contrairement à ceux de l'extérieur ils n'étaient pas encapuchonnés et présentaient des veines plus apparentes, dues à l'utilisation excessive de leurs pouvoirs.

Veleshlyn ! Cracha un orisha, mais aucun de ses hommes ne fit le premier pas, pas tant que Léto leur donnait le signal.
- Ils… Ils ont exécuté tous les otages ! S'horrifia un autre soldat, des cadavres sans tête baignaient dans leur propre sang aux pieds des bourreaux.
- Nous n'avions jamais souhaité faire de prisonniers, c'était pour mieux vous appâter. Ricana celui qui semblait être l'instigateur de cette attaque, plus grand et au centre des autres.
- Hum. Lâcha son esprit-compagnon, Léto suivit le regard de celle-ci et commença à comprendre la raison de cet appel discret : l'un des acolytes du sorcier semblait nerveux.
- Attendez… Les esclaves ont fait appel à une sauvage ?! Se rendit-il compte, de plus en plus hilare, en notant la présence de la chamane. Cette dernière prit son épée de deux mains, ferma les yeux et fit rapidement le vide dans sa tête et son esprit.
- Sirona, je suis prête.
- Oui, maîtresse. L'orine se rapprocha de la spiritualiste et fusionna avec son esprit. Lorsque Léto rouvrit les yeux, devenus bien évidemment bleus scintillants, elles ne faisaient plus qu'une ; elle plissa des yeux peu après, comme si elle venait de voir ce qu'elle désirait enfin. Alors que tout le monde s'attendait à ce qu'elle donne l'ordre d'attaquer, elle pointa plutôt sa lame en direction du sous-fifre qu'elle avait repéré.
- Faites ce qui est juste ! L'acolyte serra des dents et poignarda soudainement leur chef, le retournement de situation effraya l'ensemble de ses "alliés".
- Pauvre fou, le piège est brisé ! " Entre les sorciers et les orishas, un pentacle rougeâtre apparut pour disparaître de nouveau soudainement, le piège magique fut bien brisé ; un pas de plus, et qui sait ce qui serait arrivé au groupe de Léto.

Maintenant qu'ils étaient à leur merci, les militaires n'attendirent pas leur reste pour fondre sur les assaillants, qui ne pouvaient plus que compter sur leurs sorts. Mais à courte portée, ils ne firent pas long feu face aux lames en orishalque, ils tombèrent comme des mouches, en guise de pure justice pour les innocents tombés sous leur joug. Le combat fut bref et intense, seul survécurent leur camp ainsi que le traître du groupuscule, recroquevillé dans un coin en attendant que la tempête passe. Léto trempa ses doigts dans le sang des otages et passa le liquide rougeâtre sur son visage, comme lors d'une légère transe chamanique. Les défunts furent honorés.

" Je ne suis plus orisha, mais mon empathie pour autrui subsiste. Elle braqua son regard bleuté sur l'acolyte et se rapprocha légèrement de lui. Vous vouliez en finir, les arrêter avant qu'il ne soit trop tard. Quelques autres orishas de son unité l'avaient aussi remarqué : ce jeune homme était moins serein que ses camarades, et l'appel du sang le plongeait peu à peu dans une folie traîtresse. Mais les morts ne pardonnent pas. La chamane leva son épée et balança la lame horizontalement, en direction de la sortie. Partez, et ne revenez plus jamais ! " Il détala comme un lapin, quitte à mourir en posant ne serait-ce qu'un pied dehors.

Ce n'étaient pas dans leurs gènes de faire des prisonniers, seuls la mort et l'exil attendaient les couards. Au moins, ce bougre les avait tous sauvés en retournant sa veste au dernière moment et il ne risquait sûrement pas de revenir après ce qu'il venait de vivre. Sa clémence fut approuvée, c'était ce qu'une véritable orisha aurait fait. La blonde décida d'en finir une bonne fois pour toute avec ce massacre, elle sectionna rapidement la tête du chef de ces fous et elle l'emporta avec elle jusqu'à l'extérieur. Là-haut, elle exhiba bien haut le visage vaincu du sorcier, puis la balança au milieu des envahisseurs. La vue de leur messie humilié démoralisa l'ensemble des acolytes, ils ne leur restaient plus qu'à accepter la mort maintenant que toute trace de motivation s'était évaporée avec la chute de leur leader.

Le crépuscule ferma le dernier rideau sur cette tragédie. Les miliciens s'attaquaient à présent à la reconstruction du Port, ainsi que la sécurité des civils. Le traumatisme demeurera quelques temps, mais au moins la région était saine et sauve. Pour ce qui est du groupuscule malsain, Léto lut plusieurs fois les documents que portait l'instigateur de l'attaque. Le sorcier – puisqu'il en était bien un – était en possession d'un ordre d'assassinat et d'emprise : s'emparer du Port, au nom d'une mystérieuse confrérie et d'un divin maléfique. La chamane ignorait bien quel Æther pouvait être vénéré pour vouloir perpétrer un tel massacre, mais ce qui était sûr c'est qu'elle n'approuvait pas les agissements de ce groupuscule et que, si l'Orishala et les Eshus le souhaitaient, elle les traquera jusqu'au bout. Pour l'heure, seul le repos lui sera accordé, sur ce magnifique horizon marin, qui lui avait tant manqué.

" Léto Sùlfr. Plusieurs officiers s'approchèrent d'elle, de cette ex-orisha atypique transformée en médiatrice des esprits. Personnellement, lorsque je vous ai connu, vous n'étiez qu'un pauvre jeune homme juvénile qui peinait à se faire une place au sein de notre belle capitale… A présent, non seulement j'apprends que vous êtes en réalité une femme, mais une puissante guerrière de surcroît. Il frappa son poing contre son cœur et posa un genou à terre, les autres le suivirent dans cette démarche. Ce fut un honneur de me battre à vos côtés, et j'espère que ce ne sera pas la dernière. La blonde eut du mal à retenir sa joie devant l'honneur qu'on lui rendait, mais sa nouvelle maturité la fit répondre dignement. Elle frappa son buste de son poing et leur sourit.
- Ce ne sera pas la dernière : mon cœur appartient à la liberté.
Zyr vreedlsh ash byul orisha. "


2840 mots ~



By Jil ♪
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