Ce jour-là, Demalo Bonney, ombre ténébreuse, flânait dans la rue commerçante. Il ne se cachait pas, contrairement à d’habitude. Toujours vêtu de ses amusants habits, il s’exposait aux milles regards des passants. Et pourtant, personne ne le dévisageait. Tous occupés autour des différents étals du marché, à regarder les vendeurs de breloques argentées, les bijoutiers aux cents diamants exquis et aux milles rubis flamboyants, les marchands de viandes aux milles saveurs des continents, ou encore les simples vendeurs de pacotilles et de bricoles en tout genre. Les vendeurs savaient parfaitement aguichés les clients, en présentant de façon vraiment magnifique leurs produits. Au détour d’un marchand de fromages, il trouva une boutique où plus d’une dizaine de sortes d’armes différentes y étaient exposées, de la plus lourde, telle une masse grossièrement taillé dans le métal au manche en bois simple, à la plus légère, des petites dagues ornées chacune d’une magnifique parure argentée, et dont les lames scintillaient aux lueurs du soleil…

Demalo sortit quelque peu de l’ambiance du marché et se retrouva devant un grand panneau d’affichage en bois. Dessus s’inscrivait les nouvelles de la ville et de ses quelques alentours. Cela allait de l’information la plus banale, quotidienne, à la plus importante. Cependant, cela ne l’intéressait guère. Les demandes d’assassinat n’étant pas un marché … officiel, il ne trouverait pas son bonheur ici. Il y avait aussi des petites requêtes, des demandes d’emplois pour garder des animaux… Bref, seulement des choses ennuyantes. Cependant, un petit bout de papier attira son attention. Non pas parce qu’il était resplendissant (tout au contraire), ni même de la place à laquelle il avait été désigné, mais juste une somme d’argent conséquente y était indiqué. Il prit le papier en main et le lut :

« Recherchons activement personnes capable d’arrêter une bande de pilleurs. Grosse récompense (environ 2000 pièces) à la clé. Deux personnes au minimum sont demandées pour remplir cette tâche. » Signé : votre cher et dévoué maire.

Cette requête l’intriguait au plus haut point. Mais il se demanda si ce n’était pas plutôt une arnaque. Il avait, dans son passé, fait face à de nombreux arnaqueurs qui promettaient une somme conséquente d’argent face à une mission aux abords faciles, qui finalement cachaient un réel danger. Il avait échappé plus d’une fois à la mort (ce n’est pas cela qui l’effraie donc), mais cette somme semblait si belle… Bon ! Après tout, pourquoi pas ? C’est de l’argent facile à acquérir, et puis après tout, c’est un travail comme un autre. Etant récemment sur la paille, avec ça, il pourrait s’offrir à manger mais aussi peut-être si le cœur lui en dit, une nouvelle arme ?

Mais ce qui l’embêtait le plus, c’était que deux personnes au minimum devaient participer à l’opération, or il préférait agir seul. Une personne dans les pattes ne lui plaisait pas du tout. Et pourtant, c’était la seule condition. Il enfouit l’annonce dans sa poche et se décida à rechercher une âme inoffensive pour accomplir sa tâche. Il regarda de nouveau le panneau d’affichage. Sur le coin en bas à gauche, il y avait une photo placardée d’une jeune fille, qui avait approximativement une quinzaine d’années. Elle recherchait quelqu’un pour l’aider à accomplir cette mission. D’après l’affiche, elle était facile à retrouver, elle avait de magnifiques cheveux orangés et des yeux dorés, et se baladait avec elle un petit démon aux yeux tout aussi dorés. Après tout, autant prendre quelqu’un qui s’appliquera qu’une personne prise dans le tas qui s’enfuirait au moindre problème…

Il retourna sur la place centrale du marché et s’adossa contre un lampadaire métallique. D’après ce qu’il avait compris en venant jusqu’ici en écoutant les conversations des badauds, c’est que la jeune fille recherchait un mercenaire pour l’aider et qu’il devrait se retrouver sur la place centrale, à côté du vendeur de métal, dans environ cinq petites minutes. Mais Demalo n’eut pas à attendre, car il fit face à la gamine qui correspondait à la description. Un large sourire coupa son visage, et ses yeux dévisagèrent la jeune fille. Il se mit à rire, puis redevenant calme à nouveau, il dit :

-Alors ? On me cherche ? Hinhinhin ! ♥

Une gamine s’était présentée devant lui. Elle déballa tout ce qu’elle semblait avoir à dire d’une traite, sous les yeux avides de Demalo, l’air amusée, un large sourire tout droit venu des enfers sur son visage. Il sortit un de ses couteaux, et s’amusa avec le bout de la lame à la faire tenir sur son doigt. D’après cette jeune fille, qui ne faisait que supposer et qui ne possédait pas la moindre once d’information ayant un semblant concrète, une bande de pilleurs voleraient les marchands de leurs milles et une marchandise. Mais visiblement, elle non plus ne savait pas comment ils agissaient, ni pourquoi. La seule chose à faire était de les capturer et de les donner en paquet cadeau au maire pour toucher la récompense. Juste cela comptait. A vrai dire, elle n’avait aucune information potable de plus que lui-même. Seulement l’aveuglante somme d’argent pour cette besogne de basse fortune. Elle termina son récit sur le fait que Demalo devait l’aider à remplir cette tâche, car, comme indiqué sur le papier de l’employeur, ils devaient être au minimum deux pour arrêter les voleurs. Alors qu’il aurait très bien pu réussir en solitaire, et empocher la prime à lui tout seul. Et là, il allait devoir faire un partage équitable avec cette jeunette. Bien entendu, la moitié de la somme était aguichante, mais tout de même…

Entre deux jonglés de couteaux, il répondit à la gamine de sa voix acerbe, piquante comme un cactus, mais tout aussi mélodieuse à ses oreilles pointues et déchirées par les lames d’épées :

-Eh bien ! Cela me convient ! Je veux bien t’aider dans ta quête. Cependant… Je te propose un marché : 70% de la récompense me revient, et je t’en laisse 30%. Si tu es d’accord, tout me conviendra à merveille. ♥

Il détourna le regard de la gamine et observa quelque peu le marché. Les gens grouillaient autour des marchandises, et il se demandait comment les voleurs se débrouillaient pour voler les denrées. Un simple vol au milieu de tous ces regards nécessiteraient une habilité extrême, mais ne fonctionnerait qu’une seule fois. Le vol groupé, à l’arme blanche… Non, le maire n’aurait pas mis sur le marché une si forte somme. Les voleurs devaient donc être bien plus rusés que des renards, et aussi habiles que des félins. Dans le doute, Demalo compta aussi le facteur magie. Qui n’userait pas de tous les moyens pour se remplir d’or la panse ? Par des moyens qui plus est, inconnu par les simples vivants de ce monde.

-Maintenant, il faudrait savoir de quoi tout cela retourne. Comment agisse les voleurs, pour pouvoir les contrer. Hinhinhin ! ♠ Nous allons nous amuser ! Suis-moi ♥ !

Tous deux, ils sortirent de l’ambiance festive du marché, et retournèrent devant le panneau d’affichage des informations. Un monsieur ventru et gras regardait avec attention les nouvelles. Son toupet sur sa tête était doré et il portait un costume en soie, déchiré sur le bas. Il tenait en main une canne au pommeau argenté, et d’un bois que l’on pouvait trouver dans les forêts avoisinantes. Quand il se retourna, Demalo le dévisagea, comme il avait l’habitude de faire. L’homme l’observa tout aussi, et lui lança un regard intrigué, de par le bout de papier qui dépassait d’une de ses poches.

-Vous êtes ceux qui ont répondu à mon annonce ? Vous êtes ceux qui vont sauver ce village ! Dieu merci, que le ciel soit loué !

L’homme lâcha quelques grosses gouttes chaleureuses, qui s’écrasèrent sur les pavés terreux. Il s’essuya avec son mouchoir et reprit un air sérieux, digne d’un homme fort.

-Je me présente ! Je suis le maire de cette petite bourgade ! Peu importe qui vous êtes, je m’en remets complètement à vous ! Depuis quelques temps, un groupe de voleurs moissonnent les marchés et pillent les marchandises. Nous ne pouvons rien y faire hélas. Ces bandits, nous ne savons pas comment, endorment les vendeurs… Et les volent pendant leur sommeil ! Nous ne pouvons hélas rien y faire… Aidez-nous !

Fatigué, il s’écroula sur le sol. Demalo le regarda de son air hautain. Pitoyable, pensait-il. Mais c’était son employeur. Enfin, leur… Il se détourna donc, et dit :

-Nous allons décider de ce que nous allons faire. ♦

Sur ces paroles, il fit signe à sa compagnonne de la suivre, et prit la direction d’une taverne pour y discuter stratégie.

Spoiler:

Quand ils entrèrent dans la taverne, une forte odeur, celle du bon saké et du rhum qui coulait à flot dans la descente des occupants des lieux, se fit désagréablement sentir Demalo Bonney avait pourtant l’habitude de ses lieux malfamées, où il passait une bonne partie de son temps, mais cette odeur infecte de cet alcool le répugnait. Non pas qu’il n’aimait pas siroter une bonne bière, ou apprécier un bon vin, mais il détestait par-dessus tout le rhum, boisson des mers. Personne ne fit attention à leur venu et Demalo et la gamine qui l’accompagnait s’assirent à une vieille table au bois pourri, mangée par les mites, dans un recoin sombre. La pièce était vraiment mal éclairée, seuls quelques bougies d’où la cire coulait à vue d’œil, illuminait les poutres en bois et les murs de pierre. Demalo planta son couteau dans la table, et le ressortit instantanément. Il recommença cette action de nombreuses fois, sans broncher, de manière mécanique. Sa compagnonne brisa le silence qui s’était installés dans leur conversation. D’après elle et ses suppositions folles, les marchands auraient tous senti une merveilleuse odeur, une sorte de parfum, un doux poison qui engourdissait les membres et le système nerveux, avant un évanouissement total. Puis, elle parla d’une certaine foire, qui se déroulerait ici le lendemain, organisée par un de ces gros bouffis dépensiers.

Toujours mécaniquement, il plantait et délogeait son couteau, sans rien dire, et malgré son air ennuyé, il écoutait avec attention son interlocutrice. Cette histoire le faisait de plus en plus frémir de joie. Une bande de voleurs, un marché aux milles denrées, des vols aux méthodes plus qu’amusantes. Cette sensation l’excitait fermement. Il avait envie de tuer des gens, et qui plus est, on lui demandait ! Son honneur n’était donc pas en jeu ! Il pourrait s’amuser à sa guise avec ces pillards, en les découpant petit à petit…

La jeune fille coupa le fil de ses pensées, en lui demandant s’il avait des suggestions à faire au sujet du plan sur lequel ils étaient en train de plancher. Il se redressa sur sa chaise, et planta son couteau au centre.

-Eh bien ! Tout d’abord, si j’en crois ce que tu dis, j’en déduis qu’ils agissent en nombre, je dirai approximativement dix personnes au minimum. Mais surement plus. Ensuite, pour les attraper, rien de plus simple ! Ils endorment les marchands, nous, nous nous faufilons dans le marché, et nous nous étendons sur le sol, comme si on était endormis ! Ensuite, un réveil surprise, puis le bain de sang…. J’en frémis d’avance ! Hinhinhinnn ! ♠

Son plan était simple, et sa réflexion à la portée des enfants, mais qui ne coincerait pas des bandits ainsi ? Demalo sait ceux que les humains pensent, et sait aussi ce qu’ils ne pensent pas en premier lieu ! Les voleurs pensent toujours aux moyens le plus étrange, alors il ne redoute pas le plus simple des pièges, et se font ensuite avoir. Cela relevait d’une certaine logique, bien que Demalo n’en soit pas sûr, il ne l’avouera pas.

Une serveuse passa par-là et Demalo commanda une petite blonde. Il reprit son couteau et se remit à le manier de la même manière. Planter, déloger, planter… Rien ne pouvait l’ennuyer plus que l’attente. Une impatience soudaine le prenait lorsqu’il savait qu’il aurait a tué quelqu’un pour de l’argent dans les temps qui suive. Rien ne pouvait tuer l’ennuie et le temps n’en semblait que plus long. La serveuse lui apporta sa boisson, qu’il paya avec les quelques sous qui lui restait. Il prit la chope en main et se mit à boire le doux liquide aux senteurs des îles. Le succulent liquide dégoulinait sur ses vêtements, et tomba sur la table. Il reposa d’un geste ferme son verre, et déclara :

-Raah, je m’ennuie. N’y a vraiment rien à faire jusqu’à demain donc ?

Il prit ses deux couteaux et se mit à jongler avec. Une magnifique valse de lame qui se déroulait juste au-dessus de lui. Puis il s’arrêta et fixa quelqu’un à l’autre bout de la pièce. Un homme au visage dissimulé par une capuche et aux vêtements rapiécés de toute part, et qui tenait en main un couteau de lancer, prêt à le lancer sur la jeune fille qui lui avait demandé son aide. Demalo la regarda : elle ne semblait rien avoir remarqué. Il finit sa chope, rangea ses couteaux et se leva :

-Viens. Il y a une sale ambiance ici… ♠

Sans dire mot, il sortit de l’auberge accompagnée de la jeune fille et de son démon. Il aurait très bien pu s'occuper de celui qui était en face, mais il ne voulait pas appeuré encore plus la jeune fille, qui semblait déjà toute énervée. L'énervement ne mène à rien... Il n’en fit rien, et se mit en direction d’un autre endroit. La lune commençait à se lever dans le ciel, et bientôt les ténèbres occuperont les lieux. Il fallait trouver un endroit où dormir, mais loin de ce lieu. Qui était cet homme ? Que voulait-il à cette fille ?

-Allez ! Je te suis ! ♥ Tache de trouver un bon endroit pour dormir, nous devons garder la forme pour la foire ! Hinhin ! ♣

Demalo fut amené par la jeune fille et son petit démon farceur dans un vieux baraquement en bois, dont les murs étaient branlants et respiraient le vieux chêne. La porte lança un bruit aigue quand la jeune fille l’ouvrit de ses petites mains innocentes. L’intérieur dégageait ainsi la même sensation de vieilleries sournoises prêtes à s’écrouler : les meubles étaient mangés par les mites, détruits par le temps, saccagés par la moisissure. Une cheminée faite de pierre restait dur comme un roc autour de tout ce tas de bois humide. La gamine alluma un feu pour pouvoir réchauffer la pièce et tendit ensuite à Demalo une couverture pour dormir. Sans mot dire, elle partit s’allonger dans la petite pièce voisine, en laissant la porte ouverte. Demalo, lui, se mit à côté de la cheminée, adossé à cette dernière, et sortit ses couteaux. Il reprit le même geste mécanique qu’il lui venait quand il s’ennuyait. Demalo avait l’habitude de passer ses longues nuits seuls, et de rester éveillé pendant des jours durant. Et puis, cette personne qui l’avait fixée à l’auberge. Elle l’excitait ! Il avait envie de la découper en mille morceaux, de lui arracher le cœur et tout ce qui allait avec. Bonney ne put retenir en lui un frisson de plaisir, un frisson exquis de bonheur. C’est alors, qu’au coin de la porte, le petit démon sortit de sa cachette. Il l’observait, dans ses moindres faits et gestes. Dignement, il menaça Demalo sur ses intentions, en tout cas, s’il en avait des mauvaises, envers sa jeune maitresse. Demalo le regarda d’un air amusé, et sourit. Un large sourire qui dévoila toute sa dentition. Preux, le démon se retourna et revint auprès de sa princesse qu’il défendait si hargneusement.

Demalo décida de sortir. Le confinement dans une pièce ne lui plaisait pas trop. Cela lui rappelait son enfance, cette pièce noir et morbide, où ses parents l’enfermaient quand ils ne voulaient pas le voir. Il ouvrit la porte branlante et se retrouva dehors. L’air frais était pur, et rafraichissait son corps. En face de lui, la lune, splendide, lui apparaissait telle la reine de la nuit. Cet astre illuminait le ciel tapissé d’étoiles. Il n’y avait rien à l’horizon, seulement des plaines à perte de vue parsemée de plantes, et une forêt à une centaine de mètres de leur refuge, ainsi que le village, caché par une petite colline. D’après ce qu’il avait compris, c’était un bucheron qui avait construit cette cabane pour être à proximité de son lieu de travail. C’est alors que Demalo entendit un bruissement de feuille dans un buisson. Il se retourna vivement, mais il n’y avait rien. Malgré qu’il voie parfaitement bien dans le noir, il n’aperçut personne. Une ombre surgit derrière lui et lui écorcha la cuisse gauche. Demalo se retourna et esquissa un coup avec son couteau. Mais il trouva que l’air. Une personne apparut alors devant lui, à quelques mètres à peine. Un homme encapuchonné, vêtu d’une tenue en cuir, et qui prenait les allures et le style d’un assassin. Demalo sourit. Il eut des spasmes de rire, un rire fou, qui aurait apeuré un régiment.

-C’est toi qui nous suit depuis lors ? J’espère que tu vas réussir à tuer le temps ! ♥

L’homme ne répondit rien, et s’élança en avant. Il sortit deux petits sabres, qu’il pointa durant son saut sur Demalo. Celui-ci les évita et sortit son second couteau. Il se retrouva derrière son adversaire, et planta ses couteaux dans sa moelleuse chair, qui lâcha un cri déchirant, ce qui ne fit qu’amuser la folie meurtrière de Demalo. L’autre se releva vivement, et lança une de ses lames en direction du cœur de Bonney. Demalo envoya valser sa lame dans les cieux, mais ne vit pas l’autre arrivé. L’assassin le blessa au bras gauche. Mais d’une acrobatie digne d’un acrobate de cirque, il sauta sur son adversaire, attrapa son bras et le plaqua dans son dos. Ca y est, il tenait son adversaire. Ce dernier tenta une dernière chose avec son autre épée, mais Demalo fut plus rapide et planta son couteau déjà ensanglanté dans sa main. Cette dernière était immobilisée à terre.

-Haha ! ♥ C’était amusant ! Bon, nous allons jouer à un jeu ! Une information, un doigt sauvé ! Hahaha ! ♠ Alors ! Qui t’envoies ?

Voyant qu’il ne répondit pas, Demalo brisa un des doigts de sa cible, qui lui arracha un cri de douleur intense.

-Je répète ma question ♣ Qui t’envoies ?
-Ce sont… Ce sont les ‘’Poisonous’’, un groupe de brigands !
-Tu vois quand tu veux ! ♥ Je continue ! Pourquoi voulait-il ma peau ou celle de mon alliée ?
-Eh bien… Euh… Quand ils ont su que des aventuriers étaient prêts s’était lancé dans cette quête, ils ont décidé d’employer… Un assassin pour ne pas être dérangé… Je devais vous éliminer… Pour qu’il n’est aucun problème… Laissez-moi, je vous en prie, je ne suis qu’un assassin… J’ai une famille…
-Oh … Intéressant… Hinhinhin ! ♥

Sur ce dernier rire, Demalo cassa un par un les doigts de son gibier sans broncher à chaque cri agonisant, puis son bras. Ce dernier ne survécut pas à la douleur, et mourût quand Demalo s’attaqua à sa deuxième main. Alors, le clown, prit le corps de son attaquant, et l’envoya valser au bas d’une colline. Il retourna dans la petite cabane, sortit un vieux chiffon pourri et commença à nettoyer ses lames ensanglantées. Il pansa par la suite ses quelques coupures. Ses spasmes reprirent. Ce gars n’avait même pas pu le distraire toute la nuit. Il lui restait maintenant une heure, environ, avant que le soleil ne se lève. Il décida de fermer un peu l’œil, pour se reposer un peu.

Quand il se réveilla, le jour était venu frapper par les fenêtres. Il trouva sa jeune compagnonne, assise sur une chaise, qui l’observait. Il se releva et s’épousseta quelque peu les épaules. Il rangea ses lames dans leurs fourreaux respectifs et regarda ses quatre breloques pendantes. Il était 7h06.

-Bien dormi ? Prête à t’amuser ce matin ? Hinhinhin ! ♥

Vu que la jeune fille et son ami démoniaque ne semblait pas réagir, Demalo laissa échapper un léger soupir. Il s’assit sur une chaise à moitié cassé, et ne fit mine de rien. Son ardeur de la nuit dernière s’était calmée, il était redevenu plus … Serein. Son envie de meurtre s’était attisée, comme si l’on avait jetée de l’eau sur le feu. Il ressortit ses lames, et s’amusa à les faire tenir sur ses longs doigts élancés. Il s’ennuyait de nouveau. Il observa la jeune fille, qui ne réagit pas, probablement encore dans l’émergement du sommeil, et son petit démon, qui lui l’observait d’un regard accusateur, qui lui en voulait pour il ne savait quelle raison. Peut-être avait-il aperçu quelques brins du combat sanglant de cette nuit ? Peut-être avait-il peur de Demalo ? Cette pensée amusa ce dernier, qui dévoila toute ses dents quelque peu tachés de sang. Un être de l’enfer qui a peur de Demalo, cela ne pouvait que le réjouir ! Un jour peut-être devra-t-il aller tuer un démon en terre brulante. Ou mourra-t-il avant, on ne connait pas nos destinées.

Demalo se leva, mais ne fut visiblement pas suivit par ses compatriotes. Il indiqua qu’il allait prendre un peu d’air frais dans ses poumons. Demalo avait besoin de se ressourcer le corps, mais surtout de bouger, et de voir si le corps n’avait pas bougé pendant la nuit, on ne sait jamais. Il descendit la bute en suivant les traces de sang et se retrouva au pied d’une plaine verdoyante. Un petit cours d’eau passait par là, et avait accueilli en son sein le cadavre de son adversaire de la veille. Bloqué par une roche, le corps était terriblement pale, et les doigts s’étaient décrochés. Il faut bien dire que Demalo s’était bien amusé en les cassant un par un, mais était resté sur sa faim, car l’assassin mourut après qu’il eut commencé à casser les doigts de la seconde main. Demalo attrapa le corps et le relança dans la rivière, de façon qu’il puisse dériver au gré du courant. Il regarda de nouveau sa montre, presque 7h40. Il ne devrait pas tarder à partir ! Demalo remonta sans effort la pente, et approcha de la cabane. Il ouvrit la porte et invita ses compagnons à en sortir, pour prendre la route jusqu’au village.

Ils marchaient désormais en direction du village où aurait lieu le marché du bourges. Demalo et Sherry, ainsi se prénommait-elle, s’échangèrent des banalités, racontant des choses un peu folle, histoire de passer le temps de route. Bien que ce ne fût qu’une simple collègue de travail, Demalo la trouvait fort sympathique, joyeuse et mignonne. Peut-être elle réussissait à calmer ses folies meurtrières ? Pendant leur conversation, Demalo Bonney décida d’aborder le point de la stratégie. Il se trouvait autour de plaine, il ne pouvait donc y avoir aucun espion, sinon, ils l’auraient facilement remarqué. Et puis, si c’était un utilisateur de l’ombre, ou il ne savait quoi d’autre… Bref. Mais soudain, il se retourna et lança son couteau dans un buisson épineux. Mais rien, la vive lame se planta dans le sol, ce qui fit lancer un léger rire au petit démon de Sherry, qui devait penser que leur collègue était paranoïaque… Il reprit son couteau et les rejoignit.

-Bon. Parlons sérieusement ! Cette nuit un homme est venu nous attaqués. ♦ Je l’ai arrêté, et lui ai soutiré à ma façon, bien entendu ♥ ! C’est donc un groupe d’une douzaine de personnes, mais cela est encore a vérifié. Ce sont les « Poisonous ». Ils utilisent une sorte de parfum pour endormir les marchands, et volent ensuite ! Malin ! Hinhinhin ! ♥ Peut-être en as-tu déjà entendu parler ?

Il ria de bon cœur ! Cependant, il se demanda si derrière leur technique rusé, s’ils savaient combattre, sinon ce ne serait pas amusant, et il n’y aurait pas de quoi s’amuser… Demalo fit craquer ses doigts, prêt à exécuter le plan ! Il voulait de la chair fraiche, et plonger dans un bain de sang chaud, tout juste prêt ! Il n’attendait que cela ! Ils approchaient dorénavant du village, et ses souhaits n’allaient pas tarder à se réaliser !

Spoiler:

Spoiler:

Chocolat venait d'être accepté parmi les protecteurs du bonheur et elle en était vraiment heureuse bien qu'elle n'était pas du genre à le crier sur tous les toits. Enfin, elle se sentait appartenir à quelque chose d'utile. Il est vrai qu'elle était déjà une servante dans le château de la messie des ténêbres, mais ce travail, elle le trouvait plus que dégradant. Servir une femme égoïste, capricieuse, et qui n'en valait pas la peine, très peu pour elle. En revanche, faire partie d'une organisation qui aide les enfants et les personnes sans défense, ça c'était bien plus intéressant et enrichissant. En plus, elle n'était pas obligé de rester enfermé dans un palais certes grand, mais étouffant. Faire partie des protecteurs du bonheur, ça signifiait bouger beaucoup en extérieur. Bon, hélas, elle ne pouvait pas vraiment faire beaucoup de missions, car elle était un peu trop retenue au château, mais lorsque l'occasion se présentait, elle en profitait un maximum.

Aujourd'hui était un grand jour. Chocolat aller aider pour une mission très importante et très excitante. Vu qu'elle était assigné comme volontaire chez les protecteurs du bonheur, elle pouvait toucher un peu à tout. Souvent elle s'occupait des enfants, mais cette fois, elle aiderait à arrêter un homme qui avait tué des personnes faibles et innocente non loin du sanctuaire. Il méritait d'être jugé et punit. La jeune sirène avait été assigné à jouer les espionnes. Aux dernières nouvelles, l'homme en question, nommé Demalo Bonney, avait été vu pour la dernière fois, sur le continent du matin calme. La jeune fille s'était donc rendu là bas et grâce aux nombreuses informations qu'elle avait récolté, et avec l'aide de tous ses compagnons, elle avait vite retrouvé l'homme en question. Chocolat connaissait plutôt bien ce continent et surtout sa rue commerçante pour y avoir passé de nombreuses journées à attendre que des personnes achètent ses cailloux. Et par chance, ce Demalo avait traîné quasiment toute la journée dans ce lieu. L'adolescente s'était donc faite discrète et l'avait observé. Ce jour là, il avait attendu une femme aux cheveux roux et à l'apparence plutôt jeune. Grâce à Taîs qui avait prit l'apparence d'une souris, elle avait put entendre leur discussion. Visiblement, ils avaient tous les deux été engagés pour arrêté les voleurs qui saivissait en ce moment dans la rue commerçante. Tout cela avait bien intrigué Chocolat qui finalement, aurait bien voulu arrêté aussi ses hommes qui méritaient d'aller faire un tour dans la prison du sanctuaire. Seulement, là n'était pas sa mission, et elle devait se concentrer sur cet homme uniquement.

Il est vrai que Chocolat, vu son jeune âge, n'était peut être pas la plus à même à réaliser une telle mission. Seulement, la jeune fille était plutôt intelligente pour son âge. Sans compter qu'avec son père qui était mercenaire et qui avait traqué des tas d'homme dans sa vie, elle avait presque ça dans le sang. Cette mission était donc bel et bien faite pour elle. Au fil de la journée, elle l'avait donc suivit et avait établit le moment idéale de sa capture. La jeune femme qui l'accompagnait, et dont elle n'avait pas encore connaissance du nom, avait entraîné ce Demalo dans une cabane reculé du continent. Cela aurait représenté le moment idéal, surtout lorsque celui-ci sortie pour prendre l'air, seulement, trois autres hommes étaient venus se mêller à l'histoire et ses renforts tardaient à venir. Chocolat n'avaient pût qu'observer la scène. En plus de ça, Demalo avait tué ces hommes, ce qui lui rajoutait des chefs d'accusations. La jeune sirène aurait voulu empêcher tout ça, seulement elle avait assez de jugeotte pour comprendre qu'elle ne ferait pas le poids face à tous ses hommes. Néanmoins, grâce à cela, elle s'était s'étaient rendu compte que ce Demalo était bien plus dangeureux que les personnes chargés de l'enquête l'avaient estimé. Elles devraient donc se montrer plus calculatrice pour l'arrêter, surtout avec cette femme dans les pattes. Celle-ci risquait d'être blessé à tout moment.

Les renforts miliciens étaient arrivé un peu après le meurtre et Chocolat avait dû perdre du temps à leur expliquer la situation. Après avoir discuté une bonne partie de la nuit, les trois miliciens et Chocolat avait finit par établir un plan d'attaque. Lorsque les trois personnes se rendraient dans la rue commerçante, il stopperait le suspect dans un endroit où il y avait peu de passage, là où les risques que des personnes soient blessé était réduit.

Ainsi, après avoir dormi quelques courtes heures à la belle étoile, les quatres bénévoles des protecteurs du bonheurs plus les compagnons de Chocolat, s'étaient levés et avaient suivit ce Demalo, la femme et le jeune garçon qui l'accompagnait. Tout était préétablit : deux des miliciens, ainsi que Chocolat se placerait face aux jeunes gens et arrêterait l'homme dans les règles de l'art. Si tout ce passait mal, alors le dernier milicien et les compagnons de la sirène encercleraient le suspect pour le maîtriser. Ils se regardèrent tous dans les yeux pour se donner les derniers conseils puis se lancèrent vers ce Demalo. Chocolat, maîtresse de la mission, vint se placer en face du suspect, le foudroyant d'un regard accusateur et satisfait, un petit sourire au coin, les mains sur les hanches, prouvant combien elle était tellement sûr d'elle.

« Monsieur Demalo Bonney, vous êtes en état d'arrestation pour avoir tué deux membres des protecteurs du Bonheur. » Annonça-t-elle, fière d'avoir à dire cette phrase, toujours avec ce sourir en coin. « Vous serez jugé et puni par notre organisation. Veuillez donc nous suivre ou nous vous entraîneront par la force. »

Chocolat ne s'attendait pas à une réaction particulière. Qu'il se rebelle ou non, de toute façon, il ne faisait pas le poids face à elle, ses compagnons et trois miliciens plutôt bien entraînés. Néanmoins, le fait qu'il prenne la jeune rousse en otage, en lui collant sa courte lame sous la gorge, la fit légèrement paniquer. A tout instant, il pouvait lui trancher la gorge, et là c'était mauvais, très mauvais. Elle ne pouvait pas se permettre une tel erreur. Pendant une fraction, elle écarquilla les yeux de terreur, mais bien vite elle se ressaisit. Cela ne se passerait pas comme ça ! Il n'allait pas gagner une fois de plus. Elle jeta alors des brefs coups d'oeil aux miliciens pour être sûr que la situation était maîtrisable et envoya un message télépathique à Taïs pour lui expliquer qu'elle devait se tenir prête pour le maîtriser.

« Vous avez intérêt à me laisser partir ou je vous promet que je fait saigné cette pute comme une truie. » crâcha-t-il plein de haine.

Cela se voyait qu'il avait peur lui aussi. Et c'est bien connu, un homme qui à peur fait bien plus de dégâts. Tout le monde devait rester maître de lui même afin de pouvoir mater ce genre d'énergumène. Son cerveau se mit alors à réfléchir à toute allure afin de pouvoir le maîtriser sans faire de dégâts irréversible.

Pendant ce temps crucial qu'elle aurait du utiliser à bon escient , l'esprit de Sherry préférait se concentrer sur des choses bien plus futiles et qui ne lui serviraient sûrement à rien pour déjouer les desseins maléfiques qui se préparaient dans la mentalité tordue de son compagnon. * Que vient-elle de dire ? Demalo a … ? Les protecteurs du Bonheur ? Que voulait-elle dire par là ? Quels crimes avait-il osé commettre encore ? C'est impossible et pourtant …* Quelle genre de questions voulait-elle lui poser dans un tel moment ? A vraie dire , aucune.  Bien que diverses interrogations parsemaient son esprit à droite et à gauche , que son expression se remplissait de dédain et déception , elle ne voulait plus dire mot. Elle voulait juste s'éloigner de lui , creuser encore plus la distance qui les séparait déjà mais visiblement , ses intentions étaient claires aux yeux du vieux bougre et celui-ci ne lui permit ni un pas de plus avant de la coller à son corps d'homme largement plus puissant.

Une main sur sa taille pendant que l'autre tenait fermement la lame qui lui servait de menace , Demalo touchait légèrement la peau livide de la demoiselle qui ne savait plus quoi faire l'esprit complètement perdu , se contentant de sentir le bout de métal glacial sous sa gorge. Elle n'avait qu'une envie à ce même instant , crier ! Elle était loin d'être faible mais dans ce genre de situation de haut risque et tellement imprévue , elle ignorait complètement les mesures à prendre. Toutes ses chances de s'en sortir et toutes les astuces qu'elle aurait pu utiliser pour se mesurer à lui délaissèrent de suite son esprit pour ne laisse à la place que le vide total. Elle ne pouvait lutter contre lui , elle essaya de se débattre plusieurs fois mais sans succès. A chaque moindre mouvement de son anatomie, la dague se plongeait un peu plus sur sa chair , se préparant à trancher son cou à tout instant.

Ayant plus ou moins perdu espoir , souhaitant voir par dessus tout cette crapule derrière les barreaux ou au fin fond d'un cimetière , devenue plutôt extrême d'ailleurs , elle cria dés que l'occasion se présenta « Ne vous gênez pas pour tirer ! Saisissez-le ! Arrêtez-le ! Tirez !Ne vous préoccupez pas de moi , je me débrouillerait , tirez ! » Ceux qui auraient vu ça comme une preuve d’héroïsme , d'autres le verraient probablement comme de l'inconscience mais en tout cas , Sherry était prête à sacrifier beaucoup de choses dans l'instant précis juste pour se voir délivrer de cette tâche qui était venue s'incruster sur les pages du livre de sa vie.

Dans l'euphorie la plus totale en entendant ces moments tout à fait dénués de sens , Kai qui observait la scène encore incrédule , voulait sauter sur l'occasion et sauver sa princesse menacée , tout aussi irréfléchie , du danger que représentait ce mercenaire fou furieux. Cependant quelques pensées avisées et une vue globale de la situation l'en empêchèrent , il s'imaginait rapidement les conséquences de ses actes et il s'avérait qu'à chaque fois Sherry s'en retrouvait blessée , option à exclure objectivement.

L'homme hostile devait être éliminé à tout prix , emmené en vie si possible pour qu'il paie pour ses crimes , mais l'otage faisait écran de protection … Il leur était impossible de tirer sans avoir 50 % de chances de toucher la mauvaise cible … Ils ne pouvaient pas se le permettre , courir un tel risque n'était autre que de la folie pure et dure. Pendant que le démon grognait incroyablement fort de son côté , l'ombre essayait de ''négocier'' avec les miliciens son départ imminent , il n'employait plus le même vocabulaire que tantôt , ça non ! Il venait de révéler toute la fourberie du personnage , toute la vulgarité qu'il avait abrité depuis le début et qu'ils n'avaient été que trop aveugles pour remarquer.

La situation était devenue complètement néfaste , hors de contrôle , personne ne pouvant rien pour l'empêcher , rien tenter sans que des dégâts irréversibles ne fassent leur apparition , un élément perturbateur devait faire son apparition pour chambouler l'atmosphère stagnante. Celui-ci prit de manière surprenante la forme de gardes , des bruits de pas qui se faisaient entendre clairement à l'horizon mais impossible à dire de quelle direction ils provenaient. Inutile de dire la furie qui envahit à ce même instant l'esprit déjà bien dérangé du personnage , le faisant devenir complètement imprévisible. Il agitait désormais sa lame dans tous les sens , cherchant peut-être à toucher un de ses adversaires même si ceux-ci étaient à plusieurs mètres d'écart.

La mentalité d'un être dénué de rationalité n'est pas quelque chose qu'on peut comprendre et prévoir si facilement. S'approcher de la réprouvé devint alors encore plus difficile qu'avant , un véritable exploit s'ils y parvenaient. Parviendraient les nouveaux intervenants à maîtriser la situation et calmer l'homme dominé , plutôt possédé par la peur alors qu'il acclamait ne jamais l'avoir ressentie ? Seraient-ils en mesure de sauver la jeune demoiselle qui n'en sortirait déjà pas totalement indemne après quelques lacérations dans la confusion du moment ? Le sang teintait déjà de sa couleur écarlate les pavés de la citadelle , en espérant sincèrement qu'il ne s'en déverserait pas d'avantage par la suite. Les ordres de la gamine se faisaient attendre , la réaction de ses subordonnés également. Le démon n'oserait pas esquisser le moindre geste de peur de commettre une erreur donc tout leur était légué , le sort de Sherry se trouvait entre leurs mains...

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Sherry tremblait comme une feuille entre les bras de son agresseur, celui-ci empêchant son corps de femme d’échoir à même le sol sous le coup de l'émotion. Quelque chose en lui venait de changer brutalement. Il était évident que le personnage pour le moins mystérieux et épris de toute cynisme ou danger, n'était plus, ayant abdiqué de toute la raison qu'il aurait bien pu retrouver en compagnie de la petite réprouvée pour laisser place à une démence sans pareille. Des souffles haletants, une anxiété extrême, un souffle de vie prêt à se perdre … Dans les yeux de Sherry, un semblant de larme se formait, ce semblant de goutte sur sa joue perlait, sur ses petites mains – agrippant fermement celles du malfrat – elle s'échoua. Quelques secondes s'écoulèrent, devinrent bientôt des minutes qui s'amassaient à leur tour abondement, les Protecteurs du Bonheur n'ayant visiblement pas prévu une telle situation et n'ayant moyen d'y remédier de manière tout à fait paisible ou immédiate.  

Kai rageait, grinçait des dents à en faire une mélodie épouvantable pour tous ceux aux alentours. Il grognait tel un animal en furie tant cette vision lui était insupportable, ne domptant que faiblement un désir violent de bondir sur le vilain personnage pour en déchiqueter la chair molle, venger ainsi sa belle maîtresse. Un silence de mort planait dans la ruelle – n'ayant que quelques rires des villageois pour cacher les cris de terreur opprimés – et Demalo ne prit pas son pied pour le briser de sa voix rauque, pour le moins grossière. « Je vous préviens ! Si vous ne vous éloignez pas, je lui tranche la gorge voire même plus si l'envie me prend. Alors pour commencer vous allez reculer bien sagement, bande de b*tards ! Je ne le dirais pas deux fois et je n'hésiterais pas à agir ! C'est pour ça que vous voulez me capturer non ? Me mettre derrière les barreaux ? Hinhinhin ! »

Ses mots retentirent leur attention et agirent tels des poignards acérés ou des fils empoisonnés, forçant ainsi tous ces hommes – aussi bien leurs carrure imposant que leur âme chevaleresque - à agir à sa guise, le démon se voyant tout aussi obligé de suivre ses commandements. Toute résistance était futile, purement vaine – ne conduisant qu'à plus de peine pour la proie captive - et le comportement de leur opposant, maintenant dénué de toute rationalité, n'en devenait que plus difficile à prédire. Demalo se tenait droit tous les yeux figés sur sa personne comme s'il voyait là de quoi se réjouir, comme s'il admirait l'attention qu'on lui portait enfin. « J'aime mieux ça ! Vous devez tenir énormément à cette c*nne pour mettre sa vie avant ma capture. Vous n'êtes que des lâches de toute manière HAHA ! Allez, on ne vas pas s'arrêter en si bon chemin, n'êtes-vous pas d'accord ? » riposta-t-il.

L'ombre s'arrêta brusquement, fixant des yeux le démon avant de changer du tout au tout sa tactique, son approche quelque peu excessive, sa manière de torturer aussi psychologiquement que mentalement ceux présents sur la scène. Le couteau à double lame, toutes deux on ne peut plus aiguisées, s'approchait dangereusement de la gorge de porcelaine de la petite, ses membres liés de force par les poignes de fer du bandit. La lame frôlait sa peau, en examinait la texture, l'odeur et le touché, comme pour en définir le meilleur endroit à taillader. Les doigts du bougre parcouraient sa taille fine de haut en bas sans déborder - fort heureusement - dans des zones parfaitement interdites, tandis qu'il dévorait des yeux non pas le corps de femme de Sherry mais plutôt les regards désapprobateurs qu'on lui lançait, la haine à l'état pur qui en émanait. Il semblait trouver dans la souffrance son propre salut, pour atteindre ainsi un stade de félicité intérieure et il ne se fit pas prier pour la faire monter en flèche, tourmenter l'esprit de la réprouvée, les sanglots coulant déjà à flots. Une première entaille pour en faire le liquide écarlate dégouliner, une deuxième pour prouver la réalité de la situation, une troisième pour le plaisir d'entendre ces cris étouffés de sa belle proie dans le désespoir le plus total, se noyant dans ses propres larmes de douleur.

Gardant toujours ses yeux rivés sur Kai, – celui-ci l'ayant lacéré une centaine de fois dans son esprit depuis le début de ce supplice – il avait maintenant approché ses lèvres du visage de la dame pour en embrasser la surface, attisant toujours davantage cette flamme qu'on appelle ''colère''. Le démon semblait être celui à lui apporter le plus de frémissements, le plus d'émotions fortes et il comptait bien redoubler l'intensité de cette aversion certaine qu'il lui portait et qui n'était pas prête de s'effacer. « Vous ne voulez pas qu'elle souffre ? Alors voici mes conditions. Soit je la tue, en découpant son beau corps pour faire profiter du spectacle à toute cette communauté, tout en tirant les boucles écarlates de Sherry pour mimer ses propos soit vous me laissez partir en liberté. Et cela implique ne plus jamais essayer de me pourchasser, ne plus jamais vous lancer à mes trousses, pour ne pas dire évidemment effacer toutes les preuves de mes méfaits qui pourraient un jour m'être fatales. Qu'en est-il ? Allez-vous agréer ? Je ne vous donne que quelques secondes pour réfléchir ! HAHAAAA ! Suite à quoi elle perdra cette petite voix si charmante qu'est la sienne ! » fit-il, s'étant décidément lassé de la situation présente et voulant la chambouler agréablement dans le sens qui l'avantageait le plus de toute évidence.

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