A présent, les deux individus manifestaient clairement de l'anxiété face à nous et à nos propos. Je portais mon regard dans la direction de ma camarade, désireuse de connaitre sa réaction. La demoiselle affichait un franc sourire mais je devinais la jubilation qu'elle camouflait à merveille. Elle avait l'air étonnamment royale, ce rôle lui collait à la peau à s'en demander si elle n'était pas l'enfant caché d'une haute famille. Je la regardais, repensant à tout ce que nous avions vécu toutes les deux, à la première fois que je l'avais rencontré dans cette maudite forêt, puis je souriais à mon tour. Les secondes s'écoulèrent, l'atmosphère devenait de plus en plus lourde et il m'apparaissait évident que ces deux énergumènes réfléchissaient silencieusement et de façon individuelle à un façon de se tirer de ce mauvais pas. Je les observais attentivement, aucun coup d'oeil n'était échangé, mais cela ne nous certifiait pas qu'ils n'avaient pas un plan de secours en cas d'embrouille. Nissa coupa court à leurs pensées en invoquant l'appel du Kraken. Gardant mon sérieux et mon sang froid, je feignais un air grave.

"Votre Majesté ... Vous êtes vraiment brillante !"

La panique les gagnait, si bien que les deux hommes s'élevèrent comme un seul dans notre direction. Je m'étais fourvoyée lorsque j'eu pensé qu'ils n'étaient pas en possibilité d'attaquer ensemble ; ils avaient bien un plan d'échappatoire. L'ondine feignait de ne pas leur prêter attention lorsqu'ils tombèrent lourdement sur le plancher, glissant dans les flaques d'eaux présentes au sol. L'un assommé, Nissa acheva l'autre d'un geste précis et théâtral.

"Quel lancé !' m'écriais-je m'adressant à nouveau à mon amie, et non plus à la reine des abysses.

En remontant sur le pont, nous ligotions les premières victimes de l'ondine. Je m'assurais de bien entraver leurs mains et d'éloigner toutes les lames ou armes potentielles de leur corps, évitant ainsi que l'un deux libère tout le monde. Je jetais par dessus bord tout ce qui pouvait leur rendre service, leurs chapeau compris, histoire de blesser leur orgueil. Toute satisfaite de moi que j'étais, j'emboitais le pas à mon amie pour aller retrouver Land. Allait-il me reconnaitre ? Aimant les animaux, j'étais très contente de pouvoir le voir à nouveau. Nissa avait de la chance d'avoir un ami si loyal et protecteur. Ma crapule était tout aussi fidèle, mais ce n'était pas ce petit bout d'amour qui pouvait me protéger comme le faisait le beau loup.

"Alors Nissa, je pensais que niveau orientation tu te serais amélioré depuis la forêt !" rigolais-je gentiment d'un air taquin.

Après avoir ouvert maintes et maintes portes, elle finit enfin par retrouver son compagnon. Ce dernier était heureux de la revoir, et de pouvoir se défouler. Je m'approchais doucement de lui, lui présentant ma main sans la moindre onde de stress: Cet animal était intelligent, je le savais, il me reconnaitrait. Il me renifla, me regarda et nous ouvra le chemin. Un sourire s'étira jusqu'à mes oreilles, j'étais sure, grâce à son regard, qu'il m'avait identifié. Nous courrions presque derrière la bête lorsque nous tombions sur une porte gardée par deux types. Nissa eut à peine le loisir de chanter que les deux hommes paraissaient être ailleurs. Peut être avaient-ils un peu bu ? Ils semblaient déjà absents avant même que mon amie n'entame sa mélodie.

Libérant le capitaine et les otages, j'aidais les plus choqués par les évènements à se déplacer.

"Il n'y a plus de danger, ne vous inquiétez pas" rassurais-je un duo d'enfants dont les parents n'étaient pas très sûrs d'eux.

Je prenais la plus petite dans mes bras, avec l'accord silencieux de sa mère, et je la couchais dans sa chambre. Je n'allais pas la remonter sur le pont, pas avec tous les cadavres s'y trouvant. Une fois délestée de ma tâche, j'intégrais le pont retrouver Nissa. Cette dernière m'accueilli les bras ouverts, heureuse que la soirée s'achève.

"Je vais prendre une chambre ici et regagner la terre avec vous, je n'ai aucune obligation sous les courants" répondais-je ravie de prolonger mon temps libre avec mon amie, et pouvant à mon tour me reposer.

Je flattais la tête de Land, puis j'allais chercher une chambre disponible.

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