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 Un froid de Génie près d'un feu de Chaman [Abel Raham / Zekkyo Geru ]

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Lun 05 Déc 2016, 11:10


Une dague dans la neige



« Voilà, la coupe est bue jusqu'à la lie, Basphel ne sera donc plus pour moi qu'un souvenir dorénavant ou au mieux une étape lors de mes voyages. »
C'est la première pensée qui me vient et que j'exprimais à haute voix, la partageant avec Svaniir, mon Esprit Compagnon, alors que je déboucle le harnais qui m'a permis de me jeter dans le vide depuis les docks de l'île suspendue et de descendre tel un bolide traînant un maigre parachute de tissus derrière lui pour ralentir sa course jusqu'à la terre ferme, la vraie terre, bien dure et compacte, qui ne tangue ni n’est soumise aux caprices des vents.

Je lève les yeux et les plisse pour essayer de distinguer les détails des tours de l'école une dernière fois puis je tourne les talons et plantant mon bâton de marche vigoureusement dans le sol un pas sur deux, je prends la route.
Svaniir marche avec moi de concert, s'arrêtant pour reluquer de temps en temps une donzelle affairée à battre le beurre ou préparer la marmite du midi.

Ma destination ? En premier lieu le col là-haut, caché entre les pics déjà couronnés des premières neiges d'hivers tombées la semaine précédente. Cette fois ci, je ne prendrais pas la voie royale, celle que les caravanes empruntent tout au long de l'année, non, trop d'hommes en armes et de combats en ce moment alors que les troupes régulières ont été diligentées pour déloger une bande de bandits et de coupes jarrets, reliquats d'une armée en déroute provenant de l'autre côté des montagnes, qui avait pris le contrôle des passages pendant l'été et rançonnaient les marchands s'ils ne les pillaient pas tout simplement.

Lors d'une des expéditions avec mon Maître, Kao Loali, nous avions traversé la chaîne montagneuse de part en part grâce à d'anciens chemins abruptes et difficiles encore utilisés par les contrebandiers qui voulaient échapper à la dîme et au péage ainsi qu'aux fouilles systématiques pouvant révéler leurs petits commerces pas toujours autorisés par les autorités devenues peu complaisantes bien que toujours intéressées par des produits soit disant illicite dont les représentants ne se privaient pourtant pas ni l'achat ni la consommation ... Le cas typique d'antagonisme entre la loi et son application absolue.

Par exemple, vendre ou introduire telle ou telle denrée provenant des territoires ennemis ou considérés comme tels était passible d'emprisonnement voire de mort alors qu'en consommer et en offrir à ses amis totalement toléré, surtout pour les notables ... Alors que pour les gens du peuple … Les gibets et les carcans qui fleurissaient partout étaient les tristes et effroyables témoins de ces différences sociales.

Je pris donc la route par ce beau matin frais, mon manteau volant derrière moi et le bruit sec du fer martelant le pavé, et bientôt commençait l'ascension au milieu des quelques chariots qui se risquaient comme moi à passer par les terres et la montagne pour rejoindre l’autre versant plutôt que de se diriger vers les côtes et rallonger de fait leur trajet de plus du triple qu'il n'était prévu, y compris les taxes et les contrôles réguliers avant d'arriver enfin aux ports et d'embarquer pour un simple saut de puce par cabotage au prix hautement prohibitif.

Je passais le pont, mon regard s'égarant un instant vers les rives en contrebas où je me souvenais m'être débarbouillé de toute peinture avant de réintégrer la prestigieuse école de Basphel pendant tant d’années, peintures que j'arborais aujourd'hui avec toute la fierté due aux efforts pour gagner le droit de les porter et de l'appartenance à une espèce si particulière que constituaient les Chamans.

Plus loin, au lieu de poursuivre sur la route pavée, je profitais de l'entrée dans un bosquet pour bifurquer et disparaître dans la lande, cheminant rapidement entre les blocs de rochers éparses qui jalonnaient de loin en loin les champs maintenant labourés et prêts à passer l’hiver.

Plus j’avançais et je montais, plus ils devenaient présents et périlleux au fur et à mesure que je gravissais les étages qui me faisaient quitter les pieds de l'Eidewelss encore vierges de toute couverture immaculée pour ses flancs escarpés où on ne trouvait finalement que quelques prairies encore bien vertes et drues désertées pas les troupeaux maintenant abrités dans les étables ou les champs méridionaux.

Reinàe quitta à ce moment là l'abri de la sacoche qui pendait à mon épaule et se mit à courir de tous côtés devant moi, humant l'air et reniflant les pistes, toute heureuse d'être libre dans un environnement enfin à sa mesure. Je l'avais recueillie à peine plus grosse qu'une belette adulte et maintenant elle avait la taille d'un renard et sa vivacité féroce et meurtrière. J'entendis des couinements de peur et de douleur loin devant et quand j'arrivais à la hauteur de leur dernière émission, je découvrais l'hermine en train de festoyer goulument sur la carcasse encore chaude un lièvre. Au moins, je n'aurais pas à la nourrir ce soir, une bonne affaire.

Mon pas se fit plus lent sans pour autant faiblir à mesure que les pentes s'inclinaient, et je devais louvoyer en permanence entre les rocs pour suivre cette piste pour chèvres qui me conduisait vers les passes secrètes, faisant plus du double horizontalement que je ne montais verticalement.

Des mouflons m'observèrent un moment, puis, surpris par Svaniir qui apparaissait juste devant leur museau par simple farce, ils fuirent éperdument poursuivis pour la forme par ma compagne repue qui abandonnait très vite, son petit ventre rond faisant une excroissance burlesque au milieu de son corps longiforme tâché encore de quelques traces de sang provenant de son repas sauvage.

A mi pente, une forêt de pins et autres résineux faisait comme une collerette d'habit séparant le corps trapu des monts de leurs têtes chenues élancées et escarpées. Les traverser fut moins pénible que je ne pensais, surtout que le soleil de midi me réchauffait aussi traitreusement que mes efforts dans ma progression. La fraîcheur du couvert fut la bienvenue et offrit encore une fois quelques repas à l'hermine affamée. Écureuils, rongeurs, oiseaux transits sur une branche, nul n'échappait à son flair ou sa vue perçante, nul n'était à l'abri de ses crocs acérés.

Lorsque j'émergeais enfin de l'autre côté, la sylve devenant rare plus je montais, elle essaya de réintégrer son hamac portatif, mais je lui refusais ce bonheur sachant bien qu'elle devait alors peser au moins le double que lorsque nous avions quitté la ville. Ce qu'elle avait ingéré devait être dépensé maintenant, sans mon concours ...

L'après-midi était bien engagé, je n'avais fait qu'une courte halte au bord d'un ruisseau dévalant les pentes joyeusement avant d'être à son tour pris dans les glaces qui l’emprisonneraient bientôt, mangeant un biscuit et buvant un peu d'eau additionnée de miel de ma gourde que je portais sous mon manteau pour qu’elle soit toujours un peu tiède.

Reinàe en profita pour s'exposer au soleil sur une grosse masse rocheuse et commencer une sieste que j'abrégeais rapidement malgré ses grognements réprobateurs. Nous devions arriver juste au-dessous de la passe avant la nuit si nous voulions trouver un refuge sur et sec pour y dormir ...

Nous n'étions plus qu'à quelques volées de flèches quand je remarquais les piétinements dans la couche de neige et quelques mares de sangs ayant déjà été gelées au moins une fois par la froidure nocturne.
Ici, une nombreuse troupe avait piétiné, s'était battue, avait fui, abandonnant quelques effets au passage. En contrebas d’un à pic, j'aperçu un âne encore bâté auquel s'accrochaient encore quelques charges. L'animal, sans doute dans la panique, avait été bousculé et précipité dans le vide.

C'est avec circonspection que j'avançais maintenant, sachant pourtant que ce qui s'était passé ici datait au minimum de la veille et même peut être de plusieurs jours, mais je préférais user de prudence, on ne savait jamais ...
La piste que je devais suivre s'écartait finalement du chemin principal et du théâtre de cette tragédie, et aucune trace n'indiquait qu'un autre que moi soit passé depuis longtemps.

Je repris donc mon ascension jusqu'à ce qu'au détour d'un périlleux éperon, Reinàe qui était une fois encore partie devant poussa son cri si caractéristique pour m'annoncer une trouvaille d'importance.
Svaniir fut le premier sur les lieux, lui n'était pas fatigué par tout le poids d'une marche de la journée, et il se retourna pour m'informer de ce dont il s'agissait.
« C'est rien qu'un cadavre, un contrebandier on dirait, et un coffre ouvert à côté contenant une lame tout à fait commune ...»
C'est en effet ce que je vis en arrivant à mon tour. Le gars avait trépassé soit de la plaie qui maculait son estomac, soit du froid de la nuit, ou des deux. Mais il était là depuis un bon moment, protégé des charognards et des regards par un contrefort, couvert d’une fine pellicule de givre.

Pris d'une inspiration subite, je ramassais l'arme encore emballée dans une peau souple et la fourrais dans ma sacoche, puis, sans plus de remords, je continuais mon chemin vers l'abri tant espéré ne voulant pas risquer de me retrouver comme lui le lendemain, totalement glacé pour l'éternité. Son corps nourrirait les busards comme ceux de bien d’autres et ne trouvant trace d’aucun esprit alentour,  j’en déduisais que les Ombres avaient bien fait leur ouvrage ici …

Ce n'était même pas une grotte, juste une anfractuosité où on pouvait tenir à trois avec une monture ou un âne. Dans un coin, quelques bûches et du petit bois, de quoi faire un feu en urgence, mais comme ce n'était pas mon cas, je ressortais en laissant mes sacs sur place et récupérais assez de bois pour une nuit sur une vieille souche un peu plus loin qui deviendrait rapidement invisible pour l'hiver et une partie du printemps sous sa couverture de neige.

Allumer le feu, un briquet à amadou est un investissement en voyage, un peu de neige dans ma tasse en fer blanc en y plongeant quelques feuilles de thé et de menthe plus tard quand elle se mit à frétiller, les bottes ôtées et mises à sécher ainsi que les chaussettes, et me voilà à festoyer d'une tranche de pain et d'un morceau de saucisse de sang, bien à l'abris dans cette cavité alors que dehors le vent nocturne se lève et fouette les rochers furieusement.

Svaniir, qui n’est pas à moitié moins curieux qu’il ne l’était de son vivant, me désigna ma besace.
« Je me demande bien ce que cette lame a de si précieux pour être enfermée dans un coffre et emportée plutôt qu’une caisse de bijoux ou de pièces d’or … »

Je me torche la bouche d’un revers de manche et je tire le rouleau de cuir hors du sac, tirant sur le bout pour faire rouler en dehors l’arme et je me penche pour l’examiner à la lueur du feu.
Maître Loali m’avait bien formé, ce que tu ne connais pas ou ce qui te semble suspect ou t’est étranger,  tu ne le touche pas de tes mains nues tant que tu ne t’ais pas assuré qu’il n’y ait aucun risque.

Suivant son conseil, je l’examinais donc, la retournant en utilisant le cuir pour la saisir, cherchant une gravure, le poinçon du forgeron qui lui avait donné forme, autant  d’indice qui pouvaient me donner sa provenance et m’avertir d’un danger …
«Ce n’est pas une dague, la garde est trop grande, je dirais une épée dont il manque une longueur» Dis je alors que je la tenais par la lame entre mes doigts enveloppés par le cuir. Je la reniflais, essayant d’y déceler une trace éventuelle de poison puis la fit miroiter à la lumière du feu après l’avoir baignée avec le fond de mon thé puis essuyée pour y trouver une éventuelle trace d’un quelconque dépôt, mais rien, ni sur la poignée, ni sur la lame.

Rassuré, je l’empoignais finalement sans autre protection et en testais l’équilibre, fendant l’air de droite et de gauche comme pour croiser le fer avec un ennemi invisible. Reinàe, qui avait réintégré ses appartements et dormait déjà, passa un museau ensommeillé pour voir ce qui provoquait ce remue-ménage puis re disparut en grommelant comme une vieille après un instant.
«Ce devait être une bonne arme dommage qu’elle ait été brisée, elle t’aurait plu, Oh ! Je l’ai mal astiquée à cet endroit …» Je venais de découvrir une petite tâche vers la garde et utilisant la peau qui la protégeait tantôt, je la frottais vigoureusement …



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Dim 11 Déc 2016, 15:37




Une dague dans la neige (Abel Raham - Zekkyo Geru)

" - Si tel est ton dernier souhait alors voilà pour toi. Maintenant que tes trois voeux sont exhaussé notre contrat touche à son terme, adieu..."

Combien de fois avais-je donc prononcé de tels mots ces derniers temps? Je ne savais plus, j'avais arrêté de compter voilà bien des semaines, peut-être des mois même. Lorsque l'on est immortel comme moi la notion du temps devient vite confuse et sans intérêt. La seule chose qui m'importait était de gagner en force grâce à la magie bleue et peut-être qu'un jour je deviendrais assez puissant pour ne plus avoir à servir les personnes quémandant mon aide. Je n'étais encore qu'un simple Sylphe alors ce que j'avais à leur proposer était bien souvent très en deçà  de ce qu'ils attendaient mais la plupart restaient malgré tout satisfaits de mes services. La plupart du temps je restais des plus discrets, me faisant passer pour un membre d'une autre race, chose facile avec mon pouvoir qui me permettait de changer d'apparence. J'aimais ce pouvoir qui me permettait bien des choses, c'était une petite compensation.

Cette fois ci, comme presque toutes les autres d'ailleurs, l'homme qui avait fait appel à mes services n'était attiré que par la fortune. C'était une chose commune, je lui avait offert autant que ce que mes pouvoirs étaient capables de lui offrir et nous avions chacun repris notre route. Je n'aimais pas rester longtemps avec le même maître, la plupart du temps ils faisaient leurs trois voeux assez rapidement mais d'autres réfléchissaient parfois pendant des jours, voir des semaines, j'avais même entendu dire que certains Génies pouvaient rester avec le même maître des années entières avant d'être de nouveau libre, le simple fait d'y penser me répugnait au plus haut point mais je devais garder en tête que je pourrais un jour me retrouver dans la même situation et même plus tôt que je ne le pensais.

Je marchais depuis quelques heures maintenant après avoir quitté mon ancien maître. Quel objectif? Aucun en particulier. Je ne faisais que marcher, marcher encore et encore sans ressentir ni la fatigue ni la faim. Cela me manquait, je ne ressentais plus ces choses parfaitement humaines. Peut-être un jour ces sensations me reviendront-elles, je l'espérais vraiment. Je n'avais même pas tenu compte de l'endroit où menait cette route que je suivais, à vrai dire je m'en moquais. Tout ce qui comptait c'était de trouver un nouveau maître pour augmenter ma propre force grâce à la magie bleue et ça on en trouvait de partout, peu importe l'endroit. J'ignore ce qui s'est passé ensuite, le trou noir...

* * * * * * * * * *

Ma tête me faisait horriblement mal, alors que je reprenais peu à peu mes esprits. Je me frottais l'arrière du crâne. Que m'était-il arrivé? Je regardais autour de moi et reconnu rapidement les lieux, J'étais à nouveau dans la dague qui me servait de réceptacle. C'était une petite maison, surement celle que j'avais avant ma transformation en Génie mais je n'étais pas sûr. Je ne me rappelais pas non plus la manière par laquelle je m'étais retrouvé ici. La plupart du temps ce n'était qu'une question d'épuisement de mes forces mais jamais je n'avais eu de perte de mémoire comme actuellement. Et cette douleur à la tête indiquait plutôt une agression, on m'avait attaqué dans le dos alors que je marchais. Mais pourquoi faire une telle chose? Mes pouvoirs probablement.

Je faisais un petit tour des lieux, rien n'avait bougé depuis la dernière fois. Il y avait tout ce dont une personne avait besoin pour vivre. La maison était séparée en deux pièces, la première servait de lieu de vie, avec tout le nécessaire pour cuisiner et manger sur une grande table au centre de la pièce et une cheminée pour se réchauffer. L'autre était simplement une petite chambre avec deux lits. Je me rendis ensuite jusqu'à la porte d'entrée mais celle-ci refusa de s'ouvrir, je devais me reposer et attendre. Attendre soit que je reprenne assez de force soit que quelqu'un me permette de sortir en faisant appel à mes pouvoirs. Cet endroit était ennuyeux au possible, rien à faire à part prendre mon mal en patience. Pour couronner le tout je n'avais aucun moyen de me repérer temporairement car ici il faisait toujours jour et beau. Peu importe le nombre de fois que je regardais par la fenêtre, le ciel était toujours le même.

Patienter n'étais pas mon point fort, loin de là et cette enfermement commençait sérieusement à m'agacer. C'est alors que, comme si mes complaintes avaient été entendues, j'entendis le loquet de la porte d'entrée avant que cette dernière ne s'ouvre légèrement. Je me sentis aussitôt comme hypnotisé par la lumière qui s'en dégageait et ne pouvant résister mes pas se dirigèrent instinctivement à l'extérieur. Je savais ce que ça signifiait, quelqu'un avait touché à mon réceptacle et en un instant je me retrouvais dehors. Un rapide regard aux alentours me fit remarquer que nous étions dans une sorte de grotte glacée, avant que je ne porte mon attention sur l'homme qui tenait ma dague entre ses doigts. Je lui adressa un sourire et m'inclina en avant.

- Bonjour, Je vois que c'est vous qui avez la dague alors vous devez être mon nouveau maître. Abel Raham pour vous servir.

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Mer 14 Déc 2016, 15:55


Une dague dans la neige



Bien assis en tailleur, ma cape sur le dos pour minimiser la perte de chaleur inévitable malgré le feu qui brûlait joyeusement en craquant juste devant moi, Svaniir penché par-dessus mon épaule pour mieux examiner l'objet de mes attentions, je frottais vigoureusement pour la seconde fois l’épée amputée d’au moins une main et demi de lame après avoir repéré une étrange tâche qui n’était ni de la rouille, ni du sang.
Mon hermine qui avait déjà passé la tête à l’instant  alors que je sabrais l’air pour en éprouver l’équilibre, ronflait profondément, la peau du sac qui constituait son habitat lors de nos voyage se soulevant à la l’unisson de sa respiration.

Je frottais donc en utilisant un coin trempé de thé de la grande peau qui l’enveloppait quand je l’avais trouvée quand un froissement me fit lever la tête et la tourner immédiatement vers l’entrée, croyant que ce drôle de bruit venait de dehors, la grandeur de mon abri rocheux ne permettant à rien de se cacher. Le vent soufflait horriblement dehors, frappant les pentes de la montagne et provoquant des éboulis qui faisaient trembler le sol. Rien en dehors de ses sifflements furieux n’était discernable et j’allais revenir à cette tâche quand une exclamation de mon compagnon spectral m’alerta :
« hey ! Mais qui est-ce ? Comment il est entré ici sans qu’on le voit ?!? … »

Mes yeux glissèrent sur sa forme et suivirent son regard vers l’autre côté du feu pour enfin discerner dans les ombres dansantes une forme qui semblait humaine, comme la voix qui en sortit.
Après un bref instant de stupeur,  je sursautais et ramant comme un damné des guiboles pour m’éloigner du feu et par la même occasion de l’intrus, je me relevais une fois le dos au mur et en position de combat, l’épée cassée pointée dans sa direction.

« Qui !? Qui êtes vous ?!? Comment êtes vous entré ici ? …»

Mes questions, bien que fondées, avaient déjà trouvé leur réponse et mon cerveau survolté par la peur commençait enfin à re-fonctionner correctement …
« Votre dague ? Votre Maître ? Mais …»
Bon je sais, mon niveau de coordination esprit/expression verbale laissait à désirer et la mine de mon visiteur qui me semblait plus narquoise qu’enjoué ne m’aidait pas à réfréner cet instant de panique où j’étais plongé …

Le gaillard était plus petit que moi d’une main, barbu aux cheveux raides, habillé bien légèrement pour cette altitude et bien étrangement pour cette latitude … On en voyait parfois au débarcadère ayant des vêtements apparentés et ceux là si ce n’est l’armure rudimentaire et cabossée par-dessus. Un spadassin ? Un aventurier ? Un mercenaire ou tout simplement un survivant des contrebandiers qui avaient été pourchassés et exterminés plus bas par les forces régulières ?
Derrière lui dépassaient les branches de son arc qu’il avait en travers de son dos.

Svaniir s’était levé plus calmement et s’était approché du dénommé Abel Raham le barbu. Il l’examinait consciencieusement alors que nous nous évaluions l’un l’autre, lui bien amusé à priori, moi carrément méfiant. Il m’avait donné son nom, par courtoisie, je me devais de lui rendre la pareille …

« Je suis Zekkyo Geru , apprenti Chaman, et … Je ne suis le maître de personne, si c’est votre dague, reprenez la …»

Svaniir me jeta un regard de biais quand je fis les deux pas qui me séparaient du centre de la petite grotte, que je ramassais la peau et enroulais l’arme dedans et que je tendais le tout vers Abel l’inconnu par-dessus le petit feu. Son reniflement méprisant et courroucé en disait long sur ses pensées mais il s’abstint de tout commentaire et revint à son inspection … Il pointa du doigt et fit mine de gratter l’armure du paladin.

« Curieux … Si tu veux mon avis, ce gugusse n’est pas humain …»

Mon bras au-dessus des flammes, même si elles n’étaient pas très hautes, commençait à se ressentir de la chaleur et je jetais finalement le petit paquet à ses pieds avant de faire un pas en arrière et de me rasseoir en tailleur sans l’avoir quitté des yeux.

« Quant à vouloir servir quelqu’un, servez vous vous-même du thé, ça vous aidera à vous réchauffer un peu …»
Reinàe, elle, dormait du sommeil du juste et Svaniir porta son doigt à sa bouche comme pour goûter ce qu’il avait pu récolter sur l’armure d’Abel, opérant comme avec un tastevin et juger un cru tiré du tonneaux afin de déterminer de quel cépage il était issu et quelle était la terre qui l’avait vu mûrir …
Son visage s’éclaircit tout à coup et il se tourna vers moi avec un air de triomphe.

« Mais oui ! réfléchis ! Tu frottes la dague, il apparaît venu de nulle part et hop, te voilà devenu son maître qu’il se propose de servir …  C’est ? … C’est ? …. Alors !?! …»

Ce que j’avais constaté chez Svaniir depuis qu’on se connaît, c’est qu’il n’avait pas le triomphe très humble et encore moins la défaite facile, le fair-play n’existait pas chez lui … Par contre, lorsque nous avions voyagé pendant ces dernières années, il avait fait ses propres expériences et surtout assouvi plus d’une fois ses penchants fureteurs et voyeurs. S’il disait quelque chose aussi affirmativement, c’est qu’il savait avoir raison … Mais quelle était la réponse à son énigme ?

Heureusement, j’avais beaucoup lu, et lu de tout, et l’association de ces trois éléments m’amena à la résoudre plus facilement qu’il ne m’avait semblé pouvoir le faire de prime abord … Comme disait un sage, "Quand on voit ce qu'on voit, que l'on entend ce qu'on entend et que l'on sait ce que qu'on sait, on a raison de penser ce qu'on pense …" Et j’ajouterais de dire ce qu’on a à dire parfois, mais pas tout le temps …

Cette fois ci, vu le petit comité où nous étions, j’osais  dire en murmurant : « Un génie ? …».

Je ne peux faire autrement que de sourire devant les gesticulations que cela engendre chez mon esprit qui se prend tout à coup pour l’organisateur d’un de ces jeux de place publique où on doit répondre à des questions et où le gagnant reçoit un panier de fruits sous les vivats et le perdant quelques épluchures dans les huées … Je regarde alors Abel droit dans les yeux et je répète plus assuré : « Vous êtes un génie n’est ce pas ? …»  
Reinàe, dérangée par ce tapage, remua, grogna, se retourna et finalement se rendormit sans même daigner  venir aux nouvelles …



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Un froid de Génie près d'un feu de Chaman [Abel Raham / Zekkyo Geru ]

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