Dæmon se refusait à demander à un Magicien de déplacer son manoir. Il n'était pas particulièrement fier pour éprouvé une telle gêne, mais devoir quelque chose à quelqu'un de si... Puant, c'était beaucoup trop pour lui. Il ne pouvait décemment pas s'y faire. Que Cocoon le veuille ou non, il irait demander à un sorcier, et pour cause, pas n'importe lequel. Yarrun serait le parfait prétendant pour cette affaire.

« Zane, viens ici. » A peine était-il entré dans la chambre, qu'il appela l'Orine d'un ton froid. Le nez en l'air, la frimousse séduisante, le petit être s'approcha de lui, l'interrogeant du regard « Cocoon a accepté il va falloir se faire discret les prochains mois. Nous n'allons pas vivre ici cependant... » Sortant des parchemins pliés de ses poches il dit « Le quartier résidentiel sera parfait. Je veux un silence radio de tout. Aucun faits et gestes, aucune émule, c'est compris ? Toi, tu ne sortiras pas de la maison que nous aurons là-bas. », « Et... Pour le manoir d'Héless ? », « Je le ferai déplacé plus tard, pour le moment il faut que je me fasse des alliés et que j'œuvre pour réunir du renfort. Si Gaïa s'aperçoit de m'a trahison, elle n'hésitera pas à me trancher la gorge elle-même s'il le faut. », « Alors pourquoi ne pas rester ici, près de celui qui te protège ? », « Car c'est évidant qu'ils viendront me chercher ici en premier lieu. Cocoon m'a déjà donné toutes les indications à suivre, et il a raison. Un territoire neutre est le meilleur partit pris. Nous allons devoir changer d'apparence, et de vêtements. Dorénavant, nous sommes des civils lambdas... Compris ? », « Oui. » Zane acquiesça. Dæmon avait peur et ça se ressentait. Il était nerveux, pressé, et ne prenait même pas en compte que son Orine le regarde ou non. D'habitude à cheval sur l'attention qu'il devait lui porter ici, ce n'était plus le moment de tout cela. Cependant le petit eu une idée non négligeable « Et pourquoi pas Utopia ? Sans magie... », « Sans magie tu deviens fou car le Lien se rompra. Arrête de discuter et prépare toi, la route va être longue. » Il ne l'avait même pas frappé... Il était vraiment perturbé.
« Il va nous falloir retourner en Enfer. », « Q... Quoi ?! Mais tu... », « J'ai mal calculé mon coup, des preuves de ma trahison ont été oublié sur les lieux, et il va falloir les récupérer. », « Hors de question ! » Zane se mit devant lui, lui attrapant sa chemise, le regard plein de supplications « Tu vas te faire tuer Dæmon ! A l'heure qu'il est, ils sont déjà du y mettre la main dessus. Regarde, combien de personnes étaient envieux de cette bâtisse ? Avec ta disparition, tout le monde cherchera à l'acquérir, et beaucoup s'y seront déjà introduit dedans. Partons vers le Matin Calme, et nous aviserons là-bas... S'il te plait... » Fronçant les sourcils, la bête esquissa un bref sourire machiavélique « Si j'avais su ça avant... » Attrapant ses poignets sous l'air interrogateur de l'Orine, il le décala pour lui dire « Avançons, nous verrons plus tard si des ennuis nous tombent dessus. »
Les deux marchèrent des jours entiers, avant de tomber sur un semblant de vie. Avec les catastrophes récentes, il avait choisi le plus mauvais moment pour se faire la malle. Gaïa était sur les nerfs de n'avoir pu conquérir le nouveau territoire, et chercherait à dépecer le moindre démon qui ferait partit de la grande trahison qu'il y avait eu. Le nom d'un de ses condisciple lui était parvenu aux oreilles. Un certain Kobal avait décidé, lui également, de se séparer du statut hiérarchique pour créer son propre empire. Dæmon n'avait que faire de la puissance qu'il pourrait fonder de lui-même non, lui, il voulait juste être libre des chaines de son impératrice. Ses motivations étaient diverses, et il était déjà assez satisfait de ne pas avoir eu à chercher et à prouver son soutient, à un roi qu'il ne connaissait pas et dont, au fond, il se fichait éperdument. S'allier à l'Orishala était forcément différent dans sa tête... Pourtant, la lutte fut tout aussi rude pour le convaincre.

« Dæmon ! Un village ! » Au loin se dessinait effectivement l'architecture de plusieurs maisons « Nous n'irons pas, nous le contournerons. », « Pourquoi ? », « Car nous ne devons pas être vu je t'ai dis ! Si l'un de mes pairs se trouvent dans cette communauté, ça foutra en l'air tout mes projets. » Zane ne parla pas, déçu de ne pas enfin dormir dans une auberge.
Seulement, les hommes ne purent même y accéder qu'ils durent prendre un chemin de traverse rapidement. En réalité, ils se retrouvèrent rapidement encerclés. Le Démon déploya ses ailes dans le but de s'envoler si quoi que ce soit se passerait « Que voulez-vous ? », « Ta bourse, et le mignon. », « Range tes ailes, tu ne nous fait pas peur. Regardes autour de toi, nous sommes en surnombre. », « Dégagez. Ma bourse et vide et désolé de vous l'apprendre, mais il est déjà à moi. », « En réalité, on ne te demandait pas ton avis. », « Moi non plus. » Si d'aventure le Démon était calme et dosé en ces temps funeste pour lui, ici, les malfrats qui osaient le considérer comme un perdu sur les grandes routes du continent, allaient amèrement le regretter. Qu'ils soient quinze ou deux, c'était mal connaitre l'engeance que de penser qu'il allait se laisser gentiment faire. Il n'était pas fou, n'affrontant pas des supérieurs, des hauts gradés ou que savait-il encore... Mais ici, il n'y avait plus de loi. Il laissa tomber sa modification d'apparence, pour revêtir celui qu'il était vraiment. Horreur au visage tout juste humain, dont le sang baignait les yeux. Sa peau était écailleuse, hideuse, et de ses ongles mutèrent des griffes. Ses ailes se changèrent dans un teinte plus cendrées, arquées de noirs et l'on pouvait presque distinguer de la putréfaction sur le rebord de la toile. De même, d'énormes cornes poussèrent d'à côté de ses tempes pour venir faire un détour et s'élever dans les airs. Bien qu'il ne changea pas beaucoup de taille, c'était surtout sa morphologie, son visage, et sa façon de se tenir qui étaient caractéristiques, aux premiers abords. Une mauvaise augure, teintée de rouge et de noir, flottait tout autour de son corps, similaire à une aura. Zane savait ce qu'impliquait ce changement, et il ne prenait pas cela à la légère, contrairement aux badauds. L'Orine se cacha derrière lui, apeuré, alors que les bandits se regroupèrent devant l'affreux « Tiens tiens, on montre ses vrais couleurs... ? » Si le meneur faisait le fier, devant ce Démon en colère, les autres ne bronchaient pas, préférant rapidement s'armer pour ne pas se voir mourir petit à petit.

« Zane. Vas te cacher. » Sa voix résonnait, venant presque d'outre tombe. Grosse, rauque, et pourtant vibrante, elle toucha le coeur de l'Orine qui fila se terrer dans un arbre creux. Personne ne chercha à le retenir d'ailleurs, restant bien concentré sur l'horreur. Les premiers hommes y allèrent, et le reste suivit, similaire à une armée. Dæmon se battit, à même ses mains, faisant voler les dents et les écrasant des machoires. Il se saigna à dévier des lames, tentant un maximum de ne pas se faire toucher. Prenant alors de la hauteur, il en vit un dégainer un arc. Ce fut rapidement qu'il lui fondit dessus, le renversant pour lui prendre deux flèches. Lorsqu'il revint à la charge, il les lui planta de toutes ses forces dans le coeur, le figeant à vie dans cette expression d'horreur. Quand la moitié du groupe se fit décimer, ceux qui restaient décidèrent de fuir. La colère de l'homme ne prévalu pas sur sa conscience, et il resta là, au milieu de tous les corps.
S'agenouillant près des cadavres, il prit l'intégralité de leur bourse, ainsi que plusieurs lames : une longue et une courte facile à dissimulée.
« Zane. » Appelant le jeune garçon, Dæmon se redressa, les cheveux à nouveau rouge, et la peau à nouveau blanche. Lorsqu'il se tourna vers l'Orine, il fourra quelques piécettes dans son petit baluchon de survie « Ca te servira. Ils ne t'ont pas blessé ? » « Non. », « Bien, en route. » Sans savoir si c'était réellement la malchance ou des coïncidences, les deux hommes ne rencontrèrent plus personne jusqu'au continent du Matin Calme.
Dæmon et Zane avaient revêtit une autre apparence. Si l'Orine n'était pas vraiment important dans le constat, il était cependant capital pour l'homme de ne pas se faire reconnaitre. Ainsi, il avait opté pour le visage d'un jeune homme, ayant à peine atteint vingt-cinq ans, et en mal de la vie. Des éraflures, des hématomes, des traces noires sur le visage... De même, les vêtements étaient simples et partiellement usés. Pas forcément déchirés, mais ayant vécu. Depuis son changement, avant même de poser le pied sur la terre ferme, Zane n'arrêtait pas de le regarder. Il était plus petit, plus menu et pourtant, particulièrement séduisant. Cet homme, en mal de vivre, avait quelque chose de charmant. Cependant, il restait Dæmon, et Dæmon n'avait rien de charmant, loin de là. Il avait même modulé sa voix...
« Ici. », « Quoi ? Où ? », « J'ai plusieurs plans en tête... Sais-tu où est notre bicoque dans ces ruelles ? », « Non loin du marché, c'est ce que Cocoon t'a dit. », « Hum... Pourquoi a-t-il fallu qu'il me mette près de la foule... », « Il y a des démons par ici ? », « Je n'en vois pas pour le moment, je n'ai pas fait particulièrement attention également... » Il scruta les environs, suspicieux, se doutant que si un Supérieur passait, il allait le détecter. Pas forcément le reconnaitre mais savoir ce qu'il ressentait « Bien, trouvons la maison et rentrons. » Se mettant en marche, ils cherchèrent la demeure. Aux yeux de l'homme, tout était simple : Ils mettraient le manoir dans un de ces quartiers, se servant de maisons abandonnées pour les détruire totalement. Ainsi, par dessus, une puissante illusion fera que les habitants verraient ainsi une maison comme une autre du quartier résidentiel, et non un horrible mausolée digne des pires engeances. Dæmon était confiant, il savait qu'il allait y arriver. Le pire était les assassin envoyés par Gaïa, mais les moyens techniques, il les avait « Il va falloir que je gagne en puissance, je ne peux pas me permettre de me balader dans ces rues avant d'avoir acquis d'autres pouvoirs. », « Comment vas-tu faire alors ? », « Prendre les chemins de traverses et aller voir les primes qu'il y a un peu partout. Les tavernes doivent regorger de sales boulots, si j'ai assez d'argent, je pourrai demander à un... ami, de m'apprendre deux ou trois tours. », « C'est risqué, ne préfèrerais-tu pas que j'y aille à ta place ? » Dæmon ricana « Toi ? Te promener seul ? » Il s'approcha de Zane, passant un bras autour de sa taille, le dominant « Tu as beau être habillé, on devine tellement les formes de ton corps, que l'on penserait immédiatement à une invitation de ta part... » Regardant, affamé, son buste, puis son ventre, il finit par relever les yeux « Je pense t'avoir déjà assez répété que toi, tu ne sortais pas d'ici. Non ? », « Si... » Il cacha son visage de ses mains, si démuni face à son Maitre « Vas-tu rester sous ces traits, Dæmon ? », « Bien sur. Pourquoi, tu n'aimes pas... ? » Il ricana, connaissant déjà la réponse du petit être. Tout chez lui le tourmentait, le chamboulait, sans qu'il ne puisse lutter... Il n'avait plus l'habitude d'être seul et devoir entretenir une maison pendant que son Maitre se voit missioné pour devenir plus puissant, l'effrayait...