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 [CDN 2015] Intelligence - Entre rêve et réalité

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Mitsu
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Mitsu
Mer 30 Sep 2015, 20:15



Coupe des Nations
Intelligence

Le monde semblait fou, flou et c'était bien normal puisque tous étaient dans un rêve. Les Ombres, à l'image des peuples ne rêvant plus depuis longtemps, avait acquis ce privilège momentanément. Mais était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? L'épreuve serait éprouvante, c'est tout ce que l'on pouvait savoir pour le moment. Drejtësi s'avança, faisant face aux participants. Combien de fois avait-elle souhaité s'abandonner à jamais dans l'étreinte des songes de son vivant ? Les rêves avaient cette particularité qu'ils permettaient de fuir la réalité. Pourtant, ils ne l'étaient pas, bien que la frontière soit des plus minces. C'était sur cette notion qu'elle avait décidé de jouer en ce jour. Les esprits rationnels pourraient différencier les univers plus facilement que les autres, mais ils auraient également tendance à préférer le rêve, parce qu'ils connaissaient la réalité, parce qu'elle n'avait plus aucune saveur. Le rêve permettait d'être surpris à jamais, la réalité n'était qu'une équation qu'il suffisait de décrypter pour la comprendre et, pire que tout, la prédire. L'intelligence était un poison, une malédiction et elle avait trop éprouvé cette dernière au cours de sa vie pour ne pas être en mesure de savoir que l'épreuve qu'elle s'apprêtait à expliquer aux candidats seraient complexes. Certains même refuseraient sans doute de se réveiller. Mais qu'en auraient-ils à faire du résultat d'un concours de la réalité, bercés dans l'illusion des rêves ? Elle sourit, légèrement cruelle dans sa façon de penser. Certains seraient condamnés à dormir pour l'éternité.

« Bienvenue à la Coupe des Nations. Soyez fiers de représenter la race qui vous a choisi. Tous ici présents êtes admirés par le monde entier en ce moment même. Tous les regards sont tournés vers vous alors donnez aux spectateurs ce qu'ils attendent : une idole à admirer, un symbole, un champion. Vous ne vous battez plus pour vous seul, vous vous battez pour tout un peuple. Il n'y aura que trois vainqueurs mais laissez moi vous garantir que, peu importe le résultat, vos noms seront connus sur toutes les Terres du Yin et du Yang. Votre vie changera à jamais. ». Ceci n'était que pure vérité. Les peuples connaîtraient ces hommes et ces femmes qui s'apprêtaient à se battre pour la gloire d'une race. Souvent, des statues étaient érigées à la gloire des Champions, les Mortels priaient pour leur réussite, des vases à leur effigie étaient taillés ainsi que plusieurs autres objets. « Vous êtes ici car vous avez été jugés suffisamment intelligents. Aujourd'hui, vous vous battrez entre rêve et réalité. ». Elle sourit, pensant que ce combat était sans doute le plus beau qui existait mais, à vrai dire, elle avait valsé toute son existence durant entre ces deux concepts alors peut-être n'était-elle pas objective. Mais qui se sentait concerné par l'objectivité des Ætheri ? « L'intelligence c'est d'abord se connaître soi-même et si vous souhaitez survivre ici et ne point vous perdre, vous devrez trouver au plus profond de vous l'objet qui vous correspondra le plus. Il apparaîtra devant vous mais vous le perdrez. ». Drejtësi aimait ce concept. « Je vous l'annonce tout de suite, il existe plusieurs couches de rêve. Vous ne pourrez jamais savoir dans quelle couche vous vous trouvez, si bien qu'une fois que la réalité s'offrira à vous, vous ne pourrez pas la différencier du rêve. Afin de conclure que vous rêvez, vous devez trouver l'objet qui vous représente. Il a été façonné par le rêve. ». S'ils étaient intelligents, ils inventeraient quelque chose qui ne pouvait se trouver facilement dans la réalité. « Une fois celui-ci trouvé, vous vous rapprocherez petit à petit de la réalité. ». Pour le moment, cela semblait facile mais l'objet n'apparaissait pas de façon simple, bien au contraire. « L'objet qui vous représente sera détenu à chaque fois par des personnes importantes ou dans des lieux importants qui ont marqué votre existence. Ces personnes ne vous le donneront jamais gratuitement, de même que le lieu gardera son secret bien gardé. A chaque fois, une épreuve vous attendra, que celle-ci touche vos affectes, votre logique ou d'autres domaines. Vous serez parfois tenter de croire que le rêve est la réalité mais si votre esprit se perd dans cette direction, il se peut qu'il ne retrouve jamais la raison suffisante à une sortie du rêve. De même, si vous confondez la réalité avec le rêve, vous pourriez en mourir car le rêve amène des fantaisies, des comportements excessifs que la réalité de vos existences ne supportera pas. ». Elle précisa. « Ne vous laissez pas guider par vos sensations. ». Les Ombres n'étaient pas plus avantagées que les autres. La dépression pouvait venir les cueillir dans le rêve pour leur faire croire à la réalité.

Drejtësi disparut et tous se retrouvèrent dans une couche de rêve, un endroit différent.

Explications


Bonjour =)

Sur l'épreuve au niveau du fond  (ceux qui ont vu Inception auront des facilités pour comprendre xD) :
- Vous êtes dans un rêve.
- On admet qu'il y a plusieurs couches de rêves. Par exemple, si vous êtes dans la couche deux, ça veut dire que vous êtes dans un rêve qui est dans un rêve. Si vous êtes dans la couche trois, vous êtes dans un rêve qui est dans un rêve qui est dans un rêve. Si vous êtes dans la couche trois, vous vous "réveillerez" forcément dans la couche deux. Si vous êtes dans la couche deux, vous vous "réveillerez" dans la couche un, et de la couche un vous vous réveillerez dans la réalité. Voyez ça comme des poupées russes ^^
- Le but est d'atteindre la réalité et de l'annoncer. [Quand vous l'annoncerez, il ne se passera rien, donc vous pouvez rester des jours sans être vraiment sûr d'être sorti du rêve, ou croire que vous êtes dans la réalité, passer un mois dans le rêve et ensuite trouver l'objet qui vous le confirme XD]
- Le seul moyen de savoir que vous rêvez c'est de trouver l'objet qui vous caractérise, celui que vous avez inventé au début. S'il est là, vous rêvez. Tant que vous ne le voyez pas, vous ne pouvez pas vraiment savoir. Vous ne l'aurez jamais gratuitement, il y aura toujours une épreuve qui testera vos intelligences (ouais parce que y a plusieurs domaines dans l'intelligence ^o^).

Sur l'épreuve au niveau de la forme
- Chronologiquement, le rp pour tous se passe après les épreuves ^^ Vous pouvez être téléporté dedans à la fin de votre épreuve mais ce n'est pas une obligation =)
- Votre message doit être compris entre 900 et 1800 mots.
- Pour les critères de notation :
→ La qualité de votre rp (orthographe, conjugaison, syntaxe etc)
→ L'originalité de vos écrits (ça ce sera la touche subjective des juges ^^)
→ La capacité que vous avez à ajuster votre rp en fonction de vos points de spé
→ L'épreuve que traverse votre personnage. Celle ci est éprouvante, mentalement comme physiquement, et votre personnage n'en sortira pas facilement ^^ (pensez aux autres spécialités. Si votre personnage a cinq de force, par exemple, ça pourrait vraiment l'ébranler psychologiquement ^^).

Vous avez jusqu'au 30 novembre pour poster dans le sujet. Un jury sera constitué ensuite pour désigner les vainqueurs.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
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◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 03 Nov 2015, 22:22

[CDN 2015] Intelligence - Entre rêve et réalité 2r59hxj
Tout était aussi décousu que lorsqu'elle plongeait dans un sommeil des plus étranges, de l'un de ceux où son esprit avait conscience d'être dans un songe. Sa main se contracte sur la lance des Nibelungen, les nervures d'argent épousant la forme de sa paume. Tiens. Quelque chose semblait différent, mais elle ne savait pas dire ce qui l'était. A peine eu-t-elle l'esprit dans sa remarque qu'une apparition lumineuse vint à leur rencontre. Mancinia observait cette femme sans savoir qui elle était, mais elle ressentait de la révérence à son égard. Sa puissance était évidente et un éclat de peur traversai le regard de l'Humaine, avant que la voix apaisante de l'inconnue ne s'élève dans les airs. Tous l'écoutaient dans un silence religieux, tous étant logés à la même enseigne. Ils avaient tous besoin des explications nécessaires à la réussite de cette épreuve axée sur l'intelligence. Un exercice des plus particuliers, sans mentionner la pression qui régnait sur ses épaules. Cette année, la jeune femme était candidate à la Coupe des Nations. On lui faisait là l'immense honneur de représenter sa race, mais également de démontrer ses compétences. Pas seulement les siennes, mais celles de toute sa race. Ayant une aura particulière qui repoussait la magie, les Humains avaient développées au mieux certaines facultés que d'autres. Une chance unique.

Cela ne voulait pas dire que la victoire lui était acquise, car il y avait des êtres plus doués qu'elle en la matière. Peu importe l'origine tant que les connaissances et l'expérience étaient là. Pour autant, elle ne comptait pas s'avouer vaincue et encore moins se mettre à déprimer ! Tant que sa prestation marquait les esprits, son but serait atteint. Il serait ensuite mensonges d'affirmer qu'elle ne ressentait ni crainte ni stress, mais ces sentiments se mêlaient à l'impatience. A peine l'allocation fût-elle finie qu'elle eut l'impression d'être absorbée dans le vide. Mancinia sentait que son esprit était embrouillé, sans doute était-elle tomber dans une de ces fameuses couches illusoires ? Tout était différent en ce lieu, ses sensations également. C'est comme si on l'avait contrainte à un sommeil plus lourd. Elle était allongée sur un sol dur, en se redressant, elle vit...Rien. Elle était seule dans une caverne, sans la moindre issue et dont le plafond était en dôme, où crépitait un feu en son centre. Étrange, ce dernier ne semblait produire aucune chaleur. C'est alors que quelque chose d'invisible agite les flammes, fait danser les ombres sur les parois. Qu'est-ce que c'était que cette ombre sombre qui se dessinait sur la paroi ? Reculant de quelques pas, l'Humaine reconnu la forme d'un serpent. Une ombre qui semblait la fixer de ses prunelles invisibles. Un sifflement à lui glacer les os résonna dans la cavité.

Sa main se resserra plus fort sur son arme, mais ce monstre faisait deux fois sa taille et ne faire qu'un avec la roche environnante. Obnubilée, elle en oubliait d'être vigilante. Un grondement dans son dos ne manquait pas de lui rappeler où elle était. Osant un regard vers l'arrière, Mancinia eut envie de s'enfuir en courant. A l'autre bout de la chambre se dessinait un Loup Noir d'une hauteur similaire à la sienne. Sa bouche était immense, ses crocs reluisaient et son regard...Comment dire ? Il n'avait pas d'yeux. Ce n'était que deux éclairs blancs qui partaient de ses oreilles et fondaient sur son museau. Pourtant, la jeune femme se savait observée. Elle était prise au piège, coincée entre l'Ombre Serpent qui dansait sur la paroi et le Loup Noir qui humait son odeur. Dans une glissade feutrée, le premier se laissa choir sur le sol pour se faufiler dans sa direction. Mancinia voulu la frapper avec sa lance, mais elle se plantait au sol sans lui causer le moindre dommage, avant que sa gueule ne la saisisse au mollet, l'Humaine se lance sur le sol, mais se rapproche du Loup qui ne cesse de l'observer. Ils étaient tous les deux ses ennemis. Mancinia choisi d'attaquer le plus matériel. Sans tenté la moindre esquive, le Loup encaisse l'assaut sans même faire savoir sa douleur. Elle vit alors la pointe sa lance se faire absorber, s'enfonçant dans la chair de son adversaire sans que rien ne puisse l'arrêter.

Une sourde panique s'emparait de tout son corps, mais ses mains refusaient d'abandonner son arme. Rien à faire. Ses bras furent engloutis sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit et c'est alors qu'elle vit la gueule béante s'abattre sur sa gorge. Absence. Elle osa ouvrir un oeil. Tout avait disparu aux alentours. Mancinia était stupéfaite, quel était cet endroit ? Se trouvant au milieu d'un long couloir qui se divisait en trois ; deux ouvertures devant elle et une qui devait sans doute la ramener en arrière. Un sifflement. L'Ombre Serpent se trouvait quelque part et elle n'avait plus aucune arme pour se défendre ; sa lance avait disparue. Ne pouvant se battre à main nues, l'Humaine choisi de courir en prenant à droite. Son corps était lourd, elle avait l'impression de ne pas courir, mais de marcher dans de l'eau. Heureusement que ce couloir n'était pas très grand une fois qu'on avait repris ses repères et, en quelques coups de jambes, elle se retrouvait face à une porte en bois assez massive. Une seconde. Cet endroit lui était familier pour une raison. C'était sa première capture par des marchands d'esclaves. C'était en ce lieu qu'elle les avait combattus, aux côtés de Raphaël. Sans doute son tout premier ami magique. Qu'avait ce lieu de particulier pour elle ? Ce sifflement qui semblait la poursuivre inlassablement lui vrillait les tympans et l'empêchait de réfléchir.

Cesse de me pourchasser, saloperie !

Si ses ombres aspiraient tout et la faisait sombrer à chaque fois, elle n'avait aucune chance de s'en sortir ! Elle pouvait tourner indéfiniment sans se sortir de cette boucle. Son corps chuta lorsque sa main effleura la poignée. Fuir, c'est admettre son échec. Un éclat aveuglant accueille son regard, assisse qu'elle était sur une étendue sablonneuse, son dos contre une paroi lisse. Inutile de voir correctement pour comprendre. C'était Utopia. Une version resplendissante de la Capitale. Elle était sur l'un des toits, mais les bruyances coutumières ne laissaient aucun doute. Son corps était si lourd qu'elle ne savait lever les bras.

Qui sommes-nous ?

Cette voix mélodieuse. Celle de sa mère. Une apparence rayonnante, un regard qui voyait sa vie. Au bras de son père qui l'observait avec un regard encourageant. Souriants tous deux, tandis que chacun avait une main sur ce qui aurait pu être des épaules. Celle d'une Ombre Blanche. Complètement floue, comme si un Aether l'avait découpée du décor enchanteur qui se dessinait devant elle.

Vous êtes un rêve. Vous êtes mon rêve.

Cette affirmation était sa réponse. Ses rêveries étaient bien belles, mais ce n'était pas sa réalité. Ce n'était plus la réalité qu'elle pouvait espérer. Retrouver son père, ramener le sourire de sa mère et être heureuse. Rien ne s'acquérait sans se sacrifier de tout son être à la réalisation de ses rêves. L'Ombre Blanche fit apparaître une broche en forme de fleur de lys, qu'elle accrocha au veston de Mancinia. Une douce chaleur se rependit dans tout son être et un vent chaud souffla. Rouvrant les yeux, ce couloir d'où elle avait été bannie acceptait de lui laisser son ultime chance. Son adversaire l'attendait, sa queue brassant l'air. Mancinia le défiait du regard, son coeur mû d'une détermination nouvelle. Elle était prête à le combattre à main nues et à crever inlassablement. Elle ne battrait plus en retraite. Mettant genou à terre tandis que son adversaire se ruait vers elle, l'Humaine saisit une roche énorme pour la lancer sur le crâne du Loup. Ce dernier l'engloutirait sans la moindre douleur. Du moins le crut-elle. Quand la pierre heurta la créature, cette dernière fit un bond en arrière en hurlant de sa voix désincarnée. Une pierre brute cache souvent un coeur magnifique. Mancinia battit des cils. Un diamant d'une pureté exceptionnelle venait de fracasser le crâne du Loup Noir, dont la douleur semblait insoutenable.

C'était comme si sa main avait converti la pierre en la touchant. Une aubaine pour le Persifleur qui glissait insidieusement de son ombre vers celui qui semblait avoir si mal, se tordant de douleur sur le sol. A en fendre l'âme. Mancinia tendit son bras dans sa direction, comme pour l'inviter à venir se réfugier près d'elle avant que l'Ombre Serpent ne le morde. L'Humaine avait eu tellement peur de lui, elle l'avait attaqué sans qu'il ne lui soit hostile, fuyant sa compagnie. Avoir peur de l'inconnu et ne savoir répliquer que par la violence. Elle ne valait pas mieux que les êtres magiques qui méprisaient les Humains. L'Ombre Serpent saisit dans sa gueule la pierre précieuse et une explosion lumineuse souffla son corps en arrière, sombrant tête la première dans la Caverne. S'éveillant en sursaut, elle vit que le Loup Noir était là, assit, observant les flammes aux côtés de son corps allongé. Mancinia serre Nibelungen qui n'avait jamais quitté sa main. Devait-elle chercher quelque chose ou la chose était si proche qu'on l'oubliait ?

Nous avons eu l'Ombre Serpent qui, tapie dans les ombres, apprécie se nourrir des peurs de tous.
J'ai chargé sans prendre la peine de savoir si tu étais mon allié. J'ai fui mes peurs au lieu de réfléchir à comment les combattre. Mon épreuve est un échec total.
On apprend de ses erreurs tout comme on apprend à maîtriser ses peurs. A vivre à leurs côtés. Ne pas en avoir, c'est refuser de reconnaître ses faiblesses. Dis, est-ce que tu la vois ? Est-ce que tu vois cette fureur ? Vois qu'ils ne t'aiment pas pour qui tu es, mais pour ce que tu es. Penses-tu pouvoir changer cette aversion maintenant que tu l'as comprise ?
Ce serait bien, ouais. Perpétuer ce cycle vicieux de la haine est une mauvaise chose.
Te chercherais-tu des excuses pour éviter d'agir ?
Non. Être assis sur un siège, ce n'est pas pour rependre le malheur à travers son royaume. Il faut être fort, modéré, être une personne qui intimiderait les grands seigneurs et inspirerait le peuple.

Le Loup observait les flammes sans rien dire. Il savait.

Sais-tu ce qu'était ce caillou ?
Ceci.

L'Humaine mit sa main sur son coeur et le Loup Noir émit un glapissement, sans doute amusé. Mancinia eut l'impression que ses muscles se détendaient, ses doigts relâchant son arme, qui se mêle aux roches tandis qu'un coup de fatigue se saisit de son corps. Et qu'elle sombre à nouveau. J'espère que ta vision du monde se réalisera, mais il te faut d'abord arrêter de rêver et agir dès à présent. L'Humaine ensommeillée eut un sourire en ouvrant les yeux.

Je suis revenue.


1 795 mots

Explications:


[CDN 2015] Intelligence - Entre rêve et réalité Chriss10
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Mer 18 Nov 2015, 16:30


Un contact lui avait savamment conseillé de s’investir à la coupe des nations, ce pour diverses raisons qu’il avait évoquées. La reconnaissance, l'honneur, la notoriété. Tant de consécrations qui pouvaient attirer l’orgueil insatiable du démon, de même que ses fantaisies égotiques. Présent sur les lieux précédant l’épreuve d’intelligence, Zane individualisait certains visages parmi tant d’autres, dont un qu’il était plus à même de respecter par son affection pour elle. Sans conteste, elle serait son unique et illustre rivale durant la confrontation, le reste n’étant que de la chair à canon à ses yeux. Prêtant une seule oreille à la femme qui venait de surgir à la vue de tous, le personnage se frottait oisivement la nuque, les yeux reclos et la bouche austèrement entrebâillée pour adoucir sa lassitude. Le guerrier était venu dans l’intention de remporter ce tournoi à tout prix. Ce fichu précepte qui mentionnait la participation, il ne connaissait pas. La victoire est et restera sa convoitise. À l'accoutumée, il était venu très à l’aise, insouciant de ce qui allait se produire. Les tribulations endolories gangrénaient sa vie autant qu’elles tonifiaient son existence, voilà pourquoi il était bouillant et fébrile à l’idée de plonger dans un univers auquel ses consciences allaient être poussés à vif.

C’est par ailleurs dans l'incompréhension la plus totale que le guerrier des enfers remarqua sa soudaine chute dans l’abime éternel d’un monde sans vie, démuni du moindre enjolivement, de la moindre nuance, du moindre effluve. Son corps basculait, encore et toujours, incapable de saisir la conception de pesanteur et d’inférences qui émergeait de cette nouvelle dimension. Intégralement obscur, appauvri de la plus petite parcelle de données, son esprit était maussadement confiné dans ce cycle. Ses pieds suivis de ses genoux se plaquèrent brusquement au sol, catalysant un tremblement contenu qui gomma incontinent le décor ténébreux en place d'un blanc pur. Celui-ci s'imprégna du milieu en plus de le gorger d’une aura qui affecta provisoirement sa vue. Soutenant sa main sur son œil gauche, son acuité visuelle se brouilla encore davantage. Le temps que ses esprits reprennent, relevant délicatement la tête vers le haut, il écarquilla ses yeux en avisant une ventrée de copies de lui-même, identiques en tout point. Disposés en cercle concentrique, autour et au-dessus de lui, ces derniers l'épiaient avec le plus grand repos. Rivés dans sa direction, ils se mirent tous à rire. Désynchronisé par des gestes qui devenaient de moins en moins réguliers, aucun concert ne pointait d’entre leurs lèvres. La mâchoire contractée, l’original s’approcha péniblement vers eux, le bras tendu et la main étalée dans cette même direction, mais il avait vraiment beaucoup de mal à circuler, et cela de plus en plus. À mi-parcours, tous cessèrent de rire. Pour une raison plus indéterminée encore, ils avaient tous l’index tendu, aiguillé sur sa même personne. S’efforçant de fuir au dernier moment, Zane fit un pas en arrière, action cependant trop dérisoire pour détourner leur omniscience. Tous fusèrent vers lui pour le coup fatal.

Pourvu d’un mal de crâne atroce, le démon se réveilla sur une dalle de pierre flottante dans les airs. Regagnant ses esprits, l’homme s'attelait à comprendre où il se trouvait, ou plus exactement, où cet assemblage le menait. En s’approchant du rebord, il releva avec très peu d’émotions la présence du vide. Aucune échappatoire n’était possible par cet endroit. La réalité, autant qu’on puisse l’appeler ainsi, le priait de suivre les immenses marches en lévitations face à lui. Tout en étant conduit par sa seule issue, le prestidigitateur fit une brève description des lieux. Un enfant aurait naïvement décrit l'emplacement comme étant le ciel puisqu’il était enrobé de ce bleu distinctif, mais aussi car un souffle frais et ténu effleurait sa peau. En revanche, aucune trace d’un signe additionnel pouvant certifier de cette flagrance. Désorienté, mais surtout dubitatif, le représentant du mal prolongea son escalade jusqu’au sommet. Au courant de sa progression, des cadavres s’effondrèrent devant lui en dévalant les escaliers jusqu’à la dalle où il s’était auparavant trouvé, si bien qu’un entassement notable s’y distingua malgré sa hauteur consumée. Non content de devoir soigneusement éviter ces obstacles au demeurant très révolutionnaires, le guerrier devait même accomplir le miracle de braver quelques spectres résolument peu enthousiastes de le voir. L'invraisemblance de la situation voulait que la lame de son katana soit écourtée, au point de compliquer la tâche du mercenaire qui se voyait trébucher plus d’une dizaine de fois avant de réussir à en rabrouer ne serait-ce qu’un seul. Suant à grosses gouttes par l’influence du défi physique, ce n’est pourtant pas l’entrainement qui lui manquait. Âcrement, la fatigue qui s’attelait à s’amonceler eut pour conséquence de lui faire subir quelques accrochages d'importances.

Sans avoir le loisir de réagir à temps, le brun déboula la pente, contraint de refleurir au point de départ. Une injure plus tard, il se releva avant que son regard ne soit allicié par le métal de son sabre. La différence était inapparente à première vue, malgré cela il n’avait aucun doute quant à l'aboutissement de ce léger incident. Examinant itérativement sa main gauche et le bout de métal, le doute ne lui était plus permis. Sans aucune hésitation, il sema sa mini-lame dans sa chair, au niveau de son flan, incitant le dément à vociférer tout en arquant son échine. En ôtant l’arme, elle se mit à hausser en terme de taille. Le secret découvert, il réitéra l’opération à deux reprises en ciblant divers points de son anatomie, le but étant de reconquérir l’état initial de son bien. Sévèrement blessé en conséquence de son délire créatif, cela n’empêchait guère le filou de se reprendre afin de remontrer les marches une à une, puisant dans ses derniers retranchements pour venir à bout des spectres qui lui occluaient la voie. En fin de plusieurs minutes de violentes décharges, Zane parvint à atteindre une immense plateforme en marbre. Plus loin, une autre aire d’escaliers laissait soupçonner l’apparition de ce qui ressemblait à un trône. Sa taille laissait à penser qu’il était réservé à un géant, mais à peine eut-il le temps de le réaliser qu'il se rendit compte de la présence du propriétaire. Au premier aspect, le confondre avec une momie n’aurait mené à aucun outrage, et pour cause, les bandelettes qui tapissaient entièrement son corps misaient libéralement sur cette sensation. Par contre, le stratège fut avisé par un détail ; ses yeux. Ils étaient glaçants, bourrés de férocité, mais ils étaient surtout jumeaux aux siens. À l’exclusion de sa crinière toujours irréprochable, son regard était indéniablement un système d’identification parfait. Cette plaisanterie insinuait des vérités qu’il était prêt à entendre, là où la couronne qui sommeillait sur son crâne annonçait ce qu’il savait déjà. « Pour avancer, tu as compris qu’il fallait user de ton propre sang. C’est parce que tu l’as admis que tu en es là. » Sa voix retentissait tel un écho audible dans les hautes montagnes. Sa gestuelle était languissante, freinée jusqu’au ralenti, c’est du moins ce qu’on voulait bien lui faire croire. Statique jusqu’ici, à l’écoute des propos du colosse, le démon éprouva une vive brûlure parcourir ses côtes. Pareillement à une salve foudroyante surpuissante, une improductivité momentanée prit possession de son corps. Dans un second temps, le coup porté par la momie géante l’avait projeté en dehors de la frontière céleste, si bien qu’il avait une nouvelle fois changé d’environnement. Son enveloppe passa à travers un régiment de couches de verres. Dès lors qu’il en brisait une, son apparence se réformait d’elle-même avant d’être inopinément bloquée par une opulente plaque rouge. Pour ne rien changer, un autre horizon vit le jour.

Tout ce qu’il vivait était nébuleux. Son esprit n’arrivait plus à établir de relation concrète avec l’extérieur. Quoi qu’il en soit, après avoir éclipsé la douleur corporelle qui dictait chacune de ses interventions, l’homme fut étonné de voir qu’il avait abouti dans un temple plongé d’une masse pharaonique de sang. Titubant étourdiment vers l’avant, il fut d’autant plus bouleversé de relever la survenue de deux fabuleux squelettes dont seul le buste était présent. Là n’était pas la raison de son indignation, puisque c’est ce qu’ils tenaient entre leurs deux grandes mains qui l’interpellait : Callidora et Mirari. Les deux femmes étaient en quelque sorte les otages, les proies de ces derniers. Comme pour les martyres les plus explicites, ils étiraient férocement leurs bras, prêts à les arracher à tout moment. Dès l’instant où elles ressentaient la souffrance, celle-ci semblait se léguer sur lui-même, de telle sorte qu’un tiraillement perpétuel vienne lui fragmenter l’esprit. Les deux mains tout contre sa figure, le démon sentait une magie suggestive marteler son âme. Livrant bataille de toutes ses forces pour contrecarrer le phénomène, il urgea au mieux la fréquence de ses pas, précipitant la cadence dès qu’il obtenait un peu de répit. Il trébucha plusieurs fois avant de se rendre à leurs côtés, ses griffes fichées dans le cœur des deux jeunes femmes. « Pas moyen qu’un démon avec autant de style laisse ça se produire. Je suis le seul en droit de les néantiser. » Au lieu d’en déraciner l’organe de vie caractéristique de tout individu, c’est deux cartes bien distinctes que l’homme obtint dans ses paumes, à côté du sang qui imprimait ses mains. Les Rehlas se volatilisèrent dans l’instant en se désintégrant. De son côté, les cartes s'enflammèrent pour le déménager dans le monde précédent. Sa condition était toujours préoccupante, mais l’assaut du titan de momie reprit de plus belle, comme s’il n’avait jamais évacué cet endroit. Zane éleva sa patte devant lui alors qu’il s’évertuait à rester stable. « La réponse est : moi. » Une ombre cisela les bandages de la créature de la tête au pied, entraînant l’abaissement de son voile pour dénuder sa propre personne. Traîné dans ce nouveau corps, il monopolisa précipitamment la couronne dans laquelle une autre carte était dissimulée. Il se trancha ensuite la gorge. De retour dans sa première affectation, il se rendit compte que les sosies de lui-même ne l’avaient pas tué durant leurs cohues. D’évidence, ils indiquaient tous un emplacement de sa tunique. S’exposant à comprendre ce qu’ils essayaient de lui révéler, le démon dégagea une énième carte symbolisée d’un éclat de rire. Riant à son tour, il agrippa les griffes de ses duplications et les logea sans scrupule dans son cœur. Un dernier voyage s’opéra de la même manière que s’il était avalé dans l’espace-temps. De retour dans ce qu’il présumait être le monde factuel, l’homme remit ses idées en place. À l’issue de plusieurs minutes, il se réajusta. « Pour vous jouer un très mauvais tour, je suis de retour... tel un vautour. » Tonitrua-t-il afin de pronostiquer la fin de son odyssée. Pour s’assurer qu’il était bel et bien sorti de ce cauchemar, il inspecta ses vêtements puis étendit la fameuse carte. Celle-ci était vierge, à l’inverse des autres.


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Sam 21 Nov 2015, 11:36

La Coupe des Nations. Un nom qui évoquait une promesse de gloire et d'épreuves spectaculaires que nul part ailleurs on ne pouvait observer. Les participants comptaient parmi les créatures les plus talentueuses des terres du Yin et du Yang, et ce n'était pas pour déplaire à Callidora. Dépourvue de tout esprit de compétition, la brune s'y était rendue par curiosité, désireuse d'en apprendre davantage sur ce formidable événement auquel elle n'avait jamais assisté. Munie de nouveaux carnets, elle avait la ferme intention de réaliser quelques esquisses en l'honneur des champions. Mais le hasard en avait décidé autrement. S'abandonnant à l'instinct, elle avait flâné près des arènes et s'était surprise à espérer un jour faire partie des illustres concurrents. Aussi s'était-elle inscrite sur un coup de tête. Et à présent qu'elle se trouvait en compagnie de ceux auxquels elle allait devoir se mesurer, elle se sentait fière de sa décision. Un sourire de pur ravissement avait fleuri sur ses lèvres rosées lorsque la déesse avait pris la parole d'une voix mélodieuse. La Rehla songea avec amusement que l'anonymat lui donnait une chance de participer lors de la prochaine édition si elle le souhaitait et d'ainsi enrichir son expérience, puisque personne de sa connaissance ne se trouvait dans les parages. Pensée qui s'évanouit aussitôt qu'elle croisa deux yeux ambrés dont l'éclat moqueur ne la trompait en aucune façon.

Le vide succéda brusquement au soleil qui la fixait une seconde plus tôt. Sans qu'elle puisse réagir, elle se retrouva face contre terre, le visage écrasé contre le sol par la brutalité du choc. Celui-ci se répercutait dans chacun de ses membres, mais elle se releva à toute vitesse, le coeur affolé. Quelque chose de terrible allait se produire, quelque chose qu'elle ne serait pas en mesure d'empêcher malgré toute sa volonté. Alors que la panique s'emparait d'elle, il apparut sans crier gare et la plaqua au sol. Une respiration haletante, des crocs aiguisés et un regard ensanglanté par la folie. Jamais elle n'avait oublié le moindre détail concernant la créature qui lui tenait désormais les poignets. L'esprit embrumé par une terreur ineffable, elle s'avéra incapable de se débattre. Quoi qu'il en soit, la force surhumaine de son agresseur ne lui permettait pas de se libérer de son emprise. Un frisson d'horreur courra sur sa peau lorsqu'elle sentit une langue immonde filer le long de son corps. Une vieille scène se jouait à nouveau, une scène qui hantait ses cauchemars et qui, cette fois, était bel et bien réelle. Il allait lui faire subir le même sort que celui qu'il avait réservé à sa mère. Des tremblements incontrôlables agitèrent la Rehla. Rien autour d'elle n'existait plus, rien sinon cet effroyable contact qui la paralysait. Lorsqu'il arriva au niveau de son ventre, la certitude de ce qui allait se passer lui arracha un cri d'horreur. Le monstre releva les yeux jusqu'à elle, le visage déformé par ses pulsions bestiales, un sourire carnassier aux lèvres. La brune détourna la tête pour se soustraire à cette vision cauchemardesque. Mais refuser la réalité ne servait à rien. Tôt ou tard, elle se débrouillait pour rattraper celui qui la fuyait. Le démon déchira la peau fragile de son bas-ventre. Une vague de douleur insoutenable s'éleva en elle. Les immondes dents fouillaient la chair avec une frénésie démesurée. Une terrible envie de vomir lui comprimait l'estomac, encore protégé par le reste des organes qui succombaient pourtant les uns après les autres aux mâchoires impitoyables. L'horreur paralysait le moindre de ses membres, d'autant qu'elle était écrasée par la force du démon qui l'empêchait d'esquisser un seul geste. Un insupportable bruit de mastication déchirait le silence. Impossible d'échapper à ce démon au regard de fauve.

Les yeux dorés s'ouvraient sur un autre monde. Aucune trace de l'attaque ne subsistait sur le corps de la jeune femme. Seuls les battements fous de son coeur trahissaient l'épreuve qu'elle venait de traverser sans succès. Elle se trouvait à présent dans un somptueux champ de fleurs aux couleurs éclatantes qui s'étalaient concentriquement depuis une table de jeu. Le soleil inondait les lieux. Sans ressentir la moindre appréhension, Callidora s'approcha du plateau avec allégresse. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas participé à une partie de go, mais elle n'en avait jamais oublié les règles. Une fois qu'elle fût assise sur l'une des deux chaises qui se faisaient face, son adversaire prit place à son tour. Il s'agissait visiblement d'une ombre, une ombre noire aux contours imprécis qui semblait dévorer la lumière. Méfiante, la Rehla observa l'étrange apparition avant d'avancer une première pièce. Les dés étaient jetés et elle s'en remettait entièrement au Destin pour décider de l'issue du combat. Évidemment, elle devrait faire preuve de stratégie et de prudence si elle voulait remporter la victoire. Et contrairement à l'absence d'envie de se mesurer aux autres qui la caractérisait habituellement, elle participait pour gagner. Son adversaire s'empara à son tour de l'un des pions. Quelques tours suivirent sans que personne ne prenne l'avantage, jusqu'à ce que la brune parvienne à empocher un galet blanc. Sans savoir pour quelle raison, elle prévoyait chacun des déplacements de l'autre et savait exactement où placer ses pièces. Pourtant, quelque chose d'inattendu se produisit alors qu'elle s'apprêtait à ravir un huitième pion. Quatre de ses propres soldats tombèrent. Fronçant les sourcils, elle se ravisa sur la tactique à adopter. L'orgueil avait pris le pas sur l'intelligence. Une fois de plus, elle eut le sentiment d'avoir échoué lamentablement, sentiment qui se renforça lorsque de nouveaux galets s'effacèrent. Une marque sanglante s'inscrivait sur ses bras à chaque défaite alors que des traits de lumière crevaient la peau obscure. Des heures innombrables passèrent sans que rien ne bouge. Une impasse tendait les bras aux deux participants. Les paupières de Callidora se faisaient de plus en plus lourdes et elle ne tarda pas à sombrer dans le sommeil.

Lorsqu'elle se réveilla finalement, elle se trouvait dans le noir complet. Elle ne parvenait pas même à distinguer son propre corps. Qu'était un corps d'ailleurs, sinon une simple enveloppe susceptible de disparaître à chaque instant ? Seule dans les ténèbres, la Rehla ne ressentait pourtant aucune appréhension. Pourquoi avoir peur lorsque plus rien n'est ? Une sérénité profonde envahissait son esprit. L'image d'un sourire s'y forma, et aussitôt, elle vit des lèvres souriantes apparaître au beau milieu de la nuit. S'abandonnant au silence régénérateur qui régnait en ces lieux étranges, elle prit lentement conscience que son propre corps n'existait plus. Perdue quelque part entre les mondes, elle n'était plus qu'un souffle de vie qui s’élançait dans l'inconnu. Les pensées défilaient avec une douceur exquise ; goûtant chacune d'entre elles comme s'il s'agissait du plus merveilleux des trésors, Callidora laissa le temps filer entre ses doigts immatériels. À dire vrai, le Temps ne représentait plus rien non plus pour elle. Qu'était-ce donc que le Temps, sinon une invention de l'harmonie humaine ? Telle une flamme inébranlable, la vie n'avait nul besoin de s'embarrasser de cette étrange notion. Seul comptait le Destin, le Destin qu'elle offrait à chacun de ses enfants. Et l'oeuvre de la brune sur la terre où elle avait vu le jour n'était pas encore terminé. Cette certitude s'emparait d'elle, sans précipitation, comme un battement de coeur au ralenti. Rester à jamais en ces lieux de paix intérieure absolue, voilà ce à quoi elle aspirait. Mais il fallait qu'elle s'arrache au rêve, qu'elle retourne vers les horreurs et les joies d'un quotidien mortel pour accomplir la mission qui lui avait été confiée. Sa raison de vivre, qui n'était autre que la vie elle-même. La compréhension des rouages du monde n'était que la partie visible de ses désirs. Enfin, elle y arrivait. Le désir, cette ultime étincelle de vie qui s'insufflait dans le moindre de ses actes. Au fond, tout n'était que désir. Désir et imagination, les véritables trésors de l'âme humaine. Aussi se laissa-t-elle aller à une subite poussée d'inspiration. Par la simple force de sa volonté, le dessin le plus somptueux qu'elle eût jamais réalisé remplaça le sombre vide. Des étoiles. Des milliers d'étoiles dans le firmament, comme autant de promesses éternelles que personne ne comprenait véritablement. La Rehla sentit une porte s'ouvrir en elle alors que la somptueuse création prenait place dans la réalité. Jamais l'obscurité n'avait régné. Depuis le premier jour de son existence, elle dansait avec les astres célestes un ballet impromptu. La frontière entre rêve et réalité n'était qu'une convention.

Se délectant de la vision insensée qu'elle venait de créer, elle sentit soudain quelque chose rouler sur sa joue. Une larme pour répondre à la beauté. Etait-il possible d'y répondre autrement ? C'est alors qu'un contact étrange la fit réaliser qu'elle venait de réintégrer son corps. Une chrysalide était apparue au creux de ses mains. Sans avoir le temps de remercier le ciel, elle bascula dans la couche précédente, se retrouvant devant le plateau de jeu. Les pions étaient toujours disposés de la même manière. L'ombre ne la quittait pas du regard. Rien n'avait changé, à l'exception de la présence de deux splendides Töh Taureaux que caressait la forme insaisissable. La Rehla, fascinée par les animaux, oublia quelques instants la partie qui l'attendait et ne s'y replongea qu'à contre coeur. Un souffle chaud titilla son oreille alors qu'une main puissante se posait sur sa poitrine. « Suis ton coeur, chérie. » Nul besoin d'être un génie pour reconnaître celui qui venait de parler. Un frisson de désir monta en elle. Le démon s'invitait de lui-même où qu'elle se trouve. Elle tourna la tête vers lui et constata qu'il avait disparu. Qu'importe l'endroit, il fallait toujours qu'elle lui courre après. Le retrouver était une nécessité absolue. Aussi releva-t-elle les yeux vers son adversaire, tenant toujours la chrysalide. Les étranges coupures lumineuses qui zébraient son corps de ténèbres la firent réagir. Sans un mot, elle quitta son siège, chose qu'elle pensait impossible avant la fin du jeu, et s'approcha de ce qui n'était rien d'autre qu'un reflet. Une étreinte chaleureuse accueillit cette révélation. L'ombre se délitait avec noblesse. Lorsqu'elle disparut totalement, Callidora se retrouva au point d'origine. Là où tout avait commencé. Là où tout finirait un jour. La chrysalide battait entre ses doigts. Le monstre revint la plaquer au sol. Cette fois-ci pourtant, elle refusa la peur. D'un coup de pied, elle l'envoya valser un peu plus loin et se jeta sur lui. Il enserra ses mains autour de sa gorge pour se défendre. Sa respiration s'accéléra. Sans réfléchir, la brune plongea les doigts dans la poitrine de son adversaire, à l'emplacement où se trouvait le siège de la vie. La chrysalide effleura le coeur du démon, et tout explosa. Lorsqu'elle eut enfin le courage d'ouvrir les yeux, elle réalisa qu'elle était revenue dans l'arène. Ses mains s'ouvrirent, laissant échapper un papillon aux ailes bleutées et pleines de sang
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Résumé:
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Jeu 26 Nov 2015, 01:41

La Coupe des Nations - Entre rêve et réalité
« Un retour au calme… Plus ou moins »

[CDN 2015] Intelligence - Entre rêve et réalité Cdn10


Tout commença par un souffle et deux portes.

L’une blanche. L’autre noire. Contraires depuis des siècles, représentation de l’ombre et de la lumière, de l’éveil et du sommeil… Un sourire sarcastique s’esquissa sur la commissure de mes lèvres. Si prévisible, si peu créatif. « Une épreuve d’Intelligence », avait mentionné cet Être illuminé et pourtant, rien n’était très compliqué dans cette énigme. Je me plaçais entre les deux grands battants. Les options me semblaient claires: je devais choisir entre l’irréel et le réel. D’un pas sûr, aux confins de la surestimation, je m’approchais de la porte blanche, tendant déjà ma main pour prendre la poignée. S’ils voulaient me prendre en traître, c’était raté. Mais un bruit m’arrêta, un son indistinct au cœur de cet endroit sibyllin. Je me retournais vivement, balayant les alentours pour voir de quoi il s’agissait.

Et soudainement, on m’enlaça.

« Tu es enfin de retour! »

L’assaut fut vif, tant que je n’eus même pas le temps d’apercevoir mon assaillant.

« Je suis tellement heureuse de te revoir! Tu ne sais pas la peine que ton absence nous a faite!

- U-Une seconde! Q-Qui êtes-vous? » Protestais-je, pliant déjà mes bras dans l’intention d’éloigner la personne.

Mais, comme si elle avait compris les signes de mon non-verbal, elle se recula, glissant ses doigts pour prendre fermement mon visage à deux mains. Sans lui opposer résistance, mes yeux tombèrent d’eux-mêmes dans les iris turquoise et orangé de son regard. Je restais figé, ma mâchoire s’ouvrant au fur et à mesure que mon esprit réunissait les morceaux de ce visage presque oublié. Pourtant, dans ce seul contact, j’étais en mesure de me souvenir de ses cheveux flamboyants, aussi sauvages que la course des flammes dans le vent. Et son sourire, ce si doux sourire qui m’avait tant manqué et que j’avais tant pleuré les premiers jours de sa perte… Encore aujourd’hui, une vive brûlure se mit à me chatouiller le fond de l’estomac au moment où son visage, à elle, s’éclaira, comprenant, par ma seule expression, que je l’avais reconnu. Taquine comme elle l’avait toujours été, elle me caressa la joue avant de m’ouvrir ses bras. Ce ne fut pas bien long avant que je ne m’élance dans sa chaleureuse étreinte.

« J’ai eu peur que tu ne reconnaisses plus ta propre mère…

- Non… Non, Mère. Mais… Ça fait si longtemps…

- Oui, mais tu es revenu à présent!

- Enfin, Mère, ce n’est pas vrai. Ma voix était une suite de balbutiements que je peinais à contrôler sous l’émotion. C’est toi qui m’as laissé…

- Mais qu’est-ce que tu nous sors? »

Je sursautais violemment. Rapidement, je jetais un coup d’œil derrière ma mère.

« Qui t’as abandonné?

- Papa?! » M’exclamais-je en un cri de surprise.

Draug s’avança vers nous, resplendissant, comme avant. Son corps musculeux, bronzé, respirant de santé, ne se courbait plus sous le poids de la maladie qui l’avait si longuement rongé. Je restais sans voix à sa vue, peinant à croire ce que je voyais à travers mes yeux exorbités.

« C’est… impossible! »

Je me dégageais vivement, terrorisé par cette vision. Mon père et ma mère. Présents, à côté de moi. Qu’est-ce que c’était que cette mascarade? Est-ce que cela signifiait que j’étais… mort? Non. Je ne pouvais pas être mort. Enfin, je sentais toujours mon cœur battre en moi…

« Quoi donc? » S’étonna Célia.

Mon père se rapprocha de sa femme, passant son bras sur ses épaules pour la serrer contre lui. Pourtant, leurs yeux ne me quittaient plus. Ma mère me tendit la main.

« Miles, que se passe-t-il? »

L’univers tanguait. Je voulais m’accrocher à quelque chose, mais tout ce qui pouvait me permettre de rester en équilibre restait cette main qu’elle me tendait. Alors je fis ce que n’importe qui ferait en de pareilles circonstances: j’attrapais la main que Mère me donnait.

« Mais enfin! Vous êtes m… »

Le reste de ma phrase mourut dans ma gorge, alors que le décor, aux alentours, venait brusquement de changer devant mes yeux. Mère et Père était toujours là, Célia m’examinant avec inquiétude alors que Draug me dévisageait. Je tenais encore la main de ma mère, mon cœur battant follement. Cette sensation… C’était comme si je venais de me réveiller d’un cauchemar…

« Nous sommes quoi? »

Je regardais autour de moi, ne saisissant rien à ce qui venait de se produire. Hagard, je poursuivis plutôt en murmurant doucement:

« Qu’est-ce que je fais à la maison?

- Par tous les Dieux! Tu rêvais, Miles. Un terrible cauchemar d’après les cris que tu poussais.

- Qu-Quoi?

- Tu dormais comme un loir, mais tu as commencé à hurler et nous avons aussitôt essayé de te réveiller. »

Décidément, c’était le néant dans ma tête.

« Je ne me souviens pas… Enfin, plus très bien… »

Mère se redressa, relâchant ma main, un grand sourire aux lèvres.

« L’important, c’est que tu sois revenu. »

Revenu? Mais d’où? De mon cauchemar?
Bras dessus, bras dessous, Père et Mère restèrent face à moi, me scrutant comme une nouvelle espèce d’animal. Je me sentais particulièrement mal à l’aise. Malgré tout, un sourire finit par fendre mes lèvres à leur vue. Sans crier gare, je me jetais dans leurs bras, déversant tout ce que j’avais d’angoisses et de tristesse dans mon être.

« Merci mon Dieu!

- Je ne savais pas qu’un tel cauchemar aurait pu te rendre si émotif.

- Parce que vous n’avez pas vu ce que j’ai vu dans ce cauchemar… »

Je me retirais de leurs bras, les larmes aux yeux, m’essuyant le visage du revers de la main. Un sourire se dessinait sur leurs traits, ce qui ne fit qu’accentuer davantage l’éclat du mien. J’étais si heureux. Ouf! Mon Dieu! Tout n’avait été qu’un cauchemar! Qu’un terrible et désagréable cauchemar… Visiblement satisfaite, Mère se redressa et voulut partir de la pièce.

« Je vais te faire du thé. Attends-moi là. »

Seulement, en se retournant, je remarquais quelque chose au fond de sa poche.

« Célia, qu’est-ce qui dépasse de ta poche? »

Vaguement, elle porta son regard vers l’objet en question. Elle ne fit que relever mollement les épaules.

« Ce n’est pas important.

- Non, attend! »

Je me relevais brusquement, m’élançant vers elle. Avec surprise, je compris que Père tenta de m’arrêter, mais je parvins à l’éviter; Mère voulut m’esquiver à son tour, mais je fus plus rapide qu’elle, attrapant l’objet entre mes doigts. À son toucher, à sa vue, mon sang ne fit qu’un tour dans ma tête.

« À quoi tu joues, Miles?!

- Non! Vous, à quoi vous jouez?! Qu’est-ce que vous faîtes avec ça?! Qu’est-ce qui se passe?! »

Ma voix était montée dans les aigues tellement j’étais énervé. Mon père et ma mère s’échangèrent un regard soudainement alarmé, tentant de choisir qui d’entre eux allaient prendre la parole.

« Nous voulons seulement être avec toi… Pour toujours…

- C’est vrai. C’est ce que tu veux, non? C’est ce que tu as toujours voulu… »

Et dans un même écho, les voix de mes parents s’emmêlèrent pour former un doux murmure à mes oreilles:

« Que nous restions ensemble pour toujours. »

Je me bouchais les oreilles en reculant précipitamment. Mais je tombais. Mes parents s’approchaient dangereusement de moi. Ils tendaient leurs mains vers moi ou plutôt, vers l’objet que je défendais en l’entourant de mes doigts. Ils n’y toucheraient pas. Qu’est-ce que cela voulait dire? Rêvais-je encore? Rêvais-je toujours? Pourtant, tout semblait si réel...

« Miles, si tu ne lâches pas cela, tu partiras…

- Et nous ne voulons pas que tu partes…

« Tu ne veux pas que nous partons… »

Me relevant prestement, je les bousculais violemment pour qu’ils s’éloignent. Draug et Célia se redressèrent, menaçants, tendant leurs bras pour m’empêcher de m’évader avec l’objet. Je pris une grande inspiration avant de les affronter, plongeant mon regard droit dans leurs yeux:

« MAIS CE N’EST PAS COMME ÇA QUE JE VOYAIS LES CHOSES! Je… Je veux bien que nous soyons réunis, tous les trois, mais pas comme ça. Vous n’êtes pas réels et… je sais que vous êtes morts. Rien au monde ne peut changer ce fait. Vous êtes morts et je suis en vie.

« Alors, rejoins-nous…

- Je ne peux pas. Parce qu’il y a des gens qui comptent pour moi encore, là-bas… »

C’est alors que je regardais la plume que je tenais en main. Lisse comme aucune autre, sa couleur s’altérant entre le noir, le blanc, le gris, et bien d’autres. Aucune autre plume ne lui ressemblait. Après tout, n’est-ce pas ce que nous avait raconté Hakiel, un jour, à Asche et à moi?

« Vous êtes ma chère famille. Je vous aime plus que tout au monde, mais Père, Mère, vous n’êtes plus là et je dois l’accepter. Je l’accepte! Puisque je sais que vous serez toujours là pour moi, quoi qu’il arrive. J’ai toujours été un gamin dans l’âme, un môme qui ne pouvait rien faire sans vous. Mais c’est parce que vous étiez mon Univers, mon Tout. Mais maintenant, je me construis par moi-même! Je veux être auprès des gens qui comptent pour moi!

- Nous sommes…

- Il me hâte d’être à vos côtés, mais je ne peux pas les laisser. Ils font partie de ma famille eux aussi. »

Je tenais fermement la plume entre mes doigts. C’est alors que Draug et Célia se rapprochèrent de moi avant de m’entourer de leurs bras. Je me laissais entraîner dans leur douce étreinte.

« Tu as grandi, Miles…

- Tu peux t’assurer que nous serons toujours à tes côtés…

- Alors, va de l’avant, ne te tracasse pas et surtout...

- ... ne te retournes pas.

- Merci… Maman, Papa… »

Ils me lâchèrent et, brusquement, le décor changea autour de moi.

Je me retrouvais de nouveau devant les imposantes portes noire et blanche. Cette fois-ci, je savais ce qu’il me restait à faire. Avec assurance, je me dirigeais vers les deux portes, ne cherchant même pas à connaître la couleur de celle que j’allais ouvrir. Tout simplement, j’attrapais une poignée avant de la tourner. J’allais de l’avant; je ne regarderais plus en arrière. Parce que je sais, que vous veillez sur moi…

De l’autre côté de la porte, il y avait les cieux, les nuages en contrebas, des plumes aux couleurs chatoyantes qui montaient jusqu’en haut. Le ciel infini se perdait dans la toison bleue qui se teintait d'argenté. Je m’avançais, sans peur, la plume dans mon poing. Attendez-moi. J’arrive! Et tout bonnement, je me laissais tomber, mais loin de ressentir cette impression de chute oppressante, je me sentais pousser des ailes, léger comme ces plumes qui se laissaient guider par le vent. Finalement, peut-être atteindrais-je la réalité?


1 799 mots sur Word
Ça été long, mais j'y suis arrivée *-*
Merci pour cette belle CDN nastae



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Merci Léto ♪:
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Dim 29 Nov 2015, 15:21


« Lily, réveille-toi. » Dans ce toucher de soie qu’elle effleurait du bout des doigts, elle ouvrit tendrement les yeux, bercée par la douceur des draps et la passion de cette voix caressante et basse qui avait glissé quelques mots à son oreille. La pâle lueur des premiers rayons du jour perçait à travers les voiles des rideaux, éclairant avec délicatesse la chambre à coucher. Posé tout en légèreté sur la petite table de chevet qui bordait le lit, une longue et fine chaîne en argent patientait, cinq anneaux accrochés en guise de pendentif. Curieuse, elle tendit le bras pour s’en emparer mais une main l’interrompit dans son geste. La mine confuse, elle se retourna pour dévisager l’homme auprès de qui elle avait dormi. Ce visage lui avait tant manqué. Troublée, elle ne sut quoi rétorquer et se borna à passer ses paumes dans ses longs cheveux noirs pour dompter les mèches folles. Il sourit. « Tu as l’air étonné de me voir. » - « C’est que … C’est assez surprenant. » Il arqua les sourcils, scruta la jeune femme avant de rire tout bas. « Je crois que tu as trop dormi. » Il se pencha vers le plateau, préparé un peu plus tôt, où reposait un thé fumant et quelques pâtisseries. « Est-ce que tu veux … » Elle le coupa. « Orion. » Certains amours étaient voués à ne jamais se faner et, dans les élans du cœur, Lily-Lune se redressa pour se glisser dans ses bras et aller chercher ses lèvres. « Tu es étrange ce matin. Repose-toi. Je m’occupe de tout. » Avec malice, il se releva pour filer à travers la pièce, sans oublier d’attraper au passage le bijou du meuble. « Attends. » Elle s’assit sur le rebord du matelas, retenant les draps blancs contre elle pour couvrir son corps nu. Il ralentit le pas. « Oui ? » - « J’ai besoin de voir ce collier. » - « Ce n’est qu’une babiole. » - « J’aimerai la voir de plus près. » Il soupira, secouant sa tignasse blonde avec indécision. « Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as encore fais des cauchemars, n’est-ce pas ? Je te l’ai dit cent fois. Ce n’était pas la réalité. » Lily-Lune le contempla longuement, sans rien dire. Rêve et réalité se confondaient entre souvenirs, fantasmes et espérance. « Tu es mort. » - « Non, Lily … Pas encore cette conversation. » Il semblait agacé et tourna les talons. Toujours enroulée dans les draps, elle se releva. « S’il te plaît. Le bijou. » - « Lorsque tu auras retrouvé tes esprits, nous pourrons en discuter calmement. Je suis fatigué, Lily. Fatigué de devoir supporter tes peurs irrationnelles et ton imagination. » - « Pourquoi t’énerves-tu à ce point ? Ce bijou m’appartient, non ? » - « Tu le veux tant que ça ? » Il le jeta dans une petite boite en bois qu’il ferma d’un coup sec. « Débrouille-toi pour le chercher. » Il quitta la pièce en claquant la porte. Déconcertée, la Vénus se laissa tomber sur le parquet, devant la boite qu’Orion avait lâché. Quelque chose l’incitait à remettre en doute son petit monde, malgré sa saveur d’idéal. Qu’est-ce qui était un rêve ? Qu’était ce bijou ? Elle prit délicatement le coffret entre les mains. C’était un casse-tête, un écrin que l’on ne pouvait ouvrir qu’après avoir réalité une suite de manœuvres précises. La magie de la cassette détruirait le bijou si elle venait à être forcée. Lily-Lune n’eut pas vraiment à chercher pour trouver la solution et en moins d’une minute, elle trouva la solution et laissa la chaîne tomber sur ses genoux.

Enfin, elle finit par se souvenir. La Porte des Songes. L’épreuve d’intelligence de la Coupe des Nations. Comment avait-elle pu oublier ? Ce bijou était une œuvre de son esprit, une création destinée à lui rappeler qu’elle n’était pas dans le monde réel. L’Orine se trouva idiote d’avoir cru que toute sa vie n’avait été qu’un rêve, que la vérité était auprès d’Orion. Il avait dégénéré. Il s’était fait assassiné. Dans un souffle, elle ferma les yeux. Elle devait retourner dans sa réalité.

« Lily, réveille-toi. » Elle ouvrit lentement les yeux, une pointe de suspicion au fond des yeux. « Il faut dormir la nuit. » se moqua Aédé. « Nous sommes toutes anxieuses d’accueillir la Coupe des Nations. » murmura Thalie, dans un petit sourire timide. « Je suppose que nous avons assez travaillé pour aujourd’hui. » Les Muses se tournèrent vers la Reine, qui acquiesça sèchement. Elles commencèrent à s’en aller, retournant vaquer à leurs tâches et occupations. « Calliope. » interpella Lily-Lune. « Oui ? » - « J’ai perdu un bijou. Une chaîne avec plusieurs bagues. Est-ce que tu l’aurais vu ? » Elle parut troublée de la requête. « Je ne t’ai jamais vu porter quelque chose de ressemblant. » - « Je vois. Merci. » D’une démarche éthérée, la Vénus quitta le Palais de Maëlith pour les allées blanches et fleuries de la Capitale des Arts et des Beautés. Tout paraissait normal. Les enfants jouaient, les femmes riaient. « Tu me sembles soucieuse, Lily-Lune. Est-ce que tout va bien ? » Elle soupira, crispée rien qu’à l’entente de cette voix qu’elle n’appréciait pas. Lord Marcus Araé, son grand-père, promu au rang d’Arché. Elle se tourna péniblement vers lui. Elle n’avait pas envie de le voir ou de lui parler. « Ne t’inquiète pas. » - « Bien. Si tu le dis. J’ai quelque chose à te montrer. Pourrais-tu me suivre ? Cela ne prendra pas longtemps. » Il se crut obliger de le préciser face à la réticence évidente de sa petite-fille. Après une maigre hésitation, elle hocha la tête et lui emboita le pas. Dans un silence froid et gêné, ils marchèrent ensemble jusqu’au porte de la Cité. « Voilà, c’est ici. » D’abord, elle ne vit pas où il voulait en venir. Puis elle finit par se rendre compte de l’évidence, de ce phénomène qui n’avait rien de naturel. Des fleurs colorées formaient des carrés parfaits, chacun composé d’une nuance exclusive, parfois nus du moindre pétale pour ne laisser que de l’herbe verte. Le tout formait un immense damier. « Qu’est-ce que c’est ? Qu’as-tu fait, encore ? » Marcus souriait. Muet, il se contenta d’esquisser un geste des doigts qui fit disparaître Lily-Lune de ses côtés pour réapparaître de l’autre côté. « C’est une barrière de protection que j’ai mis au point hier, pour défendre mieux encore le village des potentielles invasions extérieures. Cela ne marche que dans le sens où tu es. Si le chemin tracé n’est pas suivi de façon scrupuleuse, des pièges se déclenchent. J'aimerai voir si tu es capable de trouver la bonne solution. J’ajusterai la difficulté en fonction. » - « Marcus ! » - « Je suis certain que mon idée est bonne. Tu es juste trop en colère pour t’en apercevoir. » Dans un rire narquois, il fit volte-face. Lily-Lune le regarda s’éloigner, impassible, avant de baisser les yeux sur le parterre de fleurs. Comment pouvait-on dégager la moindre logique dans ces éclats de lumière et de teintes ? La Vénus choisit de se mettre dans l’état d’esprit de son grand-père. S’il adorait son peuple, il en avait une piètre estime. Il avait dû choisir une façon de procéder qui serait évidente pour les Orines, même les plus jeunes, mais qu’un étranger serait incapable de trouver. Elle fouilla dans sa mémoire à la recherche de légendes ou de contes qui parleraient de fleurs, de plantes ou de nature. Les Orines connaissaient bien des histoires mais aucune ne correspondait au dessein. L’une aurait pu, mais elle était tellement méconnue que seules les plus sages pourraient deviner. Il fallait aller au plus simple. Il y avait tellement d’enfants, à Maëlith. Les comptines. Du bout des lèvres, la jeune femme se mit à chantonner une petite mélodie que l’on apprenait aux enfants pour apprendre le nom des couleurs en langage commun et dans le dialecte local. A mesure qu’elle récitait les vers, elle avançait vers le carré de fleurs correspondant. En quelques pas, elle franchit les frontières de la ville. Sous ses chaussures, quelque chose protesta dans un grincement aigu. Elle se pencha pour ramasser l’objet. Le collier.

Lily-Lune se redressa vivement, dans la pénombre de sa chambre. « Pardon. Je ne voulais pas te réveiller. » Souffla Risa, assise près du berceau d’Adam. « Il pleurait. Tu étais tellement épuisée que tu n’as rien entendu. J’ai réussi à le rendormir. » Le cœur de la Vénus se serra. Elle avait envie de clamer qu’elle était dans la réalité. Ses enfants. Il n’y avait rien de plus précieux à ses yeux que ses enfants. Doucement, elle s’approcha de son fils. Il avait l’air tellement paisible. Dans un sourire, elle glissa ses doigts dans la petite main du nourrisson. « Retourne te coucher, Risa. » Elle embrassa le front de sa fille, qui l’enlaça brièvement avant d’aller à pas de loup dans sa chambre. La Souveraine resta de longues minutes près d’Adam, à l’admirer dans ses songes. Lorsqu’elle releva les yeux, un petit détail attira son attention. L’un des tableaux accrochés au mur était légèrement bancal. Elle s’en approcha pour le décrocher, révélant le coffre dissimulé sous la toile. C’était là qu’elle enfermait les documents les plus importants et les artefacts de grande valeur. Elle approcha doucement ses doigts de la poignée, avant de les retirer brutalement. Quelque chose avait changé. Quelqu’un avait changé la combinaison. « Sébastian. » maugréa-t-elle, certaine que cela ne pouvait être que lui. Pourquoi avait-il fait ça ? Elle ne chercha pas à trouver la réponse, préférant ouvrir son coffre plutôt que de démêler ce qui ne pouvait l’être. Un petit morceau de parchemin voleta mollement jusqu’au sol. Elle le déplia avec une infinie précaution. C’était une suite de symbole. Lily-Lune parlait plusieurs langues et savait en reconnaître d’autres. Cela ne lui disait rien. Elle tourna la feuille plusieurs fois, jusqu’à trouver un semblant de réponse. En enlevant une partie du symbole du premier pour le coller au début du second, à qui l’on enlevait la fin pour le mettre au début du troisième, et ainsi de suite, des chiffres imagés apparaissaient. En quelques minutes, elle trouva la combinaison et ouvrit la porte. La gorge nouée, elle vit le collier, sagement posé. Elle tourna vivement la tête vers son fils. Il était si réel. Non ce n’était pas un rêve. Pourtant, le pendentif … Résolue, quoiqu’avec les doigts tremblants, elle prit le bijou.

« Lily, réveille-toi. » Encore ses mots. « Est-ce que ça va ? Je peux te laisser encore un peu, si tu le désires. » Doucement, la Vénus se redressa des hautes herbes où elle s’était endormie, près des deux tombes abandonnées aux inscriptions effacées. Pourtant, elle savait qui étaient enterrés ici. Cette douleur était plus réelle et palpable que n’importe quelle autre sensation. La culpabilité. Une perle roula sur sa joue. C’était bien ça, le monde réel. Ce monde où elle avait laissé deux enfants mourir des mains d'un zombie d'Orion, il y a des années de celà. « Ici » murmura-t-elle.

1791 mots. si vous voulez tout savoir, les cinq bagues sont celles que lui ont offertes Orion, Dylan, Caleb, Jun pour leur mariage et ses enfants. La chaîne était à sa mère.
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Dim 29 Nov 2015, 23:09

« Eerah, t'abuses là... » fit Erza en se réveillant. Elle ne se souvenait plus vraiment de la veille. Tout avait commencé par la reconstruction d'un moulin à eau et tout s'était finis dans une taverne à boire des bières à s'en faire exploser la panse. La Réprouvée s'étira, se demandant si elle avait fait des choses compromettantes. Sans doute, c'était rare qu'elle ne finisse pas sur une table à cracher sur le dos des Sorciers en motivant les hommes à se rendre tout de suite à la Prison pour ensuite vomir dans un buisson et abandonner la manœuvre. Ils avaient de la chance que son estomac ne tienne pas parce que, sinon, elle les aurait déjà envahi, ces chiens puants. Bon mais le soucis c'est que la veille elle était avec Eerah et qu'ils avaient encore dû faire des choses étranges, illégales et tendancieuses. Elle était habillée, c'était déjà ça. Cela dit, elle ne voyait rien et son mal de tête faisait en sorte que ses perceptions étaient vraiment étranges. Déjà, elle ne voyait rien mais elle se dit qu'elle n'avait simplement pas encore ouvert les yeux. Ce n'était pas très grave en soi. Le truc le plus dérangeant, c'était sa voix. Elle avait dû crier bien fort pour se retrouver avec une voix aussi rauque qu'un homme. A y penser un peu plus...

Erza se redressa rapidement. Cette fois, elle avait les yeux bien ouverts, elle en aurait mis sa main à couper. Elle ne voyait cependant toujours rien et se mit à jurer en Zul'Dov contre Eerah. Il l'avait rendu aveugle, encore ! Elle commença à se toucher, comme pour voir si elle était entière mais, en réalité, quand elle mit sa main sur son entre-jambe, elle connut un pur moment de vide. Après un silence de surprise, elle se mit à ricaner, touchant la chose comme elle aurait tâté un fruit au marché pour savoir s'il était bien mûr. « Ah d'accord... ». Ha ha, c'était trop beau. Elle allait pouvoir se tripoter. Maintenant c'était clair : elle était dans le corps d'Eerah. Ce qui voulait dire que lui était dans son corps à elle. « Oh Eerah t'es où ? ». Pas de réponse. Ce n'était pas franchement pratique d'être handicapé. « J'espère pour toi que tu ne fais pas exprès de pas me répondre, sinon je te casse la tête... ». Quoi que, en bougeant un peu, elle se sentit comme diminuée physiquement. Sérieusement, le seul avantage de ce corps, c'était... Et encore, en se levant tant bien que mal, elle se rendit compte que ça ballottait étrangement. Elle se mit à bouger son bassin pour faire tourner la chose et en rit tellement qu'elle faillit se casser la figure. « T'as enlevé ton caleçon hier ou t'en portes pas en règle générale ? Coquin va ! ». Bon, il n'était visiblement pas là. Un homme dans un corps de femme, où pouvait-il bien être ? Erza finit par se recoucher, se disant que ça finirait par passer. De toute façon, elle avait trop mal au crâne.

Quand la Réprouvée se « réveilla », elle se retrouva devant sa mère. Elle voyait parfaitement maintenant et pouvait donc admirer véritablement le corps du Déchu dans lequel elle se trouvait toujours. Il lui avait pas dit ce fumier qu'il participait à la Coupe des Nations ! Et pourquoi elle participait, elle, à l'épreuve d'intelligence ? Elle connaissait trop bien sa génitrice pour savoir que ce n'était pas une erreur de sa part. Ça commençait déjà à la soûler. Dans l'optique où elle était là pour représenter les Déchus, ça voulait dire qu'Eerah devait être en train de représenter les Réprouvés. Elle espérait qu'il n'était pas en train de se toucher les seins au beau milieu de l'épreuve de force ! Si elle entendait parler de ça, elle le jurait, elle lui referait le portrait façon Sorcier en décomposition. Pendant les explications, elle tira légèrement sur le pantalon en toile d'Eerah pour regarder un peu tout ça. C'était vraiment amusant. Peut-être qu'elle pourrait même essayer de charmer une minette à la sortie de l'épreuve pour tester un nouveau point de vue. Elle se disait qu'en tant que Roi des Déchus, il devait avoir des possibilités infinies. D'ailleurs ça ne lui plaisait pas beaucoup pour être franche. Bon, mais puisqu'elle allait se marier à Düst, elle pouvait bien tolérer que le Dædalus fricote à droite à gauche. De toute façon, ils n'étaient pas ensembles.  

Elle reprit un peu son sérieux pour visualiser un objet qui la représenterait. Curieusement, ce fut un caleçon. C'était justement ce qu'il lui manquait. Erza était intelligente, à peu de choses près, mais elle ne tilta absolument pas que contrairement aux autres candidats, elle avait un avantage considérable : le corps d'Eerah étant aveugle, elle ne pouvait rien voir dans la réalité. Si un paysage s'imposait à elle, c'était donc qu'elle rêvait. Mais elle n'en tint absolument pas compte, préférant découvrir l'endroit dans lequel elle fut plongée sans se poser plus de questions.

Il s'agissait d'une taverne, pour ne pas changer les bonnes vieilles habitudes. Erza se dit que ça devait être un rêve mais les odeurs lui rappelaient la bonne vieille réalité. Elle eut d'ailleurs envie de boire, comme si la soirée de la veille ne lui avait pas suffit. « On devrait attaquer les Sorciers ce soir, sans préavis ! La Prison a été ébranlée avec les derniers événements, c'est le moment ! ». L'éternel débat. Le pire c'est que ça risquait réellement d'arriver. Le rêve était sympathique, si bien que la Réprouvée dans le corps du Déchu décida de s'y intéresser. Elle n'avait pas envie d'en sortir alors qu'on traitait de son sujet favori ! « Je suis d'accord ! Allons-y ! » dit-elle d'un ton motivé qui eut l'avantage de convaincre les foules. Et c'était parti, sans transition, voilà qu'ils attaquaient la prison. Les Sorciers se faisaient littéralement défoncer et quand Erza se retrouva devant Lord, elle fit une grimace. « Nan mais t'es sérieux mec ? Habilles toi là ! C'quoi cette tenue ? ». L'Empereur Noir en caleçon, c'était franchement quelque chose. « Je ne m'habillerai que si tu réponds à cette énigme. ». « Génial... Mais ouais, pour le bien de tous ceux qui pourraient poser les yeux sur toi, je vais le faire... Ils risquent de mourir de dégoût sinon... ». « Bien. C'est l'histoire de quatre Faes à qui l'on a arraché les ailes qui se sont enfuies de la Prison. Pour échapper pour de bon aux Sorciers, elles doivent traverser un pont. Seulement, le pont est instable et elles ne peuvent passer que deux par deux maximum. Comme il fait nuit, elles ont besoin d'une luciole afin d'éclairer leurs pas. D'ici quarante jours, les Sorciers seront sur elles et détruiront le pont, les gardant à jamais prisonnières. La première Fae peut traverser le pont en une journée, la seconde en cinq, la troisième en quinze et la quatrième en vingt. Comment les Faes pourraient-elles s'en sortir ? ». Erza soupira. Les histoires de Faes, sérieux, elle n'en avait rien à foutre. « Pourquoi les Faes ne pourraient-elles pas vous tuer à votre arrivée ? Sérieux, faut arrêter d'être mégalo. Depuis quand les Sorciers sont puissants ? Ha ha ! Tu me fais rire ! ». Bon, le problème c'est que la jeune femme prit conscience qu'elle devait répondre à l'énigme pour retourner dans la réalité. Et puis, en fait, elle avait hâte de dire à Eerah qu'elle avait vu Lord en caleçon. Elle comprenait mieux pourquoi aucune femme ne voulait se marier avec lui. A moins que le fait qu'elle rêve déforme légèrement la réalité ? Comme cette odeur de poisson pourri qui se dégageait de l'haleine du Souverain ? Hum... sans doute. « Bon mais tu me soûles là... J'en sais rien moi. ». En réalité elle avait déjà à moitié résolu l'énigme. Ses méninges travaillaient pour elle de manière aléatoire et derrière son air jemenfoutiste, elle réfléchissait tout de même. « On a qu'à dire que la troisième et la quatrième Faes partent ensembles avec la luciole. La quatrième Fae revient et passe la luciole à la première et la deuxième Fae qui traversent le pont. La troisième Fae revient à son tour avec la luciole et passe le pont avec la quatrième Fae. Ça fera trente-six jours. » fit-elle de son air blasé. « Comme ça, vous l'avez dans le c... ». Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle se retrouva de nouveau plongée dans le noir. « Oh et puis crotte ! ». Le jeu consistait à savoir si elle était ou non dans la réalité et, machinalement, toujours sans aucun stress, elle déclara. « C'est bon là, je ne rêve plus ! Je crois... De toute façon je m'en fous ! Je suis même pas censée être là ! ». Elle le promettait, si Eerah y était pour quelque chose, elle allait le défoncer. Mais en attendant, puisque le corps de l'homme semblait toujours lui coller à la peau, elle allait en profiter pour s'amuser, dès qu'elle aurait trouvé un bout de bois pour avancer sans se fracasser la face par terre. Ce serait dommage qu'elle rende un corps amoché à son Déchu préféré, même si elle parlait beaucoup de le tuer.

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Lun 30 Nov 2015, 19:32


L’obscurité, à perte de vue. Dans ce noir d’encre à la perfection troublante, quelques tâches pâles et acides de teintes colorées brisaient l’harmonie ténébreuse de cet univers d’ombre, sans que la moindre logique n’explique la présence lumineuse de l’adolescent qui marchait d’un pas lent et mesuré sur un sol inexistant. C’était un monde fait de sombre et de silence, un monde où le Sorcier était seul et où on ne l’entendait pas. Le mystère de ce calme, qui relevait plus de l’insonorité, intriguait le jeune homme, qui continuait d’avancer dans le vide et la paix. Il ignorait si cette marche aurait une fin, si cette nuit sans étoile s’achevait dans des frontières ou s’il tournait en rond. Sous un trait d’impassibilité mais mû d’une curiosité piquante, il errait. Les minutes s’écoulèrent dans la quiétude et les interrogations, sans que le voile ne se lève. Puis son pied percuta quelque chose qui roula dans un bruissement de métal. C’était le premier son qu’il entendait depuis longtemps. Doucement, il s’accroupit et prit entre ses longs doigts le nouvel arrivant dans la pénombre. C’était une pièce d’échiquier, faite dans un alliage méconnu aux teintes brunes. C’était le Roi Noir. Marius sourit. Quelle prétention, songea-t-il, à des lieues de comprendre la véritable valeur de ce qu’il tenait, de ce que cela sous-entendait. Ce petit objet qui le caractérisait lui échappa, et sombra, puis tout s’effondra.

« Ils perdent patience, Cesare. J’ignore combien de temps encore je pourrai supporter les secrets de mon frère. » - « Vous êtes fidèle à ses idéaux et volontés depuis bien longtemps, Nebula. Vous ne démériterez pas à céder face à l’insistance des Jumeaux. Vous traînez ce fardeau plus que de raison. » - « Je ne peux échouer. Il en va de notre avenir, sans compter que je ne saurai comment soutenir son regard si je venais à perdre le contrôle. » - « Êtes-vous certaine que les documents relatant l’histoire ont été détruits ou scellés ? » - « Il s’est assuré de tout. » - « J’ose l’espérer. Ils ne tarderont pas à se tourner vers les archives et les écrits. Une ligne oubliée pourrait tout compromettre et … Marius. Je ne t’avais pas entendu. J’ignorai que tu dormais ici. » Le Sorcier se redressa lentement du divan sur lequel il somnolait, glissant une main dans ses cheveux emmêlés, la fatigue ancrée dans son expression ensommeillée. « Pardon. Je faisais quelques recherches et j’ai finis par m’assoupir. » - « Des recherches sur ? » La suspicion au bout des lèvres, il s’approcha de son neveu pour jeter un coup d’œil à ses lectures. Dans un souffle soulagé, il hocha la tête. « Je suppose que cela concerne tes cours de diplomatie. » - « Oui. Je voulais en apprendre plus sur le passé, approfondir les acquis. » - « Bien. » Les interrompit la Sorcière, qui avait retrouvé la sévérité stricte et froide de sa mine tirée. « Je m’en retourne à mes travaux. Continue à lire, Marius. » Dans une envolée de boucles et de voiles, elle quitta le salon. « J’aurai une requête à vous formuler, mon Oncle. » articula le jeune Mage Noir après un instant de mutisme. « Je t’écoute. » - « Ne vous fâchez pas. J’aimerai simplement savoir si, pour une raison quelconque, ma sœur et moi avons déjà été en présence de nos parents, de notre père. » Le manque de réaction de Cesare fit tiquer le Sorcier. Soit son Oncle était d’un flegme à toute épreuve, soit il venait de se heurter aux limites de son imagination et de ses rêves, qu’il tenait à être d’un réalisme éprouvant. Il ignorait la réponse à sa question, ainsi donc, si Cesare n’était que la pâle copie de l’original, une projection de l’esprit, il ne possédait pas plus la précieuse information. « Suis-moi, s’il te plait. » finit-il par murmurer en s’éloignant. Ils arpentèrent quelques couloirs du manoir avant d’arriver aux geôles. « Entre. Résous l’énigme. » Marius gratifia son tuteur d’un regard froid, avant d’obtempérer et de se laisser enfermer dans une cellule. Elle était vide, ne comportant qu’une vieille table, une chaise, un objet couvert par un morceau de tissu et une boite. « Si tu parviens à démêler le casse-tête, tu pourras sortir. » Il s’en alla. Dans un soupir, Marius attrapa le chiffon pour dévoiler son épreuve. Il s’agissait de deux épingles en métal entrelacées qu’il devait séparer et remettre ensemble. Ce fut assez fastidieux. L’adolescent était à peine assez patient pour ce genre d’exercice et était malhabile de ses mains. Néanmoins, il parvenait à comprendre certaines choses : la façon dont le fer s’entrelaçait, le chemin à suivre. Il dût s’y reprendre à plusieurs fois et il gaspilla de très longues minutes à s’acharner, marmonnant d’embarras, mais réussit à les démêler, avant de les remettre ensemble. Il s’empressa de soulever le couvercle de la boite, d’un doigt. Il sourit. C’était la pièce, le Roi Noir. Il rêvait.

Dans un sursaut, Marius rouvrit les yeux avant de sortir le nez des vieilles pages jaunies d’un énorme ouvrage sur lequel il s’était endormi. Incommodé par l’odeur et la poussière, il toussota légèrement et s’épousseta les joues. Le geste las, il renversa le livre, en prenant garde de laisser son bras là où il en était dans ses lectures, afin de vérifier ce qu’il lisait. C’était un recueil de généalogie. Il se souvenait maintenant. Il avait même pris des notes. Néanmoins, il n’avait pas pu tirer la moindre information intéressante de tous ses feuilletages. « Prenez garde à ne pas vous tuer à la tâche, mon frère. » se moqua Viviane avec une pointe de malice dans la voix. « Avez-vous découvert quoique ce soit ? » - « Malheureusement, non. Qui que soit notre père, il a un certain talent à la disparition. » - « Cela ne mène à rien. Je vais rapporter cela à l’archiviste. » Passablement agacé, des livres sous le bras, il grimpa les longs escaliers de la Prison pour retourner dans les pièces où étaient rangés les écrits précieux et mystérieux. Rêveur, il ne remarqua d’abord pas que le chemin était plus long que d’ordinaire. Lorsque la patience lui manqua, il se fit plus observateur. Ce corridor grisâtre ne semblait plus avoir de fin. Chaque pas ressemblait au précédent. Quelque chose n’allait pas. Marius souffla. Piqué par ce nouveau jeu auquel il ne tenait pas à participer, il choisit d’attraper la première poignée venue pour la tourner et entrer. « Je t’attendais. » Ce n’était pas vraiment une voix mais plutôt un murmure, un murmure qui ne semblait pas provenir des lèvres de l’étranger qui était assis dans la pièce blanche, seul atour d’une table ronde, entièrement faite de verre. « Qui êtes-vous ? » - « Assis-toi. » Marius n’en avait pas envie. A vrai dire, il avait préparé une remarque acerbe et glaciale à rétorquer. A sa plus grande surprise et les doigts tremblants, il lâcha ses livres pour s’installer face à l’inconnu. « Comment … » - « Jouons. » Un grand échiquier apparut. L’ombrageux se conservait le privilège de commencer la partie. Il bougea un pion. « Tu t’abandonnes à corps perdu dans une quête vaine et stérile. » - « Est-ce que vous êtes … » - « Tais-toi. » Encore une fois, il écouta les ordres, contre ses volontés. « Regarde-moi. » Il n’y avait rien à voir. Ce n’était qu’une tâche informe, une brume à la silhouette vaguement humaine. D’un mouvement quasiment systématique, Marius déplaça l’un de ses pions. La partie était ainsi. Presque innée. « Tu devrai laisser tomber. Cela vaudrait mieux. » Marius ne put répondre, quand bien même il en brûlait. Après tout, on lui avait dit de se taire. Comment était-ce possible ? Alors que l’homme monologuait, le Sorcier se mit à toucher ses bras, ses mains. Il chancela sensiblement. Il y avait quelque chose, une sorte de chaînette qui encerclait ses poings. Il était certain que la cause de son obéissance venait de là. Le phénomène était étrange. Parfois, après un coup, la chaîne perdait en éclat et en force. Parfois, elle se renforçait. Il en déduisit rapidement que cela dépendant de sa réussite ou de son échec. Marius commença à jouer autrement. Lorsqu’il hésitait entre plusieurs possibilités, il n’avait qu’à bouger lentement la pièce, la faire survoler plusieurs cases et se concentrer sur les effets de la chaîne, pour tirer le meilleur parti possible. Il n’était aisé de jouer sur un plateau que l’on n’avait pas le droit de regarder.

A mesure que l’enchantement se brisait, les règles établies se profanaient. Marius s’autorisa un léger coup d’œil sur le jeu. Il eut un léger sourire. « Echec et mat. » murmura-t-il péniblement. « Tu as de mauvais yeux, gamin. Je te fais mat en six coups. » - « J’ai gagné, bien au-delà de votre petit jeu. » Doucement, il s’empara du Roi de son adversaire. Il était noir, alors qu’il jouait les blancs. Cette forme … « Rêve. »

« Réveillez-vous, Marius. » soupira Viviane. « Je suis consciente de prendre mon temps entre deux coups mais votre comportement est offensant. » - « Pardon. » marmonna-t-il machinalement, en se relevant. Encore un échiquier. « Mat en trois coups. » souffla-t-il en s’étirant. Luna fit la moue. Elle scruta le plateau avant d’incliner son Roi. « Je vous aurai, la prochaine fois. » - « Vous dites toujours ça. » Il eut un hoquet méprisant et rieur. « C’est bien la réalité. » ajouta-t-il en faisant tourner la pièce – banale, à des lieux de celle qu’il avait créé – entre ses doigts.

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Mar 01 Déc 2015, 00:41

Éric souriait. Il suivait un petit chemin au creux d'une forêt enchanteresse. Celui-ci était entouré de fleurs diverses et variées et il avait l'impression qu'elles le regardaient comme pour lui souffler une vérité. Il sentait que quelque chose se tramait ici et ses sens le troublaient. C'était comme s'il arrivait enfin à la fin du chapitre qui était supposé terminé l'action. Il entrait dans une phase de résolution et lorsque l'Elfe vit, une fois arrivé dans une clairière, une silhouette au loin, il sut que c'était elle. Celle qui n'était autre que sa fiancée, celle que le destin lui avait arraché, celle qu'il avait cru morte mais qu'il n'avait jamais cessé, un seul instant, de rechercher. Alors qu'il était enfant, et elle bébé, il s'était penché sur son berceau, lui offrant un pendentif auquel pendait une saphir d'un bleu aussi étincelant que ses yeux. Elle n'était qu'un souvenir pour lui mais quand il rencontra ce regard si particulier à ses yeux, il sut immédiatement qu'elle était là et qu'enfin, ils pourraient vivre le reste de leur existence ensemble. Il n'avait jamais cessé de l'aimer durant toutes ces années, sans jamais savoir ce qu'elle était devenue, sans même connaître sa personnalité. Il avait aimé un fantôme du passé qui, aujourd'hui, prenait les traits d'une ravissante jeune femme du présent. Elle était là, elle n'attendait que lui. Elle aussi avait pensé à lui durant toutes ces années, Éric en était convaincu. Il s'approcha et elle lui tendit les bras, en souriant. Elle était si belle. Elle était tout ce qu'il avait un jour souhaité, tout ce qu'il avait pu imaginer. Leurs lèvres s'effleurèrent dans un baiser qui, tout d'abord timide, finit par être passionné.

L'Elfe, tout sa vie durant, avait attendu ce moment. Enfermé sur lui-même avec, tout de même, la volonté de défendre sa cité et de devenir plus fort, il était loin d'être un érudit. C'était à peine s'il n'avait pas oublié les dires de l'Æther. Il se croyait réellement dans la réalité car tel était le propre d'un songe. Il en avait oublié qu'il dormait et tout ce qui lui importait, c'était de donner la totalité de l'amour qu'il avait sauvegardé pour cette femme au fil des années. Perdu dans sa contemplation, il trouva néanmoins que le collier brillait sans doute trop. Le moment était magique, comme il l'avait imaginé des centaines de fois, mais quelque chose ne collait pas. Il avait un pressentiment mais rien de rationnel ne lui venait à l'esprit. Il avait oublié l'objet qui le caractérisait, n'ayant jamais eu beaucoup de mémoire. L'épreuve en elle-même ne l'aidait pas à vouloir se souvenir. Pourquoi aller contre ce qui ne pouvait que lui faire du bien ? La réalité n'avait qu'un goût amer et fade. Ses parents souhaitaient le marier alors que lui s'y refusait. Son cœur avait coulé au fond de l'océan avec le navire qui avait emporté sa fiancée et les parents de cette dernière.

« Es-tu seulement réelle ? » demanda-t-il alors. Elle se contenta de dire, ne répondant pas vraiment. D'un geste doux de la main, elle l'invita à se diriger vers une petite rivière qui se trouvait là. En y plongeant son regard, il s'aperçut qu'elle était remplie de saphirs semblables. La jeune femme jeta alors le pendentif dans la rivière.

« Retrouve le, il te mènera à ce que tu cherches depuis des années. Mais avant, mon bel Éric, sache que tu ne trouveras peut-être pas la version que tu espères tant. Le temps a passé et il ne pourra être rattrapé. Elle n'est pas l'image que tu as nourri, elle ne t'a pas attendu car elle ne connaît même pas ton existence. Seule la souffrance t'attend. Seulement, réponds moi avant tout : qui suis-je ? ».

Là était l'énigme, d'un niveau suffisant pour qu’Éric puisse connaître la réponse. Il avait envie de dire le prénom de cette femme, de la nommer avec tendresse comme il avait toujours rêvé de le faire. Seulement, elle l'avait dit elle-même, seul le pendentif pourrait le mener à ce qu'il cherchait. Cette femme ne l'avait pas, elle n'était pas celle qu'il attendait. Quant à ce qu'elle était, il n'en avait pas la moindre idée. Elle était merveilleuse, magnifique, magique. Il aurait tant voulu croire qu'elle était réelle. Elle l'était, vraisemblablement, il s'était juste trompé de personne. Un Génie peut-être ? Il n'arrivait pas à retrouver la réponse, comme si le fait qu'il se trouve dans un rêve lui avait échappé pour de bon. Un instant, il voulut refuser en bloc les paroles de la belle brune aux yeux clairs. Peut-être voulait-elle simplement l'écarter par peur de ce qu'il pourrait se produire à l'avenir ? Elle l'aimait mais sans doute cachait-elle un lourd passé qu'il ne connaissait pas ? Il essayait de se trouver maintes excuses pour pouvoir rester près d'elle, mais il dut se rendre à l'évidence : elle n'était qu'un fantasme, une illusion et, finalement, son plus beau rêve.

Tout fut clair à cet instant. Il dormait, plongé en pleine épreuve de la Coupe des Nations. Il articula difficilement.

« Tu es un rêve... ».

Il ne devait pas perdre plus de temps. Elle lui avait promis que le pendentif le mènerait à la vérité. Elle lui avait murmuré que sa fiancée était encore vivante ! Il plongea dans la rivière pour chercher le bijou et le songe se dissipa soudain. Lorsqu'il se redressa, il se trouva nez à nez avec une Elfe aux yeux bleus. Celle-ci était en train de laver le sol et avait visiblement arrêté son ouvrage pour éviter de le nettoyer lui-aussi. Elle semblait interloquée.

« Qui... qui êtes vous ? ».

Saphir le fixait, interdite. C'était la première fois depuis qu'elle travaillait ici qu'elle se retrouvait nez à nez avec un homme apparut par enchantement. Éric bafouilla quelques mots, fixant le cou de la demoiselle. Il se releva et se jeta presque sur elle pour sortir de sous le tissu de son vêtement le pendentif. L'objet qui le représentait dans le rêve était celui-ci et pourtant... Pourtant, il en était certain, il ne rêvait pas et aucun Ætheri ne pourraient lui faire croire le contraire. Elle n'était pas du tout ce qu'il avait imaginé mais il savait que c'était elle. Elle ne le reconnaissait pas mais ça paraissait logique. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, elle n'était qu'un nourrisson.

« Elenwë... Je suis sûr que je ne rêve pas... Tu es réelle ? ».

Éric n'eut guère le temps de dire autre chose que la jeune femme abattit son balai sur lui, le prenant visiblement pour un fou furieux.

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[CDN 2015] Intelligence - Entre rêve et réalité

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