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 Rêve ou réalité ? [PV Nastaé]

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Mar 31 Déc 2013, 01:30

Habituellement, je n'ai pas un sens de l'orientation particulièrement moisi. Je veux dire, je suis capable de repérer sans trop de problème le Nord, le Sud, les constellations communes la nuit, la droite et la gauche... Bref, normalement, de quoi pas trop se perdre une fois lâché en pleine nature. Et dans le pire des cas, il y a presque toujours une fleur traînant dans un coin voulant bien m'indiquer le chemin à suivre, parce que je me suis rendu compte que les fleurs m'aimaient bien – allez savoir pourquoi. Sauf que pour cette fois-ci, il n'y avait ni fleur ni étoile pour me guider, parce qu'il faisait jour et que j'étais en train d'errer comme une âme en peine dans un désert. Des tonnes et des tonnes de sable à perte de vue, quoi. Pas un cactus à dix kilomètres à la ronde, et des centaines de milliers de dunes se ressemblant tous autant les unes que les autres se succédant – quoi, j'exagère ? Si on m'avait dit que j'étais destiné à me perdre au milieu d'un désert pour ne pas en ressortir vivant, peut-être ne me serais-je pas donné autant de peine pour accomplir tout ce que je croyais avoir accompli – ce qui était certes très modeste, et dont le monde aurait très bien pu se passer, à quelques détails près. Etais-je un poil trop pessimiste ? Je balayai de nouveau du regard l'étendue de sable qui me paraissait infinie, du haut de la dune que je venais de gravir. Peut-être que m'accorder une pause au sommet d'une dune n'était pas la meilleure idée du siècle pour mon moral.

Aussi décidai-je d'écourter ladite pause et de dévaler la dune que je m'étais échiné à gravir quelques minutes plus tôt, n'ayant guère plus la force de me servir de mes ailes pour me déplacer. Plus que toute autre partie de mon corps, j'avais l'impression que ces deux fines membranes d'un noir transparent avait atteint sa température d'ébullition. Et si j'avais quand même eu suffisamment de jugeote pour me munir de vêtements blancs adaptés au désert et à sa chaleur torride, il demeurait tout de même que je ne pouvais guère changer la couleur de mes ailes. Il y avait des limites à tout, hein. Des limites à ma chance, aussi, même si, dans le fond, j'estimais que mon karma n'était pas meilleur qu'un autre – voire un peu plus pourri qu'un autre, en fait. Les choses n'étaient pas vraiment sensées se dérouler ainsi. Feyd, Steel et moi n'étions pas censés nous séparer de la manière la plus catastrophique qui soit au retour de notre expédition à Utopia. Seulement, nos trois karmas réunis semblant attirer autant le malheur que les marchandises de la caravane que nous avions rejointe pour traverser plus facilement le désert, il avait fallu qu'un groupe de pilleurs des sables nous tombe dessus, et que la débandade soit des plus totales. Fallait dire que les gardes du corps des marchands étaient des sacrés manches à balai, que Feyd était loin de s'être remis de son Vaakum et que je n'étais pas vraiment le stéréotype du héros qui parvient à mettre en déroute des ennemis deux fois plus nombreux et trois fois plus organisés que ses alliés.

Aussi les marchands avaient fui, avec leurs gardes du corps, qui, dans leur élan de bonté, avaient embarqué Feyd. Qui devait actuellement leur pourrir la vie, d'ailleurs, tant le Tiregan devenait invivable lorsqu'il était question de la sécurité de ses proches. La pensée fit s'étirer mes lèvres asséchées par le vent aride et chaud du désert, affichant un rictus ironique. La diplomatie était loin d'être l'un des points forts de mon ami aux cheveux roux, aussi je doutais que, malgré tous les trésors de persuasion à la manière tiregane – autrement dit, des menaces et des poings dans la tronche – Feyd parvienne à convaincre les marchands de se lancer à ma recherche. J'espérais juste que le jeune homme ne se ferait pas abandonner à son tour dans le désert pour avoir été trop insupportable.

Parvenu au pied de la dune, je fus emporté par mon élan et, mon pied s'enfonçant dans le sable, je m'étalai de tout mon long sur le sol en n'ayant guère la force ou l'envie de pousser un juron – gaspillage de salive, voyez. Malgré moi, mes doigts s'ouvrirent et laissèrent échapper l'épée sur laquelle ils étaient refermés depuis des heures. J'avais au moins eu la présence d'esprit de ne pas bouffer de sable en tournant la tête. Je laissa échapper un soupir de lassitude, avant de me redresser lentement et fixer mes mains portant quelques traces de sang séchées. Ca ne faisait qu'un jour et une nuit – oui, d'accord, j'ai pu voir les étoiles, effectivement, mais ça ne m'avait pas franchement avancé – mais je savais pertinemment que je ne pouvais continuer ainsi indéfiniment. Je donnais maximum trois jours de survie à quelqu'un se perdant dans le désert sans la moindre goutte d'eau. Peut-être me résignerai-je à lécher le sang séché sur mes doigts et sur ma lame à la tombée de la nuit. Ce sang qui n'était même pas le mien... Je préférai écarter la pensée de mon esprit, récupérer mon arme et me relever pour reprendre ma marche mécanique vers un but que je ne connaissais pas, m'efforçant de faire abstraction de cette soif qui me tiraillait, de ces instants d'obnubilation que je savais provoqués par la déshydratation de mes cellules neuronales.

Et probablement que ce fut à cause de cette connaissance médicale des troubles de conscience sucités par la déshydratation que je ne crus pas immédiatement à la réalité du bâtiment qui m'apparut, un genre de villa sophistiquée, qui ne semblait guère être habitée. Constatant néanmoins que la bâtisse n'était pas décidée à disparaître de mon champ de vision, et qu'elle était peut-être, de ce fait, bel et bien réelle, je décidai de m'en approcher. De toute façon, je n'avais plus grand chose à perdre. Et si je n'avais pas été tant soulagé de trouver tant de fraîcheur une fois à l'intérieur – rien n'interdisait l'entrée, aucun garde n'était visible – je me serais tout de même posé quelques questions quant à la magie imprégnant l'endroit. Avisant les nombreux bassins alimentés par des fontaines toutes aussi multiples, je me précipitai vers l'un d'eux, mais me figeai lorsque mon regard s'attarda sur l'une des sculptures desquelles s'échappait un mince filet d'eau.

Pourquoi cette impression de déjà-vu ?

Je dardai mon regard gris acier sur l'une des arches que j'avais franchies. Avant de le poser sur une colonne en supportant une autre. Pour finalement le faire revenir sur cette fontaine qui m'avait tant perturbé. Ce n'étaient que des pierres, que des blocs assemblés pour former cette bâtisse, alors pourquoi... ? Pourquoi avais-je l'impression de voir en chacune de ces pierres les courbes sensuelles d'un homme qui m'avait déjà suffisamment troublé pour que je n'ai guère besoin de le retrouver dans la caillasse d'une demeure paumée au milieu du désert ?

Etais-je finalement mort ? Mon cerveau avait-il décrété que c'était la fin, me montrant ainsi l'objet de certains de mes désirs enfouis ? Sentant mes jambes se dérober sous moi, je m'appuyais sur le bord du bassin. Et fixai, incrédule, la pierre sur laquelle mes doigts venaient de se poser. Même la pierre me rappelait le corps de rêve de cet apollon qui, petit à petit, envahissait l'intégralité de mes pensées. D'un sursaut, je m'écartai du bassin, avant de remonter lentement l'allée, d'un pas incertain. Un nom me restait en travers de la gorge, que je n'arrivais pas à laisser échapper, peut-être par incrédulité ou par faiblesse. Car je devais avouer que je commençais à douter de ma santé mentale.

Mais ce fut en posant mon regard sur l'un des dômes dorés de la demeure – qui était finalement bien plus grande qu'une simple villa – que je vis clairement le visage parfait de cet homme, et que je me sentis défaillir, mon esprit, mon cœur et tout le reste ne supportant plus les tours que me jouait cet étrange endroit. Je n'entendis même pas le fracas métallique de ma lame heurtant la pierre avant de m'évanouir, le plus lamentablement du monde.
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Lun 06 Jan 2014, 00:22

Le Roi s'inclina légèrement. « Merci Varesh, et que Dasha nous montre la voie. » La voix calme de Nastaé fila dans la serre, sans résonner, comme une douce mélodie. Chaque jour, il venait au lieu de culte, pour s'entretenir avec la Grande Prêtresse, et méditer à ses côtés. L'ambiance sereine qui régnait en ces lieux, n'était jamais dérangée par les conversations des nobles à l'extérieur. Rien ne pouvait troubler ce petit havre de paix.
Sortant de là, il entendit à nouveau le chant des fontaines, ruisseler d'eau, et le vent s'engouffrant dans les jardins, entonnaient une radieuse mélopée. Soupirant en esquivant un léger sourire, il rabattit une mèche de cheveux derrière son oreille, ne déplaçant pas son couvre-chef. Même dans les jardins il ne faisait pas chaud, la température était certes, plus élevée, mais agréable.
Seulement, l'Empereur n'eu pas le temps de savourer quoi que ce soit, qu'en descendant les quelques marches qui le séparaient des jardins, Zack, son majordome, arriva rapidement. « Majesté ! Majesté ! » Nastaé leva la tête, lâchant les voiles qu'il tenait dans ses mains blanches, pour ne pas tomber dans les escaliers, et lorsqu'ils balayèrent le sol, Zack arriva à sa hauteur. « Hé bien, que ce passe-t-il ? » L'Ondin haussa ses fins sourcils. « Nous avons trouvé un intrus dans le hall du Palais. Il s'est évanouit. », « Bien, j'arrive. »

Lorsque le Roi arriva vers ce qu'il pensait être un étranger, il fut choqué de la vision. Trois gardes étaient regroupés autour d'un homme qui ne lui était pas inconnu, et qui était en piteux état. Déshydraté, surement affamé, et physiquement trop éreinté pour tenir encore debout. Avec un peu de chance, il avait même attrapé une insolation. S'agenouillant à son chevet, il toucha son visage brûlant de ses mains constamment fraiches alors que Zack et un garde tentèrent de l'empêcher de se baisser. « Majesté allons... Vous pourriez vous salir ! », « Oh Zack je t'en pris ! Laisse moi faire, c'est un ami. Il a besoin de soin ! Emmenez-le dans ma tour. Vite ! » Les gardes attrapèrent Enzel et le portèrent jusqu'à la tour gigantesque. Les appartements de Nastaé. Le public ne pouvait entrer dans la tour céleste, trop gardée pour la franchir. Après des étages et des étages, gravis en quelques minutes seulement grâce à la magie des lieux, les hommes déposèrent la fé sur un sofa brodé, en velours pourpre « Merci, vous pouvez nous laisser. Même toi Zack. », « Majesté vous... », « Zack ! » Le Roi se montra autoritaire, fronçant les sourcils. Le majordome arrêta de lutter, s'inclina et partit en fermant la porte.

La pièce dans laquelle ils étaient, était luxueuse. Sous l'immense dôme doré, entouré de baie-vitré et pavée de tapis et mosaïques. Les murs, les colonnes, en plus de représenter Nastaé, inspirait l'eau, les Océans, et la séreinité des profondeurs. L'étage était immense, se composant de salons, mais d'une seule chambre, celle de l'Empereur. Une immense salle d'eau, où gisait des bains, et autres eaux chaudes fumantes et relaxantes. L'Ondin était agenouillé sur les tapis, à même le sol, et demanda à un domestique de porter une bassine remplie d'eau tiède. Avec un linge propre, il humecta les lèvres de son ami, et lui passa sur le visage et les mains. Le Roi était soucieux. Enzel avait changé, et pourtant il lui était tellement familier. Que faisait-il dans ce désert aride ? Et depuis quand ne s'étaient-ils pas vu ? C'était important pour lui de savoir comment allaient ses amis mais là... La vérité sautait aux yeux. Et il allait mal. Sacrément mal. Lui aussi avait changé. Changé d'apparence, s'était rendu magnifique, et surtout, s'était élevé au rang de roi. Il était souverain, et la prestance devait être une condition sine qua none.
Restant un moment à son chevet, le bellâtre, finit par tourner la tête en apercevant un mouvement. Il avait mouillé et humidifié son visage, ses lèvres et ses mains, tous les quart d'heure, jusqu'à ce qu'il se réveille. La Lune allait bientôt remplacer le soleil. Lorsque les paupières d'Enzel s'agita, il se pencha au dessus de lui, ses mèches violettes caressant son visage, et un sourire bienveillant vint se figé sur le sien. « Bonjour bel homme, vous avez eu une rude journée, n'est ce pas ? »

Spoiler:
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Lun 06 Jan 2014, 16:25

C'était un rêve étrange. Ombres et chimères s'y croisaient, conversaient, et me regardaient d'un œil hautain, méprisant, pour finalement disparaître au profit de fantômes dont le regard froid me glaçait par leur indifférence. Des voix murmuraient à mes oreilles pointues des mots dont je n'arrivais à saisir le sens, alors qu'au loin s'élevait un hurlement strident, ainsi qu'un rire tonitruent tout aussi irréel que tout le reste. L'effrayant côtoyait le burlesque, les petits pois affichaient des sourires inquiétants et les Démons dansaient joyeusement sur un air guilleret joué par des instruments enchantés par la magie des Elfes. En fait, si vous voulez un résumé, c'était un grand n'importe quoi – mon subconscient avait décidé d'être très créatif en ce jour, il semblait. Quoique ce rêve me paraissait être à la fois si absurde et si réel que c'en était troublant. Et même effrayant. Où avais-je donc atterri ? Au sein de ce rêve, dont je n'arrivais qu'à grand peine à déterminer la nature de rêve, je ne parvenais guère à me souvenir de l'endroit ni même du moment auquel je m'étais endormi – l'étais-je vraiment ? Je ne sus combien de temps dura ce rêve qui semblait ne pas en être totalement un, avant que l'obscurité ne m'engloutisse à nouveau.

Mais il semblait que la réalité était encore loin de vouloir de ma personne, si bien que lorsque j'eus à nouveau conscience de ce qui m'entourait, ce ne fut qu'en découvrant un espace vide de toute vie et de toute lumière. Plongé dans une obscurité sans fin, au sein de laquelle je pouvais cependant voir mes propres membres par un étrange phénomène, je cherchai à nouveau à déterminer la réalité de ce vide qui m'entourait. Si le songe précédent avait été suffisamment absurde pour confirmer l'hypothèse du rêve, celui-ci n'était que le contenant d'un vide tout aussi irréel. Mais encore une fois, pouvais-je affirmer que ce n'était que l'objet de mon imagination, ou celui d'une magie qui aurait fait de ma réalité ce rêve n'hébergeant que le néant ? Et si durant les premiers instants, je parvins à me rassurer en me convaincant que ce rêve n'était qu'un rêve, cette certitude s'effrita peu à peu alors que les secondes s'écoulaient, et que l'inquiétude se frayait un chemin jusqu'à mon cœur. Pourquoi étais-je là ? Pourquoi ne parvenais-je pas à me souvenir des instants ayant précédé mon supposé sommeil ? L'inquiétude se transforma en effroi. Où étais-je réellement ? Qu'est-ce qui était réel ? Mon regard gris acier scruta frénétiquement les ténèbres qui m'entouraient, en vain.

Et alors, une voix s'éleva, des mots furent prononcés, et ils vinrent se planter, tels une myriade de lames, dans mon cœur vulnérable. Je ne comprenais pas. Ces mots m'étaient inconnus, incompréhensibles. Et pourtant, ils semblaient avoir le pouvoir de me déposséder de toute ma raison et de ma lucidité. Et alors que je me recroquevillai, tombant à genoux et plaquant mes mains sur mes oreilles dans l'espoir vain de faire taire cette voix, les spectres dansèrent à nouveau sous mes yeux, les chimères entamèrent leur cirque pittoresque et les instruments enchantés firent danser ces ersatz de Démons pitoyables. Et le cycle s'acheva avant de recommencer, incessant.


Je ne sus si ouvrir les yeux fut un véritable soulagement, ou si je venais de plonger dans un enfer pire que celui que je venais de quitter. Car à peine mes yeux tentèrent-ils de faire le point sur ce qui m'entourait que mon esprit s'efforçait d'enfouir au plus profond de moi les souvenirs de ce rêve étrange. Et à vrai dire, j'avais bien d'autres préoccupations que de courir après les bribes d'un rêve insensé, car non seulement je sentais la douleur affluer dans mes muscles, qui avaient été sollicités avec excès, mais également parce que la voix douce qui venait de s'élever avait des accents étrangement familiers.

« Et une nuit toute aussi... Waaah ! »

Spectacle pathétique que le mien. Mes yeux avaient enfin réussi à faire le point sur le visage de cet homme qui était penché au-dessus de moi, et je n'avais pas tardé à reconnaître les traits fins de l'Ondin, dont les cheveux violets folâtraient sur ma peau. Ma langue avait une fois de plus agi avant mon cerveau, ma voix encore à demi-brisée par la sécheresse du désert, sans toutefois achever son entreprise ridicule de répliquer avec ironie aux mots qui m'avaient été adressés. Probablement que si j'avais été en meilleure forme, j'aurais également sursauté et me serai redressé vivement, mais je me contentai de rougir en réalisant l'identité de l'homme aux cheveux améthyste.

« Nastaé ? Que... Tu... Enfin... Je... »

Mes souvenirs me revenaient un à un, dans le désordre le plus total, alors que mon esprit tentait laborieusement d'aligner deux pensées cohérentes. Si bien que je préférais me taire plutôt que d'aggraver mon cas, n'osant toutefois détourner mon regard de celui émeraude de l'Ondin. Même sans cela, mon embarras devait de toute façon être palpable à des lieues à la ronde. Je me souvenais à présent assez clairement de mon errance désespérée dans le désert, de l'apparition de l'étrange demeure au sein de laquelle j'avais trouvé une fraîcheur salvatrice, de même que l'image omniprésente d'un homme qui m'avait fait perdre mes moyens, et également ma conscience. Homme qui d'ailleurs était à présent penché au-dessus de moi, un sourire bienveillant aux lèvres, et dont la prestance dépassait de loin celle qui avait été la sienne lors de notre précédente rencontre.

Ce n'était pas juste. Pourquoi était-il encore plus beau que dans mes souvenirs ? Paré d'atours dignes d'un roi, le bel éphèbe n'en devenait qu'encore plus désirable à mes yeux, et encore plus inatteignable à mon esprit qui me considérait comme simple plébéien indigne de désirer une telle incarnation de la beauté. J'étais resté le même, alors que lui était devenu bien plus majestueux qu'il ne l'était auparavant.

Cependant incapable d'avouer de telles pensées à l'Ondin, j'attrapai au vol la première question pragmatique qui me passa par l'esprit pour la formuler :

« Que... Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Certes, ce n'était pas la question la plus brillante qui soit. Mais elle était tout de même un poil légitime. Jamais je ne me serais attendu à retrouver l'Ondin au beau milieu du désert. Etait-ce encore un rêve ?
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Lun 06 Jan 2014, 23:51

Enzel ouvrit les yeux. Il avait eu le sommeil agité, et même en essayant de l'hydrater, il devenait pénible pour l'Ondin de voir son ami dans cet état. Depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas vu maintenant ? Dès qu'il se réveilla de son inconscience, il parla, répondant presque du tac-o-tac à Nastaé. Doucement, il prit connaissance des lieu, de l'endroit, et de l'Ondin. L'éphèbe aux cheveux violets se retira, et s'assit sur un tabouret de velours qu'il avait mit à ses côtés. Sa voix fut douce, envoutante, et pourtant, il ne chantait pas. « Ne bouge pas, on va t'apporter à boire et à manger. Nora s'il te plait ! » Une servante basanée arriva pour prendre les ordres, avant de repartir au petit trot. « Bienvenu chez moi, Enzel. » Le Roi se leva et fit le tour du sofa, pour l'observer, accoudé au dossier, les genoux à terre. « Mes gardes t'ont retrouvé, inconscient, dans la cour d'entrée. Mon intendant a cru que tu étais mort... Que faisais-tu en plein désert et seul qui plus est ? » Nastaé fronça les sourcils quelques secondes, avant de se mettre à sourire. Se levant, ses voiles voltigèrent de part et d'autres, et il alla se placer debout, devant les yeux de son ami « J'ai construis ce Palais pour accueillir les voyageurs en détresse. Les nomades et itinérants, se perdant dans cette étendu sableuse, à la lisière de la mort, pour leur donner à boire et à manger, avant qu'ils reprennent leur route. Et tu fais partit de l'un d'eux actuellement. Sauf que toi, mon ami, je t'ai emmené dans mes quartiers. » Sans se départir de son sourire, et accompagnant les gestes à la parole, il écarta doucement les bras avant de le ramener vers lui et s'assit sur le sofa, juste dans le creux que la taille d'Enzel laissait. Mettant une main de l'autre côté de son corps, à plat sur le velours prune, il se pencha au dessus de lui, beaucoup plus proche que tout à l'heure.

« J'aurais bien chanté mais... Il parait que tu ne supporte pas ça. » L'éphèbe sourit, taquinant le joli malade. « Je suis vraiment inquiet de ta santé, et tu as attrapé une insolation... » Touchant son visage de sa main fraiche sur laquelle il ne s'appuyait pas il finit par regarder la fé dans les yeux. Il adorait Enzel, et la dernière fois fut trop courte à son goût. Quelque chose de pas fini... D'inachevé. Le fait de le voir là, bien qu'il soit affaibli, lui apporta une certaine joie. Alors il ne voulu pas le laisser partir, le laisser s'enfuir, et il n'avait aucun scrupule à profiter d'un malade. Plantant ses yeux verts, brillants, dans ceux gris d'Enzel, il décida de le captiver. Jouant alors de son charme et son charisme, il fit un léger mouvement d'épaule qui fit ressortir sa cambrure, ses hanches, et laissa son cou se dévoiler, dans un mouvement aérien de cheveux violets. Emprisonnant le corps de l'homme entre ses deux bras fins et blanc, il commença à se pencher, rapprochant son visage du sien. Sa voix, son odeur, son attitude, tout commençait à envouter l'espace, l'ambiance, l'atmosphère, faisant se focaliser tous les yeux sur lui. Sa propre personne rayonnait dans la pièce, en au-delà. Le Palais n'était qu'une gloire, qu'une énorme ôde a sa beauté et le fait que le maitre des lieux se trouvait ici, dans son antre, ne faisait que rendre le tout plus insoutenable.
Et Nastaé savait parfaitement en jouer.
Alors il osa. Il osa, dès le début, franchir les barrières. Briser, détruire, réduire en poussière, les barrière d'Enzel.
Sa voix n'était qu'un chuchotement, alors que leurs nez se touchait quasiment « Je suis tellement heureux de te voir, Enzel... »

Malheureusement, alors que Nastaé allait franchir le cap, pour s'approprier ces lèvres meurtris et pourtant si indécentes, il fut interrompu par une voix « Majeste je... Oh ! Pardon Empereur !! » L'Ondin tourna automatiquement la tête vers la servante, pétrifiée, qui arriva avec des plateaux, remplit de nourriture. Elle ne bougea pas, consciente d'avoir commis une erreur, et le regard que lui lança le souverain ne lui infirma pas la chose. Le moment fut tout simplement brisé.
Se levant d'un bond, il ne fut en aucun cas gêné ou quoi que ce soit d'autre vis-à-vis d'Enzel ou de la servante, et s'approcha d'elle pour la surplomber de sa hauteur « Laissez ça là. Vous pouvez disposer. » Tremblante, elle posa les plateaux sur une grande table basse, entourée de coussins, reposant eux même sur des tapis épais, soyeux, et de très belle facture, pour partir tête baissée, presque en courant. Le ton de l'éphèbe était devenu froid, cassant, et dos à la fé -il avait pris soin de le cacher-, il fit passer un message clair à travers ses yeux : cette femme était virée.
Dès demain elle prendrait ses clics et ses clacs et elle serait mise à la porte du Palais.
Evidemment, Nastaé n'était pas un monstre alors... Il prendrait certaines précautions avant. Et puis elle devait simplement s'estimer heureuse de ne pas mourir. D'autres se seraient fait tuer pour moins que ça...
Une fois la femme partie, il se retourna, un sourire enjôleur aux lèvres et s'approcha de l'homme pour le prendre la main, toujours dans une harmonie et une danse orchestrée de ses pas « Viens manger Enzel, tu reprendra des forces, et tu me raconteras ce que tu es devenu depuis notre dernière rencontre... »
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Jeu 09 Jan 2014, 00:56


Je fixai, incrédule, le bel homme appeler une servante et lui donner des ordres, comme un prince. La première fois que je l'avais vu, celui-ci était encore un jeune Ondin ayant quitté les eaux de manière assez récente découvrant et s'amusant du monde extérieur en tentant de vendre son intérêt à son frère Nanti. Autrement dit, rien à voir avec un noble pouvant donner des ordres au sein d'une demeure aussi... Aussi... Mon regard s'étant un instant reporté sur le dôme de la salle, je fus à nouveau victime, un bref instant de cette étrange vision qui m'avait fait perdre connaissance dans la cour d'entrée. Décidément, aligner deux pensées cohérentes après avoir passé un jour et une nuit à errer au milieu du désert sans eau semblait être au-dessus de mes forces... Et cela n'allait pas en s'arrangeant, car à chacun des mots prononcés par l'Ondin, mon esprit se devait de les considérer trois fois avant d'intégrer leur sens.

Ses gardes ? Son intendant ? Son Palais ? Ses quartiers ?



Il semblait que Nastaé avait parcouru bien du chemin depuis la dernière fois que nous nous étions vus. 'Bien' étant un euphémisme, vraiment. A un tel point que je demeurai silencieux et immobile, toujours allongé sur le sofa, sans parvenir à répondre à chacune des questions que le jeune homme aux prunelles émeraude me posait, sa voix charmeuse achevant de semer le trouble dans mon esprit déjà dérangé – à plus d'un titre, d'ailleurs. Et lorsque l'éphèbe vint s'asseoir à mon côté, bien plus proche que précédemment, j'esquissai un petit sourire gêné en réponse à sa taquinerie – au fond, une partie de moi m'en voulait toujours pour ne pas supporter le chant sublime de l'Ondin – et m'apprêtai à me redresser, malgré ma faiblesse, mais la main fraîche de l'apollon vint toucher avec délicatesse mon visage, me coupant dans mon entreprise, et ne faisant qu'accentuer davantage ma gêne et mon désir. Et lorsque le regard émeraude du bel éphèbe se planta dans le mien, je me sentis défaillir à nouveau, toutes mes pensées désertant mon esprit.

Ne demeurait plus que le regard charmeur de cet homme, brillant d'un éclat émeraude dont mon regard ne voulait se détacher. Et malgré tout, je percevais le reste du corps de rêve de l'Ondin, ses courbes sensuelles, son parfum envoûtant, ses lèvres douces, sa peau diaphane, son contact d'une douceur cruelle... A peine avais-je eu le temps d'ériger un semblant de barrière de raison entre mon cœur et le monde extérieur, celle-ci était pulvérisée en un instant par le charisme du bel apollon. Aurais-je été dans un autre milieu, en une meilleure forme, peut-être aurais-je opposé plus de résistance, mais le Palais lui-même semblait vouloir profiter de ma faiblesse pour laisser son maître assouvir ses désirs, et attiser les miens. Je n'avais d'yeux que pour lui, que pour cet homme dont les lèvres au souvenir sucré se rapprochaient lentement des miennes, alors que je n'avais guère la force et la volonté de lui échapper. Mes lèvres s'entrouvrirent d'elles-mêmes, prêtes à recevoir ce baiser suave que l'Ondin s'apprêtait à m'offrir. Plus rien n'avait d'importance, pas même ces questions que j'avais ressassé pendant des jours et des nuits après m'être séparé de Nastaé suite à cette nuit inachevée. Ni même ces interrogations suscitées par le milieu dans lequel je me trouvais. Qu'il soit Roi ou manant, je ne désirais que le baiser de cet homme.

Cependant, la magie et le désir furent brisés à l'instant où la voix d'une étrangère s'éleva, contrastant de manière flagrante avec les accents voluptueux du bel apollon. La réalité me revenant en quatrième vitesse, je demeurai aussi pétrifié que la servante, à présent conscient de ce que j'avais failli faire, ainsi que, accessoirement, du statut social de l'Ondin aux cheveux améthyste. Empereur.. Rien que ça. Bon, d'accord, depuis le temps, j'avais moi-même pris un peu de bouteille au sein du peuple féerique, mais de là à m'attendre à ce que Nastaé, cet homme que j'avais à la fois trouvé fascinant et vulnérable lors de notre première rencontre, se soit hissé au sommet de la hiérarchie ondine... Il y avait tout un monde. Troublé, je me redressai lentement sur les coudes, ne manquant néanmoins pas de remarquer les tremblements de la servante, qui fut congédié avec une froideur que je ne connaissais guère chez l'Ondin. Son visage me demeurait cependant dissimulé, aussi ne pus-je m'aventurer à lire sur ses traits le fond de sa pensée. Et le sourire qu'il m'offrit en se retournant et en venant chercher ma main pour m'inviter à manger rendit bien irréel cette voix cassante qui avait congédié la servante.

Mes doigts se refermèrent doucement sur ceux fins et délicats de l'Ondin, et je le laissai m'entraîner vers la grande table basse sur laquelle la servante avait déposé les plateaux remplis de nourriture. En vérité, je me sentais encore faible, et avais bien plus soif que faim, mais refuser l'invitation de Nastaé aurait été bien impoli de ma part.

« Nastaé, tu... tu es vraiment Empereur ? demandai-je sans oser croiser le regard émeraude de l'Ondin. Sans rire ? »

Je n'avais guère la force ni la tête à faire de l'ironie, et mon esprit avait encore beaucoup de mal à réaliser la signification des instants ayant précédé l'arrivée de la servante. J'en éprouvais juste une immense gêne, ce qui m'amenait à considérer des questions bien plus pragmatiques et bien moins troublantes – enfin, presque. J'avais l'étrange impression d'émerger d'un rêve, et pourtant, d'être sur le point d'y replonger.

« J'n'ai rien fait de très remarquable, en comparaison... poursuivis-je, évitant toujours le regard de l'Ondin, mon regard fixé sur la table basse. J'ai vadrouillé par-ci par-là, j'ai rendu service aux miens, et j'me suis accessoirement perdu dans le désert. On revenait d'Utopia et on a été attaqué, et ça s'est pas très bien fini, précisai-je, non sans auto-dérision. »

Malgré ma faiblesse, je n'osai m'asseoir avant mon hôte. Je détachai néanmoins mon regard vers la porte par laquelle était sortie la servante.

« Cette femme, Nora... Ca va aller ? »

La voix froide de l'Ondin avait-elle été le fruit de mon imagination, tout comme le tremblement de la servante ? Tout semblait si irréel, si fantasque... Et si envoûtant. Pour le moment, je parvenais à conserver un minimum de sang-froid grâce à un certain pragmatisme et à une éviction de l'objet de ma gêne, mais je n'étais pas certain que cela allait durer éternellement...
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Mar 14 Jan 2014, 13:04

Nastaé en voulu comme jamais à la bonne femme qui les avait interrompu. Il aurait aimé. Aimé poser ses lèvres sur celles d'Enzel, le séduire jusqu'à le rendre fou, jusqu'à ce qu'il lui dise oui et qu'il se laissa faire. Qu'il se laissa caresser sous ses vêtements, son corps au contact des mains de l'éphèbe, dévoilant de plus en plus son être, son intimité... L'Empereur n'était pas quelqu'un de précipité dans ses gestes, dans ses actes. Il comptait savourer Enzel, comme les hommes le savouraient lui. Lorsqu'il comprit l'effet qu'il faisait sur le petit être, il s'arma d'un sourire satisfait, voyant parfaitement que le fé était plus que consentant pour se laisser embrasser. Pour se laisser envoûter. La vision qu'avait Enzel de Nastaé, avait du évolué, car l'Ondin n'eut aucun mal à jouer avec lui. Le charme, la séduction, ses armes favorites, fonctionnèrent à la perfection sur l'homme.
Son but n'était pas de se moquer d'Enzel. Il était pour lui un ami, quelqu'un avec qui il avait vécu quelque chose de fort, même si cela remontait à une autre époque, et il était heureux de pouvoir le revoir. Seulement, le Souverain aimait écarter la brèche de l'ambiguïté. Il ne se moquerait et ne blesserait jamais son ami, mais il ne pouvait s'empêcher de tenter quelque chose, maintenant qu'il était là. Il lui faisait cet effet là.

Lorsqu'il s'assit sur les coussins, prêt de la table, il invita Enzel à se servir en eau et en nourriture, le tout étant là pour lui. Nastaé, lui, prit des dattes, qu'il mangea élégamment, ne voulant pas paraitre glouton aux yeux d'autrui. Lorsque la question sortit de la bouche du fé, il le regarda, le transperça de ses yeux verts et vifs, voulant se jeter sur lui. Cette gêne, avec cette voix, et la fatigue qui se lisait sur les traits de l'homme... Il n'avait qu'une envie, c'était de profiter de lui.
Déglutissant, il réfréna ses envies et détourna légèrement la tête pour regarder ailleurs. « Oui, ça fait quelques temps à présent que je suis sur le trône auprès de ma collègue. La dernière fois que nous nous sommes vu, je venais tout juste de récupérer mon frère. Depuis, il s'est passé tout autant de chose dans ma famille, que dans ma vie. » Penchant légèrement la tête sur le côté, ses cheveux balayèrent son épaule, et une moue déçue s'afficha sur son visage. Ses traits se transformèrent, montrant une pointe de tristesse et sa voix la laissa transparaitre « Alors... Tu fais partit de ceux qui pensent que ma place ne devrait pas être sur le trône... ? » Bien qu'elle soit douce, murmuré comme une information, Nastaé du se rendre à l'évidence : même ses amis pouvait désapprécier son rôle. Comme s'il avait tout à coup l'appétit coupé, il posa la date qu'il avait encore entière, dans les doigts, et ôta le sucre à l'aide d'une élégante serviette en tissus.
Par rapport à cela, l'Empereur paru plus froid, plus distant. Comme moins accessible. « Tu as bien fait d'entrer dans le Palais. Vu l'état dans lequel je t'ai trouvé, tu serais surement mort à l'heure qu'il est. N'hésite pas à boire et à manger, tout ceci est là pour toi. Je te mènerai aux bains plus tard, et je te donnerai des vêtements propres. » Ne regardant même pas le fé, il préféra tout à coup se perdre dans les décorations de ses murs, qu'il connaissait déjà par coeur. « Et que faisais-tu chez les Humains ? » L'Ondin soupira, ne regardant toujours pas son Invité, et s'occupa d'enlever des poussières inexistantes de ses voiles blancs. « Nora va bien. » Il n'avait pas à se soucier d'une servante. S'il était là, autant profiter de Nastaé -encore fallait-il que celui-ci arrête de bouder par mauvaise interprétation des choses- et non des péons ornant le Palais.

Sans rire. Non mais pourquoi sans rire ? Nastaé était-il le genre de petit marrant qui aimait faire des blagues ? Qui plus est sur son statut social ? C'était bien mal le connaitre. Seulement l'éphèbe se sentit vexé. Vexé de voir que Enzel était étonné de le voir à une place qui ne devait pas si bien le sied.
Décidant de se lever, trop contrit pour rester assit à ne rien faire, il se décala vers une des énormes fenêtres, pour regarder à l'extérieur, voir l'étendu de son Palais et distinguer les jardins. Son visage était devenu impassible. Rien ne laissait transparaitre, et personne ne pouvait savoir ce qu'il éprouvait ou ce qu'il pensait même « Tu sais, j'ai énormément sacrifié pour arriver là où je suis actuellement. Certains frères, certains amis sont morts à cause de cela. Beaucoup de gens se sont détournés de moi, autant que ceux s'étant tournés vers moi. Les gens jugent la valeur d'un souverain par les actes qu'ils voient. Mais quand tu œuvres dans un certain secret, pour le bien du peuple, pour essayer de ramener une certaine harmonie, sans déclencher d'émeutes, alors le peuple est aveugle, et tu ne reçois aucune reconnaissance. Il y a beaucoup de personne qui pensent comme toi. Qui pensent que ma place est partout, sauf sur le trône... Mais j'ai toute ma vie pour vous prouvez le contraire. » Nastaé avait fini par croiser les bras, sans se retourner, sans regarder son ami. Sa voix avait perdu ses accent charmants et charmeurs et n'était qu'un bloc de paroles, tranchantes ou non.
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Lun 20 Jan 2014, 23:28

Mon hôte s'asseyant, je l'imitai, m'asseyant en tailleur, tout en détaillant le buffet du regard, ne sachant réellement pas par où commencer. Une telle opulence m'était étrangère, et quand bien même j'avais été élevé dans une famille de la haute société, jamais je n'avais eu droit à de tels privilèges. Mais ceux-ci étaient tels qu'ils me mettaient mal à l'aise, et que je ne pouvais m'empêcher de penser que je n'avais pas le droit d'en jouir. Je n'étais après tout qu'un pauvre imprudent qui s'était perdu dans le désert, et qui n'avait rien fait pour mériter tant d'égards de la part du peuple des profondeurs. Et en plus de ne pas avoir suffisamment de confiance pour oser me servir dans ce somptueux buffet, l'appétit n'était guère présent, car je me sentais encore faible et malade. J'avais beau être le premier à savoir que manger était l'un des premiers pas vers la guérison, je ne me sentais guère d'attaque à avaler tout de ce qui avait été posé sur la table basse.

D'autant plus que les propos de l'Ondin ne tardèrent pas à achever les quelques velléités que j'aurais eu à me nourrir. La peine de l'éphèbe me transperça le cœur, si bien que je baissai le regard, honteux, alors que le jeune homme poursuivait, me donnant les réponses aux questions que j'avais plus ou moins formulées, et que je regrettais à présent. Et alors que la voix froide et distante du bel apollon parvenait à mes oreilles, je réalisais que tout ce qu'il m'apprenait avait si peu d'importance par rapport à la peine que je venais de lui causer en riant ainsi de son nouveau statut social. Même si, dans le fond, il n'avait jamais été dans mon intention de me moquer de Nastaé et que c'était ma tendance à la légèreté qui venait de blesser l'Ondin dans sa fierté. Même si ce dernier ne se montrait que d'une indifférence bornée, celle-ci était bien trop contrastée avec ses sourires aguicheurs et la douceur dont il avait fait preuve pour que je ne puisse deviner sa peine.

Ce n'était pas ce que j'avais voulu. Plus que tout, j'avais toujours souhaité tenir l'Ondin à l'écart de ce qui pouvait le blesser. J'avais par le passé fait abstraction de la souffrance d'une communauté pour lui. J'avais fait preuve d'indifférence, avait abandonné ceux dans le besoin pour écarter Nastaé du danger. Et je ne l'avais jamais regretté, aussi cruel cela puisse paraître. Et à présent qu'il était devenu Empereur, à présent qu'il n'était plus ce faible et vulnérable Ondin venant à peine de retrouver son frère, j'avais trouvé le moyen de le blesser. Aussi paradoxal cela puisse paraître, car en apparence, il semblait que les rapports de force s'étaient inversés. Que je n'étais plus qu'un individu appartenant au commun des mortels, faisant face à l'un des puissants de ce monde. Et si je l'avais blessé, c'était par ignorance, une ignorance que je ne pouvais guère me pardonner.

Un souverain n'est un bon souverain que s'il consent à certains sacrifices. C'était l'une des premières choses qui nous avaient été inculquées à nous autres Taiji, qui étions censé devenir l'élite de ce monde et régner sur ses peuples. Et si je ne pouvais apprécier pleinement cette éducation élitiste qui nous avait été prodiguée, j'étais forcé de reconnaître qu'elle n'avait jamais été erronée, et que nombre de vérités de ce monde m'avaient été apprises par Seth, le majordome du manoir Taiji. Un souverain sacrifie. Cette vérité, je la connaissais et je la reconnaissais. Mais face à celui qui n'avait été que l'ombre de ce qu'il était à présent, je l'avais oubliée. Injustement. Abattu, je baissai la tête, rivai mon regard sur le sol, tandis que ma magie m'échappait, sous le coup du remord. Mes oreilles redevinrent pointues et mes ailes apparentes, mais je me ressaisis de justesse pour m'empêcher de regagner ma taille naturelle.

« Pardon. »

Honteux, je lâchai ce mot, alors que mes mains se refermaient sur mes chevilles, et que mon regard était obstinément rivé sur le sol.

« Ce... C'était pas c'que j'voulais dire. »

Cherchant mes mots, je luttai au mieux contre cette envie oppressante de fuir le regard émeraude de l'Empereur, de même que tout cet endroit, qui ne faisait à présent que me rappeler la peine que j'avais causée au souverain, comme si je voyais en chacun des reliefs, en chacun des ornement la blessure que j'avais infligée à celui que je considérais pourtant comme un ami. Fuir pour ne plus jamais me présenter devant lui et le blesser comme je venais de le faire.

« C'est juste que... Je n'te voyais pas devenir Roi. Mais, je... C'était stupide. »

Voilà où me menaient mon incrédulité et ma surprise. Dans le fond, quand j'y réfléchissais, que Nastaé soit Roi ne pouvait que profiter au peuple des profondeurs. Sa gentillesse et son charisme ne pouvaient que lui attirer l'amour du peuple. Et il semblait avoir acquis un sens des responsabilités, mais également du sacrifice. Etje ne doutais pas que son dévouement pour ses semblables était infaillible.

« Je n'aurais pas dû dire ça. Je... Majesté, pardonnez mon insolence. En vérité, je ne doute pas que vous soyez un bon souverain pour votre peuple. J'ai déjà trop profité de votre bienveillance. »

Il était Empereur. Et je n'étais qu'un pauvre hère qui lui avait fait l'affront de le blesser dans sa dignité. Et qui avait dénigré en quelques mots les efforts et les sacrifices qui l'avaient mené jusqu'au trône. Les Fées, plus que quiconque, devaient pourtant connaître la valeur de ce qui était secret. Et pas un instant je doutais du bien-fondé des actions de l'Ondin, quand bien même je n'en avais jamais entendu parler. Rongé par le remord, j'en avais complètement oublié le sort de Nora, de même que la question que m'avait posé l'Ondin sur la raison de ma visite à Utopia. Immensément coupable, je m'étais réfugié dans cet ersatz de formalité qui devait être de mise entre un seigneur et un membre du bas-peuple, car je ne savais comment faire pardonner ce que je jugeais être impardonnable.
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Mar 21 Jan 2014, 00:30

« Tu m'agaces Enzel. » Nastaé fronça les sourcils, et se tourna vers lui, sans le regarder. Il croisa les bras, peu enclins à faire des révérences. Il avait toujours été honnête et ici, il ne voyait pas pourquoi il cacherait au fé que celui-ci était en train de l'énerver « Alors il y a cinq minutes, tu étais prêt à laisser mes lèvres découvrir les tiennes et, maintenant que tu sais ce que je suis devenu, tu veux t'enfuir ? Et tu crois que je vais te laisser partir ? » Nastaé regarda l'homme, de l'autre côté de la table basse. Si il n'y avait pas eu celle-ci il se serait certainement rapproché de lui. Mais là, c'était bien trop risqué, et le temps qu'il en fasse le tour, le médecin se serait surement décalé. Il planta ses yeux sur le visage de celui qui n'assumait pas ses propos, qui n'assumait même pas sa présence ici. « Enzel. Enzel regarde moi. Qui crois-tu que je sois devenu ? Quelqu'un d'intouchable ? Quelqu'un que tu ne mérites pas ? Peut importe ce que tu as vécu, et ce que j'ai vécu, je n'ai pas changé. Ma vision de toi n'a pas changé. » Sans trop s'approcher, il se mit tout de même à une certaine hauteur, gardant une distance « Peu importe que tu crois en moi comme Souverain ou non. Même si tu es une personne que j'apprécie, j'estime que c'est principalement à mon peuple de me dire si je suis un bon Prince ou non. » Décroisant les bras, adoptant un ton moins irrité, et soupirant un bon coup il renchérit « Je reste un homme, Enzel. Je reste celui que tu as aidé, je reste le petit frère de Nanti, je reste l'Ondin exubérant que tu as connu... Qui aurait eu l'audace de construire ce Palais, ici même ? Ma folie des grandeurs n'a pas changé non plus... Je ne veux pas que tu me vois comme quelqu'un d'autre, simplement car on m'a collé une étiquette. Lorsque je t'ai vu, en train de mourir d'insolation, de soif, de faim, et peut être même de chaud, dans le hall de mon Palais, que crois-tu que j'ai fais ? Que je suis retourné sur mes pas, en disant aux gardes de te jeter ? Je me suis rué sur toi. Mon valet m'a retenu, car il pensait que tu étais malade et que tu étais contagieux, mais qu'en avais-je à faire ? Tu étais en train de te dessécher, comment aurais-je pu rester de glace face à cela ? » Ayant posé ses mains sur sa poitrine, il mit son coeur dans son discours car les paroles du fé l'avait blessé outre mesure. Le fait qu'il se mette à ne plus le regarder, à le vouvoyer, et faire de lui... Un étranger.

« Je t'ai fais emmené ici, près de moi, car je ne pouvais pas supporter le fait que tu sois emmené hors de ma vue, dans un local loin de moi. Tu es une personne que j'ai toujours énormément apprécié, hors du commun alors pourquoi t'échines-tu à agir comme mes sujets ? Ceux ayant leur Roi en respect, car après tout, c'est tout ce qu'ils peuvent faire ? » Nastaé risqua de s'approcher, et s'agenouilla à côté d'Enzel. Il emprisonna sa mâchoire dans sa main, pour lui faire tourner et relever la tête. Plantant ses émeraudes dans ses perles grises il finit alors par conclure « Je ne te considère pas comme ça. Tu es beaucoup plus pour moi que tu ne l'imagines, et je n'aurais jamais accepté que quelqu'un d'autres pénètre dans mes quartiers, mort ou vivant. » Alors il raffermit sa prise et s'approcha de lui pour lui murmurer, rayonnant de charisme, son souffle enivrant le visage de son partenaire, pour que ses yeux détaillent les moindres traits de son visage « Mais toi Enzel, tu es unique pour moi. » Et sans lui demander son reste, sans savoir s'il était d'accord ou non, il l'étouffa de ses lèvres. Sa bouche vint se plaquer sur la sienne, alors que ses yeux se fermèrent à moitié, guettant la réaction négative que pourrait avec l'homme. Il ferma son emprise en passant un bras autour de sa taille, ses genoux touchant la cuisse du fé. Ce fut... Comme s'il n'avait pas embrasser depuis une éternité. Nastaé s'était posé depuis qu'il fut sur le trône et, donner son affection de cette manière, a un personne qu'il considère comme spéciale, était bien plus jouissif que tout le reste. Bien qu'il ait forcé la main du petit être, il ne regrettait pas son geste, il ne regrettait pas son acte, et assumerait les conséquences. Il était Empereur et, sérieusement... Qui s'en souciait ? Ses lèvres explorèrent celles, plus sèches d'Enzel, avant de vouloir franchir cette barrière naturelle, de sa langue avide. Mais il se réfréna, sachant pertinemment qu'il allait surement l'effrayer. Sa main lâcha son visage, pour aller rejoindre l'autre, et glisser encore plus bas, caressant sa cuisse. Il ne le déshabillait pas, il ne cherchait pas à aller vite ou loin, simplement à lui faire comprendre tout son discours. Des gestes valent mieux que des mots. Son bras autour de sa taille ne relâchait pas sa pression, il était doux mais ferme, lui faisant comprendre qu'en cet instant, il lui appartenait. Même si Nastaé se voyait déjà sombrer dans l'étreinte du fé, à ce moment là, il préférait dicter les règles, pour savourer cette passion qui brûlait son être.
Ses sens s'agitèrent. L'adrénaline lui monta immédiatement au cerveau, piquant ses oreilles et ses doigts, accélérant son rythme cardiaque, avant de lui faire comprendre qu'il avait dans ses bras un bijoux précieux. Quelqu'un qui fallait constamment rassurer. Et Nastaé avait ses manières pour ça. L'odeur, le toucher, l'odorat... Il s'enivra de tout ce que pouvait laissé échappé Enzel, profitant comme jamais, alors que sa bouche partait et revenait, sans rompre le contact.

Les bonnes choses ayant une fin, l'Ondin finit par se décaler, les lèvres encore fiévreuses, et relâcha son emprise sur le fé. Il lui attrapa le poignet, restant ainsi proche de lui et lui dit, dans une voix sourde de passion et lourde de sens « Ne t'enfuis pas. Accepte-moi. Je t'en pris... » Mue d'une volonté et d'une flamme qui ne pouvait s'éteindre, l'Ondin avait oublié le monde autour, et s'était concentré sur Enzel. Il avait rivé toute son attention sur lui, brisant toutes les barrière que l'homme s'était imposées un jour, pour le mettre à nu et profiter de lui. Le prendre plus que par les sentiments. Lui faire comprendre qu'il était réel, présent, et que Nastaé lui ouvrait ses bras.
Il ne l'avait pas revu depuis tout ce temps et pourtant, il n'avait jamais pensé que cette passion serait resté. Il était plutôt du genre à ce dire que ce n'était que de passage que tout cela était dans sa tête et que le temps amoindrirait les choses mais... « Le temps ne m'a pas fait t'oublier. » Ses doigts étaient toujours fermement enroulés autour de ce poignet, sachant pertinemment qu'il ne pouvait lui faire mal. Son geste était juste là pour lui faire comprendre ses intentions, aucune douleur n'y était perçue.
Enzel s'était échoué dans son domaine et Nastaé comptait bien lui faire comprendre sa vision de leur relation. En aucun cas ce type ne devait s'incliner face à lui. Pas après ce qu'ils avaient vécu. Pas après ce qu'ils avaient échangé. Pas après ce qu'ils avaient laissé en suspend.


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Jeu 23 Jan 2014, 12:12

Moi aussi je m'agaçais. Car si une partie de mon esprit et de mon cœur s'obstinait à fuir l'être que j'avais blessé alors que je l'aimais, l'autre ne pouvait que s'énerver de cette lâcheté dont je faisais preuve, de cette obstination à s'enfermer dans ces formalités dont j'étais pourtant si peu friand. Mais plus encore, les mots de Nastaé me heurtaient par leur justesse, et si je ne pouvais que me sentir davantage coupable vis-à-vis de mon comportement, je n'avais guère le droit de m'esquiver à nouveau. Car agir ainsi avait déjà heurté l'Ondin, et le blesserait très probablement si je m'obstinais dans cette voie-là. Aussi demeurai-je immobile, le regard rivé sur le sol, alors que la véracité des propos de Nastaé labourait mon cœur autant qu'elle me fit rougir lorsque je repensais à ce baiser avorté que nous aurions échangé si la servante de l'Empereur n'avait pas fait son apparition.

Et lorsqu'il m'appela, m'ordonna de lever les yeux et de le regarder, je ne pus qu'obtempérer. Je l'avais suffisamment déçu pour m'acharner à fuir, quand bien même soutenir le regard émeraude de l'Ondin était bien difficile à présent que je percevais son irritation. Je me conduisais comme un gosse réprimandé, et cela même ne manqua pas de me faire réaliser l'absurdité de mon comportement. Je me forçai à détailler mon interlocuteur, mon regard gris acier embrassant chacun de ses traits fins et désirables malgré mon remord. Il n'avait pas changé, il était toujours ce bel apollon qui avait su franchir les barrières que j'avais érigées autour de mon cœur, il était toujours cet homme d'une douceur sans pareille qui avait su trouver les mots qui m'avaient permis d'avancer, d'envisager de nouvelles choses en dépit des fantômes du passé qui me hantaient encore. Et si je n'avais jusque-là je n'avais jamais vu l'éphèbe se mettre ainsi en colère, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. J'aurais été bien idiot de penser que Nastaé n'en était guère capable, car nul être en ce monde n'a une patience infinie – et surtout face à un comportement aussi stupide que le mien. Peut-être que la seule chose qui avait changé, c'était son assurance, car dans mes souvenirs, le jeune homme avait toujours été un Ondin fragile ayant tendance à se cacher derrière son frère Nanti. Quoiqu'au final, j'avais pu constater que cette fragilité était relative lorsqu'il avait exposé la mienne avec aisance et douceur.

Mais ce qui n'avait pas changé, c'était sa gentillesse. Ses égards pour moi. Lorsqu'il avait appris que je ne pouvais supporter son chant, il avait cessé de l'employer. Lorsqu'il avait su que j'étais blessé, il s'était empressé de me soigner par d'autres moyens. Et à présent, lorsqu'il m'avait trouvé évanoui dans la cour de son palais, il ne m'avait guère mis dehors. Empereur ou non, Nastaé demeurait cet homme attentionné que j'avais connu. Et lorsqu'il s'approcha de moi, je déviai à nouveau le regard, mais ne pus m'esquiver guère longtemps, ses doigts fins se refermant sur ma mâchoire et me forçant à le regarder. A nouveau, son parfum enivrant chatouilla mes narines, son regard émeraude captura le mien, et avant que je ne puisse réagir, ses lèvres vinrent se plaquer sur les miennes, ne me demandant guère mon avis.

Et si je me tendis un bref instant sous le coup de la surprise, je ne pus guère m'éloigner, aussi bien à cause du bras que l'Ondin avait passé autour de ma taille que par la saveur de ses lèvres fruitées. Ses mots résonnaient dans mon esprit, ébranlant la conception que j'avais de moi-même, tandis que les les lèvres du bel homme me dévoraient, autant que sa franchise et son ardeur. Sans vraiment en avoir conscience, je posai ma main sur le flanc de l'homme, ses caresses me firent frisonner, et son envie raviva ce désir en moi d'appartenir à cet apollon, de le combler autant qu'il me comblait. Et si la crainte de le blesser à nouveau me saisit une nouvelle fois, elle fut rapidement chassée par l'odeur, le toucher et le goût des lèvres de l'éphèbe. A nouveau, je me laissai submerger par l'environnement qui ne m'incitait qu'à une seule chose : désirer, encore et toujours, le maître des lieux.

Les lèvres de l'Ondin finirent par se séparer des miennes, laissant petit à petit mon esprit revenir à la réalité. Qu'il était facile de me captiver, de m'entraîner, et plus je passais du temps en compagnie de Nastaé, plus je voyais mon désir grandir, malgré la culpabilité qui l'entravait. Ma main libre se décolla doucement du flanc de l'apollon, mais mon regard demeurait captivé par celui émeraude de l'Ondin, dont les propos vinrent à nouveau se ficher dans mon cœur, telle une douce punition pour avoir tenté de le fuir.

Je demeurai silencieux, incapable de prononcer quoi que ce soit, mais mes doigts, ceux de cette main qui n'était pas retenue par l'Ondin, se murent d'eux-mêmes pour venir effleurer avec douceur et maladresse le visage aux traits fins de l'éphèbe.

« J'suis désolé, murmurai-je. Pour tout ça. Moi non plus je n't'ai pas oublié... »

Comme si je réalisais l'audace dont je faisais preuve en caressant ainsi le visage de l'éphèbe, j'éloignai ma main et essuyai du bout du doigt une larme qui avait naquis dans le coin de mon œil, sans avoir eu le temps de couler, et ne pus m'empêcher de rougir, employant néanmoins toutes mes ressources pour ne pas détourner mon regard de celui de l'Ondin.

« Tu es toujours le même, avançai-je avec un sourire timide. Et j'suis toujours aussi stupide. Tu m'offres quelque chose d'inestimable, et j'trouve le moyen de tout gâcher. Mais... »

Je n'eus guère la force de soutenir plus longtemps son regard, et terminai ma phrase en fixant la main de Nastaé refermée avec douceur sur mon poignet.

« … je n'fuirai plus. »

Il méritait bien mieux. De ma part, entre autres. Cette fois-ci, je ne laisserai pas son désir à moitié comblé. Toujours rouge d'embarras, je m'efforçai de relever le regard et de le planter dans celui de l'Ondin.
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Ven 24 Jan 2014, 15:53


Lorsque l'Ondin franchit le pas, et brisa la dernière barrière qui n'était autre que les lèvres du fé, il le maintenait près de lui, pour ne pas qu'il s'échappe. Mais sa surprise fut totale, quand il découvrir que Enzel ne voulait pas partir. Il se crispa, au début, comme toujours, mais l'Empereur sur utiliser les bons arguments pour le détendre, et même sous ses caresses, il sentait le corps du fé vibrer. C'était ça qu'il voulait, que Enzel touche du doigt ses émotions, ses ressentis. Jamais ils ne s'étaient laissés de marbre, et le renié, comme l'avait fait l'homme, avait mit en peine Nastaé. Le bel ami avait même commencé à touché le souverain, posant machinalement la main sur son flanc, comme pour se tenir et se retenir.
Lorsque leurs visages se décollèrent, et que l'Ondin prononça ses dernières paroles envoûtantes, il attendit avec une certaine aigreur, les réactions de son partenaire. Mais celles-ci ne furent pas violentes, bien loin de là. C'étaient similaire à de petits baisers doux et chauds, déposés sur une peau de soie, comme le soleil venant caresser la rosée de ses rayons matinaux. Ainsi, la main du fé vint se poser contre la joue de l'homme, caressant doucement cette dernière, touchant enfin sa douce peau fraîche, à d'autres endroits que ses bras, et Nastaé en frissonna presque.
Tout ce qui était en train de se passé, c'était des heures et des journées de lutte acharnée, pour que son ami comprenne ce que lui-même éprouvait. Le fait que ce soit lui qui vienne au contact, était le début de la victoire. Peut être que l'Ondin allait finir par avoir ce qu'il voulait, par ravir plus que les lèvres de cet homme mais aussi son corps, son coeur et son âme... ? Le médecin était du genre à se protéger et il ne doutait pas une seule seconde que dès qu'il aurait remis les pieds sur terre, alors il se détacherait et il se détournerait. Comme plus tôt.
Ses paroles étonnèrent et touchèrent le bellâtre, qui ne se détacha pas de ses lèvres, buvant ce qu'il disait, essayant de capter le moindre de ses désirs.

Et comme il l'avait prévu, au bout de quelques secondes, c'est à dire la fin de sa phrase, il s'éloigna à nouveau. Ce qui le frustra. Encore une fois. Mais il ne dit rien, et garda se visage attirant, et ouvert. Enzel débordait d'émotion. Ses yeux brillaient, ses joues étaient carmins, et il se demanda si son corps de tremblait pas. Le poignet que Nastaé tenait fut lâché, à contre coeur, et il laissa le fé s'exprimer, dire ce qu'il avait sur le coeur, ce qu'il pensait. C'était dur, c'était difficile de le connaitre, il ne se laissait pas facilement approché alors l'homme faisait tout pour ne pas le couper, et pour l'encourager à lui parler.
Même en s'exprimant, il essayait de le regarder, de sourire, de ne pas... Bégayer. Et contre toutes attentes, ça attendrissait l'Empereur. Ces efforts qu'il fournissait... Il avait envie de l'embrasser à nouveau, de voir plus loin, d'explorer son joli corps, mais se retint et ne bougea pas, toujours penché vers lui, ses cheveux pendant dans le vide.
Il ne fuira plus. Enzel ne s'en ira plus comme un pleutre, à chaque fois que Nastaé se présenterait à lui... Enfin !
Le dernier regard que le fé lui porta, fit sourire l'Ondin et il dit doucement « Je ferai tout pour que tu n'aies pas envie de t'enfuir... » Alors l'Ondin s'approcha à nouveau de lui, pour déposer un léger baiser sur ses lèvres, et se releva complètement en lui tendant la main. « Viens, allons nous baigner » Le sourire enjôleur accompagna la main tendue vers le fé.

Traversant les pièces et longeant un couloir, l'Empereur ouvrit la porte sur un énorme bain. La pièce comportait tout ce qu'il fallait pour se laver et se reposer. De la simple douche, au massage aphrodisiaque. « Déshabille toi. » Sans aucune forme de cérémonie, l'Ondin lança ceci à l'adresse du fé, alors que lui était en train de verser dans le grand bassin chaud, des sels de bains et des produits relaxants, créant un peu de mousse. Au bout de quelques minutes, le bassin fut prêt, et ne s'attardant pas sur Enzel, il commença à se dévêtir. Sur le bords d'une fenêtre, un petit coffre en bois dur se trouvait là, et renfermait des flacons de potions, toujours les même. Il en prit un puis bu le contenu, avant de refermer le coffret. Un premier voile tomba au sol, effeuillant ainsi doucement son corps, dévoilant petit à petit ses courbes et ses formes, avant d'être complètement mit à nu. Sa peau était immaculée, sans trace, sans tatouage, soignée et propre. D'une broche en nacre, il remonta ses cheveux pour ne pas les tremper dans l'eau chaude et pleine de mousse. Toujours dos au fé et au bassin, il finit par attraper une serviette, se la passant autour de la taille. Prenant un flacon de verre plein d'un liquide sirupeux, il le posa sur le carrelage à côté du bassin creusé dans le sol et finit par entrer dedans à son tour, laissant le linge choir au bord.
Nastaé ne muta pas. La décoction qu'il ingurgita fut conçu exprès pour ne pas qu'il subisse de transformation lors de ses bains quotidiens.
Une fois dans l'eau, il hésita à s'asseoir en face d'Enzel, où à côté de lui...
Les rebords sous marins étaient assez prononcés pour former des bancs et s'y asseoir dessus, de manière à ce que l'eau arrive au buste ou au cou, en fonction de la taille des gens.
Regardant le fé, il se dirigea vers lui, et osa le tout pour le tout « Tu permet... ? » Se mettant à sa hauteur, il mit ses genoux sur le banc pour finalement s'asseoir sur lui. Passant ses bras autour du cou du bel homme, il regarda Enzel, avant de lui sourire et de s'appuyer complètement sur lui, collant son torse au sien, et mettant son menton sur son épaule « Même si c'est grâce au hasard, je suis tellement heureux que tu sois ici... »



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Mer 29 Jan 2014, 23:19

Un sourire, empreint de gêne, se dessina sur mes lèvres portant encore la saveur de celles de l'Ondin, alors que l'embarras se mêlait à la joie dans mon cœur encore malmené par les avances charmeuses du bel homme. Faible et vulnérable, je m'offrais à Nastaé, les barrières dressées autour de mon cœur s'abattant les unes après les autres, et si j'en avais honte – car une telle faiblesse de ma part ne savait être tolérée par le Taiji que j'étais encore – je ne pouvais également que me réjouir des mots de Nastaé, qui résonnaient dans mon esprit tels une promesse, de douceur et d'attention, comblant ce désir plus que naissant tapi dans mon cœur. De nouveau, ses lèvres vinrent se poser avec légèreté sur les miennes, déposant leur saveur fruitée avant de se dérober, avant que ne me soit tendue la main de cette homme d'une gentillesse incomparable. Et je n'hésitai guère à la prendre, avec toute la délicatesse dont j'étais capable, afin de me relever à mon tour, transporté par cet environnement qui ne faisait qu'exacerber la sensualité de l'apollon et repousser les limites du rationnel.

Les pièces et les couloirs que j'eus l'occasion de traverser étaient semblables à ces appartements dans lesquels j'avais ouvert les yeux, ainsi qu'à cette fontaine qui avait été la dernière chose sur laquelle j'avais posé mon regard avant de m'évanouir : tout en eux transpirait la grâce et la sensualité de l'Ondin, dont le pas léger me mena jusqu'à une salle d'eau, probablement la plus luxueuse que je connaîtrais de ma vie. Et si j'accusai un léger instant d'hésitation en entendant l'ordre de l'Ondin, dont la main lâcha la mienne pour aller préparer savamment le bain, j'obtempérai néanmoins, quelque peu agacé par le rouge qui ne semblait pas vouloir quitter mes joues de sitôt. Ôtant machinalement les quelques habits simples que j'avais encore sur moi, j'en vins vaguement à me demander comment réagirait le corps de Nastaé une fois plongé dans l'eau chaude, mais ne m'attardai guère sur la question lorsqu'un mouvement incertain me fit perdre l'équilibre. Je me rattrapai néanmoins, retenant un soupir d'irritation devant cette faiblesse physique dont je faisais preuve, et achevai de me déshabiller avant de risquer un regard vers l'Ondin, auquel j'avais machinalement tourné le dos pour me dévêtir.

Le bel homme élégant venait de refermer un coffret en bois dont je n'avais pu voir le contenu, mais je ne m'en préoccupai guère davantage : j'étais bien mal placé pour reprocher quoi que ce soit aux manières de mon hôte, qui en savait définitivement bien plus que moi sur l'art et la manière de préparer un bain... et sur bien d'autres choses. Après avoir soigneusement plié mes affaires, je pénétrai doucement dans le bain, frémissant au contact de l'eau chaude sur ma peau nue et faisant disparaître mes ailes noir de jais, qui n'auraient fait que me gêner dans un tel milieu. A nouveau, je jetai un nouveau regard à l'Ondin, dont les voiles étaient tombés pour révéler un corps dénué d'imperfection. Sa peau, lisse et diaphane, attisait l'envie, tandis que ses courbes voluptueuses suscitaient le désir. Quelque peu embarrassé par mes propres pensées – je n'avais guère l'habitude de désirer aussi ardemment un homme dont la perfection paraissait irréelle à côté de ma normalité – je détournai le regard et repérai un rebord sur lequel m'asseoir, attendant que Nastaé ait fini ses préparatifs.

N'étant guère très grand – un mètre soixante à tout casser, sous ma forme 'humaine' – l'eau m'arriva jusqu'au cou une fois que je fus assis, et si je m'assis machinalement en tailleur dans un premier temps, je ne tardai guère à décroiser les jambes lorsque l'Ondin pénétra à son tour dans le bain, s'approchant de moi... sur ses deux jambes. J'ignorais exactement par quel procédé, mais il semblait que le bel homme parvenait à maintenir sa forme humaine même une fois immergé dans son bain – ce dont je n'allais pas vraiment me plaindre, soit dit en passant. Lorsque son regard émeraude croisa le mien, je lui adressai un petit sourire, quand bien même je demeurais encore indécis quant au comportement à adopter. Même si j'avais décidé que je ne fuirais plus, j'ignorais exactement ce que l'Ondin attendait de moi, puisque je n'avais guère l'audace de faire passer mes désirs avant ceux du bel éphèbe. Et celui-ci ne tarda guère à prendre l'initiative, ne venant non pas s'asseoir en face ou à côté de moi, mais sur moi, me demandant une permission que je ne lui refusais guère. Et si l'Ondin avait sans aucun doute quelques centimètres de plus que moi, je ne me sentis nullement affligé d'un quelconque poids. Au contraire, le bel homme était d'une légèreté surprenante, et lorsque ses bras vinrent m'enlacer, je passai les miens autour de son torse, effleurant de mes doigts cette peau dénuée d'impuretés.

Probablement sous l'effet de l'eau chaude et des produits décontractants, je sentis toute tension abandonner mon corps et me laissai légèrement aller en arrière, appuyant mon dos contre le rebord du bassin, le torse de Nastaé reposant sur le mien et son menton venant se ficher dans le creux de mon épaule. Pendant un instant, je fermai les yeux et laissai échapper un soupir de contentement, avant de baisser les yeux vers le visage aux traits fins de l'apollon.

« Moi aussi... laissai-je échapper, me laissant aller à la décontraction. Finalement, crapahuter tant d'heures dans l'désert valait l'coup... »

Je levai mon regard vers le plafond, alors que sur mes lèvres se dessinait un nouveau sourire. Non pas embarrassé, mais un sourire heureux, presque béat. Et, presque inconsciemment, je laissai mes doigts courir avec timidité le long de la colonne vertébrale de mon bel ami, m'abandonnant petit à petit à la douceur des lieux, au son charmeur de sa voix, à son parfum envoûtant.

« Ca me paraît si irréel... soupirai-je sans une once de regret ou de crainte néanmoins. Tu sais... quelque part, j'ai toujours regretté de n'pas avoir su répondre à tes attentes. »

Ma main se figea, alors que je me confessai davantage.

« Et j'ai toujours un peu peur de n'pas être à la hauteur. »

Ces mots, il avait fallu que je me les arrache moi-même de ces retranchements où se trouvaient toutes mes craintes inavouées. De même que mes désirs, que je n'osai pour le moment laisser s'exprimer pleinement.
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Jeu 13 Mar 2014, 11:22


Sous son corps fin et léger, Nastaé sentit Enzel se détendre. Le bain était chaud, sans être brûlant, l'encens sentait bon, et les produits donnaient au corps un peu de répit. L'éphèbe sentit enfin le fé le toucher. Ses doigts parcoururent son dos, et son souffle vint envahir son cou. Il le serra contre lui, comme un besoin de l'avoir encore plus longtemps, qu'enfin il reste avec lui. Qu'il ne parte plus.
« Que faisais-tu dans ce désert, Enzel ? » Le fé, lorsqu'il l'avait récupéré, fut mal en point. Il avait une insolation, et il était victime de déshydratation, alors il était en droit de se poser la question. Ce que son partenaire lui dit en suivant le troubla. Son coeur frappa sa poitrine, et il se décala pour le regarder. Ses grandes mains aux doigts fins vinrent glisser sur son torse, avant de remonter dans son cou. L'Empereur colla son front au sien, frôlant leur nez, avant de dire « J'ai peut-être aussi attendu trop de toi, trop tôt... Je pense à toi comme une femme penserait à un homme » Plus il parlait, plus sa voix devenait un chuchotement, un murmure, et ses yeux verts rayonnèrent, traversant ceux, gris, du fé « Je t'ai surpris, et je t'ai sorti de ta zone de confort, parce que je te voulais. Parce que je voulais qu'un homme comme toi hante mes nuits. Mais tu as fini par hanter ma vie Enzel... Je ne veux pas être ton ami. » Il approcha alors un peu plus son visage, et quand leurs lèvres s'effleurèrent il dit « Je veux être plus... » Puis finit par l'embrasser.

Nastaé posa sa bouche rosée sur la sienne, qu'il piqua d'abord de baisers, avant d'accentuer le geste et embrasser goulument l'homme. Son corps fut transporté, heureux de ce sentiment, heureux de cette sensation. Il avait Enzel dans ses bras, et ses mains caressèrent sa peau, et ses sens commencèrent à bouger. Cependant, il eu une sensation assez bizarre. Interrompant le baiser et le contact il laissa tomber un « Je... » Avant de s'éloigner, se rendant au milieu du bassin. De nature carré, le milieu était bien plus profond que les côtés où on pouvait s'asseoir sur les rebords submersibles « Non ! »
C'était étrange. Il n'y avait pas de musique, il n'y avait pas de paillettes, ni de petite lumière stellaire, mais même sans ça, lorsque Nastaé muta, se fut tout aussi magnifique. A travers l'eau claire, ses jambes se collèrent, des écailles émeraudes apparurent, et remontèrent jusqu'à ses hanches. La nageoire se sépara en deux, et immédiatement, pour tenir la moitié du corps hors de l'eau, il exécuta des volutes avec celle-ci, lentement et pourtant si gracieusement. Sur sa peau, au niveau de ses bras en dessous de ses épaules, des branchies apparurent, fendant sa peau ivoire, alors que sa nageoire dorsale sortit. C'était un voile vert, transparent, et souple mais capital. Enlevant sa barrette de nacre, et la jetant sur le côté, il cacha son visage dans ses mains « Je suis désolé... Je pensais vraiment que la potion allait fonctionner... Tu as le droit de hurler, de me trouver immonde je... »

C'était le PIRE JOUR DE SA VIE. Il a fallut que ce magicien pourri, lui file des potions hyper éphémères, qui ne fonctionnaient même pas. Nastaé refusait que les bipèdes qui lui plaisaient, le voient dans sa forme originelle. Il ne voulait pas qu'ils fuient, juste pour ce qu'il était. De s'être fait berné comme ça l'énervait et, immédiatement, il redevint presque l'être fragile qu'Enzel avait connu « Je... Je suis désolé ce... Ce n'était pas censé arrivé... » Sa voix était rompue, déçue et il s'attendait à tout moment de voir le fé partir. S'enfuir à toute hâte, ou pire, peut être même tenter de le tuer... ? Nastaé était un être que l'on pouvait tuer facilement de toute façon. Il était faible et sa style d'attaque était dans l'ombre, par assassinats, pas en combat ouvert.
Se reculant, il finit par s'asseoir au bord du bassin, du côté opposé à Enzel, et posa ses fesses à même le sol, dévoilant presque intégralement sa grande queue verte. Sous le soleil, les écailles rayonnaient de million de couleurs. Laissant dans le bassin une partie de celle-ci, il croisa les bras, sans regarder Enzel, et tourna la tête sur le côté, faisant mine de regarder ailleurs. Les pointes de ses cheveux séchèrent, et les fils de soie se remirent en place dans son dos et sur son torse. Si longs qu'ils touchaient presque par terre, dans cette position « Ne... Ne dis pas que je suis un monstre. » C'était tout ce qu'il demandait, de ne pas être traité d'être hideux et informe « Je pense juste que, si tu n'es jamais venu vers moi, pendant tout ce temps, et que le hasard fut que je te trouve dans le Désert, c'est peut-être parce que j'ai toujours appréhender ce moment. Ce moment où, une fois que mes sentiments pour toi seraient réels, tu fuiras face à ma nature... » Peut être, peut être pas. Nastaé n'avait jamais osé recontacter Enzel, pour la bonne et simple raison qu'il avait toujours pensé qu'il était insignifiant pour le fé. Une sorte de bon moment, mais sans plus. Il se sentit petit. Petit et si... Médiocre.
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Sam 15 Mar 2014, 02:32


Sans même que je n'en m'aperçoive, un petit sourire se dessina sur mes lèvres, alors que je laissai échapper un soupir de contentement, sentant les bras de l'Ondin se refermer autour de moi et m'enlacer avec douceur. Il n'était pourtant pas dans mes habitudes d'apprécier le fait d'avoir quelqu'un pendu ainsi à mon cou, mais étrangement, cela ne m'était guère désagréable. Au contraire. A nouveau, le jeune éphèbe me demanda la raison de ma présence dans le désert, mais la question s'échappa rapidement de mon esprit lorsque le front du bel apollon vint toucher le mien, nos nez se frôlant. Et si le rouge de l'embarras ne quitta guère mon visage, le sourire qui y flottait ne se dissipa guère plus, alors que je sentais de nouveau l'ivresse se saisir de moi. Non pas l'ivresse de la boisson, mais celle du plaisir, celui procuré par le parfum suave et la peau de pêche de Nastaé, dont la voix n'était plus qu'un murmure de confessions.

Cet homme, d'une perfection physique sans pareille, me désirait. Tel était son aveu, un aveu qui me toucha, tel une flèche, traversant les remparts de mon cœur que j'abaissai sans aucune réticence à son passage. Car cette flèche était douce, empreinte d'une magie bien plus puissante que toute autre forme de magie : l'aveu de l'Ondin n'était ni plus ni moins qu'un aveu d'amour, sinon de désir. Cette magie s'insinua en moi, soulevant quelques doutes – étais-je vraiment digne de cet homme – mais également un ravissement, issu de ces désirs enfouis que je n'avais, depuis le début, guère osé avouer à Nastaé. Avant mes attentes, c'étaient les siennes que j'avais voulu combler, mais ses mots rendirent obsolète cette pensée : nos désirs étaient semblables et complémentaires, et s'il s'avérait que j'étais homme à hanter la vie de l'Ondin, la réciproque était vraie. Dans le fond, peut-être que cette ébauche de plaisir que nous avions partagée lors de notre première rencontre m'avait également frustré, et il était certain que le bel éphèbe avait toujours occupé une place à part dans mon esprit et dans mon cœur.

S'il ne voulait pas être mon ami, alors je serais autre chose. Quelque chose qui soit plus que cet ami dont il ne voulait pas. Aussi, lorsque les lèvres de l'apollon s'approchèrent des miennes, pour finalement s'y poser et délivrer un doux baiser à la saveur fruitée, je l'accueillis avec autant de gentillesse mais également de désir possible, tant j'étais comblé par ce qu'il m'offrait, et que je ne voulais guère le brusquer, tout comme il avait toujours pris soin de moi. Les mains grandes mais attentionnées du bel homme se murent sur ma peau, me délivrant de plaisantes caresses, que je lui rendis sans vraiment m'en rendre compte, me plongeant dans ce baiser exquis.

Mais cet instant magique prit brutalement fin lorsque l'Ondin rompit le baiser, ses mains s'éloignant autant de moi que ses lèvres. Je rivai un regard rempli d'incompréhension sur son visage aux traits fins, avant qu'il ne se détourne pour gagner la partie la plus profonde du bassin. Muet de stupeur, interdit par cet instant de magie qui venait d'être brisé sans aucune raison apparente, je ne fus guère capable de faire autre chose que de tendre faiblement la main vers l'Ondin, à présent inaccessible, sans même pouvoir émettre une protestation. Et je demeurai également ébahi quelques instants lorsque, avec l'élégance qui lui était propre, Nastaé muta, ses jambes fusionnant pour former une queue d'écailles émeraude, scintillant sous les rayons du soleil. Et alors que l'éphèbe dissimulait son visage aux traits fins dans ses mains, sa chevelure améthyste cascadant sur ses épaules, je me levai, ma main toujours timidement tendue vers l'apollon qui ne me regardait même plus. L'Ondin s'éloignant davantage, je baissai les yeux, ainsi que cette main vainement tendue, fixant sans vraiment la voir la surface de l'eau.

Etait-ce le désarroi qui envahissait mon cœur ? Peut-être, peut-être ce désarroi de n'être qu'un petit être si différent de cet homme majestueux qui se tenait, si loin de moi, assis sur le rebord du bassin, sa queue brillant d'un éclat irisé sous les rayons du soleil. Mais allais-je réellement m'en tenir à ce désarroi, alors que j'avais décidé de ne plus fuir, que la magie avait commencé à faire son effet et surtout, que je n'étais guère homme à juger autrui sur leur appartenance raciale, mais vis-à-vis leurs actes ?

« Nastaé. Je... Hum... »

L'embarras me tenait à nouveau. Les paroles que je m'apprêtais à dire étaient-elles vraiment les bonnes ? Je l'ignorais. La seule chose dont j'étais certain, c'était qu'elles seraient honnêtes, et sûrement un poil gênantes.

« Je te trouve magnifique, avouai-je finalement, rouge d'embarras. »

Etait-ce vraiment une bonne chose que d'avouer que la transformation de Nastaé était l'une des plus belles choses que je n'ai jamais vues ? Si les branchies et les écailles d'émeraude semblaient répugner l'Ondin, je ne pouvais en revanche que les trouver d'une beauté digne de cet homme parfait.

« Ne dis pas que tu es immonde, tu vas m'faire douter de mes goûts, ajoutai-je avec un sourire timide, osant la pointe de légèreté. »

Je reculai d'un pas. Seulement pour prendre appui sur le rebord sur lequel j'étais assis quelques instants plus tôt et m'élancer doucement en avant et vers le haut, sans faire de vagues. A moitié hors de l'eau, mes ailes noires de jais apparurent en même temps que mes oreilles s'effilaient de nouveau et me portèrent bien plus rapidement vers Nastaé que si j'avais nagé vers lui. Mes pieds nus touchèrent le sol, hors du bassin, et je posai un genou au sol, à quelques centimètres des hanches de l'Ondin, du côté où il ne regardait pas. Mes doigts vinrent crocheter avec douceur la mandibule du bel éphèbe, dont je forçai doucement le regard à se river dans le mien.

« Regarde-toi, Nastaé. Tu n'es pas immonde, tu n'es pas un monstre. Tu es... juste beau. »

Mon autre main vint caresser avec douceur les premières écailles naissant sous la taille de l'Ondin, qui était redevenu cet être à la fois désirable et fragile que j'avais connu, quelque peu différent de cet empereur dirigeant le peuple des profondeurs.

« C'est une partie de toi... Et elle est loin d'être hideuse. Et puis, moi non plus je n'suis pas tout à fait normal, ajoutai-je avec un petit sourire mi-figue mi-raisin. »

Les ailes noir de jais qui s'étendaient dans mon dos et mes oreilles pouvaient en témoigner, mais c'était loin d'être tout, puisque j'étais en réalité un être qui ne mesurait pas plus de cinq centimètres, bien dérisoire face à la majesté de l'Ondin qui me faisait face. Et il le savait, puisqu'il m'avait déjà vu sous ma forme naturelle. Mais peu importait. Peu importaient nos natures respectives. Mes doigts s'éloignèrent de la mâchoire du jeune homme aux prunelles émeraude, et je baissai les yeux.

« Ce n'est pas de ta faute si je t'ai fui... avouai-je, doucement. Ni la faute de c'que tu es. Ne te méprise pas... s'il te plaît. T'as pas à t'en vouloir pour des ombres qui n'concernent que moi. »

Des ombres du passé. Qui m'avaient empêché, la première fois, d'aller plus loin. Et qui m'avaient fait hésiter, qui m'avait conduit à éviter cet homme qui avait su briser mes défenses, exposer cette vulnérabilité qui était mienne.
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Dim 22 Juin 2014, 23:29

Nastaé ne pouvait se retenir d'embrasser le fé. Il était là, assit impunément sur ses cuisses, et ses lèvres réclamaient les siennes, encore et toujours. Il ne pouvait pas résister à cet appel, il en était bien trop faible. Lorsque leurs nez se frôlèrent, il sentit Enzel sous lui, se laisser complètement faire. Et en même temps... Pourquoi le repousserait-il ? Cette première rencontre s'était passée sous le signe de l'ambiguïté. Quelque chose d'étrange les avait alors relié, peut être un travail inachevé, une oeuvre incomplète qu'ils achèveraient ensemble. L'histoire pouvait alors se poursuivre, et les paroles que l'Empereur laissa échapper de ses lèvres, n'étaient pas anodines. Elles n'étaient pas ce genre de mots lancer en l'air, pour que quiconque les attrape et qu'après l'acte, l'union des deux corps, plus personne ne se connaisse. Non, elles étaient dirigées vers le fé. Ce seul homme auquel pensait réellement l'Ondin, nuit et jour, et qui le dissipait dans son travail administratif et royal. Hanter une vie... C'était son désir. Partager sa vie avec lui, peu importe leurs croyances, leurs races et leurs mœurs. Seulement, dans ce bassin cristallin, le trouble vint taper à la porte, pour s'y engouffrer violemment. Nastaé recouvra sans le vouloir, sa forme originelle. Sa sublime nageoire, qu'il laissa trainer dans l'eau alors qu'il s'assit sur le bord du bassin. Quelque chose de merveilleux, mais qui pouvait terroriser.

Quelque chose fut rompu.
L'Ondin n'osa pas regarder Enzel, et le fé n'avait pas l'air de bouger. Aucun mouvement, que ce soit silencieux ou brusque. Nastaé avait tout gâché et, rien que cela, lui valait bien la perte de l'être qu'il aimait le plus. Seulement, tout n'était pas fini. N'était pas complètement fini.
Enzel se montra, une fois de plus, bien plus intelligent que le jeune homme. Dès qu'il le sentit bouger, et l'entendit parler, il tourna la tête. S'appuyant sur le sol d'un bras tendu, il le regarda, plein de doutes. Enzel hésitait. Etait-ce bon ou mauvais ?
Les trois mots qui succédèrent, laissèrent l'Ondin sans voix. Il ne le trouvait pas beau, il le trouvait magnifique. C'était incroyable. Nastaé était du genre à avoir confiance en lui, mais l'orgueil avait une limite qui, chez lui, était tout de même très vite atteinte. Ses yeux émeraudes scrutèrent un pan de mur, ne voulant détourner la tête mais il sentait le fé qui essayait, comme il pouvait, d'articuler des phrases. Son visage était rouge. Le jeune homme appréciait énormément de l'imaginer dans cet état. Quelque chose de mignon, de secret... Comme s'il voulait cacher ses pensées et ses mots doux.
Puis, contre toutes attentes, l'Ondin se mit à sourire doucement. Ses lèvres s'étirèrent légèrement, et il pencha la tête sur le côté, contre son épaule, alors que son autre bras reposait en travers de ses cuisses « Tu as meilleurs goût que n'importe qui sur terre... » Et c'était vrai. Pas parce qu'il le trouvait beau, pas parce qu'il parlait de lui, mais parce qu'il savait immédiatement ce qui faisait la beauté d'une personne. Et ça, c'était une valeur, une vertu, que l'Ondin n'acquît qu'avec l'expérience.

Enzel arriva prêt de lui doucement, sans grand bruit, et il prit les devants comme jamais. Il attrapa la mâchoire de l'éphèbe pour que leurs yeux se rencontre. Nastaé était vraiment faible. Sa tête légèrement penchée en arrière, il dévora Enzel du regard. Peu importait ses ailes et ses oreilles, il n'en restait pas moins quelqu'un de séduisant à ses yeux. Quelqu'un avec quelque chose en plus, un bonus... Ils n'étaient pas la même beauté, mais l'Ondin n'avait pas besoin de ça. Enfin... A une échelle différente, car il était évident qu'il ne sortirait pas avec un moche. Et Enzel était loin de l'être. Il était discret c'était sur.
Le fait que ses paroles soient dites à quelques centimètres de lui, dans une ambiance chaude et velouté, et avec autant de sincérité, fit bondir le coeur de l'Empereur. Son sang afflua anormalement dans ses veines, venant irriguer son cerveau d'un sang chaud et sous pression. Dès que les doigts du fé passèrent sur les premières écailles de la belle créature marine, cette dernière eu un hoquet de surprise. Le contact de la peau sur sa nageoire était toujours très instructif... Au niveau des sens. Ce n'était pas comme l'eau, ou comme les plantes marine c'était plus doux, plus chaud, et plus... Aphrodisiaque. Comme si c'en était une zone érogène.
Devant tan de sincérité, Nastaé passa une main dans ses cheveux pour les reculer, dégager son visage, et se mit à porter cette même main contre la joue d'Enzel « Alors peut importe ce que nous sommes réellement. Chasses tes ombres et regarde moi. C'était une période différente, nous étions deux parfaits inconnus, des êtres venant à peine de se rencontrer aussi fortuitement que possible. Je... » Il regarda sur le côté en se mordant légèrement la lèvre « ...je n'ai pas été très fin à l'époque non plus. Tu étais quelqu'un de différent. J'aime le Enzel qui a évolué, qui a grandit. Cet homme qui a su mener à bien, bien des combats. Ce n'est pas un hasard que tu sois tombé ici. Nous devions nous revoir. Nous revoir pour parler. Nous sommes deux fuyards, pour des raisons différentes certes, mais le résultat en est quand même là. » Nastaé se pencha vers lui, avant de murmurer de sa voix chaude « Enzel... » Ses lèvres, à nouveau, rencontrèrent les siennes. C'était plus qu'une simple acceptation, c'était une décision. Un choix fait. Dorénavant, aucun d'eux ne fuirait, ou ne se mépriserait. C'était une promesse.

Seulement l'Ondin était de ceux qui n'étaient pas satisfait du minimum. Rompant le baiser en se léchant les lèvres, rouges d'envie, il bascula sa nageoire sur le sol, guidant rapidement l'eau grâce à ses pouvoirs, vers le bassin pour muter à nouveau dans la seconde. Attrapant un voile en lin transparent, il s'en vêtit de manière légère, et finalement aguicheuse, avant de prendre la main du fé « Viens... » Le laissant se relever, il incita alors le corps d'Enzel à vouloir irrésistiblement se coller au sien. Son charme, ses attitudes, tout dictait du désir. Sa voix se mue en un murmure à nouveau, de plus en plus chantant « Viens... » Alors il l'emmena, presque en dansant, dans la chambre maintenant plongée dans une pénombre semi-artificielle. Peut importait ! L'encens et les bougies feraient l'affaire. Rien, ni personne, ne devait les déranger.
Sa main se détacha de la sienne, et il continua de marcher voluptueusement vers le lit à baldaquin venu d'un autre pays, pour s'y asseoir dessus, commençant à jouer de ses voiles. Ceux-ci dévoilèrent sans gêne ses jambes longues et fines, pour venir caresser son torse d'ivoire. Toute la pièce était empreinte d'une certaine chaleur, donnant une moiteur imaginaire à la peau. L'encens tournait les esprits, tout en les gardant clairs. C'était l'Antre de Nastaé, une chambre à son image, un Palais fait et construit pour lui. Comme lui. Cet édifice chantait et respirait Nastaé. Si il n'était pas là, tout le monde avait l'impression de le voir malgré tout à chaque détour de colonnes. Les gens vivant ici ne pouvaient finalement que s'enivrer de cet homme, pour les moins habituer...
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Mar 24 Juin 2014, 00:49

Les meilleurs goûts sur terre. Etait-ce de l'orgueil ? Je n'en savais rien, mais à vrai dire, je n'en avais cure. Car ce n'étaient guère des mots de vanité que j'avais entendus, mais des mots qui m'étaient adressés, des mots dont j'avais su deviner la finalité, des mots qui m'avaient transportés dans tous mes gestes, dans toutes mes paroles. Nastaé savait chercher en moi ces ressources que je doutais toujours avoir, et si je faisais à présent preuve d'une telle impudence envers l'Empereur, ce n'était que grâce à sa présence et à sa voix.

Les doigts fins de l'Ondin vinrent caresser ma joue et je relevai les yeux, cherchant dans le regard émeraude de l'apollon cet homme que j'aimais et que je désirais, cet homme fragile mais ingénieux, cet homme qui avait eu honte d'une différence pendant un bref instant, une honte à présent chassée, tout comme la mienne – celle de n'être qu'un être sans importance, que ce soit physiquement ou socialement – mais dont les mots résonnaient dans mon cœur. C'était là un bien bel écho, doux et agréable. Et si je ne pus que me trouver embarrassé par les compliments de l'homme qui voyait en moi un être grandi, mon cœur se réjouit de ces mots, et mon regard gris acier dévora une nouvelle fois le visage superbe de l'apollon aux écailles irisées. En effet, il n'était guère déplaisant d'imaginer que notre rencontre ne soit guère le fruit d'un hasard... Un sourire se dessina sur mes lèvres, ma main caressant distraitement les écailles émeraude de l'Ondin, mon regard achevant de se perdre dans celui du bel éphèbe, qui se rapprochait. Sa voix suave vint de nouveau jouer avec mes sens, ses lèvres se rapprochèrent des miennes pour finalement les rencontrer, dans un nouveau baiser des plus savoureux, mais également des plus significatifs. Plus que les mots, les actes exprimaient cet accord prononcé à mi-mots, ce désir mutuel qui nous consumait et bien plus encore. Nous étions ce que nous étions, et c'était cela que nous souhaitions partager, sans que l'un n'éprouve de honte ou de mépris.

Ma main libre vint se poser sur l'épaule du bel éphèbe et je me perdis, encore et encore, dans le plaisir de l'échange, simple mais univoque. Tout était si simple. Il n'était guère plus question de craintes ou de défi, plus question d’ambiguïtés ou de fuite. Nos lèvres se séparèrent, le baiser toucha à sa fin d'une manière bien différente de la fois précédente. A présent, je savais que l'apollon ne se sentirait guère plus humilié par sa nature, tout comme il savait que je lui appartenais. Que les ombres du passé demeuraient dans le passé. Ne comptait plus que ce goût sucré, celui des lèvres de l'Ondin qui en redemandaient, tout comme je me découvrais insatisfait de cet échange. Sentant le corps de l'éphèbe se mouvoir sous mes doigts, je laissai filer l'Ondin, qui mutait une fois l'eau éloigné et se relevait, alors que, presque distraitement, je portai à mes lèvres ces doigts qui avaient éprouvé le contact suave de l'apollon. Et lorsque sa main vint chercher la mienne, je la laissai m'entraîner dans cette danse qui était celle l'Ondin, mais qui deviendrait notre danse à nous, quand bien même il semblait que nos naturels respectifs faisaient de l'apollon celui qui menait cette valse sensuelle.

Sans résister, autant par mon bon vouloir que par l'attraction sulfureuse de l'Ondin, je me rapprochai de ce dernier et de sa peau transpirant le désir. L'accompagnant dans cette danse que cet homme parfait semblait si bien connaître, je me laissai une fois de plus transporter par son odeur, par ses mouvements, mais également par cette sensation omniprésente et singulière, celle de voir en chaque détail, chaque relief de ce décor cet homme qui se trouvait à mes côtés et que je ne désirais point encore assez pour enfin être insensible à ce curieux charme présent dans chacune des pierres de l'édifice. Envoûtante, chantante, la voix de l'éphèbe captiva une fois de plus mon esprit, fit monter d'un cran le désir, mes vaisseaux battant de l'envie de savourer la moindre parcelle de sensualité que m'offrait Nastaé. Et celui-ci m'entraîna dans une pièce qui, loin de dissiper le charme, l'accentua davantage. Enivré par cet être qui tiraillait chacun de mes sens, je m'avançai vers le bel éphèbe qui s'était assis avec grâce sur le lit, jouant de ses voiles pour dévoiler ses jambes fines et diaphanes.

Tout me poussait à venir chercher cet homme, à combler autant son désir que le mien. Tout. L'odeur suave. La saveur de nos baisers. Le souvenir de sa peau sans défaut sous mes doigts. Son regard captivant retrouvé dans chaque relief de son antre. Sa voix chantant encore dans mon esprit fiévreux. Et même cette semi-obscurité, qui ne faisait que souligner la beauté de l'apollon, tout en prodiguant l'intimité. Alors, enfin parvenu à proximité de l'Ondin, je mis mon genou sur le lit, à côté de sa hanche, restant debout, et cueillis délicatement au creux de mes mains sa mâchoire pour faire pivoter son visage et déposer un baiser sur son front. Mes mains, tout comme mes lèvres, ne s'en contentèrent toutefois pas, et humant le parfum délicieux de l'apollon, mes mains descendant sur son cou puis sur ses épaules, et mes lèvres venant titiller la base de son oreille pour descendre un instant plus tard dans le creux de son cou.

Puis je m'écartai doucement, laissant mes mains sur les épaules de l'apollon, toujours debout, le genou posé sur le lit, et plongeai mon regard enivré de désir dans celui émeraude de l'Ondin.

« Nastaé... fis-je, à mi-voix. Tu es... irrésistible. »

Mon sourire était celui de l'homme heureux, mais qui ose encore demander davantage, alors qu'il pensait depuis longtemps ne plus avoir ce droit.

« Je te veux, osai-je enfin. »
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Rêve ou réalité ? [PV Nastaé]

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