Cela fait déjà quelques mois que je ne suis pas revenue dans l'antre des damnés cependant, comme pour la première fois, je ne sais pas ce que je suis venue faire ici. Mes yeux se pose sur Luxariell et je la regarde quelques secondes avant de soupirer. C'est pour elle que je suis venue ici et pourtant, elle semble apeurée et encore plus perdue que moi. Je pose ma main sur son épaule avant de la rassurer d'un sourire. " Tout va bien se passer tu vas voir. Je sais que tu n'es pas en très bon terme avec ta famille mais il ne se passera rien. Je ferrai tout pour qu'il ne se passe rien, tu peux compter sur moi. " Le contact de ma main et mes paroles la font sursauter et elle me regarde, une lueur apeurée dans les yeux. Elle me regarde un instant avant de se coller à moi. " Oui, je le sais, ce n'est rien, c'est juste une fête. Mais j'ai peur. J'ai appris que je fais partie de cette famille y'as pas longtemps et je sais pas à quoi m'attendre. " Je passe mon bras autour de ses épaules et la sert contre moi, lui caressant le dos distraitement en repensant à cette journée à Nériona. En dépit de tous les évènements ayant eu lieu la bas elle avait réussi à mettre la main sur une chose précieuse. Une information sur son passé. Et c'est grâce à cela que nous sommes ici. Enfin, je ne suis pas sûre que dire que nous sommes la grâce à cela soit vraiment le bon terme. Un manoir de sorcier n'est pas vraiment l'endroit où je préfère passer mes journées. Collée à elle, tentant de la rassurer, je la regarde d'un regard doux. Ce n'est pas une famille de sorcier ou de personnes assoiffés de pouvoir. Pas totalement composée de sorcier ou de personnes assoiffée de pouvoir en tout cas. Elle est la preuve que ce n'est pas le cas." Là ça va aller tu vas voir. Si jamais il y a un problème quelconque tu n'auras qu'à me le dire et on partira d'accord ? Mais en attendant, tu dois chercher des réponses, on doit y aller, il n'y a pas d'autre solution. Tu le sais non ? " Quand elle lève les yeux vers moi, ces derniers sont embrumé par ses larmes. Elle me regarde un instant avant d'acquiescer silencieusement, reniflement doucement et s'essuyant les yeux. Elle reste collée à moi pendant encore quelques secondes avant de s'éloigner. " Oui, tu as raison. Et nous ne partirons pas de là-bas avant la fin. Je ne sais pas si des membres de ma famille seront présent ou non, mais je ne laisserais passer aucune chance de trouver des informations. " Je lui offre un grand sourire avant de hocher la tête. La voir dans cet état, sûre d'elle et prête à affronter ses propres peurs est rare, et je compte bien en profiter un petit peu.

il nous faut marcher pendant plusieurs minutes avant que le manoir ne s'offre à notre vue. Sombre, inquiétant il se dresse au milieu de l'antre de damné comme un phare cependant, au lieu d'éclairer les lieux, de guider les voyageurs il repend ses ténèbres tout autour de lui, rendant plus épaisse et oppressante l'atmosphère déjà malsaine de l'antre des damnés. Baissant les yeux, je regarde Luxariell qui semble soudain ne plus être aussi sûre de ce qu'elle affirmait quelques minutes plus tôt. Passant ma main dans son dos, je la pousse légèrement vers les grilles du bâtiment. " C'est chez toi ici, tu ne vas quand même pas hésiter à rentrer dans ta propre demeure non ? " J'ai beau tenter de rendre mes paroles et le ton de ma voie rassurante, je sais que je ne la trompe pas. Ce manoir ne me dit rien qui vaille. Et même si je ne connais pas réellement la famille l'habitant, les rares rencontres que j'ai fait avec ses membres me suffisent pour avoir une idée assez précise de ce qui est susceptible de nous attendre à l'intérieur. Précédant Luxariell de quelques pas, nous avançons toutes deux vers les portes du manoir, traversant pour cela un luxurieux jardin. Mes pensées volent un instant vers Romulus. Le seul Eternam que je connaisse, à l'exception de Luxariell bien entendu. Je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à lui. Certes, je ne peux pas dire le connaître réellement cependant, je n'arrive pas à le voir vivre ici. Je hausse les épaules avant de me diriger avec la magicienne vers un majordome présent à l'entrée du manoir. Nous avançons jusqu'à parvenir à sa hauteur, une fois cela fait il prend quelques secondes pour nous dévisager avant d'ouvrir la bouche. " Faites-vous partie des inviter ? " La question est claire et le regard qu'il nous jette suffit pour comprendre ce qu'il pense de nous. Toujours souriante, je prends Luxa par les épaules pour la placer devant moi " Je ne sais pas si nous sommes sur la liste des inviter cependant, allez-vous refuser une Eternam dans sa propre demeure ? " Ma voie résonne toujours dans les ténèbres du lieu quand un bruit de pas se fait entendre, interrompant notre discussion.

Spoiler:

L'Antre des Damnés portait bien son triste nom, rien que de s'enfoncer à pieds dans cette terre lugubre donnait envie à Mancinia de retourner sur ses pas pour rentrer à Utopia et, ainsi, revoir la luminescence de la Capitale des Humains. Elle avait prit la route depuis quelques jours pour se rendre en ce lieu, mais rien que sentir l'humidité et le froid de cet endroit lui donnait l'impression d'attraper la mort, sans parler de ces chemins rocailleux interminables et de cette impression qu'ils avaient d'être observés par tout et par rien. Peut-être que l'âme d'un Déchu massacré lors de la Purge voulait acquérir un nouveau corps ? Ou...Non, mieux valait ne pas y penser. Pourquoi avait-elle fait cette route alors que son choix premier était de rentrer chez elle ? Et bien, la jeune femme avait obtenu un carton d'invitation de la part d'un négociant et ce, pour avoir aidé Sceptelinôst à se débarrasser d'un marché noir. Un cadeau de remerciement, en somme. Lui, il avait des choses à régler, mais il ne souhaitait pas que cette invitation soit perdue : elle venait de l'illustre Famille des Eternam et l'ont disait que leurs réceptions étaient grandioses. Illustre, illustre...A son souvenir, Mancinia n'en avait jamais entendu parler avant ce matin-là, mais elle vivait sur le Continent Naturel, cela venait sans doute de là. Sa curiosité étant piquée, elle accepta ce présent et se mit en route, avant d'avoir d'autres ennuis.

Il n'aurait plus manqué qu'un garde, qu'une armée ou qu'un truc quelconque lui tombe dessus ! Elle qui avait subie effets néfastes d'un poisson qui lui faisait dire à voix haute ses pensées, sans doute ensorcelé, mais que son antimagie n'avait su combattre. C'est vrai que face à des êtres magiques plus forts qu'elle, Mancinia n'avait pas la moindre chance de survie. Être venue dans ce lieu hostile était sans doute suicidaire, mais quiconque la croisait ne pourrait alors se douter de sa vraie nature. C'était assez contradictoire toute cette histoire. Ceci dit, la jeune femme était loin de réaliser la chose. Il était amusant d'être devenue une sorte d'héroïne aux yeux d'une population, surtout lorsqu'on n'était qu'une simple Humaine, mais cette effet ne durerait qu'un temps et son exploit serait vite oublier des habitants, mais peut-être pas de ces quatre ombres qui l'avaient observée...A n'en point douter, ils étaient des acolytes des commanditaires de la cargaison qu'elle avait détruite. Mancinia aurait craint pour sa vie si elle avait été seule, mais Kamiya était fidèlement à ses côtés, lui lançant des énigmes au hasard pour couper le silence mortel de cet endroit, ils tenaient des conversations sans queue ni tête pour se donner un peu de courage et avancer vers le lieu de la réception, le fameux Manoir planté au milieu de l'Antre des Damnés.

De ce qu'elle avait apprit des Eternam, c'était que l'illustre Famille était d'une excentricité sans nom, possédait des terres immenses, des esclaves qu'on ne savait compter et des tunnels immenses qui couraient sous terre. Des rumeurs, douteuses pour la plupart, que Mancinia avait décidée de résoudre d'elle-même. En partie, bien sûr. Comme par exemple, le nom du Maître des Lieux, qui l'avait perturbée plus que de raison ; Romulus Eternam, que l'on rencontrait si peu en raison de son caractère psychopathe. Drôle de nom, drôles d'activités. Devait-elle feindre la surprise ou s'enfuir en courant ? Car Mancinia imaginait aisément la figure que lui ferait ce Maître en la voyant débarquée à sa fête, elle, une Humaine, venue à la limite vêtue de guenilles. Il lui fallait trouver un lieu où se changer avant, mais le faire en extérieur de l'intéressait guère : elle se sentait bien trop surveillée. Après une ou deux heures de marche supplémentaires, elle finit par tomber un milieu d'un village peu animé et d'un ennui mortel. Elle réussit à trouver l'unique Auberge, près de l'entrée sud. La jeune femme observa l'enseigne, soulagée, même si elle se garda bien de le montrer. Finalement, les choses lui souriaient un peu. Prenant son air le plus méchant, elle entra dans la bâtisse, bien mieux entretenue que son extérieur le laissait supposé.

La tenancière avait un faciès amusant, car malgré sa jeunesse apparente, ses yeux reflétaient l'ennui et la suspicion extrême. Malgré la curiosité qui devait nouer son être, la politique de la maison semblait d'accord à ne poser aucune question. Silence est mère de sureté. Cette jeune femme eut une drôle de réaction lorsque sa nouvelle cliente lui demanda la direction à prendre pour le Manoir des Eternam. Comme si la peste rôdait à cet endroit. Charmant. Après s'être assuré que sa chambre ne renfermait aucun corps dans ses placards, aucune puce dans le lit ni aucun cafard dans la bassine, elle tenta de se débarrasser de la crasse de plusieurs jours de marche en pleine nature. Kamiya plongea lui aussi dans une autre bassine, tout fou-fou et se prélassa longuement malgré la froidure du liquide tandis que sa maîtresse se changea. Mancinia s'était vêtue d'une robe noire à encolure faite de dentelles et de tulle, ainsi que d'un manteau drapé noir, de bottines pointues à boucles et de pendants d'oreilles en perle. Sous sa tenue, elle conserva ses deux dagues - une à sa manche, l'autre à sa cheville. Sa tenue était un cadeau, elle aussi, de Byül cette fois, mais elle était bien heureuse d'avoir porté ce poids supplémentaire pour une soirée comme celle qui l'attendait. Et puis, elle était ravissante là-dedans, non ?

Cachant sa lance et ses affaires précieuses à plusieurs endroits de la chambre, Mancinia quitta la bâtisse discrètement, de tel sorte qu'une partie des clients la croit encore dans sa chambre. Après une bonne heure supplémentaire à errer sur les routes, au tournant d'un chemin humide, ils arrivèrent tout les deux. Quel était cet endroit lugubre ? Était-ce réellement le Manoir des Eternam ? Mancinia se retint de respirer quelques secondes tant le lieu lui semblait oppressant. Une grille en fer forgé de taille haute, bien qu'ouverte, semblait résonner comme un avertissement : quiconque ferait du remue-ménage se verrait enfermer. Éternellement ou non. Ce Romulus Eternam savait accueillir ses invités ! Maintenant qu'elle y pensait, elle venait du territoire des Réprouvés. Territoire qui ne savait supporter les Sorciers...Elle était désormais certaine que le nom de Romulus Eternam n'était pas une blague ! - même si elle savait que ce nom de famille était véridique. Coller à elle, sur son épaule, prenant la hauteur de toute sa tête, agissant comme un protecteur méfiant envers quiconque, Kamiya ne sût cacher ses doutes au creux de ses oreilles ;

— Est-ce vraiment une bonne idée ? Ce Manoir à une réputation d'abriter des Vampires et des...Sorciers.
— Ce n'est qu'un dîner.

Sa réponse était froide. Pour Mancinia, les Sorciers étaient de la pourriture qu'il fallait fourbir avec un bon savon. C'étaient des êtres qui semblaient vivre dans un monde à part des autres, là où l'évolution sociale n'existait pas. Elle les imaginait très bien procéder à des sacrifices rituels pour assouvir leur ascension sociale ou leur fortune ! ...Elle était étriquée d'esprit, parfois.

— Pourquoi tiens-tu tant à te rendre là ?
— C'est peut-être l'un des endroits où ma mère à été retenue prisonnière.

Mancinia mentirait en disant que cela ne lui avait pas traversé l'esprit à la mention du nombre d'esclaves qu'on ne saurait compter dans la demeure, même si elle savait aussi que sa mère avait surtout servit d'esclave dans un laboratoire. Et si ces Eternam avait un laboratoire souterrain et secret, hein ?

— Tu vas te venger ?
— Oui, bien sûr ! ironisa Mancinia. Une Humaine face à une centaine Sorciers, ma victoire est assurée... !

Il ne fallait pas non plus la prendre pour une idiote, elle était seulement là pour assouvir sa curiosité et peut-être répondre à quelques questions, même si elle n'en espérait pas tant. Malgré son aversion pour les Sorciers, Mancinia savait qu'elle ne serait pas obligée de discuter ou de rester en leur présence. Du moins, l'espérait-elle. Observant les alentours, la jeune femme distingua un homme vêtu de noir à l'entrée, tel un phare sombre dans les ténèbres voraces. Sans doute un Majordome. Elle s'avança dans l'allée d'un pas peu sûr, mais un peu plus confiante de croisée quelques âmes. En traversant le jardin du Manoir, elle constata la présence de très nombreuses herbes, plantes et fleurs aux couleurs multiples, bien qu'entretenu, elle avait la désagréable impression que toutes ses plantes la tueraient si elle osait les toucher. C'était une Famille de Sorciers, c'était obligé ! Il n'y avait qu'eux pour foutre les invités dans pareil décor de psychose ! Aux portes du manoir, elle vit l'homme en noir en train de discuter avec deux jeunes femmes, observant l'une d'entre elle d'un air insistant, comme pour les étudier. Si même un Majordome s'y mettait...Bon, c'est vrai qu'elles étaient plutôt adorables vues de dos, mais ce n'était pas une raison. Il la vit alors et porta son attention sur sa personne.

— Et vous, Mademoiselle, avez-vous une invitation ?

Mancinia sortit l'enveloppe de sous son manteau, cacheté et fermée, lui tendant.

— Je vous en prie.

Après l'avoir scruté minutieusement, le Majordome se détendit ;

— Tout est en ordre. Soyez la bienvenue dans la demeure de la Famille Eternam ! Passez une agréable soirée vous et votre...Ami.
— Je suis son mari.

Le Majordome sembla surprit et outré de sa propre bêtise, Mancinia conserva son masque de neutralité. Elle commençait à avoir l'habitude des dérives insolites de son ami plumé...

— Veuillez m'excusez, monsieur ! dit-il en prenant un air dramatique. ...Aaah, ces expériences magiques qui tournent mal... !
— A qui le dite vous !
— Et vous êtes... ? demanda-t-il.
— De Rohan. Alexandre et Aliette de Rohan.
— Veuillez me pardonnez de ma maladresse, messire de Rohan. Je vous en prie, entrez dans le Grand Hall. Je vous y rejoins dans un instant !

Sans en entendre plus au risque de ne plus savoir retenir son rire, Mancinia entra dans la demeure. Une fois qu'elle fût certaine de ne plus être vue, elle rit un bon coup avant de demander à Kamiya, enfouissant sa bouche dans son plumage.

— Je suis ta fidèle épouse, désormais ?
— Imagine qu'ils me prennent pour un puissant Sorcier ! Au moins, ils te laisseront tranquille s'ils découvrent que tu es une Humaine...Je dirais que tu as été ma fidèle servante durant des années et que tu m'as épousée malgré mon sort raté. Que nous nous aimions d'un amour fou et sincère. Je suis certain qu'ils vont le gober... ! Alors, ma chère Aliette, soyez prudente !
— Je vous en fait le serment, Alexandre !

A peine eut-elle le temps de rire ensemble que la porte s'ouvrit à nouveau, laissant le Majordome et les deux jeunes femmes entrés à leur suite. Puis, Mancinia décida distraitement de poser son regard ailleurs...

1800 mots

Alors que le bruit de pas raisonne dans l’air environnant, aucun de nous ne fait le moindre geste. Luxariell trop apeurée pour oser bouger ou demander quoi que ce soit, le majordome étant apparemment en train d’hésiter entre nous faire entrer ou nous claquer la porte au nez et moi, en train de le regarder dans les yeux et de le maudire sur plusieurs génération. Pourquoi faut-il que cet homme soit aussi borné ? Ne peut-il pas simplement se pousser et nous laisser entrer et profiter de la soirée. « Je vous l’ai déjà dit, mais je crois que vous avez besoin que je le répète, elle est une Eternam. C’est son droit d’entrer. Et c’est votre devoir de nous laisser passer. » De nouveau le silence prend possession de l’espace, vaguement perturbé par des bruits de voix venant de l’intérieur puis, au bout d’un certain temps. « Oui, elle est une Eternam et elle aurait normalement le droit d’entrer mais… Ce n’est pas votre cas madame. » Je manque presque de m’étouffer face à cette réflexion. Ainsi juste à cause d’un détail il ne voudrait pas me laisser entrer moi mais elle oui. Dans d’autres conditions, j’aurais pu laisser passer, laisser rentrer mon amie seule et ne pas chercher plus loin néanmoins, ici cela est impossible. Tout d’abord car il s’agit de luxa et que je ne veux pas la laisser seule ne serait-ce que dix minutes. Et ensuite parce que je suis incapable de faire ça. Il a osé me refuser l’entrée. A moi. Il est hors de question que je ferme les yeux sur son comportement. J’entrerais dans ce manoir et cela même si je dois défoncer la porte.

Et c’est ce que je suis sur le point de faire quand je suis interrompue par l’intervention d’un homme. Pendant les quelques secondes qui suivent son arrivée plus personne ne bouge ou ne dis mot, trop perturber par cet évènement. Finalement le majordome est le premier à se remettre de ses émotions et je vois un air de déception se peindre sur son visage, comme s’il sait ce qui va arriver et que cela ne lui plait pas. « Allons allons, mesdames puis-je savoir la raison de toute cette agitation. Auriez-vous un problème quelconque avec notre petite réception ? » Je soupire, cracher serait plus juste, Et regarde notre nouvel intervenant dans les yeux. « Pour avoir un problème avec la réception, il faudrait déjà que nous soyons rentrées. Et votre très cher chien de garde ne semble pas enclin à nous laisser passer. Avez-vous tous dans cette famille l’habitude de claquer la porte au nez des gens ayant oublié leurs clés ? » Mon regard passe de l’un à l’autre, une lueur de défis brillant au creux de ce dernier. Si quelques minutes plus tôt je ne ressentais qu’une pointe de curiosité à l’idée d’entrer dans ce manoir et de participer à la fête, s’en était désormais finie. Le simple fait qu’ils nous repoussent, qu’ils osent me repousser, était une raison suffisante pour que j’entre.

Un sourire amusé se peint sur les lèvres du nouvel arrivant et il reste un instant immobile, à nous regarder avant de se tourner vers le jardin, le regardant d’un œil vide comme s’il essayait de voir loin derrière. « Vous avez raison, notre comportement n’est pas vraiment correct madame, je m’en excuse et nous allons remédier à cela. Si j’ai bien compris, cette jeune femme est une Eternam n’est-ce pas ? » Sans prendre la tête de répondre je hoche la tête, ne sachant pas s’il me voit ou non le faire. Que ce soit ou pas le cas, il continue sa déclaration. « Nous allons vous faire entrer néanmoins, j’aurais un tout petit service à vous demander. Pas grand-chose n’ayez crainte, cela ne vous prendra qu’une poignée de secondes. » Nouveau soupir de ma part. Que va-t-il bien pouvoir de demander ? Je connais les hommes comme lui, extravagant et énervant au possible. Un simple service chez eux est en général un doux euphémisme et la tâche qu’il va me confier sera probablement loin d’être aussi simple et rapide que ce qu’il insinue. « Vous avez dû le voir an arrivant au manoir mais nous avons un magnifique jardin. La personne chargé de s’en occuper fait extrêmement bien son travail, je n’ai rien à redire toutefois… Elle n’aime pas que l’on touche à son jardin et elle souhaite qu’il soit exactement comme elle l’entend. » Je lève un sourcil curieux. Je pensais qu’il allait tenter d’abuser de sa position, de nous demander de réaliser une tâche impossible… et je vais devoir faire pousser des plantes ? Certes, il n’a pas finis son explication, et est toujours en train de parler, mais c’est ce qu’il va me demander, cela ne fait pas un doute.

Avec un haussement d’épaule, je me dirige vers le jardin. « D’accord, je vais le faire. Mais tout de suite après vous nous laissez entrer et jamais plus vous ne me demandez quoi que ce soit. C’est bien clair ? » « Très clair madame, je vous remercie sincèrement. Pourriez-vous faire grandir un petit peu ce chêne, en gardant le côté effrayant et attirant de la disposition de ces branches ? Ensuite, il faudrait étoffer un petit peu ce parterre ici. Et si vous pouviez faire fleurir cette fleur dans le bassin cela serait parfait. » Les mains jointes devant lui, il me regarde avec toute l’attention du monde, comme si ce que je m’apprête à faire est la chose la plus importante à ses yeux et que rien de plus beau n’est arrivé depuis plusieurs années. Tendant mon esprit vers les arbres et plantes environnante je m’attèle à la tâche qu’il m’a confiée. Très vite je modèle le jardin à sa demande et moins d’une minute plus tard, mon travail est terminé.

« Êtes-vous satisfait ? J’espère que c’est le cas car je ne changerais rien de plus. » Tout en se penchant notre hôte prend plusieurs longues secondes pour inspecter le jardin sous différents angles. « C’est parfais, je vous remercie du fond du cœur. Nathanaël, laissez passer ces deux jeunes femmes s’il vous plait. Et soyez correct avec elles je vous prie. » A contrecœur le majordome nous ouvre la porte et enfin nous pénétrons dans le manoir. Perdue dans mes pensées je ne fais pas attention ou je marche, prenant toutefois gare à où je m’est les pieds. Ce qui n’est pas le cas de Luxariell qui regarde autour d’elle avec le regard d’un enfant découvrant le monde pour la première fois. Et évidemment, ce qui arrive toujours dans ce genre de situation ne manque pas. Elle percute une femme. Baissant les yeux vers le sol, je secoue la tête dans un signe de déni avant de relever mon regard vers la jeune femme. Elle est belle et semble s’être bien préparé pour la soirée qui s’annonce. Je jette un rapide coup d’œil vers luxa avant de regarder ma tenue. J’ai de toute évidence eu une bonne idée de nous habiller proprement et non pas avec des vêtements utilisé pour le voyage.

De son côté Luxariell possède une robe légèrement ample d’un bleu couleur nuit lui tombant au niveau des genoux. Ses bras sont nus et ses cheveux volent librement autour d’elle. En guise de parure le seul bijou qu’elle porte est le pendentif dont elle ne se sépare jamais. Quant à moi, je porte une longue robe de couleur beige m’arrivant aux pieds. Les bordures de la robe sont faites de dentelles et comme pour elle mes bras sont visibles dans leur intégralité. La différence entre elle est moi vient du fait qu’en plus de cela tout le haut de mon torse est laissé nu par la robe. Mes cheveux sont ramenés en un lourd chignon au-dessus de ma tête et quelques mèches folles viennent se balader paresseusement autour de mon visage ou dans mon dos. A l’instar de Luxariell je ne porte aucun bijou si ce n’est le bracelet en cristal offert par Mircella.

« Excusez-la elle est un peu maladroite et tête en l'air. Vous n'avez rien ? » Bref instant de silence que je brise sans vraiment savoir pourquoi. Je suis venue ici dans le but d'en apprendre plus sur elle et sur les Eternam, ce n'est pas dans mon intérêt de me lier d'amitié avec les autres invité. Mais cette femme, pour une raison que j'ignore, m’intéresse. « Je ne vois pas qu’elles autres raisons pourraient vous poussez à venir ici mais… Êtes-vous venue pour la fête vous aussi ? »

Mancinia se trouvait dans un Hall d'une immensité incroyable, comme un scintillement dans les ténèbres. Ce dernier était composé d'un nombre impressionnant de tableaux de grands maîtres et d'objets anciens, tous chargés d'une histoire qu'elle adorerait découvrir. Veillant sur ses lieux, des armures de fer semblaient capables de s'animer face à un intrus malveillant, les statues de marbre aux regards austère servaient d'avertissement. Les murs de la salle sont décorés de lambris en bois de chêne, habilement exécutés avec de l'aide magique, sans mentionner le sol sur lequel reposaient ses pieds. Ce dernier était recouvert d'une très belle moquette d'un rouge bordeaux, si elle s'était baissée pour savourer le contact de ses doigts contre le tapis, elle aurait certainement ressenti sa qualité effleurer sa peau. Un grand escalier se trouvait en face de l'entrée et menait vers un étage supérieur, destiné sans doute aux invités les plus prestigieux du maître des lieux, dans le but, certainement, de les recevoir en privé et de leur permettre de passer la nuit dans cet endroit étonnant. Par tous les Aetheri, quel était cet endroit de démesure ? C'était en total divergence avec l'extérieur ! Comment le Manoir des Eternam pouvait-il, à première vue, être aussi lugubre et resplendir avec autant de magnificence à l'intérieur ?

L'Humaine avait beau se savoir chez des Sorciers, ou autres créatures maléfiques, elle n'en trouvait pas moins cette demeure surprenante. C'est avec un sourire qu'elle s'amusa à imaginer ce qu'il se produirait si elle décidait d'y mettre le feu avant la fin de la soirée... ? Sans doute serait-elle confondue vive dans la seconde qui suit et subirait le même sort. Laissant vagabonder son esprit dans le Hall, Mancinia fût ramenée dans son corps lorsqu'elle sentit alors quelque chose de grand et de lourd lui heurter le dos, elle fit deux à trois pas en avant pour éviter de trébucher. Elle discerna les mains de la « chose » se retenir à sa taille pour éviter de ne tomber sur le sol. Cette situation étrange dura quelques instants, avant qu'elle ne se rende compte que la demoiselle s'était redressée, sermonnée par celle qui l'accompagnait. Mancinia sentit les serres de Kamiya lui serrer l'épaule, sans lui faire de mal, mais en guise de conseil sur le comportement qu'elle se devait d'adopter, mais à force de vivre de mensonges lorsqu'elle quittait Utopia, la jeune femme prit un air un peu plus sévère, sans pour autant paraître en colère. Que devait-elle faire concernant cette inconnue ? Lui sourire, clore l'incident avec une parole aimable ou se mettre à la disputer comme si elle était la pire créature de ce monde ? Pouvait-elle réellement critiquer une femme qui lui rentrait dedans alors qu'elle-même était souvent maladroite ?

— Ce n'est rien, dit-elle d'un ton neutre. Soyez néanmoins plus prudente à l'avenir, Mademoiselle, ou vous risquez de vous blessez inutilement.

S'en fichant éperdument, mais devant faire comme si elle était une dame magnanime et puissante, Mancinia se mit à observer sa tenue et à réajuster sa robe, balayant des plis imaginaires, enlevant des poussières irréelles. Ces manières orgueilleuses n'allaient pas vraiment de paire avec son caractère, mais mieux valait éviter d'attirer l'attention plus que de raison au sein d'un lieu qui pouvait s'avérer bien vite hostile, voire mortel. C'est alors qu'elle reconnu les deux femmes qui lui faisait face ; c'étaient celles qui se trouvaient à l'extérieur lorsqu'elle était arrivée, celles que le Majordome ne cessait de dévisager, avant de s'occuper brièvement de son cas. Les détaillant un peu plus qu'au dehors, elle les découvrit décemment vêtues, mais abordant vaguement quelques parures, comme cela était son cas. Sans doute des voyageuses invitées à la va-vite, elles aussi. Observant celle qui l'avait bousculé, elle découvrit une ravissante demoiselle au regard violet, un peu effarouchée et désolée de l'avoir bousculer. On aurait dit une enfant dans un corps de femme, prête à s'enfuir en courant. En plus de ses paroles hautaines, l'Humaine lui accorda un sourire taquin qui eut pour effet de la faire fuir et de la faire se mettre derrière son amie, comme un bouclier de protection. C'est alors que cette autre femme prit la parole, curieuse, agaçant son fidèle Kamiya, qui s'amusa de son rôle.

— Fichtre Diable ! s'exaspéra-t-il. Les invités nous poseront-ils tous des questions aussi ridicules ? Au lieu de vous intéressés à des inepties...Je ne saurais que vous conseillez d'offrir à votre amie une jambe droite qui fonctionnerait au même titre que la gauche !
— Mon cher, vous êtes désagréable.
— Loin de moi l'idée de vous vexée, ma mie, mais s'il advenait que vous soyez blessée d'une quelconque manière, j'en tirerais deux mots au Maître des Lieux !
— Vous lui feriez exploser son Manoir, à lui aussi ? se moqua-t-elle doucereusement.
— Oh ! se mortifia le corbeau. Ce n'était qu'un malheureux accident dû à l'incompétence des magiciens qui travaillaient sur cette potion ridicule... !

Si Mancinia avait été à la place des deux inconnues, trois choix se seraient offerts à elle ; exploser de rire en les trouvant ridicules, se demander qui étaient ces deux énergumènes qui se riaient d'elles ou trouver vraiment suspect qu'un « Sorcier » soit aussi proche de quelqu'un. Sinon, elle pouvait gober l'histoire de ce couple improbable. Il était vrai que Mancinia et Kamiya n'étaient vraiment pas faits pour être un couple dans la vraie vie, d'abord à cause de leur race, mais aussi car leur lien était plus fraternel. Cependant, après avoir vécu plus d'une décennie ensemble, ils avaient plutôt bien réussis à faire la comédie aux autres. Bien entendu, une personne intelligente pourrait se douter de la supercherie. Aussi, Mancinia observa la seconde personne, celle qui faisait plus ou moins la même taille qu'elle et la défiait du regard après avoir fait fuir sa protégée. Une chose qu'elle avait rarement vue au cours de ses voyages, il faut dire qu'elle ne s'attardait pas vraiment sur les races qui leurs étaient hostiles. Était-elle réellement une possible ennemie ? Ses oreilles rallongées trahissait son appartenance à la race sylvestre, surtout vu son visage délicat et son corps de porcelaine, l'Humaine était convaincue d'avoir vu pareil physionomie chez Maude, au Lux'or. Au moins, elle n'aurait pas à supporter uniquement des races peu fréquentables. A peine l'eut-elle observée que son regard glissa dans une autre direction ; le Majordome venait d'arriver.

— Monsieur, Madame et...Mesdemoiselles, veillez me suivre, s'il vous plaît.

Un silence religieux régna et ils se mirent en route. Aux sons qu'elle entendait, Mancinia en déduisit que plusieurs invités étaient présents. Devait-elle en saluer quelques uns ou les toisés avec dédain ? En entrant dans la salle, la chose la plus marquante était évidement l'ambiance glauque qui y régnait, malgré la chaleur ambiante, le froid que dégage les invités glace les os, cet atmosphère était inquiétante en soi. Mancinia se demandait comment le maître de ces lieux pouvait y vivre sans sourciller. Elle-même avait du mal à se contenir à ne pas rire nerveusement, alors, elle s'attarda à nouveau devant la beauté du décor. La salle où se tiendrait le banquet présentait un plafond voûté et contenait des peintures murales représentant d'anciennes batailles. De grandes fenêtres suggéraient une très grande luminosité au cours de la journée, des rangées de tables bien mises, au nappes rouges pastels qui donnaient de la douceur et de la chaleur en ce lieu, mais s'en l'être trop. Il y avait des chaises de bois raffinés, munies de coussins de soie d'un rouge carmin, du bois d'une couleur irréelle, vernis et neufs. Les murs étaient décorés de moulures rectangulaires dorées, enfin, des pots aux décorations extrêmement complexes dans lequel se dressait une plante dont la fleur semblait se pavaner de sa beauté. En relevant la tête, Mancinia vit des lustres d'une rare finesse. Un faste véritable.

Et cette idée de cloisons-miroirs donnant une impression d'immensité ! Elles permettraient ainsi les danseurs de se voir sur la piste de dance lorsque les valses commenceraient. Heureusement que la précieuse Aliette avait son Alexandre devenu corbeau suite à un sort raté, cela mettrait les autres dans l'embarras de l'invitation s'ils étaient tentés. Enfin, elle n'espérait pas trop. S'observant en à la dérobée dans un des miroirs, Mancinia se trouva des plus présentables. Le Majordome leur indiqua leurs places, à elle et Kamiya, d'un geste de la main et en leur souhaitant une agréable soirée. Laissant les deux jeunes femmes, Mancinia partit en opposition de l'endroit où elles étaient, pour s'installer avec d'autres convives. Dans un sens, l'Humaine fût soulagée, elle avait l'impression que ces personnes étaient des aimants à problèmes...

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Prenant la jeune magicienne par les épaules je l'écarte de l'inconnue tout en lui jetant un regard noir. Comment peut-elle espérant une quelconque discrétion en rentrant dans la première personne venue. C'est presque un miracle qu'elle n'ai pas trouvé un moyen de percuter le majordome. Soupirant je pose de nouveau mon regard sur la femme. Réajustant sa robe elle excuse rapidement Luxariell, la jugeant du regard. Je ne sais pas ce qui a pu à un moment ou à un autre m'intéresser chez elle toute fois en cet instant précis je suis à deux doigts de trouver son attitude exécrable. Néanmoins, je ne peux pas vraiment dire que cela me surprends. Une réception est organisée en ce lieu. Et cela inclus forcement la présence d'invité. Si nous couplons cela au fait que nous sommes dans le manoir d'un sorcier il n'est pas bien dur de deviner le type de personnes présentes. Je soupire un instant en secouant la tête avant de sursauter face à une nouvelle voix.

Penchant la tête sur le côté je regarde avec un petit sourire sur les lèvres le corbeau prendre la parole. Ainsi ce volatile, ou quoi que ce soit d'autre, se permet de faire des réflexions qui le dépassent. Et sa… compagne, tout du moins c'est ce qu'elle semble être et ce qu'elle à annoncé au serviteur à l'entrée, ne se contente que de quelques plates remarques. Je ne pensais pas cela possible cependant, des les première minutes passée en ce lieu la situation est hilarante. « Je vous l'assure, je suis sincèrement désolée de ce qui vient de se passer. Je… Je… Pardon » En échos à cela la magicienne baisse la tête, les joues légèrement rosée sous l'effet de la honte. Dans un nouveau soupir je pose ma main sur la tête de la magicienne avant d'offrir un grand sourire au corbeau.  « Voyez comme elle est désolé. Je peux comprendre que cela vous désolerez de voir votre amie blessée cependant, comment voulez-vous qu'elle puisse être responsable de quoi que ce soit » De ma main libre je désigne son corps « Regardez-la. Un simple coup de vent pourrait suffire pour la faire tomber. Non, je vous assure, vous ne risquez rien venant d'elle. » Mon sourire s'agrandit alors que je plonge mon regard dans celui de sa compagne « Néanmoins, si vous voulez prévenir ou vous plaindre au maître des lieux n'hésitez pas. En revanche, je vous préviens. Dans la mesure ou ils sont membres de la même famille, il n'y a presque aucune chance qu'il fasse quoi que ce soit envers elle. » Un bluff grossier. Je ne connais pas suffisamment bien le sorcier pour pouvoir prétendre cela en revanche, en me basant sur l'expérience que j'ai eu avec lui dans le jardin du savoir il ne fait, de mon point de vue, aucun doute qu'il ne fera rien pouvant aider la magicienne. Si cela devait toute fois être le cas il s'assurerait toute-fois d'avoir quelque chose à gagner dans l'opération.

La discussions prends fin avant d'avoir réellement commencé. Peut de temps après ma petite déclaration le majordome nous rejoint afin de nous guider vers l'endroit ou se dérouleras la suite de la soirée. Avec un dernier sourire à l'égard de la jeune femme et de son compagnon, je viens me placer à ses côtés afin de suivre notre guide temporaire. Cependant, à peine l'ais-je rejoint qu'une sensation de mal-être s'empare de moi et me fait la regarder d'un œil curieux. Ainsi cette femme serait humaine. Je retiens de justesse un petit rire face à cette révélation. Pour la première fois je ressens ce que tous le monde ressentais en étant à mon contact. Je reste concentrée sur cela tout en suivant le majordome, cherchant à comprendre, à mettre des mots sur cette gêne. « Madame. M'écoutez vous maintenant ou dois-je répéter une nouvelle fois ? » Je secoue doucement la tête et prends quelques instants pour regarder la pièce et remettre de l'ordre dans mes pensées. Quand mes yeux se posent sur Luxariell elle me rassure d'un petit signe de tête avant de prendre, difficilement, la parole. « Nous… Nous devrions être en mesure de trouver ne vous inquiétez pas. Je vous remercie. » Puis, me prenant par la manche elle me guide vers ma place.

Toujours perdue dans mes pensées je me laisse guidé par Luxa sans réellement faire attention à l'endroit ou nous nous rendons. Mon esprit divague pour tourner autour de cette femme que nous venons de rencontrer. Elle n'est rien, juste une inconnue accompagnée d'un compagnon qui ferait peut-être mieux de réfléchir avant de parler cependant… Je ne parviens pas à mettre de définition sur ce que je ressens mais une sorte de pressentiment me dis de faire attention à elle. Pas dans le sens ou je devrais m'en méfier mais la regarder et faire attention à ses actions. De nouveau mes pensées sont brusquement interrompue quand par une voix. Une voix que j'ai entendue moins d'une dizaine de minutes au par avant. Baissant les yeux je la regarde avec son corbeau sur l'épaule avant de lui offrir un grand sourire tout en m'asseyant à ses côtés, Luxariell faisant de même. « il semblerait que nous soyons obligé de nous côtoyer pendant encore quelques temps. Toute fois, si cela peut vous rassurer elle est loin de vous et je suis moins maladroite qu'elle. » Sans me départir de mon sourire je la regarde dans les yeux. Quoi qu'ils puissent dire, ce n'est pas son volatile le vrai dirigeant du groupe cela se sent. « J'ignore si vous êtes enclin à partir sur de meilleurs bases mais, je vais faire comme si c'était le cas et que le petit incident de l'entrée ne c'est jamais produit. » Petit instant de silence pendant lequel j'ajuste ma tenue avant de reprendre la parole « Bonjours, enchantée de vous rencontrer, je me nomme Lumi. Je ne vous connais pas mais en tant que voisine de table j'espère que nous pourrons passer une agréable soirée ensemble. »

S'avançant dans la salle de réception d'un pas qui se voulait assuré, mais qui cachait le malaise qui s'emparait de son être, Mancinia était enchanté de sentir le poids plume de son ami ailé sur son épaule. Il était d'un réconfort certain lorsqu'elle se retrouvait renfermée dans un clapier avec des loups. Si Kamiya ne laissait planer aucun doute quant à la réussite de leur infiltration, l'Humaine était plus réservée. Un faux pas de sa part et elle n'aurait plus le temps de s'interroger pour savoir si c'était une idée lumineuse ou complètement suicidaire. Certains posaient leur regard sur sa personne sans la voir, comme si elle n'était qu'une ombre dans cette salle, d'autres étaient plus insistants, s'interrogeant sans doute sur son identité. La jeune femme n'était qu'un éclat terne en comparaison de la beauté de certaines femmes, aucun doute qu'elle n'attirait pas les regards d'envie. Dans sa situation, peut-être qu'il valait mieux être raillé que convoité, car s'ils apprenaient qu'elle était Humaine, quel serait leur réaction ? Sans doute la pulvériserait-il dans l'instant. Son antimagie n'avait pas encore été décelée, les immenses pouvoirs des autres invités devaient la protéger. Du moins pour un temps. Kamiya prit partit de leur proximité pour lui coasser délicatement dans les oreilles ;

— L'embarrassée qui t'a heurtée fait visiblement partie de cette Famille Eternam. Je me demande s'ils sont tous aussi maladroits.
— Est-ce que ça a une importance ?
— Dans la mesure où mon bec serait resté fermé, cela t'aurais fait une alliée pour discuter.

Mancinia ne répondit pas, songeuse. Elle n'avait pas tellement envie de passer son temps aux côtés de créatures maléfiques, surtout si elle risquait de se faire confondre rapidement et de se faire anéantir dans l'instant par son interlocuteur mécontent. Elle ne croyait pas un instant que cette histoire d'union avec un Sorcier du nom d'Alexandre lui sauverait la vie, surtout qu'une histoire aussi ridicule n'avait pas la moindre chance de tenir plus que quelques instants. En attendant cet instant redouté et qui ne viendrait peut-être pas, tout se passait bien. Elle était avant tout venue observer et écouter, rien de plus, voir si cela pouvait lui permettre de retrouver l'homme qui avait réduit sa mère dans cet état horrible, peut-être ? Et si, par miracle, elle le découvrait, que ferait-elle ? Si elle découvrait cet homme ici et maintenant, que ferait-elle ? Sa colère serait-elle pour grande que sa raison ? Non. Ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Mancinia s'assit sur une des chaises de velours, elle eut l'impression d'être aspirée dans un autre monde tant il était confortable et lâcha un soupir d'aise malgré elle. A ses côtés, une chaise vide et de l'autre, un homme élégamment vêtu qui se retourna dans sa direction, amusé, tandis qu'elle essayait vainement de se faire plus petite à l'écoute de la question ;

— Seriez-vous une Humaine ?
— Bien sûr que c'est une Humaine ! Un Sorcier de stature respectable ne peut-il pas épouser une créature inférieure dans le but d'avoir un héritier ?

Il y eut un blanc quant à cette dernière affirmation. Mancinia sourit, car heureusement que Kamiya démarrait au quart de tour dans certaines situations, cela ne les rendaient que plus réalistes.

— Mon cher, vous oubliez votre état.
— Ma mie, vous oubliez le vôtre !
— Quel drôle de couple vous formez. Permettez-moi de vous demander qui vous êtes, Monsieur... ?

Kamiya semblait être partit dans une grande conversation avec l'homme à ses côtés, Mancinia n'écoutait que distraitement. Avant de se rendre compte du manque de chance qu'elle avait lorsque réapparut les deux demoiselles à ses côtés. L'inconnue aux longs cheveux clairs lui fit un beau sourire, même si la jeune femme le devina de circonstance et non empreint de sincérité, son amie maladroite choisissant de se positionner sur son côté gauche, aux côtés d'une dame assez corpulente, plutôt que de se mettre près d'elle. Oui, elle allait devoir encore faire de faux-semblants toutes la soirée, un exercice accablant. Elle n'eut d'autre choix que de les voir s'installer, d'ailleurs, maintenant qu'elle l'observait de plus près, l'Humaine vit que cette femme était très belle. Presque surnaturelle. Évitant d'insister de crainte que son regard ne soit mal interpréter, elle reporta son attention sur un point invisible de la salle avant de se rendre compte qu'elle n'avait dû être aussi discrète que cela puisqu'elle entama la conversation. Mancinia l'écoutait parler, cette demoiselle souhaitait repartir sur de bonnes bases. Elle réfléchit un instant. Après tout, pourquoi pas ? Cela lui serait utile en cas de problèmes et si son amie était bien une femme de la Famille Eternam, une trêve provisoire lui serait plus bénéfique qu'une guerre d'usure.

— Enchantée de faire votre connaissance, mon nom est Aliette de Rohan. Veillons à passer une agréable soirée, Lumi.

L'Humaine se pencha un peu plus pour s'adresser directement à son amie maladroite, dont elle ignorait le nom, qui l'observait avec des yeux ronds quant à sa réaction, mais elle ne vit qu'un sourire amusé ;

— Nous ne manquerons pas de distractions, n'est-il pas ?
— Humph.

Kamiya venait de sauter de son épaule droite vers son crâne pour ensuite redescendre vers son épaule gauche, apparaissant devant Lumi. La défiant du regard, tandis que sa maîtresse leva son regard vers le plafond richement décoré.

— Vous savez, mon cher, ce n'était pas à vous qu'elle s'adressait.
— Je te trouve bien arrogante pour une ancienne esclave, Aliette.
— J'essayais humblement de t'apprendre quelques politesses.
— Vous êtes si compliquées, vous, les femmes ! Bien, bien, discuter, discuter !

Il sauta ensuite sur la table, vexé, plantant son bec dans le verre de vin qui lui était attribué. Mancinia eut un éclat de rire.

— Ne soyez pas si bougon, Alexandre.
— Humph !

Mancinia, ou Aliette, eut le réflexe de se pencher vers Lumi en continuant de rire. Sachant toute la comédie qu'ils servaient à leurs interlocuteurs, elle eut du mal à rattraper le coup et mit sa main devant sa bouche pour pouffer dedans avant de se reprendre et de dire avec douceur à sa nouvelle amie.

— Ne lui en tenez pas ombrage, vous remarquerez qu'il est d'un naturel assez…Jaloux !

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