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 Folie & Souvenirs [solo]

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Lun 16 Nov 2015 - 20:55


Ma vie au Palais de Dasha était devenue légèrement redondante.

Après ma descente sur le chemin de la Connaissance avec Raphaël – que je n’avais pas revu depuis, d’ailleurs – le Palais me laissait perplexe. Je le savais entouré de nombreux mystères, cachant dans sa monumentale ombre d’innombrables secrets. Seulement, voilà le problème : aucun d’eux ne s’était encore révélés à moi. Bon, il ne fallait pas exagérer, quand même, c’est vrai. J’avais tout de même eu la chance de rencontre les Gardiens et d’apprendre de l’un d’eux. Avec sa sagesse ancrée en mon esprit, je me sentais capable de capacités que je n’aurais jamais pensées possibles auparavant. Enfin, il est vrai que j’étais probablement ingrate en me plaignant de n’avoir rien à faire.

J’avais été très bien reçue, ici. Après mon aventure dans les dédales du Savoir, on s’était occupé de me trouver d’autres habits que la robe de soie que Raphaël avait inondée. Mon garde-robe était plein, il faut dire. Les tissus n’étaient pas d’excellente qualité – il faut dire que je n’étais qu’une invitée ici et non une noble – mais ils faisaient l’affaire. Il m’avait cependant fallu un peu de temps pour m’ajuster à cet effet de mode qui ne m’était pas très familier. En effet, les résidents du Palais semblaient trouver que une robe, pour être sensuelle, doit être la plus longue possible, afin de mouler les courbes de la jambe et de tomber en plis savants sur les pieds. Toute la difficulté (et la marque de la femme élégante) consistait évidemment à ne pas marcher dessus! Les kimonos que je portais habituellement ne me collaient non seulement pas autant à la peau, mais n’étaient pas du tout aussi long que ces robes au tissu souple.

Les gardes et le personnel m’avaient laissé garder la chambre qui m’avait été donnée à mon arrivée, si bien que j’avais à ma disposition tout ce qu’il me fallait pour subsister. Un lit, une salle de bain avec eau courante, une lampe à huile, quelques coussins, une plume et quelques rouleaux de parchemin si je désirais écrire, ainsi que de l’eau et quelques fruits frais. J’avais été royalement reçue, surtout étant donné mon statut d’anonyme voyageuse. Lavée, nourrie, blanchie. N’importe quel autre pérégrin s’en serait contenté sans demander son reste. Pourtant, je me sentais mal à l’aise de profiter de la générosité de mes hôtes sans rien avoir à leur donner en retour. J’avais bien essayé de demander, en m’inclinant bien bas, à quelques nobles s’il m’était possible de remercier le propriétaire des lieux pour sa bonté. Tous m’avaient répondu par la négative de la pointe des lèvres, ricanant en s’éloignant.

Alors, j’avais trouvé un autre moyen de payer ma dette qui grossissait de jour en jour envers mes hôtes. Chaque nuit, alors que le soleil se couchait et que les premières étoiles apparaissaient sur la voûte céleste, je me rendais dans les quartiers Nord, réservés aux Nobles, pour les divertir d’une pièce dansée. J’avais réussi à me trouver cet «emploi» grâce à une servante, Jaan, avec qui j’entretenais un rapport amical. Enfin, lorsqu’elle ne travaillait pas. La pauvre était en constante activité, des petites heures du matin jusqu’à tard dans la nuit. Ses rares moments de pause, nous les passions ensemble dans les Jardins Suspendus, à papoter tranquillement en admirant la végétation, ou encore nous nous retirions dans mes quartiers pour partager un repas. Elle m’apprenait quelques mots d’Alikir et, en échange, je lui apprenais le Niseis. Jaan avait vécu ici toute sa vie et était heureuse d’avoir de la stabilité. Même si son travail était éreintant, elle en retirait beaucoup de satisfaction. D’ailleurs, elle m’a un jour confié, après s’être excusée de sa franchise, qu’elle me trouvait paresseuse de ne pas chercher à faire quoi que ce soit au sein du Palais. Piquée au vif, je lui ai demandé ce qu’elle voulait que je fasse. «Je suis Orine», lui avais-je expliqué, «je sais divertir et émerveiller. Pas laver et essorer!» Jaan m’avait alors référée au gérant du théâtre, qui saurait mettre à profit mes talents d’«artiste».

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Lun 16 Nov 2015 - 20:59


Après m’avoir demandé ce en quoi consistait mes talents («Je sais danser,» lui avais-je répondu, «et conter des histoires»), le gérant m’avait fait passer une courte audition. Bien qu’il n’avait l’air de rien connaître en danse, il m’avait affirmé que j’étais exceptionnelle, m’avait engagée puis annoncé que je commençais le soir même. Il était probablement plus à la recherche d’un joli minois que d’un grand savoir-faire, mais cela m’importait peu. De plus, son empressement devait avoir un lien avec le grand sourire qu’il avait eu lorsque, au moment de régler le salaire, j’avais insisté pour travailler en son nom gratuitement. Ne m’y connaissant surtout qu’en danse rythmée ainsi qu’en danse traditionnelle Orine, il m’avait fallu quelques temps pour m’adapter au rythme de la musique qui emplissait le théâtre du Palais de Dasha.

J’avais été terriblement nerveuse lors de ma première performance. Je me sentais atrocement petite dans cette immense salle de réception, abritant un théâtre où tous les nobles buvaient du vin et de l’ambroisie assis en tailleur sur d’opulents coussins et tapis. Lorsque j’étais entrée en scène, ma longue robe traînant derrière moi, j’avais été extrêmement intimidée par le regard qu’ils avaient posé sur moi, avant que je ne me mette à danser. Un regard blasé, critique, indifférent, me paralysant avant que j’aie eu l’opportunité de bouger. «Encore une autre,» qu’ils avaient dû  se dire «encore une autre médiocre catin indigne de nous, croyant pouvoir nous divertir à coup de mouvements lascifs». Cependant, quelques applaudissements polis avaient accueilli mon entrée sur scène alors que je prenais la pose pour entamer ma première danse. J’étais vêtue de mon uniforme d’apparat : tunique d’une soie rouge vif ou d’un oriental safran, le tissu en était si souple, si fin qu’il en était presque transparent. Le côté droit se fendait du haut jusqu’en bas pour laisser voir au moindre mouvement ma hanche et ma cuisse. Ma tenue était en grand contraste avec celle des quelques femmes nobles présentes, richement vêtues de la tête aux pieds, cachant chastement leurs attributs sous un voile de noblesse.

Le silence s’était fait dans la salle avant que la musique commence. Mes yeux restèrent fermés durant toute la durée de ma performance, pour entamer le charme et surtout pour ne pas être confrontée tout de suite aux centaines de paires d’yeux auxquelles je m’exhibais. Puis, la musique entama ses premières notes, une douce mélodie propre à ce lieu, mettant en relation un instrument à corde et un régulier battement de tambour, résonnant au même rythme que celui de mon cœur. J’entamai la chorégraphie par quelques isolations de mes hanches, faisant bouger le long tissu écarlate sur le sol. Je le saisis alors de la main droite et, tout en faisant onduler mon basin, tournoyai sur moi-même à travers le voile que je venais de créer. J’effectuai alors un mouvement ample du poignet, le suivant avec le reste de mon corps de façon gracieuse, de façon à ce que je sois uniquement visible de profil. Puis, le rythme de tambour se fit plus rapide et je le suivis avec mes hanches, progressant d’un côté à l’autre de la salle en sautant, élançant les jambes. Puis, j’accentuai le rythme de la musique avec différents mouvements de staccato,  isolant mes hanches et mes épaules.  Enfin, mon corps effectua le reste de la danse en un mouvement sinueux, en se mouvant de manière continue, interprétant les lignes mélodiques et lyriques de la musique.

Alors que le dernier tambour résonna dans la salle, j’eus soudain peur  d’entrebâiller les paupières, effrayée de la réaction des nobles pour qui je venais de me produire – ma première performance devant des hommes, qui plus est. Pourtant, quand je me décidai à rouvrir les yeux, j’eus la surprise de découvrir ceux de presque tous ces nobles élégants et superficiels fixés sur moi avec bienveillance. Presque avec… respect? Enfin, certains possédaient une lueur lubrique dans l’œil, ce qui, malgré mon costume, m’avait tout de même étonnée. D’autres encore ne m’observaient même pas, occupés à faire la cour à quelque nymphette ou pris par une important discussion. Cependant, cette facilité à faire pencher le cœur des hommes m’éblouit. Un pas de danse, un mouvement des hanches et un sourire serait donc tout ce qu’il me fallait faire pour me trouver un Maître? J’avais fait passer sur cette fête un souffle étrange. Dès le premier soir, ces nobles du Palais de Dasha m’ont étonné presque autant que je les ai déconcerté.

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Lun 16 Nov 2015 - 21:02


Seraient-ils capables, même lorsqu’elle se présente à eux sous un aspect aussi incongru,  de reconnaître le passage de la beauté? De lui rendre l’hommage qui lui est dû, en gardant, eux qui aiment tant à parler, le silence? Même en plein milieu de ce qui était, de toute évidence, un banquet, où ils étaient venus se livrer ensemble à l’ivresse, au bavardage et au plaisir, sauraient-ils d’un seul coup se recentrer, dans la solitude que crée autour de chacun de nous cette bourrasque, pour laisser se développer en eux son fragile écho? Aucun d’eux ne vient me féliciter, ou même me parler après cette performance. Il faut dire que le contraire m’aurait étonné. Le charme avait été rompu une fois que j’étais sortie de scène, bien entendu : après tout, ils étaient des nobles qui auraient préféré la mort à une conversation avec une simple danseuse de banquet. Je danserai encore deux autres fois, cette nuit là, avant de retrouver, épuisée, le chemin de mon lit.

C’est ainsi que je passais mes nuits, désormais, à Dasha. Je dansais lors des banquets et contais des histoires de mon peuple lors des rassemblements un peu plus privés, un peu plus tranquilles. Certains me reconnaissaient, le jour venu, alors que je me reposais près de la grande fontaine des jardins suspendus ou que je me promenais dans les vergers, mais aucun ne venait me parler, bien que j’eus souvent droit à un bref hochement de tête de la part des plus dociles de mon audience régulière. Malgré l’admiration qu’ils me portaient lorsque j’étais sur scène, il ne fallait pas que je la prenne comme une marque d’intérêt véritable. Hors des quartiers Nord, je n’étais qu’une servante glorifiée, une employée comme les autres. Cela m’importait peu, cependant. Bien que ma fierté était légèrement blessée lorsque certains refusaient de m’adresser la parole, je comprenais que je n’étais pas de leur rang ni de leur caste. Originaire d’une société également hiérarchisée à l’extrême, je comprenais leurs réticences. C’est aussi pourquoi j’adorais l’expérience des banquets et des fêtes : leur essence se composait d’un moment mouvant, fluide, où se mélangent sans cesse les regards, les gestes et les sous-entendus. Un endroit où les rapports fixés entre les êtres se modifient et évoluent. Où, dans une société où tout est codifié, tout bouge dans un flux multiple : l’unique loi de ces fêtes où je suis en premier plan, c’est que ceux qui dirigent y sont dirigés.
Jaan était fière de moi et je payais tranquillement ma dette envers mon hôte invisible. Je disposais de mes journées et j’étais heureuse, quoi qu’un peu ennuyée par cette routine.

Un jour, alors que je feuilletais un roman que m’avait prêté Jaan, paresseusement assise sur le rebord de la fontaine, j’entendis une voix s’éclaircir la gorge. Levant les yeux de ma lecture, j’aperçus une très grande femme à la peau encore plus sombre que la mienne, me fixant d’un regard que je n’arrivais pas à saisir. Je reconnus immédiatement Varesh la Grande Prêtresse de Dasha. Je ne l’avais qu’entr’aperçue à travers les plantes de la serre, alors qu’elle officiait un service religieux en l’honneur de l’Aether. Jaan ne parlait d’elle qu’avec déférence et respect. Pour ma part, bien que je ne sois pas liée au culte de Dasha, j’étais au courant de la haute position qu’elle avait, ici. Je fermai donc mon livre et me mis instinctivement à genoux devant elle, effectuant une révérence que je voulais gracieuse. Peut-être avait-elle simplement voulu s’asseoir à ma place; n’empêche, aucun signe de respect n’était trop grand pour celle qui, en l’absence d’un hôte, m’adressait la parole. La femme posa sa main richement parée de pierres précieuses sur ma tête, m’intimant de me relever, ce que je fis. Je gardai par contre les yeux baissés, n’osant pas affronter son regard. Varesh se pencha vers moi et murmura ces quelques mots à mon oreille : «Avez-vous déjà songé parler à un mort?»

Un frisson parcouru mon échine. La puissance de Varesh m’écrasait et le poids de ses mots résonnait en mon esprit. Parler à un mort? Que me proposait-elle?

La prêtresse saisit mon poignet et, m’adressant un dernier sourire mystérieux, m’entraîna à sa suite. Malgré les questions que je lui adressais, elle restait obstinément muette, se contentant de se retourner de temps à autre pour s’assurer que nous n’étions pas suivis. Après avoir pris un dédale de portes et de couloirs se ressemblant tous, Varesh s’arrêta devant une porte de marbre. Nous étions dans l’aile ouest, si mon sens de l’orientation était bon. Varesh me désigna la porte d’un mouvement de tête et se mis légèrement à l’écart. Elle m’invitait à y entrer… mais pourquoi?


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Lun 16 Nov 2015 - 23:31


«Que se cache-t-il derrière cette porte, پريتريسسي ?», demandai-je, me souvenant du terme de déférence approprié que m’avait enseigné Jaan. La Prêtresse resta muette, ne faisant que me désigner la lourde porte d’un geste ample du poignet. Bon… J’imagine que je n’ai pas le choix. Je m’inclinai une nouvelle fois devant elle et pénétrai dans la pièce. J’entendis un déclic derrière moi, signe qu’on venait de verrouiller la porte de l’extérieur. Que se passait-il?

Je fis quelques pas timides en direction du centre de la pièce, tentant de deviner ce que je faisais ici. Plus j’avançais, plus je commençais à percevoir une autre forme, à l’extrémité de la pièce. «Bonjour?»  La forme eut un mouvement brusque. «N’ayez pas peur, commençai-je, je--» «Je n’ai pas peur, Aina.» Je figeai sur place. Cette voix, était-ce celle de…? La forme se retourna vivement et sortit de l’ombre pour me rejoindre au centre de la pièce. «Toi non plus, ma chérie, tu n’as plus à avoir peur.»

Le visage souriant de ma défunte Mère me faisait face.

Elle tendait les bras vers moi, m’attirant dans une étreinte chaleureuse. «Je suis là, maintenant.»

Figée de stupeur, je ne pus lui rendre son étreinte. Elle se distança de moi légèrement, puis pris mon visage entre ses mains d’un geste tout maternel. «Aina, ma fille. Comme tu m’as manqué!» Ses mains étaient froides et humides. Elle caressait doucement ma main avec son pouce, me regardant dans les yeux. Complètement sonnée, je ne parvenais pas à réagir. Elle se tenait si proche de moi que ses longues boucles noires chatouillaient mon épaule droite à travers le mince tissu dont elle était couverte. Elle posa ses lèvres sur le dessus de ma tête, me baisant le haut du front. «Eh bien? Es-tu devenue muette?» sourit-elle.

Je ne parvenais pas à comprendre ce qui se passait. Mère était morte. Je le savais, tout le monde le savait. Elle était morte afin que je puisse devenir femme. J’avais passé des mois à la pleurer, à lui parler en rêve, à adresser des prières à Deimu pour la guider vers un monde plus paisible. Je lui avais tenu la main alors qu’elle s’éteignait dans les grands Jardins de Maëlith. J’avais été témoin de son dernier soupir, j’avais recueilli ses dernières paroles au creux de mon âme. Que faisait-elle ici, à présent? Lÿlea, Mère, Maman, Mère , tant de noms pour décrire la femme qui m’avait donné la vie, par deux fois. La voir ici devant moi, se mouvant et parlant comme lors de son vivant, me causait tout un choc. Menaçant de défaillir, je dus m’accrocher à elle pour ne pas tomber dans les pommes. Elle était apparemment incapable de supporter mon poids, car nous tombèrent toutes les deux sur le carrelage impeccable, l’une dans les bras de l’autre. «Eh bien, Aina! Parle, tu commences à me faire peur.» Ses sourcils se froncèrent et elle pinça ses lèvres dans une attitude que je lui reconnaissais bien. Je tendis la main vers elle et, tentativement, lui effleurai la nuque. «Mère?»

Elle éclata de rire. Non, plutôt, elle éclata de sourire. Ses yeux se remplirent de larmes et elle posa sa main par-dessus la mienne. «Oui, Aina, c’est moi. Je suis là. Je suis là.» Je sentis une larme rouler sur ma joue et suivre la courbe de ma mâchoire. C’est Mère! C’est Mère, elle était là, c’était bien elle! Comme une petite fille, mis mes mains autour de son cou et l’enlaçai, pleurant à chaudes larmes dans le creux de sa nuque. «Mère, mère, mère!» Quel miracle! Bénie soit Varesh pour avoir produit ce miracle! Après quelques minutes où aucun son ne vint briser le silence mis à part nos sanglots, je m’écartai légèrement pour admirer les traits de ma Mère. «Par quel miracle m’as-tu été rendue?» chuchotai-je. J’attrapai une larme qui roulait toujours le long de sa joue.  «Dame Nature m’a permis de te visiter, mon enfant.» Elle passa sa main dans mes cheveux, ce qui me fit frissonner. Puis, elle me regarda droit dans les yeux et murmura «Je suis de retour, Aina.»
«Pour de bon?»

Elle soupira, visiblement mal à l’aise. Je sentis ma gorge me piquer alors que d’autres larmes commençaient à pointer le bout de leur nez. «Aina…» «Combien de temps?» l’interrompis-je. «Ce n’est pas une question de temps. Je peux rester ici aussi longtemps que je le souhaite. Seulement…» J’étais suspendue au moindre de ses mots, m’abreuvant de ses paroles. «Seulement, je dois rester dans cette pièce. C’est la seule condition.»


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Mar 17 Nov 2015 - 8:09

J’écarquillai les yeux. «Dans cette pièce? Mais… pourquoi?»

Mère me regarda d’un air paisible, poussa un soupir, puis se releva en me tenant par les mains, tant et si bien que je fus obligée de me relever avec elle, ma longue tunique bruissant derrière moi. J’eus un frisson lorsque les doigts de Mère avaient enserré mes mains, car ils étaient aussi glacés que la neige qui tombait en hiver. «Je ne sais pas. Ce sont les conditions que l’on m’a imposées.» Elle repris son sourire aussi vite qu’elle l’avait perdu. «Mais ce n’est pas grave! Tu n’as qu’à rester ici avec moi, et nous serons ensemble pour toujours!»

Rester enfermée dans cette pièce pour toujours? En serais-je capable? Cela se résumait à renoncer à ma vie avant même qu’elle aie commencée. Mais en même temps… J’étais si heureuse de revoir Mère. Quelques semaines seulement avaient passés depuis qu’elle avait joint son esprit à celui de Deimu et j’avais pensé à elle à chaque instant. Tout me faisait penser à elle. Le bruissement des feuilles me rappelait sa voix, la chaleur du soleil son sourire. Il y a quelques semaines, j’aurais tout donné pour que ma Mère me soit rendue : ma liberté, mes biens, ma vie. Et désormais, cette occasion m’appartenait. Il n’y avait plus qu’à la saisir. En plus, ce que j’avais à échanger contre la vie de ma Mère était bien simple : je ne devais que rester dans cette pièce, en sa compagnie. C’était un bien maigre prix à payer.

«Qu’allons-nous manger?» Mère sourit, prenant cette question comme un signe d’assentiment. «Ne t’inquiète pas, ma fille. On viendra s’occuper de nous comme il faudra.»

Elle essuya une dernière larme qui perlait au bout de mes cils. «Cesse de pleurer, maintenant. Discutons un peu.» J’hochai honteusement la tête et m’agenouillai sur le sol, tout en adressant une finale prière muette à Deimu pour la chance qu’elle m’avait offerte. Mèe m’imita et s’agenouilla devant moi, me souriant à pleines dents. «Bien. Maintenant, je veux tout savoir.» «Que veux-tu dire?» «Eh bien! Qu’as-tu fait depuis le jour de ton dix-septième anniversaire? Comment t’es tu retrouvée dans ce Palais?»

Et, sans me faire prier, je lui expliquai tout ce qui m’était arrivé depuis que j’étais devenue femme. Je ne sais combien de temps nous sommes restées assise, à papoter comme autrefois. Il n’y avait aucun moyen de le savoir; la pièce n’avait ni horloge, ni fenêtres. Le soleil aurait pu être bien haut dans le ciel ou la lune aurait pu commencer à gagner les cieux, il m’aurait été impossible de le savoir.

Je lui racontai ma nouvelle position au sein des Riyas, dans l’Ordre des Geishas. Je lui narrai ma rencontre avec l’homme étrange par un soir de pleine lune, sur les Terres d’Émeraude, et la frayeur que j’avais ressenti lorsque j’avais failli être enlevée et vendue à la traite d’esclaves. Mère resta silencieuse pour la plus grande partie de mon récit, ne m’interrompant que pour pousser des «Ah!» et des «Oh!» et des «Eh bien!», alors que je lui mettais la main sur mon cœur pour qu’elle sente comment parler de l’évènement me mettait en émoi. Le rouge me monta aux joues lorsque je décrivis ma rencontre avec l’homme Orine, Younes, et la façon dont je l’avais surpris alors qu’il prenait son bain. «Oui, je me souviens de Younes, avait-elle déclaré, il est à peine plus âgé que toi, non?»  Puis, je lui décrivis notre combat contre la menace qui terrorisait Maëlith et les environs et la façon dont nous avions courageusement traqué la bête. J’avais adoré lui conter cette aventure, car elle pris mes mains dans les siennes en fronçant les sourcils, inquiète pour un moment qui était déjà dans le passé. Vint alors le moment de lui raconter la manière dont j’avais pris la décision de me rendre au Palais de Dasha ainsi que la route qui m’avait mené à elle. Je lui mentionnai également ma rencontre avec Raphaël et notre aventure sur le chemin de la Connaissance, dans les dédales secrets qu’abritaient le Palais.

Enfin, je conclus en lui expliquant les circonstances exactes qui m’avaient menées à elle. «Si je n’avais pas établi une certaine « renommé », disons, dans ce Palais, en dansant pour les nobles, Varesh ne m’aurait probablement jamais guidée jusqu’à toi,» terminai-je, souriante.


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Mar 17 Nov 2015 - 8:20

Mère rayonnait. «Oh! Quelle merveilleuse épopée. Je suis si heureuse de te voir saine et sauve et, ma foi, encore plus belle qu’à l’aube de tes dix-sept ans!»

Je lui rendis son sourire et serrai sa main. «Et toi, Mère? Comment – comment as-tu réussi à revenir ici? Je veux dire, ton parcours a dû être plus fascinant que le mien…»

Sans cesser de sourire, Mère répondit d’une voix douce, mais ferme : «C’est une histoire pour un autre jour, d’accord, Aina?»

Je ne pus m’empêcher d’insister. «Mais, Mère… Ne sens-tu pas que cette situation est un peu comme… tricher?»

Ses yeux s’élargirent et elle me regarda, choquée. «Qu’essaies-tu de dire, Aina?»
Consciente de mon erreur, je tentai de faire marche arrière. «Rien, rien, Mère. Pardonne-moi.» «Aina, soupira Mère, tu sais que je déteste lorsque tu ne finis pas ta pensée. Fias-moi part de ce qui te tracasse, ma fille.»

Je pris une grande inspiration, fermai les yeux, puis tentai de formuler à voix haute les pensées qui me trottaient en tête. «Mère, je suis plus que reconnaissante que tu sois de retour, c’est vrai. Mais… Tu m’as expliqué de nombreuses fois qu’on ne devait pas faire fi du  cycle de la vie, car Deimu l’avait créé pour une raison. Pourquoi ce changement de pensée, désormais?»

«Hm. Je vois.» Elle sembla pensive, puis repris son sourire. «Gardons cette discussion pour un autre jour, veux-tu?» J’hochai la tête, redevenue une petite fille obéissante. «Oui, Mère.» Son sourire s’élargit. «Bien, bien. Maintenant, dit-elle en tapant dans ses mains, danse pour moi!» Je fronçai les sourcils. «Plaît-il?» «Eh bien, danse pour moi, ma fille! Je veux savoir combien ta nouvelle... erhm… profession t’a aidé à faire évoluer tes dons. »  Elle se recula, se cachant dans l’ombre, de façon à ce que je sois désormais seule au centre de la pièce. «Allez!» Elle battit des mains, «le monde entier est ta scène!»

Je gloussai avant de me mettre en position. «Très bien, très bien! Me voici.»

J’imaginai la musique commencer. Le premier coup de tambour, les premières notes de flûtes. Puis, j’entrai en scène, les bras tendus devant moi, les mains ouvertes de façon à représenter un éventail. Mon visage se voulait neutre, mais il m’était impossible de ne pas sourire. Pour être franche, j’effectuai la danse dans un si grand tourbillon d’émotions que je ne savais pas trop quels mouvements j’effectuais. Le corps prenait le dessus dans ces moments où la raison était absente; je dus lever les bras, fléchir les genoux et effectuer la danse comme je l’avais déjà dansée mille fois. Je fus cependant ébahie par la fluidité avec laquelle mes bras se mouvaient. Ils bougeaient avec élégance, avec grâce, comme mus par une volonté propre. Enfin, je cessai d’entendre la musique imaginaire résonner dans mon esprit et m’arrêtai de danser. Je m’inclinai sur le sol pour remercier Mère de m’avoir regardée alors qu’elle applaudissait, toujours tapie dans l’ombre. «C’était magnifique, Aina!» Était-ce l’émotion qui rendait sa voix si grave? Satisfaite de mon petit effet, je ne pus m’empêcher d’en rajouter.

«L’as-tu reconnue?» demandai-je, une lueur espiègle miroitant dans mon iris. «Si je l’ai reconnue…?» «C’est la danse que je t’ai dédiée, lors de ton anniversaire, l’année dernière.» Un peu déçue, je poursuivis, « La danse des Cerisiers» Un moment de silence s’écoula avant que Mère ne s’exclame «Ah! Oui, oui, bien sûr. Pardonne-moi, je suis un peu dans les vapes. Bien sûr que je l’ai reconnue, chérie.» Satisfaite, je m’avançai vers elle, écartant mes cheveux de mon visage. «Ce n’est pas grave. Maintenant, et si tu chantais pour moi?»

Mère eut un rire nerveux avant de déglutir. «Chanter?» «Mmmh,»me contentai-je de faire, toujours joueuse. «Ou dois-je te supplier?» Mère éclata de nouveau d’un rire étrange, avant de répondre «Tu sais, je suis un peu diva. Il va falloir me le demander plus gentiment que cela.» Jouant le jeu, je m’inclinai bien bas devant Mère. «Oh, Mère! Oh, Divine Lÿlea, à la voix et aux boucles d’Or! Sirène de Maëlith, cantatrice bénie des Aetheri! Voudriez-vous me partager vos infinis talents, bien que je n’en sois pas digne?»

Mère émit un son qui ressemblait à un claquement de langue. «Tu vas devoir faire mieux que ça,» rit-elle.

«Muse du Chant! Déesse de la Musique! Enfant choyée de Deimu! Vos dons n’ont que votre beauté pour égal! Faites vibrer vos cordes vocales pour moi, Enchanteresse de la Chanson!»

Mère gloussa. «Enchanteresse de la Chanson, répéta-t-elle, alors ça, ça pourrait marcher!»



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Mar 17 Nov 2015 - 22:23

Mon rire se joint au sien. «Allez, Mère! Ce jeu me fatigue. Chante pour moi!»

Elle soupira et finit par céder. «Bien, bien. Mais uniquement si tu m’accompagnes de par ta danse.» «Marché conclu!,» m’écriai-je, me relevant aussitôt. Nous nous étions adonnées à ce petit jeu d’innombrables fois durant ma jeunesse. Mère était dotée d’une voix de soprano mélodieuse. C’était d’ailleurs ainsi qu’elle avait rencontré son Maître, mon défunt père Ednör. Il était tombé en amour avec les notes qui prenaient vie une fois articulées par la voix dorée de ma Mère. Il était impossible de rester indifférent lorsqu’elle se mettait à chanter. Attendant qu’elle pousse sa première note, je croisai les bras.

«Bon, bon, bon… Une mélodie… Laisse-moi penser…»

Je plissai les yeux dans un effort de lire son visage. Sans succès; elle était toujours invisible dans la pénombre.

«Pourquoi pas la comptine du Chemin Fleuri? J’ai toujours adoré cette chanson. »

Mère garda le silence pendant un moment, avant de me demander, d’une voix blanche : «Quoi?»

« La comptine du Chemin Fleuri , articulai-je, tu sais, la mignonne chansonnette que tu me chantais pour m’endormir, lorsque j’étais enfant.»

Mal à l’aise, je bougeai d’une jambe à l’autre. Mère ne semblait pas vouloir répondre. Pourquoi était-elle soudainement si nerveuse? Peut-être n’avait-elle tout simplement pas envie de chanter. Il est vrai que je l’avais un peu forcée… Cependant, comment aurais-je pu le savoir? De son vivant, chanter lui apportait toujours tant de bonheur. Elle m’avait même un jour confié que, dans les moments les plus tristes de son existence, bien avant ma naissance, le chant avait été la seule chose l’ayant encore rattaché à la vie. Je trouvais donc bien naturel qu’elle étrenne cette nouvelle chance d’exister en poussant quelques notes. Enfin. Peut-être m’étais-je trompée… J’étais sur le point de lui déclarer d’oublier ça lorsqu’elle brisa le silence inconfortable s’étant installé. «Je sais! Allons-y, Aina. Commence à danser.»

Tout sourire, j’allongeai les bras et commençai à onduler les hanches. Peu importe la mélodie qu’elle choisirais, je saurais m’y adapter.  Mère s’éclaircit la gorge et commença à chanter.

«Aina, écoute-moi
Fille, regarde-moi
»

Je pouvais entendre le sourire poindre à travers ses mots alors que je continuais de bouger tranquillement. Sa voix n’était pas la même que d’habitude, mais je lui laissais le temps de trouver son rythme. Après tout, elle n’avait qu’à peine entamé la chanson.

«Devenue femme naïve et belle
Mon amour pour toi est éternel
»

Je commençai à tournoyer sur moi-même, sur la pointe des pieds. La voix de Mère était chancelante, hésitante, comme si elle n’arrivait pas à trouver la note juste.

«Naïve et belle, oh ça tu l’es…
C’est vrai en toi, rien n’es mauvais.
»

Sa voix prenait de plus en plus un timbre différent, grave, inquiétant, même. Saisie d’un pressentiment, je cessai mes mouvements et fronçai les sourcils dans la direction de Mère.

«Je n’aurais pas cru te berner si longtemps
Ta Mère chérie n’est plus maintenant…
»

«Mère, l’interrompis-je, que se passe-t-il?»

Sa voix discordante continua, se transformant à chaque mot en un son dissonant, faux.

«Délicieuse jeune fille, trouve ta voie
Sinon tu risques de finir… comme moi!
»

La voix avait crié ce dernier mot. Je sursautai, ne m’attendant pas à un tel accès de colère. La voix se mit à ricaner doucement. Me rendant compte que quelque chose n’allait pas, je murmurai «Je veux sortir d’ici.» La voix se mit à rire de plus en plus fort pendant plusieurs minutes, minutes au cours desquelles je demeurai figée, incapable de bouger. «Mais non, chérie… Reste donc ici avec Mère!» déclara moqueusement une voix qui n’était définitivement pas celle de Mère. Furieuse et confuse, je serrai les poings. «Montrez-vous! Lâche!»

La voix se tut puis, un sourire pointant dans ses mots, déclara «Comme tu le souhaites…»

Un mouvement se fit, dans l’ombre. Puis, une tête en émergea, ainsi que tout un corps. L’être se trouvant devant moi était grand, immense, même, et très mince. Tout de blanc vêtu, je ne pouvais apercevoir que sa bouche, brisée en un rictus narquois qui déformait son visage. Ses yeux étaient voilés de blanc, l’iris invisible au centre de l’œil. Un spectre!

«Alors, Aina, se moqua sa voix en s’avançant vers moi, tu ne viens pas embrasser ta mère?»

Je reculai, effarée, alors que le monstre s’approchait tranquillement de moi, une lueur effrayante dans l’œil. «Allez vous-en! Je n’ai… Je n’ai pas peur de vous!»

«Idiote! Croyais-tu réellement qu’un tel exploit serait possible? Ramener un mort à la vie…» Il émit un rire qui ressemblait plutôt à une quinte de toux. «Pathétique!»

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Mar 17 Nov 2015 - 22:30

«Laissez-moi sortir!» Je me mis à frapper de toutes mes forces sur la porte de marbre qui m’avait emprisonnée ici. «Ouvrez-moi la porte! Ouvrez, je vous en supplie!»

Le monstre blanc grogna derrière moi, plus éclata d’un rire hostile et sardonique. «Personne ne t’entends, malheureuse!» Je l’ignorai, continuant de tambouriner sur la porte. «Au secours! À l’aide! À moi!» Je sentis les mains froides du monstre se plaquer contre mes épaules et me projeter au sol. «TAIS-TOI!»

Je glapis alors que mon corps heurta la froide mosaïque qui composait les tuiles. Un courant d’air froid passa sur ma jambe droite, m’indiquant qu’elle était exposée. Je la repliai sous la gauche en frissonnant. Mes cheveux dissimulaient mon visage, tombant en broussailles devant mes yeux. Je n’osais pas les écarter, car j’étais bien trop terrifiée pour regarder en face le monstre qui rôdait toujours dans la pièce. Je l’entendis pousser un soupir. «Quel gâchis» dit-il de sa voix discordante.

Il resta silencieux un long moment, moment où je ne perçus que sa respiration bruyante et les propres battements de mon cœur. Comme un animal blessé, je n’arrivais pas à me motiver à bouger. Me mettre sur pieds semblait insurmontable avant d’avoir mis les choses en ordre dans ma tête. Sa voix déformée m’empêcha d’en faire l’effort. «Vraiment, je suis désolé…» Mes sanglots redoublèrent d’ardeur. «Tu es la plus belle créature qu’il m’aie été donné de côtoyer, Aina.» Sa voix était redevenue douce, mais j’étais toujours terrifiée. Je sentis une bouffée d’air parcourir mon visage et je réalisai que la créature se tenait beaucoup plus près de moi que je ne le pensais. Il devait être accroupi juste à côté de mon visage. Quelques secondes après, mon hypothèse fut confirmée, puisqu’il saisit quelques-unes des mèches broussailleuses masquant mon visage et les plaça derrière mon oreille droite, exposant mes traits. Je m’efforçai de rester parfaitement immobile durant la durée de son geste, qui m’avait tout de même surpris par leur douceur. Je ne pus cependant m’empêcher de frissonner lorsque son index gelé entra, par mégarde, en contact avec la peau sensible juste sous mon oreille.

«Crois-moi, dit le monstre après un moment de silence, je ne fais pas ceci de gaieté de cœur.» Une pause, puis «Enfin si, au début. Mais plus maintenant.» Des larmes s’agglomérèrent sous mes yeux et je parvins à articuler, haletante : «S’il vous plaît, laissez-moi sortir…» Je me trouvais si faible, si pathétique. Comment pouvais-je ne pas posséder de moyens de défense?

Il se pencha alors brusquement vers mon oreille et murmura «Je ne peux te laisser partir que lorsque tu accepteras, Aina.» Il pris soudainement mon menton entre ses mains et me força à le regarder. «Je ne suis ni ta mère, ni ton ami. Accepte son départ.» J’étais terrifiée en l’apercevant. Sa peau était d’ivoire et seuls ses blancs d’yeux étaient visibles. Il n’avait tout simplement pas d’iris! Quelle était cette apparition, ce démon vêtu de blanc? Qu’avais-je fait pour mériter ce sort? «Tu m’entends?» Tétanisée, j’hochai la tête tranquillement, n’osant pas détourner les yeux de son visage d’horreur.

Il poussa un soupir. «Ce n’est pas mon genre de m’en prendre à des demoiselles sans défense.» Il se releva, les mains derrière son dos, ne détachant pas son regard de moi. «Mais tu as un sérieux besoin d’aide. Peut-être mon apparition suffira-t-elle à t’éveiller?» Il ricana. «Tu peux bien prier à « Deimu », comme tu dis, ou à n’importe quel Aetheri dont tu penses avoir reçu la bénédiction. Tu dois apprendre par toi-même, personne ne peux te guider, désormais.» Il détourna soudainement les yeux. «Couvre-toi.» Je m’aperçus que ma robe m’avait découverte jusqu’en haut de la cuisse et que la manche avait glissé, exposant mon épaule ainsi que le début de ma clavicule. J’arrangeai précipitamment ma robe, puis déglutis.

«Bien. Je vais ouvrir la porte, maintenant. Ce jeu ne m’amuse plus. Je prends pitié.» Il rajouta, plus bas, «Pour la première fois.» Il retourna à l’endroit où il était tapi lorsque j’étais entrée, adossé au mur Ouest, caché dans l’ombre. La porte s’ouvrit à la volée, et je me relevai à toute vitesse pour la traverser.

Alors que je courrai à l’extérieur de la pièce, mes pas résonnant dans le couloir, j’entendis la voix du monstre résonner derrière moi «Oublie ta mère, Orine! Elle ne te sera jamais rendue.» À travers mes sanglots, j’entendis la lourde porte se refermer derrière moi.

Elle ne me sera jamais rendue.


¶FIN¶

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