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 [Q] - Folie n'est pas déraison mais sanglante lucidité | Solo

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Mar 28 Juil 2020, 15:02


Folie n'est pas déraison mais sanglante lucidité



Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Mission de niveau - Apprendre à supporter sa condition de Vampire / Lors de son voyage à Stenfek avec sa mère, Orion ne parvient pas à trouver le sommeil pendant une journée. Le voici face à ses ténèbres.

+++++

En journée, Stenfek était en ébullition, bruyante et fourmillante d'activité. C'était aussi le moment où Orion devait essayer de trouver le sommeil. Les fenêtres avaient été calfeutrées, volets fermés et plusieurs couches de lourds rideaux installés pour ne laisser filtrer aucun rayon de soleil. S'endormir était tour simplement impossible. Le bruit du dehors et la Soif étaient trop intenses. Orion tournait et se retournait dans son lit sans parvenir à trouver la bonne position. La cocktail de fatigue et de faim le mettait toujours d'une humeur affreuse. Dans ses moments-là il ne valait mieux pas l'approcher, même si la plupart du temps il se contentait simplement d'aller bouder dans sa chambre. Le jeune vampire ne pouvait pas se permettre de faire des histoires ou de se faire remarquer dans une ville en dehors du territoire vampire. Ils étaient invités ici et avaient depuis peu le droit de passage sur les terres réprouvées... Mais tous ces privilèges seraient certainement retirés si Orion versait le sang ici... Du coup il devait se contenter de ronchonner dans son lit ou bien de martyriser ses nouveaux souffres-douleurs esclaves. Ces démons de bas niveau brisés et réduits en esclavage par les sorciers faisaient de bons sacs à sang sur pattes mais aussi des vermines sur lesquelles on pouvait passer ses nerfs.
Ces cafards avaient appris à craindre leur maître lorsqu'il était de méchante humeur, et soupiraient de soulagement quand il était levé du meilleur pied. Orion était devenu extrêmement lunatique depuis sa transformation et était régulièrement sujet à des sautes d'humeur. Les émotions n'étaient plus qu'un maelstrom hurlant dans son esprit.  
A ce stade, le vampire avait laissé tomber l'idée d'arriver à s'endormir. Glisser et s'enrouler dans les draps tel un serpent n'y ferait rien... Il aboya en direction de la porte.

« Larbin... LARBIN ! » La porte s'ouvrit quelques secondes après et un démon esclave entra. Orion ayant décidé que se retrouver avec les noms de ses 20 esclaves était insupportable, il leur avait donné de nouveaux noms très gentils et valorisants... Larbin et ses deux compères Larbin n°2 et Larbin n°3 faisaient déjà parti du haut du panier parmi les serviteurs d'Orion. Très certainement qu'ils étaient les moins médiocres de la bande dans leur ancienne vie... Ainsi le vampire se servait des trois Larbins comme d'un majordome accompagné de deux valets de pied. Ils étaient un peu moins maltraités que le reste de la racaille. Les trois Larbin étaient affublés d'une redingote de domestique miteuse.  

« Fais venir Juteux et Moelleuse immédiatement ! Ah et aussi cette salope de Putride j'ai une mission pour elle aussi... » « Oui Maître... » répondit le majordome en s'inclinant et en refermant la porte aussitôt.

Orion sortit de son lit en un saut qui se voulait gracieux. Il était nu et sa peau était d'une blancheur sépulcrale à la lueur de la bougie. D'un coup sec, il tira les draps brodés hors du lit pour s'en faire comme une longue toge qui traînait derrière lui quand il marchait. Le vampire soupirait d'ennui lorsque son regard se tourna vers le petit bureau de sa chambre. Tiens il pourrait en profiter pour répondre au sorcier qui avait organisé la Coupe des Nations à Amestris. Si Orion n'avait pas répondu avant, c'était parce qu'il perdait lentement la notion du temps. Les nuits se ressemblaient toutes, les saisons passaient... Le jeune garçon se sentait de plus en plus déconnecté de tout cela. Après tout pourquoi s'en soucier ? C'était une sensation à la fois déstabilisante mais aussi rassurante par moments. L'ignorance était une joie parfois, elle laissait l'esprit libre de penser à autre chose... à divaguer...
Le vampire attrapa la plume et écrivit au sang comme à son habitude désormais.  

A l'attention de l'Empereur Noir,

Tout d'abord je vous adresse mes félicitations quant à votre récente accession au titre impérial des Sorciers. Je souhaitais également vous remercier pour vos présents qui me donnent entière satisfaction.

J'ai pris connaissance de votre message et sachez que je comprends tout à fait votre souhait de reporter notre collaboration à un moment ultérieur, lorsque j'aurai le plein contrôle de ma nature vampirique.
Je me permettrai de reprendre contact avec vous lorsque j'aurai atteint le rang de Sëhnvors.

Respectueuses salutations,


Orion Nevrakis



Ce sorcier désormais Empereur Noir pouvait certainement le pulvériser d'un claquement de doigts, donc mieux valait faire profil bas et rester dans ses bonnes grâces... Orion scella la lettre avec un sceau de cire. Juteux, Moelleuse et Putride était arrivés sur ces entrefaites. Comme à son habitude, Putride la démone voulut l'ouvrir alors qu'il était encore concentré sur son écriture mais le jeune vampire la fit taire d'un geste dédaigneux de la main. Il se tourna ensuite vers eux.

« Putride je te donne cette missive, va la remettre à ma mère en lui disant que c'est ma réponse à Elias. Elle sera contente que je fasse preuve de courtoisie (pour une fois) et la fera envoyer à Amestris. » Orion lui débita son ordre du bout des lèvres et en ne regardant même pas dans sa direction. Il lui tendit la lettre. « Je ne sais pas où est...  »

« Tu ne sais pas quoi sombre conne ?? Où se trouve ma mère ? Tu souhaites que je le fasse à ta place peut-être ? CHERCHE ! Je sais pas ma mère est peut-être dans l'immonde fosse à insectes qui te sert de chatte ? » Lorsque la démone commença à baisser la tête pour regarder en direction de son entrejambe, Orion explosa en lui jetant la lettre à la figure. « HORS DE MA VUE ! » Putride s'enfuit, lettre à la main. Orion retomba accablé sur son fauteuil.

« Vous nous avez fait mander Maître ? » susurra Juteux d'une petite voix. Orion avait sélectionné parmi ses esclaves ceux qui avaient un sang de meilleure qualité pour devenir ses gardes manger. Ils n'avaient pas grand chose à faire de leur journée si ce n'est d'être toujours disponibles pour rassasier le jeune vampire. Juteux et Moelleuse étaient également au passage les moins dégueulasses physiquement.
Voir ces créatures prêtes à s'offrir à lui décupla l'envie de sang d'Orion et en un éclair il poussa Juteux sur le lit et le mordit avec avidité. Il avait tellement soif, toujours soif... Le sang de démon avait un goût sensiblement différent que celui des animaux mais qu'importe. Ce sang là était même meilleur. Dans une autre vie, Orion aurait peut-être pu être attiré par le physique de jeune éphèbe du démon. Mais désormais c'était juste une proie à la peau particulièrement soyeuse et à l'hémoglobine si délectable. Juteux gémissait de plaisir sous la morsure et son corps était parcouru de frissons.
Orion mordit plusieurs fois, pas seulement au cou. Il aimait aussi mordre au poignet ou à l’aine. Vint ensuite le moment critique où il sentait la proie défaillir... Le plus difficile était de s'arrêter avant de tuer la personne en la vidant de son sang. C'est pour cela que le deuxième sac de sang était là à proximité. Rassemblant toute sa volonté, le vampire se retira à grand peine de sa victime. Juteux, au bord du malaise, se laissa glisser par terre, les morsures telles des fleurs rouges sur sa peau. Moelleuse prit immédiatement la place pour qu'Orion puisse continuer à s'alimenter. Cette sensation de perte de contrôle était assez terrifiante, le vampire ne parvenait à reprendre ses esprits qu'après avoir presque vidé deux démons...

Le temps passa... Juteux et Moelleuse reprenaient peu à peu leurs esprits tandis que leur maître s'admirait dans le psyché au coin de la pièce. Ou plutôt contemplait son non reflet dans le miroir. Les draps sur son corps nu semblaient comme flotter dans les airs si l'on en croyait le reflet. Le sang qui glissait le long de son menton et sur son torse paraissait être des perles rouges en lévitation. Il n'était rien, lui disait le miroir. Juste une présence invisible. Même sa vie d'avant semblait de plus en plus irréelle, comme tout droit sortie d'un rêve. Quel genre de garçon était-il auparavant ? Au fond de lui, il sentait qu'il était différent. Sa personnalité avait changé. Ou bien avait-il toujours eu ça en lui quelque part, la transformation ne faisant que ressortir les ténèbres de l'âme ? Une part de lui hurlait "Monstre ! Monstre !" quand l'autre prenait carrément son pied en succombant à de nouvelles pulsions prédatrices. Le soleil lui manquait aussi terriblement, en fermant les yeux il pouvait se remémorer les caresses chaudes de ses rayons sur la peau... la beauté des paysages ensoleillés... Le vampire prenait maintenant un malin plaisir à renvoyer sur ses esclaves toute sa frustration et sa colère. Mais être rassasié le mettait déjà de meilleure humeur, pour quelques heures maximum...
Ne plus pouvoir regarder son reflet était tout de même étrange, c'était comme si le vampire perdait une part de son identité au passage. Orion se demanda s'il devait faire comme sa mère : se payer les services d'un artiste peintre afin qu'il glorifie sur une toile une beauté qui ne flétrirait plus jamais ?

Moelleuse vint rejoindre Orion devant le miroir. Son reflet apparut auprès de son maître qui lui demeurait invisible. « Que regardez-vous Maître ? » Le jeune vampire eut un léger haussement de sourcils face à cette question. Il pensait que leur conditionnement détruirait toute trace de curiosité ou de réflexion chez ces damnés. Mais il était toujours possible d'être surpris. Orion réalisa aussi que depuis tout à l'heure il était en train de sucer ses doigts pleins de sang et de se lécher les lèvres dans l'espoir de tout récupérer. Il ne fallait pas en gaspiller, pas une seule goutte. C'était très important, il ne pouvait pas s'en empêcher.
Orion décida d'ignorer sa question et de lui donner un ordre en retour : « Dis moi plutôt ce que toi tu vois Moelleuse. » La démone parut décontenancée. « Euuuh je vois mon reflet et aussi vos draps qui flottent ! Hihihi vous êtes invisibles dans le miroir. » Orion grimaça, l'air contrit. « Est-ce que tu me trouves beau ? » L'esclave lui répondit du tac au tac « Oui vous êtes très beau Maître ! » Mais Orion ne la croyait pas, ou plutôt il ne voulait pas la croire. « Est-ce la vérité ou bien ton conditionnement qui te fait parler ainsi ? » « Euuh ben je dis ce qui pourrais vous faire plaisir. »

Orion ricana nerveusement. Comment pouvait-il attendre de l'honnêteté de la part de ceux qui étaient maintenant forcé de le servir et se plier à ses désirs. Ce n'était pas la vérité. Il n'était pas beau. Il était un monstre sanguinaire, il était un prédateur. Le miroir ne refléta pas l'étincelle d'obscurité qui revint dans les yeux du jeune vampire. Pris d'un accès de violence soudain, il envoya un coup de poing au miroir qui se brisa en mille morceaux. Moelleuse sursauta.
D'intenses émotions produisait en lui d'autres effets, Orion se surprit presque à se déplacer extrêmement rapidement dans toute la pièce pendant quelques secondes. Son pouvoir de vitesse surnaturelle qui était apparu à sa transformation et qu'il ne maitrisait pas encore se manifestait parfois sans prévenir. Sa course s'arrêta très vite quand le jeune garçon se prit un mur en pleine tête, le faisant tomber dans les amoncellement de draps qui formaient sa toge/robe de chambre improvisée. Les esclaves étaient désemparés et surpris, ne sachant pas comment réagir quand il ne recevaient pas d'ordres directs.
Orion s'assit par terre, prostré, la tête dans ses mains. Les larmes vinrent d'elles mêmes, et ces premiers sanglots faisaient rejaillir son âge véritable lorsque le temps s'était arrêté pour lui. Il n'avait rarement fait aussi juvénile. Il n'était qu'un jeune garçon que le destin avait transformé.

« Allez-vous en ! Partez tous les deux, je veux être seul s'il vous plait... » sanglota t-il avec une politesse peu commune chez lui. Une politesse qu'il avait avant sa transformation. Juteux et Moelleuse s'en allèrent. Il était seul avec ses pensées dans un océan de bouleversements dans son existence.

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