Tout pour tes yeux

Kohei n’avait plus quitté Drosera depuis tout ce qu’il s’y était passé. Depuis cette pseudo fête qui avait vite viré au carnage et qui avait tué des centaines de gens, dont les siens. Kohei n’arrêtait pas de se le dire. C’était un événement qui lui revenait à l’esprit bien trop souvent. Et aucunes réponses n’avaient été apportées à ses questions. Pourquoi ? Dans quel but ? Comment ? Tout restait en suspense, et cela avait le don de l’exaspérer au plus haut point. Shi le voyait cogiter depuis plusieurs jours. Il avait l’appétit coupé, ne sortait plus de la ville, et n’interagissait plus beaucoup avec les autres. Il se prenait trop la tête, beaucoup trop. Un tel massacre l’avait laissé de marbre, non pas parce qu’il avait vu des morts – tout le monde s’accordait bien à dire qu’au contraire ce genre de vision lui plaisait – mais bien parce qu’il s’agissait de son peuple et que des étrangers n’ayant rien à faire chez eux avaient provoqué tout ça. Kohei ne pouvait plus voir qui que ce soit n’étant pas un Alfar. Seuls Shi et Art étaient les exceptions à la règle. Mais cela attristait la petite Fae. Tout simplement parce qu’ils ne voyageaient donc plus et que c’était de cela que leur train-train quotidien était alimenté. Et puis… il y avait son peuple à elle aussi qu’elle rêvait de revoir… Ne serait-ce que quelques jours. Vivre cloitré à Drosera n’était vraiment pas fait pour elle, et Kohei se devait de le reconnaître. Mais comment lui dire qu’elle voulait aller au Cascades Cristallines ?

Sauf qu’elle n’était pas du genre à passer par quatre chemins. Si Shi voulait quelque chose, elle l’aurait. Surtout si elle y portait toute sa conviction. Et puis… Jamais Kohei ne la laisserait partir quelque part toute seule. Des menaces, elle en avait à la pelle. « Dis Kohei, t’aime beaucoup Drosera ? » Quelle question stupide. Il ne daigna même pas lui répondre. Shi eu un rire, celui qu’elle avait l’habitude d’esclaffer quand elle se moquait de lui. « Je peux savoir pourquoi tu me demande ça ? » Finalement, son rire l’avait fait céder. « Rien, je pensais juste aux Cascades Cristallines… Dis, tu veux bien m’y em- » – « Shi… » Sa manière de lui dire non l’insupporta. Il ne voulait pas paraitre méchant en la rejetant d’un non ferme, mais il lui avait quand même coupé la parole. « Kohei… Tu sais, toi t’as envie de rester à Drosera pour les Alfars, et je le conçois parfaitement puisque moi-même j’ai bien envie de voir les Faes. Alors pourquoi toi tu pourrais pas comprendre que je veux aussi voir les miens ? Tu sais très bien ce que ça doit me faire. Et puis je trouve ça stupide que tu ne veuilles plus voyager à cause de tout ce qu’il s’est passé. T’est pas du genre à être un traumatisé hein. »

La Fae l’exaspérait. Bien sûr que Kohei concevait ses volontés, mais il n’arrivait pas à se résoudre à voir un autre air que celui de sa cité brumeuse. Mais Shi insistait. Cette petite fille avait la langue bien pendue et avait le don de rapidement lui taper sur le système lorsqu’elle voulait vraiment quelque chose. « Ce n’est pas que je refuse de t’emmener là-bas, mais en ce moment, c’est pas possible pour moi. » Il n’avait pas la motivation pour se bouger. Alors Shi craqua. « Bon. Alors j’y vais seule. » Les sourcils froncés, le regard dure elle embarqua quelques affaires dans un vol si rapide qu’il laissa Kohei dubitatif, et enfourchant un minuscule sac elle s’apprêta à franchir le seuil de la porte quand l’Alfar l’arrêta d’un haussement de ton. Elle se retourna, le sourire aux lèvres. « Alors finalement tu viens avec moi ? » Il savait qu’elle partirait quoi qu’il arrive. Mais il ne le voulait pas. Dans le meilleur des cas, il aurait préféré qu’elle reste tout simplement à la maison… Mais laisser la petite Fae partir toute seule, comme ça, il n’aimait pas du tout cette idée. Non pas qu’il n’avait pas confiance en ses capacités, mais il ne pouvait pas s’empêcher de partir au quart de tour des que la situation lui échappait.

---

Les deux compagnons avaient fait une route assez longue jusqu’à la Rivière Eternité. La chance avait fait qu’ils n’en étaient pas non plus très loin de base. A vrai dire, à leur arrivée, le spectacle de cascade s’écoulant avait laissé Kohei béat. Il n’avait jamais été ici, même si le lieu où il avait rencontré Shi ne se trouvait pas si loin de là. C’était… comme si le son de l’eau était une musique à lui seul. L’Alfar n’était finalement pas tellement déçu d’être venu. Et puis… De toute façon, des Faes, il en voyait une tous les jours, alors pourquoi en faire des histoires ? Ce n’était pas leur vision qui allait lui pourrir la journée. Enfin… Il l’espérait. Il observa les alentour, immobile. Il voyait des champs de fleur çà et là, Et quelques Faes. Shi semblait perdue, elle était émerveillée d’un tel spectacle. Cela faisait tant de temps qu’elle n’était pas revenue qu’elle en sentirait presque les larmes remonter. « Viens Kohei ! Promenons-nous ! Juste un peu ! Dans la forêt ! » Son compagnon la voyait rarement dans un tel état. Mais il fallait bien l’avouer, cela faisait plaisir à ce dernier. Pourquoi avait-il fait tant d’histoire pour si peu ? Simplement se promener dans un lieu qui n’était même pas si loin que ça de Drosera, ce n’était pas la mort quand même.

Quelques minutes passèrent lors desquelles les deux profitaient de leur vue, quand, un peu plus loin, ils crurent apercevoir quelqu’un. L’Alfar stoppa sa marche. Shi observa longuement le regard terne qu’il affichait, contrastant parfaitement avec celui qu’il arborait à la vision du feuillage. « Qu’est-ce qu’il y a ? T’es pas carrément devenu misanthrope en plus ? Si ? » La petite Fae avait dit ça sur un ton plaisantin, mais il fit lâcher un soupir à Kohei. Ils continuèrent tout de même leur avancée, et Kohei se contentait de fixer les arbres dans le lointain, sans se douter que le sol en dessous de lui semblait s’effriter à chacun de ses pas.

1051 mots

" Bonjou— Commença-t-elle sur un sourire avant que la terre semble l'attirer dans les abysses. –ouuu—waaaaah ! En l'espace d'un instant, il n'y avait plus de chamane, plus d'alfar, juste un trou béant auquel faisait face Oberon, perplexe.
- Pas question que je descende là-dedans. "

" Vous… vous me touchez les fesses. En essayant de s'extirper de cette "cage", elle ne pouvait que ressentir le contact de l'alfar, notamment sa main là où il ne fallait pas, malgré lui cela va de soi. Attendez, je vais… Elle fit glisser ses bras sur le roc, elle ressentit un vide à leur gauche, sûrement un espace dont ils pouvaient profiter. Pardon. S'excusa-t-elle à l'avance, au cas où. Je vais essayer de me dégager, juste là. Ils n'avaient guère le choix, c'était elle qui était sur lui. C'est gênant, quand même. " Elle ne lui faisait pas dire au moins, fidèle à elle-même pour tout commenter.

" Vous êtes où ? Je ne vois rien ici. Elle tâta la paroi avec ses doigts et trouva assez aisément de là où elle venait, le son l'aida également dans cette pénible tâche. Ça va ? " Demanda-t-elle tout de même, lui aussi en avait vu des vertes et des pas mûres, et cela n'allait pas s'arranger avec le temps, oh non.

« … Kohei ? ... Kohei !! » La petite Fae qui virevoltait depuis tantôt avait observé le spectacle, les yeux vides de toute pensées alarmantes avant de réagir dans une scène burlesque en se mettant à héler plusieurs secondes plus tard son compagnon. Son regard se pencha ensuite sur un autre personnage qui se trouvait aussi aux abords du trou béant. Son sourire s’esquissa, et d’un air faussement amusée elle lui lança : « Pourtant, il va falloir ! » Et en une fraction de seconde, elle se retrouva dans son dos, s'apprêtant à lui faire une légère impulsion dans son dos avant qu'elle ne se rendît compte qu'il était un esprit. « Et zut ! Ce que c'est chiant les fantômes ! » Un rire cristallin s’empara d’elle avant qu’elle ne fonce dans le néant, faisant signe au type laissé en plan de la suivre priant tout de même pour que la chute ne fût pas fatale. Après tout, l’écho de leur chute parvint à ses oreilles suffisamment rapidement pour que la petite fille puisse juger de la distance qui les séparait.

La dernière image qu’avait vue l’Alfar c’était cette personne qu’il aurait préféré éviter lui disant bonjour. Kohei n’avait aucunement envie de se farcir la présence d’une non-Alfar. Il savait très bien qu’il ne lui fallait pas adopter ce mode de pensée, mais il n’avait pas la motivation pour. Quoi qu’il en fut, actuellement ce qui le préoccupait plus, c’était la douleur qui lui prenait le dos et… le ventre. Il venait de faire une chute de quelques bons mettre et elle s’était bien faite ressentir, tout comme ce poids qui lui bloquait quasiment la respiration. Une voix retenti tandis qu’il tentait de dégager sa main d’on ne sait où. C’était… quelqu’un qui lui était tombé dessus. Le type de tantôt ? Kohei écarquilla des yeux, appeuré par ce qu’il venait d’entendre. Il retira sèchement sa main, se l’éraflant au passage contre le sol, ne pensant qu’à la honte qu’il avait d’avoir ainsi… touché quelqu’un de la sorte. « Mais qu’est-ce que …?! » Cette phrase ne fit office que de réflexe inutile puisque de toute façon, ce qu’il se passait actuellement, il venait seulement d’en prendre conscience, puisqu’il avait été tantôt sonné par la chute. Il se releva avec peine, écoutant les quelques mots que son interlocutrice disait, gênée, alors qu’il se secouait la main au dos égratigné en silence. « Bien sûr que c’est gênant ! » Lança Kohei irrité, mais cachant mal la sienne, de honte. « Non mais je rêve, tu lui as touché les fesses ? » S’écria Shi. « Excusez-le, ce type peut se montrer parfaitement stupide parfois. Même quand il le fait pas exprès. » Elle lui tira la langue, comme si rabaisser encore plus son compagnon l’amusait. Mais c’était bête, parce qu’avec cette luminosité quasi inexistante, cela ne servait à rien.

Kohei l’ignora, se contentant de chercher le mur à tâtons histoire de le suivre sans trop se cogner. Enfin… surtout, il essayait d’oublier ce moment honteux et le refoulant le plus possible. Les excuses auraient du mal à sortir, mais il serait bien imprudent de se taire. « Pourquoi ce fichu sol s’est effondré ? » Et il s’était tu le bougre. « Un ancien puit ? » Il leva le pied par pure réflexe. Non, la terre était bien trop sèche… Et puis tout semblait s’engouffrer dans des galeries. « Bref. Et vous, vous allez bien ? Je suis sûre que c’est de la faute de l’autre si le sol s’est effondré, ha ha ! D’ailleurs, moi c’est Shi, et l’autre c’est Kohe- » – Shi, tu peux t’en aller toi si tu le veux, tu es la seule à ne pas vraiment être coincée. » Vu sa taille et sa capacité à voler. L’Alfar n’avait clairement pas envie de se mêler aux deux autres personnes présentes, mais il fallait vraiment qu’il arrête de se conduire aussi froidement. « Oh toi Kohei, c’est pas parce qu’il fait noir que je vois pas ta face d’huître ! Arrête d’ignorer les autres ! » Qu’elle était désobligeante. Affreusement désobligeante. Oui, le blond n’était pas traumatisé ou quoi que ce soit de bizarre, mais il n’allait pas recevoir la compagnie d’une autre de manière joviale. « Suivez-moi. » Oh quel miracle ! Il venait au moins de reconnaître que d’autre gens étaient dans la même situation que lui et que les ignorer était stupide. Mais dans un sens, il était incapable de le montrer naturellement. « Wow. Ce qu’il peut être gênant… J’ai honte… Veuillez l’excuser, vraiment. Il est pas méchant hein, c’est juste que… Bref, c’est compliqué. Comment vous vous appelez ? » Il faisait noir comme jamais, et même leurs yeux ne parvenaient à s’habituer à la luminosité et la principale motivation de l’Alfar était de trouver de la lumière. Et que faisait Shi ? Elle tapait la discussion. Et puis… Ce n’était pas lui qui la gênait, mais plutôt l’inverse. Elle lui rappelait sans cesse, et durement, qu’il se montrait impoli. Et il n’appréciait pas cette image qu’elle donnait de lui.

« Pardon, pour tout à l’heure » Lâcha-il finalement et fébrilement, néanmoins sincèrement. Ah, ce que c’était dure de dire de tels mots mine de rien, même pour un truc aussi anodin que de toucher des f- hum… Il préférait plutôt ne pas y penser. Et puis, comme si son vœu était exaucé, quelque chose vint accaparer son esprit. Ses yeux si bien habitués aux ténèbres apercevaient une petite lumière jaunâtre au loin. Puis une autre, un peu plus près, suivies par des tas d’autres. Des lucioles. Il y en avait tant, que les lieux commençaient à être suffisamment éclairés. « Mais ta main Kohei ! Wow, j’hallucine, t’aurais quand même pu me le dire avant ! » Elle se précipita vers elle, dans le seul but de la soigner, quelque peu déstabilisée au passage pour tous ces insectes qui pour elle étaient bien plus gros que pour l’Alfar ou la Chaman. Et en parlant de elle, Shi l’aimait bien, sans trop savoir pourquoi. C’était peut-être son tempérament qui lui plaisait, et elle pensa, quelque part, qu’elle pourrait bien s’amuser dans cette petite escapade souterraine.

1011 mots

" Ce n'est rien, c'était un accident. Ça aurait pu être pire, comme… si ça avait été l'inverse ? " Quoique dans cette situation, c'est elle qui ressortait gagnante, et la réaction de l'alfar aurait pu être… pire en fait, finalement c'était mieux que ce soit elle qui se fasse touchée, aussi étrange que cela puisse paraître.

" Je vais bien, un peu égratignée mais j'ai vécu pire, merci. " Elle sourit à la fae, même si cela ne se voyait pas.

" Je vous assure que ce n'est pas grave ! Vous savez, vous n'êtes pas le premier alfar à me toucher les fesses… Un moment de silence, quelque chose clochait ; Léto finit par comprendre bien vite sa bourde malgré l'obscurité qui masquait la réaction des deux autres. Je crois que je n'aurais pas dû dire ça. Je n'ai même absolument rien dit ; enfin si, je l'ai dit, mais c'est mieux de faire comme si je n'ai rien dit. Oui ? Non ? "

" Hmm ? Fut sa réaction lorsqu'elle remarqua que l'une des pierres était translucide, et plus bleutée que les autres. Curieuse et imprudente, la chamane approcha sa main et toucha du bout de doigt l'objet de sa convoitise avant d'être frappée par des tas d'images, anciennes. Elle sortit très vite de sa transe, repoussée quelque peu par la pierre. W-Waouh ! Je suis partie loin ! Elle se tourna vers Kohei et Shi. Vous avez vu cette pierre ? Elle est jolie, alors je l'ai touchée et j'ai vu des choses, je n'ai pas tout compris, mais je crois qu'il y a un secret à découvrir, ici, dans cette grotte. Une sorte de… lumière… Toutes les informations commençaient à s'entremêlés dans son esprit, elle se gratta le front, pour mieux réfléchir. Cette pierre bleutée possédait quelques rémanences de magie, mais cela semblait incomplet, juste suffisamment pour faire part de sa requête aux malheureux voyageurs qui échouent ici. Touchez-la, peut-être que vous verrez aussi ce que j'ai vu, et comprendrez mieux, j'espère. " Ils n'avaient que ça à faire de toute façon, autant perdre son temps à satisfaire la demande d'un être inorganique.

Arrêté en plein milieux de sa course, tandis que les lucioles éclairaient peu à peu les lieux, les yeux de Kohei s’étaient légèrement écarquillés et les traits de son visage figés. Une étrange jeune femme se dévoilait à ses yeux, grande, plus grande que n’importe quelle fille qu’il avait déjà pu voir… « Pas le seul Alfar qui lui avait touché les fesses » ? Alors que Shi riait à cette phrase, Kohei restait de marbre. « Un Alfar ? Raciste comme ils sont ? Eh bien… » Elle était très loin d’avoir tort. En même temps, à part Aëran, Kohei ne connaissait personne de plus ouvert d’esprit au sein de son peuple. Mais ce qui arrêtait l’Alfar aussi, ce n’était pas seulement ces quelques mots qui en suggéraient bien plus qu’il ne le croyait. La jeune femme pensait que les choses auraient pu être pires si les choses avaient été inversées ? A bien y réfléchir, oui elle avait raison. Bien sûr que non, Kohei n’aurait pas pensé qu’elle ait pu le faire exprès mais… Zut. Il fallait vraiment qu’il arrête de penser à ce moment gênant. « Maintenant qu’on y pense, si c’étaient celles de Kohei qui étaient le centre de nos préoccupations là, ils serait déjà partit loin rouge de honte haha ! » Il grimaça. On ne pouvait pas arrêter une bonne fois pour toute d’en parler ? Déjà que c’était affreusement gênant… Shi était prise d’un fous rire depuis tantôt. Elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver les quelques petite gaffes de la Chaman hilarantes. Et comme si elle souhaitait lui montrer toute son affection, elle se posa sur la tête blonde de la jeune femme, et regardant Kohei d’un air malicieux, elle incita la marche en montrant du doigt la direction qu’ils prenaient depuis le début.

« D’ailleurs ! Ça vous dérange si je vous soigne ces quelques plaies ? Je sais que je ne suis pas très douée, il suffit de voir la main de Kohei pour comprendre qu’elle est encore un peu égratignée, mais je peux pas vous laisser dans l’état, non ? » Kohei plaça sa main devant lui, de sorte que plus personne ne la voie. Shi balançait son plus grand sourire à la Chaman, même si elle aurait du mal à le voir. Mais elle n’eut guère le temps de s’approcher des blessures qu’une étrange pierre venait attirer l’attention de tous. « Etrange… » fut la réaction de Kohei suite à ce qui venait d’arriver à la blonde. La curiosité le prit instantanément, et à l’inverse de Shi, il n’attendit pas le conseil de la jeune femme pour poser sa main sur la roche froide. Une faible voyelle échappa à ses cordes vocales tandis que ses yeux ne voyaient plus le décor actuel mais d’étranges visions qui voyageaient à travers son esprit. Un secret… C’était bien le message que Kohei aussi comprenait. Mais quel genre de secret ce rocher pouvait-il bien contenir ? Et même toute cette grotte ? Il n’en savait trop rien. « On dirait que vous parlez de ces vision comme d’une drogue ! » Ricana la petite fille. Mais elle n’avait pas eu tort en décrivant les choses ainsi. « Etre parti loin » était vraiment la bonne expression.

Quoi qu’il en fût, un étrange mystère s’offrait à eux. Avec un peu de chance, le résoudre leur permettrait de sortir de là, mais rien n’était garanti. En même temps, l’impression de Kohei à l’égard de ce fameux secret différait totalement. C’était plutôt comme si cette pierre voulait signifier qu’elle était incomplète. Rha, qu’est-ce qu’il s’en fichait ! Il préférait largement trouver un moyen de sortir. Mais dans un sens, plutôt qu’errer sans but, autant chercher ce que ce secret avait à cacher. Pourtant… Il avait tellement la flemme ! « En tout cas, c’est trop cool je trouve ! Ça ne vous tente pas vous ? Bon, je n’demande pas à Kohei, parce que je connais déjà sa réponse, mais vous, vous n’avez pas la curiosité de savoir ce que ce secret renferme ? Quitte à être coincé en dessous, profitons-en pour passer un moment agréable ! » Elle disait cela, mais Shi au moins n’était pas vraiment coincée ici… Si seulement elle était capable de supporter le poids d’une personne, elle pourrait faire remonter tout le monde à la surface…

Mais peu importait. Actuellement, Kohei se posait surtout des questions. A propos de cette femme. Elle avait une relation avec un Alfar ? Etrange… Ça ne l’était pas tellement en réalité. Mais au sein de son peuple, ils étaient si peu nombreux à ne pas nourrir de préjugés sur les autres races que cette anecdote le rendait bien curieux. Mais pas au point de poser des questions. Ce n’était pas du tout son genre, après tout. « Au fait… euh… euh… je sais pas comment vous appeler du coup, hé hé… » Elle hésita avant de reprendre : « Mais votre ami ne nous accompagne pas ? Je l’ai peut-être vexé en fait… J’ai dit que les fantômes c’était chiant. Mais je le pensais pas à mal, moi-même j’ai un ami fantôme, donc c’était plutôt en référence à lui que je disais ça… Enfin, dans tous les cas, si ça ne lui a pas plus, vous pourriez lui présenter mes excuses à l’occasion ? » Elle disait cela d’un air faussement innocent. En réalité, ça l’amusait plus qu’autre chose de taquiner les gens, mais elle n’avait pas non plus envie de paraître méchante. Même Kohei qui avait fini par le comprendre ne répondait plus à chacune de ses piques. Au contraire, il pensait que c’était cela, en quelques sortes, qui construisait l’identité de sa petite sœur, et pour rien au monde il ne voudrait changer cela. Sinon, les deux êtres ne seraient plus aussi à même de se compléter. Leur duo était bien singulier, il fallait l’admettre. Cela venait presque machinal chez la petite Fae d’expliquer les raison de leur si forte amitié.

999 mots

" Ne vous en faites pas pour mes plaies, j'ai la fâcheuse tendance à me blesser toute seule, je n'aimerais pas que vous vous épuisez pour rien. Mais merci quand même ! " Et encore, Shi n'avait pas vu ce qu'elle cachait sous ses vêtements : morsures, griffures, bleus, cicatrices, tant de trophées de guerre qu'elle s'amusait à collectionner et supporter.

" Si bien sûr, je suis même très curieuse de savoir ce qu'est ce secret ! Il y en avait au moins une dans le lot qui partageait son enthousiasme, néanmoins Léto ne niait jamais la présence d'autrui ; ainsi, elle jeta de nouveaux coups d'œil à l'attention de l'alfar. Mais si Kohei ne veut pas, je ne voudrais pas qu'on le force. Chercher une sortie, ce n'est pas mal non plus. A moins que les deux ne soient liés, si ça se trouve la pierre nous aidera si on l'aide à notre tour. Ou alors, c'est elle qui nous a fait tomber dans ce trou afin qu'on lui vienne en aide… " Tant de mystères planaient sur cet endroit, Léto n'en était pas à sa dernière supposition et commençait même à être sensible à cette nouvelle atmosphère qui y régnait depuis les visions.

" Vous parlez d'Oberon ? C'est mon esprit-compagnon, il est censé me suivre à la trace, mais je crois que l'idée de m'accompagner là-dessous ne lui plaise pas… Elle ne masqua pas son exaspération à son égard, c'était un homme très difficile à cerner et plus encore à supporter. S'il vous a paru vexé, c'est normal, il l'est presque tout le temps. Je lui présenterai vos excuses, mais bon, il n'est pas du genre à pardonner facilement. "Chiant", c'est le mot qui le qualifie le mieux ! Elle laissa un rire faire écho dans la grotte, si l'élémental l'entendait… En tout cas : je m'appelle Léto, enchantée. Elle adressa un beau sourire à l'adresse de l'alfar, la fae ne pouvant pas le voir, insouciante de la mèche qu'elle venait d'allumer. On y va ? " Puis ce fut elle qui prit les devants.

" Il y a des esprits ici, mais ils sont… différents. Elle les écouta encore un peu, ils parlaient un dialecte qui lui était inconnu. On dirait qu'ils sont enfermés dans le passé, pour ça qu'ils ne nous voient pas. Ils discutent mais je ne comprends pas leur langue… Il y en a un qui gratte la paroi en vain, il a l'air énervé. Ces ailes… On dirait des faes, en plus grand. Elle se retourna vers Kohei, vu que Shi demeurait hors de sa portée de vision. De la magie très ancienne a dû retenir leurs "souvenirs" ici, c'est la première fois que je vois ça… " Et pour conséquence, elle ignorait quoi faire de plus à leur égard ; ils pouvaient tout bonnement continuer leur route ou élucider le mystère qui entoure ces esprits, à supposer que quelque chose leur échappait dans cette partie des souterrains.

La tête de la petite fille se pencha légèrement aux parles de la Chaman, puis un petit sourire lui échappa. « Vous savez, je demandais pas parce que ça risquait de me déranger moi, je demandais surtout parce que je craignais que vous soyez gênée à l’idée que je me rapproche de trop près de blessures qui peuvent-être douloureuses ! » Elle disait cela, mais du coup, elle n’osa pas trop s’en occuper. Elle insista tout de même un dernier petit coup. Il fallait l’avouer aussi, Shi avait surtout envie de s’entraîner sur tout ce qui bougeait. Elle en avait marre de n’arriver à guérir complétement que des égratignures pratiquement invisibles. « Oh on s’en fiche de Kohei ! Si je m’éloigne en plein dans la grotte, il me suivra, donc on n’a pas vraiment besoin de son avis, et puis vous savez, si on ne le force pas à faire les choses un minimum, nos voyage on les passerait assis dans un coin dehors à observer le paysage ! » Elle ricana tandis qu’ils se remirent en route.

« Alors vous vous appelez Léto ? Léto et Oberon… C’est vrai qu’à première vue votre duo ressemble beaucoup au notre ! » Elle ricana tandis qu’elles avançaient toujours plus loin dans la grotte. Kohei, lui… était figé sur place, les yeux écarquillés. Il ne lui restait plus que les pensées pour halluciner. L…Léto. Elle s’appelait Léto. Et combien de Léto non-Alfar avaient une chance de se faire toucher les fesses par un Alfar ? Qu’une seule, clairement, abominablement clairement. Oh non, mais dans quelle histoire s’était-il fourré ? Il marchait en compagnie d’une femme depuis plusieurs minutes sans se douter qu’elle était… la compagne… de… son… amant. Il ne savait même plus s’il devait prendre les jambes à son coup parce qu’il était trop choqué et non préparé, ou s’il devait faire comme s’il n’avait rien entendu. A priori, elle n’était au courant de rien. Ou alors si, mais elle ne connaissait pas le nom de Kohei grâce à Aëran. Bien sûr, il était hors de question pour lui de ne pas assumer ! Il ne regrettait rien, ni ne culpabilisait, mais il savait par-dessus tout qu’il avait tous les torts du monde. Comment allait-il s’y prendre enfin ? Il fallait bien qu’il soit sincère ! Mais en même temps, c’était à Aëran de tout lui dire ! Pas à Kohei ! « Bonjour, je suis l’amant de votre petit ami. » Mais non de non, à quoi pensait-il ? Il ne pouvait pas dire ça. Alors… « Hum… Vous connaissez Aëran ? » Non, il aurait l’air tellement stupide… « Vous… ne seriez pas… la compagne d’Aëran ? » Et m*rde, mais vraiment : et m*rde ! Cette fois il avait pensé à voix haute, et il n’avait pas dit les choses de manière anodines. Son visage se figea. Il venait de couper la parole à Shi qui semblait parler d’esprit avec la Chaman. En réalité, il n’avait plus suivit l’avancement des choses.

« Aëran ?! Attends, Kohei, d’où tu sors ça ? » Elle s’envola un instant, interloquée. Shi avait quelque peu… peur du blanc. Et savoir qu’elle trônait sur la tête de sa petite amie la chamboula. « Pardon ! Je ne m’y attendais pas ! Wow, vous devez former un sacré couple alors ! Vous qui êtes si gentille… Oh non, je ne veux pas dire qu’il est méchant mais… » Le visage de l’Alfar parlant d’elle comme d’une proie lui revint en souvenir et son dos fut parcouru d’un frisson « Euh, pardon, vous devriez oublier ce que je viens de dire hé hé… » Elle mourut d’envie de lui poser plein de questions, la curiosité l’envahissait, mais elle avait peur de paraitre vraiment trop indiscrète, même s’il fallait bien avouer que généralement elle se fichait de l’être. « Mais comment ça se fait que tu le saches, toi, Kohei ? » C’était plus que normal… « Il m’en a parlé, au détour d’une conversation. » L’erreur. Avoir dit cela de la sorte le contraignait clairement à ne pas trop pourvoir avouer ce qu’il en était réellement. Mais en avait-il seulement l’envie ? Ce n’était pas parce que Kohei se contrefichait d’avoir une relation avec quelqu’un de déjà pris qu’il allait délibérément le crier à la principale concernée. Mais il ne voulait pas non plus laisser les choses dans l’état.

Prendre les choses en mains et, notamment, sa motivation à subir la réaction de la Chaman devenait urgent. C’était sa seule préoccupation actuellement, bien plus importante que de devoir sortir de ce trou ou de trouver le secret de cette fichue pierre. « Mais tu le vois si souvent que ça Aëran ? Pour qu’il te parle de lui aussi spontanément ? » Elle se moquait de lui, mais ne se rendait pas compte qu’elle le poussait peu à peu contre le mur. « Moi quand je l’ai vu au Volcan Ardant, il avait plutôt l’air de quelqu’un de très mystérieux. » Mais qu’elle se taise ! Qu’elle se taise enfin ! La sueur perlait sur son front tandis que son regard restait d’un bleu pâle. Il n’était pas très enclin à montrer la moindre de ses mauvaises émotions. Ce n’était clairement pas le moment de montrer ses faiblesses. S’il s’y était préparé à cette éventuelle situation, Kohei n’aurait pas été autant pris de stupeur. Son cerveau surchauffait, contraint comme il était à tenter de ne pas faire s’envenimer la situation. Et dire qu’il était simplement venue sur les désirs trop poussés de Shi pour visiter es fichues cascades si nostalgiques pour elle… Et dire qu’il ne voulait plus quitter Drosera. Et dire qu’il ne s’attendait même pas à ce que partir en voyage finisse aussi mal… Il savait que ce ne serait pas avec joie qu’il finirait cette aventure. Mais s’il s’était douté que ce serait avec des sueurs froides, il aurait carrément laissé Shi partir toute seule. Il faiblissait. C’était ridicule. Mais en même temps, il était face à la seule personne qu’il n’aurait jamais aimé rencontrer dans de telles circonstances aussi anodines. Cette situation était bien trop compliquée à gérer pour lui.

1030 mots

" Eh bien Shi, si ça peut te faire plaisir, tu peux me soigner tout ce que tu veux. J'imagine qu'il n'y a pas de mal à ça. " Il n'y en avait même clairement pas, après tout Léto s'occupait si mal de son propre corps…

" Par Belhyäm… " Souffla-t-elle en partant en arrière, elle manqua de perdre l'équilibre et de tomber à terre, sa main put au moins choper la paroi avant l'inévitable.

" Désolée, j'ai eu la peur de ma vie, ou pas loin… Elle se remit droite et se racla la gorge, elle n'avait plus de raison de se sentir mal à l'aise. Eh ben, comme vous le savez Kohei, je suis la compagne d'Aëran, oui. Elle ne pensait vraiment pas l'avouer à un autre alfar, vraiment pas du tout. Vous le connaissez tous les deux, alors ? Shi avait évoqué le Volcan Ardent, sa part de mystère également, cela lui ressemblait tiens. C'est vrai qu'Aëran peut parfois se montrer… euh… pas gentil. Mais des fois il l'est, surtout avec moi. Elle repensa brièvement à leurs premiers périls, que de souvenirs et de réactions dignes de deux gamins ! Cela n'empêche pas qu'on forme un sacré couple, je suis d'accord, on a même une fille vous savez ? Elle me ressemble beaucoup, mais a le caractère de son père, donc… oui, un sacré couple, haha ! Elle parut quelque peu rêveuse l'espace d'un instant avant de s'adresser directement à Kohei, de nouveau souriante. Vous êtes un ami d'Aëran c'est sûr, il n'en aurait parlé à personne d'autre. Les autres alfars… ne nous auraient pas tolérés. Elle fit subitement une révérence en inclinant la tête. Merci, pour garder le secret et nous comprendre. Les proches d'Aëran avaient son respect, surtout en ce qui concerne leur couple ; si elle savait comme elle se fourvoyait lourdement, elle déchanterait plus vite que tout à l'heure… En redressant sa nuque, une pensée lui accapara soudainement l'esprit et attisa sa curiosité, ce qui effaça notamment un peu son sourire. Mais c'est étrange… Aëran ne m'a jamais parlé de vous. Kohei… Kohei… Elle avait beau se le répéter, ça ne creusait pas, pourtant elle savait que des trous de mémoire pouvaient lui arriver. Ça ne me dit rien… Vous vous connaissez depuis peu alors ? " Son sourire revint peu à peu, c'était la seule explication logique à ses yeux, naïve comme elle était.

Ce que comprenait parfaitement le blond, c’était bien la frayeur qui devait être en train de prendre la jeune Chamane. C’était tout à fait rationnel : un Alfar avec une étrangère… c’était tout bonnement impensable pour son peuple. Et si Kohei montrait qu’il était au courent, cela pouvait être de très mauvaise augure. « De toute façon, aux yeux des Alfars et en terme de couple, rien ne pourrait être pire qu’une Elfe et un Elfe noir. » Shi le regarda dans les yeux, pensive. Elle disait cela sérieusement, et sans arrières pensées. Elle se fichait de la réaction de Kohei, tout ce qu’elle voulait faire, c’était rassurer la Chamane quant aux intentions du versatile. Mais de toute façon, celui-ci n’eut pas la réaction escomptée. Les traits de son visage n’avaient pas changé d’un poil, et même Shi qui connaissait Kohei mieux que sa poche ne décela aucune gêne ou tristesse dans son regard. « Hum… T’es sérieux quand ça ne te fait même pas réagir ? » Oui, il l’était. Tout simplement, parce que loin des sentiments tels que le regret et la culpabilité, Kohei avait su tourner la page. Grâce à Aëran. Et Aëran… Il fallait vraiment que Kohei éclaircisse tout ce qu’il y avait à éclaircir.

La jeune femme ne semblait nullement au courant des choses. Et Kohei savait tout. Et le fait qu’elle ait tant oser s’ouvrir le mit mal à l’aise. Shi souriait, tandis qu’elle écoutait toute ces simples paroles que Léto avait à leur partager. L’Alfar s’adossa contre la paroi, tandis qu’il répondait à Shi d’une manière qu’elle ne comprit pas. Il prit son souffle, et gardait son calme. « Ce n’était pas vraiment « au détour d’une conversation » à proprement parlé qu’il m’a dévoilé tout cela. » Kohei fermait les yeux. Il venait de dire quelque chose de très compromettant sur lesquelles il aurait affreusement du mal à garder le contrôle. Tout simplement parce qu’il lui faudra éviter la moindre parole déplacée et mal amenée. Il se souvenait d’Aëran, et des tourments qui semblaient le prendre à ce moment-là. Kohei avait vraiment le don de faire tout et n’importe quoi. Il n’agissait que sur de purs coups de tête et partout autour de lui, il savait se faire haïr. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait réussi à causer d’horribles soucis au sein d’un couple dans lequel il s’était immiscé. Pourquoi ? Eh bien par pur égoïsme. Mais, et tout en repensant simplement au blanc, il se rendait compte qu’il aurait affreusement du mal à se défaire de lui pour son propre bien et celui de sa petite amie.

Il soupira. Kohei était quelqu’un d’étrange et de parfois bien contradictoire. Il défendait certaines valeurs peu louables comme des louables tandis qu’il en envoyer jeter en l’air d’autres, essentielles à la vie. Si une chose était bien sûre, c’est qu’il ne ressortirait pas de cette grotte avant d’avoir avoué la vérité. Léto semblait être quelqu’un de vraiment bien que Kohei était lâchement en train de piétiner de part ce secret. Et ce n’était pas parce que Kohei n’était pas quelqu’un de bien qu’il ne se rendait pas compte que faire ce qu’il faisait était une chose, et que le cacher en était une autre. « C’était peut-être nécessaire que d’aussi importantes informations sur sa vie me soient données. Arès tout, il sait que j’ai aimé une Elfe, et lui et moi avons déjà vécu des horreurs à Drosera. Beaucoup de choses nous sont arrivée, mais en même temps si peu… » Il recommençait à s’éloigner des vérités. Cependant, chaque chose qu’il énonçait en cet instant était infiniment plus vraie que cette ridicule phrase qu’il avait prononcées tantôt. « Mais pourquoi tu dis tout ça ? Je comprends pas où tu veux en venir » Il était vraie que cette rectification semblait bien inutile pour les deux jeunes femmes, mais pour Kohei, ça l’était beaucoup moins. Shi ne comprenait plus rien à ce qu’il arrivait à Kohei. Pour elle, il était clair que s’il parlait ainsi, ce n’était pas inutilement. Il avait quelque chose à cacher, et elle le soupçonnait de plus en plus. Elle le connaissait suffisamment pour savoir que ce genre de paroles n’était pour lui pas naturelles ou anodines. « Si vous voulez, nous pourront reprendre les recherches plus tard. » Enfin, tout dépendait d’abord de la réaction de la jeune femme. « Il me semble bien qu’il serait plus intelligent pour moi de vous dire quelque chose. » Intelligent, non. Raisonnable et poli, oui. Et en parlant de politesse, l’Elfe noir s’était mis à manier le verbe bien plus proprement qu’il y a seulement quelques minutes.

Dans cette étrange logique, Shi s’était mise à paniquer. Mais qu’est-ce qu’il lui prenait ? Pourquoi il prenait autant de pincettes ? Il avait quelque chose de si important à dire qu’il s’était pris la peine de s’arrêter et de signifier qu’il était bon de prendre une pause. Avait-il une affreuse nouvelle à annoncer ? Elle crut un instant au pire des extrêmes, quelque chose comme « Aëran est mort ». Et de toute façon, connaissant Kohei, il ne parlerait pas avec autant d’intention pour quoi que ce soit d’autre. Mais il y avait quelque chose qu’elle ignorait, clairement. Et elle n’en serait que déçue, et Kohei aurait le droit au plus gros savon de sa vie.

905 mots

" Oui, bien sûr, c'est bien la moindre des choses que je puisse faire, ou plutôt c'est même tout naturel. Je veux dire, vous êtes parfaitement en droit de me dire tout ce que vous voulez ; enfin "tout", peut-être pas, mais ce qui doit être dit, vous voyez ! Puis bon, on connait tous les deux Aëran, vous êtes en plus un ami à lui, et vous avez aussi vécu un amour interdit comme nous, alors tout ça pour dire… Elle perdit l'essentiel de ce qu'elle voulait exprimer, son regard vairon s'attarda fugacement sur le côté pour se laisser un temps de remise en ordre avant de se re-braquer sur l'alfar, toujours souriante. Je vous écoute ! " Elle ne faisait même pas exprès d'être aussi dispersée, elle ne pouvait que croiser les doigts qu'il le comprenait bien… Et pourtant, on aurait tant envie de la prévenir de croiser les doigts pour le choc à venir.

HS:

Shi fronçait des sourcils. Kohei devenait chiant. Il tournait autour du pot. Mais pour quoi faire ? Ce n’était pas le moment. Mais vraiment pas. « Bon tu accouches ? Tu nous fais perdre du temps ! » Mais les paroles de la petite fille le démotivaient fortement. Elle le pressait, alors que ce qu’il avait à dire était tout sauf facile à annoncer. Il prit son souffle, profondément. Tourner autour du pot ? Donner un contexte ? Non. Il se devait d’être cash, d’être propre, tout en y mettant les formes. « Je ne suis pas en droit de vous le cacher. Mais ce que j’éprouve pour Aëran va bien au-delà de l’amitié. Lorsqu’il l’a compris, et que je l’ai compris, il m’a parlé de vous. » Il se perdait dans des tremblements. Non pas qu’il avait peur de subir une réaction, mais il savait que ce qu’il disait était néfaste. « Il m’a parlé de l’amour qu’il vous portait. Pourtant… » Il était content pour eux d’un côté. Car avec Mircella, il n’avait pu le connaître aussi longtemps, cet amour sincère. « Ces sentiments que j’éprouve sont réciproques. » La dureté de ces paroles se fit ressentir sur la sécheresse dont il usait pour l’énoncer. Kohei n’était finalement pas capable de dire les choses correctement. Ses yeux plongeaient dans ceux de la chamane. L’Alfar lui disait d’horribles choses, il lui montrait l’étendue du mal dont il était composé, dès les quelques première minutes qui suivaient leur rencontre. S’il y avait bien quelqu’un avec qui Kohei aura été le plus abject, ça aura bien était avec cette jeune femme. Pourtant, il ne fléchit pas. Il était hors de question pour lui de baisser les yeux. Il assumait parfaitement, après tout.

Shi était restée figée tout le long du monologue. Peu à peu, son visage s’était littéralement décomposé pour laisser place à… une colère noire. Elle n’avait jamais été aussi choquée par son compagnon de sa vie. Ses ailes bougèrent frénétiquement, jusqu’à ce qu’elle arrive face à son visage. « Kohei. » Commença-t-elle le plus froidement du monde. Ce n’était pas aussi froidement que l’impassible Kohei, mais aussi froidement que la pire des colères. Elle reprit la parole, le ton bien plus hurlant, ne laissant pas même le temps à Léto de réagir. « Tu es vraiment quelqu’un d’horrible Kohei ! Tu n’en fais qu’à ta tête bon-sang ! Non mais tu ne te rend pas compte ? De tous les trucs horribles que tu as fait dans ta vie, comme tuer tes frère ou torturer des gens, ou même détruire de multiples vie devant Mircella alors que tu l’aimais… Celui-là c’est le pire. » Elle repris son souffle, alors que sa gorge se nouait. « C’est le pire Kohei, t’entends ? Même les gens que tu tues ne souffrent plus après. Même les gens que tu torture ne souffrent que physiquement. Mais Léto, cette femme que tu oses regarder comme ça, dans les yeux, tu lui as fait la pire des choses au monde. Tu viens de briser quelque chose de grand. Pour quoi faire ? Pour assouvir tes vieux désirs tout pourris. Qu’est-ce que tu fais… Qu’est-ce que tu deviens… ? » Les larmes de rages montaient, lentement. « Je suis ta petite sœur Kohei, et en tant que grand frère, tout ce que tu montres, c’est les horreurs dont tu es capable. »

Kohei était un Alfar, et un Alfar de la pire des espèces. Il était mauvais. Sa morale était pleine de parasite. Shi l’aimait son grand frère, elle l’aimait plus que quiconque. Elle voulait tout faire avec lui. Mais à chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un, il foirait. Luka… Il avait réussi à l’énerver et à le dégouter de ce qu’était devenu Kohei. Mircella… Il avait limite fait un génocide devant elle… Cemilia… Il avait torturé quelqu’un au point de gravement le défigurer devant elle… Et quoi encore ? Il n’en avait pas fini ? Il allait continuait à faire souffrir d’autre gens gratuitement ? « Je vois tous tes écarts, Kohei, et j’ai toujours été avec toi dans chaque cas de figure, même si je désapprouve. Et je serais toujours avec toi. Mais je ne peux pas te laisser faire des c*nn*ries encore. » Elle en devenait grossière. « Je désapprouve totalement ta relation avec lui. Non pas parce que je ne l’aime pas personnellement. Mais parce que tu n’as pas le droit d’être aussi égoïste pour tes caprices. » Elle désapprouvait, mais elle savait que ça ne changerait rien. Kohei était buté, et il ne pourrait pas lâcher Aëran par bonne volonté. Il tenait beaucoup trop à lui pour ça, et savait que ce sentiment n’était pas à sens unique.

Alors, il ne l’écouta pas. Il se contenta de boire ses paroles, des paroles crues. Shi était en colère. Elle était tellement en colère qu’elle frappa l’Alfar, même si le coup ne lui fit rien sentir. Mais c’était seulement physiquement parlant. Au fond de lui, Kohei savait qu’il avait été trop loin, et il recevait ce sentiment de Shi comme un coup de poing en pleine face. Mais le plus important, ce n’était pas ce qu’elle ressentait. Loin de là. Il ne regardait plus Shi, et son regard vide restait figé sur l’image de la Chamane. Il allait l’écouter, maintenant que Shi avait fini de parler. Il était important pour lui d’entendre ce qu’elle avait à dire, il fallait qu’il prenne conscience de ses mauvais agissements, même si son cœur resterait ailleurs.

917 mots

HRP:

" C'est ça, un coup de poing. " Dit-elle à l'attention de la fae, dans d'autres circonstances elle se serait elle-même amusée… mais ça n'avait eu comme effet que de la défouler.

" Vous aimez donc Aëran… et lui aussi. Elle le scruta de bas en haut. Je peux comprendre, vous êtes pas mal. L'alfar avait toujours été attiré par le physique, il l'avait lui-même avoué et c'était de là qu'était démarrée sa relation avec Léto. Mais je l'aime aussi ! S'exclama-t-elle soudainement en le chopant par le col d'une main. Et lui aussi… Mais était-ce vrai au final ? Cela sonnait tellement faux maintenant dans ses paroles. Elle se perdit quelques secondes à regarder par terre, à se remettre, avant de continuer à fixer l'alfar. Il me l'aurait dit, il m'en aurait parlé, ce n'est pas normal. C'est récent ? Oui ? Alors peut-être. Je ne l'ai pas revu depuis quelques temps, si vous vous êtes rencontrés pendant ce temps… Peut-être. Elle le bouscula et se retourna, comme elle rêvait d'avoir un peu d'eau pour s'asperger le visage et se réveiller de ce cauchemar. Elle se contenta de ses mains sèches et poussiéreuses, se les passa sur son visage et dans ses cheveux. Elle resta dans cet état quelques dizaines de secondes, pensive, avant de se retourner enfin vers Kohei, ses yeux étaient redevenus vairons, son humeur n'a en revanche pas bougé. J'ai une fille, je ne peux pas juste faire comme si de rien n'était, tout comme je ne peux pas imaginer qu'il m'ait juste abandonnée comme ça. Il me faut des réponses, pour comprendre, le comprendre, et toi aussi. Et comme tu le sais, Kohei, on est coincé ici pour l'instant. Elle se tourna vers une issue, au hasard. Alors sortons, et après… on verra. " Elle était perdue dans tous les plans, des esprits se dirigeaient par là alors elle jeta son dévolu dessus, machinalement, à la fois irritée et blessée.

La petite Fae détourna furtivement son regard plein de rage sur Léto. Cet œil ne lui était pas du tout adressé, mais la surprise l’avait obligée à se détacher de son centre d’attention malgré la colère qui grouillait encore dans ses yeux et ses traits. En un instant, Kohei s’était retrouvé par terre, et Shi n’osa même pas le regarder. Elle se fichait complétement du sort de cet idiot. Et si en temps normal elle se serait déjà mise dans tous ses états en voyant son grand frère par terre à cause d’une tierce personne, là elle ne réagit pas. Elle se contentait de laisser son regard à la fois choqué et plein d’irritation sur Léto, alors qu’elle était tout à fait avec elle. Shi en avait plus que marre des écarts de Kohei. Elle n’en pouvait plus d’en apprendre encore et encore sur ses fiches prises de têtes, sur les fichus trucs complétement fous qu’il lui prenait de faire. Etait-ce la malchance dont elle était atteinte qui l’obligeait à vivre des trucs pareils ?

Mais Kohei pouvait en dire de même de sa malchance. Peut-être qu’elle le poussait à faire des choses complétement inconsidérée ? Fichue malédiction de Dullahan. Non. Kohei était en train de reposer ses problèmes sur un tiers évènement. D’autant qu’il ne savait même pas qu’il était maudit. Et ce qu’il trouvait à Aëran ? Il le reléguait au rang de malchance ? Non. Certainement pas. Ce n’était pas pour ça. Kohei était devenu dingue de se mettre dans une situation pareille. Mais il préférait recevoir ce coup de poing pour ses raisons, plutôt que de s’entendre avec la Chamane en préférant taire pour toujours et au grand publique ses sentiments pour Aëran. Et la Chamane lui parlait, et il buvait ses mots sans rien répondre. Répondre… ce n’était clairement pas son fort. Dans une telle situation, Kohei n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait dire ou faire. Aucunement. Après tout, à part dire tout ce qu’il était de la vérité, il ne pouvait plus rien faire d’autre. Recevoir une réaction n’était plus de son ressort. Et Heiko le voyait bien. Son hôte était de nouveau en train de refouler chaque sentiment qu’il éprouvait, juste parce que la situation lui semblait ingérable. Les yeux de Kohei s’assombrissaient, leur lueur disparaissaient. Ses trait étaient à la fois décontractés et froid. Il ne semblait plus rien ressentir, alors qu’en lui un torrent d’émotion était en train de tout engloutir. Ou alors, c’était son dément côté qui engloutissait chacun de ces sentiments…

Quoiqu’il en fut, sa sortie n’en resta pas moins choquante pour la Fae. Heiko ne souriait pas, ça non. Mais il était là. Il suffisait de voir son regard. Et Shi n’en dit pas mot. Elle comprenait. Que Kohei n’arrivait à rien gérer. Et que son autre avait décidé de prendre les reines pour plus de prestance. Mais elle le haïssait pour ça. Ce n’était pas de la lâcheté puisqu’il ne contrôlait pas toujours son changement de personnalité, mais c’était de l’incompétence pure et dure, et son autre en était lui-même irrité. Son manque de sourire était simplement en train de montrer qu’il prenait ces événements au sérieux, contrairement à ses habitudes. Heiko riait tout le temps, et ne pensait qu’à tout détruire. Mais là, il s’agissait de l’amante de son amant. Alors, hors de toutes moqueries, de toutes espiègleries, loin de tous sourires, de tout rictus, il regardait la jeune femme, droit dans les yeux, de ses orbes complétements déjantés, tandis qu’il sentait sa force le tirer vers la position debout. Le ton clair et absent de toute raillerie, il finit par prendre la parole. « Pas mal… ? » Il s’avança, de quelques pas, se penchant vers elle, le regard dure. « Juste parce que je suis pas mal ? » Il haussa le ton, légèrement, sans pour autant avoir l’air énervé. « Je doute qu’il ne s’abaisserait à me voir tel qu’il me voit à cause de mon physique. » Heiko se redressa, donnant l’illusion qu’il s’était reculé, et prenant place plus en biais, il se croisait les bras. « Pour ce qui est de votre cas par exemple, à sa façon de parler de vous, je doute qu’il ne vous aime que pour votre physique. Il vous aime, c’est certain. Et je pense qu’il vous aimera bien plus qu’il ne peut m’aimer moi. »

Après tout, en un sens, elle était sa femme. Il ne manquait en effet plus que le mariage pour clore l’affaire. « Vous avez des enfants, vous avez une famille, et je suis pour elle qu’un parasite, j’en conviens. » Il fermait les yeux, toujours dans la même position. Avoir Heiko dans cet état, aussi sérieux, c’était rarissime. Alors risquait-il de… « Mais j’aime Aëran, et je ne pense pas qu’en vous voyant je me devais de le cacher. Je l’assume parfaitement, simplement parce que ce n’est pas quelque chose que je puisse contrôler. Je suis profondément désolé de vous mettre dans une telle situation, et de vous montrer une telle détermination, alors que je n’en ai pas le droit. » de dire une de ses pensée profonde ? Heiko était capable de justifier les pensées de son autre une fois qu’il était sorti. Dire ce qui le motivait, ce n’était pas quelque chose que son côté raisonné était capable de faire. On était tellement loin de là. Et comme les termes « raison » et « démence » l’entendaient, le contraire devait être le plus logique.

« Kohei ! » Vociféra Shi. « C’est peut-être dans ma nature finalement, de causer des problèmes à tout le monde. » Il tourna son visage, de manière à voir Léto, et un sourire dont il n’avait le contrôle naquit sur ses lèvres, alors que les propos qu’ils suivaient contrastaient totalement. « Sortons d’ici, oui. Il faut que l’on en discute dans le calme. Il faut que je sois capable de prendre mon courage à deux mains et que je ne me retrouve pas à vous mettre des bâtons dans les roues. » Il redressa son coup, décroisa ses bras. Et marchait, tout simplement, à la recherche de cette fichue sortie. Plus il marchait, plus l’aura meurtrière qui le happait se dissipait, laissant de nouveau place à un Kohei absolument pas maître de la situation. Il avait dit tout ce qu’il pensait. Tout ce qui trainait dans son esprit. Et il ne le faisait jamais. Kohei était comme ça, incapable de dire ce qui le motivait, ce qui le guidait, et cela lui avait causé bien des problèmes. Luka en était la preuve vivante… Mais il avait si peur que de se livrer provoque des choses aussi néfastes… Il avait si peur que justement dire de telles absurdités ne fasse qu’attiser la haine de quelq… Pourquoi pensait-il cela ? Ca n’avait aucun sens. Kohei s’en fichait en vrai. Vis-à-vis de ce que cela pouvait lui faire. Sa seule préoccupation était de ne pas faire de mal gratuitement et psychologiquement aux autres. Voila pourquoi il préférait s’effacer de la réalité de quelqu’un. Mais dans ce cas précis, le faire provoquerait justement cet effet in désiré. Il soupira. « Je me rend bien compte que mes agissement ne font que du tort aux autres. » Peut-être que son bonheur ne devait pas se trouver là. Mais bien ailleurs. « C’est un cul de sac, faisons demi-tour. » Mais Shi le regardait d’un autre œil. S’il aimait vraiment Aëran, peut-être était-ce au point d’en faire souffrir une autre ? Alle désapprouvait toujours, et pourtant, elle commençait à éprouver de la sympathie pour Kohei. Mais pour elle, c’était catégorique. Il interférait, alors il n’avait pas le droit. « Plus on s’éloigne de l’autre pierre, moins il y a de lucioles. Je suppose qu’on devrait chercher ce qui lui manque, parce qu’une sortie dans le noir, ça va être compliqué. » Elle essayait de relativiser intérieurement, et de se concentrer sur leur survit extérieurement, mais dans le ton de sa voix, on voyait plutôt à quel point elle était déçue de tout ce qu’elle venait d’apprendre.

1324 mots

" Ce n'est pas ce que je voulais dire ! " Voulut-elle quand même se justifier avant, car elle savait bien que ce n'était pas que pour son physique qu'il y avait une suite, mais cela n'en restait pas moins le début.

" Attendez… Elle observa les esprits, suivit leur route et atterrit devant le fameux cul-de-sac. Les souvenirs spectraux s'enfonçaient dans le roc comme si de rien n'était, comme s'il y avait jadis un chemin. Elle effleura la roche, son regard se leva jusqu'au plafond. Il y a quelque chose derrière, les esprits y vont et reviennent. Il y a dû avoir un éboulement depuis le temps. Avec ses deux mains, elle dégagea un premier rocher assez léger, le reste le sera sans doute moins. Aide-moi. Elle ne voulait ni être ingrate en faisant tout par elle-même, ni paraître trop suppliante en lui quémandant son assistance ; de toute façon, ils n'arriveront à rien chacun de leur côté. Tandis que les pierres s'entassaient petit à petit à leurs pieds, Léto jeta quelques coups d'œil en direction de Kohei. La curiosité la rongeait, elle devait savoir certaines choses, sinon elle finira par craquer et transférer tous ses reproches à l'amour de sa vie. Comment vous vous êtes rencontrés, toi et Aëran ? " Elle dégagea un obstacle d'un coup de pied sur le côté. Elle ne le regarda pas pour le moment, trop accaparer à se défouler encore un peu sur ce mur ; elle n'en resta pas moins honnêtement curieuse quant aux circonstances qui ont pu pousser son Juishi à regarder ailleurs qu'en sa direction.

La Chamane l’avait arrêté dans sa démarche. Ne pas faire demi-tour ? Tandis que Kohei ne comprenait pas bien en quoi elle soupçonnait que quelque chose se tramait, Shi acquiesçait. La petite Fae avait compris qu’il y avait un rapport avec les esprits qui vivaient en ces lieux. Après tout, elles avaient eu un échange à propos des différents fantômes vivants, ou plutôt, étant morts dans les lieux, et voilà tout simplement ce qui pouvait attirer Léto. Si Kohei n’avait pas été accaparé par ses pensées, il aurait écouté et aurait de ce fait lui-même comprit. Mais finalement, les paroles de la jeune femme furent comme une délivrance pour Kohei. Il ne réfléchit pas plus longtemps à cette question-là, et se pencha plutôt sur le fait qu’ils avaient affaire à un éboulement. Il acquiesça alors à la demande de la Chamane tandis qu’il tentait de débarrasser un maximum de rochers. Son tempérament le faisait réfléchir. Lorsqu’il se visualisait Aëran à ses côté, une flopée de question lui traversait l’esprit. Finalement, dans un sens, il était assez content de l’avoir rencontrée. Il fallait bien que cela arrive un jour, et c’était un lourd poids en moins à peser sur ses épaules.

Plus il déplaçait les roches, plus il sentait que sa force laissait vraiment à désirer. Il sentait la fatigue le prendre assez rapidement. Son côté dément pouvait bien se moquer de lui en son for intérieur. Il avait presque envie de reprendre le dessus simplement pour lui montrer ce que c’était que dégager des rocher. Mais la scène aurait eu tellement l’air pitoyable. Soudainement, les paroles de la chamane le ramenèrent hors de ses pensées parasites. Comment s’étaient-ils rencontrés, hein ? La question était un peu compliqué, puisque cette dite première rencontre s’était faite dans des circonstances peu communes et que Kohei était encore en la compagnie de l’Elfe. Il omettrait donc ce moment, puisqu’il était totalement inintéressant. « Maintenant que tu le dis, c’était lors d’une aventure assez étrange. » Lui aussi abandonna le vouvoiement. Ce n’était clairement pas par manque de respect, mais leur histoire était définitivement liée, et nier qu’ils étaient plus proches qu’ils ne le pensaient était un peu stupide. « C’était aux Terres Arides. Au Volcan Ardent. J’y étais pour… (Il hésita, repensant aux raisons peu joyeuses qui l’y avaient conduit.) revisiter les lieux, et en ce qui concernait Aëran, je n’en avait pas vraiment idée. Mais nous nous sommes retrouvés mêlés à une étrange histoire. » Il restait cependant évasif en ce qui concernait les détails, les jugent trop ennuyeux. Et sachant qu’au fin mot de cette histoire ils avaient fini par tuer une démone, il préférait ne pas mentionner ce détail, ignorant totalement comment pouvait réagir la jeune femme.

Kohei n’osait pas trop retourner la question par peur de paraître indiscret. Après tout, c’était du droit de la Chamane de savoir comment son amant s’était entiché d’un deuxième amant. Il détourna les yeux vers Shi. Comme s’il s’attendait à ce qu’elle pose elle-même la question. C’était tout à fait son genre d’être aussi indiscrète, après tout. Mais rien, elle conservait un regard perdu dans le vide, complétement. Elle était tout simplement en train de réfléchir, à tout ce qui s’était dit. Au comportement de son compagnon, à ses manières, à ce qu’il avait dit, et surtout, à la réaction de Léto. Elle la trouvait forte. Pour ne pas dire presque inconsciente. Si Shi avait été dans son cas, peut-être bien serait-elle partie en pleurant, qui sait ? Ou pas. Enfin, elle ne pouvait pas deviner. Toujours est-il qu’elle ne répondit pas au regard de l’Alfar. Elle l’ignorait complétement, ne sachant même pas où donner de la tête. Elle savait qu’elle serait incapable de bouder indéfiniment, elle l’aimait beaucoup trop pour cela. Mais pour l’heure elle n’était pas prête à lui redonner la moindre once d’affection. Tout ce qui attendait Kohei lorsqu’ils rentreraient, ce serait encore des explications, les plus approfondies possible cette fois-ci car elle savait qu’il pouvait tout lui dire. Mais il était par-dessus tout essentiel que Léto en sache elle aussi le maximum. Alors, évidemment, pour Shi, il allait de soi que les questions se poursuivent. « Et à moi ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? » Elle le savait très bien. Mais elle voulait l’entendre de sa bouche, par-dessus tout. Mais il n’avait rien à dire. Lui-même ne savait pas pourquoi il avait gardé un événement aussi fort de sa vie pour lui tout seul. Mais Shi, elle, de son œil extérieur et de sa fine connaissance sur Kohei, elle savait très bien pourquoi. « Kohei tu n’es qu’un imbécile. Arrête de jouer celui qui ouvre la bouche que quand on lui demande. Si on ne te pose aucune question, on ne sait rien de toi. »

Elle avait parfaitement raison, mais Kohei n’allait pas changé pour autant. Il se voyait mal débarquer chez lui après l’événement et clamé haut et fort ce qui lui était arrivé. Tout ça pourquoi ? Parce qu’il réfléchissait beaucoup trop. Et cela, même Aëran le lui reprochait. Il fallait vraiment qu’il apprenne à se montrer plus ouvert, pour la simple et bonne raison qu’il en avait marre qu’Heiko le fasse pour lui. Même pour son côté dément ça en devenait lourd. Si une chose était bien sûre, c’était que Kohei n’irait pas très loin dans l’état actuel des choses. L’Alfar sortait de ses pensées, préférant se concentrer sur les poussées des rochers. Finalement, après moult efforts, il crut apercevoir une lueur émaner de l’autre côté, en plus d’un légers courant d’air qui venait lui caresser les joues et les cheveux. Shi se redressa, se concentrant sur la découverte. Il y avait des chances pour que la sortie soit en effet de l’autre côté. Elle en profita pour se faufiler, au moment où l’ouverture devenait assez grande pour sa taille lilliputienne. « Je prends un peu d’avance. Je vais voir ce qu’il y a au bout, et si c’est intéressent, je vous ferais signe de continuer les efforts. » L’Alfar eu du mal. La laisser partir seule comme cela lui posait quelques problèmes. Tout et n’importe quoi pouvait lui arriver de l’autre côté du mur de roche. Il ne l’écouta pas, et n’attendit pas pour continuer de déblayer le chemin et aller la rejoindre.

1049 mots