Raphaël était de retour sur la montagne de l’Edelweiss Enneigée. Il ne se souvenait pas y avoir déjà été, cela remontait à trop de temps. Mais la première fois, était le jour où il avait commencé son apprentissage en tant que Maître du temps. Il faisait toujours aussi froid ici, mais il avait appris à laisser ses sensations au placard, et une bonne partie des émotions qu’il ressentait, et qu’il n’arrivait pas à comprendre. N’ayant aucune réelle expérience, il ne pourrait certainement pas comprendre les sentiments, les siens ou ceux des autres. La plupart des gens ne se rendent pas compte, mais ils apprennent en observant les autres. Sans cette observation, il n’y a plus de compréhension. L’Elémental avait saisi ce concept, et l’avait assimilé. Tout le monde était loin d’en être arrivé à une telle conclusion, d’où le fait qu’il en parle rarement. En général, les gens le prenaient pour un dingue, en menteur, ou d’autres insultes du même acabit. Il avait du mal à comprendre pourquoi les gens n’avaient pas un esprit ouvert, et passaient leur temps à rejeter les idées des autres. C’était peut-être pour ça qu’il voyageait seulement avec Nathaniel. Le dragon manquait de conversation, il fallait l’avouer, mais au moins, il n’était pas un imbécile comme les autres.

Le jeune homme secoua la tête. S’il pensait de cette manière désormais, c’était car il avait les souvenirs de Bagaya qui ne le quittait plus désormais. Et la mémoire de la Sorcière l’influençait en permanence sans qu’il ne s’en rende forcément compte. Mais pour le moment, il se concentrait surtout sur les conversations autour de lui. Assis à une table d’une auberge, avec une bonne assiette chaude devant lui, il dégustait son repas, tout en écoutant autour de lui. La plupart n’était pas très intéressantes, mais elle le sortait de ses sombres pensées. Mais il finit par tomber sur quelque chose d’intéressant. Des hommes parlaient de la situation actuelle. Des hommes étranges aux marques sombres ont été aperçus dans les montagnes, et transportaient des cargaisons quelque part là-bas. La Khæleesi y serait apparemment mêlée. Raphaël, évitant de sauter aux conclusions sans preuve, ne prit pas cette déclaration comme exacte, sans pour autant la rejeter complètement. La possibilité d’une aventure, et se disant que ça avait peut-être un lien avec ses devoirs d’apprenti Maître, l’Elémental termina son assiette, puis se leva, et sortit de l’auberge. Il rejoignit Nathaniel, qui était resté en dehors du petit village, et lui expliqua son plan. Comme d’habitude, le dragon fut contre celui-ci, bien qu’il sache parfaitement que rien ne pouvait dissuader Raphaël lorsqu’il avait quelque chose en tête. Son plan était plutôt simple, mais efficace. Se déguiser comme l’un de ces hommes, et se joindre à leur rang pour les espionner. Ca n’avait rien de compliqué, surtout qu’il passait plutôt inaperçu lorsqu’il ne faisait pas son maladroit.

Raphaël alla jusqu’à un endroit où ils avaient été aperçu. Il se planqua et les observa. Les marques comportaient quelques différences, mais globalement se ressemblaient. Les recopier ne serait pas compliqué. Quant à leurs vêtements. C’était quelque chose de plutôt clair, se fondant avec le paysage. Il remarqua que l’un des hommes lui ressemblait un peu. L’Elémental réussit à l’attirer un peu plus loin, et l’assommer sans qu’il ne le voit. Il lui prit ses vêtements, l’attacha. Mais, n’étant pas complètement dénué de cœur, il lui mit une couverture. Une fois fait, il prit de l’encre, espérant qu’elle tiendrait, et imita les marques que l’inconnu avait. Une fois fini, il se leva, et partit rejoindre les autres hommes. Ces derniers ne lui jetèrent qu’un regard rapide, sans s’attarder sur son apparence. Raphaël suivit leur groupe, prenant les caisses, et les déposants sur le chariot. C’était un travail assez rude, surtout pour quelqu’un comme lui avec une force physique banale. Mais il le fit sans se plaindre, et réussit à ne rien faire tomber. Tout en les portants, il écouta ce qu’il y avait à l’intérieur, essayant d’identifier. C’était des bruits de métaux. Et, il fallait dire qu’à part ça, il n’y avait rien d’autre à écouter, les autres faisaient leur travail en silence.

Après un petit temps, ils finirent par terminer la cargaison, et commencèrent l’ascension sur la montagne. Les vêtements étaient relativement chauds, et ils ne souffraient pas trop du vent, ni du froid. C’était plutôt bien, car s’ils montaient longtemps en hauteur, la température allait diminuer encore plus, et ce n’était pas une très bonne chose, surtout si la grotte où ils allaient, étaient loin d’ici.

Babelda éprouvait un subtil mélange d’émerveillement et de mal-être profond. Ces deux sensations contradictoires étaient en réalités le fruit du même produit. La neige. La montagne de l’Edelweiss enneigé. La jeune femme, pour avoir été prisonnière durant toute sa vie des dunes désertiques, n’avait jamais eu le plaisir de voir la neige. Oh bien évidement, il lui était déjà arrivé d’en apercevoir, au loin, lors de ses expéditions sur le marché du thé. Mais jamais elle ne s’était arrêtée pour en profiter. Ainsi, les flocons blancs créaient en elle cette sensation de magie que ressentent les enfants en bas âge devant quelque chose qu’ils ne peuvent expliquer, et qui leur semble fabuleux. Elle pouvait, pour la première fois de sa longue vie, sentir les grains doux sur sa peau laiteuse. Mais de là venaient également cette désagréable sensation qui naissait en elle. Ces flocons, aussi merveilleux soient-ils, avaient un contact… pour le moins refroidissant. Et bien évidemment, elle n’était pas équipée en circonstance. Sa tenue habituelle se composait généralement d’une simple robe fluette, ne couvrant que légèrement sa peau de porcelaine, et d’une cape de voyage plus adaptée aux températures excessives que négatives, des vêtements très peu recommandés pour s’aventurer dans la montagne. Quant à ses pieds, n’en parlons pas ! Elle s’attendait à tout instant de voir ses orteils se décrocher, et avait plusieurs fois vérifié de ne pas en avoir égaré derrière elle. Mais jusqu’à présent, à part cette insupportable sensation d’être transpercée par des millions d’aiguilles provoquée par le froid, rien n’était arrivé et elle continuait donc de profiter de la nouveauté.

Sa marche ne dura pas si longtemps que ça, pourtant, lorsqu’elle arriva au village, elle se sentait comme un glaçon. Oui, si un homme pouvait se transformer en stalagmite, il ressentirait probablement la même sensation que Babelda. Grelottante et la goutte au nez, elle poussa la porte d’une auberge et y entra, ses yeux larmoyants cherchant de quoi se réchauffer. Elle vit un feu dansant dans l’âtre de la bâtisse. Sa première destination fut donc vers les flammes, qui lui apportèrent un peu de douceur. Ses doigts roses, violacés même, étaient douloureux. Le simple fait de les agiter lui arrachait une grimace. Elle resta là, figée devant la cheminée, pendant une bonne dizaine de minutes sans vouloir bouger, s’attirant les regardes réprobateurs des visiteurs. Ils la toisaient d’un air sévère, ou pour certain, comme si elle les dégoutait. Peut être s’imaginaient-ils, à cause de sa tenue peu adaptée, qu’une courtisane était venue se perdre dans leur hauteur. Mais la réalité était bien loin. Ils ne connaissaient pas la vérité, ils ne savaient rien de ce qui l’avait mené jusqu’ici. Et elle n’avait ni la force ni l’envie de le leur expliquer. Pour l’instant, tout ce qui lui importait, c’était de retrouver l’usage de ses mains sans qu’elle n’ait à imaginer une nouvelle expression faciale sous la douleur à chaque fois qu’elle bougeait un muscle.

« Mademoiselle ? » La Rehla tourna la tête vers la voix. Une jeune femme, la vingtaine s’approchant de la décennie suivante, la regardait avec un air désolé. « Mademoiselle vous allez bien ? » Pour toute réponse, Babelda lui montra ses mains qui, même si elles paraissaient moins cadavériques, restaient visiblement abîmées. Ses dents claquaient sans qu’elle ne puisse rien y faire et son corps tremblait comme si elle était en train de sautiller sur place. Elle se demandait même si elle n’avait pas attrapé, en plus d’un bon rhume, de la fièvre ou quelque chose de semblable. La serveuse attrapa les mains tendues, et frissonna à leur contact. « Vous êtes glacée… Vous devriez vous acheter des vêtements plus chauds. Il y a une boutique un peu plus loin dans le village qui… » Le regard de Babelda s’était illuminé à l’idée de porter des vêtements plus chauds, mais elle avait déchanté en apprenant qu’elle devrait sortir de l’auberge pour se les procurer. A choisir, elle préférait rester au près du feu, à attendre que ses vêtements sèchent. La demoiselle sembla comprendre, et lui proposa une autre alternative. « Vous avez l’air de faire ma taille… J’ai quelques vêtements de côté, si vous le souhaitez… ? » - « Ou-Oui, j-je veux bien, ss-s’il vous p-plait… » Bien évidement, Babelda ne s’attendait pas à ce qu’on lui propose ces services gratuitement, aussi ne fut-elle pas étonnée lorsque la dame se retourna, la main tendue, attendant pour quelques sous, que Babelda se pressa de lui donner.

De retour dans la salle commune de l’auberge, elle avait troqué ses vêtements humides contre de gros vêtements de fourrure, et commandait désormais une boisson chaude. A côté d’elle, des femmes d’âge mûr discutaient entre elles, dans des tons mystérieux et lugubres, comme des murmures. Il n’était pas dans son habitude d’écouter les discussions privées mais, cette fois-ci, elle ne put retenir son oreille d’aller espionner ses voisines qui semblaient affolées. « Oui, ils sont de nouveau actifs ! Mon fils les a vu pas plus tard que ce matin ! Ils réquisitionnaient des caisses, au pied de la montagne… -Il a dit ce qu’il y avait à l’intérieur ? -Oh mon brave garçon n’est pas resté assez longtemps pour voir ce qu’ils transportaient ! Je remercie les AEtheri de me l’avoir ramené sain et sauf en les ayant approché d’aussi près ! –Et vous avez entendu la rumeur ? Karl dit avoir vu la Khaeleesi revenir, une fois de plus ! Je ne sais pas ce que cette sorcière manigance exactement mais… » Babelda en avait suffisamment entendu, et ça ne lui plaisait guère. Les ragots qu’on colporterait au sujet de la reine des abysses n’étaient guère rassurants, et sa présence en ces lieux ne promettaient rien de bon. Ça et ses rêves… Ca ne pouvait être une coïncidence.

Comme toujours lorsqu’elle s’attirait des ennuis, les étoiles n’y étaient pas pour rien. En effet, leur chant, bien que toujours obscures, lui apparaissaient désormais clairement. Et ce qu’elles lui avaient murmuré n’avait jamais été d’aussi mauvaise augure, même si elle ne parvenait pas à comprendre leur importance. Elle s’était simplement dit que les astres lui avaient lancé ces appels pour la mettre en garde de ce qui s’était passé à Drosera… Mais ces derniers temps, elle avait été habitée par des rêves. Ceux-ci étaient étrangement doux, bien qu’abstraits. Elle s’était vue, se promenant dans la neige. Elle suivait un chemin, entre une forêt de pins. Puis quelques fragments d’une étrange grotte, avec toutes sortes d’inscriptions gravées dans les murs. Désormais, en sachant que la Sirène maléfique y était sans doute pour quelque chose, son rêve lui paraissait subitement moins charmeur. Elle ne pouvait croire que les enfants de Phoebe l’aient guidé ici sans savoir qu’elle devrait affronter les sbires de la Dame, et qui sait, peut-être se mesurerait-elle à la souveraine du peuple aquatique ?

Il ne lui fallut pas longtemps pour se retrouver dehors. Le village n’était pas en si haute altitude mais, si elle en croyait les histoires des mégères, les hommes venaient d’en bas. Peut-être n’étaient-ils pas encore passés ? La nuit tombait et, dans le ciel mauve orangé, Babelda pouvait apercevoir ses amies. Celles-ci scintillaient, inondant de leurs voix célestes les oreilles attentives. Fermant les yeux pour leur accorder toute son attention, Babelda se concentra et, d’une voix audible, demanda : « Que dois-je faire ? » La réponse ne tarda pas mais ses complices semblaient vouloir s’amuser avec quelques devinettes. Le seul indice qu’elles lui laissèrent fut donc un « Suit le chemin que l’on a tracé. » Continuant de les questionner –leur demandant principalement de quel chemin elles pouvaient parler- les mesquines ne lâchèrent pas un mot de plus, chantant soudainement pour d’autres.

Tournant sur elle-même, Babelda distingua dans la pénombre plusieurs traces de pas, allant dans toutes les directions. Se moquaient-elles d’elle ? Car ce n’était pas amusant, et l’idée d’abandonner la tâche qu’on lui confiait lui sembla très séduisante. Pourtant, elle savait qu’elle ne pouvait se détourner de son destin. Elle avant entendue le funeste sort de ceux qui avaient refusé d’écouter les étoiles. Résignée, elle continua donc à chercher. Elle finit par trouver, plus grâce au hasard qu’autre chose. S’éloignant pour prendre du recul, elle vit un panneau annonçant « Forêt des aiguilles » et des empruntes suivant le sentier en question. Certaine d’être sur la bonne piste, elle se pressa pour rattraper les pions.

L’obscurité la terrifiait, peut être est ce pour cela qu’elle les rattrapa aussi rapidement. Ca et le fait que le convoi n’allait pas excessivement vite. Se rapprochant suffisamment pour ne pas les perdre de vue, mais à bonne distance pour ne pas se faire repérer, elle entendit l’un des hommes. « Je vais faire une pause pour me vider la vessie. Je reviens. » Puis il s’éloigna du sentier pour s’enfoncer dans les bois. N’écoutant que son courage, la demoiselle le suivit. Elle perçut le bruit de son arrosoir se vidant progressivement, tout en lâchant des soupirs de soulagement. Il avait du se retenir depuis longtemps. S’approchant silencieusement, ou tout du moins le plus silencieusement qu’elle put, elle arriva dans son dos, et parla d’une voix morne. « Vous en avez mare. Le froid, la fatigue, ce travail ingrat, vous ne méritez pas tout cela. » Se retournant avec précipitation, il attrapa une épée qu’il avait à la taille. « Que faites-vous là ?! » Ne se laissant pas submerger par la panique, la Rehla continua. « Vous êtes épuisez. Vous souhaitez simplement retrouver un bon lit bien chaud. Une telle vie ne vaut pas la peine d’être vécue, si ce n’est pour jamais recevoir de reconnaissance. » Le spleen.  Quel merveilleux dont de la nature. Babelda continua ainsi à noircir son esprit, jusqu’à ce qu’il finisse par se déshabiller –« Vous méritez de porter des vêtements bien plus prestigieux que ceux-ci ! »- et de partir. Récupérant les précieux matériaux, Babelda se changea et rejoignit le groupe.

Elle ne s’attendait pas à y retrouver une vieille connaissance.

Leur petit groupe s’était arrêté, attendant celui qui avait une petite vessie. Raphaël, ne souhaitant pas se faire remarquer, restait légèrement à l’écart du groupe, observant leurs gestes, et leurs attitudes. Certains parlaient entre eux, d’autres non, prouvant qu’il y avait des liens entre ces personnes. Par chance, l’Elémental avait choisi le bon, celui qui ne semblait lié à personne. Et, c’est assis sur son rocher, qu’il remarqua immédiatement le problème. Celui qui était partit, était enfin de retour, mais ce n’était plus le même. Fronçant les sourcils, il regarda à nouveau, mais sa première impression était la bonne, il le savait. Avec son pouvoir, il avait pu retenir la démarche et la façon de se tenir de l’homme qui était partit. Et celui qui venait de revenir n’avait pas du tout la même. Il était d’ailleurs légèrement plus petit, et baissait la tête, empêchant Raphaël de distinguer son visage. Il avait la parfaite attitude de celui qui ne souhaite pas se faire voir. De plus, avec sa démarche, et aux traces de pas que l’Elémental apercevait dans la neige, la personne semblait s’être transformée en femme. Il semblerait qu’il y ait d’autres infiltrés dans les rangs. Peut-être qu’il pourrait faire alliance ? Ou peut-être pas, Raphaël n’aimait pas spécialement agir en équipe, en particulier lorsqu’il ne connaissait pas. Après tout, il y avait toujours un risque d’être trahis.

L’Elémental se leva, et cambra le dos vers l’arrière, s’étirant. Ses vertèbres craquèrent, et, en penchant trop la tête en arrière, son bonnet tomba. Il se redressa, gardant un visage calme, malgré le fait qu’il ait peur que quelqu’un remarque le subterfuge. Il s’accroupit, et prit son bonnet, le remettant sur sa tête. Il regarda autour de lui, et vit que personne ne s’était intéressé à lui, sauf la seconde intruse. Il appuya un peu plus sur son bonnet, cachant du mieux qu’il pouvait son visage. Il voulut s’éloigner, lorsqu’il entendit des pas près de lui, et une voix de jeune femme l’appeler par son prénom. Il se retourna, surpris, et vit l’intruse. « De quoi ? ». Il vit les deux yeux verts l’observer. Il leva la tête, regardant les autres, mais personnes n’avaient remarqué, ni ne les observaient. Il attrapa la jeune femme par le bras, et l’entraîna un peu plus loin. Il fit en sorte de ne pas serrer trop fort pour ne pas la blesser. La force n’était pas son point fort, mais il préférait éviter de faire n’importe quoi. Une fois qu’ils se furent éloignés, il la lâcha, et se tourna vers elle. « Dit-moi, comment tu connais mon prénom ? ». Cela signifiait sûrement qu’il l’avait déjà rencontré, mais il ne voulait pas prendre de risques, après tout, elle pouvait décider de le vendre aux autres hommes, bien qu’elle ne fasse pas partit de leur groupe. Après tout, si elle se faisait capturer, elle pourrait toujours le vendre, et sauver sa peau. Bon, techniquement, il pouvait faire pareil. Sa personnalité qui ressemblait à Babelda était totalement d’accord avec ça, mais son côté plus gentil ne préférait pas envisager cette possibilité.

La jeune femme n’eut pas le temps de lui répondre, qu’un des hommes arriva près d’eux et leur cria. « Vous faites quoi ? On repart là ! Alors venez ! Et tout de suite » « C’est bon, on arrive ! ». Lui répondit Raphaël. Puis il dit plus bas à l’attention de la demoiselle. « On discutera en chemin ». Il se rejoignit les autres, se mettant légèrement en arrière dans la formation. Il trouva comme excuse celle de surveiller leurs arrières. Il se doutait que la jeune femme allait comprendre, elle ne semblait pas idiote. Et puis, s’ils se connaissaient, elle devrait vouloir lui parler. En espérant qu’ils aient eu une relation plutôt positive. Il était persuadé s’être fait des ennemis, et espérait qu’elle n’en faisait pas partie. Qu’elle soit une femme ne le gênait pas, il n’avait pas ce genre de scrupule. Non, plutôt que ce n’était pas le moment d’avoir un ennemi ici, car il était en territoire hostile, et qui sait ce qui se passerait s’ils étaient découverts.

Leur convoie reprit son chemin, les chevaux tirant le chariot. Les bipèdes étaient à pied, mais ils n’étaient pas désavantagés. Avec la pente, et la neige, même s’ils suivaient un chemin, les bêtes étaient ralenties, et avaient besoin d’être tiré parfois. Dans ces conditions, personnes ne faisaient attention aux deux derrière. Mais, même avec ce manque d’attention, Raphaël fit en sorte de ne pas parler trop fort. « Tu me connais donc, mais comment tu t’appelles ? Et tu es qui par rapport à moi ». Si elle n’était pas au courant de son amnésie, elle allait trouver ses questions étranges, mais il pourrait ainsi mieux la située dans son « classement » de ses connaissances.