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 L'ennemi de mon ami et l'ami de mon ennemi [Quête avec Zane Azmog]

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Sam 18 Juil 2015, 14:44




Le soleil baignait le continent du matin calme de ses premiers rayons et éveillait doucement la population. Callidora se dirigeait déjà vers le port, pressée de réserver un bateau et de quitter enfin cette ville qu'elle n'aimait définitivement pas. Même si elle appréciait beaucoup Babelda, elle ne pouvait pas se permettre de rester ici plus longtemps. Les déclarations de Tyros la poussaient à repartir vers de nouvelles découvertes bien plus rapidement qu'elle ne l'aurait pensé. Mais c'était plus fort qu'elle : sitôt arrivée quelque part, il fallait qu'elle s'en aille explorer des lieux inconnus. Elle ignorait d'où lui venait cette tendance, mais Tyros lui avait promis que le jour où elle trouverait l'endroit où elle se sentirait à sa place, elle n'en partirait plus. Et au fond, peu lui importait de mener une vie de vagabonde, car ce qu'elle adorait, c'était l'émerveillement incessant que lui offrait sa vie de nomade acharnée. Aussi avait-elle décidé la veille qu'elle irait au port dès qu'elle se réveillerait et qu'elle achèterait deux tickets de bateau à l'improviste. De son côté, Syveth était retourné prendre des informations au Jardin du Savoir. Elle marchait donc seule sur les quais, impatiente de savoir où le hasard les conduirait.

Mais ce n'était pas un continent inexploré que le destin avait placé sur sa route. Alors qu'elle faisait un pas vers un marin aux cheveux jaunes et à la peau couverte de tatouages, quelqu'un l'avait tirée par la main. Retenant un hoquet de surprise, elle s'était dégagée sans ménagement et avait jeté un regard interloqué sur celui qui venait la déranger ainsi. C'était un enfant qui ne semblait pas avoir plus d'une dizaine d'années. Il portait simplement un pantalon en toile beige et un haut assorti et se tenait droit comme un i, cherchant peut-être à se donner l'air impressionnant malgré son jeune âge et son corps famélique. De la poussière maculait ses joues : on aurait dit qu'il s'était traîné dans la boue. Par une sorte de réflexe maternel, au lieu de s'énerver contre le garçonnet, Callidora fouilla dans son sac et lui tendit une pomme.

"Alors, qu'est-ce que tu veux ?" Elle avait parlé d'une voix douce, souhaitant connaître les motivations de cet étrange individu. Il ne lui avait pas répondu tout de suite, attrapant la pomme de ses doigts agiles. Croquant le fruit à pleines dents, il lui avait fait signe de le suivre et elle avait obtempéré, n'étant pas d'un naturel méfiant. ll ne l'effrayait pas le moins du monde, et il y avait quelque chose d'attendrissant dans sa démarche enfantine, quelque chose d'enfantin et d'un peu gauche. Ils arrivèrent au milieu d'un entassement de caisses de bois et elle se demanda un instant comment elle ferait pour retrouver son chemin. L'enfant s'arrêta et lui fit signe d'approcher. Elle s'avança jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres de lui pour être sûre de l'entendre. Le vacarme ambiant était assourdissant : que pouvait-il bien lui vouloir pour l'emmener dans un endroit pareil ?

"Je suis désolé si je vous ai fait peur. J'ai un gros problème et je ne sais pas à qui demander de l'aide. Vous avez l'air gentille alors..." Il esquissa un sourire gêné et s'interrompit le temps de prendre une bouchée de pomme. "Mon grand-père... Quelqu'un veut l'assassiner." Callidora tressaillit à cette idée. Elle n'avait jamais compris l'intérêt de programmer la mort de quelqu'un, sauf lorsqu'il possédait des informations à ne pas divulguer. "Je ne sais pas pourquoi, mais hier soir je me promenais dans la rue commerçante avant de rentrer, et j'ai entendu deux personnes parler. L'une disait qu'elle tuerait le vieux Mathel en début de matinée, dans une ruelle près d'une boutique de tissus." Elle en avait des frissons. Pour discuter aussi négligemment d'un assassinat, il fallait soit que le commanditaire soit sûr de l'efficacité du tueur, soit qu'il soit complètement idiot. "J'ai dû vite partir parce que sinon elles m'auraient trouvé mais... Mon grand-père a toujours été gentil avec moi, et il soigne les gens quand ils sont malades. Ces derniers temps il est méfiant, comme s'il savait qu'on voulait lui faire du mal. Je ne sais pas pourquoi quelqu'un voudrait sa mort, tout le monde l'aime beaucoup. Je suis trop petit et trop faible mais... S'il vous plaît, faites quelque chose."

Ni une ni deux, Callidora avait accepté d'aider le petit et s'était lancée dans les rues de la ville d'un pas vif et déterminé. Il était hors de question qu'elle laisse le grand-père de cet adorable se faire tuer. D'autant que c'était un vieil homme, et elle avait du respect pour les personnes âgées, car leur expérience en faisait souvent des gens plus sages et plus calmes que les autres. De plus, elle n'aimait pas l'idée que des crimes puissent être commis avec tant de facilité. Elle n'avait rien d'une justicière, mais si le fameux Mathel détenait des informations compromettantes ou précieuses et savait qu'il risquait la mort, elle devait arriver jusqu'à lui au plus vite pour qu'il puisse partager son secret. Avec un peu de chance, il lui ferait confiance et elle découvrirait le fin mot de l'histoire. À vrai dire, peu lui important ce qui lui arriverait ensuite. C'était un aspect froid de sa personnalité, mais quand des informations importantes entraient en jeu, elle envisageait d'abord ses propres intérêts. Quoi qu'il en soit, elle devait empêcher le tueur d'accomplir sa sale besogne. Elle avait encore besoin du vieil homme.

Elle approchait de la vieille boutique de tissus dont l'enfant lui avait parlé. C'était plus un magasin abandonné qu'autre chose : elle apercevait les vêtements entassés les uns sur les autres à travers la vitrine. Personne ne semblait être à l'intérieur. Elle fit mine de s'approcher pour jeter un oeil, surveillant les gens qui passaient dans la rue dans le reflet de la vitre quand son regard se posa sur un homme qui semblait attendre dans l'ombre.


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Sam 18 Juil 2015, 23:53


 
   
 

Quelques semaines s'étaient écoulés depuis ce fameux jour. Il avait provisoirement quitté son royaume adoré, l'enfer, pour se tourner vers d'autres contrées. Accompagné de son animal fétiche, le fidèle Krog figurait à ses côtés avec l'unique intention que de suivre son maître. Qu'importe dans quelle direction ils iraient, Zane devait trouver quelque chose à rapporter à sa nouvelle collection. Une œil, une oreille... Tout ça était si banal, il devait trouver la voie qui le conduirait à l'extase extrême. Depuis le temps qu'il n'avait pas vécu quelque chose de fort, l'ennui devenait de plus en plus insupportable. Tout ce qu'il avait finalement pu tirer venait de cette jeune fille qui lui avait indiquer des infos concernant un homme qui recherchait un assassin, sans plus de détails ce propos. Après lui avoir gentiment demander où il pouvait être contacté, celle-ci lui avait parlé du continent du matin calme. Un lieu qu'il ne connaissait qu'à travers les dires, mais dont le nom ne l'inspirait que très peu. Ceci étant, après avoir obtenu ces quelques confidences, la jeune fille fut dévoré par la créature à quatre pattes. Nourrir ses animaux était important pour les rendre docile, même en enfer.

Après des dizaines de kilomètres à marcher en direction du Nord, les deux acolytes durent contourner une montagne pour atteindre le port le plus proche. Effectivement, comme la plupart du temps il fallait emprunter la voie maritime pour accéder aux continents voisins, de nombreux navires s'y rendaient chaque jour. Bien entendu, de son côté Zane pouvait facilement s'envoler dans les cieux grâce à ses ailes de démons et s'y rendre le plus rapidement possible. Là n'est pas la question, puisque les bateaux lui serviraient de guide. D'un bref coup d’œil dans la direction à prendre, l'homme retira son survêtement, fit jaillir ses ailes de jais de son dos, agrippa son compagnon entre ses bras et s'envola à vitesse éclair dans les airs. Comme prévu, ce dernier se guida des bateaux présents jusqu'à ce qu'il puisse apercevoir les lumières du phare. De par son aisance avec l'élément du vent, il descendit à vive allure et se posa avec noblesse à l'entrée du port. Il camoufla une nouvelle fois ses ailes et remit son haut tout en reprenant la marche. A peine eut-il le temps de faire quelques pas qu'il fut interpellé par une voix. La brume, anormalement présente, empêchait clairement d'y voir à plus de deux mètres. La voix continua de l'appeler, toujours un peu plus fort. Il s'avança, tourna plusieurs fois la tête puis jeta un coup d’œil à son loup, attentif, le museau pointé en avant. A cet instant il vit une silhouette, et plus qu'une silhouette un visage masqué.

« C'est une blague ? Tu veux quoi ? » Un long silence détourna la question. « Tu n'as pas besoin de le savoir ? Tu est un démon c'est bien ça ? J'ai besoin de tes services. » Soit c'était un coup de chance comme il n'en avait jamais vécu, soit on l'attendait depuis le début. Aucune des deux possibilités n'avait de sens. « Attends, tu est le type que je cherchais ? Tss, je vois, t'es plutôt malin ». L'homme, ou du moins ce qu'il prétendait être un homme se leva et lui fit signe de le suivre. Sans trop se poser de questions, Zane et Krog se mirent derrière lui sans dire un seul mot. Arrivé près d'une maisonnette close, il sortit un manuscrit d'une de ses poches pour y griffonner quelque chose. Un visage, et plus précisément celui d'un vieil homme.« Tue-le. Rapportes moi sa tête et l'or suivra. » Avec autant de sérénité, de calme et d'habilité pour appâter un démon, une question lui brûlait le bout des lèvres c'est « Pourquoi tu t'en charges pas toi-même ? » mais il se refusa bien sûr de poser une question aussi idiote. Le fait est qu'une récompense était à la clé. Connaître les éternelles raisons de ceux qui voulaient tuer quiconque, que ce soit un vieux, un enfant ou un nourrisson ne rentrait pas dans les critères de sélection de son espèce. L’appât du gain avec un zeste de divertissement est amplement suffisant pour les motiver. Cet homme, aussi étrange soit-il savait tout ça, d’où son silence depuis le début et le minimum d'informations qu'il daignait apporter. A l'heure actuelle, le visage du vieil homme reflétait l'information capitale à mémoriser. Il restait tout de même un détail tout aussi important, où vivait-il ? « La boutique au Sud-Est du quartier résidentiel, tu la reconnaîtras grâce à son enseigne en forme de clé ». Ultime renseignement dont il avait besoin. Saluant son employeur, le démon était prêt pour son prochain meurtre.

D'un geste bref et élégant, Zane forma une ligne avec la paume de sa main en partant de l'autre. En une fraction de secondes, un sabre apparu au creux de sa main droite. Son arme de prédilection avait été soigneusement camouflé par ses compétences d'illusionniste. A son stade, cette capacité ne lui servait pas à grand chose, mais elle pouvait au moins le rendre discret la plupart du temps. En plein soleil comme c'était le cas actuellement, il n'était pas facile de prendre quelqu'un pour cible sans se faire repérer. Attendre aurait pu être envisageable uniquement si sa cible avait été d'une toute autre force. Là pour le coup, ça n'aurait servi à rien d'autre qu'à le ralentir. Toujours épaulé de son fidèle compagnon à ce moment précis, le démon lui ordonna de se cacher une fois qu'il eut aperçu la fameuse clé. C'était bien ici, néanmoins arrivé devant le bâtiment il ne vit et ne sentit aucune présence. Qu'importe si ce vieux était au courant ou pas, il repasserait forcément par là à un moment ou un autre, car la boutique n'avait pas été vidé. S'adossant contre un mur d'une ruelle sombre, Zane attendait l'heure du retour fatidique. Les secondes, les minutes, les heures passèrent mais rien. Rien jusqu'à l'apparition d'une curieuse femme qui semblait également rechercher le propriétaire pour une obscure raison. A l'instant ou celle-ci remarqua sa présence, le diable fit de nouveau disparaître son arme avant de s'avancer à la lumière du jour. Son expression était celle d'un gentilhomme, son sourire, ses yeux, il avait tout remodeler pour paraître le plus sincère possible.

« Excusez-moi si je vous ai effrayés, ce n'était nullement mon intention. Vous pouvez éventuellement me renseigner sur cet homme, je dois le protéger. J'ai bien peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. »


C'était encore le meilleur moyen de s'approcher de lui et d'apprendre deux, trois choses intéressantes. Qui qu'elle soit il pouvait être sûr d'une chose, elle n'était pas là pour le tuer.


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Jeu 23 Juil 2015, 00:47




Celui qui s'approcha de Callidora ne l'effraya pas le moins du monde. Elle le trouva même plutôt beau, particulièrement fascinée par sa chevelure brune qui descendait dans son dos. Elle retint un murmure d'admiration, se disant qu'elle n'avait jamais vu un homme avec des cheveux si longs. Syveth aurait fait pâle figure à côté. Elle poussa un soupir de soulagement en entendant ses paroles. Visiblement, ce n'était pas un ennemi, il avait lui aussi pour mission de protéger le vieil homme. Elle se sentit soulagée de ne pas être seule : si elle était tombée sur plusieurs assassins, elle aurait été bien en peine de les empêcher de perpétrer leur crime. Avec son allure fragile et ses grands yeux rêveurs, elle était incapable d'inspirer de la peur à qui que ce soit. Elle regretta un instant que son fidèle compagnon ne soit pas avec elle pour la protéger comme il l'avait toujours fait avant de se ressaisir en fixant son regard doré sur l'inconnu qui arborait un visage amical. Elle pouvait parfaitement se débrouiller seule, après tout.

Elle s'apprêtait à lui avouer la vérité au sujet du vieil homme lorsqu'elle se ravisa. Il y avait quelque chose d'étrange dans sa manière de se tenir. Elle mit cela sur le compte de la nervosité : qui ne se sentirait pas stressé à l'idée de devoir sauver quelqu'un de la mort ? Il était pourtant venu à elle en exposant clairement ses intentions et elle admirait cette honnêteté. Elle aurait aussi bien pu être un assassin, pourtant il ne paraissait pas se méfier d'elle le moins du monde, et au vu de son apparence frêle, c'était tout à fait compréhensible. Mais elle ne pouvait pas se permettre de lui faire entièrement confiance : peut-être jouait-il la comédie. Alors qu'elle hésitait sur le comportement à adopter, elle constata qu'il ne montrait aucun signe d'impatience ou d'inquiétude. Un homme désirant sincèrement protéger quelqu'un se serait inquiété du silence de la personne à qui il venait de confier son projet. Il y avait quelque chose de louche là-dessous, même si elle ignorait quoi. Elle ne pouvait décidément pas se confier à lui, d'autant qu'elle ne le connaissait absolument pas. Et se cacher dans l'ombre était une attitude plus digne d'un meurtrier que d'un protecteur.

Malgré ces considérations, Callidora se sentait inexplicablement attirée par l'étranger. Il était indéniablement. Avec son physique sculpté, il inspirait le respect. Quoi qu'elle puisse en penser, c'était sans doute un guerrier, quelqu'un d'habitué à se battre. Elle n'avait jamais rencontré quelqu'un d'aussi impressionnant, et ses cheveux tout à fait particuliers étaient d'une beauté fascinante et rougit légèrement en constatant qu'il la scrutait avec des yeux attentifs, pleins de sincérité. Elle ne doutait pas que l'enfant ait pu éprouver de la confiance envers cette homme au visage fin et sérieux. Elle-même n'aurait pas hésité à lui demander de l'aide si elle avait été dans une situation pareille. Mais pourquoi diable le petit ne lui avait-il pas parlé d'un autre sauveur potentiel ? Elle envisagea l'idée que l'inconnu ait refusé dans un premier temps de porter secours au vieil homme et à son petit-fils avant de se dire que c'était monstrueux et de revenir sur sa décision. Cependant, rien n'expliquait que le gamin ne lui ai parlé de rien. Mais non, dès qu'elle posait les yeux sur cet homme, son esprit s'emplissait de la certitude qu'il ne mentait pas. Elle ne savait pas quoi faire mais décida de répondre, inventant ce qui lui passait par la tête et prenant un air indigné.


"Je... Ça alors, qui peut bien vouloir du mal à Monsieur Mathel ? C'est impensable." Elle leva les yeux vers l'homme qui lui faisait face et lui lança un regard appuyé. "J'ai rendez-vous avec lui ici, je viens chercher une robe et les plantes qui soigneront mon frère. C'est un herboriste doué, savez-vous ?" Elle baissa la voix pour sa dernière phrase, soucieuse d'être discrète. "Enfin, c'est étrange qu'il ne soit pas encore arrivé, lui qui est toujours si ponctuel ! Vu ce que vous m'avez dit... Oh, j'espère qu'il va bien ! "

Elle s'efforça de paraître la plus naturelle possible. Avec un peu de chance, il la prendrait pour une banale résidente du quartier et la croirait sur parole. De plus, elle ne représentait aucun danger pour lui, car même s'il découvrait qu'elle mentait, vu sa musculature dessinée il n'aurait aucune difficulté à la maîtriser. Elle adressa une prière silencieuse aux étoiles, pensant qu'elle aurait dû attendre que les gens sortent avant de se rendre au port. La rue était déserte. Elle était vraiment dans de sales draps.

Callidora ne vit pas l'imperceptible mouvement qui agita l'un des vêtements entreposés dans la boutique, toute son attention portée sur l'inconnu qui ne sembla rien voir non plus et dont elle attendait la réaction, le ventre noué.

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Jeu 23 Juil 2015, 22:33


 
   
 

Jeune guerrière, c'est la première impression qu'il eut en voyant le visage de l'inconnue. La distance et la luminosité trop prononcé l'avaient empêché de distinguer nettement les détails de son faciès. Avec un peu plus d'attention, son regard ancré sur les formes ainsi que la silhouette de celle-ci lui parurent beaucoup plus attirante. C'était une belle femme, très séduisante. Elle disposait d'un charme innée que tout homme digne de ce nom se devait de remarquer. Toutefois, c'est aussi à cause de ça qu'il devait se mettre davantage sur ses gardes. Le fait de s'aventurer en terrain totalement inconnu amplifiait les risques. Un démon à beau se retrouver très bien placé sur l'échelle des pires dangers à contourner coûte que coûte, il ne fallait en aucun cas sous estimer les créatures du sexe opposés qui savaient mieux qui quiconque exposer leur forces. Si des précautions devaient être prises, il le ferait en temps et en heure en fonction de son propre jugement. De toute façon, dans ce cas précis il devait atteindre un objectif bien défini, c'est pourquoi une telle obnubilation devait rester secondaire. Il apprendrait tôt ou tard à la connaître. Avec un peu de chance, elle pouvait s'avérer être d'une bonne compagnie.

Pour la première fois de sa vie, il devait abandonner toute stratégies, quelle qu'elle soit. Quelque chose au fond de lui dictait de ne pas partir avec l'idée de la tromper. L'instinct probablement, ou alors le sentiment d'échouer si elle prenait conscience de sa nature. Trop de questions. Il devait agir et seulement agir, viendrait ensuite les éternelles interrogations. Démon ou pas, il savait aussi être un partenaire agréable, si tant qu'on puisse lui en donner l'opportunité. Bah, tant pis, comédien ou pas, la nature de son nouveau visage emplis de bonnes intentions marquerait forcément des points. L'improvisation, un atout central dans la résolution de nombreux imprévus. Pour qu'elle lui fasse complètement confiance, il devait obligatoirement lui faire confiance en retour, c'est de cette façon là qu'il voyait les choses. C'est boosté d'assurance qu'il s'avança un peu plus vers la jeune demoiselle, réduisant l'écart de leur deux personnes. A présent, il voyait plus clairement que jamais ses yeux aux couleurs de l'or, l’attrait qui ressortait sans doute le plus chez cette dernière. Ses cheveux bruns flirtaient indéniablement avec l’incandescence du feu. Une alliance qu'il estimait tout à fait réussi. Nul doute qu'un perfectionniste de l’esthétique capillaire tel que lui avait l’œil pour ce genre de détail insignifiant.

Mais passons, là où Zane ne devait pas se planter, c'est sur les mots à employer. Elle fut la première à les mettre à profit, et la première chose qu'il apprit et non des moindres, c'était le nom de sa soit disant victime. Mathel... un nom qui sonnait comme celui d'un prêtre, bien qu'il n'avait rien à voir avec ça. Pour ce qui est du reste, il ne savait pas si vérité et mensonge ne faisait pas partie d'un tout. Herboriste dans une boutique de textiles, c'était aussi plausible que vendeur de nouilles dans un cimeterre. Mais les personnes insolites existaient, alors il ne pouvait parier là dessus. Quoiqu'il en soit, il s'en fichait complètement. Le sourire de Zane démontra toute la croyance qu'il portait en ses dires. D'un mouvement de la tête de droite à gauche, il surveillait les alentours, semblant même légèrement inquiet de quelque chose.

« S'il va bien, il reste néanmoins en danger. Toutefois chère demoiselle, je vais être honnête avec vous... » Le ton sur son visage et dans sa voix était sensiblement plus grave que précédemment, il n'en demeurait pas moins tout aussi chaleureux. « Je ne connais pas beaucoup cet homme, lui non plus. Sachez juste qu'il m'a sauvé la vie étant plus jeune. Pour cette raison je dois lui venir en aide, et ce même si je dois y laisser ma vie ». Honnête sans l'être vraiment. Finalement il n'avait pas pu se résoudre à lui dire une quelconque once de vérité, sûrement car il sentait la même fausse note auprès de sa voisine. Suite à ça, il fit à nouveau quelques pas dans le but de lui tendre sa main. « Pardonnez mes mauvaises manières, j'ai omis de me présenter. Appelez moi Zane ». Au moins, son désir de mieux la connaitre était bien concret et véritable. Malgré tout, toujours aucun signe de vie ne vint les déranger. Rien hormis... Krog ?!

Le loup géant se trouvait loin devant eux, il se mouvait à pas de loup -logique- les crocs facilement identifiable. On entendait péniblement ses grognements, signe évident qu'il passerait bientôt à l'attaque. Honnêtement, Zane n'avait rien prévu. Krog était une bête futée, il agissait avec sa propre conscience et prenait rarement des initiatives. Pour autant, il interprétait là le rôle du méchant prédateur. Son maître l'avait vivement compris. Le démon se mit entre la jeune femme et lui, écartant ses bras pour bien délimiter la séparation. « Écoutez, je vais vous demander de fuir. Laissez-moi me charger de ce loup, vous, occupez-vous de retrouver Mathel. Je vous rejoins plus tard, c'est compris ? ». Zane afflua immédiatement au travers d'une ruelle, son compagnon, qui jouait donc le prédateur, emprunta machinalement le même chemin. Tous deux disparurent dans la noirceur des ténèbres.


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Ven 24 Juil 2015, 00:09




Callidora fut abasourdie par le départ brusque de son interlocuteur. Lui qui prétendait devoir protéger le vieil homme venait de disparaître trop mystérieusement pour être honnête. Et elle n'appréciait pas le ton inquiet de sa voix. Il ne collait pas avec son comportement. Quelqu'un de véritablement concerné par cette histoire _ comme elle, par exemple _ ne serait pas éloigné une seule seconde de la boutique. De plus, elle détestait l'idée de fuir l'endroit. Si un loup approchait, elle essaierait de l'assommer en faisant léviter n'importe quel objet. Mais le dénommé Zane ne savait évidemment pas qu'elle était capable d'utiliser la magie. Il la prenait certainement pour une citoyenne lambda, même si elle avait remarqué avec plaisir qu'il semblait apprécier son apparence. Elle songea cependant que son comportement n'avait rien de normal et qu'il valait mieux qu'elle reste sur ses gardes. Syveth lui reprochait souvent sa naïveté, et dans une situation aussi dangereuse, elle s'efforçait d'être prudente.

Si elle avait commencé par douter des bonnes intentions de Zane, elle savait désormais avec certitude qu'il mentait. Peut-être avait-il senti qu'elle ne disait pas la vérité. Quoi qu'il en soit, elle ne comptait pas spécialement s'en faire un ennemi, d'autant qu'il était physiquement très attirant. Lorsqu'il reviendrait, si Mathel n'était toujours pas arrivé, elle échangerait quelques paroles sincères avec lui pour gagner sa confiance. Après tout, son côté manipulateur prenait régulièrement le dessus quand quelqu'un détenait des informations qu'elle désirait obtenir. Pour quelle sombre raison voudrait-on tuer un vieillard herboriste ? Il savait forcément quelque chose, quelque chose d'important, et la curiosité légendaire de Callidora envahissait son esprit au point de la détourner de tout autre but. Si Zane se montrait disposé à l'aider à avoir ce qu'elle voulait, elle le laisserait faire ce qu'il voulait de Mathel. Dans le cas contraire, il serait toujours temps de protéger la cible, et avec un peu de chance, il lui dirait ce qu'elle voulait savoir, en guise de reconnaissance.

Mais alors que les minutes s'égrenaient sans que Zane ne revienne, la rue restait déserte et le magasin inanimé. Elle s'approcha de la vitrine poussiéreuse pour regarder à l'intérieur. Des vêtements jonchaient le sol, comme jetés au hasard dans une grande précipitation, peut-être même au cours d'une bagarre. Elle sourit en constatant le désordre qui régnait : Syveth serait probablement devenu fou en voyant une telle pagaille. Elle constata avec étonnement que rien ne traînait sur le comptoir. Il ne pouvait définitivement pas avoir eu de conflit dans la boutique. Faire croire à une altercation était probablement l'effet recherché en balançant tous ces habits sur le sol _ mais dans quel but ? Le comptoir impeccable montait la volonté du propriétaire de quitter les lieux proprement. Elle poussa un soupir accablé en voyant qu'il n'y avait rien d'autre d'intéressant. Elle sortit une pomme de son sac et la croqua avec vigueur. Elle vint près de la porte en cèdre et tourna la poignée de fer, espérant qu'elle s'ouvrirait miraculeusement. Rien ne se passa et l'attente commençait sérieusement à taper sur les nerfs de la jeune Rehla. Elle qui aimait avoir un peu de temps pour observer l'environnement dans lequel elle évoluait détestait quand les évènements tardaient à venir. La patience n'avait jamais été son point fort.

Malgré son impatience croisante, Mathel ne semblait pas disposer à apparaître. Callidora s'était éloignée de la porte pour revenir à son point de départ, devant la vitrine. C'était d'un ennui mortel. Elle songea que le vieil homme avait sans doute été attaqué et qu'il était peut-être déjà. Cette idée la tenaillait et elle finit par se dire que partir était la meilleure solution. De toute manière, elle ne reverrait jamais le gamin qui l'avait abordée pour lui demander son aide, et elle voguerait sur l'océan le lendemain matin _ peut-être même ce soir, si elle parvenait à retrouver Syveth à temps. Mais sans qu'elle sache pourquoi, elle restait plantée près de la vitrine. De loin, elle savait que son comportement n'avait rien de suspect. Elle passait simplement pour une cliente pressée qui avait jeté un œil dans la boutique pour voir si quelqu'un était là et tenté d'ouvrir la porte, pensant qu'il y avait une autre pièce dans laquelle se trouvait le commerçant et continuant à attendre qu'il arrive. D'autant que les gens au courant de l'assassinat programmé de Mathel ne devaient pas être si nombreux.

Agacée d'attendre sans rien faire, Callidora finit par s'asseoir sur un petit muret de pierre devant la boutique et sortit un petit carnet bleu. Elle avait remarqué l'enseigne particulière, en forme de clé, et se dit que, quitte à perdre son temps, elle pouvait bien s'adonner à quelques esquisses. Elle commencerait par représenter l'étrange enseigne puis s'attaquerait à une ébauche du magasin lui-même. Cette activité n'avait pas énormément d'intérêt, mais au moins elle était distrayante. Si Mathel ne s'était toujours pas montré lorsqu'elle aurait fini, elle s'en irait. Au bout de quelques instants cependant, elle se surprit à penser qu'il était peut-être arriver quelque chose à Zane et releva la tête. Syveth n'aurait pas apprécié qu'elle fréquente un tel individu, mais il lui plaisait bien avec son attitude étrange et son physique alléchant. Qu'importe, ce n'était pas le moment de penser à ce genre de choses. Elle crut apercevoir le jeune homme revenir et pencha la tête sur le côté, intriguée. Elle posa son crayon dans son carnet et resserra sa main sur la dague cachée dans sa tunique, méfiante. Qu'avait-il bien pu faire pour être si long à revenir ?

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Ven 24 Juil 2015, 15:12


 
   
 

C'est à bout de souffle que le retour du ténébreux s'exprima par le biais d'une succession d'un halètement soutenu. Véritablement à court d'endurance, il ne fallait pourtant pas oublier que Zane était un grand sportif, hobby qui se pratiquait très rarement parmi la race démonique. Ce satané loup ! Lorsque ils avaient tous deux disparus du champ de vision de la jeune femme, Krog s'était mis à courir dans une direction totalement divergente à la sienne. Par conséquent, le maimaitre avait du cavaler après son chienchien sans raisons. Et même après tous ces détours sans fins, il ne savait toujours pas le fin mot de l'histoire. Malheureusement, même en comprenant la plupart du temps le comportement de son compagnon, il ne parlait pas encore le canidé. Au moins il avait pu s’adonner à son jogging quotidien, c'était toujours ça à prendre. Enfin bon, pour en revenir à la situation actuelle, il en avait presque oublié qu'une séduisante femme l'attendait -ou pas- et que selon ses humeurs il pouvait en prendre plein la tête. Zane fréquentait suffisamment ces dernières pour comprendre qu'elles se ressemblaient toutes plus ou moins au niveau de la colère. Qu'importe les espèces à laquelle elles appartenaient, si il y a bien un point commun entre toutes, c'est la crainte qu'elles peuvent inspirer à la plupart des hommes. Heureusement que le sang du mal coulait dans ses veines, sinon il aurait sûrement éprouver une légère appréhension. Accessoirement, il devait aussi s'occuper sérieusement de son rôle dans cette affaire.

Mathel hein, voici sa seconde tâche. Lors de son escapade dans les rues de la ville, l'homme avait cru l’apercevoir se faufilant dans un passage étroit. Mais quand il était parti vérifié, il ne trouva rien d'autre que des chats errant dans les déchets. Il préféra tout de même écouter son intuition, c'est pourquoi il s'était pressé pour revenir le plus vite possible au point A. Si sa vision ne lui avait pas joué de tours, il ne fait aucun doute qu'il allait débarquer dans très peu de temps. Malgré tout, il devait maintenant faire face à la fille dont il ignorait toujours l'identité. Pour le moment il se contenterai alors de l'appeler par des sobriquets qui lui viendraient à l'esprit. Alors même qu'il venait tout juste de reprendre sa respiration, son regard croisa une nouvelle fois les yeux topaze de la mystérieuse inconnue, son visage exprimant une légère inquiétude. Elle était manifestement sur ses gardes, preuve qu'en était sa main prêt à dégainer une quelconque arme. Comme il s'y attendait de sa part, elle pouvait au moins se défendre un minimum. Elle était donc bien ici pour un tout autre but que rencontrer un herboriste sénile. Il ne pouvait pas lui en vouloir de mentir, lui qui usait déjà de toutes les ficelles en la matière, cela aurait été inadéquat de sa part. De plus, du peu qu'il ait pu en constater, elle maniait habilement ses approches. Cette situation était aussi cocasse qu'amusante pour le démon.

Mais afin de la rassurer et d'éviter tout coup de poignard dans le dos, Zane lui fit immédiatement un un appel de la main pour signaler que tout était sous contrôle. C'est seulement après qu'il l'a rejoignit. « Désolé d'avoir été aussi long, princesse aux yeux d'or. Je n'y connais rien en magie, alors j'ai du me débrouiller avec mes seules capacités d'athlètes ». Et ce n'était pas totalement faux, la magie qu'il employait habituellement servait surtout pour la tromperie et la discrétion, très peu pour l'offensive. Destiné à éviter toute violence venant de la guerrière, il continua sur sa lancée. « Cependant ma chère, ce petit tour d'horizon m'a permis d’apercevoir brièvement Mathel. Croyez-moi il va... »

La tête tourné vers la droite, les yeux figés, la bouche entrouverte, le vieil homme qu'il fixait utilisait précisément les mêmes mimiques. Il était enfin là, cet herboriste au visage marqué par les effets de l'age. Malgré sa vieillesse, il était vif. Il comprit instantanément qu'il n'était pas bon de rester près de la boutique, avec deux personnes qui lui étaient totalement étrangères. Oui, vu comme ça c'est sûr que personne n'aurait jamais daigné s'approcher. Quoiqu'il en soit, il disparut dans la ruelle voisine. Sans perdre une minutes, Zane empoigna la main de la jeune femme pour l’entraîner dans sa course. Pas question qu'il leur échappe, pas après toute cette attente. Certes, poursuivre quelqu'un qu'on est "sensé" protéger figurait dans le top un du comportement suspect, mais bon, au point où il en était il ne cherchait même plus à réfléchir. Il comptait uniquement sur l'aide que pourrais lui apporter la jeune femme. Au terme de plusieurs virages, l'homme épuisé s'arrêta enfin. Le souffle coupé de ce dernier permit au démon de lâcher prise sur la main de sa partenaire, s'en suivit une approche prudente où il montra ses mains à mi distance pour lui indiquer qu'il n'était pas armé.

« Calmez-vous. Nous ne vous voulons aucun mal, au contraire. Je suis Zane, et voici mon ami euh... Il chercha une réponse en se tournant vers elle, mais il devait répondre vite. ...Belle. Comme vous le voyez, nous sommes sans armes». Tout en apaisant progressivement la cible, le ténébreux se laissa tenter par une approche de plus en plus franche. Lentement mais sûrement, sa posture devint plus directe, sa démarche plus aisé. Il ne restait plus que quelques secondes avant d'atteindre sa cible. Ce qu'il escomptait en faire demeurait toutefois une énigme, soit il laissait l'opportunité à sa camarade d'agir comme bon lui semblait, soit il le tuait ici et maintenant sans retenue.



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Dim 26 Juil 2015, 15:53




Callidora détestait la tournure que prenaient les évènements. Quand elle avait vu Zane revenir, elle avait cru l'espace d'un instant qu'elle allait enfin pouvoir lui expliquer ses intentions et qu'il coopérerait sans hésiter. À présent, elle devait à tout prix garder le silence sur ce qu'elle désirait savoir si elle voulait obtenir l'information. Elle ignorait comment, mais le vieux Mathel savait que quelqu'un avait envoyé un tueur à ses trousses. Le regard méfiant, il continuait à haleter, visiblement fatigué par la course qu'il venait de faire. Vu son âge, elle comprenait parfaitement qu'il peine à reprendre sa respiration. Quant à elle, revigorée par ce sprint à travers les ruelles, elle ne pensait plus qu'à trouver une solution. Désormais, il semblait impossible de faire parvenir un message à Zane sans que le vieillard ne le remarque immédiatement. Il fallait donc qu'elle se débrouille seule, si possible en évitant que Mathel ne soit tué avant qu'elle récupère l'objet de sa convoitise. Elle devait gagner sa confiance, mais avec un homme aussi sûr de lui et impressionnant que son camarade, elle ne voyait pas comment s'y prendre. Malgré tout, elle lui était reconnaissante de lui avoir attrapé la main pour qu'ils poursuivent leur cible ensemble, même s'ils n'avaient probablement pas les mêmes projets. Avec un peu de chance, elle parviendrait à lui faire comprendre qu'il devait attendre avant d'exécuter sa sale besogne.

À l'instant où il avait ouvert la bouche pour rassurer l'homme qu'ils venaient de poursuivre maladroitement, elle avait su qu'il mentait depuis le début. Il mentait avec aisance, mais Callidora reconnaissait la vérité, et il n'était pas le moins du monde sincère. Détecter le mensonge était un art complexe : il lui arrivait souvent de se tromper, mais un étrange pressentiment lui disait que cette fois-ci, elle avait bel et bien affaire à un menteur. Malheureusement, sa conscience la rattrapait alors qu'elle se remémorait le visage du petit garçon qui lui avait demandé de l'aide en fouillant dans son sac. Pour qu'elle prouve son honnêteté auprès du vieil homme, l'enfant lui avait donné une photo où on les voyait tous les deux en train de se promener sur le port. Alors qu'elle sentait le cliché sous ses doigts fins, elle jeta un regard à Zane. Celui-ci fixait toute son attention sur le vieillard, tel un chasseur prêt à fondre sur sa proie.

Elle devait agir avant qu'il ne tente quelque chose qui ruinerait ses chances de savoir ce que Mathel avait pu apprendre pour qu'on chercher à le tuer. Si son coeur commençait à s'affoler, elle n'en laissa rien paraître et afficha une expression dure. Son camarade fit un pas en avant vers sa cible. Elle n'hésita pas une seule seconde. Une boule de feu de la taille d'une main apparut juste devant les yeux de Zane qui recula d'instinct, lui jetant un regard furieux. "Zane chéri, je te prie de ne pas effrayer ce gentil monsieur. Mets-toi à sa place, nous venons juste de le poursuivre comme si nous étions à ses trousses. Sa méfiance est compréhensible."

Les traits de Mathel furent loin de se détendre. Il plissa les yeux comme s'il jaugeait Callidora, oubliant pour un moment celui qui lui avait parlé en premier. Elle brandit l'image devant elle avec un sourire gêné. "Monsieur, votre petit-fils m'a donné cette photo comme preuve de notre bonne volonté. C'est lui qui est venu nous prévenir que vous courriez un terrible danger. Visiblement, quelqu'un aurait envoyé un assassin redoutable pour vous faire taire. Nous lui avons promis de vous aider. S'il vous plaît, laissez-nous vous protéger." Elle avait parlé d'une voix douce, presque implorante à la fin. Elle lança le cliché qui atterrit aux pieds du vieil homme. Il le ramassa avec prudence. La première étape se jouait maintenant. S'il décidait de leur faire confiance, elle aurait juste à l'amadouer suffisamment pour obtenir ce qu'elle voulait. Bien évidemment, l'élément imprévisible de son plan était Zane et elle n'avait aucune prise sur lui.

Tandis que Mathel attrapait la photo et qu'elle maintenait son petit mur de feu pour être sûre qu'il ne tente rien, elle lui jeta un regard agacé, un regard qui voulait dire "Surtout, ne tente rien. Ferme-la et laisse-moi faire.". Elle espérait qu'il comprenne le message. Dans le cas contraire, elle n'aurait plus qu'à faire une croix sur sa curiosité. Et cette idée la répugnait. Elle voulait savoir quel sombre secret le vieil homme avait percé à jour pour qu'on en veuille ainsi à sa vie et elle ne reculerait devant rien, d'autant qu'une nouvelle idée venait de germer dans sa tête. Elle esquissa un sourire satisfait alors que Mathel observait la photo. Parfois, elle pouvait se montrer terriblement calculatrice.

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Lun 27 Juil 2015, 14:48


 
   
 

Quelle garce. Oser lui projeter une boule de feu de la sorte, un sérieux manque de politesse. Elle révélait un tout autre visage que ce qu'elle avait bien voulu montrer plus tôt, bien qu'elle ait sciemment évité de le toucher. Si l'attaque n'était pas destiné à le mettre hors course, elle lui énonçait explicitement de ne pas faire un pas de plus. Si ce geste inconsidéré ne plaisait pas beaucoup à Zane, il pouvait lui reconnaître une certaine audace. Sa prise de risque ne voulait dire qu'une chose, elle cherchait à obtenir la confiance du vieillard, et tout bien considéré ça lui était complètement égale à partir du moment où il pourrait l'égorger après son petit caprice. Inutile de chercher la guerre inutilement, ça ne servirait par leurs causes. Peu importe ce qu'elle attendait de l'homme, le démon garderait un œil sur lui, et jamais il ne le laisserais s'échapper, à l'exception bien sûr qu'on lui fasse une proposition plus alléchante que ce qu'on lui avait promis.

Même si il acceptait l'idée de lui laisser la main sur sa proie, Zane n'en demeurait pas moins irrité, sous l'effet de l'affront qu'elle s'était avisé de lui faire. Ce qui suivit fut si bref qu'il était imperceptible pour un regard humain. Le vieil homme ne pouvait ni le sentir ni le voir, mais en une fraction de seconde, l'aura meurtrière du démon avait atteint son paroxysme. Quiconque percevait cette infime différence était en mesure de noter l’énorme divergence entre les deux personnalités du diable. La jeune femme avait également dû remarquer qu'elle n'était pas visé par ce phénomène, seulement renseigné de sa convoitise. Les actions de la belle brune avaient inconsciemment déclenché le réveil de la bête, qui voulait visiblement qu'elle sache une bonne fois pour toutes à quelle famille il appartenait.

Malgré toute cette haine dirigé vers ce seul individu, Zane reprit comme si de rien était son éternelle sourire à la seconde où il pivota son corps pour faire demi tour, la zénitude ne semblait pas l'avoir quitté un seul instant. Actuellement, il n'avait encore aucune raison de se laisser aller, le feu étant un élément courant en enfer, comment aurait-il pu s'emporter à cause de ça ? D'autres raisons le poussaient aussi à garder son self contrôle, des raisons qu'il se garderait bien de divulguer. Quand il passa à côté de sa partenaire, le démon lui échangea quelques mots. « Fais ce que tu veux de lui, seule la façon dont il finira me réjouis. Par contre, je garde un œil sur toi, ma belle ». En tant que témoin, il pouvait parfaitement gérer la situation si celle-ci venait à s'empirer. Afin d'obtenir pleinement l'attention du vieillard sur elle, fire-girl n'avait pas hésité à dégainer l'argument redoutable du petit-fils. Voici donc le fin mit de l'histoire, l’inconnue avait été abordé par un jeune garçon soucieux du bien être de son grand-père, un scénario bien émouvant. Zane se mit à l'écart des deux personnages, sans trop s'éloigner non plus puisque la curiosité était l'un de ses vilains défaut. Et puis avec tout le mal qu'elle se donnait, ce quelque chose devait avoir une valeur marchande.

Il ne s'en était pas rendu compte jusqu'alors, mais le crépuscule pointait déjà le bout de son nez. Mère nature était de son côté, lui qui se sentait davantage à l'aise dans les milieux comme celui-ci, il n'aurait pu rêver meilleur offrande. Mais alors que le spectateur laissait gentiment faire la bienfaitrice, le démon se fit de plus en plus discret, comme s'il disparaissait peu à peu de la scène. Même si elle le surveillait régulièrement, l'obscurité naissante ainsi que sa position statique rendait la tâche particulièrement ardu. Volontairement ou non, en usant éventuellement d'un léger soupçon de magie, il s'effaçait tout en regardant les choses se dérouler sagement. C'est lorsqu'il s’apprêtèrent à terminer leur petite conversation que l'existence du démon se fit exponentiellement ressentir, un rire malsain accompagnant l’écho de sa voix. « Excusez-moi si je vous interromps, j'ai pris quelques mesures préventives ». Au creux de sa main, la forme d'une silhouette immobile se dessinait sous la faible lumière lunaire, fine, ténu, chétive, les protagonistes pouvaient raisonnablement identifier l'enfant. Zane avait profité de son retrait et de la photo pour mettre la main dessus. L'otage qu'il tenait entre ses pattes était une sorte de garantie, le sort qui lui était réservé dépendait exclusivement de sa bonne humeur. « Je peux le voir tout de suite, tu es une femme très intelligente, c'est la raison pour laquelle tu pourrais essayer de me berner. Avec ce gosse en ma possession et Krog à mes côtés, on peut négocier équitablement ». Effectivement, le loup noir était imperceptible avec si peu d'éclairage, mais le reflet de ses yeux laissait peu de place au doute. L'enfant, apparemment un peu trop agité à l'idée de montrer qu'il était courageux, entrepris de mordre la main du démon. L'anticipation de ce dernier lui permis de décharger un puissant coup dans l'estomac du garnement, pour ensuite le déposer, inconscient, sur le dos de l'animal. « Bien, quand vous aurez terminé votre accord, nous échangerons le garçon et le vieillard. Offre non négociable, chérie ». Habituellement, rien ne l'aurait forcé à utiliser ce stratagème. Le comportement de Zane était purement associé à un amusement passager. Il voulait aussi voir vers quelle choix se tournerait la médiatrice, ses intérêts ou la chevalerie.



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Mer 29 Juil 2015, 00:46




La réaction de Zane dépassait toutes les prévisions de Callidora. Elle attendait qu'il se mette en colère ou qu'il continue à parler au vieillard. Contre toute attente, il passa simplement à côté d'elle et ses paroles la firent frissonner. Elle avait vu juste : il était bel et bien l'assassin envoyé. Elle se réjouit intérieurement en voyant qu'il lui laissait du temps pour faire ce qu'elle voulait. Elle ne perdit pas les secondes qu'elle savait précieuses et s'approcha de Mathel qui fixait toute son attention sur elle. Après qu'elle lui ait brièvement raconté sa rencontre avec son petit-fils (en mentionnant cependant la présence de son compagnon pour lever tout soupçon), son visage s'éclaira d'un sourire plein de rides et une lueur chaleureuse brilla dans ses yeux. Peut-être parviendrait-elle malgré tout à obtenir ce qu'elle désirait.

« Mon ami surveille les environs, ne vous inquiétez pas. » Elle avait parlé d'un ton rassurant, affichant un sourire radieux qui avait convaincu bien des êtres auparavant. Elle n'ignorait pas qu'il y avait peu de chances pour que le vieil homme dévoile le secret qui lui valait d'être poursuivi pour être tué à une parfaite inconnu, mais elle comptait sur son charisme naturel et l'urgence de la situation. Elle refusait de laisser passer une telle occasion. « L'assassin ne devrait plus tarder à montrer le bout de son nez. Je ne comprends pas, vous n'avez pas l'air d'avoir des ennemis. Qui peut bien vous en vouloir à ce point ? » Elle parlait d'une voix douce avec des inflexions inquiètes, comme si elle se préoccupait réellement de l'avenir de Mathel et qu'elle le connaissait depuis longtemps. Si elle se révélait la plupart du temps d'une sincérité troublante, elle n'hésitait pas à mentir quand elle l'estimait nécessaire. Elle savait qu'elle ne pourrait pas sauver le vieillard si Zane se doutait de quelque chose. Avec un peu de chance, il penserait qu'elle voulait simplement obtenir des informations et ne se soucierait pas davantage d'elle. Elle ignorait encore comment sauver la cible, d'autant qu'elle ne savait pas elle-même comment se tirer de ce guêpier. Elle se jura de ne plus se laisser attendrir par un enfant.

Elle échangea quelques banalités avec le vieillard. Il ne semblait pas disposé à dire ce pour quoi on voulait sa mort, et après tout, elle ne pouvait pas vraiment le blâmer. Il montrait de la prudence, et dans son cas, elle aurait probablement agi de la même manière. Elle ne s'impatienta pas. Le jeu en valait certainement la chandelle. Il fallait l'espérer. « Ou peut-être est-ce à propos de cette sombre histoire entre la Comtesse et un mendiant… » Callidora retint un soupir d'exaspération, fronça les sourcils et demanda une explication. Il se contenta de lui raconter une stupide anecdote qui concernait une dame de haut rang ayant accouché de l'enfant d'un mendiant. Personne ne savait l'affaire, exceptée la bonne qui lui avait confié le secret et avait été renvoyée quelques jours plus tard. La Rehla crispa le poing lentement, veillant à ce que Mathel ne remarque rien. « Ne me prenez pas pour une idiote. C'est grave, mais ce n'est pas le genre de choses pour laquelle on est prêt à... »

Interrompue par Zane qui revenait, elle était restée bouchée bée quelques instants. Pour un homme, il était d'une intelligence remarquable. Elle se retint de lever les yeux au ciel. Il venait de détruire la confiance déjà fragile que Mathel leur témoignait. Le regard du vieil homme se durcit. Par réflexe, Callidora mit une distance respectable entre eux, arrivant presque à hauteur de Zane. Il fallait qu'elle réfléchisse à une stratégie, mais le temps lui manquait. Redoutant que la situation ne dégènère, elle eut un sourire énigmatique et s'adressa au vieillard. « Il perd vite patience, vous savez. Et il n'est pas le seul. » Ses yeux délicatement dorés prirent une teinte glacée. « Mon information ? » Paradoxalement, prendre des risques restait le seul moyen d'assurer un minimum de contrôle sur la situation, même si celle-ci commençait sérieusement à tourner au vinaigre.

Mathel avait jeté un œil au corps inanimé de son petit-fils, visiblement inquiet. Callidora avait sous-estimé la menace que représentait Zane. Elle ne recommencerait pas. « Allons à la boutique, ce que vous désirez se trouve là-bas. » Il avait commencé à se diriger vers son commerce d'un pas rapide, passant sa colère dans le seul geste qu'il pouvait accomplir sans provoquer la souffrance _ voire la mort _ de l'enfant. La Rehla se tourna vers Zane, s'assurant d'abord que le vieillard ne pouvait pas l'entendre. « Désolée pour le feu. Je récupère ce que je veux, et ensuite tu fais ce que tu veux, de lui et du vieux. Marché conclu ? » Elle n'avait pas entendu la réponse de celui qui lui faisait face avant de suivre Mathel. Zane ne possédait pas une âme humaine, elle en était convaincue à présent. Que pouvait-il bien être ? Elle le découvrirait tôt ou tard. Sans regarder en arrière, ses prunelles fixées sur le vieil homme, elle arriva devant la boutique en même temps que lui.

Il ouvrit la porte avec une clé qu'il portait sur lui. Ils pénétrèrent en silence dans le magasin poussiéreux. Callidora écarquilla les yeux en voyant les dizaines de vêtements qui trainaient sur le sol. Son petit-fils prétendait que Mathel était herboriste, il était impossible qu'il tienne une telle échoppe. Elle fronça les sourcils, songeuse. Quant au vieillard, il farfouillait derrière le comptoir. « Cette boutique appartenait à ma femme. Je l'ai reprise à sa mort, mais je n'y connais rien, niveau chiffon. » Pour quelle étrange raison faisait-il la conversation à une femme dont l'ami menaçait la vie de son petit-fils ? Elle ne comprenait pas et s'apprêtait à lui poser la question lorsqu'elle sentit quelque chose de visqueux s'enrouler autour de sa jambe. Elle baissa la tête et vit avec horreur un tentacule verdâtre qui émergeait de l'entassement de vêtements. Avant qu'elle ait eut le temps de réagir, elle chuta lourdement sur le sol. Elle aperçut Zane près de la porte avant de porter son attention vers la chose qui l'aggripait. Sous ses airs de vieillard innocent, ce diable de Mathel venait de lui jouer un sale tour.

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Mer 29 Juil 2015, 17:18


 
   
 
La négociation commençait à s’étendre un peu trop sur la longueur, d’autant plus que les simagrées du vieillard lui tapaient de plus en plus sur les nerfs. Intérieurement, il priait sa partenaire d'achever cet abominable bouffonnerie au plus vite. Pour le meilleur comme pour le pire, ce dernier s’enfonça dans un monologue sans queue ni tête, tout ça pour finir sur le récit d’une anecdote foireuse. Si Zane n’en avait pas attendu grand chose, il estimait, avec justesse ou non, que c’était le plus mauvais moment pour lui faire perdre patience. Visiblement, il n’était pas seul dans ce cas de figure. La pseudo gentille femme n’en menait pas large non plus, elle qui pensait obtenir des renseignements plus croustillants. Le pire dans tout ça, c’est qu’il semblait en être parfaitement conscient, révélant que son secret se trouvait dans sa boutique, qu’il ne pouvait en aucun cas divulguer quoique ce soit ici. Mmh, la méfiance du démon refit surface. Il savait pourtant mieux que personne a quel point les apparences sont trompeuses. Retourner a l’endroit même où il était le plus susceptible de trouver ses assassins sur son chemin, seul un fou à lier se permettrait un combat perdue d’avance, ou alors...

Avant qu’il ne puisse songer à un scénario invraisemblable, Mathel et Miss Pimbêche passèrent à côté de lui, pour se rendre, comme prévu, dans sa demeure vestimentaire. Rah, encore maintenant, il était incapable de dire ce qui clochait chez ce personnage. Le formidable flair de Krog n’avait pas réagi lors de son passage, malgré tout, le vieil homme s'était contrôlé bien trop facilement pour que ce soit un tantinet plausible. Autre chose le tracassait, comment avait-il pût laisser son petit fils entre les mains d'un psychopathe ? En parlant de lui, Zane lui lança un regard loin de toute bonté, interrogatif sur ce qu'il allait faire du petit. En règle général, les enfants l'insupportaient tellement qu'il se retenait difficilement de les pendre à un arbre. Il ne donnait pas cher de sa peau dans un environnement où il avait tout le loisir d'en faire ce qu'il veut, y compris un porte clé pour sa collection. Tant qu'à faire, il escomptait s'en débarrasser le plus vite possible afin d'aller vérifier ce que complotaient les deux tourtereaux. Après tout, qui sait, peut-être était-elle gérontophile. Rien que d'y penser, ça lui arrachait un sourire. Quoiqu'il en soit, après avoir mûrement réfléchi, le démon regarda une dernière fois le petit garçon, sensiblement angoissé du visage que portait actuellement son persécuteur.  A partir du moment où une idée se manifestait dans la cervelle du diable, il n'était jamais bon de se trouver à proximité. L'homme posa chaleureusement le plat de sa main au dessus de la tête du garçon, pivota sa tête pour le forcer à lui faire face, puis plongea ses yeux intimidants dans les siens. « Suis moi little boy, j'ai quelque chose à te montrer ».

Quelques instants plus tard, Zane se retrouvait seul à déambuler dans les rues du quartier. Évidement, plus aucune trace de l'enfant à ses côtés. Son sens de l'orientation étant un peu rouillé, il cherchait manifestement à s'intégrer à la petite réunion. D'un pas décidé, il contourna les bâtisses, escalada un arbre puis s'orienta en fermant les yeux. Drôle de manière de faire, si ce n'est qu'il ne comptait pas sur sa vision. En pratique, il s'imprégnait de l'essence de la brune, méthode certifié avec une efficacité sans faille. Toutefois, influent dans la même zone qu'elle, une autre puissance se fit négativement ressentir. En se basant uniquement sur son ressenti, il était en mesure de prétendre, sans trop se mouiller, que les ennuis allaient bientôt se produire. Désormais convenu sur la direction à prendre, le démon lâcha prise et retomba nonchalamment au sol. Sans se presser pour autant, il s'aventura au cœur de la source magique. Parvenu sans embûche au seuil de la porte, ses pupilles croisèrent le vieil homme, debout, avec une expression qui ne lui était alors jamais apparu. Plus intriguant, où était-elle passé ? Pour s'assurer en personne que tout était correct, Zane entra coutumièrement dans le commerce. Il se rendit aussitôt compte de la présence de la jeune femme à terre, la mine froissé. Alors qu'il s’apprêtait à lancer une blague vaseuse à son sujet, le mercenaire fut soudainement interrompu par un énorme tentacule qui rua à pleine vitesse sur lui. De justesse, il se colla au mur au tout dernier moment, réflexe de survie qui n'avait pas empêché son épaule d'être cogné de plein fouet. Il ne s'attendait pas à être le témoin d'une telle scène théâtrale. Mathel, ce brigand de pacotille, n'avait pas la moindre once de faiblesse. Quoiqu'il puisse être, toutes les pièces du puzzle se rassemblaient enfin pour former une vérité éclatante qu'il aurait dû saisir plus tôt. La somme colossale qu'on lui avait promis, le recrutement d'un démon, l'assassinat d'un doyen. Ce satané face de masque avait volontairement dissimulé l'essentiel, la farce n'en était que meilleure.

D'un mouvement machinéen, Zane laissa apparaître son katana dans le creux de sa main. Il avait reçu un sacré coup, assez pour qu'il ne puisse se servir de son bras gauche avec toute l'adresse qui était sienne. « Ironique, tu ne trouves pas, princesse ? Qui aurait cru que tu te ferais berné comme une amatrice ? ». Mathel ne laissait aucun répit, pendant qu'il serrait son étreinte sur la jambe de sa cavalière, il acculait le démon en cinglant l'air avec son énorme liane. Sa seule issue, se protéger avec le plat de sa lame avant d'entamer une roulade en avant. Arrivé à hauteur de son binôme, il frappa d'un coup sec le tentacule dans le but de la délivrer. « Tu sais, maintenant que tu es libre, tu pourrais me laisser en plan en nous laissant nous entre tuer. Contrairement à moi, tu n'a plus rien à faire ici ». Si la chair de ses lèvres laissait entendre qu'il plaisantait, l'action contrariait ce sentiment. Il avait attendu qu'elle se redresse, puis à l'aide d'une légère impulsion et de sa super force, il éjecta facilement le petit oiseau en dehors de la cage, brisant la vitrine dans un capharnaüm saisissant. « T'as plus rien à faire ici. Casse toi, je me débrouille ». Zane était indéniablement résolu à venir à bout de ce charlatan. Le minois plus rationnel que jamais, il ne badinait pas.


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Jeu 30 Juil 2015, 23:09




Callidora gisait sur le sol, le visage collé sur les pavés. Elle grimaça, habituant son corps à la douleur. Elle s'était sentie reconnaissance lorsque Zane l'avait libérée de la tentacule visqueuse, bien qu'elle s'en serait parfaitement sortie seule, doutant que cette créature aurait apprécié la caresse du feu. Sa réaction avait été trop lente. Parfois, sa naïveté l'emportait sur son intelligence, phénomène qu'elle haïssait au plus haut point. Elle se jura de faire preuve de davantage de prudence à l'avenir et remua doucement ses membres pour vérifier que rien n'était cassé. Elle poussa un soupir d'exaspération en se relevant. Des étoiles dansèrent devant ses yeux. Sonnée par le coup qu'elle venait de recevoir, elle cessa de bouger pendant quelques instants pour reprendre ses esprits. Elle avait au moins appris que Zane ne plaisantait plus. Dommage pour lui, elle n'était pas d'humeur à lui laisser la vedette. Lui et Mathel venaient de réveiller la colère brute qui sommeillait au fond de son être.

Maintenant qu'elle y réfléchissait plus posément, elle se dit que le vieillard détenait l'information sur lui depuis le début. La boutique n'avait été qu'un leurre destiné à lui faire gagner du temps. Peut-être comptait-il sur l'intervention de quelqu'un d'autre. Elle n'arrivait cependant pas à croire qu'il ait abandonné son petit-fils aux mains de Zane sans vraiment hésiter. N'avait-il aucune affection pour sa propre chair ? Avec le temps, son coeur s'était-il desséché au point que seule sa survie lui importait ? Elle peinait à imaginer qu'on puisse laisser sa progéniture à la merci d'un inconnu menaçant. Peut-être était-ce dû à son passé sombre, mais pour la Rehla, la famille primait sur le reste. Soit il estimait l'enfant suffisamment malin pour échapper à son ravisseur, soit il méritait définitivement qu'elle laisse Zane en faire ce qu'il voulait. Elle se demanda un instant ce que Syveth pouvait bien faire. La cherchait-il ?

Elle secoua la tête. Ce n'était pas le moment de réfléchir plus que nécessaire. Elle devait trouver une solution le plus rapidement possible. Alors qu'elle se questionnait sur la meilleure manière de distraire Zane, quelque chose lui revint en mémoire. Elle leva les yeux vers l'enseigne de la boutique et un sourire ravi étira ses lèvres roses. Elle venait de trouver l'un des éléments du puzzle, la clé. Le vieillard avait découvert une information qui concernait les Magiciens. Elle songea un instant que ce n'était pas un hasard si elle se retrouvait aussi ici. Après tout, elle avait reçu une lettre par erreur, et elle envisagea la possibilité que Mathel se trouve dans le même cas. Ce qui signifierait que le commanditaire les aurait réunis intentionnellement pour les tuer ensemble. Elle rejeta cette thèse aussitôt. Décidément, ce coup lui avait grillé les neurones. Elle se retourna à temps pour apercevoir Zane s'approcher du vieil homme avec prudence.

Soudain, elle prit conscience d'une douleur cuisante au niveau de sa joue, comme si celle-ci s'enflammait. Elle y porta la main et écarquilla les yeux en réalisant qu'un morceau de verre l'avait coupée assez profondément. Il n'en fallut pas plus pour raviver la flamme de la colère. Elle s'élança à l'intérieur du magasin sans la moindre hésitation, frappa rageusement le tentacule à ses pieds et se posta à côté de Zane, ses yeux lançant des éclairs de rage pure à Mathel. "Pauvre vieillard sénile." Sa voix était pleine de mépris pour cet homme qui lui faisait perdre son temps. Avec une rapidité dont elle ne se serait jamais cru capable, elle se coula derrière Mathel avant que l'un des deux hommes n'ait le temps de réagir et sortit sa dernière carte. Elle attrapa le vieillard par le cou, appuyant un morceau de verre brisé contre sa jugulaire. Elle en avait assez de jouer. "La lettre. Si tu me la donnes, je t'épargne. Sinon, je la trouverais sur ton cadavre."

Son regard doré embrasé par la colère, prête à trancher la gorge du vieillard, Callidora avait une allure meurtrière. Elle détestait qu'on se mette en travers de son chemin, et cette histoire commençait sérieusement à l'énerver. Nul besoin que les choses s'éternisent. Elle savait plus ou moins ce qu'elle voulait. Elle tressaillit à l'idée d'ôter la vie pour la première fois, mais garda un visage fermé et menaçant. Avec un peu de chance, Mathel coopérerait et elle n'aurait pas à se salir les mains, simplement à fermer les yeux sur le sort que Zane réservait au vieil homme. Mais s'il le fallait vraiment, elle frapperait. Il faudrait qu'elle frappe.

Un frisson d'horreur remonta le long de son échine lorsqu'elle aperçut d'autres tentacules immondes sortir du tas de vêtements. L'un d'eux s'approcha dangereusement de son camarade. "Zane, attention !" Elle avait crié sans s'en rendre compte, réellement inquiète et resserra sa prise sur le vieillard. Instinctivement, elle fit apparaître une boule de feu au coeur des tissus qui s'enflammèrent en une seconde. Elle papillonna, son énergie dévorée par l'utilisation d'un pouvoir acquis aussi récemment. Mais à son grand désespoir, son attaque ne sembla avoir d'autre effet que rendre la bestiole encore plus furieuse. Ses tentacules visqueux s'agitèrent dans tous les sens, eux aussi prêts à frapper.

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Ven 31 Juil 2015, 15:32


 
   
 

A croire qu’elle avait radicalement ignoré qui l’avait poussé à travers la vitrine, délibérément ou pas. Avait-elle seulement compris les mots qu’il avait employés à son égard ? Pas si sur de ça au vu de sa riposte. Dans l’état ou elle se trouvait, pas étonnant que le mental peinait à suivre. Rien à voir avec la lucidité qui fonctionnait à ravir, simplement, d’une certaine manière, son esprit était fragilisé. Il le savait. Dans un premier temps, Zane ne se préoccupait nullement du retour en force de la jeune femme. La férocité qui animait sa combativité lui était utile, point à la ligne. En un sens, il se souciait bien trop de sa propre sécurité pour subvenir à celle des autres. Si malgré son conseil avisé elle préférait rester, alors ça ne le regardait pas. Profitant du laps de temps durant lequel Mathel était occupé à contre-attaquer, le démon clôtura les paupières quelques instants. Il poussa un souffle court, voulant tout aussi bien traduire la consternation dans laquelle il se trouvait qu’un procédé déductif. La réalité le rattrapa plus vite que prévu, entre le cri alertant de l’enflammée et l'engourdissement de ses jambes suite à la contraction des tentacules, il prit activement conscience de la marge d’erreur qui lui était permise, celle-ci frôlant le zéro.

La flexibilité était son plus gros point faible. Son insuffisance à se mouvoir avec légèreté le préjudiciait péniblement dans un combat où la célérité était fortement encouragée. Il compensait néanmoins ce manque par d’autres atouts substantiels, tels que la force et la perception. Par ailleurs, il disposait de l’arme idéale dans cette situation. Misant une pièce sur la folie de préférence à la raison, Zane abaissa son katana à toute allure. Hésitation inexistante, il sectionna net le tentacule qui était monté d’un cran depuis. Dans son élan, il n’eut d’autres choix que de s’affliger également une entaille. Peu profonde, il pouvait heureusement toujours s’en servir. Le duel pouvait désormais reprendre là où il s’était arrêté. Focalisé sur les appendices d’octopodes qui se déplaçaient à l’instar de serpents dopés, le démon se décida à mettre un terme définitif à la vie de cette chose. « Moi, en retrait par rapport à une femme ? Pas moyen que j’accepte ça ». En prenant franchement appui sur son pied le plus mobile, Zane prêta l'envolée nécessaire à son saut pour se précipiter énergiquement vers son ennemi. D’un réflexe vif, il s'empara de son couteau et le propulsa droit sur Mathel. Ce dernier l’ayant repéré, il bloqua le projectile avec un tentacule, mais... manqué. En disposant une illusion sur l’arme elle-même, le démon avait réussi à faussé légèrement l'emplacement du dis couteau, de telle sorte qu’il ne puisse l’arrêter a temps. Loin de se laisser impressionner, le vieillard réitéra l’opération, toujours sans succès puisque cette fois-ci c’est l’ombre qui fut manipulée au dernier moment, modifiant la trajectoire de quelques centimètres. Trop proche de lui pour retenter une énième fois la manipulation, a l’image de certains animaux lorsqu’ils étaient acculés, le vieil homme fut contraint de rassembler ses membres vibratiles en face de lui afin de se protéger. Malheureusement pour lui, au moment de l’impact, ce n'est pas le couteau qui traversa son corps, mais bien le Katana. Zane poussait sauvagement le pommeau, fichant la lame dans la paroi. Il avait pour cet ultime assaut, employé la transformation pour faire croire depuis le début qu’il comptait le tuer avec le couteau alors que depuis la mise en scène il prévoyait d'en être l'auteur. En poussant dans ses derniers retranchements, il avait utilisé tous ses pouvoirs successivement. Il était à présent à bout de souffle, transpirant à grosses gouttes, il peinait à s’exprimer. « J’avais... presque... réussi... à... t’ach... »

Plus aucun son, rien. Ses oreilles sifflaient, ses paupières s’alourdissaient, son corps flottait curieusement en l’air. Manifestement, son dernier tour de passe-passe lui avait été fatal. Même ainsi, il fut seulement capable de blesser grièvement le monstre, sans être en mesure de l’achever. Quelle faiblesse. Perdre de la sorte, une disgrâce à l'évidence pire que la mort. Après quelques fractions de seconde, qui semblaient être une éternité pour lui, il chuta grossièrement au sol, glissa sur plusieurs mètres puis s’encastra finalement contre un mur. Alors qu’il combattait de toutes ses forces pour garder les yeux ouverts, ses pensées se tournèrent viscéralement vers elle. *Je vais faire un petit somme, stupide femme. T’as intérêt à triompher, ou sinon t'auras affaire à moi*. Paisiblement, le jeune démon s’efforça à penser à quelque chose de positif, même le mal incarné avait le droit de rêver à de belles choses parfois. Le combat avait été rude, trop rude. Il avait néanmoins réussi à lui faire don de cette ultime opportunité. Il espérait qu'elle en vienne à bout, car sans savoir pourquoi, il lui donnait toute sa confiance.



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Dim 02 Aoû 2015, 15:54




Avant que Callidora ait pu réagir, Zane utilisa ses pouvoirs pour venir à bout du vieillard et de sa créature. Dès qu'elle vit qu'il attaquait, elle s'était écartée de Mathel qui se défendait à coup de tentacules. Elle n'intervint pas dans le combat, s'assurant que le tas de vêtements où se cachait sans doute d'autres immondes bestioles flambait bel et bien. Satisfaite de voir le tissu brûler, elle se retourna. Elle poussa un hoquet d'horreur lorsqu'elle réalisa que le corps de son camarade flottait dans les airs et qu'il termina sa course dans un mur. Elle voulut s'assurer qu'il allait bien, mais l'étrange lueur qui brillait dans son regard lui interdisait de prendre soin de lui. Il fallait qu'elle achève ce qu'il avait commencé. Elle ignorait comment elle pourrait tuer ce satané vieil homme. Si elle avait souhaité le sauver dans un premier temps, à présent elle savait qu'elle devait l'arrêter définitivement. Au diable les informations qu'il détenait sur les Magiciens, elle pourrait toujours les récupérer sur le cadavre. Et que Zane soit un assassin ne comptait plus. L'important était d'anéantir Mathel.

La blessure infligée par Zane avait sérieusement endommagé les capacités du vieillard. Du sang s'en échappait, maculant le sol. La Rehla était à bout de souffle, mais avec un peu de chance elle parviendrait à ses fins. Elle se savait incapable d'invoquer à nouveau du feu, mais il lui restait une carte en main. Elle doutait d'avoir assez de concentration pour exécuter sa mission. Malgré tout, elle décida de tenter. Si elle échouait, Zane et elle finiraient probablement en pâtée pour bestiole hideuse, et c'était hors de question. Son morceau de verre en main, elle se campa devant Mathel. Elle devait gagner un peu de temps, même quelques secondes. Le vieillard se trouvait en piteux état, le katana de Zane enfoncé profondément dans sa chair. Il peinait à respirer. Mais Callidora n'éprouvait aucune pitié envers un homme qui abandonnait son petit-fils à ses ravisseurs sans le moindre scrupule. "Bien, je vois que vous préférez que je cherche la lettre directement sur votre cadavre." Elle parla d'une voix dure aux inflexions méprisantes, détestant qu'on fasse du mal à ses camarades. Même si elle connaissait Zane depuis une heure à peine, elle l'appréciait assez pour le considérer comme tel.

Sans hésiter, elle s'approcha de Mathel qui n'avait pas dit un mot. Elle songea avec un sourire que la blessure dont il souffrait allait le tuer. Trop lentement cependant pour qu'elle risque d'attendre qu'il se vide de son sang. Elle ignorait s'il lui restait encore des ressources et ne tenait pas particulièrement à de nouvelles surprises. Elle avisa l'étagère au dessus du vieil homme et ferma les yeux quelques secondes. Elle sentit l'un des tentacules s'enrouler autour de sa cheville mais ne céda pas à la panique. Elle n'avait qu'à faire en sorte que les pièces qui soutenaient la planche se détachent du mur et celle-ci assommerait Mathel qui agoniserait sans pouvoir leur faire de mal. Au moment où un second tentacule s'occupait de son autre jambe, l'étagère bascula sur la tête du vieil homme qui s'effondra sur le sol. Elle poussa un soupir de soulagement avant de réaliser que la bestiole vivait encore et n'était pas décidée à la lâcher. "Bordel, foutu poulpe, fous-moi la paix !" Elle ne jurait pas souvent, mais la situation l'agaçait tellement qu'elle n'avait pas pu se retenir. Avec une grimace de douleur, car les tentacules visqueux comprimaient sa chair, elle fit glisser la dague qu'elle gardait toujours sur elle dans sa main droite et essaya de trancher la peau de la créature.

Sans succès. Elle n'arriverait à rien en portant un coup aussi faible. Retenant un cri de rage, elle réfléchit aux possibilités qui s'offraient à elle. Elle ne voyait pas comment en finir avec cette espèce de monstre sans s'infliger une blessure à elle aussi. Il fallait qu'elle mette toutes ses forces dans le coup qu'elle allait porter, et elle craignait de ne pas y parvenir. Quant à l'autre tentacule, elle comptait ramper jusqu'au mur et le cogner contre le plâtre jusqu'à ce qu'il lâche prise. Déterminée, elle concentra toute sa colère dans cette tâche, leva sa dague et l'enfonça dans la créature sans hésiter. La lame perfora la chair fragile de son tibia et elle ne put retenir un cri de douleur. C'était plus douloureux qu'elle ne l'avait imaginé. Elle s'apprêtait à agir de la même manière avec le dernier tentacule mais renonça à cette idée. Il allait faire preuve de prudence maintenant qu'il l'avait vue agir. De plus, il aurait été stupide d'arracher la dague, sinon c'était elle qui risquait de se vider de son sang. Elle commença à s'approcher du mur lentement. Elle n'y arriverait pas. Rassemblant ses dernières forces, elle fit léviter un morceau de verre qui fonça à toute allure sur le tentacule et le trancha net.

Vidée de toute énergie, Callidora prit quelques instants pour retrouver ses esprits. Des étoiles dansaient devant ses yeux. Elle trouva le courage de se relever malgré tout. Sa jambe droite la faisait terriblement souffrir, et elle pâlit en apercevant la dague fichée dans sa chair. S'appuyant au mur, elle se rapprocha de Zane et lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle chuta lourdement sur le sol. "Zane..." Elle tapota la joue de son camarade pour lui faire reprendre conscience douceur. "Zane, réveille-toi." Elle s'assit à ses côtés et étendit les jambes pour les dégourdir. Elle songea avec horreur au moment où elle devrait enlever l'arme. Mais avant, elle attendrait le réveil de Zane et n'hésiterait pas à le gifler s'il se faisait trop attendre. La patience n'avait jamais été son fort, et épuisée comme elle l'était, il avait intérêt à se dépêcher de reprendre connaissance. Elle se demanda avec un sourire amusé quelle serait sa réaction en voyant toute l'action qu'il avait raté.

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Lun 03 Aoû 2015, 18:15


 
   
 

Le repos était un luxe éphémère, une gratification concevable uniquement lorsque le guerrier réussissait à vaincre le monstre de sa vigoureuse épée. Au train où allaient les choses, pouvait-il seulement envisager se laisser aller alors qu'une femme, certainement plus frêle et plus rachitique que lui se battait corps et âme pour sa propre survie ? Dormir était pourtant si relaxant, si apaisant. Les démons possédaient des attributs curatifs plus élevés que la normale, leur permettant de ne pas être alités pendant des jours, de recouvrer assez vite la vigueur égarée. Ce bénéfice pouvait certainement changer le cours du combat. S'il récupérait le strict minimum, c'est avec une conviction croissante qu'il se savait capable d'écrire la dernière page de ce chapitre. Pour ça, il suffisait qu'elle se débrouille un peu sans lui, performance qu'elle était tout à fait disposée à obtenir. Zane avait eu le temps de l'estimer en jaugeant ses aptitudes, et le moins qu'il pouvait dire, c'est qu'elle avait tout pour rivaliser avec lui. Dans l'absolu, ce qu'elle perdait en force, elle le gagnait en agilité. Lui, c'était tout l'inverse. Pour cette raison, il avait tout donné dans la puissance brute, lui octroyant le don de briser les vertèbres du vieillard. Le démon avait constaté que les tentacules étaient indirectement liés à Mathel. En l’affaiblissant, il avait forcément fragilisé l'ensemble, puisqu’elles formaient un tout.

Tout ce que devait faire sa camarade pour assurer la victoire consistait à contenir les membres restants, raisonnablement longtemps pour qu'il fasse son grand retour. En attendant, il se complaisait à visualiser l'issue de cette journée dans ses songes. Toujours triomphaliste, plus rien ne le retiendrait de son désir de vengeance. Car si la prime attirait toujours son côté "avarice", sa partie "colère" s'impatientait de retrouver l'homme masqué pour lui faire part de ses impressions. Il avait énormément de choses à lui dire. Mais chaque chose en son temps, il aurait tout le temps de vaquer à ses occupations une fois qu'il aurait accompli sa charge personnelle. D'un coup, il ressentit de la fraîcheur sur sa peau, des gouttes s'écrasant sur son front pour naviguer sur son nez et se poser sur ses lèvres. S'en suivit cette sonorité agréable qui lui était si intime. Lors de colères trop intenses, la pluie était capable de le pacifier. Elle avait sur lui cet effet similaire aux sorts puissants, ceux-là mêmes qui faisaient de lui un autre homme. À la symphonie de la pluie s'incorpora une autre sensation sur ses joues, un peu moins chaleureux en fonction de la durée. Les quelques tapettes doucereuses firent transition à des claques légèrement plus véhémentes. C'est à ce moment que les paupières de l'homme se déplièrent délicatement.

À son réveil, la première chose qu'il vit était la femme dont il méconnaissait encore l'identité. Le fait qu'elle ne soit pas étalée à terre le visage en sang devait être bon signe. Zane se redressa d'emblée en contorsions, étirant ses membres en prenant soin de vérifier la bonne marche de leurs fonctions. Levant la tête en direction des nuages, le démon profita de l'averse pour se rincer le visage et dégager ses cheveux en arrière. Cette douche improvisée tombait à pic pour un homme qui s’apprêtait à se jeter une nouvelle fois dans la bataille. Mais lorsqu’il regarda de plus près, il constata avec stupéfaction le piteux état dans lequel se trouvait le commerce. Il pouvait, entre autres, apercevoir le corps sans vie du gérant ainsi que les nombreuses bestioles gisantes. Ils baignaient littéralement dans des flaques de sang, le foutoir n'améliorant pas du tout la sordidité de ce sombre tableau. Quoi qu'il en soit, Zane était ébahi. Non, plus que ça, il était véritablement impressionné par les prouesses de la combattante. Avant même de jeter un œil sur cette dernière, quelque chose lui manquait.

« Dis-moi, femme. Je ne connais toujours pas ton prénom, tu ne crois pas que c'est impoli de ta part ? » Lui demanda-t-il, comme s'il s'agissait d'une donnée capitale. Il se tourna ensuite vers elle, repérant sur-le-champ la dague enfouie dans sa jambe. Son sourire regagna le chemin de ses lèvres. S'agenouillant, il observa attentivement la lame en acier, prenant intentionnellement un visage grave, presque inquiet. « Désolé mais... je vais devoir t'amputer la jambe, ou alors... »Sans prendre la peine de la prévenir, Zane s'empressa d'ôter la dague de la viande. Le courage dont elle était affublée pouvait sans conteste lui permettre de supporter une douleur comme celle-ci. Il détacha ensuite son propre ruban qui lui servit de ceinture pour la nouer autour de la plaie, serrant fermement pour contenir un minimum l'effusion de sang. « Ça devrait suffire pour le moment. J'espère que tu comprends que les soins et moi, ça fais deux. »Zane lui offrit la main pour l'aider à se redresser. Pour sa part, il avait pu récupérer assez pour ne pas s'écrouler à la première occasion. En revanche, pour elle qui venait tout juste de conclure la bataille, impossible de prévoir si oui ou non elle se sentait capable de marcher. Ce qui est sûr en revanche, c'est la contrariété qu'elle devait éprouver. Avoir fait tout ça pour rien, n'importe qui aurait des regrets. Après tout, le démon avait obtenu ce qu'il désirait contrairement à elle. Lorsqu’elle fut debout, à sa hauteur, ce dernier lui adressa une pichenette sur le front. C'était sa façon de lui présenter ses respects. « Félicitations pour ce que tu as fait aujourd’hui. T'es vraiment coriace. Je suis peut-être mauvais mais j'ai un honneur, je t'en dois une ».


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Lun 03 Aoû 2015, 21:21




Lorsque Zane arracha la dague de sa jambe, elle retint un cri de douleur, ravala ses larmes et se mordit les lèvres. Faire pénétrer la lame dans la chair causait infiniment moins de souffrance que l'enlever. C'était d'abord la sensation d'une morsure profonde qui déchirait le corps, sans hésitation l'instant le plus douloureux. Ensuite, il ne restait qu'une certaine gêne dans les mouvements et des sortes de décharges électriques. Elle songea avec un sourire amusé qu'elle venait de se planter sa propre arme dans le tibia. Mais quand il s'agissait de retirer l'arme, c'était une toute autre histoire. Dévorée par la fatigue, elle ne la sentait quasiment plus et elle s'en serait accommodée si Zane n'avait pas agi. Son acte avait réveillé toute la douleur camouflée par l'adrénaline. Elle ignorait si elle pourrait marcher ou non, mais il le fallait.

Son camarade l'aida à se relever, ce qu'elle apprécia grandement. Le bandage sommaire qu'il avait réalisé lui fit éprouver une certaine sympathie à son égard. Elle écarquilla les yeux lorsqu'il lui donna une pichenette et sentit ses joues virer au rouge lorsqu'il la complimenta. Elle n'avait pas l'habitude que quiconque lui parle de cette manière, et une pointe de fierté pétilla dans son regard doré qu'elle planta dans celui de Zane. "Je m'appelle Callidora." Elle murmura son nom d'une voix douce, certaine qu'il tendrait l'oreille pour l'entendre. Après l'aventure qu'ils venaient de vivre, il méritait bien de savoir son prénom. D'autant qu'elle ne lui en voulait absolument pas de l'avoir balancé par la vitrine. Il tentait seulement de la protéger. Dommage pour lui, au final, il lui devait une fière chandelle. Callidora n'était pas une petite princesse à protéger. Elle savait qu'elle avait porté la mort à un vieillard, pourtant elle ne ressentait rien en y pensant. Après tout, il l'avait mise en colère.

"Merci. Ce satané vieillard m'a sacrément agacée. Et c'est toujours une mauvaise idée d'énerver une femme". Elle accompagna sa remarque d'un sourire moqueur. Maintenant qu'elle et Zane étaient en sécurité, elle pouvait prendre la lettre sans le moindre danger. Prudemment, elle enjamba les tentacules qui jonchaient le sol et s'approcha de Mathel. Elle se baissa à sa hauteur, prit son pouls et esquissa un nouveau sourire quand elle constata qu'il était définitivement mort. Elle fouilla sans hésiter une seule seconde dans son manteau et son regard s'illumina quand elle sentit du papier froissé sous ses doigts. Elle s'éloigna du cadavre sans jeter un oeil en arrière, sachant qu'ils ne risquaient plus rien désormais. Elle déplia la lettre soigneusement et commença à la lire avec attention. Elle n'apprit rien de plus que ce qu'elle savait déjà, si ce n'était que ce message lui confirmait l'existence d'un complot contre la reine des Magiciens. Elle pencha la tête sur le côté, songeuse. Que fallait-il faire de ce message ? "Détruire une preuve est une manière plus sûre de garder un secret." Elle prononça ses paroles d'une voix presque éteinte, comme pour elle-même. Aussitôt, une petite boule de feu consuma la lettre qui retomba en cendres dans la main de Callidora. "Mais je suis curieuse. Qui t'a envoyé ?"

Sa question posée, elle sut en voyant son visage que Zane n'en avait pas la moindre idée. Peu importe ce qu'on lui avait promis, l'essentiel était qu'il toucherait sa récompense et qu'elle avait eu ce qu'elle voulait. Elle soupira en pensant qu'elle avait failli laisser la vie pour une information qu'elle détenait déjà plus ou moins. Décidément, la Ville lui avait réservé bien des aventures depuis qu'elle était arrivée ici. Elle eut une pensée pour Syveth qui devait maintenant l'attendre à l'auberge. En fin de compte, elle allait peut-être prolonger son voyage. Sans se presser, elle s'assit sur le muret de pierre devant le magasin, sortit un carnet un crayon et s'en servit frénétiquement. Elle n'avait plus réellement conscience du monde extérieur et ne relevait les yeux que pour observer l'intérieur de la boutique. Quand elle eut finit, elle arracha une feuille et la tendit à Zane. "Tiens, voilà un petit souvenir." Le dessin montrait avec une précision stupéfiante l'échoppe ravagée, les immondes créatures qui gisaient à terre ainsi que le corps de Mathel à l'arrière-plan. Elle adorait dessiner depuis son enfance, et même si sa soeur avait toujours été plus talentueuse, la Rehla esquissait des tableaux d'un réalisme incroyable.

Elle se releva en passant une main dans ses cheveux et rangea ses affaires dans son sac. "Bien, le massacre d'un vieillard et de sales bestioles était absolument charmant, mais la prochaine fois que nos chemins se croiseront, j'espère que nous trouverons quelque chose de moins dangereux et de plus approprié pour deux jeunes gens comme nous à faire. Ravie d'avoir fait ta connaissance, chéri." Elle lui lança un clin d'oeil amusé et tourna les talons, prête à partir. Callidora avait la certitude que leurs pas les guideraient un jour à nouveau l'un vers l'autre et se surprit à penser que le plus tôt serait le mieux.

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L'ennemi de mon ami et l'ami de mon ennemi [Quête avec Zane Azmog]

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