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 Hunter [PV Friedrick] - Event | Mission III

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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 838
◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014
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◈ Activité : Stratège
Ezechyel
Jeu 09 Juil 2015, 22:18

« Je refuse de partir. » Tandis que la population du village avait terminé de déterrer les maigres biens qu’ils avaient pu extirper des décombres et de la poussière, trouvés de rares provisions de nourriture enfouies parmi les immenses tas de roches pour les conserver à l’intérieur de bagages usés, un jeune homme avait abruptement abandonné les sacs qu’il avait eu en main. Ses traits, qui avaient été défiguré par une colère sourde, mêlée aux larmes qui coulaient sur ses joues creuses et sales et son commentaire qui n’avait échappé à aucune oreille au sein du silence alourdi par les pertes – aussi bien qu’humaines que matérielles – avait immobilisé les quelques trentaines de rescapés réunis sur le chemin du départ. « Bordel, c’est chez-nous ici! Alors quoi, vous voulez tous abandonner comme des lâches l’accomplissement que nous avons bâti à cause de quelques tremblements de terre? » Une femme s’était détachée du groupe, avant que je puisse faire un pas, le visage rongé la désolation. Un sourire, brisé, s’était dessiné contre ses lèvres et la voix qui était sorti du fond de sa gorge n’avait été qu’un lamentable murmure transporté en écho jusqu’à mes oreilles. « Seth, calme-toi. Nous comprenons ta fureur, mais cesse de crier comme ça. » - « C’est faux!, s’était-il époumoné. Nous n’en serions pas là, à fuir comme des pathétiques lâches, si ça aurait été le cas! » La jeune femme avait tremblé avant de déverser ses larmes, tel le flux d’une cascade intarissable. Ses lèvres s’étaient si serrées qu’il avait été étonnant qu’elle puisse toujours articuler. « Tu veux bien te la fermer? Personne n’apprécie la décision plus que toi j’te signale, mais que pouvons-nous faire d’autre, hein? Rester là à regarder les amis qui nous restent crever alors qu’il nous reste presque que dalle à bouffer, que nos maisons se sont effondrées, que les enfants ne survivraient même pas deux lunes dans le froid du Berceau et qu’Aeden n’est qu’une copie identique de c’taudis? T’es pas le seul à souffrir pauvre égoïste!  Pense aux autres qui t’entoure! »

La tension avait été si forte que l’Elémentale avait hurlé à tue-tête, giflant la joue de son amant. Le son de la claque avait résonné, longuement, emporté par l’air glacial. J’avais détourné la tête, me croyant si stupide d’avoir songé une seconde que je pouvais essayer d’aller cet homme tandis que les problèmes qui les atteignaient ne me touchaient pas – qu’importait les serrements de mon cœur à la vision de la détresse, je n’étais qu’une étrangère – ou les mots que j’aurais prononcé. Ils auraient paru si hypocrites, sans valeur en comparaison à une habitante qui avait encaissé des malheurs similaires. À l’aide de mes doigts, j’avais coincé les bords de mon masque, puis je les avais serrés, avec une telle fermeté, que mes jointures avaient commencé à blanchir, crispant également la mâchoire, abhorrant l’impuissance que j’avais senti me gagner. Les yeux de la jeune femme s’étaient écarquillés quelques secondes plus tard, comme si elle n’avait jamais cru avoir un jour commis un geste si réflexif. Elle avait baissé le regard sur le sol, honteuse, tandis que Seth, lentement, avait porté sa main sur la zone de l’impact, abasourdi. « Je suis désolée, avait-elle murmuré. J’ai perdu mon sang-froid. » Ses doigts s’étaient accrochés à la manche déchirée de son amant, aussi fragile et tremblante qu’une fleur au milieu de cet environnement hostile. « Je suis désolée, je suis désolée… » Elle avait soudainement redressé la tête. « Mais je voulais que tu comprennes que ça ne mène à rien de crier. » - «… Je sais. » Elle avait souri, le guidant délicatement parmi le groupe. « Tu te trompes si tu crois que nous abandonnons. Nous reviendrons, soit en sûr et, ensemble, nous le rebâtirons comme il a été avant. »


~~~

La Nelphennéen secoua la tête. Elle ne désirait plus songer, encore et encore, à ce souvenir d’y il avait trois jours lorsque cet homme avait refusé de partir, opposé à l’idée qu’elle avait proposé, qu’il avait fini par se laissé convaincre par son amante puis, dès qu’ils avaient mis le pied sur le navire qui les avaient menés vers le Continent Naturel, avait trouvé la mort, emporté par les vagues de l’Océan et broyé par les crocs d’une bête, juste en face de ses yeux, alors qu'elle aurait peut-être été capable de le sauver. Elle frissonna, s’arrêtant abruptement au milieu de son pas. Ses jambes étaient devenues du coton, tremblantes, pouvant à peine supporter son poids et celui de la culpabilité qui la rongeait. « …Tu crois que c’était une bonne idée de s’en aller? », demanda-t-elle à Friedrick qui avançait à ses côtés, reprenant lentement la marche pour rester à sa hauteur.  Au fond de sa tête, elle se souvenait de la trentaine d’habitants qui avaient fui avec eux, transportant la misère sur leurs visages décomposés par une tristesse sans fin. La Nelphennéen tourna la tête. Il n’en restait presque que la moitié à encore suivre le pas, étant plus miséreux qu’à leur départ du village. « Et si mon idée... n'est qu'une stupide erreur? » C'était une impression qu'elle nourrissait depuis qu'ils avaient quitté les côtes qui était d'autant plus accentué par le rapprochement inexorable de la Forêt des Murmures. ... Avait-elle fait le bon choix en les menant jusqu'ici? Si les yeux de certains s'écarquillèrent en découvrant les bois lugubres qui se dressaient, soudainement, devant eux, elle pouvait désormais être sûre que la réponse qu'elle recherchait ne tarderait pas à se manifester: Lûth serra les dents. Pour le meilleur comme pour le pire...

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Miles Köerta
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◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Ven 10 Juil 2015, 07:04

Hunter
« La traque n’aura de fin… »

Du coin de l’œil, je guettais, comme un prédateur, la moindre étincelle de reproche envers la jeune fille masquée. Je voyais bien la fatigue, l’épuisement, la frustration qui animaient les gens, mais que pouvions-nous y faire? Le monde semblait se fissurer sous les assauts incessants des tremblements de terre. Les maisons s’écroulaient comme des jeux de cartes, la nature se déchainait comme jamais auparavant, libérant des monstruosités partout sur les côtes et les continents. Jamais, au grand jamais, je n’avais vu bêtes aussi terrifiantes que celles que nous avions pu apercevoir lorsque nous traversions l’Océan. Mais les pertes que nous avions subies n’étaient pas seulement les conséquences de ces horreurs.

Les remous, causés par les vagues, causés par les tempêtes, en avaient emmené plus d’un par-dessus la rambarde du navire dans lequel nous nous étions réfugiés. Tous ces gens, ces hommes et ces femmes, qui marchaient à nos côtés, avaient vu leurs amis, leurs voisins, leurs enfants ou bien leur amant périrent dans cette sombre aventure. Les uns avalés par les monstres des mers, les autres noyés, perdus, dans les vastes contrées maritimes de l’Océan, soient dévorés, peu après, par les bêtes ou bien entraînés dans le fond des eaux par ces curieuses Sirènes aux yeux d’or qui, malgré toute la beauté qu’elle pouvait inspirer aux hommes, n’en dégageaient pas moins une aura malfaisante.

Pour vous dire que l’hécatombe auquel nous avions survécu était terrible, c’est que sur la trentaine de survivants que nous étions parvenus à sauver du village du Berceau Cristallin, une quinzaine seulement suivait nos pas, craintifs, épuisés par tant de pertes, terrorisés par tant d’horreurs. Les enfants qui restaient – au grand nombre de cinq – ne pouvaient s’empêcher de pleurer, malgré toute l’attention que les adultes survivants leur témoignaient. Tous, sans exception, avaient perdu des membres qui leur étaient très chers et la peine que ces événements leur causaient était, sans aucun doute, la pire de toutes les souffrances qu’ils avaient dû endurer jusque-là.

D’ailleurs, non loin de moi, je pouvais distinctement entendre les sanglots de la petite Elizabeth, inconsolable depuis qu’elle avait vu son grand-père tomber hors du navire. Elle s’était mise à crier comme une Banshee, voulant se jeter elle aussi à la mer, mais les bras rigides, insistants, de son frère l’empêchèrent de commettre l’irréparable. Ensuite, ce fut la mort d’Ariette qui la brisa complètement, lorsque la jeune femme, dans une vaine tentative d’échapper aux vagues monstrueuses de l’Océan, s’était fait happer par l’un des monstres marins qui n’avaient de cesse d’attaquer l’édifice flottant.

C’est donc dans un profond mutisme, entrecoupé de pleurs étouffés, qu’elle et la quasi-totalité des survivants du village, débarquèrent sur le continent Naturel, destination choisie, avec empressement, par Lûth, la jeune fille masquée en question que j’essayais de protéger des regards accusateurs qui fusaient contre elle. Les villageois lui en voulaient parce que, sans son intervention, ils seraient toujours une trentaine de survivants à subir les attaques de la Terre, certes, mais en vie et en sécurité dans un milieu qui leur était familier. Alors qu’ici, perdu sur un continent qui leur était, pour la plupart, totalement inconnu, ils n’avaient aucun repère, aucune familiarité avec cet endroit: tout ce que leur inspirait ce nouveau paysage était de la terreur, pure et dure. Et le malaise ne fit que s’accroître quand nous arrivâmes à l’orée de la fameuse forêt dans laquelle elle voulait nous emmener.

« C’est de la folie… Chuchota une première femme à ma droite, tandis qu’elle serrait dans ses bras le corps fragile et tremblant d’un petit chien.

Par miracle, ce dernier, malgré tous les dangers, était parvenu à survivre aux déluges de malheurs qui s’étaient abattus sur les villageois.

« Pas question que je continue. On parle bien de la Forêt des Murmures, pardi! Nous aurions été plus en sécurité sous les fondations tremblantes de notre village plutôt que dans ces bois lugubres! »

Ce dernier commentaire fut accueilli par de prompts acquiescements, leur regard convergeant sur une seule personne: Lûth. Je contractais ma mâchoire, serrant des poings avant de m’avancer devant notre petit groupe et de prendre la parole.

« Arrêtez de la blâmer un peu! Vous avez tous accepté de vous embarquez dans ce voyage à ce que je sache! Il n’y avait aucune obligation: vous veniez ou vous ne veniez pas. Rien ne vous forçait à nous suivre, alors cessez un peu de la faire votre bouc-émissaire et accepter plutôt vos décisions! »

Plusieurs se regardèrent, dans l’espoir qu’un d’eux réagissent, mais aucun ne choisit de répliquer, conscients qu’il s’agissait bel et bien d’un choix qui fut accepté à l’unanimité: personne n’avait le droit de blâmer quelqu’un d’autre pour des actes qu’il avait lui-même consenti à faire. Ils savaient pourtant, depuis le début, que le voyage n’aurait jamais été de tout repos. Avec le déchaînement des éléments, de la nature, plus rien n’allait, où que nous soyons sur cette Terre. Mais il y avait de ces endroits où subsistaient encore un fragment de paix, de tranquillité, minime peut-être, mais suffisant pour nous remettre de tous ces spectacles d’horreur auxquels nous avions assisté. Peut-être que la jeune fille nous menait directement à cette place. Et comme je l’avais dit à Lûth, un peu plus tôt, alors que les doutes et la culpabilité commençaient à germer dans son esprit et qu’elle m’avait fait part de ses inquiétudes de vive voix, rien ne pouvait être stupide si cela venait du plus profond de ses tripes. Tout ce qui venait du cœur ne pouvait être stupide, loin de là. Même si je m’étais montré réticent, au début, à l’idée de quitter le continent avec tout ce qu’avait subis les villageois, cela ne m’avait pas pris bien longtemps avant d’hocher de la tête et de suivre le pas de la jeune fille masquée. J’avais confiance en elle. Alors malgré les dangers, les pertes, je continuerais de la suivre.

Mais évidemment, face à la peur, contraint de s’abaisser à leurs instincts les plus primaires, certains villageois continuaient de rechigner, de se plaindre et de la juger d’un œil désapprobateur. Je soupirais, conscient de la tension qui existait entre nous désormais. Je glissais un regard en direction de Francis, qui affichait un air sombre à côté de Tryf et d’Elizabeth. La disparition de sa femme l’avait rendu incroyablement amer et, d’un mouvement rapide, il évita mon regard comme la peste. Tryf, dans ses bras, ne pouvait que tenter de réconforter sa jeune sœur. Même les amis que nous nous étions faits durant le sauvetage du village nourrissaient des doutes quant à nos actes. C’était frustrant.

« Bon, d’accord, si c’est comme ça, nous…

- Vous ne lui faites pas confiance, n’est-ce pas? »

Je fus abruptement interrompu par Titania, qui venait de se glisser agilement entre moi et les pauvres citoyens du Berceau cristallin. À cette question, évidemment, plus de la moitié hochèrent affirmativement. Devant ce fait, Titania se tourna, d’un bloc, dans notre direction, plongeant ses yeux vairons dans les deux trous que laissaient entrevoir le masque de la jeune fille.

« Regarde-les. Observe-leur souffrance, leur misère. Ce n’est pas facile pour eux. Ce n’est facile pour personne d’ailleurs, mais c’est à nous de leur faire voir que rien est encore perdu et qu’ils ont une autre chance ici, en attendant que les choses se calment autour. Alors arrête de te lamenter, d’afficher cet air de chien battu et prouve-leur que tu as eu raison de les amener ici! Montre-leur ton assurance, ta confiance! Juste te voir ainsi leur insufflera un peu de force. Un peu, certes, mais c’est déjà mieux que de voir un visage qui nous dit continuellement « J’ai eu tort » parce qu’au final, ils vont finir par y croire eux aussi… Et ce n’est pas comme ça que l’on guide des Hommes: c’est dans la foi de nos convictions. »

Elle afficha ensuite un sourire complice à la jeune fille masquée, que je pourrais même qualifier de doux dans son cas, et par la suite, elle se retourna auprès des villageois.

« Écouter moi tous! Vous ne croyez pas en Lûth, c’est ça? Vous avez peur de la Forêt des Murmures, pas vrai? Parfait! »

Elle nous pointa, soudainement, Lûth et moi.

« Eh bien, elle va se rattraper, croyez-moi. Elle nous montrera le chemin jusqu’à cet endroit. Mais avant, elle ira en éclaireur dans la forêt avec Friedrick, puisqu’il semble s’être mis de son côté, histoire qu’ils constatent par eux-mêmes si c’était une bonne ou une mauvaise idée de nous amener ici. Nous, nous resterons cachés à l’orée des bois, le plus silencieusement possible. Je vous protégerais, moi et tous les hommes valides. »

Elle ponctua ses derniers mots d’un regard insistant auprès des hommes debout, qui hochèrent vigoureusement de la tête, prêts à défendre le peu de leur héritage. Un sourire s’étira sur ses lèvres.

« Bien, très bien. Et maintenant, tous les deux… »

Elle se retourna vers nous, restés en retrait. Son regard ne pouvait brûler plus fort au fond de ses pupilles.

« Prouver-nous que nous pouvons avoir foi en vous. »



1 512 mots



Hunter [PV Friedrick] - Event | Mission III Signat16
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Ezechyel
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Ezechyel
Lun 13 Juil 2015, 03:12


« Prouver-nous que nous pouvons avoir foi en vous. »

L’esprit de Lûth était hanté par les dernières paroles de Titania. Partagée entre les divers résultats que pouvaient revêtir ces mots, son corps tremblait de la tête aux pieds, n’étant plus en mesure de cerner la réelle valeur de cette phrase : encouragement ou cadeau empoisonné?  Elle savait que ses épaules étaient trop frêles et fragiles pour supporter un poids aussi lourd que celui qu’elle lui avait offert, celui de tenir entre ses deux mains le Destin de villageois brisés, désespérés, par le périple qu’ils avaient vécu en mer, par la perte de leurs proches, leurs amis et leurs familles. La Nelphennéen frissonna, terrifiée, visualisant désormais la perte de tout espoir lorsque leurs regards fatigués s’étaient déposés sur la cime des arbres-squelettes, lorsque les histoires associées à ce lieu d’horreur avaient ressurgi dans leurs têtes, y imposant une peur primitive qui leur avait tordu l’estomac. Révulsés, choqués, abasourdis, elle encaissait le choc de leur colère, de leur amertume envers celle qui leur avait promis un endroit de paix, un lieu qui ne subissait pas le déchaînement de la Terre pour les préserver des secousses qui avaient réduit en charpie les années de dur labeur au sein de leurs maisons bâties aux sueurs de leurs fronts qui s’étaient écroulés juste devant  eux, devant leurs yeux larmoyants. Ses paroles avaient dû devenir un message d’espoir au creux de leurs oreilles sifflantes par les impacts des pierres qui tombaient lourdement au sol et, en récompense à leur patience, elle les avait emmenés aux frontières d’une forêt hostile et trompeuse, l’unique chemin menant aux portes d’une Cité tenue par les mains de fer d’un peuple qui répugnait les étrangers. La jeune femme baissa la tête. Malgré la confiance que Friedrick et Titania semblait lui offrir sans même sourciller, sans même se questionner sur l’efficacité et le bon fonctionnement de ses idées, la Nelphennéen ne savait simplement et bonnement pas si elle pouvait en faire autant : croire en elle, croire en ses talents et ainsi, leur rendre des comptes pour tout ce qu’ils faisaient pour l’aider à passer au travers d’événements qui lui restaient prises au fond de la gorge, pour l’encourager à reprendre Espoir en dépit du ressentiment qui germait dans le cœur des autres gens.

Pourtant, lorsqu’elle retournait la pièce sur sa deuxième facette et observait attentivement son revers, c’était uniquement ça qui transparaissait contre sa surface réfléchissante : de l’Espoir et une confiance qui ne faiblissait jamais, aussi brillante qu’à son commencement et perdurerait jusqu’à la toute fin. C’était ça, ça seulement qui lui offrait la force, la détermination, de s’engouffrer dans les profondeurs des bois et retourner à son orée avec des résultats concluants, les résultats qu’ils attendaient tous impatiemment derrière cette barrière végétale, conservant les larmes et la culpabilité pour une occasion qui lui demandait réellement. Mais pour l’heure, elle devait garder la tête haute et continuer d’avancer malgré les obstacles qui se dresseraient, malgré les défaillances qu’elles percuteraient. Doucement, la jeune masquée enjamba une racine qui s’était glissée sous la semelle de sa botte. « Regardes bien sous tes pieds, les racines te joueront un mauvais tour si tu n’y portes pas assez attention. » Elle bifurqua à droite, évitant de très peu une collision entre son front et une branche aussi épaisse que son poing avant de s’éloigner à grands pas, jurant intérieurement contre les branchages qui s’obstinaient à augmenter la difficulté de leur progression. Elle s’arrêta après avoir bondi par-dessus un trou minuscule – qui lui aurait sans doute tordu la cheville si elle n’y avait pas porté une quelconque attention – et attendit patiemment que Fried finisse par se démener parmi les branches des arbres et les racines mouvantes pour parvenir jusqu’à ses côtés. Au moment précis où il arriva finalement à la rejoindre sans trop de misère et d’écorchures aux bras et aux jambes, un hurlement guttural tonna soudainement au centre du voile de brume qui flottait au-dessus des arbres. Il se propagea, tel un écho menaçant dans l’atmosphère, de telle manière que personne ne pouvait réellement deviner le point exact de sa source, mais pour sa part, la Nelphennéen préféra l’ignorer – du moins, pour l’instant où la quelconque créature ne représentait pas une menace pour eux dans l’immédiat.

Elle invita le jeune homme à la suivre dans son sillage, esquissant un pas supplémentaire au cœur du brouillant, notant qu’il ne cessait de s’épaissir au fil des mètres qu’ils parcouraient. Des murmures lugubres se mêlaient au souffle du vent, incompréhensible pour toutes les oreilles. Cependant, Lûth continua de progresser sans s’attarder sur les mystérieuses voix des bois. Ayant entièrement bercé la moindre parcelle de son enfance, voilà bien longtemps qu’elle ne les entendait presque plus, où, plus précisément, qu’elle ne leur portait plus aucune véritable attention, comme une musique qui n’avait jamais arrêté de se répéter, encore et encore, et qui, désormais, demeurait gravée au cœur des filaments de son esprit. Mis de côté ces bruits inlassables qui résonnaient contre les troncs des arbres chétifs qui les encerclaient et les cris bestiaux des monstres qui gouvernaient les lieux, les jeunes adultes étaient noyés dans le silence, vagabondant parmi la végétation sombre. À vrai dire, la Nelphennéen n’avait qu’une seule destination en tête, malgré les incertitudes qui sévissaient toujours sur les parois de son plan, malgré les inquiétudes qui lui nouaient l’estomac. Elle s’était bien douté que sa famille ne serait pas là pour l’accueillir chaleureusement au pied de leur campement – du moins, le dernier dont elle avait eu vent avant de couper définitivement les ponts avec eux –,  sourires aux lèvres, avec ces étrangers qui foulaient le sol de leur territoire à ses côtés. Après tout, ils n’étaient certainement plus là depuis elle-ne-savait-combien de lunes. Ainsi, elle avait pensé que tenter de profiter de leur départ en demeurant sur une place qu’elle connaissait si bien leur apporterait bien des avantages sur le point de leur survie collective.

Un soupir franchit ses lèvres tandis qu’ils marchaient, comme si un poids s’était abruptement envolé de ses épaules, repoussant du revers de sa main des branches qui leur bouchaient la vue. « Nous y sommes presque. », murmura-t-elle à Fried en se retournant vers lui, sachant qu’il avait dû remarquer qu’elle ne cherchait pas à le guider vers les portes de Drosera. « Encore une vingtaine de minutes et nous atteignons… » Lûth s’interrompit brutalement au milieu de sa phrase, le corps paralysé. La magie qui lui offrait la vue venait de dessiner les traits d’une énorme statue au visage grimaçant, enduits de gravures grotesques et de marques inquiétantes à quelques mètres de leur position qui insufflait un vent de peur dans ses veines dont le sang contenu à l’intérieur ne fit qu’un tour, glacé. Qu’est-ce que… c’était? Les yeux de la chose de déposèrent sur eux, tandis qu’une lumière aveuglante se créait dans ce qui lui servait de gueule, symbole de mauvais augure. L’adrénaline prit entièrement possession de son corps et de son esprit : « Attention! », cria-t-elle à Fried avant de le plaquer solidement au sol, raidie par une peur bestiale. Une explosion retentit à côté d’eux juste au moment où leurs corps touchèrent la terre humide, rapidement suivi par une bourrasque de vent ayant la puissance dévastatrice d’une tornade. Le masque de Lûth tomba contre le torse du jeune homme, qu’elle prit maladroitement entre ses doigts, se relevant à une vitesse incroyable. « Il faut qu’on court! Peu importe où l’on ira, on ne peut pas rester ici! », hurla-t-elle à plein poumons, complètement en panique, pour couvrir le bourdonnement qui tonnait dans ses oreilles. Au loin, la statue commençait déjà à charger, décidée à réduire leurs existences à l’état de poussière et de cendres…

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Miles Köerta
Sam 18 Juil 2015, 05:27

Hunter
« La traque n’aura de fin… »

« Regardes bien sous tes pieds, les racines te joueront un mauvais tour si tu n’y portes pas assez attention.

- Bien. »

Redoublant de prudence et d’attention, j’enjambais une énième racine qui, à bien y regarder, c’était aussitôt mise à glisser sous ma semelle, comme si elle s’était mise à bouger dans l’intention de me faire tomber. Je poussais un soupir, relevant momentanément la tête pour ne pas perdre Lûth de vue. La traversée était beaucoup plus ardue que je l’avais cru au tout début. Entre la forêt qui se jouait de nous, en plaçant des obstacles un peu partout à travers notre route, le brouillard épais et sinistre, et les plaintes qui sifflaient entre les arbres, produisant d’horribles frissons tout le long de ma colonne vertébrale, ma concentration en était grandement affectée. Je n’étais pas capable de faire un pas sans songer à ces murmures inquiétants, presque inaudibles, mais suffisamment flippants pour rendre n’importe quel homme fou allié. Je sursautais presque à chaque bruit, à chaque son, lesquels se perdaient dans l’immensité de ces bois lugubres. Mais je faillis, à cet instant plus qu’à un autre, mourir de peur lorsqu’un hurlement perça le quasi-silence des lieux, nous forçant à prêter l’oreille, plus alerte encore, à ce qui pouvait nous entourer, mais que nous ne pouvions voir en raison du brouillard. En tout cas, si un soupçon de panique germait peu en peu dans mon esprit, Lûth, quant à elle, paraissait contrôler à merveille sa nervosité.

Je ne comprenais pas comment la jeune fille, devant moi, parvenait à avaler les mètres aussi rapidement s’en être contrariée, nerveuse, dans cette sombre atmosphère. Elle nous engloutissait, comme une seconde peau qui s’imprégnait sur la première, et laissait sur moi – et en moi – une marque froide qui me glaçait le sang. En plus, comme si ça ne pouvait être plus inquiétant encore, j’avais la désagréable impression d’être épier. Tous mes gestes, toutes mes pensées, j’avais l’impression que quelqu’un, quelque part à travers cette forêt, les observaient d’un œil acéré. Tout pour me rassurer, en somme. Néanmoins, ce n’étais pas la peur qui torturait mon estomac ou bien encore la difficulté, de plus en plus grande, de notre route qui m’inciteraient à arrêter et faire demi-tour. Je suivais, du mieux que je le pouvais, la marche féline et silencieuse de la masquée, évitant les zones qu’elle contournait et imitant presque tous ces mouvements, de peur de me prendre dans un piège caché, que je n’aurais su détecter. Cependant, cela ne m’empêcha pas de m’égratigner à plusieurs endroits, autant au visage que sur les bras, mes jambes étant – pour le mieux! – complètement protégées grâce à mes bottes qui m’arrivait un peu plus bas que les genoux.

Lûth m’apprit alors que nous étions presque arrivés à destination et je relâchais subitement un soupir de soulagement. D’après ce que j’avais pu constater, elle ne nous amenait pas aux environs de Drosera, la cité des Alfars, pires racistes que j’avais connus dans ma vie entière. Mais lorsque je crus que tout se passait pour le mieux, du moins, en apparence, la jeune fille s’arrêta brusquement. Devant nous, une statue. Un peu flippante, d’ailleurs, mais ce n’était qu’un vulgaire caillou, non? J’allais le contourner, exprimant à Lûth mon désir de poursuivre sans plus attendre, mais le cri qu’elle poussa par la suite me fit rater un battement. Sans douceur, elle se jeta sur moi, m’envoyant au sol quand, soudainement, j’entendis une déflagration non loin de notre ancienne position et en relevant les yeux, je pus apercevoir un énorme trou, là où nos corps auraient dû être. Sans l’intervention de Lûth. Oh bordel…

« Il faut qu’on court! Peu importe où l’on ira, on ne peut pas rester ici! »

Bien d’accord! Aussitôt, je sautais sur mes jambes, partant à la course à travers les bois, aux côtés de l’Alfar masquée. L’adrénaline se fracassait contre mon crâne, et je pouvais entendre des explosions derrière nous, signe que l’étrange statue nous talonnait. Et de près. Nous zigzaguions dans la forêt, espérant semer notre poursuivant, mais ce dernier, comme pris d’une vie propre, infatigable par sa nature, nous traquait sans répit.

« Par-là! », criais-je à l’intention de Lûth, à qui j’agrippais le bras pour que l’on prenne un virage très serré dans les bois.

Je prenais de rapides respirations, tentant de garder mon équilibre aux moindres obstacles qui se dressaient devant nous. Nous ne pouvions pas nous permettre de tomber. La statue nous poursuivait toujours, inlassable. Mais au moment où je songeais à faire le plus attention, mon pied se prit dans une racine – que je soupçonne s’être délibérément placée devant mon pied – et je tombais violemment contre le sol, avant de rouler, propulser dans mon élan, sur presque trois mètres de long. Je poussais un cri de terreur, mêlé à des hoquets de souffrance, tandis que mon corps, secoué par la chute, ne s’arrêta qu’après s’être méchamment frotter contre la terre sèche des lieux. Je grimaçais, regardant autour de moi, apercevant une silhouette non loin, accourir dans ma direction.

« Lûth! »

Je voulais me redresser pour la rejoindre, poursuivre notre fuite, mais brusquement, elle sauta de nouveau sur moi et m’incita à me baisser et à ne pas parler en plaçant sa main contre ma bouche. C’est seulement à ce moment que je m’aperçus que je venais de tomber d’un point légèrement plus élevé, nous promettant peut-être une cachette de fortune en attendant que la statue nous perde de vue. Mon cœur battait à tout rompre, alors que nous pouvions entendre le colosse de pierre s’approcher de notre position. Je déglutis, angoissé, n’entendant plus que les battements de mon cœur résonner dans ma tête. Elle s’approcha. Elle s’arrêta. Durant plusieurs seconds. Mes bras, mes jambes, mon torse, mon dos, me démangèrent. Resté sur place? C’était comme si mon corps n’en était pas capable, mais je me devais d’être le plus silencieux possible si je ne voulais pas dévoiler notre cachette. Gardant les yeux tournés vers l’avant, j’aperçus alors une lumière non loin. Et mon sang ne fit qu’un tour.

« Baisse-toi Lûth! »

BOUM! Un rayon se fracassa à quelques centimètres de nos têtes et aussitôt, nous reprîmes notre course. Deux statues nous traquaient à présent. Deux chasseurs contre deux proies en fuite. Je n’aimais pas ça… Mais une chance que nous étions partis en reconnaissance pour examiner les environs. Sinon, je sens que nous aurions compté encore bien plus de morts…



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Ezechyel
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Ezechyel
Mer 22 Juil 2015, 19:11

Lûth s’élança à vive allure, haletante, parmi les branches squelettiques de la forêt en zigzaguant comme un cerf effrayé sur les chemins de terre croulant sous le règne d’épaisses racines qui se tendaient vicieusement en-dessous de ses bottes pour qu’elle trébuche au sol, ralentissant considérablement sa fuite des deux prédateurs qui les talonnaient. Son sang glacé se cognait avec violence au creux de son crâne, jusqu’à lui donner un mal de tête douloureux accompagné par la terreur qui raidissait les muscles de ses jambes, s’étirant mécaniquement au moindre mouvement porté vers l’avant, aussi lourd que d’énormes poids attachés à son corps fragile de naissance. La Nelphennéen s’épuisait de plus en plus, puisant à travers ses rares forces physiques qui commençaient à l’abandonner au fil des mètres parcourus, lui formant des crampes si fortes qui manquaient de la figer à chaque instant, de par la souffrance qui se propageait. Seule l’adrénaline lui offrait encore la possibilité de poursuivre sa route effrénée derrière les pas rapides de l’homme aux cheveux ébène, malgré la fatigue qui la rongeait férocement. Mais pendant combien de temps pourrait-elle tenir dans son état en déclin? La peur la poussait à ne jamais cesser de courir et lui brimait toutes les réflexions qu’elle pouvait se construire, saturée par les échos des bruits lourds causés par les statues vivantes qui la faisaient trembler face aux pouvoirs de destructions massive qu’elles possédaient, prêtes à toutes les éventualités pour les écraser et ainsi, les réduire en miettes sans qu’aucune trace ne soit laissée derrière leur passage. Un rayon luminescent éclaira soudainement ces bois sombres, si puissant qu’il en dissout le brouillard – ça aurait pu devenir un spectacle magnifique dans d’autres circonstances – avant que les envions ne redeviennent abruptement obscurs, percés par une longue flèche de lumière menaçante qui s’abattit un peu trop près de son ami qui courait devant elle.

« Friedrick! » La magie réduisit un arbre en cendres dont la fumée âcre et l’odeur nauséabonde se répandirent, s’élevant par la suite très haut dans les airs. Les statues étaient toujours aussi éloignées, mais leur précision n’était plus à remettre en question, même de loin. Lûth accéléra le pas pour rejoindre le jeune homme étendu par terre devant la zone de l’impact, ayant été projeté au sol sous le choc brusque et violent. Lorsqu’elle se pencha vers lui, des larmes coulaient sans relâche sur les joues foncées, créées par la vague de terreur qui l’avait envahie dès que l’attaque magique ait percuté les branchages de l’arbre, tétanisée à la seule et simple idée que ce rayon avait failli tuer Friedrick devant elle. Du revers de la main, elle essuya toute l’eau qui la noyait sous son masque bleuté, jurant intérieurement contre ses inaptitudes à reprendre les rênes du problème qui continuait à lui échapper au fil des minutes qui s’étaient écoulés depuis le début de cette chasse. « Ça va, rien de casser? »Elle l’aida maladroitement à se remettre debout, l’entraînant brusquement vers la gauche, un peu plus loin de l’emplacement de l’arbre calciné. Elle observa les alentours, sachant pertinemment que leur temps était compté au millième de seconde près. Ainsi, la jeune femme s’élança dans ses paroles, notant à peine son débit de voix saccadé et étonnement rapide. « Nous ne pouvons plus continuer… dans ces conditions. Je suis… épuisée et… toi aussi je pense. » L’avance qu’ils avaient pris sur ces monstres de destruction aurait été de courte durée. « Nous sommes allés trop loin… dans la forêt. Si nous continuons sur cette route… je ne serai plus en mesure de nous… guider où que ce soit. Re… Rebroussons chemin pour rejoindre rapidement les… autres. », termina-t-elle.

L’idée, à première vue, semblait folle et suicidaire – non, elle l’était – s’ils considéraient les statues vivantes qui les guettaient derrière eux. Mais y avait-il un autre moyen pour qu’ils puissent s’en sortir? Bientôt, s’ils continuaient leur route vers l’avant, ils se perdraient et tout le monde savait qu’une fois égarer ici, les chances de retrouver une sortie devenait mince et dérisoire, touchant presque le statut de pure illusion. Lûth n’avait pas envie de conduire Friedrick à sa perte – et elle aussi également – au cœur d’une forêt qu’elle devait sans doute connaître du fond de sa proche même si, très clairement, ce n’était pas réellement le cas. À vrai dire, les lieux étaient trop hostiles et trop mystérieux  pour que des étrangers non-Alfar puissent avoir la prétention d’affirmer pouvoir s’y retrouver et si l’on entrait dans les calculs tout le temps que la Nelphennéen avait passé à l’extérieur de ses bois, rejetant les souvenirs qui y étaient liés, certains bouts lui manquaient désormais en tête. Même si son idée comportait un lot considérable de risques, elle était prête à les prendre pour s’en sortir le plus tôt possible. Elle espérait réellement que le jeune homme comprendrait, sachant surtout qu’il n’était pas aussi stupide. « Je sais que c’est dingue, mais nous n’avons pas d’autres options. » Lûth le guida encore plus profondément parmi la brume ambiante – cette fois-ci en marchant pour reprendre un peu d’énergie – revenant lentement sur ses pas tout en demeurant éloigner des deux statues – ou du moins, de l’idée qu’elle se faisait de leur position – ayant, au minimum, le désir de rejoindre  cette corniche  où ils avaient croisé le second chasseur. « Je suis désolée de t’avoir embarqué dans cette galère. », murmura-t-elle piteusement en baissant la tête. Autour d’eux, un étrange silence s’immisçait, aussi lugubre que les événements. « Maintenant, comment suis-je  leur dire que nous allons devoir trouver un autre endroit pour se réfugier après tout ce qui s’est passé? »

Soudainement, la jeune femme masquée se cogna sur une surface dure et rugueuse, avant qu’elle ne s’aperçoive qu’il s’agissait du dos d’une statue qu’elle n’avait même pas remarqué alors qu’elle était perdue dans sa culpabilité de réduire les espoirs des villageois à néant. La Nelphennéen ravala rapidement son hurlement de terreur en reculant maladroitement de plusieurs pas tout en emmenant Fried dans son sillage, la peur collée sur la moindre parcelle de sa peau, étouffante. Lentement, comme si le temps lui-même s’était ralenti pour l’occasion, la statue pivota. Sans plus attendre et sans s’alourdir de réflexions rationnelles, Lûth passa à toute vitesse à côté de l’objet de roches pour atteindre l’autre côté, surprise par sa propre audace – ou sa folie – tandis qu’une lumière vive éclairait les ombres.  Un peu plus loin, les deux autres statues se rapprochaient, attirées par l’éclat de cette magie dangereuse.

La traque était reprise, plus effrayante qu’auparavant.  

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Miles Köerta
Dim 26 Juil 2015, 03:48

Hunter
« La traque n’aura de fin… »

Rebrousser chemin? Est-ce que Lûth venait de perdre la raison? Derrière nous, deux chasseurs nous traquaient inlassablement, cherchant à nous faucher les jambes pour que nous ne puissions plus courir et ainsi, mieux nous pulvériser à l’aide de leurs pouvoirs. Ma respiration se rapprochait du sifflement, mon corps était endolori, suite à mes chutes innombrables dans le décor. Mes jambes étaient parsemées d’éraflures et l’un de mes coudes saignait. Puis, après avoir si brillamment semé nos traqueurs, elle voulait que nous revenions sur nos pas? Dans leur direction? Alors que les statues n’attendaient que ça, que nous soyons vulnérables et à leur portée, pour nous faire disparaître définitivement de ce monde?

« C’est de la folie, Lûth! M’exclamais-je dans un souffle rauque, cherchant ma respiration à travers la brume environnante.

- Je sais que c’est dingue, mais nous n’avons pas d’autres options. »

J’avalais difficilement ce qui me restait de salive en travers de ma gorge tout en observant le visage masqué de la jeune Alfar. Je ne pouvais voir ses yeux, mais les mimiques de sa bouche et la crispation de ses traits étaient des signes qui me témoignaient suffisamment de crainte pour me faire comprendre qu’il n’y avait pas d’autres alternatives à notre mésaventure. Sans attendre une seconde de plus, elle reprit les devants en nous engouffrant toujours plus loin dans le brouillard de la forêt, avant de nous faire faire une courbe allongée qui nous éloignait – du moins, nous le souhaitions – de nos poursuivants. Je la suivais, craintif et hésitant, l’haleine précipitée, foulant le sol d’une démarche beaucoup moins précipitée. Elle comme moi, nous étions tous les deux épuisés par notre course-poursuite à travers ces bois. Nous avions des muscles, des poumons, qui ne pouvaient supporter plus que la limite qui leur était imposée, au contraire des statues qui nous poursuivaient, sans relâche. Notre condition d’humain nous désavantageait beaucoup. Mais nous ne pouvions faire autrement pour l’instant. La Forêt des Murmures ne nous aidait pas non plus. Parsemée de dangers, autant fauniques que floraux, d’arbres dégarnis qui ne nous offraient aucune protection; envahie par une brume insondable, poursuivie par des chuchotements sinistres, nous ne pouvions espérer d’alternative de secours. La rejoignant à sa hauteur, je me permis d’exprimer ce que tous les deux nous pensions:

« Es-tu sûre de ce que tu fais? »

Il n’eut aucune réponse pendant plusieurs secondes jusqu’à ce que la masquée ne s’excuse à nouveau en détournant le visage, coupable. La situation se révélait plus dangereuse que prévue, et avec ce genre de monstres statufiés qui courraient en liberté dans les bois, il n’était plus question d’amener le peu de réfugiés qui étaient parvenus à survivre dans cette Forêt sinistre. Encore une fois, je remerciais Titania de les avoir gardée avec elle à l’orée de la Forêt, là où – je l’espérais – aucun danger n’irait jusqu’à eux.

« Il va falloir leur… »

Je fus coupé en plein milieu de ma phrase lorsque je m’aperçus que Lûth reculait, chancelante, devant une autre de ces horreurs mouvantes. Combien en avait-il dans cette forêt, par tous les Dieux? Nous n’osions pas bouger au tout début, mais quand la statue pivota sa lourde tête dans notre direction, l’adrénaline, alimentée par la peur, électrisa chacun de nos membres. Aussitôt, sans réfléchir, Lûth passa à quelques mètres seulement de la statue, et je la suivis sans plus me poser de questions. La peur dans la peau, l’angoisse dans l’estomac, toute la terreur qui se concentrait au fond de ma poitrine doublait en intensité lorsque je pouvais entendre le pas accéléré et pourtant lourd des monstres statufiés qui nous poursuivaient comme des vautours. Avions-nous seulement une chance de nous en sortir? Je n’en avais aucune idée et l’espoir de me quittait peu à peu, tandis que nous nous enfoncions au cœur de la Forêt des Murmures. Mes muscles me faisaient souffrir. Mes poumons ne se gonflaient plus suffisamment pour me permettre de respirer convenablement. J’avais l’impression de suffoquer à force de courir, d’amener mon corps à se dépasser et à déployer de l’énergie que je n’avais même pas conscience de posséder. Lûth, devant moi, n’était pas en meilleure forme, haletant bruyamment à chaque foulée.

« On… On ne peut pas… pas continuer… »

Mais nous n’avions pas le choix. C’était soit continuer de courir et garder une chance de sortir vivant de ce cauchemar, soit c’était de nous arrêter et de mourir. Et à aucun instant, nous voulions terminer de cette façon. Par contre, je n’étais même plus capable de me diriger en ligne droite, mes pieds accrochant sans cesse les racines des arbres; je peinais à respirer et mes jambes me chauffait affreusement. Que pouvions-nous faire, excepté fuir? C’était enrageant… Soudainement, une série de rayons lumineux se précipitèrent dans notre direction. Je voulus accélérer ma cadence, mais j’étais déjà à mon maximum.

« Lû… Lûth! Derrière nous! »

Des explosions retentirent de chaque côté, nous obligeant à zigzaguer de plus belle, évitant du mieux que nous le pouvions les rayons que nous jetaient les créatures statufiées. Terrorisé, je regardais brièvement par-dessus mon épaule pour voir où elles étaient rendues. Les statues nous coursaient toujours, et si je ne pouvais les voir à travers la brume, je pouvais aisément les situer à cause des rayons de lumière qu’ils s’évertuaient à nous lancer à la figure. Mais cette distraction, ce petit coup d’œil innocent, me fit perdre l’équilibre et je tombais lourdement contre le sol de terre.

« m*rde… »

Je voulus me relever, mais la douleur était trop aigüe: je m’effondrais presque aussitôt, incapable de bouger, mon corps réclamant le repos. Mais je ne pouvais pas rester là! Les statues se rapprochaient, encore, encore! Qu’est-ce que je pouvais faire?

« Lûth? »

Je vis un rayon se diriger droit sur moi. J’écarquillais les yeux, sentant ma fin approcher aux crocs de cette ligne de lumière qui allait me faire exploser. Je me tournais vers l’avant, vers la jeune fille. J’allais mourir. J’allais rendre les armes, sans avoir accompli mon rêve… Si je pouvais me lever! Me déplacer! Quitter cet endroit juste le temps de…

BOUM! Explosion. Détritus de terre, de feuilles mortes. Il eut un cri de terreur. Et alors que je devais être mort sur le coup, j’étais pourtant en mesure d’entendre les sons environnants, le cri de Lûth, de sentir l’odeur du brûlé et de la fumée. J’ouvris les yeux, me rendant compte que j’avais tout bonnement arrêté de respirer pendant quelques secondes. Je me retrouvais juste derrière la jeune Alfar, qui reculait, tétanisée. Aussitôt, en voyant les statues se propulsé dans notre direction, je pris le bras de Lûth pour l’inciter à reprendre sa course.

« Ça va! Je suis correct! Je suis parvenu à m’en sortir! Dépêche-toi, vite!! »

La pauvre ne devait rien y comprendre. Moi non plus d’ailleurs, mais j’avais ma petite idée là-dessus… Mais ce n’était pas le moment e se poser des questions. C’était de fuir ou de mourir. Pourtant, nous venions à peine de faire cent mètres qu’une nouvelle statue se profila à l’horizon. Imposante et immense, elle se plaça sur notre trajectoire et nous avons eu d’autre choix que de nous arrêter, cherchant un nouveau chemin à prendre. Mais il n’y avait presque plus d’issue. Les trois statues, qui nous poursuivaient, venaient de nous rejoindre et l’une d’entre elle tira sans crier gare sur notre position. Aussitôt, je poussais Lûth sur le côté et l’éviter d’être touché avant de me téléporter à ses côtés, indemne, mais visiblement épuisé. Oui, c’est bien ce que j’avais soupçonné: depuis que le Musée avait été détruit, j’avais senti quelques changements en moi. Alors, ce nouveau pouvoir était la cause du malaise que j’avais ressenti en moi…

Devant nos yeux, le rayon continua, cela dit, son chemin jusqu’à atteindre la statue qui nous bloquait le chemin. La réaction fut immédiate et le colosse de pierre explosa en milles fragments microscopiques dans les airs: la voie était de nouveau libre.

« Et si… On les forçait à se détruire les uns les autres? » Murmurais-je à l’intention de Lûth, après avoir été témoin d’un tel spectacle.

Est-ce que la chance se décidait enfin à être de notre côté?


1 363 mots



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Ezechyel
Lun 27 Juil 2015, 19:00

Le cœur de Lûth cessa de battre soudainement en merveilleuse harmonie aux bruits sourds provoqués par la chute de Friedrick qui atteignirent le creux de ses oreilles, tel une mélodie horrifique qui la paralysa. Ses jambes, étant auparavant deux morceaux de cotons tremblants, devinrent aussi raides et lourds que des pierres, la clouant solidement sur ses pieds sans qu’elle puisse avoir une infime possibilité de bouger. Elle regardait désespérément le corps du jeune homme étendu un peu plus loin d’elle, voulant forcer ses membres à se mouvoir pour lui venir en aide et le remettre debout pour fuir, s’extirper d’un cauchemar qui ne semblait pas vouloir prendre fin, mais son système entier refusait d’écouter les ordres aboyer par son esprit noyé dans la panique, réclamant une pause qu’ils ne pouvaient se permettre sous peine de mourir, foudroyés par la magie des statues mouvantes. Bouge, bordel! BOUGE! Ses cris intérieurs tonnaient dans le vide, portés par un agaçant souffle d’air qui les égaraient ailleurs, partout sauf là où elle désirait qu’ils se rendent. Derrière son masque, les larmes commençaient à couler à flots, aussi bien créer par l’élancement de ses muscles, par la douleur qui les parcouraient avec violence, de ses poumons qui inspiraient et expiraient l’oxygène si rapidement qu’elle en avait mal à la poitrine - comme des feux qui la brûlaient de l’intérieur – de son mal de tête qui se prononçait de plus en plus au cours du temps et également par la peur. Terrorisée, frustrée, la Nelphennéen avait l’un de ses mal à contrôler ce trouble trop grand – comme elle n’en avait jamais ressenti – jurant haut et fort contre les faiblesses qui la freinaient, contre son inutilité, contre son manque de courage à esquisser quelques pas vers l’avant pour qu’ils puissent s’échapper de l’Enfer, aveuglée par des larmes qui n’avaient plus de fin.

Les créatures de destruction percèrent le voile de brouillard, éclairées par un unique rayon de lumière vif et mortel, pointé sur Friedrick qui était immobilisé au sol. Lûth souhaitait crier, hurler à plein poumons, faire n’importe quoi qui soit susceptible de le sauver des griffes de la faucheuse, de contredire avec audace le Destin qui paraissait le guider. Ses pleurs redoublèrent, ses tremblements s’accentuèrent, incontrôlables. Elle priait, suppliait rapidement les Aetheri d’épargner cette voie à son ami avant que la magie fuse à une vitesse désespérante, folle, toutefois ralentie par la terreur qui bernait les sens de la femme masquée, la forçant à regarder ce rayon destructeur s’approcher de l’homme aux cheveux noirs, si lentement, insupportable. Soudainement, une explosion retentit. Les lèvres de la Nelphennéen relâchèrent enfin le hurlement prisonnier de sa gorge tandis que la fumée causée par l’impact de l’attaque magique lui voilait la silhouette de Friedrick et de ces monstres se retournaient avec lenteur  - vers elle, sans aucun doute. Le nuage de poussière se dissipait rapidement. Sa détresse et sa panique lui firent sauvagement oublier ses douleurs physiques, ses peurs primitives qui lui retournait le sang, qui la possédait en part entière devant les colosses de pierres car désormais, une seule chose comptait pour ses intérêts : apercevoir Friedrick de ses propres yeux. Pour s’assurer qu’il ait… « Ça va! Je suis correct! Je suis parvenu à m’en sortir! Dépêche-toi, vite!! » … une chance qu’il s’en soit échappé à temps. La Nelphennéen manqua plusieurs de ses battements de cœur lorsqu’elle sentit l’emprise des doigts du jeune homme aux cheveux noirs sur son bras, sans crier gare, et entendit ses paroles articulées rapidement à son encontre. Lûth se laissa entraîner par les mouvements de Friedrick, partagée équitablement entre la surprise de le voir ici, à ses côtés, et une joie euphorique de le voir en vie, peinant à comprendre les événements qui s’étaient écoulés dès que cette magie avait touché la terre.

« Que… Qu’est-ce qui s’est passé? », Parvint-elle à chuchoter, sous le choc. Pourtant, malgré son étonnement qui ne cessait de s’accroître au fil des questions qui lui traversaient le crâne, elle ne s’attendait tout bonnement pas à obtenir une quelconque réponse. Un sourire apparut sur ses traits, s’élargissant au fil et à mesure que ses larmes continuaient à se déverser, bougeant à son tour les jambes malgré les éclairs de douleur qui lui parcouraient les membres et son cœur meurtri par tous les efforts qu’elle avait déployé alors qu’il ne pouvait en tenir plus. C’était reparti pour une course de survie : s’arrêter encore une autre fois deviendrait un équivalent de la mort elle-même et ça, elle ne le permettrait plus. Reprenant la tête de leur duo – et de ce fait, son rôle de guide dans la Forêt des Murmures – elle emprunta rapidement un chemin sans lâcher Friedrick de la main – se promettant que cette fois-ci, s’il tombait, elle serait là pour le rattraper – avant de bifurquer sur sa droite, sachant que les mètres qui les séparaient de cette fameuse corniche n’étaient plus si nombreux. Pourtant, à la fin de ce virage, une quatrième statue les y attendait, bloquant l’unique passage des lieux – à moins que la forêt elle-même ne soit pas étrangère à ce phénomène – les obligeant à stopper leur course au milieu, tandis que les trois colosses laissés derrière apparurent abruptement, empêchant un possible retour vers l’arrière pour les deux fuyards. L’angoisse ne tarda pas à gagner l’esprit de Lûth qui, les dents serrées et le visage levé craintivement sur le nouveau chasseur, ne remarqua même pas la lumière se dégageant des yeux d’une des statues avant que Friedrick, réagissant beaucoup plus vite qu’elle, la poussa sur le côté, se laissant volontairement dans la trajectoire de la magie. Retrouvant soudainement ses sens, la Nelphennéen se redressa d’un bloc, complètement à la merci de la panique et de la peur, criant à tue-tête : « Fried, pousses-toi! » Le jeune homme disparut de son champ de vision alors que ses yeux cachés par son masque s’agrandissaient. Où est-il passé? À peine cette pensée eut parcouru son esprit qu’il se matérialisa à ses côtés, sans blessures, mais affichant un teint pâle si inquiétant qui l’immobilisa, muette de stupeur. La magie, quant à elle, poursuivit le cheminement qu’elle était censée prendre, performant la statue qui, brillant soudainement de mille feux au contact, finit par exploser, dispersant ses morceaux de pierre autour de ses ruines et ainsi, dégagea la voie.

La Nelphennéen, prête à reprendre la course pour sauver la vie de son camarade et la sienne par la même occasion, fut rapidement stoppée par les mots que Friedrick prononça à la suite de l’explosion, estomaquée. « Mais c’est… » Elle s’interrompit, partagée. Complètement fou? Pourtant, elle n’avait pas hésité à mettre en péril leur vie pour faire demi-tour. Peut-être qu’ils détenaient là une stratégie qui ferait pencher la balance. L’idée en soi ne pouvait pas être mauvaise, mais elle était risquée, beaucoup trop risquée. « C’est complètement malade. » Avec sa main serrée dans celle du jeune homme, elle l’entraîna vers l’avant, décidée à rejoindre la corniche, ne souhaitant pas ainsi laisser l’ouverture idéale à ses monstres de roches pour charger sur eux. Son cœur battait à tout rompre et pourtant, malgré ses conditions, elle parvint à arquer un sourire sur ses lèvres, prononçant les mots qu’il lui avait manqué. « Mais je dois aussi être malade pour accepter une chose pareille. » Elle lâcha un soupir qui franchit sa bouche en sifflement aigu et faible, presque comme un serpent. Un peu plus loin, la petite corniche se dessinait enfin, comme un signe des Aetheri. « Alors… comment comptes-tu t’y prendre…», lui demanda-t-elle entre deux expirations lorsqu’ils eurent atteint l’endroit qu’elle avait tant recherché depuis qu’ils l’avaient quitté une première fois. Du revers de la main, elle essuya la sueur qui lui coulait sur le front, avant de continuer, jetant un bref regard aux statues qui avançaient vers eux. « Pour que les chasseurs… deviennent les chassés? »  

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Miles Köerta
Mar 28 Juil 2015, 17:32

Hunter
« La traque n’aura de fin… »

Ma respiration n’avait plus rien d’humain. Elle se rapprochait plus du sifflement d’un serpent malade, coincée entre les parois de ma gorge, comme si cette dernière s’était resserrée durant notre parcours pour réduire son diamètre. Quoi que je fasse pour tenter de reprendre mon souffle, il peinait à trouver passage à travers la panique et l’angoisse qui m’obstruaient les voies. J’avais l’impression de suffoquer, de chercher mon air comme un noyé qui se débattait contre la rage de l’Océan pour remonter à la surface. Ma poitrine – même si ce n’était qu’une désagréable sensation – me paraissait saigner à l’intérieur de moi-même, brûlant tout ce que j’avais d’organes et de veines pour ne laisser qu’une marque de feu partout à travers mon corps suffisamment souffrant. J’étais complètement épuisé. Affaibli, non seulement par la fuite effrénée que nous entreprenons, par les nombreuses chutes auxquelles s’étaient soldées mes courses, mais également par la subite utilisation de ma faible Magie, mon corps avait atteint ses limites. Nous pouvions être durs comme le roc, aussi agiles qu’un petit singe dans les arbres, tout le monde possédait des limites qu’il leur serait impossible de franchir. Les miennes, je le crois bien, venaient d’être atteint, et ce n’était plus que de la persévérance qui obligeait mon corps à rester debout, sans risque que ce dernier ne s’effondre au sol dans le seul désir de se détendre.

Ma main dans celle de Lûth, fermement accrochée dans les serres de ses doigts, je suivais la jeune Alfar masquée sans qu’elle ne rencontre de résistance de ma part, mais mon pas était légèrement plus vacillant, mes gestes, moins cohérents. Je perdais souvent l’équilibre contre les racines sans, toutefois, tomber de nouveau contre sol sous nos pas. Mais je ralentissais considérablement notre course. Pourtant, je forçais mes jambes à accélérer le rythme, à suivre la cadence qui nous était imposée, à cause des monstres de pierre qui continuaient, eux, à nous poursuivre sans aucun signe de fatigue. Machines inépuisables et persistantes, les statues prises d’une vie propre étaient encore plus collantes que les tiques sur la fourrure des chiens. Elles nous pourchassaient sans relâche, envoyant leur Magie de destruction dans notre direction pour nous réduire en charpie. La seule chose qui les freinait vraiment dans leur course, c’était uniquement cette imposante brume qui nous enveloppait et qui ne semblait pas prête à nous laisser quitter ses filaments épais. Ça nous donnait de quoi conserver nos distances, mais le danger n’était pas écarté pour autant. Il ne fallait pas se bercer d’illusions. Ces créatures statufiées, comme nous avions pu le remarquer, étaient plusieurs à fouler le sol de cette Forêt maudite et en plus de nous concentrer sur celles qui nous traquaient comme de véritables bêtes affamées, il fallait aussi garder un œil vigilant dans les alentours pour ne pas se prendre un projectile magique qui viendrait à percer les voiles du brouillard.

Décrite comme tel, notre situation paraissait sans issue, sans espoir, et croyez-moi, nous avions vraiment perdu toute confiance de pouvoir se sortir de ces bois sains et saufs, tant les dangers qui nous guettaient à chaque recoin de la Forêt des Murmures étaient nombreux. Mais l’incident de tout à l’heure avait eu comme conséquence de me faire réfléchir à une idée. Quoi qu’insensée et dangereusement risquée, je ne voyais pourtant aucune autre façon pour nous de nous en sortir sans dommage conséquent. Lûth avait bien raison: c’était complètement malade. Mais était-ce aussi fou que de nous obliger à rebrousser chemin, pile aux endroits où nous attendaient, de pied ferme, ces monstres en pierre? Je ne crois pas. Nos actes pouvaient paraître suicidaires, nos décisions tout autant, mais nous avions aucune intention de mourir maintenant. Là-bas, à l’orée de cette forêt, il y avait des gens qui comptaient sur nous et nous ne pouvons pas les laisser tomber, alors qu’ils avaient tout perdu et tout quitter durant ce voyage éprouvant. Lorsque nous les retrouverons, ils seront déçus, en colère, rancuniers de nous avoir laissé leur destin entre nos mains, certes, mais à nous tous, nous parviendrons bien à trouver une terre d’accueil qui nous hébergera le temps que se calme les conflits et les catastrophes. Dans ces conditions, laisser ma peau et celle de Lûth ici, à ces monstres, ne faisait absolument pas parti de nos plans.

« Alors… comment comptes-tu t’y prendre… Siffla Lûth dans sa respiration, qui était aussi laborieuse que la mienne. Pour que les chasseurs… deviennent les chassés? »

Je ne savais pas si en pleine course, je serais en mesure de lui faire part de mon idée, mais je n’avais pas trop le choix, les statues nous poursuivant toujours avec autant d’acharnement.

« Servir… d’appât… et les laisser… s’entretuer… si… si je peux m’exprimer… de la sorte. »

Mon corps ne le supporterait peut-être pas, mais c’était notre unique chance de réduire – au moins – le nombre de prédateurs qui voulaient notre peau – si peau il resterait après avoir reçu leur magie de plein fouet. Mais, plus que le temps qui nous manquait pour nous façonner une véritable stratégie, c’était nos forces qui s’épuisaient rapidement et sans elles, je ne donnais pas cher de nos vies dans cette forêt hostile. Un rayon de magie explosa tout près de notre position, comme pour nous forcer d’arrêter de réfléchir et de passer à l’action. Parcouru par l’adrénaline, retirant vivement ma main de celle de Lûth, je lui demandais d’aller se cacher à proximité et d’essayer d’éviter tout projectile lancé par ces créatures.

« Je n’ai pas… pas l’esprit de sacrifice… t’en fais pas pour… ça. Alors… Alors fais-moi… confiance. Je ne… compte pas… crever… aujourd’hui… »

Je me détournais de l’Alfar, les dents serrées, sentant tout le poids de mon corps vouloir s’écraser sur le sol, mais je tenais bon. Je devais tenir bon.

« Maintenant! Va-t’en! Essais… de ne pas… crever… »

Si, au tout début, je n’entendis qu’une forte respiration dans mon dos, après quelques secondes, qui m’avaient paru interminable, des bruits de pas si firent entendre et ils s’estompèrent progressivement, au fur et à mesure que Lûth s’éloignait de moi. Je pris une grande respiration. Bon… C’était à moi de ne pas mourir maintenant.

Je me mis à courir à perdre l’haleine en direction des statues qui, presque immédiatement, se mirent à tirer leurs projectiles lumineuses vers moi. J’avais peur, j’étais terrorisé, oui, mais j’évitais du mieux que je le pouvais leur tir dans une espèce de danse de pied maladroite. Une première statue se détacha du groupe, prenant mon flanc droit. Aussitôt, je me dirigeais dans sa direction, notant qu’elle était la plus proche de ma position. Je sentais que mes jambes allaient me lâcher, mais je devais tenir bon. Je n’allais pas mourir ici. Le monstre réagit aussitôt, lançant des projectiles dans ma direction. Au moment où les premiers tirs allaient me transpercer le corps, je me téléportais sur la tête de la statue, m’agrippant fermement à sa nuque. Elle me sentait contre elle. Elle se mit à se débattre férocement, se tournant et se retournant sur elle-même en voulant me déloger, mais même si ma prise faiblissait, je conservais mes bras autour de son cou et je serrais plus fort, toujours plus fort pour ne pas tomber et m’écraser sept pieds plus bas. Et c’est là que la statue se mit à… hum… « paniquer » – ce qui n’était pas probable pour une machine, mais au vue de sa réaction, ce fut le seul mot qui me traversa l’esprit. La statue, carrément, se mit à tirer ses projectiles de magie de plus belle, les envoyant dans toutes les directions. Je m’accrochais avec plus de fermeté encore jusqu’au point où mes bras me firent un mal de chien. Mais je ne voyais pas ce qui se passait exactement autour de moi. Entre la statue qui devenait folle et le bruit des explosions aux alentours, je ne percevais que ma propre respiration et je gardais les yeux ouverts, haletant, dans l’espoir de voir dépasser la chevelure bleu nuit de Lûth à travers le triste paysage. Oh non… Mes forces… m’abandonnent… Et au même moment, mes bras lâchèrent le cou de la monstruosité de pierre qui, sentant aussitôt le poids supplémentaire partir, repris cette allure affreuse et intimidante qui la caractérisait tant. Je tombais lourdement au sol, relâchant un faible gémissement, prêt à m’évanouir. Ma vision se troublait et j’avais du mal à distinguer les objets aux alentours. Mais ce qui était certain, c’est qu’il ne restait plus qu’une statue devant moi… Une seule – celle à laquelle je m’étais agrippée – qui se tourna lentement dans ma direction, m’obligeant à faire face à la grimace hideuse qui lui faisait office de visage. Je déglutis avec désespoir, me reculant sur les fesses pour mettre le plus de distance entre elle et moi. Mais elle n’avait pas besoin de proximité pour me tuer. Il lui suffisait d’un projectile de magie. Un seul.

Que la statue tira aussitôt et immédiatement, je me téléportais hors de son champ de vision, m’évanouissant presque sur le coup après l’utilisation de ma magie, mon corps et mon esprit pouvant se reposer à présent…


Je ne pourrais dire ce qui se passa par la suite. J’étais complètement endormi et aurait bien pu me tuer, je ne m’en serais jamais rendu compte, mourant sans souffrance et peut-être sans regret. Mais non. Je n’étais pas mort. Je ne savais pas combien de temps j’étais resté dans les vapes, mais je me réveillais. La lumière était absente, les arbres décharnés ne m’entouraient plus. J’avais vraiment cru être mort au début, jusqu’à ce que j’aperçoive un trou au-dessus de ma tête qui me renvoyait l’image de la brume qui enveloppait la Forêt des Murmures. Alors où étais-je? Étions-nous parvenus à semer les monstres? Lûth… Pensais-je aussitôt, tournant ma tête vers ma gauche où j’aperçus un visage masqué dormir profondément juste à côté de moi. Je regardais la jeune fille dormir à poing fermé, avant de clore mes yeux et d’exhaler un soupir de soulagement. Nous étions parvenus à survivre, bon sang. Quoi d’autre comptait?


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Hunter [PV Friedrick] - Event | Mission III Signat16
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