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 Counter attack [PV Friedrick] - Event | Mission IV

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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 838
◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014
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◈ Activité : Stratège
Ezechyel
Jeu 13 Aoû 2015, 21:46

En-dessous des tissus de son masque, ses pupilles aveugles s’ouvrirent, très lentement, pour venir frapper la noirceur qui l’enveloppait dans ses voiles sombres. Engendrant un souffle monstrueux qui répandit les craintes et une angoisse hors-mesure parmi ses veines chauffées à bloc, Lûth se laissa, involontairement via son subconscient en pleine ébullition dont une terreur indescriptible parasitait avec ferveur, dominer par les cauchemars, souvenirs de ces immenses statues vivantes aux yeux qui scintillaient de ces lueurs effrayantes qui n’avaient que symbole avec la mort elle-même.

… La Nelphennéen se croyait morte.

Ceci, la pensée que son existence n’était devenue qu’un tas de poussière, la pétrifiait et, inexorablement, étouffait ses moyens de juger et de cadrer comme il se devait le vrai visage de la situation, évaporé dans sa tête brûlée par les flammes de la terreur. Est-ce ainsi que ce sentait les vivants après avoir été guidé de l’autre côté? Est-ce que les morts pouvaient-ils  seulement continuer de penser, d’avoir peur de leur état et trembler comme ceux qui étaient bien vivant? Tant de questions qui, et pourtant, la mena abruptement à s’inquiéter de la condition d’un autre. Friedrick. Elle se rappelait des acrobatiques qu’il avait fait au sein du groupuscule de statues, de son teint si pâle, blanc comme un mort, et de son épuisement physique qui avait dû déteindre sur la force de son esprit fou – ou audacieux – qui l’avait poussé à commettre un acte si suicidaire qui lui était restée coincé au fond de sa gorge.

La masquée s’étouffa avec brutalité, aspirant l’oxygène de travers. Elle toussa, toussa à maintes reprises avant de porter une main maladroite et tremblante à son cœur qui, battant à plein régime, n’avait pas cessé de mener sa fonction traditionnelle. Elle était encore en vie : sinon, pourquoi aurait-elle encore ce besoin d’inspirer et d’expirer de l’air? Doucement, Lûth activa les pouvoirs de sa vision sensorielle qui dessina les traits d’un environnement brumeux devant son visage ainsi que des parois omniprésentes de terre qui les entouraient comme un cocon – c’était un terrier creusé dans une petite gorge en bas de la route principale qu’ils avaient abandonné, invisible aux regards meurtriers de leurs ennemis de pierre. Toutefois, plongés au cœur du dense brouillard de la forêt des murmures, il lui était également impossible de se faire une idée du temps qui leur avait échappé. Avaient-ils dormis trop longtemps? C’était une réponse qu’elle voulait à tout prix obtenir tandis que son esprit, libéré des entraves de sa peur infondée, bâtissait un sommaire des événements qu’ils avaient confrontés tout en recherchant la silhouette endormie de l’homme dans ce terrier obscur dont la faible respiration atteignait ses oreilles. Pendant qu’elle avançait, une douleur aigüe immobilisa ses jambes devenues deux rocs lourds au bout de ses hanches. Elle grimaça en repliant son corps sur lui-même, le menton appuyé entre ses genoux chancelants qui, dans une mélodie affreuse et irritante, ne cessaient de se cogner l’un à l’autre. Ses membres étaient tous engourdis, alourdis par un poids invisible qui la clouait au sol, paralysée. Dans un tel état, ses choix étaient restreints.

Entrouvrant les pans de ses lèvres anciennement scellées, elle articula ses mots dans un murmure presque inaudible. « Friedrick? » Elle n’obtint rien, l’écho de sa voix seule parmi le silence du terrier abandonné. Toutefois, au ton hésitant qui n’avait été qu’un chuchotement à ses tympans, nul doute qu’à ceux de son coéquipier, il ne fut qu’un maigre bourdonnement lointain ou même que du vide dans le cas. Lentement, la Nelphennéen recommença, plus fort qu’à sa lamentable tentative précédente et pourtant, elle murmurait encore, comme si une crainte – raisonnable malgré tout – l’empêchait de vouloir crier. Les statues… étaient, peut-être, entrain de guetter la seconde où ils se trahiraient, marchant de leur démarche mécanique autour de ce point. La masquée était complètement paranoïaque. « Friedrick, réveilles-toi! » Un mouvement à gauche alerta sa garde. Le pied de son ami la cogna si soudainement qu’elle en sursauta, au début terrorisée par ce geste tout droit sorti des ombres. Puis, en baissant la tête, Lûth remarqua assez tôt le corps de l’homme étendu. Tendrement, mais avec une certaine fermeté qui lui semblait étrangère, elle s’accroupie difficilement au-dessus de lui, contrant ses culpabilités d’interrompre son profond sommeil par la petite pensée de ces villageois qui les attendaient depuis elle-ne-savait combien de temps, postés à l’orée des bois et le secoua en répétant inlassablement son nom jusqu’à ce qu’il ouvre un œil. La Nelphennéen lui arqua un sourire timide et joua nerveusement avec une mèche de ses cheveux bleus foncés, ne sachant quoi dire exactement.

Puis, Lûth commença à balbutier quelques mots à son égard tout en lui offrant son aide pour qu’il se relève légèrement malgré le plafond bas. « Bonjour. » Elle détestait être brusque. « As-tu profité de ton repos? Je ne sais pas combien de temps nous avons dormi cependant. » Lentement, elle lui donnait quelques minutes pour se réveiller complètement et s’habituer aux élancements de ses membres. « Mon idée n’aura été qu’un échec au final… mais je suppose que je dois me réjouir que nous soyons en vie. » Les larmes imbibaient ses joues mais son sourire, lui, ne disparaissait pas, soudé à ses traits. « Es-tu prêt à reprendre la route? », lui demanda-t-elle. Pourtant, elle avait déjà prévu sa réponse. Ensemble, ils se levèrent, pointant  peu à peu leur nez à l’extérieur du terrier. C’était le vide. Aucune présence d’humanoïde… comme d’objets de destruction. La voie était libre. La jeune femme guida Friedrick jusqu’à la sortie de la forêt, gardant en elle cette peur soudée de recroiser le parcours d’un mastodonte en pierre. Ils n’en rencontrèrent pas un seul, déposant sur leur route d’une touche de douceur qu’ils n’avaient jamais eu la possibilité de posséder  jusqu’à aujourd’hui. Après une trentaine de minutes à marcher, ils finirent par rejoindre les villageois du Continent Dévasté. La Nelphennéen inspira profondément, le cœur battant à la chamade et avança parmi eux. Elle regarda d’abord Titania, puis les autres assemblées avant d’ouvrir les lèvres.

Et elle leur raconta tout.

1 005 mots.
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Miles Köerta
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◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Sam 15 Aoû 2015, 08:31

Counter Attack
« Nous sommes encore debout… »

Je savais que je n’étais pas mort, mais c’était tout comme. Même si mes jambes parvenaient à supporter le poids de mon corps, j’avais l’impression qu’elles me lâcheraient à la moindre maladresse de ma part. C’était comme marcher sur un fil de funambule, marcher à l’aveuglette: tous mes repères semblaient se perdre. De plus, dans cette noirceur, d’anciens démons refaisaient surface, aiguisant, plus que nécessaire, la méfiance que je nourrissais déjà au fond de moi-même. Effectivement, j’étais prêt à rejoindre les nôtres malgré les stigmates laissées par l’épuisement physique et mental que j’avais atteint en utilisant mon pouvoir de téléportation. Mais, que ferions-nous si les statues venaient à recroiser notre route? Je ne savais pas si j’aurais la force nécessaire pour me sortir une seconde fois d’une telle impasse. Tous mes muscles criaient de douleur, quémandant une pause bien plus longue, des soins bien plus méticuleux, et je sentais mon esprit sur le point de flancher à la moindre faiblesse qui se présenterait. En somme, j’étais à mon plus mal, incapable de courir, de combattre, de survivre…

Pourtant, j’affirmais à ma partenaire que j’étais prêt à reprendre notre route. Comme elle l’avait précisé, nous ne savions pas combien de temps nous étions restés dans ce terrier, et les villageois devaient s’impatienter à l’orée des bois. Même si je connaissais l’immense talent de Titania en cette matière, je savais également qu’elle ne pouvait pas les retenir éternellement là-bas. Ils désiraient survivre, certes, mais pas ici. Pas en connaissant les histoires effrayantes et sordides qui s’y rattachaient. Alors, je décidais de ne pas les faire attendre plus que permis, surtout dans la situation actuelle. Aidé par Lûth, je parvins à passer à travers le trou du terrier, plissant des yeux face à cette soudaine luminosité. Même si la brume cachait en majorité les rayons du soleil, même si les lieux paraissaient plus morts que vivants, il y avait l’une de ces lumières qui était complètement absente du terrier et qui me brûlait la rétine après tant de temps à être resté dans ce trou exigu. Je pris une grande inspiration, non sans être content de pouvoir sentir l’air frais passer dans mes poumons, avant de me tourner vers Lûth et de la gratifier d’un sourire. Peut-être reflétait-il ma fatigue, mais au moins, elle pouvait y sentir toute la joie que je ressentais à nous savoir en vie. Mal en point, mais en vie, c’était tout ce qui comptait.

« En route. »

Nous nous mîmes sans plus attendre en chemin. Pourtant, si je croyais, au départ, que nous foulerions la route plus rapidement en raison de notre angoisse, j’avais à présent le désagréable pressentiment que nous avancions comme des limaces. La Forêt des Murmures, dans toute sa « beauté », n’avait rien perdu de l’insolite qui la caractérisait si bien. Ces chuchotements, si distincts maintenant que nous marchions d’un rythme décent, recommençaient à caresser nos oreilles de leurs lugubres timbres. La panique, sans que je ne la laisse paraître, monta d’un cran et je me forçais à suivre la cadence de la noire devant moi. Lûth me guidait à nouveau entre les troncs rabougris des arbres de la forêt et bientôt, ce ne fut pas long avant de revoir les arbres qui délimitaient l’entrée de la forêt. À cette vue, un immense sourire se colla à mes lèvres et un soupir de soulagement franchit ces dernières.

« Enfin, Lûth! Nous y sommes arrivés. »

Machinalement, je me tournais vers la jeune fille masquée, mais au lieu de voir apparaître sur son visage du soulagement et de la joie, j’y aperçus plutôt de la crainte. Et je compris rapidement pourquoi.

Lorsque les villageois nous virent approcher, j’aperçus Titania nous faire signe de la suivre et sans discuter, nous enjambions ses pas.

« Comment ça s’est passé? » Demanda-t-elle de bout en blanc, jetant quelques regards discrets à nos vêtements remplis de terre et de poussières.

La traque que nous avaient opposé ces étranges statues magiques n’avait pas seulement été éreintante: elle avait également été extrêmement salissante. Cela dit, pour revenir à la question de mon mentor, je crois qu’elle saisit rapidement la réponse à sa propre question, rien qu’en observant soigneusement les traits tirés de nos visages. Et plus particulièrement ceux de Lûth qui étaient déformés, sous les pans de son masque, par un affreux signe de culpabilité. Il fallait annoncer la nouvelle aux villageois et comme prévu, face à eux, la réaction ne fut pas longue à la détente.

« QUOI? Des statues de pierre vous ont attaqué?!

- Mais c’est toi qui disait que tu connaissais un endroit sûr!

- Nous n’aurions jamais dû te suivre! C’était une grave erreur! »

- Qu’est-ce qu’on va faire, Tryf? » Renifla doucement la délicate et fragile Elizabeth qui, en tirant sur la manche de son frère, réclamait son attention.

Le jeune garçon de treize ans nous dévisageait, non avec fureur comme le reste de ses voisins, mais plutôt avec désespoir et tristesse. Je regardais Lûth du coin de l’œil, voyant à quel point tous ces commentaires l’affectaient et cette vision me fendit le cœur. Ces villageois ne semblaient pas être conscients de tous les efforts qu’elle avait déployés pour leur trouver une terre d’accueil.

« Vous n’avez pas été là… Commençais-je en les toisant tout en m’avançant vers eux d’un seul pas. Vous n’avez pas été là lorsque ces statues se sont mises à nous bombarder des rayons magiques. Ils allaient aussi vite que l’éclair et détruisaient tout sur leur passage pour le réduire en poussière. »

Cette fois, je parvins à capter leur attention et je poursuivis sur le même ton de voix.

« Et sans Lûth, je n’aurais jamais survécu! Elle m’a sauvé alors que j’ai failli me faire toucher par l’un de ces projectiles! Elle m’a sauvé quand je me suis évanoui, à bout de force à cause de cette course interminable, à cause de notre combat contre ces monstres! »

Mon regard voyagea vers Lûth avant de revenir aux villageois, qui me fixaient d’un œil sceptique.

« Elle m’a sauvé et je suis convaincu qu’elle vous sauvera aussi. Est-ce que vous voyez seulement comment elle se démène pour vous? Et au lieu de la remercier pour ses efforts, vous l’insultez et vous lui mettez toutes les causes de vos malheurs sur le dos? »
Je marquais une pause, adoucissant le timbre sévère de ma voix.

« Sans elle, je ne serais peut-être pas en vie maintenant et pour cela, je la suivrais n’importe où. Je lui fais confiance. Elle a eu tort pour cette fois, mais c’était parce qu’elle n’était pas au courant de ces monstres qui pullulaient dans la Forêt. Elle fera encore des erreurs, mais nous en ferons également. C’est à nous de nous serrer les coudes pour se soutenir et les réparer. Autrement, nous ne ferions que nous détruire. »

Je croisais les bras, faisant face à la quinzaine de personnes qui se tenaient devant moi, avant d’entendre les pas de Titania s’approcher de moi. Doucement, elle déposa sa main sur mon épaule et m’offrit un clin d’œil avant de s’adresser, à son tour, à la petite communauté.

« Seul, nous ne parviendrions pas à grand-chose, mais ensemble, j’en suis certaine, nous réussirons à nous en sortir vivant. Il suffit de nous entraider au lieu de vouloir nous séparer. Puis… »

Elle inspecta furtivement l’endroit, ses instincts ne la quittant pas malgré la situation.

« Je connais peut-être un autre endroit où nous pourrions vivre pour quelque temps.

- Vraiment? Où se trouve-t-il? »

- À deux ou trois jours d’ici environ. Si nous maintenons un bon rythme de marche, nous devrions y arriver en moins de cinq jours, assuré. »

Du regard, les villageois se consultèrent sans trop savoir sur quel pied danser. Ils repensaient sans cesse à leur dernière décision, qui les avait tous amené ici, à la limite de ces bois lugubres où des rumeurs étranges et inquiétantes n’avaient de cesse d’alimenter l’imagination des plus petits comme des plus grands. Puis, d’un seul bloc, comme un seul homme, les paysans se tournèrent dans notre direction. L’expression sur leur visage venait de changer. Si, depuis le début, il me semblait qu’il y avait deux clans dans notre petit groupe d’infortunés, j’espérais que les choses puissent changer… Dès à présent.

« D’a-D’accord… Nous acceptons de vous suivre…

- Nous ne voulons pas mourir… Et nous ferons tout ce qui nous est possible de faire pour rester en vie. »

C’est alors que Tryf remua dans les bras de Francis, et ce dernier redressa le jeune garçon pour qu’il puisse se tenir droit comme un i malgré la perte de la mobilité de ses jambes.

« Nous sommes encore debout. Alors nous continuerons de marcher jusqu’à ce que nous trouvions ce que nous recherchons. »

D’un même avis, le reste des villageois hochèrent affirmativement de la tête.

« Cette terre que nous cherchons nous attend, mes amis! Allons-y de ce pas! »


1 495mots



Counter attack [PV Friedrick] - Event | Mission IV Signat16
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Ezechyel
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Ezechyel
Mar 25 Aoû 2015, 18:01

Son cœur battait si fort sur sa poitrine au point qu’il paraissait vouloir broyer ses os et déchirer sa chair par la puissance monstrueuse de ces palpitations. Du revers de la main, Lûth écarta les larmes  qui inondaient le dessous de son masque bleu mais le torrent qui se déversait de ses pupilles aveugles était si important que ses efforts se faisaient rapidement gaspiller malgré toute sa détermination pour les effacer de ses joues rougies. Elle tremblait comme une feuille, se faisant dépasser par les épreuves qu’elle surmontait. Ses bras se serrèrent autour de sa frêle silhouette, sa respiration ralentit légèrement dans un essai d’apaiser sa nervosité tandis que le poison sortait enfin des bouches. La Nelphennéen encaissait la dureté des paroles sans broncher tandis que ses lèvres s’ouvraient et se fermaient, incapable d’articuler les pensées qui bombardaient son crâne. Elle redoublait les pleurs, les larmes et les secousses de son corps en ayant le souhait être capable de crier qu’elle était désolée, qu’elle regrettait tout depuis la traversée de l’océan hostile, mais ses culpabilités la rendaient muette. La jeune femme baissa lentement la tête. Elle savait que ses mots ne pourraient jamais réécrire les faits, que sa voix ne ramènerait jamais les mots vers ceux qui les avaient perdus, mais au fond d’elle-même, Lûth commençait peu à peu à croire que là étaient tous ses regrets. Qu’est-ce qu’elle n’aurait pas donné pour revenir en arrière et tout reprendre du début? Mais les conséquences étaient là et malgré la force à laquelle elle voulait croire à cette possibilité de pouvoir faire ce saut dans le temps, elle y reproduirait sans doute des erreurs similaires à celles qui la frappaient en pleine figure maintenant.

Puis, surpassant la terreur et la colère qui gorgeaient les regards, Friedrick imposa un terme aux lamentations, au venin qui franchissait les lèvres, d’une voix forte, sévère et assurée qui mit place à la réflexion mais aussi à une remise en cause de toute la fureur jetée sur la jeune fille au masque. La Nelphennéen s’immobilisa. Le flot de larmes se tarit d’un coup brusque sur ses joues et les sentiments négatifs, noirs, cédèrent immédiatement la voix à une immense reconnaissance envers lui. Elle resta silencieuse lorsque l’échange, entre le jeune homme et les rescapés, prit fin et il en fut de même quand Titania eut son tour pour prendre la parole. À la conclusion de ses paroles, Lûth en profita pour s’approcher doucement de Friedrick et lui arqua un sourire sincère et rayonnant avant de lui murmurer d’une petite voix : « Merci. » Par la suite, elle s’éloigna légèrement, passant ses doigts fins dans sa tignasse foncée pour replacer ses mèches ébouriffées tout en essuyant les dernières traces de ses larmes de la paume de la main, incapable de se défaire de sa mimique. Grâce aux mots qu’avaient prononcés la guerrière, grâce aux encouragements qu’elle avait prodigués, une flamme éteinte s’était ravivée. À présent, il y avait, dans le cœur de tous, encore un espoir de pouvoir échapper à l’Enfer et personne ne refuserait de tenir cette nouvelle chance si bien tendue.

Ce qu’ils n’avaient pas pu prévoir cependant, ce que personne n’aurait pu deviner, c’était que les événements eux, n’iraient qu’en se dégradant…    

Le jour un se déroula passablement bien, malgré la misère de plusieurs à s’adapter aux environnements qui, pour la majorité, étaient complètement nouveaux et étrangers. Ces gens n’avaient pas l’habitude des grandes plaines vertes et des espaces autant dégagés et exposés. Marcher aussi longtemps sous les puissants rayons du soleil était éprouvant, épuisant pour tous, mais il l’était bien encore davantage pour les villageois qui n’avaient connu que les vents glaciaux et sauvages du Berceau cristallin pour la plupart. Et pourtant, ces difficultés ne s’étaient qu’ajouter aux autres problèmes futurs sous le nom des tremblements de terre. Au détriment et à la mauvaise surprise générale, ils les avaient pris de court au milieu de la nuit : même si le territoire plat leur avait offert des avantages conséquents quant aux dangers que ses secousses représentaient, personne n’avait été en mesure d’oublier toute la souffrance, toute la peur, que ces phénomènes naturels avaient laissée sur leur passage au continent Dévasté. De ce fait, ils n’avaient été qu’une minorité à pouvoir fermer l’œil cette nuit-là, sursautant et frissonnant à chaque plainte que la terre poussait. Ainsi, le lendemain matin, ce fut des dizaines de gens fatigués mais également épuisés qui reprirent la route sous les faibles rayons. Bon nombre criait, pleurait ou priait lorsque les séismes les touchaient ce qui, au bout du compte, ralentit considérablement le rythme de progression à travers les terres d’Émeraudes, se rajoutant à ça les histoires de marchands croisés sur la route à propos des Masques d’or qui insufflèrent également la paranoïa dans certaines têtes.

La terreur s’épaississait davantage à chaque jour en saturant le courage qui en vint presque à tous les abandonner. Leurs esprits étaient gravés par le désespoir qu’ils ressentaient lorsqu’on se sent en sécurité nulle part ailleurs que sur un seul continent, désormais inaccessible à cause des dangers de la mer. Lûth ignorait quelle fut cette force qui les convainquirent de se lever quand le jour pointait à l’horizon, qui les poussèrent à se rendre jusqu’au bout du périple, mais qu’importe la motivation qui les avaient animé, qu’importe ce qu’ils s’étaient répétés pour tenir bon, les faits étaient désormais clairs et visibles : ils y étaient parvenus après six jours de peur, d’hésitation et de doute.

Ils avaient finalement atteint les terres du Rocher au clair de lune, là où ils allaient enfin trouver cet endroit promis par Titania.

935 mots.
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Miles Köerta
Ven 28 Aoû 2015, 05:56

Counter Attack
« Nous sommes encore debout… »

Les jours se succédaient sans s’arrêter. Nous marchions, nous marchions, jusqu’à nous en fatiguer les talons. Les cinq enfants avaient, très tôt, fini par abandonner cette traversée, fatigante pour leur corps si fragile. De peine et de misère, en assurant de faire une rotation à toutes les heures, les adultes les transportaient sur leur dos. Faisant fi de la chaleur, de la peur qui les tétanisait à chaque tremblement de terre, ils poursuivaient néanmoins la route, sans lâcher. Oui, il y avait eu des moments de faiblesse durant ces six jours intensifs de marche dans ces lieux hostiles; oui, je l’admets, nous avions souvent songé à faire demi-tour pour partir et ne jamais revenir. Mais après tout ce chemin laborieux et épuisant, plusieurs se voyaient mal de revenir sur leurs pas pour tout reprendre à zéro, tout recommencer, alors qu’ils avaient traversé tant de dangers. Fuir, c’était certain, ils y pensaient. Mais au plus profond d’eux-mêmes, ils désiraient plus que tout trouver un endroit qui les accueillerait comme il se doit. Ce désir, même s’il semblait avoir disparu de tous les cœurs, persistait – j’en étais certain – dans les esprits de chacun. Parce qu’autrement, si ce courage n’existait pas au fond de ces villageois, il y aurait longtemps qu’ils ne nous auraient plus suivis dans notre voyage…

C’est ainsi, en sachant les dangers qui nous guettaient à chaque coin de cette contrée, que nous arrivions finalement aux terres du Rocher au Clair de lune. Le jour d’avant, Titania nous avait informés qu’il fallait encore marcher pour arriver à l’endroit tant souhaité et les visages, sans surprise, s’étaient aussitôt assombris et faits inquiets. Une autre journée à marcher, à marcher, à marcher, à s’user les pieds, à brûler, à avoir peur de mourir contre les assauts de la Terre, à être terrorisé par la présence de ces étrangers aux Masques dorés. Ils en avaient gros – peut-être même trop – sur la conscience pour traverser tranquillement ces sols qui s’étaient, auparavant, faits si sûrs. La réalité était-elle qu’il ne nous restait plus beaucoup de possibilité pour notre situation. Soit il nous fallait s’adapter, soit il nous fallait mourir. Mais peu d’entre nous étions portés à choisir cette voie. Nous préférions la vie qu’à la mort, et c’est ce qui nous obligeait à nous relever le matin, à mettre une jambe devant l’autre pour avancer et ne pas nous retourner. Sans relâche, comme des parasites, nous nous obstinions à survivre face à la Nature déchainée.

Mais à un moment de la journée, Titania nous arrêta sans crier gare. Elle leva le bras, à la manière d’un général qui stoppe ses soldats, pour ensuite fixer un point sur sa droite. Marchant aux côtés de Lûth, discutant avec elle des projets que nous pourrions entreprendre pour venir en aide aux habitants du Continent Dévasté, je n’avais pas tout de suite prêté attention à ce qui se passait, jusqu’à ce que la voix de mon mentor s’élève dans nos rangs de réfugiés.

« Des Girafes.

- Des Girafes? Demanda la petite Elizabeth de sa voix fluette, mais ensommeillée, confortablement installée contre le dos d’une femme assez robuste.

- Oui. Regarde là-bas! »

Pas seulement celui de la petite Elizabeth, mais tous nos regards convergèrent dans la direction pointée par la villageoise. Effectivement, au loin, nous étions en mesure d’apercevoir des longs cous se détacher du paysage. Le balancement de leur tête nous indiquait qu’ils étaient en marche. Un détail, cela dit, intrigua fortement Titania; j’étais en mesure de le voir à la manière dont elle scrutait les animaux.

« Pourquoi ne se dirigent-ils pas vers Dhitys? » L’entendis-je murmurer à elle-même, tandis que les grands animaux tachés se rapprochaient de notre position.

De notre côté, nous nous examinions du regard, histoire de connaître la prochaine initiative à suivre. Sachant sur quel territoire nous nous trouvions, nous espérions, néanmoins, ne pas croiser des Clans de Béluas, pour ne pas les mêler à nos histoires et qu’ils ne se sentent pas menacés par l’arrivée inattendue d’une quinzaine de réfugiés. Mais maintenant qu’ils nous avaient découverts – avec un tel cou, impossible qu’ils ne nous aient pas déjà repérés – nous ne savions plus vraiment sur quel pied danser. Venaient-ils pour nous avertir de partir? Je jetais un regard vers mon mentor, indécis, alors que cette dernière ne disait pas un mot, contrairement au reste des voyageurs qui nous accompagnaient.

« Titania? Sont-ils ici pour nous demander de partir? »

Après une pause, qui fut si longue que je craignis qu’elle ne me réponde pas, elle finit par ouvrir la bouche et m’offrit ces quelques mots, qui finirent par m’intriguer tout autant.

« Tu penses vraiment que Dhitys aurait mobilisé autant d’individus pour arrêter l’escapade d’une quinzaine de villageois misérables et sans abris? »

Je tournais mon attention vers le flot de Girafes qui continuait de marcher vers nous. Ils ne semblaient pas nous vouloir de mal. Au contraire, ils me paraissaient plutôt… pressés. À ce constat, mon cœur se serra, comme pour se préparer à essuyer un nouvel échec. Même si Dhitys n’était pas notre destination finale, je savais que si un danger assaillait la capitale, ce même danger s’étendait dans tous les environs. La suite de cette histoire – c’est moi qui vous le disait – ne sentait vraiment pas bon.

« Allons voir de quoi il s’agit. »

D’un même pas, nous nous mîmes à suivre Titania, en tête de notre petit groupe, pour aller à la rencontre des Girafes. En nous voyant approcher, ils ralentirent leur rythme de marche pour s’arrêter complètement. Nous en fîmes également, dévisageant les grands animaux. Même si les Girafes paraissaient fragiles sur leurs pattes si minces, elles étaient néanmoins intimidantes par leur taille une fois à leur hauteur. Nous étions forcés de lever bien haut nos têtes, au risque de se faire un torticolis, pour être simplement en mesure de distinguer leur museau qui se découpait dans le ciel. Titania, sans attendre, prit une grande inspiration avant de prendre la parole.

« Bonjour, peuple de Dhitys. Je me nomme Titania Helena et avec mes compagnons, nous désirons trouver un endroit où nous reposer, le temps que les dangers s’apaisent et que le calme revienne… »

Pas de réponse. Cela dit, elle poursuivit.

« Ne vous en faîtes pas: nous ne sommes pas venus vous demander un logis. Seulement, en vous voyant, la curiosité est venue nous piquer. Pourquoi n’êtes-vous pas à l’intérieur de votre cité avec tout ce qui se passe sur les Continents? »

Des murmures incompréhensibles s’élevèrent dans les rangs des Girafes, qui se mirent à s’agiter et à pousser de petits cris animaliers. Puis, subitement sorti d’entre les grandes pattes d’une Girafe, un homme d’âge mûr s’avança jusqu’à nous. Il était grand – trop grand – et son corps était aussi mince que l’animal dont il détenait le Totem. Ce fut lui qui s’adressa à nous en retour.

« Bonjour Titania Helena. Je m’appelle Icare, et je suis le chef de ce Clan. Si vous voulez tout savoir, nous ne sommes en sécurité nulle part. Suivez mon conseil: partez d’ici pendant qu’il est encore temps.

- Que se passe-t-il?

- Dhitys est détruit. Notre propre territoire ne nous appartient plus. »

Sur ces dernières paroles, Icare baissa mollement la tête, en jetant un regard à son Clan, par-dessus son épaule. Il soupira avant de se redresser, bien droit.

« C’est pour cela que nous avons décidé de partir. J’ai cru bon, pour mon Clan, qu’il fallait nous éloigner le plus possible de la cité. Elle n’est plus sûre du tout. »

Cette fois-ci, ce fut les villageois de notre groupe qui se mirent à s’échanger des messes basses, visiblement très inquiets. Sans même les entendre, j’étais en mesure de saisir ce qu’ils se disaient. Dans leur regard s’éteignait le dernier brin de courage et de volonté. Ils se disaient qu’il ne pouvait, décidément, plus avoir d’espoir. Nous étions désespérés, à voyager d’un bout à l’autre du Continent, sans parvenir à trouver ce coin d’idylle qui nous accueillerait, qui nous avait été promis. Nous ne voulions qu’une chose: nous arrêter, fermer les yeux, et dormir pour cent ans, si cela pouvait être possible. Mais, évidemment, ça ne l’était pas.


1 363mots



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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 838
◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014
◈ Âme(s) Soeur(s) : Mircella Rumblee
◈ Activité : Stratège
Ezechyel
Dim 06 Sep 2015, 22:06

Lûth perdit soudainement son souffle, réduit en un sifflement court et aigu qui se coinçait dans sa gorge. Baissant piteusement la tête, la jeune Nelphennéen ne pouvait plus soutenir les pupilles foncées d’Icare qui se posaient sur chacun d’eux, parasitées par le désarroi, la peur et le découragement qui vinrent impitoyablement l’assaillir de plein fouet, tiquant nerveusement sous l’impact violent de ses émotions. La jeune femme croisa les bras au niveau de sa poitrine pour s’empêcher de trembler, lançant un rapide regard aux rescapés amassés derrière elle qui, chuchotant au voisin le désespoir qui grugeait la moindre parcelle de leur courage, illustrait à merveille l’anéantissement qui sévissait dans le groupe. Ils en avaient tous assez. Ils voulaient cesser de lutter, de marcher alors que maintenant, ils savaient. Ils savaient que leurs efforts ne les mèneraient nulle part, qu’ils ne rencontreraient jamais cette idylle tant voulu. Ces gens en avaient trop enduré, trop vécu pour qu’elle puisse croire d’être en mesure de leur offrir cette motivation qui les avait quittés, ne jurant qu’au repos qu’ils ne pourraient jamais obtenir dans leurs conditions actuelles. Lûth s’en sentait profondément désolée et coupable d’être aussi impuissante face à l’abandon qui les ravageait. La masquée s’était pourtant promise à elle-même de les aider, de les soutenir, grâce à ses meilleures compétences pour qu’ils puissent retrouver le semblant de bonheur qui leur avait échappé à chaque moment. Les événements s’enchaînaient si vite pour tous. Ils n’avaient même pas eu le temps de pleurer leurs morts, de se lamenter de la misère à laquelle ils s’étaient confrontés que les circonstances les obligeaient à se retrancher vers leurs instincts primitifs – vers la survie – animés par l’adrénaline laissée sur le sillage de la terreur qu’ils ressentaient. La Nelphennéen avait affronté le froid et la panique lorsqu’elle s’était jetée au secours des gens pris sous les décombres, avait plus ou moins encaissé la haine et la colère à la fin de la traversée et avait côtoyé la mort de si près avec ces statues, cependant, elle avait toujours trouvé un moyen comme un autre de s’en sortir malgré ses propres craintes et sa peur.

Mais aujourd’hui, elle ne savait plus quoi faire.

La meilleure décision pour la majorité aurait été de continuer, de les pousser à poursuivre la marche, peu importe ce qu’on pouvait leur dire dans une démarche désespérée, mais où iraient-ils ensuite? Combien de jours pourraient-ils tenir le rythme en déambulant sur le continent, abandonnés avec l’épuisement et le désespoir? Elle l’ignorait. Lûth avait beau fouillé dans les moindres recoins de son esprit, elle ne trouvait plus rien. Que du vide, que du noir qu’elle grugeait, silencieuse. À vrai dire, la jeune Nelphennéen n’était pas capable de se défaire de la détresse du Clan, droit debout, qui les observait comme s’il attendait quelque chose de précis de leur part. Les pupilles exorbitées, élevant des petits cris anxieux à chaque seconde, les girafes ne tentaient même plus de camoufler la peur et la confusion qui les envahissaient. Et sachant ça, le cœur de la masquée se serrait. Malgré les besoins que les villageois réclamaient avec insistance, telles de supplications adressées aux Aetheri, Lûth avait ses principes et abandonner les Béluas à leur sort la répugnait d’autant plus que la Dame des Abysses – la supposée auteure de tous ces événements – à tel point qu’elle ne se le pardonnerait jamais. Que voulaient-ils exactement? Des mots, des actes? Même si la femme se penchait instinctivement vers le second choix, elle ne réussissait, cependant, pas à deviner la hauteur exacte des attentes du Clan envers un groupe de vagabonds sales, effrayés et fatigués auquel ils s’étaient simplement interposés sur la voie. La Nelphennéen faisait peut-être erreur dans son raisonnement, mais elle ne perdait rien à essayer de leur soutirer des informations.


Quelques larmes rebelles coulaient sur ses joues – étant plutôt sentimentale, elle n’avait pas pu les contrôler – qu’elle essuya maladroitement du revers de la main avant de faire un pas, se plaçant à la même hauteur que Titania. Sa gentillesse couvrait les devoirs qu’elle s’était elle-même donnée envers leur groupe, cependant, il était trop tard pour reculer. « Qu’est-ce qu’on peut faire? Nous ne pouvons pas les laisser ainsi. », marmonna-t-elle entre ses dents, tournée vers la guerrière.  Lûth n’avait aucun doute : la femme avait dû, elle aussi, remarquer que quelque chose les dérangeait. Leurs problèmes ne les touchaient pas, mais la Nelphennéen ne pouvait pas s’empêcher de s’y mêler davantage, insistant auprès du chef. « Veuillez me pardonner mon indiscrétion, mais si je peux me le permettre, avez-vous un abri sûr dans les environs? » S’ils leur situation ne leur permettaient pas de s’embarquer dans une grosse histoire, le moins que la masquée pouvait faire, c’était de s’assurer qu’ils ne manquaient de rien avant que leur groupe décident de partir ailleurs. Icare parut mal à l’aise, mais il se reprit rapidement en balayant l’air de la main. « Je suis ravi de l’attention que vous nous accordez, mais c’est bon. » Le grand homme ne semblait pas si sûr de lui, comme s’il avait de la difficulté à se convaincre de la véracité de ses propres mots. Mais la Nelphennéen n’était pas stupide : avec un clan aussi nombreux que le leur – elle en avait compté approximativement une vingtaine de Béluas composant le groupe – trouver une cachette n’était pas aussi simple. « Vous êtes nombreux et cacher un nombre si important de personnes ne doit pas être une chose aisée. », fit-elle immédiatement remarquer en désignant les animaux tâchés du menton. Icare se crispa face à l’évidence pointée. Il se mit à balbutier, incertain. « C-ce n’est pas un problème. Vous n’êtes pas obligée de vous embêter pour nous. » - « Nous ne sommes pas animés de mauvaises intentions.  Laissez-nous vous aidez!  »

C’était sans doute un peu trop présomptueux de parler ainsi, au nom de l’ensemble du groupe, sans qu’il n’y ait eu de préavis sur la question, mais pour elle, le choix était déjà fait, quoi qu’ils puissent en répliquer sur la question. La Nelphennéen sentait des regards peser sur elle tandis que le silence s’immisçait, lourds sur ses épaules courbées. Elle n’osait même plus regarder derrière elle pour voir de quoi il en découlait réellement, effrayée par ce qu’elle serait susceptible d’observer, l’amertume en son égard étant vif dans les esprits de la majorité. Icare hésitait, lançant plusieurs coups d’œil aux Béluas qui répondaient à ses regards en poussant des petits cris animaliers, agités sur leurs longues pattes. Lûth espérait vraiment qu’ils leur donnent leur confiance et pendant plusieurs minutes de discussion silencieuse entre eux et le chef, Icare finit par revenir avec un choix qui la laissa estomaquée. « Votre offre nous touche, vraiment, mais nous refusons de perturber votre voyage. » - « Mais! », tenta-t-elle de protester. « L’état de votre propre groupe compte plus que le nôtre : nous saurons en mesure de nous débrouiller convenablement. », renchérit-il. « Je n’ai qu’un seul conseil à vous offrir : reposez-vous. Vous avez des choses plus importantes à vous préoccupez que notre Clan. » La Nelphennéen ne s’était pas du tout attendue à ça. « J’insiste. » Icare ouvrit les pans de ses lèvres, mais la voix de Tryf l’interrompit dans son élan. « C’est quoi ce bruit? », s’exclama-t-il nerveusement en redressant la tête.

Lûth prêta l’oreille aux sons de l’environnement. Effectivement, un grondement sourd résonnait, mais avant que quelqu’un ait le temps de lui répondre, une brusque explosion retentit si près de leur position que le cœur de la Nelphennéen en manqua plusieurs battement. Un épais nuage de fumée lui brouilla la vue, tandis que la panique s’installait autour d’elle comme un virus. Entre les cris des rescapées, les hurlements des Béluas et le bourdonnement qui bouchait ses tympans, la masquée en perdit rapidement le fil. Que ce passe-t-il bon sang? Elle toussait violemment, passant une main sous son masque pour essuyer la poussière qui l’aveuglait, tentant d’interpeler quelqu’un. « Friedrick! Titania! » Aucune réponse. Une deuxième explosion frappa un peu loin. La jeune femme sursauta. Son corps commençait à trembler sous les effluves de la peur qui la gagnait à toute vitesse. « Tryf! Elizabeth! » Lûth s’époumonait avec tous les noms qui défilaient en désordre dans sa tête, s’étouffant toujours avec la poussière qui pénétrait ses poumons. Pourquoi personne ne lui répondait? Un éclair vint soudain zébrer l’obscurité et si la jeune femme eut le temps d’éviter le projectile mortel, elle ne fut cependant pas assez vite pour courir se réfugier ailleurs. L’onde de choc la projeta dans les airs avec une force et une violence inouïe avant qu’elle ne se cogne la tête sur un obstacle invisible. La souffrance qui se propagea dans son crâne fut si insoutenable, si insupportable, que la masquée s’évanouit, tandis que le nuage de poussière se dissipait peu à peu…

1 475 mots.
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Mar 08 Sep 2015, 05:29

Counter Attack
« Nous sommes encore debout… »

Resté à l’écart de l’échange entre Lûth et Icare, j’étais facilement en mesure de percevoir le crépitement du mécontentement s’éveiller chez certains membres de notre groupe – les plus irascibles et les plus fatigués je présumais. Pourtant, au lieu de voler au secours de Lûth, je préférais me taire, saisissant la hargne qui habitait l’esprit de quelques-uns.

« Mais de quoi elle se mêle, celle-là?

- Nous en avons déjà suffisamment à faire pour sauver nos propres vies! Des Girafes en plus! Ce n’est pas ce qu’il y a de plus discret! »

Des murmures de ce style glissaient ici et là, entre les oreilles de chacun, tandis que les yeux ne se détachaient pas du dos légèrement recourbé de l’Elfe noire. Moi-même, je ne la lâchais plus des yeux, ne la quittant, quelques secondes, du regard uniquement pour dévisager Titania. Elle aussi ne disait rien, mais son expression ne pouvait mentir les sentiments qu’elle ressentait vis-à-vis de la situation. Tout comme Lûth, elle voulait venir en aide aux Girafes, craintives sur leurs longues pattes, et pourtant, le devoir de protéger son village la contraignait dans sa bonté d’âme. Je la voyais se mordre la lèvre inférieure, signe de son agitation intérieure. Pendant ce temps, ma camarade continuait d’insister auprès d’Icare, qui refusait d’aplomb, inébranlable malgré la gravité de la situation.

« L’état de votre propre groupe compte plus que le nôtre: nous saurons en mesure de nous débrouiller convenablement. »

Lui-même comprenait qu’il était autant difficile pour nous que pour eux de les aider en toute gentillesse. Les événements n’y prêtaient guère. Tout ce qui habitait les esprits était la survie. Survivre pour soi, survivre pour sa famille, pour ses amis, mais certainement pas survivre pour des inconnus. La seule qui ne semblait pas avoir encore compris cette situation restait Lûth qui, fermement, poursuivait sa tirade pour convaincre le chef du Clan d’accepter leur aide.

« Je n’ai qu’un seul conseil à vous offrir: reposez-vous. Vous avez des choses plus importantes à vous préoccupez que notre Clan. »

Je voyais bien que la suite irait dans le même sens: qu’Icare ne flancherait pas, que Lûth se battrait encore pour une cause perdue d’avance, et je tendais déjà mon bras pour l’inciter à se taire quand la voix de Tryf résonna brusquement dans notre dos, nous stoppant net dans nos gestes comme dans nos paroles. Tremblant, incertain, angoissé, ce timbre suffit à me glacer le sang.

« C’est quoi ce bruit? »

Tous se turent brusquement, esquissant le même mouvement: tendre l’oreille et écouter attentivement. Outre le vent et les bruits de nos propres respirations, nous étions tous en mesure de distinguer un bruit sourd, comme un espèce de grondement qui secouerait la terre à laquelle nous pieds étaient rattachés. C’était plus qu’étrange et plusieurs, d’un mouvement commun, voulurent donner leur avis sur la question, mais non loin de notre position, retentit un bruit d’explosion.

Instantanément, les cris fusèrent des bouches. Les Girafes se mirent à paniquer, courir de tous les bords et de tous les côtés, effrayées. Dans notre cas, nous nous resserrions lentement, complètement tétanisé par l’effroi. Moi, particulièrement, n’étais plus capable de respirer. Des images d’un combat passé ressurgissaient dans mon esprit, à mon plus grand désarroi… et ma plus grande crainte. Je cherchais Lûth des yeux; je cherchais à savoir si mes pressentiments s’avéraient exacts, mais lorsque je la vis, elle ne croisa pas mon regard. Et d’autres explosions, en rafale, atterrirent presque sur notre position. Dans tous les cas, elles furent si proches de nous que ce ne fut pas long avant que la peur ne nous étouffe, illustrée par cette fumée épaisse qui nous entourait comme pour nous faire suffoquer. J’enfonçais aussitôt ma bouche et mon nez dans le pli de mon coude. Mes yeux papillonnaient contre l’assaut de la fumée, dans l’espoir d’y distinguer quelque chose. Mais la zizanie était à son apogée, les cris, les hurlements, la peur et l’affolement avaient pris entre leurs fils toutes les personnes présentes sur cette petite terre vierge. Je tentais de me diriger dans le smog, toussant et crachant ce que j’inhalais d’air irrespirable, cherchant une silhouette, une personne sur laquelle me raccrocher, au lieu de ne distinguer que de vagues ombres floues qui déambulaient devant mes yeux souffrants. Je serrais des dents, portant mon autre main à ma tête, là où un vrombissement infernal secouait toutes les cellules de mon cerveau. Des grondements laissés par les explosions se fracassaient toujours entre les parois de mon crâne, émoussant de manière significative mes sens. Je n’entendais quasiment rien dans ce brouhaha de cris, de grésillements et de puissantes déflagrations. Mes yeux me piquaient, me faisaient mal, tant que je nourrissais le désir de me les arracher pour faire cesser la douleur; j’allais franchir les limites du soutenable. J’étais complètement désorienté, perdu à travers les longues pattes des Girafes qui fuyaient les lieux, bousculés par des hommes et des femmes qui ne cherchaient qu’à sauver leur peau. J’haletais avec violence, ouvrant la bouche pour appeler Titania, Lûth, n’importe qui dont je connaissais le nom, mais presque instantanément, de la fumée venait s’infiltrer, joueuse taquine et dangereuse, entre mes lèvres, me provoquant des quintes de toux plus terribles encore que les précédentes.

Au même moment, je fus bousculé avec tant de force que je finis ma course au sol. C’était un véritable cauchemar. Les explosions me bouchaient les oreilles, les coups sur ma personne redoublaient d’intensité et j’essayais de me faire le plus petit possible dans tout ce chahut. Je fermais soudainement les yeux, songeant à un endroit qui se situait non loin de moi et aussitôt, je m’y téléportais, debout sur mes jambes, respirant à grande peine. À cette hauteur, la poussière et la fumée étaient moins dense et je pus apercevoir ce qui nous attaquait de la sorte. Évidemment, ce que je vis ne me plût absolument pas. C’est ce que je craignais…

Les statues au visage effroyable descendaient la petite colline. Mais le plus surprenant, je crois bien, était ceux qui les suivaient de près.

« Que font les Alfars ici…?

- IL FAUT LES SEMER! TOUT LE MONDE EN DIRECTION DE LA FORÊT! VITE! »

L’ordre impérial d’Icare s’éleva au-dessus de tous les cris, de toutes les explosions et sans attendre, tous se mirent à courir à toute vitesse vers les bois que l’on pouvait difficilement apercevoir dans la fumée. Dans la panique, je suivis la vague, incapable de me soustraire à cette peur primaire qui s’invitait en moi. En courant, pourtant, j’aperçus une silhouette dans la fumée que je reconnus sur-le-champ.

« Titania!! »

Je m’approchais de la guerrière et plus ses formes se précisaient dans la poussière, je remarquais qu’une autre silhouette épousait la courbe de son dos.

« Lûth!

- Fried! Qu’Antarès soit louée! Tu es vivant! »

La fumée se dissipait, les contours de l’orée du bois se rapprochaient avec beaucoup plus de netteté, de détail… Une fois arrivés sur les lieux, nous nous regroupions tous ensemble, soufflant un bon coup, observant les derniers coureurs nous rejoindre, essoufflés. Je fus soulagé de constater que Tryf, Francis et Elizabeth étaient parvenus de ce côté de la clairière, sain et sauf. Mon attention se tourna alors vers Titania et Icare, côte à côte, qui observaient les statues s’avancer.

« Ce sont les Alfars! Ce sont les Alfars les coupables! Je les ai vu derrière ces statues! »

Icare se rongeait les ongles, répétant inlassablement:

« Qu’est-ce qu’on va faire? Qu’est-ce qu’on va faire? »

Je me tournais vers Titania, la guerrière la plus calme et la moins sujette à la panique que je connaisse. Pourtant, à cet instant précis, je voyais bien que la situation semblait l’échapper.

« Nous… Nous devons partir…

- Pas si vite, je vous en prie.

- Pardon? Voyez-vous ce que je vois?

- Parfaitement. Et c’est pour cette raison que je vous demande de réfléchir posément. »

Icare et tous les autres se mirent à la regarder intensément.

« Il est clair que les Alfars sont ici pour une seule et bonne raison: la conquête de vos terres. Vous n’allez tout de même pas les laisser faire ça?! »

Icare la regarda, déglutissant avant de se tourner vers ses congénères.

« Ce sont des vermines… »

Titania se tourna d’un bloc vers le chef des Girafes, le poing serré.

« Alors il faut que vous les empêcher de vous envahir!

- Nous ne sommes pas des Ours! Encore moins des Lions! Nous ne sommes pas des combattants!

- Sauf votre respect, vous préférez rester des peureux toute votre existence? »

Elle fulminait, et tentait de rester polie à la fois. Icare, quant à lui, jeta un œil sur l’avancée des Alfars et de leurs machines de guerre. Son regard se fit soudainement incendiaire.

« Non…

- Parfait », sourit Titania en lui tendant aussitôt une main amicale.

Icare l’examina quelques secondes avant de la prendre et de la serrer bien fort, comme nous pourrions le faire pour sceller un pacte. À ce geste, mon mentor sourit.

« Parfait Icare. Nous allons les faire déguerpir. Et pour ça, j’ai un plan… »


1 521mots



Counter attack [PV Friedrick] - Event | Mission IV Signat16
Merci Léto ♪:
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Ezechyel
Ven 11 Sep 2015, 02:56

Levant lentement la tête, Lûth reprenait conscience. Le paysage se dessinait peu à peu sous sa faible énergie magique – la vision sensorielle – qui, lui apportant de rares morceaux d’image dans son crâne, étaient flous aux contours brumeux, absents de clarté. Les couleurs se superposaient, se mélangeaient dans une danse nauséeuse et des ombres, à formes plutôt humaines, se déplaçaient au sein d’un endroit mal éclairé, de ce qui lui semblait être. Une douleur aiguë fusait sur l’arrière de sa tête, propageant ses échos dans le reste de son corps qui en tremblait avec violence, pétrifié par cette souffrance insoutenable qui ne paraissait plus vouloir la quitter de sitôt. La Nelphennéen ignorait tous des événements qui avaient suivi l’explosion l’ayant envoyé valser dans les airs alors que la chute, inévitable, s’était inexorablement rapprochée. Puis, il n’y avait eu plus rien. Elle grimaça en redressant avec maladresse sa carcasse lourde, douloureuse à ce simple effort, appuyant sa paume de main contre son crâne avant d’observer l’environnement qui s’était légèrement éclairci. Lûth reconnut aussitôt la forêt, avec ses grands arbres qui pullulaient en abondance dans l’entourage, la légère humidité qui lui collait malgré tout à la peau et l’odeur des divers végétaux qui la composaient. La masquée n’avait pas retrouvé une vision bien nette : elle demeurait incapable de visualiser les détails qui se gravaient dans son esprit, mais l’habitude de l’aveuglette l’ayant soudainement reprise comme ce le fût durant son enfance faisait ressurgir ses instincts d’antan qui n’étaient rien d’autre que la confiance en ses autres sens. Ainsi, la Nelphennéen pouvait, simplement qu’en écoutant les bruits qui l’environnaient, affirmer qu’elle n’était pas seule. Ils étaient plusieurs à courir – évidemment, puisque la masquée ne courait pas elle-même, ça signifiait seulement qu’elle se faisait transporter – et pourtant, ses analyses s’arrêtèrent ici en dépit de sa grande dextérité en la matière, déconcertée par les sons étouffés qui se cognaient dans ses oreilles, insupportables. Ils bourdonnaient sur ses tympans avec une force monstrueuse, produisant de ce fait même un horrible sifflement qui renforcit son mal de crâne jusqu’aux limites de ce que Lûth pouvaient endurer, se raidissant du mieux qu’elle pouvait dans sa posture.

Elle n’en pouvait plus. La jeune masquée n’était plus capable de tout encaisser la souffrance qui l’assaillait pourtant, malgré les folies auquel ses douleurs s’abonnaient, la Nelphennéen n’arrivait plus à desserrer les lèvres pour crier. Elle hurlait seule, en silence, toisant assidûment les dos, qui s’esquissaient avec un peu plus de netteté, des fuyards devant elle, priant fervemment les Aetheri pour que l’un d’eux perçoivent ses cris muets, mais évidemment, personne ne se retournait. Désespérée, Lûth abandonna bien vite ses maigres tentatives. La jeune femme semblait prête à retomber dans les pommes tant par la pâleur anormale de son visage et ses grimaces atroces qui traduisaient ses maux comme si elle agonisait. Ou plutôt, simplement la fatigue qui pesait lourdement contre la femme, offrant l’illusion que son corps craquait, que ses traits hurlaient. Mais, miraculeusement, elle tint bon jusqu’au bout grâce à une volonté qui ne la quittait plus – du moins, assez pour que Lûth réussisse à entendre les bribes de la stratégie proposée par Titania et finalement, tenir debout sans son soutien ou celui d’un autre, entièrement consciente après que l’ampleur et la gravité des événements récents qui les eurent frappés ait fait son chemin jusqu’à elle.

« Ces statues ne peuvent pas pencher la tête. », certifia la masquée en dégageant une mèche bleue. Elle avait immédiatement ouvert la bouche après avoir noté les regards incertains qui s’échangeaient. La jeune Nelphennéen poursuivit. « Si l’un d’entre vous n’a plus les moyens de fuir, foncez vers son socle. Ça les forcera à reculer s’ils espèrent vous touchez. » Lûth s’était embarquée au travers de plusieurs explications capitales, peu après que le pan de Titania eut été dévoilé. La douleur atroce de son crâne ne s’était pas entièrement évaporé et pourtant, la jeune femme encaissait sans broncher le plus qu’elle pouvait, aidant tout au mieux ces gens qui ne connaissaient absolument rien sur ces monstres de pierre. Ils se jetaient tous des coups d’œil incertains tandis que Lûth passait le temps à pousser des soupirs nerveux, priant silencieusement pour que cette exposition – certes – rares de faiblesses, puissent leur donner le courage et l’espoir de vaincre. Elle n’ignorait pas que ce plan les effrayaient tous : elle-même y compris dans le lot. Lûth avait vu, vécu les dangers qui flottaient au-dessus des têtes lorsqu’on est confronté à ces mastodontes de pierre et avait manqué en mourir à plus d’une seule reprise. Déjà, ils tiraient tous un avantage certain quant aux nombres d’effectifs  grâce à cette alliance entre les Béluas et les villageois, mais au niveau de leur condition, la Nelphennéen en perdait complètement la tête rien qu’en y songeant sérieusement. Contrairement à l’Orisha, ils n’avaient pas d’aptitudes réelles au combat et pour contrer un assaut d’Elfes Noirs qui se talonnaient de machines de guerre capables de réduire en cendres tout ce que leurs rayons touchaient… La masquée aux cheveux bleus frissonna, levant la tête sur le groupe qu’elle gérait provisoirement, aidée par Friedrick qui n’oubliait jamais d’apporter des précisions lorsqu’elle en manquait.

« Je sais que notre tâche sera difficile. », avoua-t-elle finalement après qu’une vague de murmures inquiets eut fait son parcours parmi eux, imposant le silence. La guerrière avait choisi de scinder l’ensemble du groupe en deux équipes distinctes pour chacune puisse accomplir respectivement la tâche qui lui avait été accordé et ce fut sans une seule hésitation qu’elle s’était jetée vers celui qui, ayant comme but de distraire les statues pendant que l’autre attaquerait les Alfars, comporteraient le plus de risques pour les aider à surpasser la terreur – ou tout au plus, la réduire comme elle le pourrait. Lûth avait peur. Ses jambes flageolaient, des sueurs froides lui coulaient sur le dos et le front, mais elle refusait de lâcher prise maintenant. Pas après tous les malheurs qu’ils eurent traversé pour venir jusqu’ici. Peut-être que le continent Naturel tremblait, peut-être qu’ils n’étaient plus en sécurité où qu’ils aillent. Mais la pire erreur qu’ils pouvaient commettre, c’était de reculer après avoir durement fait tous ces pas. La masquée prit une grande inspiration avant de continuer là où elle s'était arrêtée. « Cependant, elle n’est pas impossible à accomplir. Je ne vous forcerai pas à vous mettre volontairement en danger si vous ne vous en sentez pas capable de le faire… » - « C’est complètement fou! », s’enquit un homme à sa gauche. Elle l’ignora. «… Mais je veux simplement que vous sachiez une chose : Ne perdez en aucun cas espoir et courage. » Ça deviendrait éventuellement leur véritable ennemi sur le champ de bataille. La Nelphennéen ferma doucement les yeux avant de les rouvrir, indéchiffrable. «C’est le temps de mener une contre-attaque. » Ils se battraient tous pour survivre.

1 144 mots.
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Miles Köerta
Dim 13 Sep 2015, 03:43

Counter Attack
« Nous sommes encore debout… »

La tâche ne serait pas facile, mais elle restait pour ainsi dire notre unique solution. Comme présenté par Titania, les Alfars semblaient marcher sur ces terres dans la perspective de les conquérir. Soutenus par leurs machines infernales, ils donnaient une ligne distincte à l’horizon qui séparait le ciel à la terre, mais par chance – pour nous? – on était en mesure de distinguer les limites de chaque côté de cet horizon factice. Malgré la menace que l’on sentait peser de plus en plus sur nos épaules affaissés, c’était fascinant de les voir bouger ainsi, en rang, dans un synchronisme que l’on pourrait juger de terrifiant tant la coordination était parfaite. En première ligne, on pouvait voir les statues s’avancer de leurs pas lourds et pesants, mais non le moins menaçants. De plus, connaissant les dommages, pour ne pas dire les ravages, qu’une seule machine de cette armurerie pouvait causer, je savais d’expérience qu’il ne fallait en aucun cas se fier à l’apparence balourde de ces objets animés. Aussi gros ils pouvaient être; aussi rapides ils étaient. J’espérais que pour cette information, les personnes qui devaient distraire ces mastodontes avaient bien comprises qu’ils ne vaudraient mieux ne pas les sous-estimer. Des arbres dans lesquelles les plus agiles s’étaient réfugiés – et dont je faisais partis, non pas pour mon agilité mais uniquement pour mes quelques talents en combat – on était en mesure de voir l’avancée des machines et des maîtres. Bientôt, et très rapidement, ils arrivèrent à l’orée de notre bois et aussitôt, nous nous cachions à travers le couvert que nous offrait les arbres. Lorsque les statues pénétrèrent dans le bois, j’aperçus certaines personnes joindre leurs mains pour prier les Aetheri et espérer que le moins de gens n’y laissent leur vie. Je les comprenais, partageant cette angoisse qui nous obstruait les voies respiratoires. Pour ma part, ne croyant en aucun divin pour l’heure, je pris une grande inspiration, pensant à mon rêve, à mon devoir, à Titania, à Tryf et les autres enfants que nous devions protéger et qui se cachaient, non loin, pour être sûrs qu’ils ne prendront pas part au carnage qui s’en suivra certainement. Mon poing solidement refermé sur le manche de mon katana, je fis signe à mes autres coéquipiers de patienter et eux aussi, firent le message. Les statues n’étaient plus très loin, et à proximité, ceux qui devront miser sur leur vélocité pour s’en sortir les attendaient avec agitation. Plusieurs trépignaient sur place, prêts à décamper en désordre absolu, mais tous se tinrent à carreau, pour le temps qui leur restait encore à souffler. Jusqu’à ce que, les statues voyant leurs proies, s’élancèrent sans crier gare sur leurs victimes. Aussitôt, la course fut engagée.

Les Béluas poussaient des cris sauvages, revenus à leur apparence humaine, et pourtant, on pouvait voir certains représentants de la race encore sous leur forme animale, narguant les statues amovibles de leur grandeur. La chasse démarra rapidement, les coureurs s’éparpillant à travers le bois tandis que les chasseurs se bataillaient leurs proies. Leur visage figé dans la pierre nous donnait l’impression qu’une créature affamée venait d’être relâchée dans la nature, prête à dévorer sous sa dent toute chair qui s’y frôlerait. J’espérais que tout aille pour le mieux pour eux. Mais mon attention fut rapidement détournée de cette inquiétude pour se reposer sur un problème un peu plus pointilleux: les Alfars. Ceux-ci osaient enfin pénétrer dans la forêt, marchant en ligne serrée dans le passage que leur avaient frayé les statues de pierre. À leur position, on pouvait voir à quel point ils se concentraient et que leurs sens étaient au-delà de l’alerte; un seul faux pas de notre part et c’en était fini de notre plan. Parce que les Alfars, en toute logique suite aux événements auxquels nous avions assisté, étaient les créateurs de ces monstres sans âme. Et notre but était de les éliminer.

On se regardait du coin des yeux, attendant le signal de Titania qui, par son charisme – je le crois bien – s’était fait chef de cette unité tandis qu’Icare supervisait la fuite des coureurs, dans l’espoir que dans la chasse, ils puissent également en détruire quelques-unes au passage. Nous attendions notre heure, fébriles, apeurés, mais nos armes ne tremblaient pas dans notre poing serré. Encore plus proches… Rapprochez-vous… Dans mes têtes, j’espérais que ces commandements pourraient minimalement augmenter leur vitesse, mais ils continuaient sur leur rythme, attentifs à tous les bruits qui les entouraient. C’était stressant. J’avais l’impression que cette situation ne nous permettait même pas de respirer. Impatient, mon regard se porta jusqu’au visage de Titania, qui restait de marbre, calculant la distance qui nous séparait encore de nos adversaires. Il fallait littéralement leur « tomber dessus ». Titania leva enfin son bras et tous, on dégaina nos armes, prêts au combat. Pourtant, elle n’abaissait toujours pas sa main pour donner le signal d’attaque. Comme si elle hésitait? Non, il y avait quelque chose d’autre…

Et je le compris quand une voix juste en-dessous de nous susurra délicieusement dans l’air:

« Ils sont en haut. »

Notre sang se glaça et une dizaine de paires d’yeux pointèrent vers le ciel, dévisageant la cachette que nous offraient les feuillages épais de la végétation. Le cri de Titania s’éleva avec fermeté.

« Allez-y!! »

Le sang remonta à notre cerveau et on agissait instinctivement à l’ordre de notre chef. Tous, nous sautèrent de nos branches pour atterrir sur les Alfars, mais ce derniers, prévenus par une de leur camarade, esquivèrent agilement notre offensive. L’attaque de surprise n’était pas réussie. Mais on ne pouvait pas se permettre de ne pas attaquer. Alors on fonça, les Alfars dégainant. Les choses se corsèrent à ce moment-là.

La réussite ou l’échec de notre plant se basait sur cette attaque surprise. Ne sachant aucunement par quel moyen de communication les Alfars commandaient leurs statues, Titania avait opté pour une approche discrète mais fracassante. Si nous les mettions hors d’état de nuire en peu de temps, nous aurions sûrement l’avantage sur eux en plus de sur les statues. Or, maintenant que notre effet de surprise s’était estompé, il fallait uniquement faire confiance à nos capacités. Et ça, c’était bien le problème. Nous étions tous fatigués ou pour le moins, épuisés. Nous savions que nous ne pourrions tenir très longtemps si les combats s’éternisaient, mais nous avions misé sur la surprise pour nous enlever ce poids qui pesait sur nos épaules. Maintenant, il fallait se battre férocement, rapidement, pour éviter que les Alfars n’appellent leurs monstres de pierre. Corps et âme, nous nous jetions dans la bataille, épée à la main, le cœur explosant au fond de nos poitrines en feu. Nous haletions, nous suons, nos armes s’entrechoquaient dans des sons métalliques, sifflants, tant que ça me faisait grincer les dents. Nos adversaires, agiles et sveltes, paraient avec une dextérité que je ne possédais pas, évitaient avec autant d’agilité et attaquait avec autant de grâce. Si leurs atouts n’étaient pas la force brute, que leur coups étaient un peu faibles, il n’en restait pas moins qu’ils savaient là où viser avec leurs armes et où donner de lourds dégâts sur leur adversaire. Il nous fallait constamment rester prudent, garder l’œil sur la lame et analyser chacun de leur pas dansé. Ils étaient habiles – trop – et je ne savais pas si une magie quelconque les soutenait dans ce domaine, mais ils étaient des adversaires coriaces. Mais nous ne pouvions nous permettre de perdre, comme dis précédemment. Alors nous savions tous que le premier combattant à tomber, que ce soit dans notre camp ou dans le leur, allait devenir un élément majeur pour l’issue du combat.

Seulement, le problème restait le temps. Les Alfars savaient que nous ne menions pas large dans ce combat. D’un moment à l’autre, les statues pourraient se pointer pour leur prêter main forte. Il ne fallait pas, il ne le fallait pas…

Soudainement, un cri perça l’air et tous, pour une seconde, quittèrent notre propre combat des yeux pour voir qui venait de hurler de la sorte. Tout ce que je vis, avant que la fébrilité ne s’empare de mon corps, ce fut un corps d’ébène, une chevelure blanche comme la lune, des oreilles aussi pointues que des aiguilles, tombé au sol sans aucun bruit. Aussitôt, la confiance gagna nos rangs et nous nous mîmes à combattre avec encore plus d’ardeur et de ferveur. Ça grouillait en moi comme ça pouvait bouillir dans un volcan. J’étais en feu, je ne voyais rien d’autre que mon adversaire, ma lame noire et fine et tranchante. Nous pourrions y parvenir. Nous pourrions y arriver… Un autre ennemi tomba. Puis un de notre rang succomba à un coup porté à sa nuque. Le sang éclaboussait le sol, les halètements se faisaient plus bruyants et les visages se crispaient contre l’assaut de la douleur. Moi-même portait une vilaine coupure sur mon flanc droit, que je me forçais à oublier pour me concentrer. Et puis une nouvelle salve de lames, de cris, de douleur, de morts, d’horreur. Mais par tout hasard, nous menions le combat. Nous menions la bataille. Je croyais dur comme fer à notre victoire, comme tous les hommes m’accompagnant dans cet assaut, jusqu’à ce qu’une chose surprenante se produise.

Recluse des combats, une grande femme s’avança enfin pour nous faire face. Belle comme la lune, son visage représentait une nuit noire sans étoile et pourtant, sur ce visage d’ébène aux traits fins et délicats, nous étions capables d’y apercevoir deux astres bleus azurs éclairer cette nuit obscure. Je déglutis à son apparition et lorsqu’elle éleva la voix, je reconnus celle qui nous avait repérés avant tous les autres. Était-elle leur chef? Un soldat ayant des sens surdéveloppés? Je me mis aussitôt en garde.

« Hum… Je ne pensais pas que vous vous défendriez aussi bien. Je n’ai pas été suffisamment vigilante et je crois vous avoir clairement sous-estimé. »

Un sourire narquois s’étira sur mes lèvres à ce commentaire. Elle nous prend pour des souris sans défense?

« Mais je ne peux pas vous laissez tuer ainsi tous mes soldats. »

Elle claqua des doigts et une vingtaine d’épées apparurent autour d’elle, comme un halo. Extrêmement tranchant.

« Éloignez-vous!!

- Mourrez… »

Et les larmes partirent en flèche sur nous. Je courus aussitôt, me cachant derrière un arbre au moment où je sentis une épée me frôler l’oreille. Je respirais fort, voyant tomber à côté de moi un homme qui avait eu moins de chance. Ses yeux révulsés, sa bouche crachant du sang, il tomba raide mort devant moi et je restais là, pétrifié, n’osant bouger jusqu’à ce que la salve d’épées ne cesse.

Lorsqu’il me sembla avoir une pause, je me permis de jeter un regard en direction de cette grande Alfar. D’autres épées étaient apparues au-dessus de sa tête et elle attendait, un sourire aux lèvres, qu’un petit lapin ne se décide à quitter son terrier.

« Que vous arrive-t-il? Où est donc votre courage, brave guerrier? »

Je détestais cet air condescendant qu’elle affichait en balayant ses beaux yeux lapis sur le tableau de feuilles et de troncs.

« Je ne vais pas vous manger, vous savez… »

Personne, encore là, ne bougeait.

« Je vais seulement vous griller… »

Quoi?

Nous entendions une incantation. Des voix entre elles psalmodiaient un air que je ne connaissais guère. Et puis il eut des flammes, des cris. Un énorme incendie.


1 897mots



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