La curiosité est-elle si mauvaise que ça ? C'est ce que tu te demandes quand tu prends le chemin des coquelicots. Tu t'es réveillée dans ce champ, comme ça, et tu es tombée sur ce chemin. Tu aurais pu prendre le chemin de ton chez-toi, partir d'ici, ne pas aller vers l'inconnu. Mais c'est plus fort que toi, alors fini d'hésiter...

Très tôt, tu t'aperçois que tu as entrepris un chemin drôlement long. Mais chaque mètre que tu picore te donne envie d'en savoir plus. D'abord, il y a ces fleurs drôlement rouges : de tous les jardins que tu as pu voir, tu n'as jamais vu des fleurs plus saines que celles-là. C'est comme si elles étaient faites entièrement de la magie la plus pure qu'il soit. Puis quand tu arrives au bout, c'est une caverne que tu traverses, mais là encore, elle n'est pas comme les autres : quelque chose de surnaturel s'en dégage. C'est certainement à cause des mille et une étoiles qui parsèment les murs.

Et enfin, quand tu en sors, le voyage aura été si long que tu as complètement perdu la notion du temps. Tout ce que tu sais, c'est que tu as grignoté deux ou trois fois et que la fatigue commence à ronger ton appétit de connaissance. Quoiqu'il en soit, ce ne sont pas ces multiples soleils dans le ciel qui vont t'aider à y voir plus clair. Après avoir marqué un temps pour contempler l'environnement qui t'entoures, tu te fascines par les fleurs qui prospèrent ici. Elles ne ressemblent à rien de ce que tu as vu auparavant.

Et là, plus rien d'autre n'existe pour toi.

Tu cours vers les fleurs et tu utilises ton contrôle du pollen pour le faire venir à toi. Tu l'étudies un moment et tu décides d'en garder un échantillon. Mais dès que tu portes ta main à ton sac pour prendre un bocal, ces fleurs si belles montrent un autre visage : des épines poussent sur leur tige, et elles s'enroulent autour de ton bras pour t'écorcher la peau.

ETINCELLE : Eh !

Tu tentes de retirer ton bras, mais elles tiennent bon. Alors, tu décides non pas de la couper, mais juste d'enlever les épines une par une de ta peau. Elles finissent par lâcher prise, comme pour dire "tu as retenu la leçon ?".  Amadouée par ces plantes si complexes, tu décides de te réduire en taille de fae. Dès que c'est fait, tout prend une grandeur magnifique. Les fleurs sont trois fois plus grandes que toi et tu t'amuses à sauter de tige en tige en voletant. Mais elles semblent ne pas apprécier, puisqu'elles recommencent à vouloir t'enlacer d'une étreinte mortelle. Au début amusée, tu penses que c'est un jeu et tu continues à danser tout en esquivant leurs attaques. Mais quand l'une te fend presque l'aile en deux, tu rigoles soudain un peu moins et tu commences à avoir peur. C'est complètement la panique quand tu te rends compte que tu ne sais plus par où se trouve le chemin, pour être hors de portée de ces plantes capricieuses.

Alors s'entame une course poursuite trop risquée à ton goût. Dans ce monde épineux, n'importe quel assaut pourrait t'être fatal. Tu zigzagues entre les plantes, ta vision rendue floue par la vitesse. Dès que quelque chose bouge et t'obstrue le passage, tu l'évites aussi rapidement que tu peux et tu continues à avancer dans la même direction, espérant qu'elle te mènera en-dehors de ce piège. Enfin, tu vois quelque chose qui détonne avec le paysage vert. Contente de t'en être sortie, tu piques un dernier sprint volant vers la chose bleue qui s'avère être de l'eau, et avant même de pouvoir t'en rendre compte, tu tombes dans un nouvel endroit.

Quand tu te relèves, tu découvres une pièce encerclée par une multitude de portes.  Ta curiosité attisée, tu te diriges vers l'une des portes et tu te glisses sous l'une d'elle. C'est là que tu te retrouves dans une pièce qui est à ta taille malgré ta petitesse, comme si elle s'était adaptée à toi. Elle est vide, appart un animal qui trône au centre. C'est un serpent. On peut dire qu'il ne t'attire aucunement ; tu penses même à sortir d'ici. Mais quand tu vois qu'il ne bouge pas, ta curiosité prend le dessus. Tu t'approches doucement de lui et tu essayes de lui toucher la tête. Tu sais que c'est risqué, mais la tentation est trop forte... c'est alors que le serpent se met à bouger : il évite ta main et rampe jusqu'à l'autre bout de la pièce. Ensuite, il se remet dans la même position qu'au début.

ETINCELLE :  Voudrais-tu jouer avec moi ?

Tu le poursuis encore et encore, mais jamais tu n'arrives à l'attraper. Vous faites des tours de la pièce comme des enfants joyeux. Au bout d'un moment, l'amusement cède face à la frustration pour toi, et tu t'énerves en continuant d'essayer de l'attraper. C'est alors que te vient une idée : alors qu'il rampe en effectuant toujours le même circuit, tu t'envoles et piques en plein sur lui. Cette fois, tu as gagné le jeu : tu l'attrapes et, soudain, il disparaît au contact de ta peau. Mais à la place, tu tiens une dague magnifique. Elle semble finement forgée et parfaitement adaptée pour toi. Fascinée, tu joues un peu avec ta nouvelle arme, te demandant ce qui a bien pu t'arriver dans cet endroit très curieux. Mais avant que tu puisses chercher la réponse, tu étais de retour dans les champs de coquelicots, et tu as cette phrase en mémoire, bien que tu ne te souvienne pas réellement de l'avoir entendue : « Moi, Haroûn, t'a jugé digne de la voie du Serpent. »

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