La voie du Serpent I [Kitsune - Pv]

Ven 03 Aoû 2012, 18:11

¤ Niveau I ¤

La plus grande erreur qu’aurait pu faire Kitsune dans sa vie aurait été de ne plus croire en personne. Quand elle fut rejetée par son clan à la mort de ses parents, elle s’était retrouvée complètement seule, à la rue, sans aucun repère ni moyen de défense, ni compagnon. A douze ans elle était déjà seule comme une veuve très âgée, qui n’avait plus rien à espérer de la vie. Pourtant la petite fille avait résisté, et travaillé dur pour rester en vie. Elle apprit le métier de voleuse en observant les professionnels de cet art, et en devint une fort redoutable, d’une agilité et d’une ruse exceptionnelles.

Kitsune grandit dans le crime, améliorant ses techniques de jour en jour. Jamais elle ne s’était sentie coupable par rapport à autrui qu’elle pillait, mais la clandestinité lui pesait lourd sur le cœur. Elle aurait aimé vivre au grand jour, insouciante et sereine. A défaut de cela, elle avait nourri une joie de vivre à faire frémir les moins couards. Elle avait toujours réfléchis avec optimisme, et jamais elle ne s’était laissé abattre, jamais. Encore aujourd’hui, la jeune femme restait quelqu’un de courageux, qui marchait la tête haute en souriant.

Kitsune tentait toujours de garder le sourire. Même en temps de fléau, et de chaos infernal. Peu de temps après son entrée parmi les professeurs du Sanctuaire, lieu où l’on protégeait son prochain plus que nulle part ailleurs, une malédiction dévastatrice s’abattit sur le monde. Des zombies, sortis d’on ne savait où et dirigés par on ne savait qui, semait la terreur et le désespoir partout sur la terre. Leur sombre voyage était accompagné d’odeurs de mort, et de sang. Tout était bafoué, et détruit. Les naissances n’avaient plus lieu, car les bébés se changeaient en monstre dans leur mère avant de la dévorer de l’intérieur, les âmes n’étaient plus récoltées par les Ombres, ces dernières n’étaient plus crées suite aux suicide – était-ce un mal après tout ? Les Anges et les Démons se faisaient de moins en moins nombreux, et c’était la panique partout dans les villes, les forêts, les océans… Les monstres étaient présents partout. Leur force principale était leur nombre, si bien qu’on avait l’impression, malgré la multiplication des combats acharnés, que rien ne permettait de venir à bout de cette armée funèbre.

Depuis qu’elle était montée sur le trône Bélua, Kitsune avait eu l’occasion de se frotter à ces zombies. Bêtes comme leurs pieds décharnés, ils devenaient redoutablement forts lorsqu’ils sentaient de la chair fraîche à dévorer. Certains étaient désespérés de n’avoir rien pu faire pour empêcher ce malheur, d’être si incapable et impuissant face à l’ennemi. Kitsune ne prenait pas le problème à la légère loin de là, mais elle était convaincue et intimement persuadée que ce n’était pas en pleurnichant de la sorte que les choses se règleraient. Tout le monde devait se battre, rester stoïque face au fléau, et l’anéantir par la force collective. L’échec n’était ni une option, ni quelque chose que l’on pouvait se permettre. Pour arrêter toutes ces morts, et pour empêcher les Ténèbres de régner sur le monde, il fallait garder espoir, et lutter sans aucune relâche. Kitsune passait pour une naïve à penser de la sorte. Pourtant, elle y croyait tellement fort, au fond d’elle-même qu’elle sentait ses forces se décupler quand elle se trouvait sur un champ de bataille. Pour les grandes décisions royales, elle arrivait à faire preuve de sagesse et d’intelligence, tout en gardant son sang-froid, ne cédant jamais à la panique ni à ses émotions. Elle avait foi en ce que la bonté pouvait pousser les gens à vaincre toute chose. Cet idéal, elle était prête à tout pour l’atteindre. Cependant, il ne fallait pas croire qu’elle avait peur de blesser, ou bien de faire preuve de dureté. Kitsune savait ce qu’elle voulait : mettre fin à tout cela, par tous les moyens possibles. Pour cela, il était impératif qu’elle prenne en compte avec la plus grande des considérations la souffrance d’autrui. Sinon, elle ne serait jamais suffisamment forte pour protéger son prochain. C’est pourquoi Kitsune savait qu’il ne fallait jamais sombrer dans le désespoir, jamais. C’était là sa plus grande force.

Les seuls qui pouvaient lui permettre d’acquérir davantage de puissance étaient les Esprits. Ces êtres plus âgés que le monde lui-même étaient dotés d’une force et d’un pouvoir absolument vertigineux, qu’il était possible de leur emprunter en partie, à condition d’être suffisamment haut dans leur estime. Pour cela, il n’y avait qu’une seule solution : aller à leur rencontre, et réussir à les convaincre de sa bonne foi, ainsi que de son éternelle fidélité envers le Temple, duquel on deviendrait un des disciples.

Le rituel d’entrée pouvait à présent commencer. Kitsune avait franchi les portails de l’antre spirituel, puis traversa l’eau claire de la fontaine qui se trouvait au milieu de ce cercle de portes. Aussitôt, elle arriva dans un grand hall circulaire très lumineux, et d’un silence à couper le souffle. Son cœur battait très vite, elle écarquilla ses grands yeux rouges. Elle avait réussi à pénétrer l’enceinte des Esprits ! C’était un pas de plus vers la victoire. Kitsune savait au fond d’elle-même, que le bien finissait toujours par l’emporter sur le mal. C’était une vérité absolue, et irréversible. Quels que soient les malheurs qui touchaient le monde, quelle qu’en soit leur durée, la situation finissait toujours par s’inverser, et l’on voyait poindre des jours meilleurs.

Sept portes closes s’étendaient fièrement devant elle. Derrière chacune de ces ouvertures se trouvait un Esprit du Temple. On ne pouvait savoir quel esprit se trouvait derrière quelle porte, mais peu importait à la Reine Bélua. Elle devait à tout prix convaincre un Esprit de faire d’elle une de ses disciples, pour qu’elle soit en mesure d’aider et de protéger le monde. Son peuple, les familles, les enfants, les gens seuls, les animaux, la forêt… aucun d’entre eux ne méritait de mourir de manière aussi atroce. Cette malédiction rendait Kitsune triste au plus haut point, mais elle se sentait capable d’y faire face. Pour en être réellement sûre, elle devrait s’orienter dans l’une des Voies du Temple, qui lui permettrait réellement de devenir plus forte.

Kitsune observa alternativement toutes les portes, et après réflexion, elle se dirigea vers celle qui se trouvait droit devant elle. D’une démarche assurée comme un condamné à mort qui n’avait pas peur d’affronter son destin, la jeune femme poussa l’ouverture de bois, et pénétra dans une pièce d’une clarté exquise.

Ven 03 Aoû 2012, 18:16

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Quel désastre monstrueux, songea Méli, en regardant une fois de plus le paysage de mort qui se dessinait juste à l’extérieur du Temple, par une grande fenêtre qui semblait jouxter le ciel. Tout avait pris une couleur de suie noire et sale, collante comme un parasite dévoreur. Les villages n’étaient plus que de vastes cimetières de maisons, dans lesquelles aucun corps ne restait. A croire que les monstres aspiraient la vie sous toutes ses formes, sans laisser aucune trace d’elle derrière eux. Pour soulager la mort des peuples, la forêt n’était même plus présente. Au loin, elle semblait vidée de toute source magique, chacun de ses habitants insecte, animal ou végétal l’ayant laissée assoupie, comme engourdie par le fléau elle aussi. Pour l’Esprit Naturaliste, rien de pouvait être pire que tout cela. La tête haute, dans ce Temple, elle ne pouvait qu’être le témoin de tout ce carnage avec ses compagnons.

Si tous les êtres mouraient, les Esprits n’auraient plus personne à protéger, et ils s’éteindraient à leur tour, silencieusement, comme de grands artistes tirent leur révérence finale sur une grande scène. Que deviendraient à leur tour les Aetheris ? Et quel genre de malotru prendrait la tête du monde, pour en faire son jouet ? Tout ceci était tellement répugnant que cela réveillait en elle une haine profonde et dévastatrice. Mais la sage entité spirituelle savait qu’elle ne devait se laisser aller à de mauvais sentiments, sans quoi les choses ne s’arrangeraient jamais.
Son cœur se serrait fort dans sa poitrine lorsqu’elle pensait à tous les combattants qui bravement faisaient face au danger au risque d’y perdre vie. L’existence n’était pas chose absurde, et c’était en toute conscience de cette réalité qu’ils allaient riposter aux attaques du monstrueux adversaire. On ne pouvait que s’incliner face à tant de courage. De toute son âme, Méli souhaitait que ces vaillantes personnes réussissent à battre l’ennemi. Elle leur prodiguait toute sa protection, ne cessant de penser à eux, et de prier pour eux. Mais le mal la touchait elle aussi indirectement, et puisque le nombre de fidèles du temple ne cessaient de diminuer, son pouvoir déclinait petit à petit. Méli gardait la tête froide, et avait d’ores et déjà compris que lorsqu’elle se sentirait vraiment malade, elle pourrait craindre pour la vie de ce monde.

Le temps passait inexorablement… et à cette seconde précise, quelqu’un avait pénétré l’enceinte du Temple. En ces temps si dangereux il restait des gens qui bravaient les dangers pour se rendre jusqu’ici ? Méli sursauta, et respira profondément. Ce n’était pas une personne hostile… mais elle sentait une détermination immense, ainsi qu’un très grand pouvoir. Seuls les monarques de ces terres dégageaient une telle aura de puissance. Bien qu’elle soit très inférieure à celle des Esprits, cette force n’en demeurait pas moins impressionnante, et estimable.
La Naturaliste se tourna dos à la fenêtre, pour faire face à sa porte, qui derrière elle s’était ouverte doucement. Une jeune femme rousse dont elle avait été témoin du couronnement il y avait très peu de temps venait de faire son entrée. Il s’agissait du Dieu Totem actuel. Méli ne bougea pas, et observa la nouvelle arrivante. Elle semblait fermement décidée à atteindre un objectif précis. L’Esprit croisa ses doigts sur son ventre, et s’approcha d’une démarche gracieuse vers la candidate :

« Je suis très surprise de recevoir quelqu’un ici en cette période si sombre… Je me nomme Méli, l'Esprit Naturaliste. Que venez-vous chercher au Temple, jeune femme ? »

Sa voix douce et joliment grave résonnait un peu dans cette grande pièce si vide. Elle posa un regard vide de tout sentiment sur la jeune Reine, et attendit sa réponse sans l’ignorer cependant. Le Dieu Totem venait forcément prétendre à l’une des voies du temple, c’était plus qu’évident. Mais quelle que soit la situation, Méli se devait de respecter l’éthique des Esprits.

Ven 03 Aoû 2012, 18:25

La chambre que Kitsune avait pénétrée était celle d'un Esprit ayant une apparence féminine. Elle était très grande, et d'une beauté envoûtante. De cette entité millénaire se dégageaient une grâce et une prestance remarquables, si bien que n'importe qui se sentait tout petit à ses côtés. La pièce dans laquelle l'Esprit vivait était vide, mais rien que par sa présence, on oubliait le néant alentour. Elle avait posé un regard intrigué sur la visiteuse, qui aspirait à une profonde admiration pour Méli, la Naturaliste. Elle s'était présentée d'une voix grave et feutrée, qui suggérait doucement la sagesse de l'Esprit.

Kitsune fut très soulagée d'être tombée sur Méli... Elle en avait souvent entendu parler dans la forêt. Cette femme était réputée pour son immense amour envers la nature et ses habitants non humains. La jeune femme trouverait sans doute en elle une alliée précieuse, et les motivations de Kitsune la pousserait peut-être plus facilement à faire d'elle une de ses disciples. Cependant la Bélua ne se faisait pas d'illusions : elle devrait convaincre l'Esprit intimement, quelle que fussent son honnêteté et sa bonne foi. Mais Méli ne chercherait pas à la tourmenter, ni à lui faire perdre pieds. Elle serait à l'écoute, et se montrerait sans doute de très bon conseil. La jeune Reine avait hâte de converser avec elle.

Méli lui demanda ce qu'elle venait chercher en ces lieux, après s'être étonnée d'avoir de la visite. Kitsune s'approcha davantage, et s'inclina très respectueusement -elle connaissait les égards dû aux esprits. Puis elle dressa un regard déterminé et sérieux vers le visage de son interlocutrice avant de prendre la parole :

« Je me nomme Kitsune Kiyushu. Avant tout, je vous remercie d'avoir accepté mon entrée chez vous... Je me suis permise de me rendre en ces lieux pour demander votre aide. »

La jeune femme fit une courte pause, avant de reprendre, les traits du visage tendus en une expression plus angoissée :

« Comme vous le voyez depuis le Temple, un mal infernal se répand comme une trainée de poudre sur le monde. J'aimerais être en mesure de pouvoir la combattre. Mais mes pouvoirs sont bien trop insuffisants... »

Kitsune fronça un peu les sourcils, et serra les dents. Elle devait plus que jamais être en mesure de protéger les siens, sans quoi, le fait qu'elle soit Reine serait totalement vain. C'était son rôle. Son seul protecteur à elle était son loup ailé, Kota, à qui elle avait ordonné de rester au Sanctuaire pour aider à ramener des blessés ou des innocentes victimes. Bien qu'elle s'inquiétât pour lui, elle avait foi en sa force, et savait qu'il s'en sortirait très bien.

Elle reporta de nouveau son attention sur Méli. Elle n'arrivait pas à adopter une attitude complètement sereine. Kitsune poursuivit d'une voix émue, mais ô combien décidée :

« Mon vœux le plus cher est de pouvoir protéger mon prochain, qu'il soit Bélua ou non. Je ne pourrais pas non plus supporter de voir souffrir la forêt, ni les animaux. Ce serait tellement horrible... C'est pourquoi je viens demander à devenir une disciple du Temple ! Toutes ces tueries doivent cesser, et le seul moyen pour moi d'apporter une contribution efficace aux combats est d'être plus forte que je ne le suis. »

La rouquine soupira, et reprit plus doucement, comme si elle était soulagée d'avoir fait cet aveux :

« J'assumerais l'entière responsabilité de mon statut de Disciple si je parviens à ce rang, je vous le promets. Je saurais me montrer digne de ce titre, et de la confiance que vous, Esprits, me conférerez. Je le jure sur Phoebe elle-même. »

Sa détermination était presque palpable. Kitsune ferma les yeux un instant, et attendit que ses mots soient bien assimilés par la sage Méli. Elle comprendrait Kitsune, de part leurs aspirations communes au bien être de la nature avant tout. Jamais la jeune Bélua ne pourrait accepter de voir mourir celle qui l'avait fait naître, qui lui avait offert ses pouvoirs, et sa confiance.

Ven 03 Aoû 2012, 19:39

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La jeune femme qui était entrée s'approcha de Méli avec détermination. Elle ne semblait pas déstabilisée à sa vue, ce qui était un premier bon point. Elle en avait plus qu'assez de tous ces gens qui faisaient des courbettes devant elle, par hypocrisie, pour être bien vus... De surcroît, ils passaient par ce fait bien mieux pour les fieffés imbéciles qu'ils étaient. Pas seulement devant elle, devant tous les Esprits. Particulièrement devant ceux qui avaient mauvaise réputation, tels que William, ou Asilâh.

La jeune femme s'inclina respectueusement, se présenta. Elle s'appelait Kitsune Kiyushu. Méli avait vu juste, mais aucune expression ne vint tarir l'expression de neutralité totale sur son visage pâle allongé. C'était bien la jeune reine Bélua qui se trouvait là. Mais elle n'avait absolument pas mentionné son titre. Curieux... D'ordinaire, les monarques n'oubliaient jamais ce « détail », dont ils étaient très fiers. Cette omission ne satisfit pas complètement l'Esprit. Considérait-elle cela comme sans importance ? L'attente et l'écoute lui en dirait plus sur cette demoiselle. Sans plus de cérémonies, Kitsune lui confia qu'elle venait demander de l'aide.

Méli haussa un sourcil, et ajusta ses doigts croisés sur son ventre, pour assurer son confort favorable à une écoute approfondie de sa visiteuse. La jeune reine lui raconta ce qu'il se passait dehors... Le chaos, le grand malheur qui respirait la mort et la chair en putréfaction. Méli pencha un peu la tête en avant, sans quitter des yeux son interlocutrice. Elle poursuivit, d'une voix plus douce mais non moins angoissée, qu'elle voulait être en mesure de combattre la horde mortuaire de l'ennemi. Mais elle constatait que ses pouvoirs étaient insuffisants pour lui permettre d'atteindre son objectif. La Naturaliste comprit bien vite où elle voulait en venir. Mais attentive, elle n'interrompit pas la jeune femme, et attendit qu'elle poursuive.

Kitsune déclara après une courte pause, comme pour évacuer son trop plein d'émotions qu'elle contenait déjà avec peine, que son vœux le plus cher était de protéger son prochain et la nature. Pour cela, elle était prête à prendre toutes les mesures possibles, pour ne pas être témoins plus longtemps de ces massacres, pour sauver la forêt, les animaux qui étaient ses frères... Tout ceci l'avait donc poussée à venir au Temple, pour en devenir une disciple. La jeune femme ajouta qu'elle assumerait ce futur statut avec grande fidélité, ainsi que toutes les responsabilités qui lui incomberaient sans exception. Elle saurait se montrer digne de son titre...

Méli eut un petit soupir, aussi discret qu'un papillon de printemps, et alla s'asseoir dans un fauteuil qui trônait plus loin dans la pièce. Que de promesses. Mais quelle détermination. Elle avait rarement vu cela. Une jeune reine qui implorait sans pleurnicher un Esprit pour venir en aide à son prochain. Pur altruisme ou bien...

« N'êtes vous pas une belle orgueilleuse ? » dit Méli, d'une voix froide.

C'était bien mignon tout cela, mais certains points méritaient d'être éclairés. Elle s'accouda sur son fauteuil, et appuya doucement sa joue sur son poignet plié en deux. Ses doigts fins pendaient doucement, dans ses cheveux châtains lisses. Son regard profond fixait intensément la jeune reine à quelques pas d'elle. Qu'allait-elle bien pouvoir répondre à cela ? Méli ne lui en laissa à vrai dire pas le temps :

« Pour vouloir protéger quelqu'un, il faut certes de la force. Mais vous semblez vouloir apporter votre aide à tout un peuple, et à la nature entière. N'avez vous pas les yeux plus gros que le ventre ? Sur-estimer ses propres capacités de la sorte semble fort impertinent. »

Méli voulait bien faire comprendre à Kitsune que jamais elle ne parviendrait à son objectif si elle pensait pouvoir s'en tirer seule. Qu'imaginait-elle ? Même une voie du temple ne saurait apporter suffisamment de puissance à une seule et même personne. Croire en cette ineptie était totalement absurde, et si la Naturaliste ne l'avait pas dit très gentiment, c'était pour s'assurer de ce que la jeune Bélua ait bien compris ceci.

Ven 03 Aoû 2012, 21:20

Quelle serait la réponse de Méli ? Est-ce qu'elle allait consentir à hisser Kitsune au rang de disciple ? La jeune Bélua n'avait pas peur. Elle se sentait prête à affronter toutes les épreuves possibles. Cela ne pourrait de toute manière pas être pire que les horreurs qui continuaient inlassablement dehors. Elle se plierait à tout ce que la Naturaliste lui demanderait si cela pouvait lui permettre d'être plus à même d'en répondre, elle s'en fit la promesse, la conviction la plus inébranlable.

« N'êtes-vous pas une belle orgueilleuse ? »

Cette voix si froide fit l'effet d'une insulte à Kitsune. Lentement, elle écarquilla un regard surpris vers Méli, et resta coite. Orgueilleuse, elle ?

L'Esprit n'en resta pas là, et expliqua le pourquoi de sa remarque. Elle se demandait simplement si Kitsune vivait dans l'utopie de ce qu'elle serait capable seule de venir à bout de son ennemi, et d'atteindre son objectif. Soit de protéger son peuple et la nature. en héroïne épique, attendrissante et redoutable. Si tel était le cas, elle était bel et bien prétentieuse, et ne devait pas avoir bien réfléchis à la situation.

C'était faux. La jeune Reine ne se sur-estimait pas du tout. Elle n'avait pas non plus la prétention de croire en ce que sa seule force permettrait d'anéantir le fléau, qu'elle seule pourrait faire disparaître son parfum de malheur. Bien entendu, elle savait que même une voie du Temple ne pourrait la mener aussi loin. Il eut fallu qu'elle soit une déesse pour réussir un tel exploit.

Méli était allée s'asseoir dans un fauteuil plus loin, laissant Kitsune seule, qui fixait le sol terne de la pièce claire. Les secondes s'écoulèrent, le silence imprégnant les oreilles des deux femmes d'un calme duveteux.

« Non. »

Kitsune brisa le silence d'une voix ferme, mais terriblement sereine. Elle leva un regard froncé vers Méli. Elle n'allait pas laissé à l'Esprit l'occasion de la déstabilisée. Quelques pas lents au bruit mordant la rapprochèrent de la Naturaliste. Tout en marchant, Kitsune déclara :

« Je sais fort bien que seule, je n'arriverais à rien. Ni à protéger les autres, ni à venir en aide à la forêt, qui subit directement les méfaits des hommes inconscients. »

Lorsqu'elle fut face au siège de Méli, la Renarde se redressa, et posa sa main sur la garde de son katana, comme si elle paraît en guerre. D'une voix plus claire, elle poursuivit avec bien davantage de conviction :

« Mais c'est justement parce que j'ai conscience de mes faiblesses que je veux apprendre à devenir plus forte. C'est uniquement après en avoir prit connaissance que l'on peut progresser ! Ce qui m'a poussée à venir ici, c'est aussi toutes ces petites armées de combattants, en très faible nombres, qui à la force de leur sueur de leur sang parviennent encore à sauver des vies ! C'est aussi pour toutes les personnes en danger qui comptent sur nous, les mercenaires et les défenseurs amateurs, pour venir à leur secours ! Je vois combien de personnes sont en vie, et combien prennent des risques pour les sauver. »

La tête haute, et le regard s'embrasant, Kitsune sentait monter en elle une volonté exponentielle de venir à bout de la remarque de Méli.

« Ces combattants redonnent espoir, car il me font dire que tout n'est pas perdu. Et je veux me battre à leurs côtés, de manière aussi efficace que possible. De plus, si je n'étais pas capable de protéger mon peuple comme il se doit en tant que Dieu Totem, mon pouvoir n'aurait aucun sens... Je dirais enfin que ma volonté de protéger la nature vient de ma condition de Bélua. »

L'atmosphère prenait une allure bien plus solennelle. Kitsune ne lâchait pas du regard la fière Naturaliste, et comptait bien lui montrer de quoi elle était capable. Le ciel s'assombrissait au dehors, le soir tombant chassait le jour à grande vitesse.

« Rien ne me fera changer d'avis. Je suis une candidate décidée au poste de disciple des Esprits. Je le répète : j'assumerais ce rôle pleinement, quoiqu'il m'en coûte. »

Dim 05 Aoû 2012, 22:14

Il était parfois difficile de comprendre les pulsions ardentes qui poussent les gens aux pires folies. Méli en avait rencontré beaucoup, des personnes désespérées qui fondaient tous leurs espoirs en elle, comme si elle était une déesse absolue. Peu d'entre eux cependant étaient réellement dignes d'être un Fidèle du temple... Ils se perdaient en jérémiades mielleuses qui ne connaissaient aucun aboutissement substantiel. Leurs simagrées étaient lassantes. En définitive, leurs malheurs n'étaient pas si terribles qu'ils le croyaient. Il leur auraient simplement suffit de faire appel à un ami, ou un proche. Mais pour ces pleurnichards, personne ne les aime et rien n'est beau.

La jeune femme qui se trouvait devant Méli n'était absolument pas de cette trempe. Elle s'approcha de la Naturaliste d'un air plus que déterminé, en affirmant avec certitude qu'elle n'était pas orgueilleuse. Cependant ce n'était pas une protestation puérile : elle fut argumentée de manière pertinente et précise, qui éclairait l'Esprit sur le caractère de son interlocutrice. Cette Kitsune n'était pas quelqu'un qui abandonnait facilement. Elle semblait vaillante, et sûre de ses convictions. D'ailleurs, à l'écouter, personne n'aurait pu aller à son encontre, hormis les lâches, ou les passifs. Ou les égoïstes.

Méli esquissa un petit sourire satisfait quand la jeune reine eut terminé de se défendre. Elle était prête à assumer son rôle de disciple, et semblait réellement tenir à cesser cette guerre... Car ces événements étaient en tout point semblables à cela. Le cœur de Méli se serrait dans sa poitrine, à l'idée que peut-être tout disparaîtrait un jour, à cause de ces monstres d'outre tombe. La Naturaliste se leva doucement, et déclara d'une voix douce mais non moins solennelle :

« Vous semblez avoir bien réfléchis à votre choix. J'ajouterais que votre détermination me pousse à accepter votre candidature. »

Ce disant, Méli se retourna vers Kitsune, et d'une geste aérien, elle fit apparaître un petit nuage volubile grisâtre devant elle. Il se divisa en quatre formes distinctes. L'Esprit positionna ses mains de part et d'autre de ces apparitions, comme si elle les présentait à Kitsune sur un plateau.

« Voici les Quatre Voies du Temple. Chacune vous mènera à la puissance, et à une spécialité qui lui est propre, commença Méli d'une voix très sérieuse. Voyez séant le Dragon, qui vous mènera à la voie du Charisme, le Phoenix, la voie de la Magie, le Serpent, la voie de l'Agilité, et la Tortue, la vois de l'Intelligence. »

Les petits nuages avaient prit l’effigie de ces voies. Lorsqu'elle s'assura de ce que la Bélua était bien attentive, la Naturaliste poursuivit sur un ton qui se voulait cette fois ci plus dur.

« Choisissez l'une de ces voies. Quelle qu'elle soit, je vous ferait passer diverses épreuves en rapport avec elle qui détermineront votre aptitude à lui prétendre. »

Méli recula ses mains, et croisa les bras après avoir rajuster doucement une grande mèche de cheveux derrière son oreille. Son regard profond fixait Kitsune avec un intérêt croissant, et parallèlement une indifférence féroce. Que choisirait le jeune Dieu Totem ? Elle doutait de ce que le Dragon soit recherché. Ne restait vraisemblablement que le Phoenix ou bien le Serpent. Elle redressa la tête, juchée sur son cou qui faisait penser à un jeune végétal ferme et tendre. Doucement, Méli souffla entre ses lèvres rosées :

« Réfléchissez-bien. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère... »

Puis elle attendit. Bien entendu, il était encore temps pour Kitsune de s'en aller. Mais de ce qu'elle avait pu constater, Méli doutait fortement de ce que la jeune Bélua s'en aille sans demander son reste, comme une voleuse.

Dim 23 Déc 2012, 16:50

Face à l'esprit, Kitsune sentait que sa requête prenait une allure de caprice. Pour autant, Méli accepta de lui présenter ce qui était appelé les Cinq Voies du Temple, qui selon leur spécificité la mènerait à l'objectif recherché. La jeune Déesse Totem voyait flotter dans les airs quatre petites figurs de fumée blanche. Dans l'ordre, elles représentaient un Dragon, un Serpent, un Phoenix, un Tigre, et une Tortue. S'ouvraient à Kitsune les chemins du Charisme, de l'Agilité, de la Magie, de la Force et enfin de l'Intelligence. Ne restait à présent plus qu'à choisir.

La jeune Bélua inspira profondément, et se mit à réfléchir. Laquelle de ces cinq voie répondrait le plus à ses capacités déjà acquises ? Il lui fallait acquérir de la puissance, mais la force n'était pas là une chose qu'elle recherchait. C'était davantage le dessein d'un mercenaire, mais pas le sien. Elle voulait protéger son peuple, et user d'autre chose que de la force pour cela. Celle-ci, elle saurait la puiser en elle, sans l'aide des Esprits.
La Tortue se mouvait tranquillement dans l'air, sous les yeux hésitants de la Renarde. Est-ce que la voie de l'Intelligence lui irait ? Kitsune n'était pas quelqu'un de très réfléchis, mais elle savait quand il le fallait prendre les bonnes décisions. Elle laissa alors de côté cette voie, pour les mêmes raisons que celle de la Force. C'était en elle et elle seule qu'elle devait puiser sa science, et sa sagesse. Quant au charisme, elle s'en contrefichait, car son but n'était ni de plaire, ni de manipuler les personnes qu'elles rencontrerait.

Elle hésita longuement entre les voies de la Magie et de l'Agilité. Cette première lui garantirait d'avoir suffisamment de puissance pour épauler et guider son peuple comme une véritable souveraine. Le Phoenix qui renaissait de ses cendres encore et toujours après la mort, c'était bien là son idéal. Cependant, elle savait qu'elle ne pourrait suivre la distance avec cette voie. La magie était une chose inhérente aux êtres des Terres du Yin et du Yang. Si la Déesse Totem voulait que la sienne se renforce, elle devrait mûrir seule, et s'entraîner sans que les Esprits ne viennent y fourrer leur nez.
Son choix s'orienta donc vers le Serpent. Oui, la voie de l'Agilité était celle qui permettrait à Kitsune d'éveiller davantage son corps à l'art du combat, elle assouplirait son esprit, et lui permettrait aussi de développer toutes ses autres capacités. Depuis qu'elle était toute petite, elle ne comptait que sur ses capacités de voltigeuse, de voleuse, de vagabonde et d'acrobate pour se srotir de situations difficiles ou pour mener à bien des quêtes dîtes impossibles. C'était cette capacité qui faisait de Kitsune ce qu'elle était aujourd'hui.

La jeune femme dressa son regard vers celui de Méli, qui patiemment attendait la réponse de la Déesse Totem. Elle ignorait quelles épreuves elle allait devoir réussir, mais elle se sentait prête à en découdre, et ce avec n'importe qui, et quoiqu'il puisse lui en côuter. Sa plus grande force était de ne jamais abandonner, en n'importe quelle circonstance, et de toujours croire en elle comme les Béluas avaient foi en leur Déesse Phoebe. Méli était aujourd'hui l'ambassadrice de l'échec ou de la réussite de Kitsune. Si cette dernière échouait, elle rendrait le trône Bélua. Et cela, elle n'en avait aucune envie, car elle nourrissait des ambitions folles pour son peuple, qu'elle voulait mener à la prospérité et au bonheur. Elle savait qu'elle pourrait y arriver, avec leur aide, avec sa force, avec leur foi. Il suffisait d'y croire, et d'y mettre tout son cœur. Tant pis pour ceux qui la croiraient naïve : ceux-là étaient perdus depuis longtemps, et finiraient piétinés, bafoués, et vaincus.

« Méli »fit Kitsune, d'une voix très sérieuse, en se tenant droite et d'un air particulièrement déterminé « Je choisis de suivre la voie du Serpent ! ».

Dim 19 Mai 2013, 22:38

Tranquillement assise sur son siège, Meli observait de son regard calme mais curieux la jeune Reine qui se tenait devant elle. Qu'allait-elle donc choisir? Le soucis avec ces souverains, c'est qu'ils pouvaient quasiment tout choisir, toutes les portes leur était ouverte, car pour accéder au trône il fallait un minimum de compétences dans chaque catégories et il était don impossible à la déesse de lire dans Kitsune pour savoir... tout simplement parce que la jeune Bélua ne savait pas elle même. Elle se délecta donc de cette attente dans le silence le plus complet. Ses yeux bruns observaient avec avidité cette jeune Bélua Renarde qui semblait prête à relever tous les défis possibles et inimaginables. Avant que Kitsune choisisse sa voix, la Naturaliste décela cependant en elle une détermination nouvelle et une sorte de promesse. Car Kitsune venait de décider que si elle échouait à cette épreuve, elle abandonnerait le trône et la déesse y vit là une grande détermination et un sens de l'honneur fondé. Si Kitsune tombait elle ne se relèverait pas pour cette épreuve, mais ce n'était pas ainsi que Meli la voyait. Elle voyait une femme qui si elle tombait, rendrait le trône car elle ne s'en sentait pas digne. En cela l'Esprit l'admirait et lorsque Kitsune prit la parole, les yeux marrons de la jeune Entité de l'avait pas quitté d'une semelle:

« Méli, je choisis de suivre la voie du Serpent ! ».

Sa détermination grondait dans sa voix comme gronde un orage. La jeune Esprit haussa un sourcil en se disant que les Béluas avaient bien de la chance d'avoir une telle souveraine. Un fin sourire vint remonter les jointures des lèvres de l'Esprit qui prononça ces quelques mots dans un murmure:

"Qu'il en soit ainsi...!"

Elle souriait encore lorsqu'elle s'effaça de la salle et que celle ci se transforma pour laisser place à un paysage forestier. Une grande plaine, cernées par les hauts arbres faisaient maintenant face à la jeune Renarde. Les dés étaient jetés et les épreuves allaient maintenant commencer à se concrétiser. La présence de l'Entité se faisait sentir dans ce lieu naturel où l'on entendait les pépiements des oiseaux. Au centre de cette vaste étendue verte se trouvait une sorte d'obstacle. Paraissant assez haut, il était cependant simple pour quelqu'un dont l'agilité n'était pas à démontrer. Meli hésita quant aux règles qu'elle allait fournir à sa nouvelle protégée. Finalement, elle décida de lui révéler seulement ce qui était nécessaire. Physiquement, la Naturaliste n'était pas présente, mais Kitsune devait pouvoir sentir sa présence et entendre sa voix perdue dans la légère brise qui subsistait malgré la protection des arbres.

"Je vais t'expliquer le principe de cette première épreuve... le premier obstacle que tu vois là, tu devras le franchir, à sa suite, d'autres se présenteront à toi, sous des formes diverses et variés. Chaque obstacle passé te dévoilera le suivant. Il faut que tu me prouve ton agilité mais sans trop réfléchir. La voix du serpent doit se mouvoir rapidement et agilement, aussi ne t'interroge pas sur la fonction de l'obstacle réagit pour ta survie comme si... tu étais poursuivie. Quelques fois ce seront des troncs et des courants qui gêneront ton passage, d'autres fois ce seront des des hachoir qui traverseront à intervalle régulier le chemin qu'il te faut emprunter. Quoiqu'il arrive court et ... survie! Mais surtout court! Ne te laisse pas rattraper...!"

Meli avait prévu diverses façons de bloquer la route de Kitsune afin de voir la façon dont celle ci s'y prendrait pour dégager le chemin. C'était en quelques sortes un parcours du combattant: rouler, sauter, ramper, s'accrocher, escalader, se laisser tomber, faire une pirouette marcher en équilibre... autant d'action qu'il faudrait à Kitsune pour ne pas se laisser rattraper par... par quoi déjà? Ah oui! Par une Ombre qui courrait derrière la jeune Bélua, contrôlant ses émotions pour lui instiller la peur, sans qu'elle puisse se raccrocher à l'espoir que l'Ombre derrière elle n'est qu'une illusion. Il fallait que la Naturaliste voit La jeune Renarde en action, dans une situation réelle, voir comment elle se débrouillait si un ennemi rapide la coursait, la mettre dans une position de peur et de fuite, pour décupler son agilité par cette émotion soudaine qui vous serre le ventre et vous tord le coeur. L'Entité fit en sorte de placer aussi quelques distractions pour voir comment réagirait Kitsune. Quelques cadavres d'animaux, morts mais laissés sur le bord du chemin, la jeune Renarde s'attarderait-elle sur ces détails alors que sa vie était en jeu et que peut-être dépendait-elle la survie de son peuple. Jusqu'où irait ses sacrifices de détourner le regard devant un lapin mutilé ou un daim égorgé? Ces illusions coûtaient à Meli car elle détestait cela, elle avait l'impression de ressembler à Asilâh et cela la dégoutait encore plus, mais elle savait que c'était nécessaire pour l'épreuve et que la force mentale de la jeune Bélua n'en serait que plus forte.

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