Aristote courrait à pleines jambes. Il ne savait pas vraiment où il allait mais le fait est qu'il était poursuivie par une vieille femme qu'il avait un peu titillé peu de temps avant. Il était sur le continent mystérieux pour quelques jours seulement, bien décidé à participer à l'un des rites chamaniques qui devaient se dérouler pendant cette période. Les fêtes du peuple devaient être très peu comprises par les autres races mais là n'était pas la question.

Le Chaman avait, en réalité, rencontré une vieille femme à qui il avait cru bon de jouer un tour. Il lui avait volé sa bourse, d'une manière très peu discrète. Il désirait simplement la faire marcher un peu, lui faire peur et puis, finalement lui rendre son bien dans un sourire espiègle. Le problème c'est qu'il avait mal calculé son coup, s'attaquant à une Réprouvée. Vieilles ou non, les femmes de ce peuple avait la particularité d'être des barbares particulièrement combatives et sans pitié. Alors qu'il avait à peine retiré sa main de la poche de la vieille, celle-ci avait attrapé sa canne et lui avait asséné un coup violent sur le poignet, l'obligeant à lâcher ce qui ne lui appartenait pas. Elle l'avait fixé de ses yeux délavés et lui avait dit quelques mots qu'il n'avait absolument pas compris. Aucun effort pour parler la langue commune et, Aristote crut qu'elle ne la comprenait tout simplement pas.

« Ça fait mal vieille peau ! » dit-il avec un visage d'Ange.

Il n'aurait vraiment pas dû car non seulement elle comprenait parfaitement, mais en plus elle n'avait ni sa langue dans sa poche ni sa canne sur le sol. Aristote se prit donc plusieurs coups, conscient que sur cette affaire ci, il n'avait pas été bien malin. Meurtri mais encore vaillant, il s'était mis à courir, essayant de semer la Réprouvée alors que Luna volait dans les airs, totalement morte de rire. Le Chaman n'avait aucun souffle mais la peur lui donnait des ailes, ce qui ne suffisait bien sûr pas puisque la vieille femme, elle, en avait réellement. Il courait donc mais il savait très bien qu'elle allait le rattraper et qu'elle finirait de lui donner une bonne correction.

Le regard du Chaman se posa sur un escalier... Il ne pouvait pas le grimper mais s'il ne faisait rien, elle allait le rattraper. Prenant son courage à deux mains, il s'élança pour monter la première marche mais celle-ci semblait avoir disparu en même temps que le reste. Il entra dans un mur la tête la première, s'assommant à moitié.

« Quel héros ! » souligna une voix froide dans son dos.

Artistote se retourna, voyant une femme qui n'avait pour tout visage qu'un crâne. Berk, qu'elle était moche celle là. Son corps par contre était tout bonnement extraordinaire, frôlant la perfection, du moins, ce qu'il imaginait être la perfection. Il allait répondre mais Asilâh ne le laissa pas faire.

« Je ne souhaite pas entendre le récit de ta vie mon petit. Il se trouve simplement que si je t'ai sauvé la mise, c'est pour une raison bien précise que j'ai moi-même peine à croire. »

Luna venait d'apparaître aux côtés du Chaman. L'esprit savait bien sûr qui était cette femme mais elle n'en pipa mot, malicieuse. Aristote découvrirait bien la vérité lui-même de toute façon. Ce n'était qu'une question de temps. Mais il est vrai que son peuple ne vénérait pas les Esprits du Temple, des Ætheri pourtant très puissants.

« Il semble que ton existence soit lié à ce temple, à nous autres Esprits. »

« Vous n'êtes pas un... »

Elle lui avait cloué le bec d'un simple geste de la main. Pas parce qu'elle l'avait impressionné mais parce que c'était à présent totalement impossible pour Aristote d'ouvrir physiquement la bouche.

« Nous autres Ætheri, puisqu'il faut être plus précis. Je vois en toi un grand potentiel magique et je compte t'offrir les dons qui alimenteront ce dernier. En échange, tu deviendras un disciple de ce temple, tu le protégeras et nous prieras. Bien sûr les Chamans vénèrent Ezechyel ou encore Edel, Xanaros ou Haziel, mais ce ne sont pas les seuls Dieux existants, loin de là. Tu es sans doute d'ailleurs au courant. Rares sont les races aussi tournées vers la religion que celle à laquelle tu appartiens. »

Elle fit apparaître un bâton qu'elle tendit au garçon.

« Je te dirai quoi faire en temps voulu. ».