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 Le cosmos dans une poussière.

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Sam 04 Juil 2015, 22:12



Le cosmos dans une poussière.  Ba10
« Je t’ai voué le culte de la haine, je t’ai montré toute la vénusté de mon horreur, j’ai interprété l’ode de ta folie, douce mais cruelle. Tu fredonnes l’anarchie de mes sentiments sur un piano et me voilà le pantin du diable. Je reviendrai, je renaîtrai comme un vieux rêve que tu ne peux t’empêcher de ressasser, cette nuit alors m’appartiendra ainsi que le monde qu’elle aura bordé dans son voile trouble et étoilé. »

Une locution avide mais récurrente, toujours les mêmes mots, entrecoupés de silences et parfois de longs soupires, glanant la paix de ses rêves par des apparitions morbides et dénuées du moindre sens. Voilà la description peu enviée des nuits de la maudite déesse oubliée dans le corps d’une mortelle. Étouffant dans ses draps d’ivoire, ses yeux fermés comme un reliquaire détérioré par l’usure du temps, l’avait-elle oublié ? Lorsqu’elle se promenait, le long des fleuves où remontent les phœnix cherchant leur reflet pour contempler leur mort incendiaire, le confondait-elle avec les ombres qui se dessinaient sous les saules ? Ce qu’elle pensait était boite de pandore mais ce qu’elle rêvait, était un rivage qui ne s’aventurait jamais au-delà de l’horizon. Et depuis ces quelques couchers venait un étrange individu à la musicalité terrible, de l’horizon inexploré, jamais invisible ni apparent, il était une poussière qu’avait ramené le zéphyr, impossible de s’en débarrasser, et seule sa voix répétait inlassablement la même poésie. « Je t’ai voué le culte de la haine » initiait-il toujours, « je renaîtrai » articulait-il à la fin, ne manquant jamais ce rendez-vous nocturne. Peu importe le songe qu’elle façonnait nuit après nuit, aucun répit ne lui était octroyé. Cette voix et cette silhouette s’incrustant telles la maladie, la tâche sur un tableau. C’était une terrible machine qui faisait son œuvre, et en face, une éternelle spectatrice à qui on ne permettait jamais de monter sur scène.

Une fois cependant fut particulière, car l’ombre toujours confortablement cachée derrière elle à susurrer son requiem ne s’arrêta cette fois pas à son habituelle prose. Il avait une fois de plus nié le contexte du rêve qu’il squattait, mais sa silhouette était plus dessinée, lui faisant face pour la première fois. Sans audace ni sourire, aucun visage n’était descellé car sûrement ne pouvait-il pas en posséder dans un rêve qui n’était pas le sien. Elle aurait pu lui en donner un, elle était l’architecte de son univers après tout, mais dans ce trouble caractéristique il y avait un mystère à résoudre et une curiosité à assoiffer. Une léthargie animait l’ombre qui semblait du vide de son être la fixer, du détour de son corps de minuscules poussières épaisses et sans couleur flottaient vers elle, lui signifiait que s’il était un monstre, ses racines étaient encrées dans l’esprit de la rêveuse. « Vois le temps qui s’échappe » lui confia-t-il soudainement tentant vainement de rattraper quelques poussières en vol. « Vois le temps qui m’échappe et m’éloigne de ma réalité. » reprit le spectre obscure. « J’étais ce souvenir emprisonné dans les méandres de ta mémoire, et c’est par cette faille que je vais et viens, tentant une emprise, une influence sûrement immorale mais vitale. Tu manques au monde que j’ai construit il y a longtemps dans ma folie. Quelle ruine pour mon âme de n’être que du gris sur un fond noir, happé par sa profondeur sans espoir d’être aperçu. »

Mais il recula, exigeant par un silence nouveau qu’on le suive : « Mais toi, tu m’as vu. » quittant la pièce imaginaire où elle se trouvait en plein rêve, le fantôme en prit le contrôle partiel, derrière la porte se trouvant une plage au sable blanc et à l’océan ébène, il la rejoignait doucement, gardant toujours une distance avec son interlocutrice, aussi pouvait-elle accélérer le pas ou le ralentir, la distance restait identiquement la même, elle courrait alors sur place ou avançait sans faire le moindre pas selon ses envies mais ne pouvait changer cette constante. « Tu peux nier, omettre, dissoudre ce souvenir, mais tu me retrouveras peu importe où l’imaginaire t’emportera car je serai toujours là. Un prince déchu demeure un prince de même qu’une déesse demeure une déesse. Nous pouvons changer tous les deux le décor, les acteurs et même la partition que jouera l’orchestre mais la scène elle, immuable, sera toujours celle de nos passions communes, celles d’un monde égoïste que tous peuvent contempler mais jamais toucher. » et c’était sans ironie qu’elle ne pouvait le rejoindre dans ce monde ci.

Attiré par l’encre de l’écume, se confondant en cette épaisse marée, disparaissant doucement au fil de ses pas sur l’eau, il conclut alors : « on dit que les fantômes sont comme des navires aux voiles déchirées, perdus sur des eaux infinies, ils errent à la recherche d’une simple lumière pour les guider. Aussi ils finissent parfois leur voyage dans un endroit qu’ils connaissaient de leur vivant, un endroit qui leur semble rassurant, leur permettant d’oublier le déclin de leur existence. Un endroit où ils auraient vécu une partie de leur vie, pour se rappeler l’éphémère des bons moments anéantis par le glas de la mort. » On ne vit ensuite plus rien de lui, si ce n’était un silence pur et parfait et une légère brise envahissante, saisissant les poumons sans les relâcher.  
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Mitsu
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Mitsu
Mar 11 Aoû 2015, 15:33

La brise de l'océan lui avait sans doute manqué. En réalité, elle n'aurait su le dire. N'était-elle pas dans un rêve ? L'un de ceux qui se répétaient inlassablement. Toujours ces mêmes mots. Du culte de la haine, elle avait entendu parlé durant bien des nuits. La renaissance éveillait en elle l'interrogation et quand le matin venait, alors elle se redressait lentement, fixant le vide en cherchant une réponse qui lui échappait sans relâche. Le monde existait sans elle et il n'y avait bien que ses propres démons pour venir troubler le calme qu'elle avait initié dans sa vie. Elle n'était plus cette Reine des temps anciens. Elle n'était même plus la Déesse qu'elle avait souhaité avec acharnement devenir jadis. Tout ceci lui paraissait vide, comme si l'heure de son trépas était arrivée mais que les Ætheri eux-mêmes avaient décidé de la punir en la rendant éternelle. La mortalité pourtant la terrifiait en même temps qu'elle la libérait. Mitsuko ne pouvait contrôler ses pulsions, ses sensations et les souvenirs, qu'elles avaient toujours su oublier quand il le fallait, revenaient la hanter avec malice. Ils lui soufflaient « Ainsi donc as-tu décidé de nous ignorer ton existence durant ? Tu t'es cru forte, puissante. Tu as pensé pouvoir nous évincer pour obtenir un pouvoir supérieur, nous enchaîner dans les tréfonds de ton cœur et de ton esprit. Tu t'es rie de nous, femme insensible que tu te prétendais être. Mais, à présent que tu as ouvert toi-même la faille de ce cœur, à présent que tu nous as laissé reprendre le dessus, jamais nous ne te libérerons du poids des siècles où tu as vécu pour ta propre gloire, en oubliant jusqu'à qui tu étais vraiment, qui tu es vraiment. ». Ces murmures incessants hantaient ces nuits depuis qu'elle avait perdu sa puissance mais, qu'en était-il de cette ombre qui s'invitait de plus en plus souvent ? Faisait-elle partie des souvenirs qu'elle souhaitait enterrer de nouveau sans jamais y parvenir ? Ou bien était-elle indépendante, travaillant à la torturer pour son propre plaisir ? La curiosité malsaine des Taiji ne pouvait rester de glace face à tant de mystères. Æther, elle aurait su et puis, sans doute ses rêves n'auraient pu être annexés de la sorte. Mais Humaine, que pouvait-elle contrôler ? Que pouvait-elle deviner ? Alors, inlassablement, elle attendait la brume, comme une gifle que l'on sait obtenir dans les minutes à venir sans savoir quand elle frappera véritablement.

Pourtant, ce songe était différent. Elle l'avait su dès l'apparition de son cruel ami, fait d'ombres indomptables. Mais n'était-elle pas la femme impossible, celle qui se vantait de ne pouvoir l'être mais qui aimait également ne pouvoir contrôler autrui sous peine d'en ressentir un ennui mortel ? N'était-ce pas une maladie de souhaiter tout dominer mais de ne ressentir de la satisfaction que lorsque cela ne se produisait pas ? Qui pouvait se targuer d'arriver à la faire rêver, à la surprendre, elle qui avait vu tant d'événements, tant de choses de par le monde ? Cette ombre, elle l'espérait, même si elle n’œuvrait que dans ses songes. « Attends ! » cria-t-elle à la forme quand elle ne fut plus visible.


Mitsuko était restée silencieuse jusqu'ici, écoutant la verve de son interlocuteur, y trouvant un rythme appréciable. Il y avait autre chose qu'un grand orateur derrière cette présence : une connaissance sans doute. Mais qui oserait venir la troubler, elle qui avait choisi de vouer sa vie à la simplicité, boudant cruellement sa grandeur et son orgueil passés ? Elle avait cru un temps que le monde ne pourrait survivre sans elle, qu'elle faisait partie de ces hauts dignitaires au pouvoir colossale, un pouvoir décisionnel sur l'avenir des Terres. Mais tout ceci n'était que niaiseries. Dans la longue course du temps, elle n'était personne, si ce n'était qu'un reflet éphémère dans les prunelles de ceux qu'elle avait côtoyé il y avait si longtemps. Peut-être était-ce elle le fantôme, tout compte fait ?

Doucement, elle fit un pas vers l'eau de cet océan qu'elle avait par le passé sans doute trop contemplé. Il ne signifiait qu'une chose pour elle, il ne la ramenait que vers un seul souvenir : celui d'un rêve qui ne faisait que lui échapper, comme cette ombre qui venait de s'annihiler devant ses yeux. Son pied flottait sur le liquide avec une facilité merveilleuse. Après tout, ils étaient dans un rêve et des possibilités infinies y devenaient palpables du bout des doigts à l'instant même où l'esprit en prenait conscience. La conscience de l'inconscience, une image magnifique et parfois dangereuse. « Il y a longtemps, j'aurai pu faire se déchaîner l'océan, l'océan de mes peines... » murmura-t-elle au vide. « Je n'ai jamais su si je l'aimais ou le haïssais. L'océan est capricieux, trop sans doute pour que le commun des mortels court après lui toute une vie. ». Elle sourit. « J'aurai pu décider de calmer ses vagues houleuses ou de les faire mordre la terre pour anéantir vies et constructions... ». Le silence s'installa un instant, parfois brisé par le vent marin. « Il est pourtant la seule entité que je n'ai jamais souhaité contrôler. J'ai toujours pensé qu'il pourrait m'apporter surprises et étonnements. Alors, je me suis contentée de le longer, encore et encore, en espérant que cela adviendrait. ». Un silence survint de nouveau, interrompu cette fois par une musique s'élevant de nulle part et partout à la fois. « Tu es sans doute le fantôme de mes rêves, le fantôme de l'océan. Mais, je me le demande, si chaque esprit finit son voyage dans un lieu cher à son cœur, alors qu'advient-il de ce dernier ensuite ? Sombre-t-il dans le néant à jamais, ou rencontre-il le renouveau, la renaissance tant attendue ? ». Elle fit quelque pas, chuchotant au vent. « Mais qui a besoin de la réalité quand il possède le rêve ? Un rêve dans lequel fuir à jamais... ».
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Le cosmos dans une poussière.

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