La lumière s’aventurait à travers les pierres mal posées. Naraë grattait de ses ongles ce qui les liait l’une à l’autre, tentant de faire pénétrer la lumière dans la pièce sombre dans laquelle il était piégé. Sa langue sortait de sa bouche, prouvant une concentration à toute épreuve. Son ongle se retourna dans une ultime tentative, et il se recroquevilla sur lui-même… avant de taper de toutes ses forces sur le lot de pierre qu’il avait gratté  depuis sa naissance. Il les sentit bouger, frotter les unes contre les autres, mais il continua de frapper à s’écorcher les mains. Le sang coulait le long de ses doigts, et le pan de mur s’effondra sans ménagement. Les mains tremblantes, il se doutait qu’il allait prendre des coups pour avoir détruit sa cellule. Il entendit la clef rouillée tourner dans la serrure, et il n’avait pas d’autre choix que la fuite. Sa respiration était saccadée par la peur, sa gorge serrée, son cœur tambouriné si fort que sa poitrine tremblait. Passant le mur brisé, il se mit à courir de toutes ses forces, de tout son souffle. Il traversait les rues, les autres Alfars le regardaient de travers… son accoutument attirant l’attention. Ses mains ensanglantées, il avait aussi de multiples cicatrices sur le visage, sur le corps… la colère d’Aëran ne l’avait pas épargné. Son haut était trop grand, il était aussi pied nu, sursautant à la moindre brise qu’il n’avait jamais sentie, plissant les yeux à la moindre lueur, se cachant le visage au moindre regard. Il devait sortir d’ici… pour son propre bien, il devait fuir.

Il traversait le deuxième plateau, se rendant instinctivement au premier, là où on le regardait moins. Il sortit par la grande porte de Drosera, se retournant pour observer la cité. De grandes statues les ornés, pour lui, elles étaient terrifiantes, tout comme la forêt qui se tenait devant lui. Le bruit des feuilles, des branches, des animaux proches le fit reculer en trébuchant. Tout était nouveau, il avait toujours rêvé de sortir, mais il aurait voulu que Shalk lui tienne la main pour ça. Sa respiration ne se calmait pas, s’enfonçant les cailloux pointus dans la plante des pieds. Il ne pouvait plus reculer, plus maintenant… il réfléchit un instant, mais la réponse fut claire… il ne voulait qu’Aëran s’énerve sur lui, ni sur Shalk. Il devait disparaitre maintenant.

Il commençait à courir dans la forêt sans s’arrêter, ses pieds étaient maintenant en sang, ses manches cachant ses mains. Il tombait la tête la première dans les feuilles en décomposition, ses pieds s’étend prit une racine qui sortait de terre. Son visage était éraflé, son haut taché, tout autant que sa peau blanche. Se plaçant contre un tronc, il regardait autour de lui. Une fleur était là, semblant naître de la laideur même, une fleur rouge vive… une magnifique rose. Il tendit la main vers elle, et si les épines s’enfoncèrent dans sa chair, il ne reculait pas, la cueillant en la tordant. « T’es une fleur toi alors… » Murmura-t-il, comme si celle-ci était vivante. Après tout, il n’en savait rien… il ne savait pas ce qu’était la mort, la vie, ni même le fait de grandir ou de naître. Il avait été construit de toute pièce, il savait se battre sans avoir appris, mais ne possédait pas les atouts physiques qu’il le lui permettait. Avaient enduré toutes les tortures de son original, mais il était incapable de les supporter aujourd’hui… Il partageait même le souvenir d’une femme, connaissait tous ses traits, mais jamais il ne l’avait vu. « Je m’appelle Naraë, enchanter fleur ». Quelqu’un l’aurait vu ainsi, qu’il l'aurait contourné ou même fuit. Il ne pensait même pas aux torts qu’il pouvait causer à Aëran, il s’enfichait à dire vrai. Il ne l’aimait pas, lui non plus, et Shalk l’avait construit dans un but qui lui échappait encore. Dans tous les cas, il était maintenant au beau milieu d’une forêt, sans rien pour se défendre qu’une fleur à épines. « Jolie fleur ♫ » se mit-il à claironner en se levant, commençant à marcher, s’entend la terre sous ses pieds. « Jolie fleur ♪ » continuait-il en ne regardant pas où il allait. Il s’en fichait maintenant, de toute façon, il n’était même pas né, alors pour lui, il ne pouvait pas non plus mourir.

731

Spoiler:

" C'est décidé, tu vas rejoindre ton époux ! Tu es prête ? Bien sûr que tu l'es, tu as hâte de retrouver Karak ! Allez, je t'y téléporte.
- Mais Maman, tu ne sais pas… Elle se retrouva en un éclair dans la forêt des murmures… où il habite. Ses yeux vairons s'écarquillèrent, sa tête pivota dans tous les sens sur le nouveau paysage. La panique gagna sur son mental. MAMAAAAAN ?! "

" Aïeuh ! " Répondit-elle à la ronce assaillante.

" Euh… Bonjour ? Tenta Lime en s'approchant un peu, l'arbuste cessa tout mouvement à son appel. Tu me comprends ? Tu as l'air gentil, pour une plante qui pique. Je suis perdue, j'aimerais bien trouver la sortie mais je ne connais pas cet endroit. Tu ne connaitrais pas Karak par hasard ? C'est un démon, avec d— Un félin de pierre tenta de la mordre en surgissant du buisson, dans le vent la première fois mais il ne comptait pas rater la seconde. Waaah, tu n'es pas une plaaaaante ! " S'écria-t-elle en accourant, poursuivie par le monstre.

" Il va me mangeeeeer ! " Hurla-t-elle de nouveau en reprenant sa course, dans une autre direction que celle de son poursuivant et du jeune homme. Aussi irritant que cela puisse être pour elle, elle jouait la demoiselle en détresse… et ce rôle semblait lui coller à merveille.

HS:

Il s’était rassis contre un arbre plus loin, arrachant maintenant les doux pétales rouges. Ses sentiments changeaient en un claquement de doigts, il s’intéressait puis soudainement se désintéressait de tout… Instable, il n’était pas fait pour être en liberté. Il pencha la tête, prenant un malin plaisir à dépecer la plante de tout, pistils, pétales, épines… Si elle avait eu un cœur, il lui aurait aussi arraché. Le bruit lui fit arrêter son mouvement… une course effrénée, puis une femme qui vint lui crier dans les oreilles. Il fronçait des sourcils, arrachant son dernier pétale. Derrière elle, un monstre de pierre lui courrait après, mais il ne semblait pas avoir vu l’Alfar, ou du moins, il lui passait à côté sans rien faire. Tournant la tête alors qu’elle repartait déjà, il lui courait alors après : « T’es une femme ? » criait-il. Il n’en avait jamais vu avant. Il manquait de tomber puis se rattrapait : « Monte à un arbre ! Avec tout son poids, il ne réussira à rien ! » Il courait à côté de la bête, elle ne l’attaquait même pas. Il ne comprenait pas pourquoi il attaquait que la demoiselle, mais quand nous croisâmes une autre personne aux oreilles rondes, il bifurqua pour s’en prendre à elle.  

Naraë s’arrêta net, sa tige dénudée dans la main. Il laissait tomber son reste de fleur, se laissant aller à la réflexion : « Il attaque peut être que les femmes ? ». Il regardait intensément la jeune femme… elle n’était pas aussi belle que Shalk, mais quelque chose le dérangeait… il avait l’impression que les arbres les regardaient, et ses yeux s’orientèrent naturellement sur eux… Tournant sur lui-même, il ne put mettre un nom sur le mal-être qui l’oppressait maintenant. « Je m’appelle Naraë… Jolie fleur » dit-il sur un ton presque fantomatique, ne la regardant même pas. Allait-il la dépecer elle aussi ? Lui enlever ses pétales ? Shalk lui avait raconté plein d’histoire sur les femmes… il utilisait un terme comme… dé…dé… non ! Fleurer plutôt ! Il se retourna vivement vers elle : « Dois-je te fleurer ? » un grand sourire illuminant son visage, sans doute était-ce la procédure quand on rencontrait une femme ! Sauf qu’il ne savait pas comment faire en réalité… on ne lui avait pas expliqué… Juste que lui l’était : « Je suis fleurer moi ! Enfin c’est ce que l’on m’a dit ! ». Il n’eut même pas le temps de continuer que le sol se mit à trembler.

Ses jambes ne tenaient pas, et il tomba à genoux, les mains sur le sol. Ses poils s’étaient irisés, ses sens étaient en alerte, il était pétrifié par la peur… On lui avait pourtant dit que le monde extérieur était terrifiant. Ses doigt s’entrent lassaient avec les herbes humides, et à côté de nous se stoppa une immense statue, allant jusqu’à la cime des arbres. Lorsque son avancé cessa, les tremblements cessèrent aussi… Naraë leva la tête, les bras ballant, à genoux… « Fl… Fleur ? F…Fui… » Seul mot qu’il put prononcer à l’encontre de la femme, la statue commençant à lever machinalement le bras, prêt à frapper. Ses yeux n’étaient pourtant pas focalisés sur l’Alfar, mais bien sur la femme. Il mit ses mains sur ses oreilles, comme un enfant, et ferma les yeux lorsque le point fracassa le sol. Un cri lui échappa, et le sol semblait s’être renversé à côté de lui. Des morceaux de terre le salissent, mais rien ne lui avait été fait. Il comprenait petit à petit qu’elle ne lui ferait rien… mais pourquoi tremblait-il encore alors ? Il se levait, retombant, ses genoux s’entrechoquant. Lorsque la statue se mit à marcher vers sa proie, Naraë s’accrocha vainement à celle-ci, montant sur son large pied. « Va-t’en fleur ! Va-t’en ! » S’en doute avait-il l’impression d’être un héros ainsi, mais il était pour le moins ridicule. Il attrapa une branche au passage, frappant sur la caillasse, sans grand résultat évidemment.

Il avait la nette impression d’aller à l’encontre de sa race, mais de toute évidence, il ne savait pas mettre de nom sur ses émotions, ni même ne connaissait la signification d’une race. Shalk lui aurait tapé sur les doigts de ne pas avoir retenu ses leçons, mais il s’en fichait… il avait une jolie fleur à sauver, et il n’avait même pas encore fleuré quoi que ce soit avec elle.

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" Je suis un homme ! " Pesta-t-elle à la question taboue, persuadée de bout en bout d'être un homme, avec toute la féminité qu'elle possédait ; c'est-à-dire pas mal en fait, contrairement à l'originale dont elle était le clone.

" Mais je suis un homme, moi aussi ! Pourquoi il m'attaque alors ?! Elle remit ses mains sur sa bouche, elle ne devait pas crier au risque d'attirer de nouveaux chasseurs, déjà qu'elle parlait plus fort que la moyenne… L'elfe noir se présenta sous le nom de Naraë, la coutume voulait qu'elle se présente à son tour, mais il gratifia d'un surnom qui l'interloqua. Jolie fleur ? Répéta-t-elle, indécise, puis il continua malgré lui dans sa métaphore florale. Fleurer ? Elle ne comprenait pas sur l'instant, mais le mot en lui-même ne la rassurait pas trop, cette personne était incompréhensible et ce n'était pas sa naïveté qui allait aider dans l'affaire. C'est lorsqu'il s'épancha un peu plus sur le phénomène qu'elle comprit enfin, son teint vira au rouge pivoine tellement elle ne s'y était pas attendue. Elle secoua les mains devant elle, comme pour s'assurer une certaine distance avec l'individu. Nooooon ! Tu ne dois pas me fleurer ! Je ne suis pas fleurée, il ne faut pas ! En plus, je ne suis pas joyeux ! " Elle confondait avec le mot "gaie", qui lui-même était confondu avec "gay", il faut dire qu'elle était loin d'être habile avec les mots.

" Je ne m'appelle pas Fleur ! Mais Lime ! Lime, comme le fruit vert qu— Waaaah ! Elle prit un virage pour s'extirper de l'emprise du colosse, malgré son poids il parvenait à rattraper la distance entre elle et lui avec ses grandes enjambées. Tout en courant, elle se retourna brièvement vers Naraë qui faisait le singe sur le pied de la statue. Aide-moiiiii ! Il ne me lâche paaaaas ! Où la sortiiiiie ?! Son regard retourna vers l'avant, elle se cogna contre un arbre, elle chancela un peu avant que la statue n'écrabouille l'arbre en question ; cette chance inouïe lui permit de reprendre ses esprits et de continuer à essayer de sauver sa peau. Si seulement je pouvais disparaître pour qu'il ne me voie plus ! … Ah oui, c'est vrai ! " Lime se rendit invisible, le colosse perdit instantanément sa trace.

Naraë en avait l’estomac tout retourné, le tremblement de la jambe de la statue le faisait gigoter à son tour, à se retenir de vomir. Son bâton lui avait glissé des mains depuis longtemps et il s’accrochait vainement à celui-ci dans des cris plus ou moins aigus. « Fruit ! Je le tiens ! Ne t’en fais pas ! Continue de courir ! » Fleur, fruit, c’était pareil pour lui… Shalk lui avait dit que d’une fleur naissait un fruit, comme pour les femmes ! Elle voulait peut-être juste dire qu’elle avait muri elle… du coup, elle voulait qu’on l’appelle "Lime le fruit" ?

Les yeux de Naraë s’écarquillèrent, Fruit venait de disparaître après s’être pris un arbre… écrabouillé par la statue au passage. Descendant du pied, il poussa l’amas de pierres : « Tu vas en faire de la compote en l’écrasant ! » Lorsqu’elle bougea, Naraë ferma les yeux, ne voulant pas voir les restes de Lime… mais lorsqu’il les rouvrit, il ne vit rien d’autre qu’un trou béant. « Lime le fruit ? » appela-t-il finalement. « FRUIIIIIIIT » cria-t-il en utilisant ses mains comme portevoix. Il vit alors les branchages bouger, et s’y aventura sans plus faire attention à ce qui l’entourait.

Cueillant ce qu’il pouvait, il chantonnait. Il était bien heureux que les statues ne lui fissent de mal à lui, il sautillait en même temps que les tremblements du monstre de pierre qui le suivait. Il avait pris l’habitude maintenant, retombant sur le sol lorsqu’il ne tremblait plus, allant dans les airs quand il bougeait. « Fruiiiit ! Elles ne nous font rien, t’as vu ! » Il suivait les traces de pas de la femme : « Elles te suivent peut-être parce que tu fuis ! » Il se postait droit comme un piquet devant la statue : « Tu la regardes bien dans les yeux, et tu gonfles le poitrail ! » Gonflant aussi les joues, il resta ainsi quelques instants, se dégonflant par la suite : « Et voilà ! » Sourit-il, fier de lui. Regardant autour de lui il remarquait une chevelure derrière un arbre : « Là ! Je t’ai vu ! » dit-il comme si il s’agissait d’un jeu.

La statue ne se fit pas prier, arrachant sans ménagement l’arbre, dévoilant Lime recroquevillée : « Eh ! » s’insurgea-t-il : « Pierre ! – il lui avait donné un petit prénom comme ça- repose cet arbre ! » A la place, celui-ci tapait du poing le sol tentant d’écraser l’étrangère. Naraë jeta son bouquet de plantes toxique et se jetait sur le monstre, écartant les bras devant son poing, se mettant entre Lime et lui. Le monstre de pierre restait un instant le poing à quelques centimètres de l’Alfar mais ne frappa pas, ce qu’il voulait, c’était la femme, il ne touchait pas les Elfes noirs.

En réalité, Naraë avait un problème avec la violence… cela n’avait rien à voir avec cette statue, mais il imaginait bien son original criant vers la femme en riant : « C’est ça, fuit pour vivre ! ». Il ne le supportait pas. La mine boudeuse, il se fit prendre par la statue : « Lâche-moi ! » l’écartant donc de Lime le fruit. Il devait se rappeler des dires de Shalk… où était la sortie déjà ? Il écarquillait les yeux : « Par-là ! » lançait-il en pointant du doigt une direction : « La sortie doit être par-là ! Puisque Drosera est de l’autre côté ! »  Shalk l’avait prévenu, si Aëran souhaitait le voir mourir, alors il le laisserait fuir… et il devait savoir comment s’en sortir. Il savait donc partir de cette forêt : « Ne t’arrête pas ! Cours ! » Le poing du monstre martelé le sol, ne laissant plus l’Alfar se mettre entre lui et son objectif. « Ne fais confiance à personne ! Tu es sur le territoire des Alfars ! N’oublie pas Fruit ! »

Tirant sur ses bras, il tentait de s’extirper de la bête de pierre, grognant sous l’effort : « Lâche-moi ! » Il ne lui faisait pas mal, certes, mais il voulait partir avec Lime, il voulait fuir lui aussi, s’éloigner d’Aëran à jamais. Tapant maintenant de ses poings, il tomba lorsque les doigts de la monstruosité s’écartèrent. Il courait après Lime, lui courrait vers sa Liberté. Il n'avait pas peur d'être libre, mais il se souvenait de Shalk... il allait lui manquer... à hésité... à s'arrêter, laissant le monstre pourchasser Fruit sans qu'il ne puisse rien faire.  

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" Naraë ! Se surprit-elle à crier en se relevant, son dernier mur défensif venait de s'effondrer. Mais laisse-moi tranquille Pieeeeerre ! " Ce nom lui allait tellement bien.

" Ne m'appelle pas Fruiiiiit ! " Le sol trembla sous l'impact, pile où se tenait auparavant la jeune femme.

" S-s-s-s-s'il te p-plait, aide-m-m-moi enc-c-c-core une f-fois… Lime mit quelques secondes à ordonner ses émotions, elle avait eu son lot d'excitation pour aujourd'hui. C'est mon habitacle, je vais aller dedans, tu peux l'emmener hors de la forêt ? Cache-le sous tes vêtements, comme ça ils ne me verront pas et t'auras juste à souffler dedans pour me faire sortir. Et ne le casse pas, sinon je meurs ! Apparemment. Elle avait cette manie de faire facilement confiance, c'en était risible. Pourtant, sa nature malicieuse de génie lui joua sans s'en rendre compte des tours, et sa tendance à la panique aussi. Si tu réussis, je t'exaucerai un vœu ! Enfin un jour, parce que je ne suis pas assez puissant pour en faire un convenable, mais je te promets tout ce que tu veux tant que tu me sors d'ici ! Alors… c'est oui ? " Elle était comme une enfant égarée trop tôt dans ce vaste monde, elle ne se doutait néanmoins pas que lui aussi l'était.

Lorsque Lime lâcha sa main, ses genoux étaient au sol, ses doigts jouaient avec la terre qui l'avait salie, et le salissait encore. Il n'entendait plus rien, ne voyait plus rien et ne comprenait guère sa situation... Il était pris au piège, entre des sentiments, SES sentiments... les seules qu'il connaissait, et cette sensation de liberté qui lui faisait ressentir bien plus que quoi que ce soit. Il plissait les yeux, semblant réfléchir à quelque chose... avant de tout abandonner. Il n'y arrivait pas, il voulait partir et rester, il voulait tout laisser, mais en même temps apporter avec lui certaines choses. Les minutes passèrent et le silence était toujours présent. L'incompréhension aussi, flottante sur lui comme une sorte de démon qui n'attendait qu'une chose, qu'il abandonne.

La voix de fruit le fit sortir de sa réflexion, et il se secoua la tête en se relevant, comme pour reprendre ses esprits: "Fruiiit!" dit-il en souriant: "Tu n’es pas mourru!" Il ne se souvenait plus trop de ce verbe dont Shalk avait vaguement énuméré les conjugaisons, comme: "Nous mourrons tous un jour".  D'ailleurs, quelle idée absurde, il ne pouvait pas mourir lui, c'était sûr! Après tout ce que son martyre lui avait fait subir, c'était la preuve irréfutable de son immortalité! Et le fait qu'il ne soit pas né aussi.

Il se rappelait vaguement des dires de la jeune femme avant de la voir disparaître, puis réapparaitre: "Tu ne t’appelles pas Fleurs, ni Fruit..." il regardait la cime des arbres, avant de taper de son poing la paume de sa main: "Pourriture!" C'était logique bien sûr! Il y a la fleur qui donne un fruit, qui mûrit et tombe avant de pourrir. Il fit une mine de dégout: "Alors c'est trop tard pour te fleurer... c'est dommage, tu aurais pu faire un fruit toi aussi." Il reprit sa main dans la sienne : « J’aime beaucoup ta main dans la mienne, pourriture. » Il souriait bêtement, sauvagement cloué à ses premiers instincts.

L’écoutant maintenant parler, il vit la corne et la prit entre ses doigts : « Tu vis là-dedans ? » dit-il en rapprochant le trou de son œil : « Ce n’est pas trop étroit ? » Il essaya de souffler vainement dans le cor de guerre, ne réussissant qu’à produire un horrible son. « Un vœu ? » dit-il surprit avant qu’elle ne disparaisse. Ah ça il en avait des vœux à faire… comme un parterre de fleurs qui chante dans sa cellule, parce que bon, elle était bien terne… et un rat qui parle, parce qu’il se sentait bien seul aussi… partant tout sourire, il mit le cor sous son haut.

Il ne fallut pas une minute, que déjà la corne tombât, rattrapé in extrémis avant qu’elle ne touche le sol : « Pas fait tombé ! Pas fait tombé ! » Dit-il, au cas où Lime l’entendrait. Regardant autour de lui, il ne savait pas vraiment où la mettre… et la mit donc au seul endroit où Lime n’apprécierait certainement pas. Marchant à pas de loup, gêné par la corne bougeant dans son pantalon, il racla les troncs, et nul doute que si on l’avait vu, on l’aurait pris pour un coupable ou prêt à faire un méfait.

La fin de la forêt se dessina au loin, laissant les rayons du soleil pénétrer en son sein. Naraë marchait maintenant les jambes écartées, et faisait mine que tout allait bien, sifflotant, plissant parfois les yeux. Écoutant les bruits alentours, il tira sur son pantalon, sortant le cor de guerre du génie : « Pourriture ? » dit-il en tapotant vers le bas pour la faire sortir : « Tu peux partir maintenant… ou tu pourrais rentrer avec moi ! Shalk est très gentil ! » Un sourire bêta s’étala sur son visage, mais les bruits qu’il entendit le fit tout de suite pâlir. Posant le cor sous une racine, mettant des feuilles dessus pour ne pas que quelqu’un le prenne, il se retourna, attendant l’homme qui était là pour le ramener.

Doucement, le visage d’Aëran parvint à hauteur de Naraë, et celui-ci fit le dos rond, protégeant sa tête, sans trop savoir à quoi s’attendre. En réalité, il n'aurait même pas eu à dire ou à faire quoi que ce soit, il l’aurait suivi n’importe où, la peur au ventre. A partir du moment où il ne lui ferait pas mal, il était prêt à rentrer. Malheureusement Aëran ne l’entendait pas de cette oreille, et une rué de coups s’abattit sur lui, avant d’être tout simplement traîné vers Drosera. Naraë laissa le cor de guerre ainsi, à l’abri des regards et de la bataille.
     

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" Oui, un vœu, vite ! " Paniqua-t-elle en s'abritant dans son habitacle.

" Naraë ? Tu m'entends ? Pas une réponse, que dalle. Allôôô ? Pas plus. Souffle dedans ! Souffle s'il te plaît ! " Les supplices étaient vains.

" Je… Je dois y aller ! " Assura-t-elle, à Naraë ou à la forêt, elle l'ignorait tout bonnement, mais n'importe quel endroit loin de cet enfer lui conviendrait largement !