Les effluves de l'alcool vinrent flatter les narines de la morte vivante qui se tenait là depuis bientôt quelques heures. Depuis combien exactement ? Oh, elle ne comptait plus, et cela faisait bien longtemps que les aiguilles de sa montre ne se croisaient plus pour lui indiquer l'écoulement du temps. Elle aurait presque mieux fait de s'acheter un sablier plutôt que d'accepter ce stupide cadeau dont elle ne prenait pas soin et se fichait éperdument. Une folie de Darren, encore une fois. Le démon l'épuisait, pour ne pas être plus vulgaire. Elle s'en lassait chaque jour un peu plus, préférant accepter ses paroles et ses offrandes plutôt que d'avoir à supporter la vision de son visage une seule seconde de plus. L'aimait-il ? Elle se posait souvent la question. Mais qu'est-ce que ça aurait changé, après tout ? Qu'il l'aime ou qu'il ne l'aime pas, jamais plus elle ne lui rendrait ses sentiments. Plus jamais elle ne tomberait dans le piège et se jetterait dans ses bras. C'était comme foncer dans un mur, sauter dans la gueule du loup, mais avec le sourire, tout en sachant qu'elle allait souffrir.

Souffrir. Ce mot fit sourire la Dullahan l'espace d'un instant. Elle qui provoquait tant de malheur et de désarroi dans le coeur de ceux qu'elle rencontrait, se permettait de refuser de ressentir un peu de douleur ? Non. Elle connaissait ce sentiment, il ne la terrorisait plus. C'était elle qui le terrorisait, qui le dominait à présent de ses petites mains d'enfant. Elle releva la tête vers le barman, qui la fixait depuis déjà dix bonnes minutes. « Qu'est-ce qu'il t'arrive mon grand ? J'ai quelque chose sur le visage peut-être ? ». Il n'était pas choqué de voir une petite fille, pour la simple et bonne raison qu'elle venait tous les jours. Depuis l'arrivée de Lumi dans leur foyer elle se permettait de sortir plus souvent, de s'éloigner de sa maîtresse qui de toute façon savait se débrouiller seule. Elle poussa un long soupir, replaçant une longue mèche de ses cheveux immaculés derrière son oreille. « Je me demandais juste si tu allais continuer à squatter mon bar indéfiniment, Julia. ». Elle sourit, légèrement, cachant un rire mesquin. « Depuis quand est-ce que ça te gêne que je reste là toute la journée ? ».

Il sourit à son tour. « Je n'ai jamais dit que cela me gênait. Disons que la curiosité est un bien vilain défaut. ». Elle haussa les épaules. Des défauts, elle en possédait une tonne, mais ça ne la touchait pas. Elle était comme ça et le serait toujours, alors pourquoi se lamenter ? Le bruit de fond de la taverne était agréable à ses oreilles, sonnait comme une douce mélodie qui résonnait même quand elle rentrait chez elle. Enfin, pouvait-elle encore appeler cet endroit son « chez-elle » ? C'était devenu une véritable garderie, à croire que Mircella ne savait pas dire non. Il y avait la petite ange rousse, l'elfe, le démon et les oiseaux de Lumi. Encore heureux qu'elle se soit résolue à ne pas prendre ses dragons à ses côtés. Elle eut une vague pensée pour Viserion qui traînait dans la forêt aux milles clochettes. La Dullahan avait toujours eu le contact facile avec ses bêtes légendaires, et elles lui manquaient.

Les rires se mirent à brouiller son esprit, puis elle finit enfin par se retourner pour voir qui pouvait bien être hilare à ce point. Autour d'une table se trouvaient un bon nombre de jeunes hommes, enfin, si on pouvait les qualifier de jeunes. « Encore des attardés, je n'ai même pas besoin de te demander pourquoi tu ne contrôles pas ta clientèle. Ils consomment, alors c'est tout ce qui compte à tes yeux et je ne peux pas t'en vouloir. ». Elle souleva son verre, fit tourner le liquide à l'intérieur sur les parois transparentes de ce dernier avant d'en avaler une gorgée. « Tout est question d'intérêt dans ce monde, ce n'est sûrement pas moi qui te crierait dessus. Cependant je te conseille de garder un œil sur eux. Un accident est vite arrivé.. ». Puis elle sourit, appuyant son coude sur le comptoir avant de descendre doucement de la chaise et de s'approcher des inconnus. C'était elle, l'accident.

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Une ambiance déplorable, une odeur âcre, des clients attendant la moindre opportunité pour se jeter les uns sur les autres afin de déclencher une cohue sans nom. Voila l'univers que je côtoie jour après jour. Les tavernes. Le meilleur endroit existant pour faire ce pourquoi je suis le meilleur. Jouer. Jouer et récupérer ce que je veux. Mon sourire s'agrandit alors que je regarde la devanture. Cela fait bien trop longtemps que je n'ai pas mis la main sur quoi que ce soit appartenant à un autre. Quoi que se soit de valeur en tout cas. Et j'ai le sentiment que je vais avoir l’occasion de palier à cela dans cette taverne. Ajustant mes vêtements, replaçant correctement mon veston je pousse la porte de la taverne. Ce soir, comme tous les autres soir, comme toutes les fois ou je fais participer des inconnus à mes jeux, je gagne. Comme toujours, je vais gagner. Je ne perds jamais et cette réalité n'est pas prête de changer. Une fois à l'intérieur de la salle, je prends quelques secondes. Je dois me concentrer, c'est maintenant que je fais le plus important. Prendre la difficile décision de choisir ce avec quoi je vais repartir ce soir. Or, bijoux, domaine, femme, ce que je veux je l'aurais. Comme toujours. Et manque de chance pour les pauvres brebis perdue sur mon terrain de jeu, ce soir je veux tout. Tout ce que je peux prendre avant de me faire mettre à la porte. Après tout, c'est comme cela que ça se termine à chaque fois.

Lentement, j'avance vers le comptoir. Regardant les bouteilles, j'attends que le barman se rapproche de moi avant de parler. « Vous me l'offrez ? » Une seconde de silence avant que son rire ne retentisse à mes oreilles « Tu pense vraiment que j'offre un verre au premier inconnu uniquement parce qu'il me le demande ? Tu devrais prendre le temps de réfléchir un petit avant de parler, cela ne te ferais pas de mal » Mon sourire s'étire alors que je me tourne vers lui, faisant jouer une pièce d'or entre mes doigts. « Je ne parlais pas d'un verre, je parlais de la bouteille la-bas. » Je lui laisse le temps de prendre en compte cette déclaration avant de reprendre. « Vous ne voulez pas jouer ? Un simple jeu en une manche. Si je gagne vous me la donnez, si je perds, je quitte les lieux sans broncher. » Un bruit sourd suivis d'un grognement sont les deux premières choses qui me parviennent. Soulevant délicatement la bouteille, je la regarde, laissant s'écouler le temps nécessaire au barman pour qu'il puisse de nouveau parler. « Avec les gens comme toi jouer ne servirai à rien. Tu serais capable de parier une bourse vide et de remporter cette échoppe. Tiens, prend la bouteille et ne viens plus me voir de la soirée. Je serais pas aussi gentil la prochaine fois. » Puis, plus bas dans un murmure « Saleté de tricheur » Cette fois c'est à moi de rigoler et de me détourner. « Je préfère parler de chance. La triche… Quelle chose sale que cela. Non, je ne triche pas, j'ai juste de la chance c'est tout… Beaucoup de chance. »

Cette soirée commence bien. Enfin, comment pourrais-il en être autrement après tout. Tout ce passe bien pour moi, toujours. Alors, que cette soirée ne déroge pas à la règle n'est pas réellement surprenant. Quelques rire plus fort que la moyenne me font tourner la tête. Une troupe de jeune gens, ayant apparemment déjà bien abusé de la boisson. Certains semble plutôt bien pourvu et pour les autres… Je devrais bien être capable de leur trouver une chose attisant mon envie. Très bien, se sera donc eux pour ce soir. Dieux, que leur destin à été malheureux de se trouver sur ma route. Me dirigeant vers leur table, le geste d'une enfant ayant entrepris de franchir le même chemin que moi me fait tourner la tête. Que fait-elle la ? Ce n'est pas vraiment sa place et quand bien même celle-ci serait justifiée, je n'ai pas réellement envie de détrousser une gamine. Non, non non non, je ne suis pas comme ça. Franchissant rapidement la distance qui me sépare d'elle, je lui bloque l'accès à la table. « Tu sais, j'ai déjà prévu de leur faire les poches et d'obtenir d'eux jusqu'au dernier centimes. Et je compte bien le faire pour toute personne s'asseyant à cette table. Alors, dans ton intérêt. Ne le fais pas. »

Julia avance, sans peur, sans aucune crainte. Ils ne sont que humains, ou non, mais en tout cas ils sont vivants. Et elle, ayant franchi l'épreuve de la mort, ayant subi les pires sarcasmes et horreurs que réserve le néant qui nous attend après l'extinction de notre corps et de notre âme, ne pouvait en aucun cas être effrayée de pauvres petits brigands qui s'amusaient comme ils le pouvaient. Ils auraient pu ne pas lui poser problème s'ils se contentaient d'être silencieux, les bougres. Mais non, il fallait hurler, crier, sauter dans tous les sens et rire. Rire très fort. Un rire rauque, dégoûtant, témoignant des longues années à boire de l'alcool et à tirer sur la fumette jusqu'à ce que ses poumons deviennent noirs, comme l'était probablement son coeur. Mais pourquoi cela la concernerait-elle ? Vous pourriez me dire qu'elle aurait pu tracer son chemin et partir comme si de rien n'était. Mais non, non. La Dullahan se sentait d'humeur maussade ce soir-là, ennuyée par la tournure que prenaient les événements chez elle. Alors elle buvait, buvait, buvait, sans jamais se retrouver désaltérée et sans toucher la gueule de bois une seule fois, ce qui n'était manifestement pas le cas de tout le monde dans ce bar.

Elle se tourna vers le jeune homme l'ayant arrêté, le détaillant brièvement du regard. Lui non plus, n'avait pas l'air très net, avec ses cheveux noirs complètement en bataille et ses yeux jaunes vous fixant d'un air mauvais. Il ressemblait à un drogué, c'était clair maintenant. Totalement enfumé et ayant perdu l'esprit pour venir s'adresser à la morte vivante d'une telle manière. Bien que s'il se serait présenté en une révérence, elle lui aurait ri au nez. Que voulait-elle donc ? Rien, rien, qu'on la laisse mener sa vie tranquillement, et plus précisément que ce lourdeau arrête de se la jouer. Il ressemblait à un pauvre petit chaton qui hérisse le poil quand on lui pique son jouet. Un véritable petit bébé. « Dans ton intérêt, ne le fais pas ? ». Elle répéta ses paroles, avant de laisser sortir un petit rire mesquin, qu'elle eut une peine incroyable à essayer de retenir pendant les deux premières secondes où elle le sentit venir. « Allons allons, ne me fais pas rire. Je fréquentais ces lieux avant même que tu sois né mon gaillard, ce n'est pas au vieux singe que l'on apprend à faire la grimace. ». Le barman ne sourcilla pas. Le propriétaire n'avait pas changé depuis le temps, mais ne se permettait pas de révéler l'âge où la nature de Julia sans son autorisation.

Levant un bref regard vers les nombres flottants au-dessus de la tête du jeune homme, elle laissa un rictus prendre place sur son visage. « Tu n'as pas de chance, mon grand. ». Et elle en détourna les yeux, le fixant à présent. « Si tu as envie de courir à une mort certaine, alors assied-toi à cette table, je t'en prie. Il n'y a pas mieux que ceux qui foncent dans le mur avec le sourire. ». Et, balançant ses cheveux immaculés dans une élégance toute naturelle qu'on ne lui connaissait pourtant que très peu, elle prit un tabouret pour s'installer à cette dite table. A son arrivée, le vacarme se tût, avant de reprendre de plus belle. Ils se moquaient d'elle, selon eux une pauvre gamine sans le sou, venue pour faire la grande. Elle attira l'attention de l'un d'entre eux. « Oh, je t'en prie, regarde moi dans les yeux, et tu verras. ». Elle le menaçait. Il ne le savait pas, mais il allait bientôt voir quelque chose de bien plus effrayant que la perte de tout son argent. Une fois qu'il eut croisé son regard, les circonstances atroces de sa mort lui parvinrent en milles fois plus fortes, torturant son âme, le faisant tomber sur le sol puis fuir loin d'ici. Une fois tranquille, elle craqua ses os. « Bien, messieurs. Je n'utiliserais pas de sort face à vous, et si vous voulez en être sur, vous pouvez demander à j'sais pas quel sorcier pouilleux dans cette taverne de me surveiller. Gagner en trichant, ce n'est pas gagner. ». Elle sourit. Elle venait de les terroriser, de les faire sien, mais pour autant ils ne perdraient pas par peur. Et c'est cette électricité, cette tension dans le regard qui la faisait vivre.

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Mon sourire ne cesses de s’agrandir alors que je regarde la gamine se diriger d’un pas sur vers la table. Quelques secondes plus tard, l’un des joueurs quitte cette dernière en tremblotant. Si elle est vraiment aussi doué que ce qu’elle semble insinuer la partie risque d’être intéressante. Je frémis de plaisir à cette pensée. Cela fait tellement de temps que je n’ai eu un adversaire digne d’intérêt. Enfaite, depuis le jour ou l’on m’a enseigné les rudiments de la triche, je n’ai plus eu d’adversaire capable de me tenir tête. Et enfin cela va changer. Qui eut crus qu’une gamine soit capable de me procurer un tel sentiment. Secouant la tête je tire en arrière la chaise qu’occupais quelques secondes plus tôt le malheureux ayant croisé son regard. Pour l’instant, tout n’est que supposition. Je ne sais pas ce qu’elle vaut et je ne le saurais qu’une fois la partie bien avancé. « Bonjours, excusez moi mais il semblerait que cette chaise ne soit plus occupé. Je vais donc prendre la place de votre collègue si vous le voulez bien. » Tout sourire, je détaille rapidement les hommes à mes côtés. Ils ne semblent être réellement doté d’objet de valeur néanmoins, je ne peux voir ce qu’ils cachent sous la table et dans leur vêtements. Et quoi que ce soit, j’ai très envie de mettre la main dessus. Faisant rapidement courir mon regard sur la table, je prends quelques secondes pour analyser leur dernière mise. Parmi les six hommes assis à nos côtés aux moins quatre semblent posséder une somme d’argent relativement considérable. La manière dont ils ont pu mettre la main dessus m’importe peu. La seule chose importante à mes yeux et qu’elle sera mienne à la fin de la soirée. Toute fois, si je veux limiter les chances que quelques chose aille contre moi, il me reste ou une deux choses à régler.

Je sors quelques pièces de mes poches et les pause devant moi, montrant ainsi que malgré mon apparence, plus que douteuse j’en conviens, j’ai de quoi participer. Néanmoins, si je ne veux pas qu’ils se doutent de quoique se soit avant que le jeu ne commence, je dois m’arranger pour leur faire voir que je dispose moi aussi de possession nécessaire. Et tout cela me permettra de mettre en place les premières pièces nécessaires à ma victoire. « Bien, si personne n’y voit d’inconvénient, je pense que nous pouvons commencer. Enfin, avant cela, je demanderais à tout le monde de miser au moins une somme minimum. » Mes yeux plonge dans le regard de la jeune femme face à moi. Je ne sais pas ce qu’elle a pu montrer à celui qui occupais ma place quelques minutes plus tôt mais qu’elle n’espère pas pouvoir faire la même chose avec moi. Je ne suis pas réellement courageux, au contraire en cas de combat je suis le premier à fuir. Cependant, cela est vrai quand je ne suis pas en train de jouer. Et dans la situation ou nous sommes, il n’y a aucune chance que je fasse demi-tour. « N’est-ce pas petite ? Tes parents on bien du te donner un peu d’argent non ? Sinon tu ne serais pas la après tout. » Mon sourire s’agrandit alors que je ne la quitte pas un instant du regard. Qui est-elle. Je voudrais vraiment en savoir plus sur elle. Enfin, il me suffit d’attendre. Quand elle n’aura plus d’argent, je pourrais toujours lui faire nous donner des informations sur elle. Et quand elle n’aura plus rien… Et bien, il sera largement temps de trouver une idée à ce moment la. Mais pour l’instant, avant de me concentrer sur elle, je dois éliminer les autres. « Très bien, maintenant que tous le monde est près, je pense que nous pouvons commencer. Je vous laisse choisir qui aura le prestige de jouer en premier. Pour ma part, ce n’est pas réellement ce que je préfère. » Puis, faisant mine de me souvenir d’un détail je m’écris « Oh, mais suis bête, j’avais oublié que nous avons une jeune joueuse à la table. Peut-être voulez vous que nous vous apprenions les règles ? »

La morte vivante se tenait accoudée à la table, mais elle ne souriait plus. Comme sous l'emprise d'un ennui foudroyant, elle dévisageait les personnes présentes unes à unes devant elle, une vague pointe de malice dans le regard. Ils semblaient tous si faibles à ses yeux, tous si… communs. Ne pouvait-elle pas, un jour dans sa deuxième vie, rencontrer quelqu'un qui serait digne d'intérêt ? Non, elle devait fréquenter de belles bandes d'alcooliques dans une vieille taverne. Quoique, à mieux y repenser, c'était déjà mieux que de devoir supporter l'affection que se portaient sa maîtresse et la jeune Elfe qu'elles accueillaient chez elle. De vrais tourtereaux, ces deux-là, si ce n'était pas insupportable..  Exactement comme elle le pensait, elle vit le jeune homme l'ayant mis en garde prendre la place de celui qui venait de s'enfuir au courant. Comme si ce n'était pas prévu. Elle sourit. Tout se passait comme elle le désirait et ils agissaient comme des pions sur un vaste terrain d'échec donc elle était le maître. Ce sentiment de puissance lui donnait des ailes, et en les voyant tous agir comme de bons toutous, elle ne put s'empêcher de lâcher un petit rire. Ils couraient tous à leur perte, et elle s'amusait de les sentir défaillir. Comme il était bon de ne plus pouvoir mourir.

Une somme minimum… Ce type avait le sens des affaires, mais il avançait les choses avec bien trop de confiance pour que cela paraisse plausible. Il avait plus d'un tour dans son sac, à n'en point douter, mais s'il tentait de faire tourner en bourrique la Dullahan, elle le lui rendrait au quintuple. Sa petite remarque ne la fit que sourire de plus belle, passant une main dans ses longs cheveux immaculés. « Allons, allons. Êtes vous vexé par la manière dont je vous ai envoyé paître ? C'est bien malheureux de voir qu'une bête petite phrase peut vous déconcentrer. ». Elle sortit alors quelques pièces de sa sacoche, sans pour autant miser une grosse somme. Craignait-elle de perdre ? « Je n'ai pas de mère ni d'argent de plus. Mais toi, je suis sûre que des jupons spécialement faits pour que tu y pleures toutes les larmes de ton corps t'attendent, alors ne perdons pas plus de temps. ». Elle pouvait aisément changer d'apparence, mais pourquoi perdre de l'énergie à des fins aussi stupides ? L'enquiquineur qui se trouvait en face d'elle se délecterait bien assez vite de sa défaite pour se demander ce qu'il lui arrive. Le maudirait-elle, une fois la partie gagnée ? Elle l'ignorait encore.

« Une jeune joueuse ? ». Elle ne put cette fois, se retenir de rire véritablement, avant de poser une main sur la table. « Si vous n'êtes pas doués au jeu, vous aurez au moins eu le mérite de me faire rire. ». Elle fixa les sommes, intensément, avant que le tavernier ne fasse quelques pas vers elle, s'approchant de son oreille. « Ils trichent, tous. Celui que tu viens de provoquer, je l'ignore. Mais sois prudente. ». Elle sourit, parlant à voix haute pour lui répondre. « Je n'ai pas besoin de conseils, ou d'avertissements. Tu me connais depuis déjà plus de vingt ans, et tu douterais de mon expérience ? Cela m'attriste énormément. ». Son sourire contredisait ses actes. Elle brûlait d'impatience de tous les renvoyer au trou, de les remettre à la place qu'ils méritaient. Il ne s'agissait pas de colère, ou de rancune. Non,seulement d'une envie de s'amuser. Et les seules choses qui pouvaient la rendre heureuse la plongeaient dans une fourberie sans nom, dans une mesquinerie qu'on ne saurait que fuir.

« Je vais commencer, si aucun de vous ne se donne la peine de le faire. ». Elle prenait l'initiative, et là ou beaucoup pensaient qu'elle se tromperait en agissant de la sorte, elle savait parfaitement ce qu'elle faisait. Maniant les cartes avec une pratique que peu possédaient et un savoir inégalable en ce qui concerne les jeux, elle les distribua sans les regarder, prouvant ainsi qu'elle ne trichait en aucune façon. La triche, c'était pour les faibles après tout. Et le poker ne dérogeait pas à la règle. Les caves étaient disposées de manière à ce que tout le monde puisse les voir. Les sommes ne montaient pas jusqu'au plafond mais qu'importe. Pour elle, seule l'humiliation comptait. Une fois les cartes distribuées à chaque fois par cinq comme le voulaient les règles, elle attrapa sa main et l'examina, sans exprimer une seule émotion. Sans sourire, sans paraître gêné, sans être déçue, ce qui n'était pas le cas de beaucoup à table. Elle contrôlait parfaitement ses émotions, et là était le danger. Personne ne savait ce qui se tramait dans sa tête de malade, et personne ne voulait réellement le savoir, si vous voulez mon honnête avis sur la question.

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M’adossant au fond de ma chaise je plonge mon regard dans les yeux de la fillette me faisant face. Elle est sûre d'elle et surtout, bien plus intéressant, cette confiance semble justifiée. Je ne la connais pas pourtant elle m'intéresse. Bien plus que tout ce que j'ai pu un jour vouloir ma intéresse. Je sais ce que je veux maintenant. C'est elle. Tout ce que les autres joueurs pourrait me proposer n'est rien, ils ne sont que des pions, des bonus sur mon chemin pour l'atteindre. Croisant mes mains sur mon ventre, je prends quelques secondes pour regarde mes camarades de tables. Parmi tous ceux présent je peux lire sur plus de la moitié des visages des sentiments capable de me donner une indication sur le continent. Pas sur le sien cependant. T'en mieux, cela m'aurait déçus si elle avait été aussi simple à battre que les autres. Attirant d'une main les cartes à moi, je ne prends qu'une seconde pour les regarder. Peut importe ce qui est marqué dessus, le résultat final sera le même. Néanmoins, si je veux que cela soit réellement le cas, je dois m'en donner les moyens. Et pour cela, les miracles n'existent pas, je dois prendre en compte tous les éléments autour de moi, tout analyser afin de m'assurer de ne pas faire d'erreur et une fois cela fais, j'aurais alors toutes les cartes en main. Dans tous les sens du terme. Faisant rapidement courir mon regard sur les joueurs présent autour de la table, je cherche qui sera ma victime. Nous savons tous ici qu'il n'y aura qu'un seul vainqueur. Et nous sommes tous persuadé qu'il s'agit de soit même. Et créer le doute dans l'esprit des autres et le premier pas vers Ma victoire.

« Allons, vous n'allez quand même pas me faire croire que vous avez peur face à l'attitude de cette enfant n'est-ce pas ? » M'avançant, je pose mes coudes sur la tables croisant les doigts. Mon regard est rivé vers un élémental situé à deux chaises de moi. C'est à son tour de jouer et il ne faut pas être doté de grandes faculté de déduction pour savoir qu'il hésite concernant l'attitude qu'il doit aborder. Tournant un instant la tête vers la fillette, je lui accorde un clin d'oeil discret avant de retourner tourmenter le pauvre élémental. « Vous savez, si vous avez peur de perdre ou quoi que ce soit du genre, rien ne vous empêche de partir tout de suite. Bien entendu, si cela devait arriver, je vous serez grée de nous laisser l'argent et les bien que vous aviez prévu de mettre en jeu. Voyez cela comme un investissement afin que nous fermions les yeux et oublions votre couardise. » un grognement franchis ses lèvres alors qu'il se décide enfin à jouer. Cela va être simple. Bien plus que ce que j’espérais au début de cette partie. S'ils continuent ainsi, je ne vais même pas avoir besoin de tricher. Non, tricher n'est pas le mot. Je ne vais pas avoir besoin d'aider les cartes. Cela est plus correct et bien moins moche que de dire que je triche.

Après ma rapide provocation la durée des tours des autres joueurs se fait bien plus rapide. Je ne peux m'empêcher de sourire en me disant que cela est sûrement du à la peur de me voir m'acharner sur eux les un après les autres. Pourtant, cela ne m’empêchera pas de les détruire les uns après les autres. À la fin il ne resteras qu'elle est moi. Et je pourrais alors m'arranger pour la posséder elle. Une fois poussée dans ses limites, une fois que je lui aurais pris tout ce qu'elle possède alors je la forcerais à s'offrir elle même. Tout comme je l'ai déjà fait avec Elle. Chassant ces pensées de ma tête je regarde rapidement ma main avant d'augmenter la mise. Je ne pensais pas avoir besoin de manipuler les cartes pourtant si la partie continue ainsi, je ne vais avoir d'autres solutions. Mon sourire s'étire sur mes lèvres alors que je les regardes tous les un après les autres. Le premier tour vient de ce terminer et j'ai pu voir la manière de jouer de chacun. C'est maintenant que la partie commence réellement.

Julia se tenait droite sur sa chaise, fixant les autres assis autour de la table comme de véritables vautours. Voulait-elle leur argent ? Non, cela aurait été mentir qu'elle était cupide. Elle se fichait bien de la valeur que pouvait avoir ces pièces pour la plupart. S'ils pourraient reconstruire leur vie avec, elle ne s'en préoccupait pas vraiment. Non, la seule raison pour laquelle elle était là c'était son ennui. L'ennui de passer des journées entières face à un verre qui se remplissait plutôt que de se vider dés lors qu'elle en prenait une gorgée. Avoir retrouvé le goût des choses, et l'odeur d'un bon vin la faisait revivre. C'est pourquoi, alors qu'elle fit un rapide signe au barman qui la connaissait depuis belle lurette, il s'empressa de lui ramener un autre verre. Aucun de ses concurrents ne daigna relever la tête pour observer ce qu'elle faisait, sans doute bien trop concentrés sur leurs jeux. La Dullahan n'était pas persuadée de gagner, mais elle était sûre de ne pas perdre. Tout était dans la nuance  de ses pensées, et elle n'eut qu'à regarder ses concurrents pour savoir que la partie était gagnée d'avance à moins que l'un d'entre eux triche. Le premier tour venait de passer, et elle ne se montrait pas à son meilleur niveau pour l'instant. Cela devrait attendre.

Les petites provocations du Déchu ne l'atteignaient pas, ne faisant que rebondir sur la carapace de glace qu'elle avait construit autour d'elle, son petit cocon. Il pouvait cligner de l'oeil, tenter de la faire réagir, qu'il n'en serait rien. Elle n'avait pas l'intention de bouger, ou de se montrer concernée par la moindre chose dés lors qu'il en faisait parti. Sirotant son verre de vin, elle le posa sur la table doucement, lorsqu'une passe discrète attrapa son regard. Deux jeunes hommes coopéraient ensemble, et semblaient tricher. Pourtant, elle ne ressentit pas l'envie de le dire à qui que ce soit, et encore moins à celui qui tentait de perturber le bon déroulement du jeu. Elle, ne se ferait pas avoir. Des tricheurs, en plusieurs siècles, elle en connaissait de toutes sortes. Ce n'était pas à elle que l'on allait apprendre les règles du jeu, et encore moins comment les transgresser. Redressant la tête, elle balança sa longue chevelure immaculée dans son dos, plongeant son regard dans celui de l'Ange. « Vous n'êtes pas très malin pour provoquer les autres. Ce n'est pas en jouant plus vite que vous obtiendrez ce que vous désirez. ». Elle sourit. Tout lui était amené comme sur un plateau d'argent, cependant elle ne manquait pas de méfiance. Lui aussi pouvait essayer de la rouler dans la farine après tout.

Une fois qu'elle eut réussi à placer un bon coup, elle fixa celui qui devait s'en aller à présent, car il ne possédait plus rien. « Si vous n'avez plus rien à donner, quittez cette table. ». Elle était ferme, convaincante. Fouillant dans ses poches, l'Humain auquel elle parlait sembla désemparé. Il ne lui restait définitivement plus rien, pourtant il ne voulait pas abandonner la partie. Faisant remuer son vin dans son verre, elle se mit à siffloter. « Je n'ai pas beaucoup de temps à perdre ici. Aussi, si vous ne voulez pas subir le même sort que celui qui s'est rué vers la porte, je vous conseillerais d'obtempérer. Le choix vous appartient. ». Le choix lui appartenait, mais si ce n'était pas le bon, il en payerait le prix fort. « Il ne sert à rien de jouer lorsque l'on a plus rien à perdre. ». Puis elle rit, face à l'incompréhension de ceux qui la regardaient. Une phrase que seule elle pouvait réellement comprendre. Elle était Morte. Elle se fichait bien de devoir payer quelque chose, et si elle désirait obtenir vraiment un objet, elle le déroberait, fourbe comme elle est. Ce n'était pas dans son genre de jouer comme ça, pour le plaisir. Non, tout ce qu'elle voulait c'était lire le désespoir sur leur visage, les voir se figer dans leur angoisse, trembler de peur et se recroqueviller sous la table. Peut-être même la supplier, qui sait.

L'Humain finit alors par se résigner, prenant ses affaires et faisant glisser sa mise vers la petite fille, une mine de dégoût sur le visage, passant la porte la tête baissée. « Quel gâchis... ». Julia finit par soupirer de désintérêt. Il n'y avait que des tricheurs à cette table, et dés lors qu'ils étaient démasqués, ils foutaient le camp sans rien dire. Un peu de compétitivité était-ce trop leur demander ? Manifestement, oui. Son regard tomba à nouveau vers le Déchu, auquel elle s'adressa directement. « Vous êtes bien confiant, pourtant je ne vous ai jamais vu dans ce bar. ». Tentait-elle de faire la conversation ? Non, ces paroles n'avaient rien d'anodin. « Vous aussi. ». Elle s'adressait au reste du groupe. Tous ne fréquentaient que très peu cet endroit, pour y venir relativement souvent, elle connaissait les habitués comme sa poche. Et ce qu'elle disait influençait tout ce qui suivrait. Car s'ils s'amusaient à jouer contre des inconnus dans un bar qu'ils ne fréquentaient pas, alors cela ne pouvait signifier qu'une chose. Qu'ils étaient sûrs et certains de rafler la mise. « Arrêtons ce petit jeu, vous voulez bien ? ». Elle ne parlait pas du Poker. Tout ferait sens dans leur esprit, sans qu'elle n'ait à rajouter le moindre mot.

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La partie vient à peine de commencer et pourtant, déjà quelques joueurs se sont retrouvés contraint de nous quitter. Cette nouvelle m’attriste légèrement. Plus que de la compassion à leur égard, ce qui me dérange vient du fait que nous n’avons pas eu le temps de jouer avec eux. Je ne sais pas ce que veut Cette enfant que je m’amuse à invectiver depuis toute à l’heure cependant, je ne dois pas prendre trop de risque en disant que l’un de ses objectifs ne doit pas être très éloigné des miens. Mener la vie dure aux autres joueurs. Certes, nous ne faisons pas cela avec le même objectif final en tête néanmoins, nous ne pouvons nier que pour l’instant, nous jouons avec la même motivation. Ce qui devrait au final changer assez vite une fois qu’il ne restera que les vrais joueurs à table. Je souris en pensant cela avant de regarder mes compagnons de jeu pour la soirée. Y a-t-il au moins un vrai joueur à cette table. Au final, en dehors de moi et peut-être cette fillette je n’en suis pas sûr. Bien, au moins cela me permettra de mettre rapidement la main sur les objets que je convoite, même si cela je dois avouer être tenté par beaucoup de chose sur cette table. La seule chose réellement intéressante sont les souvenirs de cette fillette cependant, plus j’y pense plus je sais que je ne pourrais mettre la main dessus. Même lorsqu’elle sera acculée, incapable de faire quoi que ce soit elle ne me parlera pas. Et je peux la comprendre, j’agirais de la même manière dans sa situation. Au final, peut-être ne sommes-nous pas si différent que ça l’un de l’autre. Peut-être même aurions-nous pu prendre le temps de parler et d’essayer de ce connaître si nous n’avions pas débuté cette partie. Cependant, c’est bien le cas, la partie a commencé. Et quand une partie est en cour rien d’autre que la victoire n’a d’importance et je n’ai pas le temps de penser à devenir ami avec les autres joueurs.

« Oui, elle a raison après tout, nous ferions mieux d’arrêter cela. » Je laisse planer un instant de silence avant de reprendre « Nous ne sommes pas de petits joueurs, vous le savez tous autant que moi alors que diriez-vous de passer à des paris plus important. » Mon sourire s’agrandit devant les mines déconfites de certains joueurs. Ils sont venus en étant sûr de gagner et pour cette raison, ils n’ont pris que le minimum. Je suis bien placé pour savoir cela, c’est exactement ce que j’ai fait. Ne rien avoir sur soit ne leur laisse que deux solutions. Partir ou parier une chose plus importante. « Ça sert à rien, j’me casse. » L’homme à ma droite se lève brusquement en faisant tomber sa chaise sur le sol et nous jette un regard mauvais avant de quitter l’auberge. Au moment où il passe la porte, un deuxième joueur décide de quitter la table. « Et bien, je ne savais pas les joueurs de poker si proche de leur argent. D’autres personnes souhaitent épargner ou bien je peux commencer le nouveau tour ? » Cette situation m’amuse énormément. Cette partie ne risque pas d’être réellement compliquée cependant, l’attitude des autres joueurs est hilarante. Des joueurs ayant peur de perdre leurs bien. Les pires joueurs existant. Et les plus intéressants à plumer.

Je prends le paquet de cartes avant de le mélanger un instant, toisant les autres participant du regard. « Si cela ne vous dérange pas, je vais prendre le commandement de la suite de la partie. Cela sera plus simple pour nous tous et vous pourrez vous concentrer sur la partie, vous qui semblez tant craindre pour vos maigres possessions. » Tout en parlant, je réfléchis à ce que je vais faire. Si je ne voulais pas être le premier croupier c’était pour une raison très simple. Le croupier est la personne possédant le plus de moyen de tricher dans une partie. Compter les cartes, en distribuer une sur deux, regarder la carte que l’on va distribuer à son camarade, retourner le paquet sans que les autres le voie. Les possibilités sont infinies et différente pour chaque type de jeu. Et je les maitrises pour ainsi dire toutes. Si j’avais demandé à être le premier croupier alors la situation aurait-été différente en tout point. Les autres joueurs se serait méfier de moi et non pas des autres. Ce que je veux à tout prix éviter. Mes yeux se posent sur la fillette en face de moi alors que je finis de mélanger le paquet. Si nous sommes les deux derniers joueurs de cette table et que je suis sûr qu’elle ne triche pas alors peut-être me prêterais-je au jeu. Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas joué sans tricher. Oui, je pense que je vais me prêter au jeu. La défaite est une chose que j’ai oubliée depuis le temps et l’adrénaline provoquée par l’attente, par l’appréhension de savoir ce que possède l’autre un état que je me languis de retrouver un jour.

Tout en commençant à distribuer, prenant le temps de vérifier certaines cartes données au passage ma voie s’élève de nouveau autour de la table. « Au faite, nous n’avons même pas pris le temps de nous présenter. Vos parents me taperaient dessus s’ils savaient le manque de bonne manière dont je fais preuve. Je me nome Wisely. ? »

Julia restait murée dans un silence de plomb, laissant planer une atmosphère lourde et pesante dans toute la pièce. Seuls les quelques cris des alcooliques se faisaient alors encore entendre, trop pris par la boisson pour se rendre compte de la catastrophe qui se préparait, lentement, mais sûrement. Le tavernier n'osait plus prendre les devants et se contentait d'observer sa jeune amie, prise entre deux feux, dans un filet dont elle n'aurait aucun mal à se sortir mais ou elle se plaisait convenablement. Le Déchu en face d'elle n'avait aucune limite, mais également aucune ressource. Il ignorait tout de son passé, de ce qu'elle représentait, et il ne tarderait pas à s'en mordre les doigts s'il poursuivait sur cette lancée. Mais qui était-il pour ainsi le juger ? Il haussa les épaules, retournant à ses clients effondrés sur le comptoir. Les affaires tournaient, et la Morte n'y était pas pour rien. Elle évoquait le malheur, la détresse, le désespoir dans le regard de ceux qui la croisaient, et ils se jetaient sur la bouteille comme s'il s'agissait de leur unique roue de secours, de leur porte vers un monde meilleur. Qu'ils étaient naïfs, et pourtant l'être humain est fait ainsi. De peur, de réconfort. D'illusions et de souffrances. Un sourire arqua ses lèvres. Elle gagnerait.

Tous s'enfuient, partent la queue entre les jambes sans réclamer leurs dû. Ils n'ont pas peur, non. Ils sont tout simplement réalistes. La Dullahan poussa un long soupir, avant de croiser ses mains et d'y déposer son menton. Se penser invincible était la plus grosse erreur qu'il se permettrait, et également celle qui le ménerait à sa perte en un rien de temps. Elle n'aurait qu'à s'asseoir et regarder paisiblement, un sourire narquois sur le visage, une expression de victoire ancrée dans son joli minois. Bientôt ces hommes comprendraient, s'ils restaient dans la taverne, que leur choix de s'en aller fut des plus judicieux, des plus intelligents. Car ils n'étaient tout simplement pas préparés à la suite des événements, à la tournure que prendrait cette simple partie, ce jeu ordinaire auquel beaucoup trop de personnes s'adonnaient sans crier gare. Elle ne changea pourtant pas la mise qu'elle proposait, la jugeant suffisamment gourmande pour attirer l'attention de l'être dépravé qui lui faisait face. Elle pouvait lire dans ses yeux l'appat du gain, le désir, l'Envie sous toutes ses formes. Et intérieurement, elle ne pouvait s'empêcher de rire. Il se contenait, tentait de ne pas sombrer dans la folie, et agissait avec une mesure surprenante. S'il était des plus méprisants, il ne s'en trouvait pas pour autant dénué de caractéristiques appréciables. Le rôle du croupier lui siait bien, à lui dont les mimiques ne pouvaient mentir, ne sauraient cacher ce qui se tramait dans son esprit.

A l'évocation de ses parents, Julia ne put retenir un très léger rire, tristement sincère. « Vous auriez du devenir comique, le physique y est déjà après tout, mais vous ne cessez de me prouver que votre stupidité est à la hauteur de mes espérances. ». Il refusait d'admettre son âge, car elle l'intriguait terriblement. Et cette situation, elle la connaissait par coeur, car nul ne faisait sa connaissance sans se poser milles et unes questions à son sujet. La curiosité est un bien vilain défaut. « Je me prénomme.. ». Bellatrix ? Utiliser son nom de scène, celui sous lequel elle se cachait ? Pourquoi se lancer dans une telle mésaventure pour une misérable créature ? Elle sourit. « Julia Zurel ». Avec de la chance, cela évoquerait peut-être aux plus habitués de la taverne l'ancienne Capitaine Pirate. C'était pratiquement impossible, et la concordance ne pouvait être si facilement faite, mais elle s'amusait de tous les voir chercher au plus profond de leurs souvenirs où se situaient cette silhouette si caractéristique, portant avec ravissement deux splendides oreilles de Fennec sortant d'un chapeau.

Suivant du regard les réactions suite à la révélation de son identité, la Morte saisit un mouvement suspect de manche sur sa droite, à peine perceptible mais qu'elle reconnut sans difficulté. L'un de leurs opposants cachait quelque chose, et n'agissait pas véritablement à l'amiable lorsqu'il s'agissait d'argent. Opposants, peut-on les nommer ainsi ? Camarades de jeu, plutôt. Mais s'il y avait bien une chose qui avait déteint de l'Elfe sur sa protégée, c'était le besoin de faire régner la justice. La seule différence étant qu'elle appliquait uniquement la sienne, celle qui lui semblait bonne. « Cessez vos enfantillages. ». Elle saisit encore une fois une mise de son côté, jusqu'à ce que la triche se fasse beaucoup plus évidente, presque ridicule. Et se foutre d'elle de la sorte ne durerait pas longtemps avant qu'elle ne prenne les choses en main, qu'elle n'attrape les rennes de la vie de ce fou, de ce malotru qui ignorait encore alors ce qu'il venait de faire, le pétrin dans lequel il venait de se mettre. Donnant un léger coup sous la table, elle alla frapper contre le genou du Déchu, attirant son attention. De l'aide ? Sûrement pas. Chercher à le déconcentrer ? Elle ne se rabaisserait pas à ce stade. Non, c'était un avertissement. Car elle en était persuadée. Lui aussi, avait vu. Et elle le fixait toujours, l'air de dire « Marche ou crève ».

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Un fin sourire sur les lèvres, je m'enfonce dans ma chaise, regardant les joueurs autour de moi. Certains d'entre eux ne peuvent s'empêcher d'avoir un léger frisson en entendant le nom de l'enfant nous faisant face alors que les autres sondent leur esprit dans l'espoir de trouver une information quelconque leur permettant de savoir ce que ce nom signifie. De mon côté je me contente de sourire  de plus belle. Une blague de ses parents ou bien un curieux hasard je ne sais pas ce qui serait le mieux. Dans tous les cas je peux m'estimer chanceux d'avoir fait sa rencontre. Ce qui n'est pas forcement son cas.

Les mains croisée sur mon ventre je prends le temps de toiser nos adversaires. Nos jouets serait un mot plus approprié à bien  réfléchir. Quoi qu'il en soit, adossé dans ma chaise je regarde avec attention le jeu se dérouler. Une distribution faussé à ma droite, un tas de pièce qui disparaît devant moi. Cela me désole. La triche fait partie intégrante du jeu c'est un fait. Mais ce qu'ils font n'est pas tricher. Tout au mieux il se donne en spectacle. Et même ça ils le font mal. La tête légèrement penchée en arrière, le menton relevé je réfléchis. Je réfléchis à comment mettre un terme à tout cela tout en ne me privant pas de mes méthodes personnel. Je n'avais pas spécialement envie de tricher contre elle cependant, face à tous ces… Ils… Face à eux, je ne vais avoir d'autre choix que d'y mettre un peu du mien.

Un petit coup de pied sous la table et un regard appuyé me fait comprendre que je ne suis pas le seul à penser cela. Un grand sourire sur les lèvres je la regarde en acquiesçant discrètement. En nous comptant, nous sommes neuf autour de la table, ce qui inclus sept joueurs autres. Parmi eux, un seul ne me semble pas tricher d'une manière ou d'une autre, deux contournent les règles en étant seule et les quatre dernier sont indéniablement ensemble. La première étape sera donc de mettre hors jeu les trois premiers. Ce qui tombe bien dans la mesure ou c'est à l'un d'eux de distribuer les cartes.

« Tu sais, si tu voulais me faire passer un message tu n'avais pas besoin de te cacher. Je suis persuadé que nos adversaires n'aurait même pas fait attention à ce que tu dis, regarde » Au moment ou je prononce ce dernier mot je frappe avec suffisamment de force sur la table pour faire sursauter notre croupier. Ce dernier s’arrête dans son geste, gardant en main la carte qu'il comptait distribuer. La troisième carte du paquet. « Tu vois. Personne n'a fait attention à un détail pourtant simple. Le bruit des cartes change quand il les distribue. Une carte sur trois un frottement se fait entendre. » Me retournant vers lui je lui enlève la carte et le paquet des mains, prenant le temps de les regarder au passage. « Ainsi, vous vouliez donner ce trois de cœur à notre collègue au lieu de ce... » Je regarde la carte sur le dessus du paquet « Oh, au lieu de cet as. C'est une décision idiote mais compréhensible. Bon, je pense que je n'ai pas besoin de vous expliquer ce qui se passe quand une personne est prise en flagrant délit de triche ? » Voyant qu'il se lève je me mets à mélanger les cartes en l'encourageant du regard. « Très bien, vous comprenez vite, je vous remercie, vous m'épargner de laborieuse explication que je n'avais absolument pas envie de donner. Par ailleurs, maintenant que nous avons vu qu'une personne autour de cette table n'a eu aucun remord à tricher honteusement peut-être voudriez vous partir ? » Un frisson parcourt la table et pendant un instant je crains que mes mots n'aient l'effet escompté finalement, le seul joueur honnête se lève à son tour. « Très bien, vous avez pris la bonne décision. Dans votre cas, comme le départ se fait volontairement je vous laisse reprendre… Hum disons trente pour cent de votre mise. Cela me paraît-être un bon compromis n'est-ce pas ? »

S'il est possible de tuer un homme d'un regard alors ce doit être avec le genre de regard qu'il me jette en quittant la table, laissant finalement la totalité de son or à notre bon soin. « Bon, finalement il n'aura pas accepté mon offre. Ce qui est compréhensible en même temps. Laissez moi calculer… trente pourcent de cinq pièce d'or… Hum oui, il a définitivement bien fait de ne pas les prendre » Décalant les pièces je place sa mise ainsi que celle du tricheur au milieu de la table, en en prenant une de chaque pile au passage. « Voyez cela comme un dédommagement que je m'octroie. Après tout, je suis celui qui à dévoilé un tricheur et celui qui nous a fait gagner » Je fais semblant de compter « Quatre pièces. Ce n'est pas rien. » Toujours en souriant je me retourne vers Julia, parlant sans prononcer le moindre son. Plus que cinq.

La jeune fille croisa les bras, enfoncée dans sa chaise, l'air presque las. La blanche ne s'amusait même pas en ces lieux, et daignait se demander ce qu'elle pouvait bien faire dans ce bar, à cette table plus précisément. Un soupir s'échappa de l'entre ouverture de ses lèvres, tandis qu'elle reportait son attention sur le tavernier qui s'affairait à servir ses nombreux clients, affluant autant au comptoir que sur les tables. Pendant quelques secondes, elle laissa son regard se balader entre les inconnus accoudés, haussant un sourcil dés lors que quelque chose changeait de l'ordinaire, autant dire qu'elle ne bougeait pas d'un pouce. Saluant d'un bref signe de la main un Déchu qu'elle avait déjà côtoyé l'espace d'une journée, d'une nuit peut-être, elle éprouva une certaine peine à se remettre dans le jeu, tout simplement car il ne l'intéressait plus. La seule chose qui attirait un tant soit peu son attention se trouvait être le jeune homme en face d'elle qui tentait de la taquiner depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Replaçant une mèche de ses longs cheveux blancs en arrière, ramenant ensuite une de ses anglaises entre ses doigts qui se mirent à jouer avec par habitude, presque mécaniquement, elle plongea son regard dans le sien.

Neuf personnes, neuf idiots parfaitement manipulables. Neuf victimes qui ne demandent qu'à être tuées dans la seconde et pourtant.. Pourtant la petite ne pouvait détacher ses yeux du jeune homme qui la toisait depuis le début de la partie. Elle s'attarda sur chaque détail, comme si elle désirait retirer quelque chose de son apparence, s'en servir contre lui, plus tard. Car cela ne serait pas la dernière fois que leurs chemins se croiseraient, elle le sentait. Du haut de ses boucles désordonnées à sa barbe de trois jours mal entretenue en passant par les cernes entourant ses yeux lui donnant un air plus qu'atrocement malade, il ne donnait envie à personne, aurait pu être confondu avec un clochard perdu dans les rues, mais se comportait comme un noble sir aux vertus quelques peu douteuses. Un sourire arqua les lèvres de la morte vivante, déformant ses traits redevenus jovials. Elle trouverait le temps d'en apprendre plus, ne lui laisserait pas le choix de repartir. Et de toute façon, elle allait gagner cette partie.

Essayait-il de l'impressionner ? Si c'était le cas, il se mettait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, et s'enfonçait dans sa propre médiocrité, car la Blanche n'avait pas même sursauté en le voyant agir. Elle se tenait en tant que pièce maîtresse, un sourcil à peine relevé, une moue visiblement agacée par si peu de surprise. Les frottements des cartes entre elles n'avaient jamais été anodins, seulement il était évident que les triches étaient différentes et non pas complémentaires. Ce n'était pas en faisant partir l'un d'entre eux que tout le plan s'effondrerait. Il semblait vouloir tous les faire tomber un à un, savourer chacune de ses victoires. Un léger rire mesquin fit vibrer les cordes vocales de la petite. C'était si.. immature. Julia préférait depuis quelques temps frapper un grand coup et voir tout s'effondrer sous son poids, voir les hommes finir par s'entre-tuer de par l'inutilité manifeste du fonctionnement sur lequel ils avaient du travailler pendant des mois. Cependant, elle n'était pas de ceux que l'on pouvait facilement berner, loin de là. « Vous vous amusez, j'espère ? ».

Décroisant ses bras, Julia se remet bien assise sur son fauteuil, posant sa jambe sur l'autre dans une mine presque dégoûtée. « J'espère que vous n'allez pas essayer de remporter la partie en usant de tels stratagèmes, ce serait fort ennuyeux. ». Elle sourit. « Après tout, repérer les tricheurs est à la portée de tout le monde ici, et en profiter pour récolter l'argent qui se trouve sur la table en les forçant à se retirer est loin d'être la plus belle des manières de gagner. ». Et elle craqua ses poignets, mécaniquement, levant les yeux au plafond. « Enfin, nous n'avons pas les mêmes valeurs, je présume. ». Si cela pouvait sembler assez évident au premier coup d'oeil, cela lui faisait manifestement plaisir de le préciser encore une fois. Ce n'était pas parce qu'ils allaient collaborer pour ce coup là qu'il devait se prendre pour ce qu'il n'était pas, loin de là. Il allait rester bien gentiment à sa place. Déposant ses cartes sur la table d'un seul coup, elle fit table rase et ramena quelques pièces vers elle. « J'ai plus d'un tour dans mon sac, si vous voulez perdre votre temps à repérer ceux qui trichent, c'est votre problème. ». Elle dévoila sa main, où se trouvait une composition qui, si elle ne s'avérait pas agressive, ne s'en trouvait pas moins dangereux. « Si quelqu'un peut faire mieux, je lui prie de se dépêcher. Je n'aimerais pas que cette partie dure trop longtemps. ». Et, usant de ses pouvoirs, elle apposa son poignet sur son voisin. Un maudit de plus, cela ne pouvait pas faire de mal dans ce genre de circonstances...

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« Bien plus que ce que vous pouvez imaginer. Même si je dois avouer trouver regrettable qu'une partie si agréable soit gâchée par des tricheurs » Mimant une moue boudeuse je secoue doucement la tête dans un signe de déni. Cette partie est sans aucun doute l'une des meilleures que j'ai eu l'occasion de faire depuis bien longtemps cependant, à aucun moment je n'accepterais de l'avouer. Pour l'instant tout du moins. Actuellement personne autour de cette table ne doit savoir mon ressentis vis-à-vis de cette partie. Cela serait faire un premier pas vers la défaite ou l'abandon. Je n'ai jamais fait ce pas au par avant et il est hors de question que ce soit aujourd'hui. Même pour elle. « Que vous me pensiez être capable de me rabaisser à de tels stratagèmes me blesse énormément. Bien entendus se serait mentir que de dire que je n'ai jamais… Aidé la chance. Mais pas de manière aussi grossière que les gens présent autour de nous » D'un vague geste de la main je désigne les cinq joueurs encore à notre table. Le fait d'annoncer ainsi ma tendance à la triche peut sembler idiot néanmoins c'est loin d'être le cas. Tout d'abord car cette action vient de moi. Et je ne fais jamais rien de stupide. Ensuite car annoncer quelque chose comme cela est bien souvent suffisant pour semer le doute dans l'esprit des gens nous entourant.

« Oui, peut-être as-tu raison, peut-être que prendre cet argent n'était rien de plus qu'un coup bas grossier. Mais soyons franc, aujourd'hui plus personne n'agit de manière gratuite. Tout fait office de demande de paiement. Il est donc naturel que je fasse de même pour vous avoir fait profiter de mes services n'est-ce pas ? » Devrais-je continuer de tenter de la pousser à bout ? Si je me fis à son attitude depuis toute à l'heure et à mes connaissances dans le domaine des joueurs alors tout cela ne servira à rien. Non. Non non non, me borner dans cette voix ne donneras rien de bon. Ou trop tardivement. Cette manière d'appréhender le problème n'est pas la bonne. Dans un premier temps je vais, ou nous allons si elle accepte d'entrer dans mon jeu, nous débarrasser des membres présent ici. Une fois que nous serons tous les deux je prendrais le temps de regarder la situation en détail afin de prendre la meilleure décision possible. « Tu devrais faire plus attention à ce que tu dis et ce qui t'entoure. Certes, on pourrait penser que je ''perds'' mon temps à débusquer les tricheurs cependant, en plus de nous permettre de passer une agréable partie » Je prends une courte pause en faisant courir mon regard sur l'assemblée, agissant comme si je les mettais au défis de me contredire « Et puis, sans me vanter pratiquer cela de manière régulière ma doté d'un sens de l'observation relativement aiguisé. »

Je ponctue ma phrase d'un sourire en désignant d'un infime signe de tête le poignée d'un joueur. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elle a pu faire en s'appuyant dessus de la sorte quoi qu'il en soit les chances que cela nous soit néfaste sont relativement faible. Posant mes cartes face retournées sur le côté je regarde la salle avec un insistance. Quelque chose me tracasse sans que je parvienne à deviner de quoi il s'agit. Un changement infime mais pourtant primordial dans l'ambiance de ce lieu. Et surtout, plus important je ne parviens pas à retrouver Lina. Nous avions pourtant convenus qu'elle resterait dans mon champ de vision dans le but de m'informer en temps réel de l'état des joueurs à notre table. Décalant une des pièces présentes devant moi au milieu de la table je hausse les épaules. « Vous voyez, je ne suis pas un mauvais bougre. Même si j'étais en train de tricher et cela n'est rien d'autre qu'une supposition soyons clair, je vous laisse gagner cette manche. L'homme qui vient de nous quitter n'aurait probablement pas été aussi gentil. »

En même temps un mouvement à ma droite me fait presque pousser un soupir de soulagement. Débarquant dans une tenue de serveuse Lina arpente la salle, se rendant d'une table à l'autre afin de servir les clients, s'arrêtant de temps à autres afin de parler et de rire avec eux. Alors qu'elle passe à proximité et me regarde dans les yeux son message est clair 'Donne t'en à cœur joie j'assure nos arrières'. Comme je l'ai fait quelques instants plus tôt je souris en secouant la tête. « Excusez-moi ou en étions nous ? Je viens de recevoir un message pour le moins surprenant ce qui ma fait perdre le cour de nos propos. » Levant la main je fais semblant de me gratter le menton « Ah oui j'avais décidé de vous laisser gagner cette manche dans l'optique de voir comment vous allez réagir à ça. Ça me revient maintenant. »