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 Quand la terre entrouvre ses abîmes [Event PV Saphir]

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Mer 03 Juin 2015, 23:02




Les yeux de Saphir s’étaient assombris lorsqu’elle avait entendu les bruits provenant de la cuisine. Abel tenta de sonder l’esprit de son amie, mais celle-ci se leva avant qu’il n’ait pu vraiment savoir ce qu’il se tramait dans sa tête. Le bélua n’aimait pas ça. Il était bien placé pour savoir que la banshee pouvait poser problème si elle était contrariée, et si lui parvenait à endormir et contrôler de plus en plus la force sauvage qui était en lui, c’était comme si elle prenait peu à peu le dessus sur Saphir. La banshee n’était plus la jeune femme craintive et réservée d’autrefois.
La créature à la peau pâle se dirigea d’un pas rapide vers les cuisines, où une dispute semblait avoir éclaté. Une voix d’homme, grave et accusatrice, semblait être l’origine du tapage, et il semblait que la situation soit sur le point de dégénérer. Saphir balaya la pièce du regard pour poser ses yeux sur une jeune elfe, et la serveuse qui lui avait souri. Elle ne la connaissait pas, elle ne savait pas qui elle était ni ce qu’elle pensait réellement à son sujet, mais la créature avait cette particularité étrange de ressentir parfois une grande empathie pour des gens arborant une particularité qui serait passée inaperçue aux yeux de tous mais qui renvoyait inconsciemment la banshee à son passé d’orine. Voir la serveuse sous la menace d’un employeur, d’un « maître » qui semblait s’apprêter à la brutaliser, réveillait en elle des souvenirs douloureux, qu’elle cherchait à enfouir au plus profond de son être, mais bien trop puissants pour qu’elle puisse s’empêcher d’y penser en une telle situation. Abel savait à présent ce que Saphir avait en tête. Lentement, dans un geste précautionneux, le bélua posa sa main contre le bras de son amie et le serra délicatement. Il savait cependant que créer un contact physique bienveillant ne serait pas suffisant.

Le tenancier de l’auberge, qui s’était senti en position de force face à deux jeunes femmes sans défense, se retrouvait à présent opposé à quatre personnes qui semblaient contre lui. Observant rapidement les traits des nouveaux arrivants, il laissa entrevoir un rictus contrarié. Bouillonnant de rage, il brisa le silence, mais d’une voix moins assurée qu’au préalable.
« Qu’est-ce que… »
La banshee le foudroya du regard, et un écho sinistre envahi la pièce. Des dizaines de voix d’outre-tombe semblèrent s’élever, comme si plusieurs personnes s’exprimaient à l’unisson. Certains tons étaient graves, puissants, tandis que d’autres relevaient presque de cris hystériques. La pression de la main d’Abel s’accentua.
« Vous parlerez quand on vous le demandera ! »
Le tenancier fit un pas en arrière, et la voix de Saphir baissa en intensité, ses échos prenant des harmonies plus chantantes alors qu’elle s’adressait à la serveuse et à l’elfe.
« Est-ce qu’il vous a menacées ? »
Le tenancier ne savait pas trop comment se comporter, oscillant entre la peur que lui inspirait la banshee et son envie de ne pas perdre la face devant sa serveuse. Prenant son courage à deux mains, il fit l’erreur de laisser le deuxième sentiment guider ses actes. Le grand homme attrapa un couteau de cuisine qui trainait sur la table, et les yeux d’Abel devinrent jaunes vifs. Les traits félins de son visage s’accentuèrent en même temps que ses pupilles s’étiraient pour devenir deux fentes allongées. La peau du bélua s’assombrit, mais alors que son totem voulait avancer pour défendre sa vie et celle de son amie, qu’il pensait menacées, Abel constata qu’il ne pouvait plus faire un seul geste. Son corps était comme figé sur place, paralysé par une force qui semblait appuyer sur tous ses membres. Saphir dégagea son bras de la main du bélua et s’avança vers le tenancier, qui semblait dans le même état au vue de son expression abasourdie. La banshee leva l’un de ses bras et ouvrit sa main comme si elle attendait quelque chose. Le couteau qu’avait empoigné le tenancier lui échappa alors pour venir flotter droit vers Saphir. Celle-ci l’envoya sur le côté d’un geste sec, et ses deux mains se relevèrent vers le propriétaire de la taverne. Ce dernier fut propulsé à travers l’encadrement de la porte qui céda sous son poids, finissant sa course à l’extérieur.

Abel se tourna vers Saphir, constatant qu’il pouvait à nouveau bouger. Le bélua pensa que les choses sauraient pu être bien pire, mais à peine avait-il formulé cette idée qu’un craquement sinistre retentit à l’extérieur de l’auberge. Le bélua jeta un œil vers la serveuse et l’elfe, avant que des cris provenant de l’extérieur de l’auberge ne lui fasse comprendre que quelque chose d’autre était en train de se produire. Les sens du bélua lui intimèrent l’ordre de fuir la zone au plus vite, et s’il ne s’était pas exercé à contrôler son totem, il était fort à parier qu’il aurait totalement perdu la maîtrise de son corps à cet instant. L’esprit animal avait des peurs instinctives, souvent liées à la nature. Abel ne comprit que lorsque qu’il ressentit un tremblement parcourir toute la pièce, le déséquilibrant et l’envoyant au sol. Se relevant d’un bond, le bélua poussa la banshee vers la porte, avant de venir aider la serveuse et l’elfe.
« Il faut sortir d’ici, vite ! »
Le petit groupe déboula à l’extérieur, où le tenancier semblait avoir abandonné toute envie de leur chercher des ennuis lorsqu’il avait vu les premières fissures apparaître dans le sol. Abel empoigna la banshee et la regarda dans les yeux.
« Sauve toi d’ici, va retrouver Amarel. »
« Mais, tu… »
« Saphir ! »
Le regard et le ton du bélua ne semblaient pas laisser le choix à la créature qui grogna une seconde, avant de s’évanouir en laissant derrière elle un petit nuage de poussière nacrée. Le bélua se recula vers l’elfe et la serveuse, écartant ses bras comme s’il espérait que cela puisse les protéger, regardant autour d’eux pour assister impuissant à la colère de la terre.


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Jeu 04 Juin 2015, 19:56

Tout était allé bien trop vite pour moi : l'apparition de cette femme qui semblait ne pas me vouloir de mal, puis celle d'un homme effrayant qui lui souhaitait tout le contraire... et d'autres individus. Je ne les connaissais pas et avais envie de pleurer tant la situation m'embarrassait. Et puis, il n'y avait pas que cela : je risquais gros. J'imaginais déjà ce que Madame Rodolf pourrait me faire si elle apprenait mes actes. Le mieux était sans doute de me taire, tout simplement. Je n'avais rien à dire pour ma défense et si cet homme me tranchait la tête, ce serait sans doute moins douloureux que le courroux de la Démone. Pourtant, il se passa quelque chose, une chose que personne n'aurait pu prédire. La terre se mit à gronder, violemment, à trembler. La peur m'étreignit, bien plus que précédemment. Je n'avais aucune notion de ce genre de choses, je ne connaissais pas caprice de la nature, pas ceux là en tout cas. Je me sentis mal, comme s'il s'agissait de la fin du monde. J'étais perdue, cherchant une explication aux vibrations des murs, à celles des objets autour de nous. Tout semblait ne plus être aussi solide. Avant, j'avais l'impression que les fondations de l'orphelinat auraient raison de moi, que jamais je ne pourrai m'enfuir de ce dernier. Maintenant, il m'apparaissait aussi limpide que de l'eau de roche que tout ce que les Hommes construisaient étaient aussi solide que des parchemins pour la nature. Nous pouvions tous êtes balayés en un peu de temps. Et encore, je pensais cela sans être sortie de l'auberge. Mais la voix de l'homme inconnu me rappela à l'ordre, me sortit de mes pensées fatalistes. Il avait raison, nous devions sortir d'ici ! La zone était dangereuse, nous pouvions finir enterrés vivants...

Pourtant, une fois dehors, ce fut l'horreur qui se dévoila à nous. Partout, des habitations s'étaient effondrées, des enfants pleuraient, des femmes gémissaient, des hommes criaient. La poussière de la chute de certains bâtiments obstruait notre vue. Sceptelinôst ne ressemblait plus à la ville que j'avais connu quelques minutes plus tôt. Comment, d'un calme plat, la cité avait-elle pu devenir aussi troublée ? J'avais peur, tellement peur, si bien que lorsque je vis les bras de l'homme se tendre, comme pour nous protéger, je ne pus faire autrement que de me jeter dans ses bras, espérant que rien ne nous arriverait. Je fus un peu apaisée, comme s'il avait le pouvoir de me calmer. Peut-être était-ce simplement l'étreinte. Je n'en avais pas l'habitude. Normalement, j'étais la seule qui réconfortait les filles de l'orphelinat, les plus petites. J'avais de la chance de ressembler à un agneau chétif car cela faisait quelques années que j'étais en âge de rejoindre les prostituées de Madame Rodolf. Quoi qu'il en soit, je fermai les yeux, espérant que lorsque je les rouvrirai, tout serait finis, qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar de plus. Mais rien ne serait plus comme avant. Une partie de moi était paniquée à l'idée que l'orphelinat ait pu être complètement rasé par la colère des Dieux, car de quoi s'agissait-il si ce n'était pas cela ? Des tremblements de terre, je n'en avais jamais vécu et je voyais les événements comme une punition des Ætheri. Je n'étais sans doute pas la seule dans ce cas.

Quelques minutes passèrent, sans que le sol ne vrombisse de nouveau. Saphir ouvrit les yeux, s'écartant de l'homme sans oser le regarder, gênée. Rouge comme une pivoine, elle murmura, bredouillante :

« Excusez-moi... »

Finalement, elle finit par lever les yeux, emportée par son regard. Il était étrange, intense, peu commun. Elle rebaissa ses yeux, se sentant encore plus gênée. Et puis, ce fut de nouveaux cris qui la sortirent de ses pensées. Il se passait encore des choses, elle ne savait pas vraiment quoi. Visiblement, si certains étaient prêts à aider, d'autres souhaitaient plutôt profiter de la situation pour s'enrichir et pour éliminer leurs ennemis. Saphir avait peur pour les filles de l'orphelinat mais, curieusement, elle ne voulait pas quitter cet inconnu. Si jamais elle partait et découvrait que l'établissement n'existait plus et que ses amies étaient toutes mortes, alors elle s'effondrerait.

« Vous... vous ne partez pas avec cette femme... celle qui était avec vous ? »

Sa voix était assez faible par rapport au brouhaha ambiant. La serveuse, elle, regardait l'auberge avec étonnement. Le bâtiment avait tenu malgré tout, même s'il faudrait sans doute faire du ménage.

« Si... si vous restez, peut-être que je pourrai vous aider... »

Elle voulait aider ses semblables mais la seule personne qu'elle « connaissait » dans tout ce monde était bel et bien lui, cet homme pourtant inconnu aux étranges yeux.
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Dim 14 Juin 2015, 00:56




Abel contemplait la scène avec un mélange de peur et d’admiration. Il se trouvait au beau milieu d’un véritable carnage, et rares étaient les bâtiments qui parvinrent à rester debout sous l’effet du martellement de la terre. Eloignés des constructions les plus hautes, le petit groupe ne risquait pas grand-chose tant qu’il se tenait à l’écart des endroits où les débris risquaient de tomber, aussi le bélua tenta de se concentrer sur ce qu’il était sans doute un des seuls à apprécier dans cette ville. La nature reprenait ses droits et venait rappeler aux hommes qu’elle seule était maîtresse des terres du Yin et du Yang. Abel tâcha de s’en cacher du mieux qu’il le pouvait, mais voir ces êtres soi-disant « civilisés » se faire rappeler à l’ordre par une fureur contre laquelle ils ne pouvaient rien ne lui était pas si désagréable. Il y avait de cela quelques minutes seulement, cette cité était encore un repère de criminels et de corrompus. Où était-il donc à présent ? Où étaient les riches, les seigneurs, les propriétaires terriens ? Où étaient ceux qui prétendaient hier encore être maîtres de ces lieux ? Sans doute quelque part en train de ramper pour s’extirper des vestiges de leur grandeur et de leur fierté.
Le bélua referma ses bras sur la jeune elfe lorsqu’elle vint se réfugier contre lui. Il aurait pu être surpris par ce geste, mais il était trop occupé à maintenir son totem sous contrôle et à guetter un éventuel danger au milieu de ce chaos pour réellement se rendre compte qu’il l’attirait contre lui, comme si le fait d’être proche d’elle pouvait le permettre de la protéger.
« Détends toi, fille des forêts, tu ne risques rien. Ce n’est pas après toi que la nature en a. »
Ce n’était bien sûr qu’une illusion, car même si la foi du bélua lui faisait croire qu’il ne risquait rien face à la colère de la nature qu’il avait servi toute sa vie, il n’était rien de plus qu’un mortel au milieu de la tourmente, et sa vie aurait pu s’éteindre en un instant au gré d’une pierre projetée un peu trop vite ou d’une crevasse s’ouvrant sous ses pieds. Mais, comme pour lui donner raison, les tremblements s’arrêtèrent bientôt pour ne laisser derrière eux qu’un paysage désolé.

Après le fracas de l’effondrement des bâtiments et des craquements du sol, les rares cris et pleurs qui s’élevaient maintenant de Sceptelinôst semblaient hors du temps, comme s’ils parcouraient des centaines de mètres avant de parvenir aux oreilles du bélua, alors que la dévastation s’étendait devant ses yeux. Abel avait du mal à réaliser que c’était terminé, du moins pour l’instant. Il relâcha peu à peu son étreinte, laissant de l’espace à Saphir, et tourna sur lui-même pour observer ce nouvel environnement. La cité était en ruine, les dégâts étaient conséquents et le bélua ne pouvait qu’imaginer le nombre de victimes que ce tremblement de terre avait pu faire sur le continent.
Sarah effectuait les mêmes mouvements qu’Abel, se demandant comment sa cité était passée à l’état de ruine en si peu de temps. Alors que les habitants de Sceptelinôst commençaient à retrouver leurs esprits, la serveuse fit quelques pas vers le Nord. Le bélua attrapa son bras sans s’en rendre compte et réalisa en le voyant qu’une ombre remontait le long de son poignet. De courts poils noirs apparurent sur sa main et ses ongles s’allongèrent quelque peu. Abel tenta de bloquer l’esprit animal, mais celui-ci le repoussa avec une force surprenante. Quelque chose n’allait pas. Son totem ne le combattait ainsi que lorsqu’il était en danger de mort. Il avait certes eu grand mal à le calmer pendant les tremblements, mais à présent qu’ils s’étaient arrêtés, la panthère à plaques aurait dû comprendre que le pire était passé. Au lieu de cela, elle redoublait d’ardeur, comme si le pire était encore à venir…
La serveuse se dégagea et lança un regard assassin au bélua.
« Il faut que j’aille chez moi ! »
« Les hauteurs. Nous devons partir tout de suite, vers l’intérieur des terres. »
« Je n’irais nulle part sans mes affaires. De toute manière, si vous voulez sortir, il faudra que vous passiez par la porte Nord, ma maison est sur la route. »
« Alors allons-y, tout de suite. Nous devons nous éloigner des côtes. »
Abel ne comprenait pas ce qu’il était en train de dire. Son totem était étrange. Pourquoi fuir vers l’intérieur des terres ? Pourquoi les côtes étaient-elles dangereuses ? L’esprit animal lui-même semblait l’ignorer, mais le bélua savait qu’il ne pourrait combattre des instincts d’une telle force. Il n’avait plus qu’à suivre les désirs de sa part animale, jusqu’à ce qu’elle soit calmée.

Les yeux félins du bélua se tournèrent vers Saphir. Ses pupilles allongées semblaient plus sauvages que jamais, mais lorsqu’il posa son regard sur l’elfe, quelque chose de bienveillant en émana. Les siens étaient bons envers les forêts et leurs habitants, la panthère le savait. Cela ne valait peut-être pas grand-chose en cet instant, mais s’il pouvait la protéger à son tour, ce cycle vertueux perdurerait.
« Mon amie banshee est déjà loin. Je vais rester avec toi, fille de la forêt, mais il faut qu’on parte d’ici. Tu as de la famille, des affaires à récupérer ? Il faut faire vite. Viens avec nous ! »
Sarah s’élança à travers les décombres, et Abel entreprit de la suivre, tentant de repousser son esprit animal pour que ses mains retrouvent une apparence humaine, mais malgré cela une idée restait fermement ancrée dans son esprit : ils devaient s’éloigner de l’océan au plus vite.


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Ven 19 Juin 2015, 12:45

En réalité, au début, Saphir aurait voulu ignorer son instinct, celui qui lui dictait de porter secours aux filles de l'orphelinat, également aux prostituées qui se trouvaient non loin de la maison dans laquelle elle habitait car, après tout, elles étaient toutes d'anciennes orphelines également. Ces dernières méritaient une vie bien mieux que celle qu'elles avaient eu jusqu'à présent, c'était une certitude. L'Elfe était d'avis d'aider les autres, tous ceux qu'elle trouverait sur son passage et de ne pas succomber aux désirs égoïstes de se précipiter sauver ses amies. Seulement, lorsque l'homme lui posa la question, elle ne put s'empêcher de changer de point de vue. Non, elle ne pouvait pas les laisser. C'était peut-être égoïste d'avoir peur pour elles, de vouloir les sauver au sacrifice, peut-être, de la vie d'autrui, mais elle s'en voudrait toute sa vie durant si ces dernières mourraient parce qu'elle n'avait pas su être présente. Saphir se mit à courir, suivant Abel en fixant les mains de l'homme. Il était étrange mais elle avait déjà vu ça auparavant, ou quelque chose dans ce style. Annabelle, une enfant de l'orphelinat se transformait régulièrement en panda roux, peut-être que cet homme était atteint de la même chose ? Elle ne savait pas trop à quoi ceci était dû car Annabelle ignorait tout de son appartenance raciale et la gérante de l'orphelinat ne perdait pas son temps à expliquer quoi que ce soit. A bout de souffle, tout en veillant à ne pas trébucher, Saphir finit par prendre la parole.

« En fait... J'habite dans un orphelinat ! C'est sur la route ! »

Elle parlait fort afin d'être sûre de bien se faire entendre d'Abel et Sarah. Peut-être ne voudraient-ils pas aller sauver les filles mais elle, elle avait pris sa décision. Si elle avait de l'aide en plus, elle irait plus vite, mais même sans, elle irait.

« La gérante est méchante ! Depuis longtemps je veux m'enfuir avec les filles car nous sommes toutes destinées à devenir des prostituées ! Je... je voudrais que vous m'aidiez ! Il faudrait les libérer ! »

Du moins, si elles étaient encore vivantes. Non, elle n'avait pas à penser au pire. Saphir avait du mal à parler, de plus en plus essoufflée. Elle n'avait pas l'habitude de courir, de fuir. Tout ce qu'elle faisait à l'orphelinat c'était marcher ici et là, dans un petit espace où s'entassaient beaucoup d'enfants. Parfois elle allait chercher des provisions mais ce n'était jamais très loin. Elle n'avait donc aucune endurance. S'arrêtant un moment pour reprendre son souffle, elle se remit à courir. Des cris résonnaient de partout mais elle ne pouvait pas secourir tout le monde. Cette situation était nouvelle car elle la vivait réellement. L'Elfe était habituée à entendre des histoires tristes, macabres, sinistres, de la bouche des orphelines, mais elle n'avait jamais vécu une catastrophe. Son instinct de survie prenait le dessus, comme si elle se trouvait dans une toute autre réalité. Tendus au possible, ses muscles donnaient le maximum pour la sauver. Après quelques secondes de silence, Sarah s'arrêta afin de décider de la marche à suivre.

« D'accord, je vais chez moi, vous deux allez à l'orphelinat. Dès que j'aurai fini, je viendrais vous rejoindre ! On ne peut pas décemment laisser des enfants mourir ! ».

Saphir fixa la femme, reconnaissante. Elle sourit à Abel avant de partir dans une direction. Elle ne savait pas encore s'il voudrait l'aider mais l'information viendrait bien assez vite. Par chance, en arrivant, elle s'aperçut que l'orphelinat avait tenu. La maison des plaisirs, en revanche, s'était à moitié effondrée, des hommes se trouvant autour, dans les décombres, à la recherche de choses à piller. Des corps blessés étaient étendus ici et là, à moitié ensevelis, mais ils n'en avaient cure, préférant s'enrichir en profitant de la situation. Saphir était trop frêle pour se battre contre eux, ou même tirer les corps et elle savait que les orphelines étaient encore à l'intérieur de l'autre maison. Madame Rodolf les avait assez menacé de les frapper si elles sortaient pour qu'elles restent sans bouger dans n'importe quelle situation.

« Je... je vais faire sortir les filles. » souffla Saphir avant de s'élancer à l'intérieur. Abel ferait son choix.

« Ami ! Annabelle ! C'est moi, Saphir ! Vite, il faut sortir ! ».

Saphir criait à s'en rompre les cordes vocales. Seulement, arrivée à l'intérieur, elle se rendit que la situation était bien plus compliquée que ce qu'elle n'y paraissait au premier abord. Deux hommes tenaient une gamine à moitié dénudée, un troisième s'apprêtait à... L'Elfe vit rouge, attrapant la première chose qui lui passait sous la main pour la balancer avec toute sa force sur le pervers.

« Sortez ! Vite ! »

Peu importe si elle avait à en payer un prix quelconque, elle se fichait d'être la cible de ces hommes si les filles étaient saines et sauves.

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Lun 22 Juin 2015, 16:57




Les paysages désolés s’enchaînaient devant les yeux du bélua sans qu’il ne ressente la moindre émotion. Alors qu’ils marchaient vers le Nord à bonne allure, la mine d’Abel se renfrogna, marquant un peu plus les traits félins de son visage. Finalement les autres avaient-ils raison ? Etait-il la bête, le monstre qu’ils voyaient en lui ? Voir toutes ces maisons effondrées, voir la ruine d’une cité et le malheur et la mort s’abattre sur sa population n’était-il pas censé le toucher ? Au lieu de cela, il avait presque l’impression de sentir la bête au fond de lui s’en réjouir. Le fils de Phoebe chassa ces pensées de son esprit alors que Saphir aborda le sujet de l’orphelinat. Elle semblait elle aussi avoir quelque chose à accomplir avant de quitter la cité. Abel sentit sa part animale gronder au fond de lui, mais il parvint à réprimer son envie de protester, se contentant d’emboîter le pas de l’elfe à travers les ruelles désolées. Ils ne tardèrent pas à arriver aux abords d’un des rares bâtiments encore debout, bien qu’il semblait lui-même prêt à s’effondrer. Il ne fallut pas longtemps à Saphir pour s’élancer vers l’entrée pour secourir ses amies. Le bélua voulu la retenir pour lui signifier le danger que représentait le fait de pénétrer dans cet édifice dont il ne savait pas vraiment sur quelles fondations il tenait encore, mais le temps qu’il réagisse, elle s’engouffrait déjà dans ce piège de pierre.
A côté de l’orphelinat se trouvait ce qui semblait être une maison close, mais contrairement à ce dernier, la maison de passe n’avait pas résisté aux tremblements. Les pillards n’avaient pas mis beaucoup de temps à se rendre compte que la grande quantité d’argent que ces établissements brassait était à la portée du premier qui parviendrait à retrouver le comptoir principal et plusieurs d’entre eux étaient déjà à l’œuvre, tâchant de retourner les pierres et fouillant les cadavres de ceux qui fréquentaient l’établissement au moment où il s’était effondré. Abel les observa un instant avec mépris, et son regard croisa celui d’un des hommes au moment où il se tourna pour chercher de l’aide, sans doute pour faire bouger une poutre ou un bloc de pierre plus gros que les autres. Abel le dévisagea un instant, avant qu’il ne retourne à ses occupations.
« Et vous vous dites civilisés… »
Le pillard ne répondit pas, remarquant à peine que c’était à lui que s’adressaient les paroles du bélua, mais Abel réalisa soudain que si des pillards commençaient à sévir, il y en avait peut-être aussi déjà dans l’orphelinat.

Le fils de Phoebe se dépêcha de pénétrer à son tour dans le bâtiment, se dirigeant grâce aux cris de Saphir. Au ton qu’elle employait, il avait certainement vu juste. Le bélua tenta de calmer son esprit animal, s’efforçant de penser aux vertes forêts du rocher au clair de Lune, mais il sentait bien qu’il n’allait plus le retenir bien longtemps. Abel était un sang mêlé, et même s’il avait progressé sur la voie de l’harmonie avec son totem, lorsque ce dernier voulait prendre le contrôle, il n’y avait pas grand-chose qu’il puisse lui opposer pour l’en empêcher. C’était comme une longue pente qu’il dévalait peu à peu sans pouvoir remonter, le menant toujours plus prêt de la transformation qui libèrerait l’esprit félin. Le bélua pensait au rocher, à la Lune, au moment où il fit irruption dans la pièce. Saphir faisait face à un homme, tandis que deux autres maintenaient les bras d’une jeune fille dont les vêtements avaient été arrachés. Les autres orphelines semblaient terrifiées, et il y avait de quoi. Ces brutes semblaient prêtes à les violer impunément, profitant du chaos pour assouvir leurs pulsions malsaines. Alors que Saphir demanda à ses amies de quitter les lieux, Abel admira son courage. Elle ne savait même pas qu’il était là, et encore moins qu’il était capable de lui venir en aide. Le bélua regarda rapidement les amies de l’elfe pour s’assurer qu’ils étaient arrivés à temps, et quelque chose attira son attention. L’une d’elles était couverte de poils roux et ses oreilles changèrent de forme pour ressembler à celles d’un animal. Abel s’étonna de ne pas avoir reconnu plus tôt l’une de ses semblables. La jeune orpheline voulu suivre les instructions de Saphir et quitter la pièce, mais l’une des brutes se décala et expédia son poing dans le ventre pour la bloquer.
« On ne vous a pas dit de… »
Abel eut l’impression de tomber en avant pour voir ses pattes lui donner une violente impulsion qui le propulsa vers l’avant. L’une des plaques du bélua, située son épaule, percuta sa proie et l’envoya au sol. Abel ne maîtrisait plus rien, il ne s’était jamais transformé à cette vitesse, et déjà ses faits et gestes semblaient lui échapper totalement. Il n'avait même pas réalisé qu'il avait prit sa forme animale. La panthère à plaques approcha du pillard qui tentait de se relever et sa patte s’abattit sur lui avec force, lacérant le bras avec lequel il avait tenté de se protéger. Un cri de douleur s’échappa de la bouche de sa proie au moment où la mâchoire du bélua se referma sur lui, suivie d’un nouveau coup de griffe. Un feulement terrible couvrit le hurlement du pillard, et les assauts de l’animal massif ne tarirent pas. Les crocs acérés de la panthère arrachèrent en partie le bras de sa victime, ouvrant la voie à ses pattes pour cibler la tête de son adversaire. Un premier coup lacéra son visage et deux autres arrachèrent sa mâchoire. A cet instant, il était clair que le pillard était mort, mais cela n’arrêta pas l’esprit animal. Abel avait l’impression d’être hors du temps, spectateur de ses propres actes, voyant le visage du pillard s’effriter un peu plus à chaque coup. Les griffes de la panthère martelèrent ce qu’il restait du visage du pillard, avant que ses crocs ne partent à l’assaut de sa gorge. Abel savait ce que cela signifiait. C’était enfin fini…
La panthère se retourna, le museau et la bouche dégoulinante de sang, et un grondement sourd retentit dans la pièce alors qu’il fixait les hommes encore choqués par la vitesse à laquelle tout ceci s’était passé. Les pillards ne tardèrent pas à abandonner la fille qu’ils avaient prévu de violer et s’élancèrent vers la sortie comme si la mort elle-même était à leurs trousses.

Voyant ses ennemis potentiels s’enfuir, la panthère rétracta ses griffes et fit quelques pas vers les orphelines, sans vraiment réaliser qu’il leur barrait l’accès à la sortie. Voyant qu’elles avaient presque plus peur de lui que de leurs précédents agresseurs, Abel ressentit une grande détresse lorsqu’il croisa le regard apeuré du panda roux. La panthère regarda la porte, avant de se décaler pour laisser fuir celles qui le voudraient. Son regard triste passa successivement sur chacune des orphelines avant d’arriver sur Saphir. Ses yeux félins brillaient de culpabilité, fuyant rapidement le regard de l’elfe comme s’il refusait d’affronter sa réaction au carnage qu’il venait de perpétrer. La panthère fit quelques pas vers l'intérieur de la pièce, baissant les yeux vers le plancher, sans remarquer qu'une partie du plafond était prête à s'effondrer sur lui.


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Sam 27 Juin 2015, 00:10

Un cri s'échappa des lèvres de Saphir lorsqu'elle vit l'homme qui l'avait accompagné changer de forme. Elle ne fut pas la seule, loin de là. Mais la suite fut bien pire car la panthère attaqua l'un des brigands, lui déchiquetant le visage avec une fureur noire. L'Elfe se plaqua par instinct contre un mur, ne comprenant pas. A vrai dire, tout en elle lui criait de fuir cette situation. Seulement, il y avait les filles et elle ne pouvait pas bouger, immobilisée par la peur. La scène était horrible mais quelque part, sans doute la comprenait-elle, au delà de la surprise et de l'horreur. Ce n'était pas elles que la bête attaquait mais l'un de ces sales types qui essayait de leur faire du mal. Saphir pourtant était effrayée. Rien ne lui garantissait que la panthère ne les tuerait pas toutes après. Annabelle, sous sa forme de panda, avait une peur bleue. Mais n'était-ce pas la chaîne alimentaire après tout ? Le seul prédateur ici, celui qui avait la main, c'était lui. L'Elfe se dit qu'il allait réellement toutes les tuer après qu'il en ait fini avec sa proie principale. Pourtant, elle refusait de le croire. Elle ne savait pas, ne savait plus.

Quand la scène se termina, elle resta sans bouger, le cœur battant la chamade. Que devait-elle faire. Le calme retomba et la bête n'attaqua personne d'autre. Les brigands s'enfuir, terrorisés. Les filles ne bougeaient plus, certaines pleuraient même, d'autres s'étaient cachées. Même quand la panthère dégagea le passage, aucune ne fit un seul geste. Saphir poussa un petit gémissement à peine audible avant de croiser un instant le regard de l'animal. Mais quand elle vit dans ses yeux cette chose... C'était comme si dans ses pupilles, elle pouvait apercevoir l'homme, la bonté sans doute. Elle ne savait pas mais il semblait avoir des remords, regretter ce qu'il avait fait. Incertaine, elle resta un moment sans rien dire ou faire. Avait-elle vu juste ou n'était-ce qu'une impression ? Que le reflet illusoire de ses volontés ?

Saphir fit un pas en avant. Elle ne revenait pas de ce qu'elle allait entreprendre mais elle y croyait. Les filles la regardaient en silence. L'Elfe s'approcha de l'animal, doucement. Les autres durent comprendre ce qu'elle était en train d'essayer car elles s'avancèrent à leur tour, lentement. Tendant la main doucement vers la panthère, elle finit par murmurer :

« Ce n'est pas grave... Tu nous as sauvé... ».

C'était curieux car si elle vouvoyait l'homme, elle ne le faisait pas avec l'animal, comme si elle se sentait plus proche de ce dernier. Pourtant, elle avait encore peur, ne sachant pas ce que le sort lui réserverait. Allait-il choisir de la mordre ou non ?

« Personne ici ne t'en veut. Sans toi, beaucoup auraient été... blessées. ».

Et encore, le mot était faible.

« Tu... tu as fait ce qu'il fallait... ».

Elle toucha enfin le pelage de l'animal. Elle voulait l'étreindre mais le panda roux fut plus rapide, enlaçant le cou de la panthère alors même que du sang tâchait encore sa robe. Annabelle avait reprit une apparence semi-humaine. Ses oreilles de panda étaient restées cependant. Saphir avait un peu peur pour son amie mais bientôt, il y eut toutes les filles autour de l'animal. Elles ne riaient pas vraiment, timides, mais elles semblaient reconnaissantes dans le fond. Elles ne savaient juste pas si ce comportement serait le bon.

Ce fut à ce moment précis qu'un craquement se fit entendre, provenant du plafond. Saphir leva les yeux, voyant déjà la fin de cette histoire. Elle ne pouvait rien faire alors elle se contenta de se précipiter vers la panthère pour protéger Abel comme il l'avait protégé, pour protéger la Bélua panda, pour protéger toutes celles qu'elle pouvait. Mais le temps se suspendit soudainement, du moins, les morceaux de bois et de briques qui allaient s'affaler sur eux. Ils lévitaient dans les airs. L'Elfe chercha la cause de ce miracle et vit Ami, debout, les yeux ouverts, brillant d'un bleu étrange, profond, comme la lueur qui entourait les débris. La petite Magicienne était aveugle depuis sa naissance et jamais Saphir ne l'avait vu ouvrir les yeux avant aujourd'hui. L'enfant murmura :

« Il faut que nous sortions... ».

L'Elfe, sans attendre, répondit :

« Oui, Ami a raison, sortons tous ! ».

Elle se dirigea vers la sortie mais la petite Bélua, elle, resta accrochée au cou d'Abel, souhaitant qu'il vienne avec elles.

« Annabelle... Il va venir... ».

Elle n'en savait rien mais après une courte pause demanda au concerné :

« N'est-ce pas ? ».

Elle lui sourit, espérant qu'il allait les suivre. C'était rare qu'elle converse avec un animal. Elle n'en avait pas l'habitude. Annabelle était la seule Bélua de l'orphelinat et puisqu'elle n'était pas bavarde en temps normal, le problème ne se posait pas vraiment. Saphir devrait prendre ses marques mais une chose était sûre : sa peur s'était envolée, sans qu'elle ne sache réellement pourquoi.

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Mer 01 Juil 2015, 04:56




Abel fut surpris d’entendre les mots réconfortants de Saphir. Il s’était attendu à ce qu’elles s’enfuient toutes dès qu’il leur avait laissé l’occasion. C’est sans doute ce que lui aurait fait s’il avait été à leur place, mais elles semblaient toutes obéir à l’elfe. Après tout, c’était elle qui était sortie de l’orphelinat pour leur chercher de la nourriture, c’était une des plus âgées, et c’était encore elle qui leur avait évité bien des malheurs, du moins avant que le bélua ne s’en mêle. La vue d’un homme violemment tué par un animal sauvage n’était clairement pas ce qu’une fillette souhaitait voir et allait sans doute donner des cauchemars aux orphelines pendant un temps. Mais au moins, c’était moins détestable que de voir l’une de leurs amies se faire violer sous leurs yeux. Peut-être… Abel ne savait pas, mais à présent le résultat était là. Etrangement, l’elfe semblait le craindre de moins en moins à mesure que le temps passait. Pouvait-elle comprendre qu’elle ne risquait rien ? D’ordinaire, bien peu auraient été capable de faire la distinction entre une réaction de défense et une réaction d’agressivité sauvage. Le peuple elfique était proche de la nature, peut-être cela faisait-il partie de ce qu’ils avaient compris des enfants de Phoebe. Abandonnant peu à peu ses réticences, Saphir s’approcha bientôt de l’animal, imité par ses amies. Alors qu’il observait leur comportement avec étonnement, le petit panda roux se trouva bientôt accroché au cou du bélua, tandis que d’autres venaient caresser son pelage. La panthère à plaques ne sut quoi penser, surprise par cette réaction aux antipodes de ce dont il faisait habituellement l’expérience. Abel baissa sa tête contre l’épaule d’Annabelle pour répondre à son étreinte, un grondement sourd et une douce vibration émanant de son corps, lorsqu’il entendit le craquement du plafond.

Instinctivement, la panthère à plaques baissa la tête et attira les deux orphelines les plus proches pour mettre au sol en dessous de lui, espérant amortir le choc avec l’armure naturelle dont elle disposait. Ses pattes s’affaissèrent légèrement et Abel ferma les yeux, prêt à encaisser le heurt des planches et des poutres, mais après quelques secondes il constata que les débris étaient restés figés en l’air sous l’effet d’une étrange magie qui semblait provenir de l’une des orphelines. La panthère aida les jeunes filles à se relever et croisa le regard de l’elfe, lui demandant s’il allait venir avec elles. Ces orphelines n’avaient nulle part où se réfugier, et si elles avaient déjà peine à survivre sans voler avant la catastrophe, il était fort probable qu’elles ne tiennent pas longtemps dans les conditions actuelles. De plus, son totem, même s’il semblait avoir accepté de laisser Abel un peu plus libre de ses faits et gestes, avait toujours ancrée en lui l’idée de quitter les côtes aux plus vite. Peut-être pourrait-il les emmener avec lui ?

Si cela avait été pour n’importe qui d’autre, il était fort probable que le bélua aurait laissé cette tâche à d’autres, mais il appréciait les elfes, et le panda roux toujours attaché à son cou avait achevé de le convaincre. Il devait protéger les siens et les peuples amis, c’est sans doute ce que sa déesse aurait souhaité qu’il fasse.
« Oui, je vais rester avec vous, si vous me suivez à l’intérieur des terres. Sortons d’ici. »
Abel attrapa le panda dans sa gueule, profitant de sa petite taille pour le porter comme les félins portaient leurs petits et l’emmena à l’extérieur, suivant les orphelines. Derrière eux, un autre craquement retentit et la salle qu’ils avaient quittée fut bientôt envahie de poussière et de débris. Ce bâtiment ne tiendrait sans doute plus très longtemps.
Alors qu’ils arrivaient à l’extérieur s’éloignant à bonne distance pour se protéger d’un éventuel effondrement de la structure. Plusieurs personnes rassemblées aux alentours firent quelques pas en arrière en voyant un animal sauvage sortir de l’orphelinat, et Abel estima qu’il était plus avisé pour lui de reprendre forme humaine. Son totem ne protesta pas, le laissant peu à peu reprendre sa forme humanoïde. Ses plaques se mêlèrent à son pelage, sa silhouette s’élança et le bélua se releva alors que ses traits changeaient. Une besace apparut attachée autour de son épaule, et un morceau de tissu scintillant se plaqua sur son corps, masquant les nombreuses cicatrices que la transformation avait révélées en formant des vêtements plutôt classiques, comme il avait l’habitude d’en porter.
Alors que la plupart des orphelines avaient les yeux tournés vers ce qu’il restait du bâtiment, Abel laissa le panda les rejoindre et s’approcha de Saphir, ses yeux félins trahissant une certaine mélancolie.
« Fille des forêts… je… Enfin… évite de t’attacher à moi. Je suis un animal. Je suis très loin d’être l’ami qu'il te faut... Tu as vu les choses qui arrivent autour de moi. Ce n’est pas le premier homme qu’elle tue… que je tue… »
Le bélua peinait à trouver des mots qu’il prononçait à contrecœur. Il était difficile pour lui de parler de son esprit animal. Trouver l’harmonie n’était pas chose aisée, et exprimer ses craintes sans vexer son totem ne l’était pas plus. Abel avait encore un long voyage à parcourir avant de parvenir à cette symbiose qu’il admirait tant chez les béluas plus âgés, et le fait d’être un sang mêlé n’allait pas lui faciliter les choses. Jusqu’à ce qu’il atteigne cet idéal, mieux valait que ses proches connaissent sa vraie nature.
« Rassemble tes amies. Il faut retrouver Sarah et quitter la ville. Dehors, la nature nous apportera tout ce dont nous avons besoin, ne t’inquiète pas. Je resterais avec vous le temps qu’il faudra, jusqu’à ce que vous soyez à nouveau en sécurité. La Lune nous protègera. »
Abel lança un dernier regard vers l’orphelinat délabré, avant de partir avec les orphelines vers la porte Nord.


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Jeu 02 Juil 2015, 17:29

Saphir regarda un instant Abel. Il était moins effrayant sous sa forme humaine mais, finalement, il lui semblait qu'au fond, l'homme était toujours présent dans l'animal. L'Elfe n'y connaissait rien, elle découvrait en quelque sorte, même si elle avait vécu aux côtés d'Annabelle. Néanmoins, une panthère à plaques et un panda étaient deux animaux totalement différents. Pourtant, les meurtres, elle en avait déjà vu, elle avait déjà vu bien pire. Le comprendrait-il si elle lui en parlait ? L'orphelinat était tenu par une Démone, elle n'avait rien d'angélique, bien au contraire. C'était à cause de cette femme que les filles considéraient Saphir comme leur grande sœur, comme leur mère des fois, bien qu'elle n'en ait pas l'âge. Les orphelines étaient obligées de grandir précipitamment et toutes avaient parfaitement conscience de l'avenir que Madame Rodolf leur offrait : un avenir de prostituée. Mais, maintenant, les choses semblaient différentes. Fixant le bâtiment effondré un moment, Saphir prit conscience que l'occasion qu'elle avait toujours attendu, depuis qu'elle était toute petite, venait de se présenter à elle. Elle ne pouvait pas la laisser passer. Il était certain que la Démone reviendrait ici le plus tôt possible pour chercher « ses biens ». Il fallait fuir, partir loin. Oh elle les pourchasserait, cela ne faisait aucun doute, mais elle préférait une vie de liberté, quitte à courir quelques dangers, plutôt que de rester là, être de nouveau enfermée et voir sa vie se dérouler selon les exigences d'une femme cruelle. Oui, elle préférait nettement suivre l'homme dans les terres, accompagnée des filles.

« Ce que j'ai vu c'est que tu nous as toutes sauvées. »

C'était la vérité. Elle seule n'aurait jamais eu la force de combattre ces brigands et les filles avaient peur. Elles avaient toutes peur car elles avaient l'habitude d'être martyrisées. Madame Rodolf leur avait volé leur enfance, leur liberté, que celle-ci soit de mouvement ou d'expression. Toutes ces filles vivaient comme des esclaves et Saphir savait que la liberté n'était qu'une première étape. Il leur faudrait des années avant de pouvoir se reconstruire véritablement.

« Nous vivions toutes avec une Démone sans cœur, qui nous battait, nous traitait de tous les noms. La seule raison pour laquelle elle a tué si rarement des filles à l'orphelinat, c'est parce qu'elles sont toutes destinées à devenir prostituées et à servir ses intérêts. Moi je n'étais pas assez attractive pour le devenir alors je m'occupais des filles, mais toutes les autres... elles ont finis à côté, dans la maison des plaisirs. Alors je t'assure que je préfère mille fois te faire confiance, me tenir auprès de toi en sachant que la bête en toi peut parfois tuer, plutôt que de rester ici à attendre que Madame Rodolf revienne. Tu as tué pour nous sauver, c'est tout ce qui importe à mes yeux. »

Elle ne pouvait dire autre chose. Elle était sincère. Le monde était plongé dans le chaos et elle préférait savoir le Bélua à ses côtés. Elle était convaincue qu'ensembles, ils pourraient s'en sortir. Seule avec les filles, elle risquait encore de faire une mauvaise rencontre, et puis, il y avait bien d'autres questions : comment trouver de la nourriture ? Où aller ? Saphir était déjà sortie de l'orphelinat quelques fois, mais les filles, elles, découvraient le monde pour la première fois. Elle devrait les guider, leur expliquer mille et une choses. Le défi qui s'imposait à elle allait être difficile.

« Nous allons nous diriger vers l'intérieur des terres avec toi. »

La décision était prise depuis longtemps de son côté mais elle préférait le dire de façon claire et nette. Une fois qu'il aurait retrouver Sarah, ils partiraient avec elle et les membres de sa famille s'ils étaient toujours en vie. Sans doute que d'autres avaient pensé à la même idée mais, de toute façon, si les tremblements continuaient, il n'y aurait rien d'autre à faire que d'essayer de gagner des terres sauves. Sceptelinôst ne ressemblait plus qu'à un champ de ruines, flou à cause de la poussière des débris.

Saphir se dirigea vers les filles. Elle devait leur parler, leur dire ce qu'il convenait à présent de faire.

« Ne regardez plus ce bâtiment, il n'est plus notre vie à présent. Nous avons devant nous une occasion qui ne se représentera plus. L'homme qui nous a sauvé nous a proposé de nous conduire dans les terres où nous seront plus à l'abri. Nous allons aller avec lui et nous trouverons un endroit bien dans lequel vivre. Venez. »

Les filles lui obéirait, elle le savait, trop perdues pour résister. Et puis, rien ne les attendait ici. En passant devant Abel, l'Elfe murmura :

« Allons-y. ».

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