Le monde devenait si laid... Je le contemplais, de mes yeux innocents, alors que celui-ci tremblait depuis peu de temps. Toutes les créatures sur terre en souffraient. Elles avaient peur. Du moins était-ce ce que je m'imaginais. Les arbres, je les entendais si faiblement maintenant, semblaient avoir mal... Et moi, je restais impassible à tout ce chaos, extérieurement. A vrai dire, je n'avais jamais été particulièrement doué pour laisser mon visage exprimer mes émotions... Il faut dire que je parle bien plus aux oiseaux qu'aux humains, et que ces derniers n'ont guère besoin de plonger leurs pupilles dans les miennes afin de déterminer mon humeur. D'ailleurs, alors que j'étais adossé à un vieux chêne non loin de ma maison à la capitale Elfique, un petit écureuil roux ainsi qu'une adorable mésange à la gorge jaune et au plumage bleu s'étaient tous deux postés de part et d'autres de mes bras, posés contre l'herber fraîche. Avaient-ils peur eux aussi de ce châtiment que les Aetheri nous infligeaient ? Les animaux sont bien souvent les premiers à ressentir les catastrophes en approche et bon nombres de créatures de la Forêt m'avaient semblé bien agités lorsque je m'étais éveillé... Pourtant, je ne parvenais pas à me lever, à me laisser gagner par la terreur, moi aussi, et de fuir mon logis dans l'espoir de trouver un endroit qui ne sera pas secoué de toute part. J'étais... inerte... Me contentant d'observer les cieux et ce qui m'entourait. Plusieurs fois, quelques uns de mes semblables vinrent à moi, me secouant légèrement, me suppliant de ne pas rester ici... Pourquoi devrais-je partir ? La Forêt me protègera. Elle ne me fera jamais de mal. J'en avais la certitude.

« Oroshi, mon petit, il est temps que tu cesse ta contemplation. Que ferais ta pauvre mère si son deuxième enfant mourait écrasé par un platane ? » Ma mère, toute de cuir vêtue, me tendait sa main. Son visage reflétait son anxiété. Me lever ? Partir ? Mais pour aller où ? Je levais ainsi mon regard vers elle, de mes yeux à la lumière terne. Le monde était si laid à présent que je ne me sentais plus l'âme de composer pour lui. Ma vie n'avait aucun sens. Celle des autres non plus. Pourquoi se battre pour demeurer dans un monde que les désastres ne cesseront jamais de toucher ? Je voudrais tant partir, ailleurs, loin de la misère, loin des cris et des pleurs... Loin de cette mère qui provoquais en moi une réaction de profonde tristesse mêlée de culpabilité. Alors, j'attrapais cette main tendue, sans un mot, ne cherchant même pas à lui sourire. Étais-je seulement capable d'aimer celle qui m'a mise au monde ? Non... Je lui en voulais presque... « Merci mon chéri. Nous allons partir à la Citadelle Blanche, chez les Anges. Il y a d'étranges statues qui y sont apparue et je veux les étudier. » Une scientifique dans l'âme, ma mère. Passionnée d'histoire et d'art, aussi. Peut-être la seule chose que nous avions en commun. Et sa vivacité me fatiguait. Pourtant, je la suivis de nouveau, car elle avait su capter mon attention. La capitale du peuple aux ailes blanches ? Je ne l'avais jamais vu. En moi naquit le maigre espoir qu'il restera là bas quelques traces de beauté que je pourrais coucher sur le papier. Je fit donc un signe d'adieu à mes compagnons animaux, avant de prendre la route à dos de notre griffon.

Nous n'étions d'ailleurs pas les seuls de notre peuple à avoir prit la route. Chacun chevauchant un quadrupède pourvu d'immenses ailes colorés, le voyage n'en fut pourtant pas agréable... La faute au vent. J'ai appris un jour de la bouche d'un sage qu'un élément est rarement seule à se déchainer, et je pu vérifier l'exactitude de ses propos. Comme un échos à ce qui se passait au sol, de violentes bourrasques et micros tornades menaçaient à chaque instant notre expédition. « Vite ! Elle va tomber ! » Un homme venait de hurler, alors que l'action rattrapa ses paroles. Une jeune elfe venait de tomber de son destrier. Je la fixais, impassible, alors qu'elle hurlait son désespoir à nos oreilles. Mais ma mère, encore une fois, n'étais pas comme moi. Elle fit fondre notre Grimjow sur la malheureuse et parvint à la rattraper d'une habille pirouette. Tous l'acclamèrent, alors que je me retrouvais avec une inconnue me serrant toute contre elle. Je n'aimais pas le contact physique. Qu'elle me lâche au plus vite. Mais la demoiselle ne semblait pas de cet avis, car elle m’étreignit jusqu'à ce que notre petite escouade parvint à se poser sain et sauf sur la terre des anges... Et je dois dire qu'une nouvelle fois, la déception était au rendez-vous... « Bonjour ! Je me nomme Ælith. Vous devez-être les scientifiques venu étudier les "apparitions" ? » « C'est exact. Je me nomme Mælia et voici mon fils, Oroshi. Pouvez-vous nous conduire jusqu'à elles ? » « Mais certainement ! Suivez-moi Dame Elfe. » que de politesse dans sa voix, teinté d'un certain empressement... Les anges semblaient avoir fort à faire, et leur cité suspendue ne semblait pas avoir été épargnés par le cataclysme. Pourquoi ? Je commençais à me poser des questions... Et toute cette histoire avait reçu un regain d'intérêt de ma part. Je me sentais... Revivre ? Non... Toute fois, j'avais désormais hâte de découvrir ces fameuse œuvres d'art sortis des profondeurs de la mer...

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