Le jeune elfe semblait être ailleurs, comme à son habitude. Il observait les étoiles, qui semblaient être plus brillantes qu'à l'ordinaire. Était-ce un signe ? L'une d'elle partit en flèche et zébra les cieux, laissant derrière elle une trainée lumineuse. Une étoile filante. Oroshi fit alors un vœux. Celui de pouvoir rester ici, sur cette petite île volante, à jamais allongé dans l'herbe verte secoué par les vents. Même si ces derniers se montraient de plus en plus violents. Même si des monstres sautaient hors de l'eau pour tenter de l'atteindre. Le garçon n'avait tout simplement pas conscience du danger qui l'entourait et peut-être que même si cela n'avait pas été le cas, ce dernier se serait contenté de suivre la marche sans trop poser et se poser de questions, sans comprendre qu'il jouait ici avec sa vie et son avenir. Mais savait-il vraiment ce que ces deux mots signifiaient ? Il était bien trop loin de la cruelle réalité de cet Univers. Il se rêvait déjà en astre stellaire, à des milliers de pas de la terre, dans un monde étrange, inconnue mais d'une beauté sans pareille. « Il n'est pas de chez nous. » Voilà ce que bien des elfes pensait de lui en le regardant. Bien plus fin que ses congénères, bien plus proches des cieux que de la forêt, tout le monde pariait également sur le fait que ce dernier ne survivrait pas à "la maladie" tant il semblait être absent. Plus haut se trouve-t-on, plus dure sera la chute, dit le dicton. Pourtant, il existait bien une bonne âme qui croyait en lui, qui continuait malgré tous les non-dits, les ragots et les mauvaises pensées, à rester convaincu qu'Oroshi serait un jour en mesure de devenir un Elfe modèle, utile à la société dans laquelle il évoluait, et que c'était même peut-être son détachement de la réalité qui le sauvera d'une mort certaine, quand le Temps du Double sera venu.

Et cette personne n'était autre que sa tendre mère, une femme forte, que beaucoup respectaient pour son courage, sa sagesse et sa capacité à mener un groupe même à travers les cataclysmes les plus violents. Beaucoup ignorent son passé, mais les plus anciennes rumeurs d'Earudien s'accordent pour venter ses méritent à qui veut bien y prêter une oreille attentive. L'on va même jusqu'à lui prêter le rôle de seconde main de l'actuel Elfe Éternel, même si aucun indice n'a pu être trouvé pour rendre ces simples idées bien concrètes et personne n'eut jamais le courage de lui poser la question en face, tant la Dame peut être impressionnante. Quoi qu'il en puisse être, la jeune mère s'était approché de son enfant, alors que l'on pouvait lire tant d'amour, tant de tendresse à son égard dans son regard. Elle se pencha délicatement à ses côtés et posa une main sur l'une de ses épaules, fragiles. Puis une voix chantante sortit de ses fines lèvres, pour se porter jusqu'aux oreilles du poète et l'atteindre dans son monde à lui. « Oroshi ? Mon enfant ? Nous devons partir. Des villages ont besoin de notre aide. Peux-tu te lever ? » Deux grands yeux bleues azure se tournèrent dans sa direction, et l'observèrent un instant comme si cette dernière avait été un animal étrange, nouveau, et curieux. Puis après plusieurs minutes où les prunelles de cette famille ne purent se quitter, l'enfant aimé se redressa et sembla peu à peu quitter son univers pour rejoindre celui de sa mère. « Oui... Oui... Je vous suis, mère. Où allons-nous ? » « Dans un petit village de la Zone rocheuse du Continent Dévasté, non loin des côtes. Ils nous faut aider ceux qui ne craignent pas assez le danger pour le fuir. »

Le jeune Elfe se releva alors, s'appuyant sur la main tendue de sa génitrice, et se passa délicatement une main dans ces cheveux, bien que ce geste ne lui permit pas pour autant de créer un semblant d'ordre dans sa tignasse. Il s'étira, tel un chat, puis se frotta les yeux comme un petit enfant. Enfin, il regarda sa mère dans les yeux et lui sourit, rêveur. « Je ne suis jamais allé dans cette partie du monde. Peut-être ferais-je d'intéressantes rencontres ? » « J'en suis persuadée. Maintenant, il est temps de reprendre la route. Suis-moi. » Et ils montèrent à dos de leur griffon, rapidement imité par le reste du groupe, également posé sur quelques petites îles volantes appartenant au chapelet que la Dame avait choisit d'investir pour se reposer. Le voyage, encore une fois, ne fut pas de tout repos, mais Oroshi, lui, rêvait déjà à ceux qu'il n'avait pas encore rencontré, et sa conscience était déjà bien loin du danger de son présent. Lorsqu'il se posèrent, ce dernier sortit un carnet de croquis, soufflé par la beauté de ce paysage désolé, et commença à dessiner. La quasi totalité du village avait les pieds dans l'eau... Et cette dernière ne cessait de gagner du terrain, toujours plus. Il fallait faire vite ! Mais ce mot avait-il seulement une signification pour cet enfant qui ne vivant qu'en dehors du Temps ?

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