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 Escape [PV Friedrick] - EVENT: Mission I

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Ezechyel
~ Ygdraë ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 838
◈ YinYanisé(e) le : 27/08/2014
◈ Âme(s) Soeur(s) : Mircella Rumblee
◈ Activité : Stratège
Ezechyel
Mar 02 Juin 2015, 22:37


Quelle horreur… Des roches et de la brique trônaient en maître à travers les résidus de poussière rassemblés en épais et opaque nuage gris. Plusieurs maisons avaient quitté leurs fondations, écroulées dans ce paysage désolé, accompagnées par des arbres de glaces brisés, fracassés sur la surface dure du Berceau Cristallin. Les bras recroquevillés autour de son corps, la Nelphennéen fit un pas dans les décombres, tremblante comme une feuille – l’air glacial des lieux ne l’aidant guère à reprendre du poil de la bête. Pris étau entre ses doigts, le papier se froissa brutalement au son d’un bruit sourd parvenu de sa gauche, qui ne cessait de prendre en force et en puissance. Elle se boucha les oreilles avec ses mains, atténuant que très peu la violence du choc, du grondement qui bourdonnait contre ses tympans. Un énorme fracas tonna dans les alentours, faisant trembler la terre avec une intensité remarquable, effrayante. La jeune femme masquée en tomba à la renverse, ayant soudainement une vue toute particulière du bâtiment qui tombait en morceaux. Ses briques se cognaient sur la glace, fissuraient le sol, remettaient en question la brève et courte stabilité du village. La Nelphennéen essaya de se remettre sur pied, appuyant la paume de ses mains contre la surface gelée et glissante. Elle retomba aussitôt, relâchant un juron. La douleur se répandait dans l’ensemble de son dos. m*rde! Elle serra les dents. Son poing se fracassa contre une pierre à ses côtés. Son geste ne fit que décupler sa souffrance, atteignant les os de sa main, poussant au cœur d’un hurlement silencieux toute la frustration accumulée.

Une main lui fut tendue. Elle l’accepta, sans réfléchir, trébuchant sur la glace. Elle regagna rapidement son équilibre, levant son masque bleu vers l’homme âgé qui se dressait devant son visage. Ses rides étaient creuses, ses cernes aussi noires et profondes qu’un soir sans lune. Son expression trahissait un désespoir, une peur intense qui immobilisa Lûth sur place. Sa voix franchit la commissure de ses lèvres, aussi douce, aussi hésitante qu’un murmure. « Merci. » - « Ce n’est rien mademoiselle. » Il baissa légèrement ses iris dorés. « Je suis heureux que vous ne vous soyez pas blessée au cours de votre chute. » L’homme semblait si triste, abattu. Elle pouvait apercevoir les traces de larme barrant ses joues rougies, son corps tremblé comme une feuille, seule contre la violence de la tempête. Sa détresse frappa la Nelphennéen de plein fouet. Elle en demeura muette, abasourdie. « Les tremblements de terre ont cessés. Partez avant les prochaines séries. » Il marqua une légère pause, refoulant les tressaillements de sa voix pour paraître plus heureux. Pourquoi ce vieil homme insistait autant pour cacher une peine évidente? « Faites attention à vous. » - « Je ne suis pas venue ici pour repartir ensuite. », le coupa-t-elle. « Je suis là pour aider. » Les yeux du vieillard s’écarquillèrent. Elle sourit, s’approchant doucement de lui. « S’il y a la moindre chose que je peux faire… » Les doigts de l’homme s’accrochèrent si brusquement à ses épaules que son souffle en fut coupé. Ses yeux ne reflétaient que des supplications silencieuses, plusieurs demandes inavouées. « Vous seriez prête à m’aider malgré les dangers? » - « … Bien entendu. » - « Vraiment? » Il avait noté la petite pointe d’hésitation parmi mes convictions. « Vous avez ma parole. » Des larmes coulaient contre ses joues ridées. Son dos s’arqua, s’affaissa pour ne laisser place qu’à l’homme ayant trop subi, trop enduré.

« Je m’appelle Lûth. » Elle s’avança davantage vers le vieillard pour lui servir de soutien. La jeune femme fut surprise par son poids de plume mais, depuis qu’elle l’observait de plus près, elle prenait conscience de cette silhouette si frêle, si fragile. « Que puis-je faire pour vous aider? », demanda-t-elle d’une voix calme et apaisante, essayant de son mieux d’atténuer les secousses qui parcouraient le corps du vieil homme. « Ma petite-fille et mon petit-fils… Ils sont, ils sont! » Ses pleurs redoublèrent en puissance. Son désespoir ne cessait de s’agrandir. Sa voix se cassa. La Nelphennéen déglutit bruyamment. « Sont-ils pris dans les décombres de ce village? », supposa-t-elle. Son ton était devenu lent, une boule se créait peu à peu dans son estomac. Il acquiesça. Ses mains tremblotantes resserrèrent leur emprise contre les pans de ses vêtements sombre. Lûth déposa une main affectueuse sur son épaule, esquissant un sourire forcé. Elle souhaitait lui offrir du courage, la force de ne pas perdre tout espoir. « Nous allons les retrouver. », affirma-t-elle sans hésitation dans le fond de sa voix. « Indiquez-moi l’endroit où vous les avez vu pour la dernière fois. Ça nous fera une bonne idée de leur position. » - « I-ils étaient sortis pour jouer avec leurs amis. P-puis, il y a e-eu le tremblement de terre e-et… » Il manqua de s’étouffer dans ses sanglots. « J-je ne sais pas où i-ils se trouvent. » Il s’égarait dans ses mots, dans ses pensées. Il ne pouvait plus s’empêcher de songer au pire, à la Mort tout en continuant à garder espoir, à croire, à croire en eux. « Dans ce cas, partons immédiatement. », lança-t-elle avec le plus de douceur qu’elle était capable d’assembler. « Plus vite nous commencerons les recherches, plus grandes seront nos chances de les retrouver. » En vie. Mais les derniers mots se coincèrent dans sa gorge. « M-merci, merci beaucoup. » Son masque se pointa vers le sol. « Il est trop tôt pour me remercier. » Elle n’avait jamais souhaité le nourrir avec de faux-espoir.

~~~

« Avez-vous entendu ce bruit? » - « Lequel? » - « Attendez, écoutez. » Le son se reproduisit une seconde fois, plus près d’eux encore. Un bruissement puis, des pierres qui se cognaient entre elles. La Nelphennéen bifurqua vers la droite, entraînant le vieil homme dans son sillage. Silence. Elle se tourna à nouveau vers lui. « Celui-là. » - « Il semble provenir de la maison de Titania… …Son ancienne maison. » - « Croyez-vous que vos petits-enfants soient là-bas? » Un sourire illumina son visage. « Nous ne perdrons rien en essayant. » Ils s’approchèrent des ruines de l’habitation. « Hé oh, il y a quelqu’un? » Un mouvement parmi les décombres attira son attention. « Par ici. » Elle souleva une pierre, découvrant le visage sale et crasseux d’un jeune homme aux cheveux noirs. « Par la grâce divine de Phoebe, est-ce que vous allez bien? » Être à moitié enseveli sous un tas de roche et de poussière n’était pas une excellente définition d’ « aller bien » pour elle mais, les émotions qui lui parcouraient les veines brimaient ses capacités de raisonnement. « Sentez-vous vos jambes et vos bras sous ces pierres? », demanda-t-elle en s’agenouillant à ses côtés. Lûth s’attelait déjà à la rude tâche, retirant une par une les roches qui lui couvraient le corps, poussant avec une difficulté visible les plus gros débris. Ses bras l’élançaient, la faisait énormément souffrir. « Ce n’est pas mon petit-fils. » Le murmure du vieil homme se perdit dans le souffle du vent. Son corps tremblait, chancelait dangereusement. Lûth comprenait sa détresse, son soudain manque d’entrain. Cependant, elle souhaitait aider, libérer cet homme de sa prison de roche avant de poursuivre les recherches. « J’ai presque terminé, tenez bon. » Résiste au moins jusqu’à la dernière pierre… Elle envoya une prière silencieuse aux Aetheri, les suppliant de ne pas engendrer un autre séisme, de les préserver des malheurs. Car ils n’y survivraient pas.

MOTS:
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mer 03 Juin 2015, 02:17

Escape
« Le monde s’effondre… »

J’étais chez Titania quand les premières secousses se firent sentir…

« Qu’est-ce que c’est? », demanda la jeune femme en tirant légèrement les rideaux de la cuisine.

Elle jeta un coup d’œil à l’extérieur, le front plissé, le sourcil froncé.

« C’est étrange. Il y en a beaucoup dans la région ces derniers jours… »

Mais comme une brève distraction, la guerrière relâcha les voiles qui couvraient ses fenêtres pour plonger son regard dans le mien, cet air de bienveillance et d’assurance qui la seyait avec merveille. Elle n’était pas la plus conciliante des femmes, ni même la plus gentille, mais lorsqu’elle voyait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas avec son protégé, elle devenait soudainement attentionnée, cherchant à comprendre ce que pouvait bien trafiquer son esprit dans un tel état.

« Tu ne pourras pas fuir bien longtemps, Fried. Qu’est-ce qui se passe? »

Attentionnée, certes, mais plus impatiente aussi, comme elle pouvait rarement l’être, ces bien insolites caractères allant de pair lorsqu’il s’agissait d’elle. Et pas pour le mieux.

« Je…

- Arrête de vouloir tourner autour du pot. Dis-moi ce qui te tracasse à la fin! Ça fait plusieurs jours que je te trouve comme ça. À tous les matins, à tous les soirs. »

Parce que ça fait plusieurs jours que nous étions sortis du Musée, de ses décombres, sain et sauf… Et c’est bien ce qui me faisait mal. J’étais parvenu à sortir des ruines, oui, avec beaucoup de poussières dans le nez, de la suie dans les cheveux, de la fumée dans les poumons, mais j’étais en vie, bien là, vivant…

Mais pas elle. Elle, cette petite fille que je n’avais pas eu le temps de sauver de l’effondrement du monumental bâtiment. Elle, dont les pleurs avaient été perçu par mon ouïe, mais qui n’avaient pas été analysé assez vite pour comprendre qu’une vie s’était tenue juste à côté de moi avant ma fuite. Le temps avait pressé, les paroles de Titania m’avait angoissé, la fumée, les flammes, les voleurs, les cris, la terreur, oui, m’avaient effrayé. Et puis, je n’avais pas eu le temps de bien écouter, de bien regarder cette petite silhouette, recroquevillée dans un coin de la pièce, pleurer sur son sort, pleurer en croyant que tout était perdu pour elle, alors que des sauveurs potentiels venaient de tout juste de passer, offrant une nouvelle porte de sortie vers l’extérieur de cette fournaise…

« Friedrick… »

Je baissais les yeux bien malgré moi. Titania laissa le silence planer, imprégner chaque atome qui composait cet air. Ses yeux continuaient de me dévisager alors que je tentais de fuir son regard, sans succès. Les prunelles violettes et rosées de ses yeux réussissaient toujours à s’imposer dans ma vision. Finalement, ces dernières eurent raison de ma volonté et ma langue, très lentement, se décida à se délier.

« J’aurais pu la sauver…

- De qui tu parles, Fried?

- Tu te souviens de cette mère qui s’est soudainement mise à crier et à pleurer au Musée? »

Elle réfléchissait; et moi, je ne pouvais me retirer cette vision de ma tête.

« Tu parles bien de celle qui a voulu rentrer dans le Musée alors qu’il s’écroulait?

- Précisément.

- Oui, je m’en souviens. Et alors?

- Eh bien… »

La table sur laquelle nous avions pose nos coudes se mit à branler dangereusement, alors que tout autour, la maisonnée commençait à trembler, des murs au plancher.

« Mais qu’est-ce que…! »

Soudainement, la vaisselle se mit à retentir et les murs criaient sous l’assaut des secousses. Nous nous levâmes d’un bond, ne comprenant pas ce qui se passait. Des verres se fracassaient au sol, les meubles tombaient, et le sol, le sol nous entrainaient dans une danse folle. Nous essayions de trouver notre équilibre, jouant avec nos pieds et notre centre de gravité pour ne pas chavirer et nous frapper la tête contre un mobilier.

« Un tremblement de terre!! »

J’entendis le toit grincer, gémir, trembler, craquer, se fissurer. J’aperçus Titania essayer de s’approcher de moi, se soutenant à l’aide des murs, des chaises qui, par tous les miracles, tenaient encore debout.

« La terre se déchaine! Nous devons sortir d’ici! »

J’acquiesçais immédiatement, titubant pour la rejoindre, le plus vite que je pouvais. Mais mes jambes peinaient à trouver une stabilité non précaire, et le sol grondait encore. Que se passait-il, par tous les Dieux? Ma parole, était-ce les Démons des Enfers qui sortaient de terre?!

« Attention! »

Je relevais les yeux, apercevant à la dernière seconde le billot de bois se détacher du toit. Aussitôt, je voulus foncer vers mon maître, mais la terre n’épargnait rien ni personne et je tombais à la renverse.

« FRIED!! »

Je sentis le morceau du toit s’écrouler sur moi. Un fracas, un choc sans précédent. Je n’entendis même pas les cris de Titania, sa voix m’appeler. Parce qu’étrangement, elle s’éloignait. Elle était si loin maintenant…

Instantanément, je m’évanouis.
•••••••••••••••••••••••••••••••


Brusquement, J’ouvris les yeux, respirant à grande peine. Ma vue se troublait, se stabilisait, pour encore mieux se brouiller à cause de la poussière soulevée, des débris amoncelés autour de moi, sur mon corps. Est-ce que je rêvais? Je n’en savais rien. Qu’est-ce qui s’était passé? Titania? Tremblement de terre? Maison?...
Titania?!

Je voulus me dégager des décombres, mais une douleur aigue traversa tout mon côté droit et je lâchais un cri, épuisé, suant, souffrant… Mais il n’était pas question que je reste là sans rien faire. Et puis, il y avait Titania, quelque part au cœur de cette destruction, ensevelie sous la roche, sous le bois, sous les pierres… Je fis un autre mouvement pour m’extraire des pierres qui me bloquaient, parvenant à en faire rouler une sur le sol.

« Hé oh, il y a quelqu’un? »

Mon cœur faillit manquer un battement. Des gens. Il y avait des gens. Bon sang! Je ne pouvais pas les laisser partir!

« Oui! Oui! Je suis là… »

Ma voix était enrouillée. Elle semblait si faible à mes oreilles… Mais mes bras s’activaient avec énergie dans les décombres, essayant de creuser un trou parmi les gravats et le bois, risquant que tout s’effondre sur ma poire, mais j’étais prêt à prendre ce risque. Une fois encore, une douleur lancinante me fit grimacer, et j’allais baisser les bras, fatigué et complètement paniqué dans cet espace exigu. Mais ça, c’était avant de voir un rayon de lumière se refléter dans mon iris, et un froid glacial s’engouffrer dans mes vêtements. Je plissais des yeux, apercevant un masque au-dessus de ma tête et des lèvres bouger rapidement, enchaînant les mots avec une telle rapidité que mon cerveau avait de la difficulté à suivre logiquement ses paroles. Tout ce que je comprenais, c’est qu’elle allait me sortir de ce bourbier et je lui en fus très reconnaissant, malgré la souffrance qui se peignait sur mon visage à chaque déplacement un peu maladroit des pierres, à chaque fois que le poids sur ma jambe s’allégeait et que le mal doublait. Je poussais un gémissement, expirant irrégulièrement, de manière saccadée. Lorsqu’elle m’avertit avoir presque terminé, un soulagement sans nom se propagea dans mon esprit, m’offrant le courage nécessaire pour résister encore un peu.

Finalement, il fallut encore que je patiente durant trois minute avant que la jeune femme parvienne à retirer toutes les pierres et les bouts de toit de sur moi. Aidée par celle-ci et le vieillard qui l’accompagnait, je fus soulevé de terre et transporté non loin des ruines de l’ancienne maison de Titania…

« Oh non! Il… Il y a quelqu’un d’autre sous les décombres!

- Ne… Ouch! Ne t’en fais pas, Fried. »

Des gravats, nous aperçûmes Titania sortir des débris. Titubante, elle parvint néanmoins à se tenir debout, sans trop de mal, nous lorgnant avec un sourire narquois.

« Idiot… À cause de toi, j’ai une côte de cassé. Et puis, je ne sens plus mon bras gauche… »

Il eut un silence gêné, qui fut brisé par l’intervention du vieillard.

« Je peux vous soigner. Ne bougez pas, jeune homme. »

Il appliqua ses mains crochues sur ma jambe droite et très rapidement, la douleur s’envola, comme par magie. J’eus un grand sourire lorsque je me permis de me redresser sur mes deux jambes et que je parvins à me soutenir sans aucune difficulté.

« Merci beaucoup!

- C’est tout naturel. À vous, rajouta-t-il à l’intention de Titania, qui recula avec une grimace de mépris.

- Je méprise la magie. Ça va. Je guérirai par moi-même.

- Mais Titania… »

Elle se laissa soudainement choir contre les débris de son ancienne maison et elle soupira d’aise. Malgré le froid, malgré la souffrance, elle n’allait pas bouger de là.

« Je vais rester ici, Fried. Ne t’inquiète pas. Aller aider ceux qui en ont besoin: je suis hors de danger à présent… »

Elle se tourna dans ma direction, me faisant un signe de tête significatif.

« Tout va bien pour moi, alors ne me le fais pas répéter une seconde fois… »

Je la regardais quelques secondes, lisant dans ses yeux toute la détermination qui la caractérisait si bien avant de soupirer et de regarder les deux autres. La jeune fille masquée qui venait de me sauver et le vieillard qui m’avait soigné: qui étaient-ils au juste? Puis, mon regard se porta devant moi. Et mes yeux s’écarquillèrent de stupeur devant la scène.

Le village. Détruit. Réduit en miette. Il y avait du sang qui souillait la blancheur de la neige et des corps tremblants qui tentaient, en vain, de réfréner la douleur qui traversait leur être. C’était le chaos que j’apercevais soudainement, entre les pleurs des enfants, les cris des blessés, le débit rapide des paroles des hommes…

« C’est le tremblement de terre qui a fait tout ça? »

C’était… cauchemardesque.


1640 mots



Escape [PV Friedrick] - EVENT: Mission I Signat16
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Ezechyel
Ven 05 Juin 2015, 17:35


« Oui. Il est méconnaissable. » Le vieillard baissa les yeux au sol, comme par honte qu’ils soient de principaux spectateurs de la vision du chaos. Les mains serrées, la mâchoire crispée, son désarroi et son désespoir devenaient tangibles, palpables. « Personne n’a vu le désastre nous frapper. C’est une période de grande confusion. » Il méprisait sa faiblesse, son inutilité. Sa voix tremblait, manquait de confiance. La Nelphennéen n’osait pas l’interrompre. Qu’il s’exprime, qu’il relâche les poids qui entravaient sa poitrine. Ça l’aiderait à se concentrer, à se forger du courage à partir de toutes les reproches qui le brimaient. « Plusieurs ont perdus des proches, des amis, de la famille. » Ses iris dorés se perdirent dans le vide. « Mais plus sont nombreux ceux qui ignorent le sort de leur entourage. Ils sont pris en étau entre l’espoir et la peine. » Comme l’était son propre cas mais, il ne crut pas nécessaire d’ajouter ces précisions. Ça relevait de l’évidence même. Les larmes qui coulaient contre ses joues ne trompaient personne. Il semblait encore plus vulnérable, plus fragile que la stabilité des rares maisons qui se tenaient en équilibre sur des fondations craquelées et tremblantes. « L’organisation des secours est chaotique. Un appel à l’aide a été envoyé mais, rares sont ceux qui ont répondus à notre demande. » Une colère sourde passa sur les traits de son visage ridé, telle une accusation silencieuse portée à l’absence de mains supplémentaires. Ses lèvres s’entrouvrirent cependant, la jeune femme répliqua pour apaiser la hausse de haine. « Vous n’êtes pas les seuls à subir les conséquences de ces tremblements de terre. » Elle ne les excusait pas, elle énonçait simplement des faits. « Nous avons un objectif à réaliser, non? Concentrons-nous sur ça. »

Le vieil homme détourna le regard. La colère avait quitté ses yeux, remplacée par son habituelle tristesse mêlée à son désespoir. Le ton de Lûth se fit plus doux et tendre. « Nous ne sommes peut-être pas nombreux à avoir répondu à votre détresse mais, tous font de leur mieux pour aider les survivants. » Son masque voyagea entre le visage du vieillard et du jeune homme aux cheveux noirs. « Ne perdons pas plus de temps. » Cette fois, l’ensemble de son attention se concentra vers l’inconnu sauvé des décombres. Il semblait se porter beaucoup mieux depuis que l’homme lui avait prodigué des soins, malgré l’épaisse couche de poussière qui lui couvrait la presque totalité de son corps. « Souhaitez-vous vous joindre à nous? » Elle marqua une courte pause. Son masque se tourna légèrement vers le vieil homme pour obtenir son autorisation de dévoiler le fruit de leur recherche. Il hocha de la tête, suite à quelques brèves hésitations. Elle reprit ainsi le cours de son dialogue. « Actuellement, nous sommes à la recherche de ses petits-enfants. »« Ils sont deux. Elizabeth et Tryf, respectivement âgé de sept et treize ans. », ajouta-t-il en lui coupant la parole. « La petite a de longs cheveux brun bouclés, toujours attachés en queue de cheval. Son frère, quand à lui, a les cheveux châtains. L’unique caractéristique physique qui est identique pour les deux est la couleur de leurs yeux : dorés. » Il adopta une pause pensive. « Elizabeth portait… hum, porte une jolie robe bleue claire. Son frère a préféré se vêtir avec des habits plus sombres – un chandail à manches courtes et un pantalon. Les connaissant, il y a plus de chance de les retrouver ensemble… pris dans les décombres. »

Il fut secoué par une brusque quinte de toux. La Nelphennéen s’approcha vers lui, glissant un bras en-dessous de son aisselle pour le soutenir – encore une fois. Il tremblait plus violement que précédemment. Elle commençait à s’inquiéter de son état plus que dégradant. « Ne vous poussez pas trop à bout. Essayez de conserver un peu votre force. » Il ignora son intervention. « Je vous en supplie, sauvez-les. J-Je vous donnerai tout ce que je possède mais, s’il vous plaît, ramenez-les-moi en vie! » Il s’effondra contre la glace, le visage baigné de larmes. Dans sa chute, il entraina la jeune femme qui grinça les dents, taisant la douleur qui traversait ses jambes. Elle leva son masque vers le jeune homme. « Aidez-moi à le relever et soutenez-le, s’il vous plaît. » Elle n’avait pas la force de supporter une autre chute. Lûth se releva péniblement, manquant de tomber contre le sol gelé une seconde fois mais, récupéra rapidement un semblant d’équilibre sur ses deux pieds. Le vieil homme rencontra une plus grande difficulté : sans l’aide de la Nelphennéen pour lui servir de soutien, il aurait été incapable de se remettre debout par lui-même. Par la suite, la jeune femme masquée passa le vieillard dans les bras de l’homme aux cheveux d’ébène, esquissant un faible sourire qui témoignait de toute la gêne qui l’envahissait. « J’espère que ça ne vous gêne pas… » Elle baissa légèrement la tête. « Je m’appelle Lûth au fait. » Sa main jouait nerveusement avec son oreille gauche tandis que sa peau rougissait – quoique de manière quasi imperceptible.

Après quelques secondes de silence, elle ajouta  en murmurant: « Ça ne me dérangerait pas si vous refusez notre proposition. Nulle n’a été mes intentions de vous forcer la main. » Elle ne pouvait pas répondre pour le vieil homme. « Je pourrais comprendre que vous préfériez vous occuper de votre amie. Alors, que choisirez-vous? » Son cœur tambourinait contre sa poitrine, songeant au temps qui s’écoulait  et de la durée de l’échange qui s’étendait en longueur. Est-ce qu’ils pouvaient se permettre de faire attendre les enfants sous ces décombres? Seuls les Aetheri détenaient la réponse à ses interrogations sur leur endurance et le temps qu’ils leur restaient à survivre, prisonniers sous des tonnes de pierres et de rochers.

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Miles Köerta
Mer 10 Juin 2015, 12:18

Escape
« Le monde s’effondre… »

« J’accepte de vous suivre. »

La réflexion fut de courte durée, même si l’envie de rester auprès de Titania me titillait l’esprit. Elle disait qu’elle allait bien – enfin, aussi bien qu’une personne qui venait de se prendre une baraque presque entière dans la tronche – qu’elle se soignerait par elle-même, mais je savais qu’elle agissait ainsi uniquement par orgueil. D’accord, elle ne voulait pas accepté le soutien magique du vieil homme, mais au moins, n’était-elle pas obligée de refuser l’aide d’un ami qui ne voulait que son bien. Je pouvais comprendre qu’elle ne tenait pas la magie en grande estime, même si cette dernière régissait presque entièrement notre monde, mais de là à s’en priver alors qu’elle ne pourrait que lui en être bénéfique! C’était insensé, mais la jeune guerrière étant ce qu’elle était, je cru bon de ne pas insister et la laisser à ses principes. De plus, Titania n’était pas du genre à agir sur un coup de tête: alors, je me rassurais dans l’idée qu’elle devait bien avoir quelque chose à l’esprit ou une sortie en plus, pour éviter à ce point notre aide bien-fondé. D’ailleurs, histoire de voir si ces dernières réflexions s’avéraient exactes, je pris le temps de la scruter quelques secondes, me heurtant à son regard farouche et intraitable. Immédiatement, je détournais les yeux.

« Elle n’a pas besoin de mon aide. Elle saura se débrouiller sans moi… »

Mais encore, je me pinçais nerveusement les lèvres, douteux et sceptique. Ce fut à cet instant que je me rappelais de la présence du vieil homme juste à mes côtés, ses bras maigres et faibles sur mes épaules pour le soutenir de façon optimale. La jeune fille au masque me l’avait gentiment passé dans les bras après la chute de ce dernier, que nous mettions sur le compte de la nervosité et de l’angoisse d’un cœur qui en avait trop vu aujourd’hui pour rester calme.

« Alors, partons sans plus tarder. Avec la neige et le froid, l’heure n’est plus aux placotages. Ils doivent être frigorifiés, emprisonnés sous ces débris… »

Il déglutit et fit une mine encore pire que celle des suicidaires prêts à se jeter dans les pattes d’un cheval en plein galop. Je posais longuement mon attention sur la jeune femme, dont je remarquais pour la première fois les oreilles pointues. Était-ce une Elfe? Non, avec une peau aussi foncée, il devait certainement s’agir d’une Alfar. Mais… une Alfar aussi soucieuse des autres pouvait-elle réellement exister? De ce que je connaissais de cette race, seul leur petit nombril importait réellement. Cependant, pour l’heure, je laissais de côté mes jugements péjoratifs à l’égard de la jeune fille. Voyant plus loin que la race, je préférais encore la juger suite à ses actes, et en toute évidence, elle était de ceux qui donnait de son temps, qui prêtait sa force pour venir en aide à la population complètement désarmée face aux puissances qui se déchainaient. Mon regard s’adoucit enfin, et j’hochais de la tête à la demande du vieillard.

« Nous tenterons de les retrouver, je vous le promet. »

Des ombres qui voilaient son regard ambré, une petite lumière étincela enfin, trouvant passage dans son désespoir. Je le gratifiais d’un sourire, avant de tirer sur son bras pour l’inciter à monter sur mon dos. Surpris par l’initiative, le vieil homme poussa par inadvertance un petit cri avant de saisir ce que je voulais faire.

« Ce sera plus facile pour nous deux. Et puis, votre magie fait des miracles! Je ressens à peine la douleur à présent! »

Petite œillade en direction de Titania, qui se tenait toujours non loin de là.
Mais évidemment, je n’eus aucune réaction de sa part. Je soupirais, abandonnant définitivement. Me tournant vers la jeune femme masquée, je me présentais enfin en retour, me souvenant de la sonorité de son nom à elle:

« Lûth, Monsieur…

- Monsieur Dö, nous apprit-il d’une voix vibrante.

- … Monsieur Dö, je m’appelle Friedrick, repris-je après une légère courbette, ce qui n’était pas du tout aisé avec un vieillard sur le dos, mais je m’en tirais sans trop de mal. Bon, allons les aider. »

Sans plus tarder, nous nous dirigions vers les débris qu’était devenu le petit village, perdu à travers la neige et les vents du Berceau cristallin. Chaque pas que nous esquissions était un pas de plus vers le malheur et le désordre qu’avait engendré cette catastrophe. Des enfants pleuraient dans la neige, et je sentis plus que je vis, l’attention du vieillard se porter vers ce groupe de gamins, sûrement dans l’espoir d’apercevoir ses petits-enfants à travers les visages rougis, larmoyants, de ces petits êtres affaiblis par le poids de la terreur. Nous nous en approchions, lentement et calmement, pour voir s’ils avaient besoin d’aide – enfin, étant donné la situation, tout le monde avait besoin d’un coup de main, qu’importe la grandeur de ce dernier.

« Les enfants… »

Plusieurs relevèrent la tête dans notre direction en reniflant, mais l’un des enfants, un petit garçon aux yeux intensément verts, se mit à courir vers nous, attrapant Lûth par la manche pour l’inciter à le suivre. Il pleurait en parlant, le flot de ces paroles se perdant bien rapidement à travers sa peine et sa peur, mais la jeune femme, dans un élan tout maternel, l’aida à se calmer un peu pour qu’il puisse nous expliquer plus clairement la situation.

« Notre… Notre maitresse est sous ces décombres! Elle n’est pas capable de sortir! Nous ne sommes pas capables de l’en sortir. Pitié, aidez-la… »

Un autre cri du cœur, hurlé par au moins une dizaine de bambins. Le vieillard, dans mon dos, se crispa légèrement, et je lui jetais un regard en biais.

« Nous ne pouvons pas les laisser comme ça. S’il y a bien quelqu’un sous ces gravats, nous l’en sortirons.

- Mais! Mes petits-enf…

- Tout le monde a besoin d’aide, Monsieur Dö. Pas seulement vos petits-enfants. »

Mes paroles pouvaient paraître dures, mais je ne pouvais pas faire autrement. Nous étions ici dans l’idée de tous les sauver, de tous les aider, mais j’avais bien conscience qu’au nombre que nous étions, nous ne pouvions pas faire des miracles et sauver l’humanité entière. Seulement, il y avait d’autres personnes en plus de nous trois, qui œuvraient à sortir les survivants des décombres. Peut-être que ces petits-enfants étaient déjà sortis? Peut-être qu’ils étaient en plein milieu d’un sauvetage? Nous ne pouvions le savoir, mais ce qui était sûr, c’est que je n’allais pas abandonner cette femme, prise sous toutes ces tonnes de pierres. Je déposais le vieillard au sol, avant de me diriger à grande enjambée vers la ruine de l’édifice.

« Madame! Est-ce que vous m’entendez? »

Aucune réponse. Je n’attendis pas une seconde de plus, faisant travailler mes muscles pour dégager ces pierres, ce bois, et trouver un passage jusqu’à la maitresse. En même temps que je délogeais les pierres des débris, je parlais à la jeune femme ensevelie.


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Ezechyel
Sam 13 Juin 2015, 22:08


Accroupi devant le tas de poussière, de roches et de bois fendu, le jeune homme s’acharnait à déloger chaque centimètre carré de la surface effondrée, bougeant ses bras à un rythme de possédé. Sa voix était l’unique bruit qu’ils percevaient, camouflant les pleurs et la détresse, sans cesser de souhaiter une réponse ou un simple mouvement de la femme prisonnière des décombres, simplement pour lui indiquer qu'elle était encore en vie. Puis, tel un appel au désespoir plus profond, plus poussé dans ces frontières sombres, le groupe d’enfant  joignit leurs voix, faisant tonner leurs cris contre les verres des rares habitations, chancelantes sur leurs fondations. Monsieur Dö, qui s'était tût depuis un moment, ajouta sa touche personnelle à l’atmosphère macabre qui régnait. Ses genoux tombèrent une nouvelle fois contre la glace, ses larmes gelaient sur sa peau livide. Il tenta de cacher ses inquiétudes dans les paumes de ses mains. Cependant, en apercevant cette détresse qui se reflétait sur son visage, les enfants interprétèrent ce signe comme un abandon d’espoir de la part du vieil homme. Et leurs hurlements redoublèrent d'intensité, créant une cacophonie assourdissante qui lui brisait les tympans. La Nelphennéen était dépassée sur tous les niveaux. Elle hésitait entre plusieurs choix qu’elle pouvait entreprendre - ses pas étaient indécis. Entre aider le jeune homme dans son travail, rassurer les enfants qui pleuraient jusqu'à se vider l'eau de l'ensemble de leurs corps ou à soutenir Monsieur Dö qui tremblait sur le sol, quelle serait la meilleure option?

Ses doigts se croisèrent, se recroisèrent, signe d’une soudaine nervosité. Après mûre réflexion, elle ne tenterait pas d’aider le vieil homme: non pas par mauvaise foi de sa part, mais parce qu’il y avait ces enfants en pleurs qui lui déchiraient le cœur, faisait vaciller son calme et sa sérénité. Monsieur Dö était un adulte. Il souffrait, certes, de l'absence de ses petits-enfants à ses côtés. Cependant, il attendrait. Car elle savait que les enfants, eux, ne le pourraient jamais. Quant à Friedrick… Elle s’avança vers le jeune homme, glissant rapidement quelques mots au creux de son oreille. « Je vais essayer de calmer les enfants. Je reviendrai vous aider. » Elle n'aimait pas l'idée de le laisser seul face à cette montagne de débris qui lui semblait interminable. Mais elle avait le sentiment d'avoir réussi à faire le bon choix. Respirer un tel désespoir, sentir une telle misère, si étouffante... Ça n'avait rien de facile. Ils avaient tous besoin de calme - pour autant qu'ils pouvaient en rassembler au cœur de cette crise - ne serait-ce qu'un minimum. Et puis... « Chut… Ça va aller, d’accord? Nous allons la retrouver. », commença-t-elle en se penchant à la hauteur de ces enfants, sourire aux lèvres – quoique légèrement forcé. « Ne pleurez plus. » Lûth caressa la tête de chacun, se voulant aussi affectueuse qu'une mère. « Votre maîtresse attend votre aide avec impatience, j'en suis certaine. Que pensez-vous d’aller donner un coup de main à Friedrick? » La majorité du groupe avait déjà cessé de larmoyer, essuyant leurs joues imbibés de larmes du revers de leur manche. Certains souriaient, d’autres dévisageaient le jeune homme, admiratifs, soudain conscient de ce qu’il faisait pour eux. La Nelphennéen se redressa, serrant la main d’une fillette rousse qui n'avait pas arrêté de verser ses larmes. La femme masquée s’adressa à ses autres camarades, sans la quitter une seule seconde du regard : « Allez-y. Il vous dira sans aucun doute quoi faire. Écoutez-le bien et faites attention. »

Le groupe se lança aux côtés du jeune homme, alors que Lûth se penchait devant la petite fille, ébouriffant sa tignasse couleur feu. « Ne t’en fais pas, tout va bien se passer. » La fillette releva la tête. Ses yeux rougis et ses larmes la percutèrent avec une force poignante, surnaturelle. La Nelphennéen en demeura sans voix. « M-Mais Tryf et Elizabeth ne sont plus là! » À la mention des noms de ses petits-enfants, l'attention du vieillard fut immédiatement piquée. Il s'élança aussitôt  pour parvenir jusqu'à eux. Son corps chancelait, instable sur des jambes tremblantes. Mais son regard ne fut jamais aussi déterminé, redorant d'un espoir nouveau. « Où sont-ils allés!? », demanda-t-il d’une voix si brutale, proche du hurlement, qui manqua d'attiser davantage les pleurs de la gamine. « I-Ils ont eu f-faim et ils o-ont désobéi à la maîtresse qu-qui nous a d-demandé de ne p-pas bouger pour aller chercher du pain c-chez Francis. », balbutia-t-elle dans un murmure hésitant. La Nelphennéen poussa un soupir, soulagée. « Merci pour ton aide. » La rouquine la dévisagea sans comprendre. Elle ouvrait déjà la bouche pour la questionner sur ce soudain remerciement. Lûth fut plus rapide. « Nous sommes entrain de les rechercher. Grâce à toi, nous les retrouverons plus vite encore. » Les yeux de la gamine étincelaient. « C’est vrai? » Lûth hocha de la tête, souriante. « Et si nous allions les aider? », proposa-t-elle en pointant Friedrick et les enfants du menton. Excitée, la jeune fille courut dans leur direction. La femme masquée voulut esquisser un pas pour suivre la fillette. Mais Monsieur Dö l'arrêta bien avant. « Allons chercher Tryf et Elizabeth. Maintenant. » Il jeta un regard sur le groupe. « Ils sauront se débrouiller sans nous. » - « Ne soyez pas aussi impatient. Ça ne prendra que très peu de temps, croyez-moi. » - « Temps qui les rapproche davantage d’une mort certaine. »

Elle ne voulait pas paraître froide ou indifférence face aux problèmes qui le comprimaient... mais elle refusa de l'accompagner en abandonnant les autres derrière. « Avec un peu de chance, ils s’en sont bien sortis. », s’empressa-t-elle d’ajouter en croisant les yeux mécontents du vieillard. Mais qui essayait-elle de convaincre en prononçant ces mots? Le vieil homme ou elle-même?  « Je tente toujours de rester optimiste. Essayez d'en faire autant. » Elle s’éloigna à grands pas vers les décombres, là où tous s'acharnaient pour faire sortir la maîtresse, sans tenir compte de l’énergie qu’ils dépensaient. En se rapprochant davantage, Lûth remarqua d'ailleurs qu'ils avaient fini d'extirper la jeune femme de sa prison de pierre: couverte de sueur, de poussière et de coupeaux de bois, elle haletait bruyamment, les bras croisés autour de sa fine taille pour se protéger du froid qui pénétrait sous sa peau par les ouvertures laissés par son manteau de fourrure et son pantalon en lambeaux. Des tâches de sang perlaient sur sa chair, tâchaient ses vêtements. Son teint livide faisait peur à regarder. Cependant, les enfants, heureux de revoir leur maîtresse en vie, se précipitèrent à ses côtés, l'enlaçant brusquement. Celle-ci grimaça, pliant sous la souffrance avant de finir par afficher un sourire forcé, les yeux brillants. Son corps tremblait dangereusement: ses mains s’appuyaient contre l’épaule de Fried, seul soutien à proximité. « M-Merci. », chuchota-t-elle, la voix rauque. Monsieur Dö, qui les avait rejoint entre temps, s’occupa de soigner ses blessures avec sa magie, écoutant que d'une oreille distraire les dires de la fillette aux épaisses boucles rousse qui dénonçait les actes des deux enfants manquants. La maîtresse ferma les yeux. « Je vois. » Elle leva la tête vers Friedrick. « P-Pouvez-vous les retrouver pour moi, s’il vous plaît? J-Je vous en serai tellement reconnaissante. » Des larmes coulaient sur ses joues sales. La Nelphennéen fut plus rapide que le jeune homme. « Vous pouvez compter sur nous. »

~~~

Après un départ précipité, ils poursuivirent leur chemin, guidés par un Monsieur Dö aux pas rapides, qui s’apparentaient davantage à la course qu’à une marche. La Nelphennéen peinait à se calquer à son rythme et s’essoufflait rapidment à vue d’œil. « Vous ne pouvez pas… ralentir un peu? » Elle n'avait pas une endurance exceptionnelle: bouger à cette vitesse lui élançait les muscles des jambes jusqu'à la faire souffrir. Mais, cette entreprise paraissait aussi difficile pour le vieil homme qui serrait les dents à chaque pas, la respiration sifflante et saccadée. « Nous avons déjà attendu assez longtemps. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre davantage de temps. » Elle ne tenta même pas de rétorquer. À quoi bon essayer de lutter contre un grand-père rongé par l’inquiétude? Elle lança un bref regard à Fried, pour savoir s'il suivait le pas, et poursuivit la route, sans plus jamais émettre la moindre plainte. Au bout d’une dizaine de minutes à marcher à travers les ruines, d’observer la désolation et écouter la détresse des villageois, le vieil homme s’arrêta enfin en face d’une modeste demeure à moitié effondrée. La toiture s’était complètement déchirée, la cheminée s’était écroulée contre la maison voisine, laissant un vif aperçu de la cuisine renversée, sans dessus-dessous. Le feu s’était déclenché dans la pièce : un nuage de fumée flottait toujours au-dessus de la vaisselle cassée, étouffé par d’innombrables pierres. Deux silhouettes contemplaient le désastre, ou plutôt, étaient perchées par-dessus les ruines, toussant et crachant, la tête presque entièrement enfoncée dans le nuage de cendre. Le vieillard s’avança jusqu’à eux, hésitant. « Francis, Ariette! » Les deux interpelés pivotèrent dans un même mouvement. Leur visage, sali par la crasse et la fumée, s’inonda soudainement de larmes en apercevant le vieillard, tel un présage de mauvaise augure. « Est-ce que… » La voix de Monsieur Dö se brisa. Il tenta à plusieurs reprises de poser la question qui pendait sur toutes les lèvres, sans jamais avoir le courage de le faire. La Nelphennéen finit par ouvrit la bouche, inspirant le maximum d’air que ses poumons pouvaient contenir. « Ne me dites pas que Tryf et Elizabeth sont là-dedans? » Au début hésitants, le couple finit acquiescer, les lèvres pincées.

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Ven 19 Juin 2015, 11:57

Escape
« Le monde s’effondre… »

Le sauvetage de la maîtresse accompli, les enfants calmés, les blessures guéries – pas seulement celles qui avaient saigné sur la peau de la jeune femme, mais aussi celles qui s’étaient mises à percer le cœur de ces jeunes enfants – le grand-père n’attendit pas une seconde avant de reprendre la route, à la recherche de ses petits-enfants. Il allongeait son pas à une cadence précipitée, impatiente, sans reconnaître les quelques signes de fatigue évidents qui zébraient son visage, creusé par l’âge. Je ne saurais le dire exactement, si c’était son dos ou bien ses hanches qui le faisaient souffrir de la sorte, mais à chaque pas qu’il esquissait, nous avions droit à une légère grimace, vite apparue vite disparue, sous l’assaut du courage et de la force que lui procurait ces nouvelles informations à propos de l’incertaine, mais probable, emplacement de ses petits-enfants. Par conséquent, rien ne l’empêchait de continuer à marcher, voire même à courir, tant l’intensité de cette ledit marche frôlait celle de la course. Il soufflait, respirait fort, comme pouvait en témoigner l’air condensé que nous apercevions dans le souffle glacé du Berceau cristallin. Mais, en jetant un rapide coup d’œil à la jeune fille qui nous accompagnait, je constatais bien rapidement qu’il n’était pas le seul dans cet état. Lûth tentait de suivre le rythme imposé par le vieil homme, mais l’on voyait bien toute la misère qu’elle mettait dans chacun de ses mouvements. Le visage, sous le masque, respirait la fatigue et, confirmant ma thèse, elle demanda à ralentir le pas. Si, à mon avis, j’étais d’accord pour amoindrir notre rythme de marche, le vieil homme, quant à lui, riposta sans ménagement, de sa voix devenue rauque et lente:

« Nous avons déjà attendu assez longtemps. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre davantage de temps. »

Et ce fut la fin de la discussion, Lûth et moi sachant pertinemment qu’il ne servait à rien de s’opposer à la volonté de ce vieillard. J’échangeais un regard avec la masquée, m’avançant à sa hauteur pour lui offrir mon aide, si besoin. Elle acquiesça en signe d’acceptation de l’offre, mais à aucun moment, elle ne quémanda mon épaule pour la soutenir ou mon dos pour la transporter. Je souris en la voyant faire, me disant que même sans endurance physique, elle possédait une persévérance qui ne pouvait certainement pas la nuire. Alors nous continuons notre chemin jusqu’à la maison de ce Francis, croisant sur notre route la misère et la destruction d’un village qui, depuis des quelques années, n’avaient point connu cataclysme aussi violent et puissant. Titania m’avait raconté le triste devoir que les hommes avaient été contraint d’accomplir durant l’invasion des Ridères et de la disparition de la Magie, par la même occasion. Sur une centaine qui était partie prêté main forte aux armées locales, seulement une petite poignée comptant près de vingt hommes étaient revenus au bercail – plus ou moins sain, plus ou moins sauf. Depuis, le village avait eu le temps pour de se reconstruire, mais jamais au point de redorer l’apparence de leur village au temps des années de prospérité. Maintenant, les dommages et les pertes seraient un véritable coup de poing contre la sérénité de ce pauvre petit village. Je soupirais, en me promettant qu’à la fin de ce nouveau désastre, je reviendrais leur proposer mon aide pour rebâtir leurs toits.

Perdu dans mes réflexions, je notais à la dernière minute que le pas du grand-père s’était calmé. Il observait les ruines d’une maison qui s’étaient complètement effondrée. Seule un mur tenait bon et restait debout. Mais le reste de la chaumière, ça ne ressemblait à rien d’autre qu’à un immense monticule de gravats. Noirci, en plus, par un feu qui s’était tout de même apaisé, de l’habitation s’élevait une imposante et épaisse fumée grise qui se perdait à travers le vent du Berceau cristallin. Aux pieds des ruines, deux silhouettes se cramponnaient à la neige, tête baissée, toussant et crachant comme s’ils voulaient faire sortir leurs poumons. Nous nous en approchions, nous dans un silence grave et le vieil homme dans un cri nerveux. À la vue du vieillard, les deux interpellés se mirent à pleurer, les larmes se frayant un passage à travers la cendre qui maquillait leur visage. Le pire, je le sentais, s’était produit. Et nous eûmes confirmation de cela lorsque Lûth osa poser la question fatidique et qu’elle reçut la réponse que, tous, nous soupçonnions. Si le cœur pouvait hurler, celui du grand-père l’aurait fait avec violence et désespoir. Une fois de plus, muet par la détresse, il se laissa choir au sol. Jamais, je n’avais vu visage plus troublé que le sien à cet instant et je tournais mon regard en direction de la jeune Alfar. Il n’était pas trop tard. Nous pouvions encore les secourir des gravats. Mais s’ils étaient restés trop longtemps exposés à la fumée, je ne garantissais pas leur chance de s’en sortir vivant. Cependant, qui ne tente rien n’a rien. Alors dans cette perspective, je retroussais mes manches pour m’enfoncer une fois de plus dans une fouille encore plus minutieuse que celle des archéologues. Je soulevais chaque pierre avec délicatesse, tout en évitant de respirer trop de fumée. Cette atmosphère me faisait penser à cette fois au Musée… Non! Ressaisis-toi! Je ne fus pas en mesure de sauver cette jeune enfant, mais je pouvais encore secourir ces deux-là, coincés dans les gravats. Rapidement soutenu par Lûth et Francis, qui s’était plus ou moins remis de la chute de sa maison, nous nous mîmes à retirer, pierre par pierre, la prison de ces deux jeunes enfants. Nous criions leur nom à travers les débris, dans l’espoir de recevoir une réponse, un appel.

Nous continuions nos investigations jusqu’à ce que le jeune  Francis pousse un cri qui nous alerta tous:

« J’AI TROUVÉ ELIZABETH! »

Nous nous approchions de sa position, observant le visage fermé de la petite fille. Évanouie, sa robe était partiellement brûlée, le feu ayant laissé une traînée noirâtre de cendres sur sa peau et ses vêtements. Mais sinon, elle ne semblait pas avoir de blessures apparentes, ce qui tenait du miracle suite à cet effondrement. Sans attendre, nous la sortîmes des gravats et le grand-père, ému, s’activa aussitôt pour lui porter les premiers soins, son visage pâlissant à vue d’œil. Il avait usé de son pouvoir bien trop souvent aujourd’hui, mais tenait tout de même bon. Après avoir donné sa petite-fille à Ariette, le vieillard leva des yeux angoissés dans notre direction.

« Et… Tryf? »

Il restait encore une bonne zone à vérifier et sans perdre plus de temps, nous nous remîmes à la tâche pour aller sauver le jeune garçon.


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Ezechyel
Dim 21 Juin 2015, 21:58


Ici voltigeaient les cendres des meubles brûlés, mêlées au nuage de fumée, dense et noir, où régnait chaleur étouffante – un total contraste au froid polaire du Berceau Cristallin – qui lui bloquait les voies respiratoires. Toussant et crachant, elle essayait de se raccrocher à l’oxygène au sein de la grande étendue opaque. Elle ne voyait pratiquement rien au travers de ce voile : uniquement les ombres de ses bras et ses mains qui délogeaient, morceau par morceau, le monticule de roche qui enfouissait les deux enfants égarés. La jeune femme entendait le raclement de ses ongles sur les surfaces de pierre, grimaçant quand l’un d’entre eux se rompaient mais, ne cessait de creuser sans s’autoriser de répit. Ses muscles se tendaient au maximum de leur puissance : ses bras bougeaient si vite, répétant inlassablement ses maladresses lorsqu’elle soulevait une brique. La souffrance se propageait à la pointe de ses doigts fins. Elle tentait désespérément de calquer son rythme à celui de Friedrick qui travaillait à ses côtés, sachant que sa vitesse personnelle ne pouvait pas tenir ou atteindre une telle dextérité et posséder cette incroyable habileté de mains. Cependant, la Nelphennéen se débattait à œuvrer en déployant une rudesse identique, jurant silencieusement contre ses faiblesses. Elle n’avait pas meilleur vœu que de porter secours à Tryf et Elizabeth sous ce sarcophage de roche, exposés aux rares flammes qui poursuivaient une danse mortelle sur le bois de la maison qui se dressait qu’à un fil, penchant dangereusement vers le sol gelé. Elle aurait voulu pouvoir crier le nom des captifs pour qu’ils puissent les guider dans la bonne direction, à l’instar de tâter à l’aveuglette dans ce tas de ruines poussiéreuses, sous peine de s’étouffer au sein de la fumée.  

Le souffle du vent porta les cendres sous son masque. Ses yeux lui piquaient, atrocement. Elle perdait sa concentration. Le flux de magie qui alimentait sa vision sensorielle s’agitait en se dispersant dans toutes les directions, aussi fou qu’incontrôlable. La femme masquée voyageait entre la lumière et l’obscurité, troublant son sens qui s’éparpillait et abandonnait lâchement son esprit, unique combattant qui se démenait à reprendre le contrôle. La Nelphennéen enleva son masque bleu, recula d’environ cinq pas en titubant sur des cailloux qu’elle était incapable de sentir d’avance, pour s’extirper de la fumée dérangeante. Des larmes coulaient sur ses joues. Elle les essuya du revers de la main tandis que ses poumons se gonflèrent d’air pur. Lûth respirait, doucement, rassemblant lentement sa magie et la canalisa au creux de ses yeux. Elle se frotta le dessous des paupières, s’approchant de l’enceinte des cendres et des restes du feu éteint. Son pas demeura, cependant, en suspension dans les airs, alertée par un hurlement qui bourdonna dans ses oreilles. Elle pivota sur elle-même, courant presque jusqu’aux côtés de Francis et Friedrick, perchés au-dessus du tas de pierre pour en sortir Elizabeth. Elle les rejoignit, participant au mouvement jusqu’à ce que les bras du boulanger soulèvent un corps frêle et fragile parmi les gravats, délicatement. C’était Elizabeth. Inconsciente, la petite ne bougeait pas. Toutefois, le mouvement de sa poitrine nous fîmes tous pousser un soupir, soulagés. Elle était faible, certes, mais en vie. Sa jolie robe bleue ciel s’était déchirée à de nombreux endroits. Sa couleur, que la Nelphennéen imaginait aisément vive et criante de joie, était presque entièrement grise terne tant la couche de cendres et de poussière qui la recouvrait était dense et épaisse. Sa peau pâle avait noirci, particulièrement sur son visage d’Ange, ses boucles n’étaient pas en meilleur état que ses vêtements.

Monsieur Dö s’élança au chevet de sa petite fille. Il joignit ses mains dans une position de prière, les larmes perlant en-dessous de ses grands yeux dorés, avant de commencer l’administration de soin à la fillette, sans plus se soucier de son corps qui tremblait ou de son visage qui pâlissait rapidement sous les efforts déployés. Le vieil homme chuchota : « Bénis soit les Aetheri qui veillent sur nos enfants. » Puis, confia la jeune fille à Ariette, restée en retrait face à la condition déclinante de sa maison. Une petite pensée à sa famille traversa l’esprit de Lûth. Où étaient-ils maintenant? Subissaient-ils eux aussi le courroux des tremblements de terre violents du Contient Dévasté? Le visage de son frère se dessina dans son esprit. Est-ce que lui aussi allait bien? Elle secoua la tête avant de se remettre à fouiller dans les décombres, cherchant activement Tryf comme Fried et Francis. Sa famille savait comment se débrouiller lors de pareils événements. Ils sauraient comment survivre, elle était confiante face à leurs ressources.  Quoi qu’il en soit, elle se concentra entièrement à son travail, qui ne put que gagner en vitesse, car le vent glacé dissipait peu à peu la fumée, ouvrant de nouvelles possibilités pour leur faire gagner du temps. Elle éleva la voix : « Tryf! Tryf! » Ses cris se répercutèrent dans la rue sans jamais obtenir une réponse de la part l’enfant. Elle espérait que le jeune garçon ne soit qu’inconscient. « Tryf! » Son manège s’étendit sur une période de dix minutes environ avant qu’elle n’obtienne une réaction. Un léger bruissement de pierre résonna parmi les ruines du salon, presque imperceptible. D’un geste de la main, elle indiqua aux deux hommes de la suivrent – au cas où ils n’auraient rien entendu – et les guida jusqu’à un monticule de brique et de bois fendu, miraculeusement hors de l’emprise des flammes. « J’ai cru apercevoir un mouvement ici. », avoua-t-elle en levant les yeux sur ses deux interlocuteurs. « Croyez-vous qu’il s’agisse de Tryf? » - « Peut-être. », répondit-elle en haussant des épaules. « Il n’y a qu’un moyen de le découvrir. » Genoux à terre, elle commença à retirer les morceaux qui composaient le tas de débris. Elle frissonnait aux moindres plaintes de la maison, incitant les deux autres à accélérer le rythme. Elle creusait jusqu’à se faire saigner les doigts. Sa main finit par heurter une table renversée, qu’à eux trois soulevèrent pour y découvrir en-dessous un jeune garçon aux yeux dorés, écarquillés par la terreur, les joues couvertes d’eau séchées pour avoir beaucoup trop pleurer. Francis réagit au quart de tour. « Tryf! C’est moi! Tout va bien aller, je te le promets. » Il ne répondit pas. L’homme lui tendit la main, fronçant les sourcils lorsqu’il aperçut les pierres qui coinçaient les jambes de l’enfant. La partie inférieure de son corps était la seule à ne pas avoir pu bénéficier de la protection de la table. « Nous allons sortir tes jambes de là. Bouge-les un peu, ça nous aidera à le faire plus vite. » Tryf baissa les yeux. Sa bouche s’ouvrit, avant de se refermer brusquement. Nous voyions tous que quelque chose n’allait pas. « Est-ce que tu vas bien? Peux-tu bouger tes jambes? » Il se mordit les lèvres inférieures avant de les desserrer. Sa petite voix tremblotante tonna. « J…Je ne peux pas. » Il s’interrompit lui-même, hésitant. « Pourquoi? », lui demanda la Nelphennéen, calmement. « P… Parce que je ne p…peux plus les s…sentir. Je ne peux plus sentir mes jambes. »    

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Mer 24 Juin 2015, 15:22

Escape
« Le monde s’effondre… »

« Attention, je vais y aller. »

La nouvelle eut l’effet d’un vent glacial sur l’auditoire, plus encore que le souffle qui balayait les landes enneigées du Berceau sur lequel nous nous trouvions. À pas prudents, légers, je me frayais un chemin jusqu’au garçon, dont le visage se baignait peu à peu de larmes. L’angoisse défigurait son minois terrifié.

« Mes jambes… Pour… Pourquoi je ne sens plus mes jambes? »

La panique se reflétait à l’intérieur de l’océan mordoré de ses yeux, que je dus mal à soutenir tant le choc qui y habitait me fendait le cœur. J’essayais de prendre un ton de voix assuré, prudent cependant, car mon but n’était pas d’effacer en totalité la peur qui étreignait son ventre, mais de le calmer un minimum pour me permettre de lui venir en aide.

« Nous ne pouvons être sûrs de rien, Tryf… »

Mais en même temps, je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. En m’approchant, je pus examiner avec plus de minutie l’étendue des dommages et ce que je vis ne m’avait pas du tout plu. Des éclaboussures de sang tâchaient les coins arrondis de la pierre qui s’entassait en monticule précaire sur ses jambes. Je déglutis, avant de prendre les premières roches et de les faire rouler non loin. Inquiet, Francis s’avança également, dans l’idée d’additionner sa force à la mienne pour pouvoir sortir l’enfant de son piège, mais à la scène à laquelle il assista, il se figea brièvement en constatant l’ampleur des dégâts.

« Par tous les Dieux… »

Je coulais mon regard jusqu’à lui, l’incitant à se rapprocher de ma position et de ne pas paniquer encore plus le jeune garçon. Mais le mal était déjà fait et le gamin se remit à pleurer. Silencieux cette fois, je pouvais voir la courbe de son dos sursauter à chacun de ses sanglots et je baissais les yeux sur mon travail, sans mot dire. La réalité était déjà suffisamment poignante pour ce petit bout d’homme, je n’avais pas à rajouter mon grain de sel. Dans ces conditions, je le laissais donc pleurer. Pleurer toutes les larmes de son corps, pleurer jusqu’à ce que ses yeux en viennent à dessécher et seulement, seulement à cet instant, il cessera de verser son chagrin.

« Je ne pourrais plus les utiliser? »

Difficilement, il voulut se tourner dans notre direction, autant pour nous observer que voir les dommages causés à ses jambes, mais la souffrance était-elle qu’il grimaça, relâchant un gémissement, avant de se replacer de manière à n’avoir plus mal. Lûth, à un point un peu plus surélevé que le sien, lui parlait doucement, tentant de le consoler et faire cesser le flot des larmes qui s’étaient remises à couler. J’attendis quelques secondes avant de chuchoter, à travers les bruits environnants qui nous enveloppaient:

« Elles ont été complètement écrasé…

- Continue », ordonna Tryf de sa voix étranglée, enfantine, chagrine, mais où il résidait une implacable assurance.

S’il était prêt à faire face à la vérité, alors je ne voyais pas pourquoi la lui cacher. Redoublant d’efforts, avec Francis, pour retirer toutes les pierres de sur son être, je lui parlais de l’état de ses jambes, du moins, de ce que nous pouvions en voir à force de travail et d’acharnement. Petit à petit, nous parvenions à retirer suffisamment de débris pour soulever le garçon et l’extraire des pierres qui l’emprisonnaient et, une fois dans les bras de Francis, il eut tout le temps qu’il lui fallait pour pouvoir examiner ses jambes. Mais contre toute attente, il amena sa tête vers l’arrière en fermant les yeux.

« Décris-les moi… »

Je soupirais, aidant Francis à se frayer un passage à travers les décombres.

« Tu n’es pas obligé, Tryf, marmonna Francis, sensible à l’état du petit garçon.

- Mais je veux savoir.

- Alors regarde-les par toi-même. De toute façon, ce sera inévitable. »

Il eut un moment de silence, avant que le jeune garçon daigne ouvrir les yeux pour les poser sur ces deux jambes. Je crus qu’il allait de nouveau verser des larmes, crier devant l’horreur, mais il se retint, avalant sa salive avec difficulté. Il tint bon, c’est tout ce qui importait. Je regardais Lûth dans les yeux, et le choc sur lequel mon regard se posa était peut-être pire que celui de l’enfant.
Mais jamais autant que le choc qui venait de défigurer le visage du vieil homme, à la vue de son petit-fils et de tout le sang qui le tâchait.

« Oh mon Dieu! Tryf! »

Le grand-père s’approcha de Francis et de Tryf pour pouvoir le prendre dans ses bras.

« Vous m’avez fait tellement peur!

- Ne t’en fais pas, grand-père. Et… Et où est Elizabeth? »

Pour la première fois, aujourd’hui, un sourire s’étira sur les lèvres du vieillard. Il pointa la jeune enfant dans les bras d’Ariette. Elizabeth était sale, dormait toujours, mais resterait en vie, sans le moindre doute. Tryf relâcha une lourde expiration de soulagement et il se mit à sourire.

« Tant mieux… Tant mieux…

- Maintenant, approche! Je vais soigner tes blessures! »

Et son regard se tourna immédiatement en direction de ses jambes, ensanglantées et brûlées. Même lui, grimaça de dégoût en devinant dans quel Enfer avait dû vivre son petit-fils durant tout ce temps coincé à travers les décombres. Mais ce qu’il ne comprit pas, ce fut le regard de Tryf qui s’était aussitôt assombrit, ainsi que le refus du garçon à vouloir bénéficier de ses soins. Le vieillard arqua ses sourcils et se mit à insister plus fort.

« Non, grand-père. Laisse tomber…

- Arrête de faire ta tête de cochon, tu veux bien? Ce n’est vraiment pas le moment!

- En fait c’est-à-dire que… ça ne servira à rien. »

L’interrogation dansait dans les yeux d’or du vieil homme.

« Je ne pourrai plus utiliser mes jambes, grand-père… »

Lûth, Francis et moi regardions les visages d’Ariette et de Monsieur Dö se décomposer soudainement. La jeune femme voulut se lever, mais la petite Elizabeth, toujours endormie sur ses jambes, lui empêchait tout mouvement. Tryf promena alors son regard, observant tour à tour, les visages déconfits qui l’entouraient avant d’ouvrir la bouche.

« Ne me regardez pas comme si c’était la fin du monde! J’ai perdu la mobilité de mes jambes, c’est vrai, mais ça ne veut rien dire, okey? Elizabeth est en vie, nous sommes tous en vie, c’est ce qui importe vraiment! »

Je contemplais le visage salie par les cendres du petit garçon, souriant à mon tour devant son courage. Ce ne serait pas tout le monde qui se relèverait aussi aisément d’une telle situation. Je me tournais vers l’Alfar masquée, approuvant les paroles du gamin d’un hochement de la tête.

« Rien n’est véritablement perdu. Il reste encore de l’espoir. »

Et pour le coup, je ne parlais pas seulement du petit Tryf.


1 150 mots



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