Le cygne la dépassa, pour aller perdre de l'altitude un peu plus loin, au-dessus d'arbres en fleurs derrière lesquels il disparut bientôt. Jalisa soupira. Elle n'avait jamais aimé le sport, mais, depuis qu'elle vivait avec Erwan, les caprices de cygne qui habitait en lui la forçait à s'entraîner très souvent à la course de vitesse et d'endurance, si elle voulait rester avec celui qui l'avait adoptée.
elle courut donc en direction de ces arbres, et finit par arriver devant la grille d'un parc. S'arrêtant pour reprendre son souffle, elle prit le temps d'observer la grille. De loin, elle semblait fermée, mais en s'approchant, on remarquait qu'elle n'était que poussée. La fillette la poussa donc, et arriva dans un magnifique parc. Ici, tous les arbres étaient en fleurs, les oiseaux chantaient, des enfants couraient çà et là, sous les yeux bienveillants de leurs parents. Un peu plus loin, des couples se promenaient près de fontaines, des personnes seules lisaient, se reposaient, peignaient, dormaient ou marchaient, tous profitant du printemps qui revenait. La bonne humeur et la quiétude étaient au rendez-vous. Jalisa ferma les yeux, heureuse, profitant du moment; Mais, parmi les cris de joie des enfants, un autre cri, angoissé, celui-là, parvint soudain à ses oreilles : Erwan l'appelait. Rouvrant les yeux d'un coup, elle s'empressa d'aller le rejoindre.
Mais soudain, elle sentit un souffle d'air frais, très discret, que seul quelqu'un qui, comme elle, avait une affinité particulière avec le froid, pouvait ressentir. saisissant la main d'Erwan, elle le conduisit, sans hésiter, dans la direction d ce souffle, soudain prise d''une euphorie toute nouvelle : elle allait enfin pouvoir renouer avec son élément !

Le cygne qui habitait en lui l'avait pris par surprise. Il était en train de discuter avec Jalisa, quand il s'était soudain retrouvé sous sa forme animale, et sa conscience ne pouvait rien faire, c'était le cygne qui commandait. Il s'était envolé bien plus haut qu'auparavant et avait survolé la ville. Effrayé et plein d'appréhension au début, il avait fini par céder à l'émerveillement de voir les Terres d'en haut. Il avait volé longtemps, quittant le continent naturel où il avait toujours vécu pour finalement redescendre sur une Terre qu'il ne connaissait pas. Le cygne s'était déposé avec grâce sur un lac se trouvant au beau milieu d'un lac, avant de l'abandonner là.
Plus tard, après avoir trouvé un petit bar où il avait pu se sécher et enfiler des vêtements secs, il s'était mis à la recherche de Jalisa. En effet, jamais il n'aurait pu imaginer qu'elle profite de leur séparation pour s'enfuir et le quitter pour toujours, c'était tout simplement impensable. Il ne s'interrogeait même pas sur les raisons qui, le cas échéant, auraient pu la pousser à partir. Non, il arpenta tout de suite les allées du parc en l'appelant à tue-tête. Elle arriva sans prévenir, et s'empressa de lui prendre la main et de l'entraîner plus loin. Où donc ? Erwan n'en avait aucun idée. Ils finirent par arriver à fond de train dans un bâtiment, à l'entrée duquel Erwan eut tout juste le temps de saisir le sens d'une inscription indiquant "Jardin animalier", avant qu'ils ne soient ressortis de l'autre côté, ayant traversé le hall en un temps record. Ils se dirigeaient vers une tour à l'allure peu engageante. Erwan, inquiet, jeta un coup d'oeil à la petite fille, qui semblait plus déterminée que jamais. Elle passa devant la tour sans ralentir et sans lui accorder un regard, ce qui rassura un peu l'homme. Ils ne tardèrent pas à entrer dans une grotte dont l'air était glacial, mais Jalisa s'arrêta là, observant les murs d'un oeil admiratif. Suivant son regard, Erwan ne put que lui donner raison : le froid ambiant venait des cristaux de glace étalés sur toutes les parois. Un peu plus loin, le lit d'une rivière se perdait sous la glace. Erwan ne put pas en voir plus avant de se trouver pris par le froid. Il se mit à grelotter, se demandant ce que Jalisa voulait en l'amenant ici. La regardant, il remarqua qu'elle continuait à observer les cristaux, ses yeux brillant dans la pénombre, et sans donner le moindre indice du fait qu'elle ressentait le froid. Erwan se rappela alors, avec un temps de retard, la nature de sa jeune amie : Une Elementale... De Glace, forcément. La glace était son élément. Il allait lui reprocher son égoïsme, quand il perçut un bruit, un peu plus loin. Sans savoir qui était là, sans réfléchir, il lança à l'auteur(e) inconnu(e) du son :

-Bonjour !

C'est alors qu'il croisa le regard courroucé de Jalisa, sans pouvoir deviner qu'elle lui reprochait son imprudence. elle se rapprocha donc de lui, dans une attitude défensive, bien qu'elle sache parfaitement qu'elle ne pourrait pas grand-chose face à un quelconque agresseur.

Aujourd’hui n’étais pas l’une des meilleures journées de la Brindille, pourtant le printemps pointait le bout de son nez, le soleil était au rendez-vous et l’air commençait doucement à se réchauffer. Voilà qui aurait dû mettre de bonne humeur n’importe sachant apprécier les plaisirs simples de la vie. Que demander de plus qu’une journée ensoleillée comme celle-ci après un long hiver ? Quoi de mieux que de pouvoir flâner dans les allées du parc sans se soucier de rien d’autre que l’instant présent ? Tous les gens que croisait la jeune fille semblaient partager cette opinion, partout elle pouvait  voir des sourires et entendre des rires joyeux. Les enfants se courraient après dans les allées du parc, heureux de pouvoir à nouveau profiter du bon air, sous l’œil attentif et attendrit de leurs parents.

Pourtant, Primrose ne partageait pas la bonne humeur ambiante, elle s’était levée du pied gauche et avait toutes les peines du monde à réprimer son côté démoniaque de prendre le contrôle. Un peu plus tôt elle s’était dit qu’aller dans le parc serait une bonne idée, qu’elle pourrait se changer les idées en se baladant et que la bonne humeur des gens serait communicative… Peine perdue. Plus les minutes passées et plus la jeune fille sentait qu’elle risquait à tout moment de perdre le contrôle. Côtoyer ainsi les sourires avaient eu l’effet inverse de celui escompté, elle ne supportait plus de voir tous ces visages niais, tous ces gens heureux qui ne se rendaient pas compte que la vie n’était pas plus simple parce qu’il y avait trois rayons de soleil. Ce qui n’était pas totalement vrai, avouons-le, mieux vaut être malheureux au soleil au printemps qu’en plein cœur de l’hiver, ne serais-ce que pour une histoire de température extérieur. Mais la Brindille n’avait pas envie de résonner pour l’instant, elle maudissait tous ces gens et leur bonheur affiché avec tellement peu de retenue. Pfff ils pourraient penser aux autres au lieu d’étaler ainsi aux yeux de tous comme leur petite vie est parfaite.

Shootant dans tous les cailloux qu’elle rencontrait sur le chemin Primrose laissa ses pas la mener vers un coin beaucoup plus tranquille, laissant derrière elle la partie du parc occupée par les espaces verts propices aux jeux enfantins. Sans savoir vraiment où elle était, elle arriva bientôt en vue d’une grotte d’où s’échappait une température bien plus fraiche que l’air ambiant. Espérant que le froid l’aiderait à faire taire le démon qui lui susurrait des choses à l’oreille elle se dirigea alors vers cet endroit. Qu’elle idée saugrenue, il n’y avait absolument aucune raison que l’air froid de la grotte l’aide à faire revenir son ange sur le devant de la scène - ou de son cerveau en tout cas. Encore une de ces suppositions stupides liée à la fameuse image des flammes de l’enfer sans aucun doute. Quoi qu’il en soit, Primrose avait désormais atteint l’entrée de la grotte et commençait à s’aventurer à l’intérieur.

Tous ces cristaux était absolument magnifiques mais la jeune fille ne les voyaient pas vraiment, quand elle était dans son état actuel, tentée par les murmures du démon dans sa tête, elle ne voyait plus vraiment la beauté du monde qui l’entourait. Elle ne ressentait visiblement plus grand-chose non plus puisqu’elle n’avait pas encore ressentit le froid piquant de cet endroit et continuait à s’enfoncer dans la grotte. Au bout de quelques mètres elle s’arrêta pourtant, interdite. Elle venait d’apercevoir un peu plus loin quelque chose qui ressemblait fortement à un cadavre. Dans son état une telle vision ne pouvait qu’aggraver les choses, et alors qu’elle aurait dû faire demi-tour et prendre ses jambes à son coup elle s’approcha du cadavre afin de vérifier sa première impression.
Elle n’eut pas le temps de faire trois pas qu’une voie retentie depuis l’entrée de la grotte la faisant sursauter. Ce dérangement eut toutefois le mérite de quelque peu la faire sortir de cette sorte de transe dans laquelle elle se trouvait, ce qui lui laissa suffisamment de lucidité pour comprendre qu’il serait mieux pour elle qu’on ne la trouve pas à côté d’un cadavre. Rebroussant chemin aussi vite qu’elle le pu sans se mettre à courir elle retourna jusqu’à un embranchement et fit mine de sortir du chemin d’à côté lorsqu’elle répondit à la voie masculine qui ne devait plus être loin mais qu’elle ne voyait pas encore.

« Bonjour. Qui êtes-vous ? »

Elle continua d’avancer jusqu’à tomber sur son interlocuteur quelques mètres plus loin. Il s’agissait d’un jeune homme, en compagnie d’une jeune fille qui, vue sa tenue et vu l’endroit devait être une élémentaire de glace bien qu’au premier abord il aurait été facile de plutôt pencher pour une élémentaire d’eau tant le bleu était sa couleur dominante.

Quand une voix féminine lui répondit, Erwan ne put apporter de réponse à la question posée : Jalisa la fusillait du regard, et il connaissait bien l'expression de son visage en ce moment :c'était aussi clair que si elle lui avait dit en face : "si tu parles, tu le paieras". De toutes façons, même s'il avait voulu répondre à la femme qui venait de les rejoindre, il n'en aurait pas eu le temps : dans un grand craquement, une partie de la paroi se trouvant face à eux s'écroula. Instinctivement, Jalisa se plaça devant les deux autres personnes : elle avait l'habitude de protéger Erwan comme elle le pouvait, et si, parmi les trois personnes présentes, l'une devait mourir, ce ne serait pas une grande perte qu'elle soit la victime. Elle avait un peu peur pour Erwan, connaissant son manque de jugeote, mais elle savait aussi qu'avec le temps, l'esprit se forge. Un homme finit par apparaître quand la poussière soulevée par l'éboulement retomba. dès qu'elle le vit, Jalisa se sentit en danger. c'était sans doute une créature très maléfique, sachant qu'elle n'était pas douée pour déterminer la race d'autrui. Quand il se mit à parler, l'expression du visage de la fillette se durcit et ses muscles se tendirent. elle était à cran, et la moindre faute de la part de cet homme suffirait à la faire bondir et la transformer en fauve, Erwan le savait. Mais, de son côté, il était bien loin de se méfier de lui, il se demandait même pourquoi l'élémentale réagissait ainsi. C'est pourquoi il répondit sans hésiter aux dernières paroles du nouveau venu :

-Bonjour à vous, enchanté de vous connaître. Je me nomme Erwan, et voici...

Il n'eut pas le temps de présenter Jalisa, que déjà cette dernière explosait, et, le coupant, elle rugit :

-Tais-toi !

Puis, se tournant vers Esran, plus menaçante que jamais, elle poursuivit, en s'approchant lentement de lui :

-Quant à vous... Je ne sais pas qui vous êtes, mais votre ami, là... Pourquoi est-ce qu'on devrait vous aider à le chercher ! Si c'est vraiment votre ami, et que vous devez vous retrouver, il vaudrait sans doute mieux pour vous de l'attendre à l'entrée de la grotte ! En tout cas, ne comptez pas sur moi pour vous aider, et encore moins pour vous donner mon nom. Généralement, quand on fait cela, c'est une preuve du fait qu'on fait un minimum confiance à la personne à qui on se présente, et le fait est que vous m'inspirez tout, sauf de la confiance !

Sa tirade terminée, elle s'éloigna, dans le but de décharger sa rage sur de la glace, un peu plus loin, afin d'être hors de vue des deux inconnus. Dans sa quête de solitude, elle s'enfonça vers le fond de la grotte, et se trouva plus tard très près de l'endroit où Primrose avait fait demi-tour peu avant. Et comme elle ne regardait pas où elle allait, toute absorbée dans sa contemplation des cristaux, dont la beauté arrivait finalement à la calmer, elle buta contre le cadavre.

-Qu'est-ce que... ?

Elle s'était baissée pour observer ce qui l'avait arrêtée. Quand elle sut ce que c'était, elle ne put retenir un cri d'horreur, qui se répercuta sur les parois de la grotte.

Erwan entendit très distinctement la voix de la fillette. Elle était tombée sur quelque chose qui devait être assez atypique, puisque, jamais auparavant, il n'avait entendu tant d'horreur et de dégoût dans sa voix. Sans hésiter ni s'excuser auprès des deux autres, il s'élança vers celle qui, finalement, était tout pour lui. Il la croisa qui revenait, visiblement bouleversée. La saisissant par les épaules, et d'une voix rendue brusque par l'inquiétude, il la questionna :

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Réponds !
Cet ordre eut pour effet de la réveiller de la sorte d'état second où elle se trouvait auparavant. Se blottissant dans les bras du bélua, elle murmura :

-C'est horrible... Ne vas pas par là-bas, surtout.

Elle tremblait. pour la première fois, Erwan retrouva la petite fille en elle. Paternel, il s'agenouilla près d'elle et tenta de la réconforter en la serrant contre lui.

-Promis.

Seuls dans ce boyau en plein coeur d'une grotte, entourés de cristaux de glace, ils offraient comme une scène de retrouvailles entre un père et sa fille, après une longue séparation. Même si, dans ce cas, l'absence de ressemblance entre leurs deux physiques laisserait plutôt envisager une fille et un père... adoptifs, ce qui était le cas, finalement.

A peine Primrose avait-elle rejoint le jeune homme et l'élémentale qu'un grand bruit se fit entendre à quelques pas de là. La jeune fille tourna aussitôt son regard dans la direction de l'effondrement pendant que l'élémentale se déplaçait pour se mettre en le potentiel danger et eux. C'était étrange comme réaction, elle semblait pourtant bien plus jeune que l'homme qui l'accompagnait, était-il faible à ce point pour devoir être protégé par cette toute jeune fille ? A moins que les apparences soient trompeuses et que l'élémentale soit en réalité bien plus âgée que ce qu'on pouvait supposer. Prim n'avait que des connaissances très limitées sur les élémentals donc en y réfléchissant c'était finalement fort possible. Quoi qu'il en soit une personne finit par sortir des décombres, non s'en avoir poussé un petit cri lors de sa chute. Il ne semblait pourtant pas tellement blessé et s’avança bientôt dans leur direction, s'excusant pour cette entrée des plus mouvementée.

Ce qui se passa ensuite dépassait tout ce que la jeune fille aurait pu imaginer. Sans laisser à son compagnon la chance de répondre au nouveau venu, l'élémentale s'emporta et déversa un flot de paroles en direction d'Esran. Sans vraiment écouter les paroles de la jeune fille, Prim restait un peu en arrière, étudiant le nouvel arrivant. Quelque chose n'allait pas, elle était comme irrémédiablement attirée par lui. Il dégageait une aura qui hypnotisait la jeune femme, sa voix, son regard, sa façon de bouger, tout en lui donné à la jeune femme une irrépressible envie de le suivre. Soudain, elle comprit, cet homme était un démon. C'était la première fois qu'elle adressait la parole à l'un de ces êtres, voilà pourquoi elle n'avait pas reconnu tout de suite cette sensation étrange qui s'éveillait en elle. Sa moitié démoniaque semblait ravie de l’aubaine et il était déjà trop tard pour tenter quoi que se soit, elle avait prit les commandes. Primrose se sentait plutôt bien désormais, elle ne cherchait plus à combattre, son bon fond s'était mis en veille, laissant le mal seul juge de ses actes. Elle n'avait jamais à ce point perdu le contrôle pourtant elle n'était plus effrayée, la présence du démon à ses côtés lui indiquait la voix à suivre. Il serait son guide cet après-midi, elle allait découvrir ce que cela signifiait d'être un démon et elle avait hâte.

Pendant que ces conclusions s'imposait à elle, l'élémentale avait terminé son petit discours et était partie un peu plus loin pour laisser exploser sa colère. Lorsque Prim entendit le cri d'horreur de la jeune fille un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle venait probablement de tomber sur le cadavre qui avait fasciné La Brindille quelques instants plus tôt. Aussitôt, le jeune homme se précipita au secours de son amie, laissant Esran et Primrose seuls à proximité de l'entrée de la grotte. Cette dernière se retourna vers le démon en souriant.

"Appelle moi La Brindille"

Étonnamment elle n'avait pas envie de lui donner son nom, celui qu'elle lui avait donné lorsqu'elle lui avait ouvert la porte de sa prison. Elle s'y été habituée pourtant depuis deux ans, mais quelque chose en elle refusait de laisser les mots sortir. Ce nom c'était tout ce à quoi elle pouvait se rattacher, elle se plaisait à croire qu'elle savait tout sur son enfance et que ce nom était le premier des secrets qu'elle lui avait révélé. Quoi qu'il en soit Esran avait désormais un moyen de la nommer, nul doute qu'il s'en contenterait pour le moment.

"On devrait peut-être aller voir ce qu'il se passe... Qui sait, peut-être ont-ils trouvé ton ami ?"

Un sourire moqueur sur le visage elle se dirigea vers les deux autres individus sans attendre la réponse du démon. Ils étaient enlacés quelques pas avant la fin du boyau, le jeune homme tentait visiblement d'apaiser sa compagne bouleversée. Il n'avait donc pas encore vu la raison des cris de la jeune fille. Primrose les dépassa pour retourner auprès du cadavre. Contrairement à la première fois où elle avait craint que quelqu'un ne la voit à côté d'un mort, désormais elle pouvait satisfaire sa curiosité. Quelque chose lui soufflait que le jeune démon n'était pas étranger à cela et elle se demandait si un examen attentif du cadavre pourrait lui en apprendre un peu plus sur les méthodes d'Esran.

Aucun des deux ne sut ce qui se passa durant le moment au cours duquel Jalisa se calma à peu près... En apparence, elle était de nouveau totalement calme, et Erwan, avec son peu de jugeote, ne pouvait se rendre compte que cette expérience avait traumatisé la petite fille à vie. Mais les deux personnes rencontrées auparavant s'approchaient d'eux, et avaient visiblement l'intention de se rendre auprès du.. de..; la... chose, qu'elle ne trouvait pas le courage d'appeler par son nom. Elle tenta de les retenir en s'essayant au sarcasme :

-Êtes-vous vraiment sûrs de vouloir vous rendre là-bas ? Parce qu'il faut que vous sachiez...

Inutile de continuer. Personne ne l'écoutait. Alors, elle, elle écouta. Le démon semblait sincèrement ému... Elle allait tomber dans le panneau, quand il prononça sa dernière phrase. Et celle-là, elle sonnait faux.

-Mais qu'est-ce que...

Désireuse de savoir ce qui se tramait, tentant de surmonter sa répulsion, elle rejoignit discrètement les autres. Le démon était penché sur le cadavre. Elle n'eut pas le temps d'étudier plus la scène, qu'Erwan l'avait rejointe, et commença à la questionner :

-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as l'air soucieuse...

-Tais-toi, pour une fois, s'il te...<:blockquote>

Elle ne put finir sa phrase : l'arrivée inattendue d'un nouveau protagoniste l'en empêcha. Erwan formula à voix haute ce qu'elle pensait :

- Qui c'est, celui-là ?
"Celui-là" se dirigea vers le groupe et fit une description du meurtre qui donna envie de vomir à la fillette. Mais elle ne put résister à la tentation d'interrompre de nouveau ces personnes :

- Pour définir la date de sa mort, cela me serait facile : je m'y connais, en froid. Mon élément est la glace. Cependant, je refuse de m'approcher, donc, si vous acceptez mon aide, il faudra me décrire précisément ce... Cette chose que vous étudiez...

Elle se tut soudain, son teint ayant pâli d'un coup. Et si jamais ils avaient la mauvaise idée de suivre son conseil ? Elle n'était pas sûre de pouvoir en réchapper, elle serait sans doute capable de se laisser aller à ses impulsions et de commettre une erreur fatale, si jamais on lui décrivait le cadavre avec précision. elle se mit à prier pour que les autres continuent à l'ignorer, même si elle n'y croyait pas vraiment...

HRP :

Quel était exactement le but de Jalisa ? Erwan ne comprenait pas. Elle proposait ses services, pour ensuite refuser de bouger quand le moment venait de mettre à exécution sa proposition... Mais il ne put pas s'interroger plus : celui qui avait pleuré sur le cadavre, après avoir souligné la présence du meurtrier dans les parages précisait sa volonté de chercher ce dernier... Il ne savait pas vraiment ce qu'il devait faire...
Jalisa fulminait visiblement.

- Je ne sais pas ce qu'il essaie de nous faire croire, ni s'il connaît la vérité, que je ne connais d'ailleurs pas non plus, mais... Je ne sais pas... J'ai l'impression que plus ça va, plus il ment...

S'approchant de ce dernier, elle continua :

- Pourquoi ? Que voulez-vous exactement ? Peut-être connaissez-vous certains détails gênants mais pourtant importants dans cette enquête que vous voulez mener ? Et, surtout... Où voulez-vous en venir, avec vos fables ? Qu'attendez-vous de nous ? Parlez !

Elle avait repris confiance, et ne faisait plus attention au cadavre, qu'elle foulait presque, à présent, toute concentrée sur sa rancœur qu'elle était. elle ne comprenait d'ailleurs pas elle-même pourquoi elle lui en voulait autant... Mais elle avait l'impression que cette attitude était justifiée, et elle avait appris à faire confiance à son intuition. Elle décida d'en rajouter une couche :

- Et, cette fois, si vous avez un minimum d'honneur, répondez-moi sincèrement ! J'en ai assez de vos histoires ! Même si je ne sais pas comment je fais, je sais que vous n'avez pas dit grand-chose de vrai, depuis que nous nous sommes rencontrés. J'aimerais bien savoir ce qui vous pousse à agir ainsi...

HRP :